Iran : révolte, répression, révolution ?

Depuis que Zhina Mahsa Amini est décédée d’une arrestation particulièrement brutale par la police des mœurs à Téhéran, parce qu’elle aurait mal porté son voile, des manifestations ont eu lieu partout dans le pays. Ces manifestations, initialement lancées pour défendre les droits des femmes et protester contre les violences qu’elles subissent, sont très rapidement devenues des remises en cause beaucoup plus radicales du régime théocratique de la République islamique d’Iran. 

En deux mois, malgré une repression très brutale, qui a causé la mort de 330 manifestants au minimum, dont une quarantaine de mineurs, et l’arrestation de 14.000 personnes, dont de très nombreux journalistes, étudiants, intellectuels et sportifs, les manifestations se poursuivent, gagnent de l’ampleur, et continuent à impliquer l’ensemble des régions et l’ensemble des couches sociales de la société. 

Pour Stéphane Dudoignon, dans un article publié sur le Grand Continent, le pouvoir militaro-religieux a échoué à diviser la société, notamment les hommes et les femmes ou les différentes ethnies qui composent l’Iran. Ce serait au contraire au sein même du pouvoir répressif que se font jour des dissensions croissantes sur la voie à suivre.

D’après Farhad Khosrokhavar, dans un entretien publié sur le Grand Continent, la société iranienne est unifiée aujourd’hui par une subjectivité révolutionnaire marquée par la revendication d’une joie de vivre trop longtemps déniée par un régime devenu thanatocratique et coupé des véritables préoccupations de la société iranienne. 

Quelles sont les dernières évolutions de ces manifestations ? Ce mouvement révolutionnaire pourrait-il se transformer en révolution, à quelles conditions, et avec quels leaders ? Le scénario d’une division du régime est-il envisageable ? Comment les pays européens peuvent-ils se positionner vis-à-vis de ces manifestations ? 

Afin de tâcher de répondre à ces questions, nous aurons le plaisir de recevoir, pour ce mardi du Grand Continent : 

• Stéphane Dudoignon, Directeur de recherche au CNRS/GSRL, auteur de Les Gardiens de la révolution islamique d’Iran : sociologie politique d’une milice d’État, (CNRS Éditions, 2022) ;
• Sorour Kasmaï, romancière, traductrice, directrice de la collection “Horizons persans” chez Actes Sud ;
• Chowra Makaremi, Chargée de recherche au CNRS, Médaille de bronze du CNRS 2021, directrice de l’ERC “Off Site”, qui est une ethnographie de la violence dans l’Iran post-révolutionnaire.

La table ronde se déroulera à l’Ecole Normale Supérieure, dans la salle Dussane. 

L’événement est ouvert à toutes et à tous, mais les inscriptions sont obligatoires en cliquant sur ce lien.