Dans l’article que nous discuterons ce mardi, «Guerres privées : qui sont les «gardiens» en Afrique de l’Ouest», Enzo Fasquelle montre que même si monopole de la violence légitime n’a jamais été détenu par l’Etat en Afrique de l’Ouest, la sécurité privée a récemment connu une croissance exponentielle.
Voici trois sujets de discussion qu’offre cet article :
Tout d’abord, quel est l’avenir de la sécurité en Afrique de l’Ouest ? Les habitants doivent-ils se résigner à ce que leur sécurité devienne l’objet de spéculations marchandes ? Existe-t-il un moyen de sortir d’un cercle – considéré comme vicieux ou non – qui conduit à la privatisation totale de la sécurité ? Quels seraient les moyens d’en sortir ? Est-ce que l’Union européenne – comme d’autres acteurs internationaux – peut jouer un rôle dans un processus de renforcement des Etats africains, ou bien toute intervention ou aide extérieure ne fera qu’affaiblir des Etats déjà faillis ?
Ensuite, comment modéliser l’évolution du rapport entre sécurité et état ? Enzo Fasquelle rappelle les trois modes de dépossession du monopole de la sécurité par l’Etat que sont l’internationalisation, la civilianisation, et la privatisation. Avec l’aide des analystes du GEG, nous pourrons réfléchir à la pertinence de ce modèle pour d’autres régions du monde.
Enfin, de manière plus théorique, cet article sera l’occasion de réfléchir à la perte ou non de pertinence du modèle étatique à l’échelle internationale. Deux faits en effet semblent contradictoires : d’un côté l’Etat semble affaibli par la mondialisation économique et notamment financière, ainsi que par la révolution technologique qui permet à des entreprises d’avoir des chiffres d’affaire plus importants que la plupart des Etats ; de l’autre côté, beaucoup d’Etats ont encore une supériorité militaire absolue sur tout autre acteur. Quel est l’avenir de ce paradoxe, où des Etats affaiblis économiquement cherchent à réguler des entreprises richissimes, mais sans soldat ? L’économie aura-t-elle le dernier mot ?