Bruno Latour nous a quittés il y a un an.
Il nous avait fait l’immense honneur de nous proposer de publier son dernier texte : «Le sol européen est-il en train de trembler sous nos pieds ?» — qui peut être lu aujourd’hui dans notre dernier volume papier Fractures de la guerre étendue (Gallimard, 2023).
Pour naviguer dans les bouleversements de nos années Vingt, où l’échiquier, les pièces et les règles du jeu semblent changer d’une manière vertigineuse, il identifiait trois menaces coexistantes : «La terre dévastée virtuellement par le nucléaire, la terre dévastée réellement par les mutations écologiques et la terre ukrainienne dévastée par l’armée rouge de sang».
Dans cette pièce de doctrine, il montrait comment la superposition de ces trois conflit pourrait déboucher sur la définition du sol d’une nation écologique européenne : «Je prétends dans cette présentation que la loi du siècle où nous vivons, c’est le moment où l’Europe au contraire, non pas l’Europe conçue seulement comme Union mais l’Europe comme sol, trouve enfin son peuple et le peuple trouve enfin son sol. Précisément parce qu’elle ressent beaucoup plus vivement que les autres nations à quel point elle vit dans un interrègne et qu’elle cherche « la loi du siècle » qui n’est pas en effet celle des deux siècles précédents. L’Europe peut se donner enfin le projet, au milieu des périls et à cause d’eux, de former volontairement une nation».
Sa leçon pose autant de questions qu’elle propose de pistes pour tenter de les affronter. Nous avons demandé à quelques spécialistes et amis de Bruno Latour de relire ce texte profond pour nous aider à penser le moment que nous traversons.
Comme tous les mardis du Grand Continent, cet événement est ouvert à toutes et à tous, mais les inscriptions sont obligatoires ici.
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