{"id":9706,"date":"2018-11-04T22:00:15","date_gmt":"2018-11-04T21:00:15","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=9706"},"modified":"2019-04-05T23:44:38","modified_gmt":"2019-04-05T21:44:38","slug":"israel-golfe-la-recherche-de-la-stabilite-au-moyen-orient-passe-par-liran","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2018\/11\/04\/israel-golfe-la-recherche-de-la-stabilite-au-moyen-orient-passe-par-liran\/","title":{"rendered":"Isra\u00ebl-Golfe : la recherche de la stabilit\u00e9 au Moyen-Orient passe par l’Iran ( ? )"},"content":{"rendered":"\n

Mascate et Abu Dhabi<\/em>. Parall\u00e8lement \u00e0 l’affaire Khashoggi, les m\u00e9dias ont accord\u00e9 une grande importance \u00e0 la double visite de Benjamin Netanyahou et Miri Regev, respectivement Premier ministre et ministre des Sports et de la Culture d’Isra\u00ebl, en Oman et aux Emirats Arabes Unis (Eau), qui a eu lieu du 26 au 28 octobre. Il est encore trop t\u00f4t pour dire si ces voyages auront des cons\u00e9quences importantes et surtout s\u2019ils d\u00e9finiront de nouvelles strat\u00e9gies au Moyen-Orient, mais il est bon de souligner qu’il s’agit de deux r\u00e9unions symboliques et extraordinaires \u00e0 leur mani\u00e8re car elles ont eu lieu dans des pays avec lesquels Isra\u00ebl n’entretient aucune relation diplomatique officielle, mais seulement des relations non officielles et une coop\u00e9ration en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9 toujours plus \u00e9troite. Des visites qui ont d\u00e9j\u00e0 un lourd h\u00e9ritage : le ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res du Sultanat d’Oman, Yussuf bin Alawi bin Abdullah, a d\u00e9clar\u00e9, d\u00e8s l’\u00e9tape du 14\u00e8me Dialogue de Manama (26-28 octobre), qu’il est \u201ctemps d’accepter l’existence d’Isra\u00ebl\u201d dans la r\u00e9gion (1<\/strong>). Mais passons \u00e0 l’ordre du jour.<\/p>\n\n\n\n

Le 27 octobre, Netanyahou a visit\u00e9 Mascate et rencontr\u00e9 le sultan Sayyid Qaboos bin Said al-Said. Il s’agissait du premier voyage d’un premier ministre isra\u00e9lien dans le pays arabe depuis 1996. Au cours de ces r\u00e9unions – auxquelles ont \u00e9galement assist\u00e9 le chef du Mossad Yossi Cohen, le directeur g\u00e9n\u00e9ral du minist\u00e8re des Affaires \u00e9trang\u00e8res Yuval Rotam, le conseiller pour la s\u00e9curit\u00e9 nationale Meir Ben-Shabat, le chef de cabinet du Premier ministre Yoav Horowitz et le conseiller militaire Avi Balot – les deux dirigeants ont discut\u00e9 des principaux probl\u00e8mes actuels au Moyen-Orient : du r\u00f4le du Golfe dans les n\u00e9gociations avec les Palestiniens pour le soi-disant \u201caccord du si\u00e8cle\u201d – annonc\u00e9 \u00e0 plusieurs reprises mais pas encore officiellement pr\u00e9sent\u00e9 par Trump – \u00e0 la crise enti\u00e8rement interne au Conseil de Coop\u00e9ration du Golfe (Ccg) entre l’Arabie saoudite et le Qatar, en passant par les tensions en Syrie et au Y\u00e9men. Au cours de la rencontre entre Netanyahou et Qaboos, la question du processus de paix isra\u00e9lo-palestinien a occup\u00e9 le devant de la sc\u00e8ne. Des discussions d\u2019autant plus importantes que, selon les informations de la presse isra\u00e9lienne, quelques jours avant la visite de Netanyahou, les 23 et 24 octobre, le Pr\u00e9sident de l’Autorit\u00e9 nationale palestinienne (Anp), Abou Mazen, se serait envol\u00e9 pour l’Oman, accompagn\u00e9 de Jibril Rajub et Hussein a-Sheikh, deux dirigeants du Fatah, et du g\u00e9n\u00e9ral Majed Faraj, chef du renseignement de Ramallah. Si la nouvelle \u00e9tait confirm\u00e9e, il ne serait pas impensable de supposer que l’Oman \u00e9tait investi du r\u00f4le de mod\u00e9rateur (5<\/strong>) entre l\u2019Anp et les autorit\u00e9s isra\u00e9liennes. L’art de la m\u00e9diation n’est pas nouveau pour Oman qui, dans les ann\u00e9es 1980, a r\u00e9ussi \u00e0 ouvrir un foss\u00e9 entre les diff\u00e9rents adversaires de la guerre Iran-Irak ; un r\u00f4le qu\u2019il a repris ces derni\u00e8res ann\u00e9es, avec des fortunes alternatives, dans la diatribe entre les pays du 5+1 et l’Iran lors des discussions sur le programme nucl\u00e9aire de T\u00e9h\u00e9ran et dans la crise sans fin au Y\u00e9men. Tout en admettant le caract\u00e8re central du discours isra\u00e9lo-palestinien, il est plausible de supposer que l’influence omanaise sur ce dossier est tr\u00e8s limit\u00e9e – d’autres acteurs comme Abu Dhabi et Doha ont des entr\u00e9es et des influences beaucoup plus ancr\u00e9es que Mascate – mais elle a probablement servi \u00e0 pr\u00e9parer le terrain pour le v\u00e9ritable c\u0153ur du voyage, l’Iran. Car entretenir de bonnes relations avec la R\u00e9publique islamique est un enjeux central pour les strat\u00e9gies politiques de Mascate, qui influe \u00e0 terme sur l\u2019ensemble des \u00e9quilibres au Moyen-Orient. Le voyage du ministre iranien des Affaires \u00e9trang\u00e8res, Mohammed Javad Zarif, dans la capitale omanaise, le 23 octobre dernier, appara\u00eet ainsi comme capital pour leurs relations. En ce sens, le parcours de Netanyahou aurait pu servir \u00e0 cr\u00e9er une premi\u00e8re voie de dialogue non officiel entre Tel Aviv, T\u00e9h\u00e9ran et les mandataires moyen-orientaux de ce dernier (Hezbollah avant tout), dans laquelle Oman entend maintenir un r\u00f4le de m\u00e9diateur (3<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

La visite du ministre Regev \u00e0 Abou Dhabi fut tout \u00e0 fait diff\u00e9rente, mais tout aussi importante : il a visit\u00e9 la mosqu\u00e9e Cheikh bin Zayed, la plus grande du pays et la troisi\u00e8me du monde musulman apr\u00e8s celles de La Mecque et de M\u00e9dine, puis a assist\u00e9 au Grand Chelem 2018, un tournoi de judo organis\u00e9 par la F\u00e9d\u00e9ration internationale de judo, o\u00f9 l’athl\u00e8te isra\u00e9lienne Sagi Muki a remport\u00e9 l’or dans la cat\u00e9gorie -81kg. Cette visite n’est pas n\u00e9gligeable si l’on consid\u00e8re deux \u00e9v\u00e9nements : \u00e0 cette occasion, les organisateurs ont permis que l’hymne isra\u00e9lien soit jou\u00e9, ce qui est inhabituel dans un pays arabe qui ne reconna\u00eet pas officiellement Isra\u00ebl ; de plus, un autre athl\u00e8te isra\u00e9lien, Tal Flicker, avait remport\u00e9 le m\u00eame tournoi dans sa cat\u00e9gorie un an auparavant, mais n’avait pu acc\u00e9der au podium. Les \u00e9v\u00e9nements de Mascate et d’Abu Dhabi sont l’aboutissement d’un processus non officiel et parfois clandestin de diplomatie active sur plusieurs fronts. Par exemple, le ministre isra\u00e9lien des T\u00e9l\u00e9communications, Ayoub Kara, a particip\u00e9 quelques jours apr\u00e8s la visite de Netanyahou en Oman \u00e0 un forum industriel international \u00e0 Duba\u00ef (30 octobre), tandis que son coll\u00e8gue du Transport et du renseignement, Yisrael Katz, sera \u00e0 Mascate pour parler du projet d’une ligne ferroviaire commune entre Isra\u00ebl, la Jordanie et les pays du Golfe. Par ailleurs, selon la presse isra\u00e9lienne, en juin dernier, une r\u00e9union secr\u00e8te s’est tenue \u00e0 Chypre entre le ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res, Avigdor Lieberman, et son homologue qatari, Mohammed bin Abdul Rahman al-Thani, pour discuter de la situation dans la bande de Gaza (4<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Au vu de tout cela, il est difficile de se prononcer apr\u00e8s ce week-end de diplomatie parall\u00e8le entre Isra\u00e9liens et pays arabes. Cela signifie que quelque chose est en train de changer non seulement dans l’approche, mais aussi et surtout dans la conscience qu’une normalisation des relations entre Isra\u00ebl et les monarchies du Golfe pourrait avoir des implications importantes pour tout le Moyen-Orient. Cependant, il est in\u00e9vitable que les parties se posent deux questions fondamentales : dans quelle mesure cette convergence est-elle tactique et dans quelle mesure strat\u00e9gique ? Qui a le plus \u00e0 perdre dans une normalisation entre Isra\u00e9liens et monde arabe ? Dans le premier cas, la question est n\u00e9cessaire pour comprendre s’il y a quelque chose qui unit les parties au-del\u00e0 de l’ennemi commun iranien. La convergence d’int\u00e9r\u00eats dict\u00e9e par la question iranienne est d\u00e9cisive car elle pourrait faire tomber le voile de duplicit\u00e9 entre Isra\u00ebl et les Arabes du Golfe et ainsi se briser d\u00e8s le premier inconv\u00e9nient s\u00e9rieux. Cette consid\u00e9ration ouvre donc la deuxi\u00e8me observation. Une normalisation des relations entre Tel-Aviv et ses partenaires du Golfe repr\u00e9sente une grande inconnue, dans laquelle Isra\u00ebl joue, du moins apparemment, cartes sur la table, contrairement \u00e0 ses homologues qui doivent cacher leurs options, avec tout le poids des conflits et du symbolisme que cette relation imparfaite peut apporter (2<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Perspectives :<\/strong><\/h4>\n\n\n\n