{"id":95258,"date":"2020-12-21T09:28:53","date_gmt":"2020-12-21T08:28:53","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=95258"},"modified":"2020-12-21T09:28:57","modified_gmt":"2020-12-21T08:28:57","slug":"reponse-democrate-doctrine-trump","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2020\/12\/21\/reponse-democrate-doctrine-trump\/","title":{"rendered":"La r\u00e9ponse d\u00e9mocrate \u00e0 la doctrine Trump"},"content":{"rendered":"\n

Le premier volet de cette enqu\u00eate en deux parties est \u00e0 retrouver ici<\/a>.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Trump a ouvert aux \u00c9tats-Unis le plus large d\u00e9bat sur la politique \u00e9trang\u00e8re depuis des d\u00e9cennies, apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 \u00e9lu en 2016 notamment sur sa promesse de red\u00e9finir le rapport am\u00e9ricain au monde. Sa r\u00e9ponse, \u00ab America First \u00bb, a bouscul\u00e9 certains postulats de l\u2019action ext\u00e9rieure du pays, et plac\u00e9 au c\u0153ur du d\u00e9bat d\u00e9mocrate la question du lien entre politique \u00e9trang\u00e8re et politique int\u00e9rieure. Apr\u00e8s un premier volet consacr\u00e9 \u00e0 la doctrine Trump<\/a>, ce deuxi\u00e8me volet s\u2019int\u00e9resse \u00e0 la vision, ou plus pr\u00e9cis\u00e9ment aux visions d\u00e9mocrates en politique \u00e9trang\u00e8re : la doctrine Biden n\u2019existe pas encore, et ne se cristallisera qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9preuve du pouvoir et des \u00e9v\u00e9nements des prochaines ann\u00e9es. Mais elle se construit \u00e0 partir d\u2019un h\u00e9ritage Trump qu\u2019elle ne reniera pas enti\u00e8rement.<\/p>\n\n\n\n

Reconstruire apr\u00e8s Trump<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Le camp d\u00e9mocrate partage le diagnostic trumpien d\u2019une crise de la politique \u00e9trang\u00e8re am\u00e9ricaine. La sp\u00e9cificit\u00e9 de 2016, au-del\u00e0 de Trump, \u00e9tait li\u00e9e \u00e0 la sp\u00e9cificit\u00e9 du moment pour la politique \u00e9trang\u00e8re, cristallisant une double crise, et en particulier une crise interne de l\u00e9gitimit\u00e9 de la politique \u00e9trang\u00e8re : le fait que les Am\u00e9ricains ne soutenaient plus, et ne comprenaient plus l\u2019action ext\u00e9rieure du pays. Les \u00e9lites d\u00e9mocrates sp\u00e9cialistes de politique \u00e9trang\u00e8re ont per\u00e7u cette crise, et ont pass\u00e9 quatre ans \u00e0 tenter d\u2019en tirer les cons\u00e9quences. <\/p>\n\n\n\n

C\u2019est ainsi qu\u2019il faut comprendre le slogan \u00ab Build back better<\/em> \u00bb de la campagne Biden : reconstruire mieux et diff\u00e9remment, comme apr\u00e8s un cataclysme naturel. L\u2019expression est le leitmotiv du nouveau conseiller \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 nationale nomm\u00e9 par Biden, Jake Sullivan, qui\u00a0l\u2019employait\u00a0d\u00e9j\u00e0 en janvier 2019. Il ne s\u2019agit pas d\u2019un rappel du truisme d\u00e9mocrate r\u00e9p\u00e9tant depuis longtemps que la puissance ext\u00e9rieure doit reposer sur la puissance int\u00e9rieure : la vague populiste<\/a> est pass\u00e9e par l\u00e0, et c\u2019est bien d\u2019une r\u00e9flexion sur 2016 et le vote Trump que partent les d\u00e9mocrates d\u2019aujourd\u2019hui.<\/p>\n\n\n\n

La doctrine Biden n\u2019existe pas encore, et ne se cristallisera qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9preuve du pouvoir et des \u00e9v\u00e9nements des prochaines ann\u00e9es. Mais elle se construit \u00e0 partir d\u2019un h\u00e9ritage Trump qu\u2019elle ne reniera pas enti\u00e8rement.<\/p>Maya Kandel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Au c\u0153ur de la formule, port\u00e9 par le m\u00eame Sullivan, on retrouve ce diagnostic<\/a> selon lequel les Am\u00e9ricains ne soutiennent plus la politique \u00e9trang\u00e8re parce qu\u2019ils ont le sentiment qu\u2019elle ne sert plus leurs int\u00e9r\u00eats : ce qui conduit au deuxi\u00e8me slogan de l\u2019\u00e8re Biden, d\u00e9j\u00e0 port\u00e9 par Elizabeth Warren<\/a> pendant les primaires, c\u2019est-\u00e0-dire la volont\u00e9 de faire \u00ab une politique \u00e9trang\u00e8re pour les classes moyennes \u00bb (am\u00e9ricaines, \u00e9videmment). C\u2019est aussi le titre d\u2019un rapport du think tank Carnegie, publi\u00e9 fin septembre mais fruit d\u2019un travail de plusieurs ann\u00e9es loin de Washington, pour sonder les Am\u00e9ricains du \u00ab c\u0153ur du pays \u00bb sur leur vision et leurs attentes vis-\u00e0-vis de la politique \u00e9trang\u00e8re : ce rapport, justement intitul\u00e9 \u00ab  Making Foreign Policy Work for the Middle Class<\/em> <\/a> \u00bb appelle \u00e0 repenser le r\u00f4le international du pays ; parmi ses co-auteurs, on retrouve Jake Sullivan.<\/p>\n\n\n\n

La nouvelle administration d\u00e9mocrate h\u00e9rite d\u2019autres \u00e9l\u00e9ments, gr\u00e2ce \u00e0 Trump encore, qui a permis, justement parce qu\u2019il n\u2019\u00e9tait pas expert (euph\u00e9misme) et qu\u2019il voulait bousculer le syst\u00e8me, de remettre en question certains postulats : c\u2019est ici que l\u2019on retrouve l\u2019autre slogan commun aux deux partis, la \u00ab fin des guerres sans fin \u00bb au Moyen-Orient, autre mani\u00e8re de clore la p\u00e9riode post-11 septembre 2001<\/a> (l\u2019acc\u00e9l\u00e9ration des annonces de retrait \u2013 Afghanistan, Irak, Somalie \u2013 depuis la d\u00e9faite de Trump arrange bien les d\u00e9mocrates, qui ont moins protest\u00e9 que leurs homologues r\u00e9publicains). Il convient \u00e9galement de citer ici la remise en question du libre-\u00e9change sur fond de critique populiste de droite comme de gauche, consid\u00e9rant que la mondialisation<\/a> a beaucoup plus b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 aux multinationales et \u00e0 leurs profits qu\u2019aux int\u00e9r\u00eats des citoyens (m\u00eame si les consommateurs ont pu acheter pour moins cher). Ajout\u00e9 \u00e0 la fin du r\u00f4le am\u00e9ricain de \u00ab gendarme du monde \u00bb, d\u00e9j\u00e0 rejet\u00e9 par Obama au pr\u00e9texte de moyens d\u00e9croissants, c\u2019est bien la p\u00e9riode post-guerre froide qui se referme aussi pour les d\u00e9mocrates, avec le constat partag\u00e9 de l\u2019\u00e9chec du principe directeur pour la politique \u00e9trang\u00e8re am\u00e9ricaine depuis 1990 qui postulait l\u2019id\u00e9e que l\u2019inclusion des rivaux dans le syst\u00e8me international allait en faire des partenaires responsables (voire, id\u00e9alement, des d\u00e9mocraties lib\u00e9rales) : la Chine et la Russie ne sont devenues ni l\u2019un ni l\u2019autre, tandis que la puissance relative am\u00e9ricaine a d\u00e9clin\u00e9 face \u00e0 l\u2019ascension des \u00e9mergents, \u00e0 commencer par la Chine. C\u2019est \u00e9galement par ce biais que l\u2019on peut comprendre l\u2019invocation par les deux camps d\u2019un \u00ab r\u00e9alisme \u00bb<\/a> longtemps vilipend\u00e9 dans l\u2019intelligentsia de politique \u00e9trang\u00e8re : \u00ab  r\u00e9alisme avec des principes <\/a> \u00bb dans la doctrine Trump (formule utilis\u00e9e dans la strat\u00e9gie de s\u00e9curit\u00e9 nationale de 2017), \u00ab  r\u00e9alisme progressiste<\/a>  \u00bb pour la gauche du parti d\u00e9mocrate, qui sonne dans les deux cas comme l\u2019admission des limites de la puissance am\u00e9ricaine.<\/p>\n\n\n\n

La vision d\u00e9mocrate se distingue de la doctrine Trump sur deux caract\u00e9ristiques centrales : les menaces et les moyens (le point de d\u00e9part et le c\u0153ur de la strat\u00e9gie). La premi\u00e8re divergence strat\u00e9gique tient non seulement \u00e0 la hi\u00e9rarchie des menaces, mais aussi plus profond\u00e9ment \u00e0 leur nature. Le programme d\u00e9mocrate insiste sur les menaces globales et transnationales, largement ignor\u00e9es par les r\u00e9publicains, et place m\u00eame au sommet comme menace \u00ab existentielle \u00bb – au m\u00eame niveau que le communisme pendant la guerre froide – non pas la Chine, mais le changement climatique<\/a>. La divergence sur les moyens d\u00e9coule principalement de cette vision plus large des menaces, puisque la coop\u00e9ration internationale devient une condition n\u00e9cessaire pour y faire face l\u00e0 o\u00f9 l\u2019administration Trump avait fait de l\u2019unilat\u00e9ralisme (ou du bilat\u00e9ralisme) son approche unique des relations internationales. Elle retrouve l\u2019insistance d\u00e9mocrate traditionnelle en faveur de la diplomatie et contre une militarisation excessive de la politique \u00e9trang\u00e8re am\u00e9ricaine. Le multilat\u00e9ralisme en d\u00e9coule pour les d\u00e9mocrates, comme m\u00e9thode mais aussi comme principe, celui fond\u00e9 sur la conviction que les alli\u00e9s et partenaires constituent toujours le principal multiplicateur de puissance des \u00c9tats-Unis sur la sc\u00e8ne internationale. Cette perspective ne contredit en rien le fait qu\u2019un pr\u00e9sident am\u00e9ricain ait pour priorit\u00e9 la d\u00e9fense des int\u00e9r\u00eats am\u00e9ricains, et n\u2019emp\u00eachera pas une approche plus nationaliste ou patriotique de la d\u00e9finition de ces m\u00eames int\u00e9r\u00eats ; mais elle sous-entend l\u2019existence d\u2019une communaut\u00e9 internationale \u2013 existence que l\u2019\u00e9quipe Trump avait d\u2019embl\u00e9e ni\u00e9e par la voix de son deuxi\u00e8me secr\u00e9taire \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 nationale, H. R. McMaster. Une telle approche s\u2019oppose \u00e9galement \u00e0 la vision hobbesienne<\/a> de l\u2019homme d\u2019affaire Trump<\/a>, pour qui les relations internationales ne pouvaient \u00eatre qu\u2019un jeu \u00e0 somme nulle : les d\u00e9mocrates consid\u00e8rent que l\u2019on peut mettre en avant ses int\u00e9r\u00eats sans n\u00e9cessairement nuire \u00e0 ceux des autres, voire en les faisant avancer \u00e9galement. Enfin, Biden et son cercle rapproch\u00e9 souhaitent \u00e9galement reb\u00e2tir une assise bipartisane \u00e0 la politique \u00e9trang\u00e8re, afin de garantir la stabilit\u00e9 des grandes orientations ext\u00e9rieures du pays : cela r\u00e9pond \u00e0 un souci d\u2019efficacit\u00e9, mais aussi au fait que le principal danger de la polarisation<\/a> de la politique \u00e9trang\u00e8re est la perte de confiance des partenaires face \u00e0 l\u2019instabilit\u00e9 chronique des engagements internationaux des \u00c9tats-Unis depuis la fin de la guerre froide.<\/p>\n\n\n\n

Le programme d\u00e9mocrate insiste sur les menaces globales et transnationales, largement ignor\u00e9es par les r\u00e9publicains, et place m\u00eame au sommet comme menace \u00ab existentielle \u00bb \u2013 au m\u00eame niveau que le communisme pendant la guerre froide \u2013 non pas la Chine, mais le changement climatique.<\/p>Maya Kandel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Repolitiser la politique \u00e9trang\u00e8re<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Le fil conducteur de la r\u00e9flexion d\u00e9mocrate, cons\u00e9quence logique de la polarisation de la politique \u00e9trang\u00e8re am\u00e9ricaine, est celui de la repolitisation de la politique \u00e9trang\u00e8re dans son ensemble, y compris dans la d\u00e9finition des int\u00e9r\u00eats nationaux. Sullivan \u00e9voquait, dans son article de 2019, un \u00e9change symptomatique avec l\u2019\u00e9conomiste Jennifer Harris qui lui demandait pourquoi son administration suivait pourtant exactement la m\u00eame politique \u00e9conomique internationale, alors que la politique \u00e9trang\u00e8re d\u2019Obama se voulait en rupture avec celle de Bush. Cette critique \u00e9voquant le d\u00e9clencheur de la critique populiste de la politique \u00e9trang\u00e8re (rejet du TINA, There Is No Alternative<\/em>, autre nom du consensus n\u00e9olib\u00e9ral pr\u00e9valant des ann\u00e9es 1980 jusqu\u2019\u00e0 sa critique r\u00e9cente), rappelle la n\u00e9cessit\u00e9 de l\u2019\u00e9tude du socle \u00e9lectoral de la politique \u00e9trang\u00e8re, car les enjeux int\u00e9rieurs et ext\u00e9rieurs sont imbriqu\u00e9s – ce que savent les citoyens. Elle pose la n\u00e9cessit\u00e9 de repenser la nature et la place de la politique \u00e9conomique internationale au c\u0153ur de la strat\u00e9gie, sujet sur lequel les m\u00eames Sullivan et Harris ont \u00e9galement planch\u00e9<\/a> dans un article au titre original pr\u00e9monitoire (Neoliberalism is finished<\/em>), remettant en question les postulats n\u00e9olib\u00e9raux qui guident la politique \u00e9conomique depuis l\u2019\u00e8re Reagan-Thatcher.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019ambition de balayer ce que d\u2019autres appellent le \u00ab consensus de Washington \u00bb<\/a> survivra-t-elle aux contraintes politiques am\u00e9ricaines ? On peut se poser la question, tant au regard des conditions politiques actuelles \u00e0 Washington, qu\u2019en raison de la multiplicit\u00e9 des points de vue d\u00e9mocrates. Thomas Wright, analyste de la Brookings Institution \u00e0 Washington, a propos\u00e9<\/a> une dichotomie entre restauration ou r\u00e9forme comme grille d\u2019interpr\u00e9tation de la politique \u00e9trang\u00e8re de Biden, consid\u00e9rant que le d\u00e9bat principal prend place  au sein des cercles centristes, entre fid\u00e8les de la ligne Obama (restauration) et volont\u00e9 de droit d\u2019inventaire (r\u00e9forme). On est tent\u00e9 d\u2019y ajouter \u00ab r\u00e9volution \u00bb afin de prendre en compte le poids des progressistes de la tendance AOC-Sanders (les Warrenistes \u00e9tant plut\u00f4t du c\u00f4t\u00e9 des r\u00e9formateurs de la grille Wright) dans le d\u00e9bat de politique \u00e9trang\u00e8re. Le fait que la gauche de la gauche d\u00e9mocrate entende peser dans le d\u00e9bat de politique \u00e9trang\u00e8re est d\u00e9j\u00e0 un fait nouveau qui oriente les choix de  la prochaine administration. La diff\u00e9rence se jouera, pour le monde comme pour les Am\u00e9ricains, sur la politique \u00e9conomique internationale, notamment commerciale, en particulier dans ses d\u00e9clinaisons sur la technologie et le climat. Avec en aiguillon la question chinoise<\/a>, comme pour la doctrine Trump \u2013 aiguillon qui pourrait devenir le moteur voire la continuit\u00e9 principale, en raison des conditions politiques<\/a> des \u00c9tats-Unis contemporains mises en lumi\u00e8re par les scrutins de 2020 : une tr\u00e8s nette victoire d\u00e9mocrate au niveau national, mais un socle \u00e9lectoral trumpiste consolid\u00e9 et \u00e9largi, se traduisant en terme politique par un rapport de force quasi-\u00e9gal, avec peut-\u00eatre le maintien d\u2019un S\u00e9nat r\u00e9publicain (r\u00e9ponse apr\u00e8s le 5 janvier 2021 et les r\u00e9sultats des deux seconds tours des s\u00e9natoriales en G\u00e9orgie). Or l\u2019agenda tr\u00e8s ambitieux de Biden doit passer par la voie l\u00e9gislative. Ses marges de man\u0153uvre d\u00e9pendront donc largement de ce \u00ab troisi\u00e8me tour \u00bb de l\u2019\u00e9lection, les deux s\u00e9natoriales de G\u00e9orgie, qui d\u00e9termineront l\u2019\u00e9quilibre politique au sein du S\u00e9nat.<\/p>\n\n\n\n

Si ses marges de man\u0153uvre sont limit\u00e9es sur le plan int\u00e9rieur par un S\u00e9nat r\u00e9publicain, Biden pourrait \u00eatre pouss\u00e9 \u00e0 agir davantage \u00e0 l\u2019international o\u00f9 l\u2019action du Pr\u00e9sident est moins contrainte par le Congr\u00e8s. N\u00e9anmoins, l\u2019administration devra composer d\u2019une part avec les deux p\u00f4les d\u2019un parti r\u00e9publicain tiraill\u00e9 entre tendances trumpistes \u00e0 l\u2019isolationnisme et partisans d\u2019un internationalisme militariste d\u00e9sormais anti-chinois, et se heurtera d\u2019autre part aux divisions du camp d\u00e9mocrate sur la politique \u00e9trang\u00e8re. La recherche d\u2019un appui bipartisan pourrait surtout durcir la politique chinoise de l\u2019administration Biden, avec des cons\u00e9quences pour le positionnement europ\u00e9en<\/a> et l\u2019\u00e9volution de la relation transatlantique<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

l\u2019agenda tr\u00e8s ambitieux de Biden doit passer par la voie l\u00e9gislative. Ses marges de man\u0153uvre d\u00e9pendront donc largement de ce \u00ab troisi\u00e8me tour \u00bb de l\u2019\u00e9lection, les deux s\u00e9natoriales de G\u00e9orgie, qui d\u00e9termineront l\u2019\u00e9quilibre politique au sein du S\u00e9nat.<\/p>Maya Kandel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Red\u00e9finir la s\u00e9curit\u00e9 nationale : l\u2019offensive progressiste<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

La pand\u00e9mie et l\u2019ann\u00e9e 2020 ont mis en lumi\u00e8re l\u2019ampleur des mouvements<\/a> n\u00e9s ou ayant pris leur essor depuis le d\u00e9but de la pr\u00e9sidence Trump, et surtout permis leur cristallisation en une mobilisation populaire de masse apr\u00e8s la diffusion de l\u2019assassinat de George Floyd. Ce sont en effet bien le confinement, la mise au ch\u00f4mage forc\u00e9e et les effets de la pand\u00e9mie qui ont non seulement nourri la frustration mais aussi permis la prise de conscience et les manifestations massives, inhabituelles et historiques de la population am\u00e9ricaine. Les mobilisations ont rassembl\u00e9 bien au-del\u00e0 des militants de Black Lives Matter<\/em>, ont illustr\u00e9 les liens et convergences de ces mouvements (du Sunrise Movement<\/em> au Working Families Party<\/em> en passant par les Justice Democrats<\/em>et de nombreux groupes f\u00e9ministes, ethniques, LGBTQA+, etc.), et ont montr\u00e9 la force des \u00ab nouveaux activistes \u00bb – pour citer l\u2019expression de l\u2019excellent livre<\/a> de Mathieu Magnaudeix, mouvements n\u00e9s ou qui ont pris un essor remarquable pendant les quatre ans de pr\u00e9sidence Trump. Ces \u00e9volutions ont transform\u00e9 la candidature Biden, obligeant le candidat \u00e0 associer \u00e9troitement les progressistes \u00e0 l\u2019\u00e9laboration de son projet, avec la mise en place de groupes de travail entre son \u00e9quipe et celle de Sanders, et plus largement \u00e0 sa future administration, avec le recrutement<\/a> au sein de son \u00e9tat-major rapproch\u00e9 de personnalit\u00e9s issues des minorit\u00e9s ethno-raciales. Sans l\u2019arr\u00eat des primaires et le renoncement et ralliement clair de Sanders d\u00e8s mars 2020, on peut imaginer que le camp d\u00e9mocrate n\u2019aurait pas abord\u00e9 la campagne g\u00e9n\u00e9rale dans le m\u00eame \u00e9tat, et on n\u2019aurait sans doute pas connu une telle collaboration pendant la campagne entre les deux ailes ennemies. Cette transformation a d\u2019abord touch\u00e9 le programme<\/a> \u00e9conomique et notamment climatique de Biden \u00e0 la mi-juillet, programme adoub\u00e9 par le Sunrise Movement<\/em>, qui critiquait vertement le projet Biden quelques mois auparavant.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019offensive progressiste pour mettre en place de v\u00e9ritables changements syst\u00e9miques s\u2019est manifest\u00e9e aussi en politique \u00e9trang\u00e8re. Cet aspect marque une rupture chez les d\u00e9mocrates – signe de la sortie de l\u2019\u00e8re post-guerre froide – au-del\u00e0 m\u00eame d\u2019une remise en question de ce qui avait guid\u00e9 l\u2019attitude de la gauche pendant la guerre froide au moins jusqu\u2019\u00e0 la guerre du Vietnam : l\u2019acceptation d\u2019un cantonnement \u00e0 la politique int\u00e9rieure, laissant aux experts strat\u00e9gistes la conduite des affaires ext\u00e9rieures en raison de l\u2019imp\u00e9ratif sup\u00e9rieur de lutte contre l\u2019Union sovi\u00e9tique ; la politique \u00e9trang\u00e8re se voulait \u00e0 l\u2019\u00e9poque aussi au service des classes moyennes car garantissant la croissance \u00e9conomique (ce qui \u00e9tait globalement le cas \u00e0 l\u2019\u00e9poque). Apr\u00e8s le Vietnam, la gauche de la gauche s\u2019\u00e9tait alors retrouv\u00e9e sur une position pacifiste et antimilitariste, sans pour autant investir la politique \u00e9trang\u00e8re au-del\u00e0 de l\u2019opposition pure et simple. Apr\u00e8s la guerre froide, certains pacifistes historiques, comme le repr\u00e9sentant Ron Dellums, avaient m\u00eame rejoint les partisans des interventions humanitaires, en particulier pendant les ann\u00e9es 1990 (Bosnie, Ha\u00efti). En 2016, Sanders n\u00e9gligeait encore relativement la politique \u00e9trang\u00e8re. Les primaires d\u00e9mocrates de 2019 au contraire ont \u00e9t\u00e9 l\u2019occasion de d\u00e9bats passionnants sur la d\u00e9finition d\u2019une politique \u00e9trang\u00e8re de gauche<\/a>. Cette \u00e9volution est r\u00e9v\u00e9latrice des ambitions et du poids croissants de l\u2019aile progressiste dans le d\u00e9bat d\u2019id\u00e9es d\u00e9mocrate, et de la strat\u00e9gie, notamment du groupe des Justice Democrats<\/em>, de peser de l\u2019int\u00e9rieur du syst\u00e8me. Apr\u00e8s de nouvelles victoires progressistes aux primaires 2020, la d\u00e9faite \u00e0 New York du repr\u00e9sentant Elliot Engel (pr\u00e9sident de la Commission des affaires \u00e9trang\u00e8res de la Chambre) a donn\u00e9 lieu \u00e0 un courrier de pr\u00e8s de 70 organisations progressistes<\/a>, habituellement concentr\u00e9es sur la politique int\u00e9rieure, plaidant pour que la pr\u00e9sidence de cette Commission d\u00e9cisive traduise les id\u00e9es progressistes dans la politique \u00e9trang\u00e8re am\u00e9ricaine : \u00ab retenue et r\u00e9alisme progressiste \u00bb, r\u00e9\u00e9valuation des outils de la politique \u00e9trang\u00e8re (diplomatie, interventions militaires, sanctions\u2026) et red\u00e9finition des objectifs (lutte contre la corruption, protection de la biodiversit\u00e9, traitement des alli\u00e9s et adversaires\u2026).<\/p>\n\n\n\n

Les primaires d\u00e9mocrates de 2019 au contraire ont \u00e9t\u00e9 l\u2019occasion de d\u00e9bats passionnants sur la d\u00e9finition d\u2019une politique \u00e9trang\u00e8re de gauche. Cette \u00e9volution est r\u00e9v\u00e9latrice des ambitions et du poids croissants de l\u2019aile progressiste dans le d\u00e9bat d\u2019id\u00e9es d\u00e9mocrate, et de la strat\u00e9gie, notamment du groupe des Justice Democrats<\/em>, de peser de l\u2019int\u00e9rieur du syst\u00e8me.<\/p>Maya Kandel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

D\u00e8s sa nomination, Jake Sullivan a annonc\u00e9 vouloir \u00e9largir la d\u00e9finition de la notion de \u00ab  s\u00e9curit\u00e9 nationale \u00bb qui d\u00e9termine les objectifs de l\u2019action internationale du pays. L\u2019\u00e9volution la plus int\u00e9ressante pour l\u2019instant est le choix port\u00e9 vers John Kerry en tant qu\u2019envoy\u00e9 sp\u00e9cial sur le climat et, surtout, la d\u00e9cision<\/a> de lui donner un si\u00e8ge et donc une voix au Conseil de s\u00e9curit\u00e9 nationale \u00e0 la Maison Blanche, au c\u0153ur de l\u2019\u00e9laboration de la politique \u00e9trang\u00e8re. Le signal est clair et a \u00e9t\u00e9 rappel\u00e9 aussi bien par Kerry<\/a> que par Sullivan<\/a> lors de leurs nominations respectives : le changement climatique doit \u00eatre int\u00e9gr\u00e9 \u00e0 la r\u00e9flexion sur la s\u00e9curit\u00e9 nationale, et la diplomatie climatique sera au c\u0153ur de la politique \u00e9trang\u00e8re. S\u2019il y a un sujet o\u00f9 Europ\u00e9ens et Am\u00e9ricains devraient \u00eatre des alli\u00e9s naturels, c\u2019est bien celui du climat ; cette prise en compte du climat se retrouve d\u2019ailleurs aussi bien sur tous les sujets de politique int\u00e9rieure, de l\u2019agriculture aux transports et infrastructures, \u00ab  l\u2019ambition climatique<\/a>  \u00bb \u00e9tant apparemment un crit\u00e8re de recrutement dans l\u2019\u00e9quipe Biden. C\u2019est aussi un sujet sur lequel la conversation doit inclure la Chine, et ouvre des horizons passionnants (d\u00e9frich\u00e9s ici par Pierre Charbonnier<\/a>), pour transformer la r\u00e9flexion g\u00e9opolitique et g\u00e9o\u00e9conomique, y compris pour l\u2019Europe qui devrait s\u2019en saisir. C\u2019est l\u00e0 aussi que se jouera une partie de l\u2019ambition de l\u2019administration Biden.<\/p>\n\n\n\n

Un aspect crucial – notamment pour l\u2019Europe – sera certainement le r\u00f4le de Janet Yellen, nomm\u00e9e au poste de secr\u00e9taire au Tr\u00e9sor et qui sera responsable \u00e0 ce titre de la diplomatie \u00e9conomique de l\u2019administration Biden. Son mot d\u2019ordre sera selon toutes probabilit\u00e9s \u00e9galement h\u00e9rit\u00e9 de Trump, qui a remis au go\u00fbt du jour les principes g\u00e9o\u00e9conomiques d\u00e9finis par Edward Luttwak au sortir de la guerre froide : la s\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique est la s\u00e9curit\u00e9 nationale. Dans cette optique, la s\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique prime sur les alliances g\u00e9opolitiques, et non l\u2019inverse. Yellen jouera \u00e9galement un r\u00f4le de premier plan sur la politique chinoise, puisque les \u00e9l\u00e9ments les plus d\u00e9terminants mis en place par l\u2019administration Trump l\u2019ont \u00e9t\u00e9 par le Tr\u00e9sor (liste d\u2019entit\u00e9s et sanctions extraterritoriales en g\u00e9n\u00e9ral). Or Yellen jouera \u00e9videmment un r\u00f4le crucial pour la politique int\u00e9rieure, \u00e9tant donn\u00e9 l\u2019enjeu central des questions de taxation<\/a> int\u00e9rieure et internationale dans le programme Biden. Elle aura la ma\u00eetrise du sort des d\u00e9crets et r\u00e9glementations mis en place par l\u2019administration Trump apr\u00e8s le vote de la r\u00e9forme fiscale par le Congr\u00e8s r\u00e9publicain fin 2017, concernant notamment la taxation des multinationales. Son tandem avec la nouvelle responsable du commerce \u00e0 la Maison Blanche, Katherine Tai, sera certainement un \u00e9l\u00e9ment-cl\u00e9 de la relation transatlantique \u00e0 venir.<\/p>\n\n\n\n

Un aspect crucial – notamment pour l\u2019Europe – sera certainement le r\u00f4le de Janet Yellen, nomm\u00e9e au poste de secr\u00e9taire au Tr\u00e9sor et qui sera responsable \u00e0 ce titre de la diplomatie \u00e9conomique de l\u2019administration Biden.<\/p>Maya Kandel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Repenser les relations internationales au XXIe<\/sup> si\u00e8cle : le d\u00e9fi chinois, l\u2019urgence climatique<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

La Chine divise les d\u00e9mocrates<\/a> (comme les r\u00e9publicains), et ce jusqu\u2019au sein du camp progressiste : entre ceux qui refusent une nouvelle guerre froide mais entendent lutter contre un axe autoritaire international, et ceux qui pr\u00e9f\u00e8rent se concentrer sur les enjeux de coop\u00e9ration et un d\u00e9sengagement militaire am\u00e9ricain. Autour de Biden pourtant, nombre sont ceux qui, notamment dans la communaut\u00e9 strat\u00e9gique, consid\u00e8rent le d\u00e9fi chinois \u00e0 la superpuissance am\u00e9ricaine comme le d\u00e9fi majeur pour la politique \u00e9trang\u00e8re des Etats-Unis au XXIe si\u00e8cle, et <\/em>comme le seul moyen de reconstruire une politique \u00e9trang\u00e8re solide et fiable car <\/a>bipartisane<\/a>. Certains vont m\u00eame au-del\u00e0, voyant dans la question chinoise le meilleur moyen<\/a> pour Biden, en cas de S\u00e9nat r\u00e9publicain, de faire de la politique \u00e9trang\u00e8re et <\/em>de la politique int\u00e9rieure : une forme d\u2019inversion de l\u2019adage du s\u00e9nateur Vandenberg (politics stops at the water\u2019s edge<\/em>, qui signifiait que l\u2019int\u00e9r\u00eat national \u00e9tait sup\u00e9rieur \u00e0 \u2013 et ind\u00e9pendant de \u2013 tout positionnement politique int\u00e9rieur donc partisan) ; la Chine, comme seul point de convergence politique int\u00e9rieure, devenant alors le pr\u00e9texte de la politique int\u00e9rieure (pour la politique commerciale, technologique, les infrastructures\u2026 le tout sous le parapluie de la comp\u00e9tition avec la Chine). Ce ne serait \u00e9videmment pas la premi\u00e8re fois dans l\u2019histoire am\u00e9ricaine qu\u2019un \u00e9v\u00e9nement ext\u00e9rieur servirait de pr\u00e9texte \u00e0 la transformation int\u00e9rieure, les exemples historiques de Hamilton \u00e0 Roosevelt et Reagan \u00e9tant nombreux. Mais ce serait aussi un retour \u00e0 une gestion \u00ab technocratique \u00bb, soi-disant \u00ab neutre \u00bb politiquement, de la politique \u00e9trang\u00e8re et des int\u00e9r\u00eats nationaux \u2013 pr\u00e9cis\u00e9ment le c\u0153ur de la contestation actuelle.<\/p>\n\n\n\n

Dans un\u00a0excellent article<\/a>\u00a0recensant plusieurs ouvrages r\u00e9cents, l\u2019\u00e9conomiste Adam Tooze rappelait que la fin de la p\u00e9riode post-guerre froide refermait aussi la p\u00e9riode o\u00f9 les \u00c9tats-Unis avaient cru pouvoir consid\u00e9rer les sph\u00e8res \u00e9conomiques et strat\u00e9giques comme artificiellement s\u00e9par\u00e9es ou ind\u00e9pendantes l\u2019une de l\u2019autre : dans la th\u00e8se de Fukuyama sur la fin de l\u2019histoire, il y avait en effet cette id\u00e9e que la croissance \u00e9conomique gr\u00e2ce \u00e0 la mondialisation pouvait \u00eatre \u00ab g\u00e9opolitiquement neutre \u00bb. La page est tourn\u00e9e sur ce qui n\u2019a jamais \u00e9t\u00e9 qu\u2019une fiction reposant sur l\u2019id\u00e9e que la mondialisation am\u00e9ricaine \u00e9tait, comme l\u2019h\u00e9g\u00e9monie am\u00e9ricaine, n\u00e9cessairement \u00ab bienveillante \u00bb, et sur l\u2019euphorie mondialisatrice li\u00e9e \u00e0 la fin de la guerre froide. Dans la communaut\u00e9 strat\u00e9gique am\u00e9ricaine, c\u2019est bien la r\u00e9alit\u00e9 et \u00ab l\u2019\u00e9normit\u00e9 \u00bb (comme la qualifiait justement\u00a0Fareed Zakaria<\/a>) de la puissance chinoise qui explique le tournant strat\u00e9gique de l\u2019\u00e8re Trump, l\u2019adoption d\u2019une posture hostile \u2013 beaucoup plus que l\u2019inqui\u00e9tude pour le d\u00e9ficit commercial ou les disparition des emplois non qualifi\u00e9s des cols bleus de la Rust Belt. C\u2019est ainsi qu\u2019il faut comprendre le retour en gr\u00e2ce du concept de \u00ab g\u00e9o\u00e9conomie \u00bb, que Luttwak\u00a0avait avanc\u00e9<\/a>\u00a0justement \u00e0 la fin de la guerre froide. Le Pentagone en est conscient depuis quelques temps d\u00e9j\u00e0, et le lien entre s\u00e9curit\u00e9 nationale et s\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique est omnipr\u00e9sent dans la\u00a0strat\u00e9gie de d\u00e9fense 2018<\/a>. La question du leadership technologique et de l\u2019avenir d\u2019internet est au c\u0153ur de cette nouvelle approche.<\/p>\n\n\n\n

Alors que les dirigeants am\u00e9ricains (et europ\u00e9ens) viennent seulement d\u2019admettre le lien entre la mondialisation des d\u00e9mocraties de march\u00e9 port\u00e9e par les administrations Clinton et Bush et la r\u00e9gression d\u00e9mocratique actuelle dans le m\u00eame espace euro-atlantique, le projet chinois concurrent de Routes de la Soie concerne une part croissante de l\u2019humanit\u00e9 et son mod\u00e8le techno-autoritaire de gouvernement s\u2019exporte dans le monde entier. Le r\u00e9veil am\u00e9ricain est-il advenu trop tard ? Adam Tooze conclut sur la n\u00e9cessit\u00e9 de penser et passer \u00e0 l\u2019\u00e9tape suivante, imaginer une forme de d\u00e9tente sous fond de nouvelle \u00e8re marqu\u00e9e par la prise de conscience du d\u00e9fi existentiel pos\u00e9 par l\u2019anthropoc\u00e8ne – la pand\u00e9mie 2020 \u00e9tant le signe que cette \u00e8re a commenc\u00e9. La question est alors de savoir si les Am\u00e9ricains et les Europ\u00e9ens, qui pourraient jouer l\u00e0 un r\u00f4le v\u00e9ritablement g\u00e9opolitique, vont se donner les moyens de devenir eux-m\u00eames ce qu\u2019il r\u00e9clamait des Chinois : des partenaires responsables et comp\u00e9tents, attach\u00e9s \u00e0 g\u00e9rer – si ce n\u2019est r\u00e9soudre – les risques et d\u00e9fis de cette nouvelle \u00e8re.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

La doctrine Biden n’existe pas encore  : elle se construira \u00e0 l’\u00e9preuve des faits. Pourtant, pour reconstruire et r\u00e9inventer une politique \u00e9trang\u00e8re am\u00e9ricaine \u00e0 partir de 2021, le nouveau pr\u00e9sident am\u00e9ricain ne reniera pas enti\u00e8rement l’h\u00e9ritage de Trump. Son principal d\u00e9fi  : \u00eatre capable de penser en m\u00eame temps en termes \u00e9conomiques et strat\u00e9giques face \u00e0 la Chine.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":95380,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1731],"tags":[],"geo":[525],"class_list":["post-95258","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-politique","staff-maya-kandel","geo-ameriques"],"acf":[],"yoast_head":"\nLa r\u00e9ponse d\u00e9mocrate \u00e0 la doctrine Trump | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"description\" content=\"La doctrine Biden n'existe pas encore. 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