{"id":86396,"date":"2020-10-09T09:44:35","date_gmt":"2020-10-09T07:44:35","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=86396"},"modified":"2020-10-09T09:44:37","modified_gmt":"2020-10-09T07:44:37","slug":"la-pression-autour-de-nord-stream-2-augmente-toujours-plus","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2020\/10\/09\/la-pression-autour-de-nord-stream-2-augmente-toujours-plus\/","title":{"rendered":"La pression autour de Nord Stream 2 augmente toujours plus"},"content":{"rendered":"\n
Suite \u00e0 l\u2019affaire Navalny, l\u2019opposition au Nord Stream 2 regagne en intensit\u00e9. Le 18 septembre, le Parlement europ\u00e9en a adopt\u00e9 une r\u00e9solution r\u00e9it\u00e9rant l\u2019exigence de l\u2019abandon de la construction du gazoduc <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cette r\u00e9solution ne sera surement pas suivi par Berlin. En effet, le gouvernement allemand est soucieux d’\u00e9viter toute action qui saperait le cadre juridique des grands investissements \u00e9nerg\u00e9tiques. \u00ab Contrairement \u00e0 d’autres pays, l’Allemagne n’a pas de champion national de l’\u00e9nergie et d\u00e9pend donc enti\u00e8rement des entreprises priv\u00e9es pour son approvisionnement en \u00e9nergie. Ces entreprises ont besoin d’un cadre r\u00e9glementaire fiable, et Berlin le sait \u00bb, explique Kirsten Westphal du German Institute for International and Security Affairs <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Du fait de la protection des investissements par la Charte europ\u00e9enne de l\u2019\u00e9nergie, des sanctions allemandes ou europ\u00e9ennes engendreraient des compensations faramineuses pour les promoteurs du Nord Stream 2. Mais si l\u2019opinion du Parlement europ\u00e9en n\u2019a qu\u2019un impact limit\u00e9 sur la situation, l\u2019action des l\u00e9gislateurs am\u00e9ricains a une port\u00e9e bien plus concr\u00e8te.<\/p>\n\n\n\n Consid\u00e9rant les risques li\u00e9s aux l\u00e9gislations am\u00e9ricaines Countering America\u2019s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA) et Protecting Europe\u2019s Energy Security Act (PEESA), l’association d’assureurs maritimes International Group of P&I Clubs a publi\u00e9 mi-septembre une note indiquant \u00e0 ses membres l\u2019attitude \u00e0 adopter vis-\u00e0-vis des projets Nord Stream 2 et Turkish Stream. \u00ab Il est rappel\u00e9 aux membres qu’il n’y aura aucune couverture pour les navires impliqu\u00e9s dans des activit\u00e9s qui sont soit ill\u00e9gales et\/ou exposent le Club au risque de violation des sanctions. Compte tenu de la menace de sanctions directes pos\u00e9e aux assureurs par la CAATSA et la PEESA, il n’y aura pas de couverture du Club pour toute activit\u00e9 impliqu\u00e9e ou li\u00e9e aux projets de construction Nord Stream 2 ou Turkish Stream \u00bb <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>, indique le document. Pour ne pas s’exposer \u00e0 des sanctions, l\u2019association recommande aux membres d’\u00ab \u00e9valuer et att\u00e9nuer les risques li\u00e9s \u00e0 la conclusion de contrats sur les projets de construction Nord Stream 2 ou Turkish Stream \u00bb. Les treize membres composant l\u2019International Group of P&I Clubs couvrent environ 90 % du tonnage oc\u00e9anique mondial. <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n L\u2019apparente paralysie du chantier du fait des difficult\u00e9s de Gazprom \u00e0 s\u2019assurer \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 point\u00e9e en mai 2020. En effet, pour accomplir sa t\u00e2che, l\u2019Akademik Chersky (charg\u00e9 de terminer la pose du gazoduc) n\u00e9cessite une mise \u00e0 niveau de ses \u00e9quipements. Ces travaux se sont heurt\u00e9s \u00e0 un obstacle majeur en raison des sanctions am\u00e9ricaines. Gazprom Flot, propri\u00e9taire de l’Akademik Chersky, a d\u00fb annuler un appel d’offres visant \u00e0 couvrir les risques li\u00e9s \u00e0 la modernisation du navire quatre mois apr\u00e8s son lancement. <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span> Ainsi, aujourd\u2019hui nous ne savons pas si l\u2019Akademik Chersky dispose des capacit\u00e9s techniques pour poursuivre le chantier. Toutefois, Gazprom semble continuer \u00e0 travailler comme le prouve le myst\u00e9rieux balai de ses bateaux en mer Baltique. Le 16 septembre, le navire ravitailleur Ivan Sidorenko a quitt\u00e9 Saint-P\u00e9tersbourg pour le port allemand de Mukran, base logistique du chantier de Nord Stream 2 <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>. D’apr\u00e8s le journal russe Kommersant, le navire doit approvisionner en tuyaux l’Akademik Chersky. Quant \u00e0 lui, l’Akademik Chersky, qui \u00e9tait stationn\u00e9 \u00e0 Mukran depuis mai, est parti le 5 octobre en direction de Kaliningrad pour y arriver deux jours plus tard. <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n Pour leur part, les \u00c9tats-Unis poursuivent leur offensive. Le 21 septembre, dans un entretien accord\u00e9 au quotidien allemand Bild, <\/em>le secr\u00e9taire d’\u00c9tat am\u00e9ricain Mike Pompeo a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 que les \u00c9tats-Unis travaillaient sur la mise en place d’une coalition afin d’emp\u00eacher l’ach\u00e8vement de la construction du Nord Stream 2.\u00a0 \u00ab Nous esp\u00e9rons que le gazoduc Nord Stream 2 ne sera pas achev\u00e9, nous travaillons pour construire une coalition pour emp\u00eacher que cela se produise. Nous esp\u00e9rons que le gouvernement allemand en viendra \u00e0 voir les choses de cette fa\u00e7on, que ce soit \u00e0 cause de ce qui est arriv\u00e9 \u00e0 M. Navalny ou \u00e0 cause des implications r\u00e9elles en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9 provenant de la d\u00e9pendance vis-\u00e0-vis du gaz russe \u00bb, a-t-il d\u00e9clar\u00e9. <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n Juste avant les d\u00e9clarations du secr\u00e9taire d’\u00c9tat am\u00e9ricain, un autre appel \u00e0 la construction d\u2019une coalition anti-Nord Stream 2 fut lanc\u00e9 dans une lettre ouverte publi\u00e9e le 17 septembre sur le site du magazine am\u00e9ricain Newsweek.<\/em> Au total 114 cosignataires, comptant des diplomates, des chercheurs, des responsables militaires et des services de renseignement originaires de pays des deux c\u00f4t\u00e9s de l’Atlantique, encouragent la Commission europ\u00e9enne, les \u00c9tats membres de l\u2019UE, les \u00c9tats-Unis, le Canada, la Norv\u00e8ge, le Royaume-Uni, l\u2019Ukraine, la G\u00e9orgie et la Moldavie, \u00e0 utiliser tous les \u00ab outils juridiques et de sanctions \u00bb afin de s\u2019assurer que le gazoduc \u00ab ne soit jamais autoris\u00e9 \u00e0 entrer en service \u00bb.\u00a0 Le texte affirme : \u00ab Nord Stream 2 n’est pas d\u00e9velopp\u00e9 pour apporter de nouveaux volumes significatifs de gaz \u00e0 l’Allemagne et \u00e0 l’Europe occidentale, comme le pr\u00e9tendent faussement les promoteurs du projet, mais est d\u00e9velopp\u00e9 pour simplement r\u00e9acheminer le transit de gaz existant afin d’\u00e9viter l’Ukraine. Compte tenu de cette r\u00e9alit\u00e9, nous savons \u00e9galement que le lien suppos\u00e9 entre les ventes de gaz naturel liqu\u00e9fi\u00e9 (GNL) am\u00e9ricain ou d’autres producteurs mondiaux en Europe et l’opposition \u00e0 Nord Stream 2 n’est pas fond\u00e9 sur une r\u00e9alit\u00e9 du march\u00e9, technique ou politique \u00bb <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Pourtant d\u2019apr\u00e8s la \u00ab r\u00e9alit\u00e9 du march\u00e9 \u00bb estim\u00e9e par le cabinet Wood Mackenzie, le gaz russe du Nord Stream 2 repr\u00e9sente bien un obstacle pour la p\u00e9n\u00e9tration du GNL am\u00e9ricain sur le march\u00e9 europ\u00e9en car il maintiendrait les prix europ\u00e9ens \u00e0 la baisse alors qu’un redressement de la demande est pr\u00e9vu. Sans Nord Stream 2, le prix de r\u00e9f\u00e9rence du gaz du TTF, le hub du nord-ouest de l’Europe, devrait \u00eatre d’environ 4 dollars par million de British Thermal Units l’ann\u00e9e prochaine <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Mais si le projet est achev\u00e9 pour le d\u00e9but 2021 comme l’esp\u00e8rent ses promoteurs, le prix moyen du gaz au TTF pourrait tomber \u00e0 environ 3 dollars. Toujours selon Wood Mackenzie , sans Nord Stream 2 les exportations russes vers l’Europe devraient s’\u00e9lever \u00e0 environ 176 milliards de m\u00e8tres cubes (BCM) l’ann\u00e9e prochaine contre 168 BCM cette ann\u00e9e. Avec Nord Stream 2, les exportations russes pourraient s\u2019\u00e9lever environ \u00e0 203 BCM. Une partie de ces 27 BCM suppl\u00e9mentaires de gaz russe arriverait donc au d\u00e9triment du GNL am\u00e9ricain.\u00a0<\/p>\n\n\n\n De son c\u00f4t\u00e9 l\u2019Allemagne semble persuad\u00e9e du lien entre la volont\u00e9 de l\u2019industrie gazi\u00e8re am\u00e9ricaine d\u2019exporter son sur son march\u00e9 et les sanctions \u00e9conomiques contre Nord Stream 2. Les r\u00e9v\u00e9lations du quotidien allemand Die Zeit<\/em> en t\u00e9moignent. Le 16 septembre, Die Zeit<\/em> expliquait que le gouvernement allemand a tent\u00e9 d\u2019amadouer l\u2019administration Trump par un de ces \u00ab deal \u00bb que le pr\u00e9sident am\u00e9ricain affectionne tant. D\u00e9but ao\u00fbt, le ministre allemand des Finances Olaf Scholz (SPD) aurait propos\u00e9 \u00e0 son homologue am\u00e9ricain Steven Mnuchin, d’abord oralement puis par \u00e9crit, de subventionner la construction de deux terminaux GNL en \u00e9change de l\u2019abandon des sanctions contre Nord Stream 2. Dans la proposition \u00e9crite envoy\u00e9e \u00e0 Washington le 7 ao\u00fbt, le gouvernement allemand promet \u00ab d’augmenter massivement le soutien public \u00e0 la construction \u00bb des terminaux de Brunsb\u00fcttel et Wilhelmshaven en mettant \u00e0 disposition jusqu’\u00e0 un milliard d’euros. \u00ab En \u00e9change, les \u00c9tats-Unis permettront l’ach\u00e8vement et l’exploitation sans entraves du Nord Stream 2 \u00bb rapporte Die Zeit<\/em>. <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>\u00a0<\/p>\n\n\n\n