{"id":8517,"date":"2018-09-30T22:00:39","date_gmt":"2018-09-30T20:00:39","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=8517"},"modified":"2020-04-10T21:55:03","modified_gmt":"2020-04-10T19:55:03","slug":"emmanuel-macron-et-le-multilateralisme-ou-le-dilemme-de-la-grandeur-francaise","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2018\/09\/30\/emmanuel-macron-et-le-multilateralisme-ou-le-dilemme-de-la-grandeur-francaise\/","title":{"rendered":"Emmanuel Macron et le \u201cmultilat\u00e9ralisme\u201d, ou le dilemme de la grandeur fran\u00e7aise"},"content":{"rendered":"\n

Paris.<\/em> Du point de vue fran\u00e7ais, on retiendra deux choses du dernier sommet des Nations-Unies \u00e0 New York. Premi\u00e8rement, Donald Trump s\u2019est encore prononc\u00e9 contre la \u201cdictature corrompue\u201d qu\u2019est selon lui l\u2019Iran, demandant \u00e0 la tribune qui lui \u00e9tait offerte d\u2019isoler encore plus la R\u00e9publique islamique. Deuxi\u00e8mement, et dans une plus large mesure puisque les journaux fran\u00e7ais en ont fait leurs choux gras, on retiendra qu\u2019Emmanuel Macron s\u2019est \u00e9vertu\u00e9 \u00e0 d\u00e9fendre un \u201cmultilat\u00e9ralisme chevill\u00e9 au corps\u201d, en r\u00e9ponse au discours dit souverainiste et unilat\u00e9ral que Donald Trump avait tenu une heure plus t\u00f4t.<\/p>\n\n\n\n

Mais de quel multilat\u00e9ralisme Emmanuel Macron parle-t-il ? Dans une tribune parue dans Le Figaro <\/em>jeudi dernier, Hadrien Desuin rappelait que multilat\u00e9ralisme ne signifie pas gouvernement administratif mondial. \u201cLe multilat\u00e9ralisme est, par nature, un \u00e9tat d’anarchie dans lequel la plus forte des nations souveraines organise les rapports de puissances autour d’elle\u201d (1<\/strong>). Le multilat\u00e9ralisme nouvelle formule d\u00e9fendu par Emmanuel Macron ne serait donc finalement qu\u2019un retour \u00e0 la \u201cdiplomatie onusienne\u201d de 1945 ?<\/p>\n\n\n\n

Rien n\u2019est moins s\u00fbr. Depuis son \u00e9lection en 2017, Emmanuel Macron est apparu, en mati\u00e8re de politique \u00e9trang\u00e8re, tant\u00f4t souverainiste (voire \u201csouverainiste europ\u00e9en\u201d), tant\u00f4t supranationaliste. Quitte \u00e0 s\u2019approprier les deux visions et n\u2019en former qu\u2019une seule, lorsqu\u2019il d\u00e9clare \u00e0 la tribune de l\u2019Assembl\u00e9e g\u00e9n\u00e9rale que \u201cnous vivons une crise profonde de l\u2019ordre international lib\u00e9ral westphalien que nous avons connu, parce qu\u2019il a \u00e9chou\u00e9 pour partie \u00e0 r\u00e9guler ses propres d\u00e9rives financi\u00e8res, sociales, climatiques, qui n\u2019ont pas trouv\u00e9 de r\u00e9ponse \u00e0 la hauteur\u201d (4<\/strong>). <\/em>Or, l\u2019ordre westphalien est bel et bien mort. D\u00e8s le trait\u00e9 de Versailles, l\u2019\u00e9mergence et la prise en compte des nationalismes a pr\u00e9cipit\u00e9 la d\u00e9gradation du mod\u00e8le westphalien. Puis, quand un droit de veto fut octroy\u00e9 \u00e0 cinq puissances au d\u00e9triment des autres, quand le principe d\u2019ing\u00e9rence fut th\u00e9oris\u00e9, aucun de ses crit\u00e8res n\u2019est rest\u00e9 inviol\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Si l\u2019on doit trouver un sens \u00e0 cette notion de \u201cmultilat\u00e9ralisme macronien\u201d, il faut l\u2019aborder par le biais de la place de la France dans le monde et de l\u2019id\u00e9e que s\u2019en fait le pr\u00e9sident fran\u00e7ais. \u201cJacques Chirac avait une conviction profonde, c’est que la France n’est grande que si elle est ouverte au monde\u2009\u201d, d\u00e9clarait Emmanuel Macron en 2017 (2<\/strong>). Une ouverture au monde tout d\u2019abord europ\u00e9enne puis internationale : la France, ins\u00e9r\u00e9e dans l\u2019Europe, doit \u00eatre \u201c<\/em>une puissance m\u00e9diatrice\u201d (5<\/strong>), \u201cla France doit permettre \u00e0 l’Europe de devenir leader du monde libre\u201d (3<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Cette \u201ctroisi\u00e8me voie\u201d d\u00e9fendue mercredi dernier doit donc permettre \u00e0 la France de recouvrer un statut international, alors que le pays n\u2019a jamais su, au sein d\u2019un monde post-1945, se remettre de la perte de son influence globale. Dans un sens, m\u00eame s\u2019il s\u2019y oppose fermement, la position unilat\u00e9rale de Donald Trump sert les desseins du chef de l\u2019\u00c9tat fran\u00e7ais, puisque lui permet d\u2019haranguer l\u2019auditoire d\u2019un discours universaliste au sein duquel la France redevient le centre du monde. Mais le temps des discours ne durera pas. Mercredi dernier, Xi Jinping et Vladimir Poutine n\u2019\u00e9taient pas pr\u00e9sents \u00e0 New York, et ce n\u2019est pas la proposition de r\u00e9former le G7 qui remettra Paris au centre de l\u2019\u00e9chiquier.<\/p>\n\n\n\n

Perspectives :\ufeff<\/strong><\/h4>\n\n\n\n