<\/p>\n\n\n\n
\u00c0 Bloomington (Indiana) <\/p>\n\n\n\n <\/p>\n\n\n\n Nous sommes en guerre<\/a>, disent tous les pr\u00e9sidents, les pr\u00e9sidents r\u00e9fl\u00e9chis et quasi-lib\u00e9raux comme Emmanuel Macron en France et Moon Jae-in en Cor\u00e9e, autant que les pr\u00e9sidents irr\u00e9fl\u00e9chis et quasi-fascistes comme Donald Trump aux \u00c9tats-Unis et Viktor Orb\u00e1n en Hongrie. Une guerre terrible. Mais le pire n’est pas la guerre contre la maladie et ses dommages collat\u00e9raux, l’\u00e9crasement de l’\u00e9conomie, aussi catastrophiques soient-ils. Le pire, c’est la probabilit\u00e9 d’un triomphe de l\u2019\u00e9tatisme apr\u00e8s la guerre, puis celle du fascisme auquel l’\u00e9tatisme triomphant donne r\u00e9guli\u00e8rement naissance. La maladie est l\u2019affaire d\u2019une ann\u00e9e, 2020. Le fascisme est une affaire sans fin.<\/p>\n\n\n\n Le jeune historien Eliah Bures a \u00e9crit il y a six mois dans Foreign Affairs<\/em> une critique de livres de gauche et de droite, qui ont tous utilis\u00e9 de fa\u00e7on pro\u00e9minente ce qu’il \u00ab l’autre mot en F \u00bb, le fascisme. Il note que ce mot peut \u00eatre utilis\u00e9 avec incons\u00e9quence et l\u00e9g\u00e8ret\u00e9 pour dire \u00ab la politique que je n’aime pas \u00bb. D\u2019o\u00f9 le mouvement \u00ab Antifa \u00bb, c’est-\u00e0-dire \u00ab antifasciste \u00bb, d\u2019une gauche am\u00e9ricaine insens\u00e9e. Bures a raison. Mais la glissade vers les extr\u00eames du nationalisme, du socialisme, du racisme et du reste des sables mouvants des ann\u00e9es 1930 est loin d\u2019\u00eatre impossible. Apr\u00e8s tout, les ann\u00e9es 1930 ont eu lieu. Dans les ann\u00e9es 1930. En guise de conclusion r\u00e9confortante, t\u00e9moignage de l\u2019apparente s\u00e9curit\u00e9 dans laquelle nous vivions en novembre 2019, Bures \u00e9crit dans son essai une phrase qui r\u00e9sonne aujourd\u2019hui d\u2019une fa\u00e7on terrifiante : \u00ab \u00c0 moins que nous ne connaissions une crise du capitalisme et de la repr\u00e9sentation d\u00e9mocratique de l’ampleur des ann\u00e9es 1920 et 1930, il n’y a aucune raison de s’attendre \u00e0 ce que le populisme d’aujourd’hui revienne au fascisme \u00bb. <\/p>\n\n\n\n Le pire, c’est la probabilit\u00e9 d’un triomphe de l\u2019\u00e9tatisme apr\u00e8s la guerre, puis celle du fascisme auquel l’\u00e9tatisme triomphant donne r\u00e9guli\u00e8rement naissance. La maladie est l\u2019affaire d\u2019une ann\u00e9e, 2020. Le fascisme est une affaire sans fin.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Dans 1984<\/em>, George Orwell fait expliquer \u00e0 O’Brien, l\u2019homme du parti, ce que signifierait un futur fasciste, que celui-ci soit de gauche ou de droite : \u00ab Mais il y aura toujours, n\u2019oubliez pas cela, Winston, il y aura toujours l\u2019ivresse croissante du pouvoir, toujours plus subtile. [\u2026] . Si vous voulez une image de du futur, imaginez une botte \u00e9crasant un visage humain… \u00e9ternellement. \u00bb De nos jours, certaines personnes, les fascistes au sens propre ou presque, l’Action fran\u00e7aise ou l\u2019Alt-Right am\u00e9ricaine<\/a>, semblent aspirer \u00e0 un tel r\u00e9sultat. Ils pensent, je suppose, qu’ils seront les gens du Parti qui se d\u00e9lectent de l’ivresse du pouvoir. Mais d’autres, des Fran\u00e7ais et Am\u00e9ricains qui n’ont pas des d\u00e9sirs aussi abjects, pourraient se faire \u00e9craser le visage. Pour toujours.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 cause d\u2019un vote \u00e0 la majorit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Le journaliste et litt\u00e9rateur am\u00e9ricain H. L. Mencken admirait il y a un si\u00e8cle la dignit\u00e9 de la participation \u00e0 une d\u00e9mocratie, ce que Benjamin Constant appelait en 1819 \u00ab l’ancienne libert\u00e9 \u00bb. Mais il n\u2019en disait pas autant des d\u00e9cisions qui sortent du vote \u00e0 la majorit\u00e9, que l\u2019on parle de l’exp\u00e9dition ath\u00e9nienne \u00e0 Syracuse ou de la d\u00e9fense obstin\u00e9e mais populaire de l’imp\u00e9rialisme fran\u00e7ais apr\u00e8s la Seconde Guerre mondiale. (Cela dit, on pourrait en dire autant de tous les autres syst\u00e8mes de d\u00e9cision qui ont \u00e9t\u00e9 \u00e9prouv\u00e9s dans l\u2019histoire. La vie est complexe, et la prise de d\u00e9cisions collectives sens\u00e9es l\u2019est encore plus). Mencken a \u00e9crit \u00e0 propos du vote \u00e0 la majorit\u00e9 qu’il supposait que \u00ab le peuple sache ce qu’il veut, et qu\u2019il m\u00e9rite de l’obtenir largement \u00bb. Comme le peuple italien sachant qu\u2019il voulait Mussolini ou le peuple allemand qu\u2019il voulait Hitler m\u00e9ritaient largement ce qui leur est arriv\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Dans son article, Bures souligne que le populisme \u00e9lectoral \u00e0 tendance fasciste a \u00e9t\u00e9 invent\u00e9 par Juan Per\u00f3n, qui a vu s\u2019effondrer en 1945 les fascismes militaristes europ\u00e9ens. Bien qu\u2019il f\u00fbt issu de l\u2019arm\u00e9e, Per\u00f3n a r\u00e9alis\u00e9 depuis la lointaine Argentine que se faire \u00e9lire avec des programmes populistes \u00e9tait plus s\u00fbr pour l’avenir de l’\u00c9tat autoritaire que d’essayer d\u2019envahir le Br\u00e9sil. C’est pourquoi nous pouvons \u00eatre pratiquement s\u00fbrs que Trump ne suivra pas la voie de Mussolini en Libye ou d’Hitler en Pologne, et qu’il ne pensera pas \u00e0 \u00e9tendre son r\u00e9gime en envahissant le Canada. Quel est le r\u00e9sultat de la perspicacit\u00e9 de Per\u00f3n ? L’Argentine, pr\u00e8s d’un demi-si\u00e8cle apr\u00e8s sa mort, est toujours hant\u00e9e par le p\u00e9ronisme, et ne cesse d’y retomber. Un nouvel homme, ou une nouvelle femme, harnach\u00e9 dans un costume de sauveur. Pour toujours.<\/p>\n\n\n\n En d\u2019autres termes, on peut craindre que les \u00c9tats ne renoncent pas aux pouvoirs exceptionnels qu\u2019ils auront exerc\u00e9s \u2014 avec de bons ou de mauvais r\u00e9sultats \u2014 pendant la crise. Cela tient au fait que deux des trois grands courants id\u00e9ologiques depuis 1789 traitent les adultes comme des enfants, ce qui justifierait qu\u2019ils soient toujours priv\u00e9s de leur libert\u00e9. Le fascisme est l\u2019expression la plus extr\u00eame de ces courants de pens\u00e9e. La rencontre du nationalisme le plus virulent et du dirigisme \u00e9conomique aboutit toujours \u00e0 des visages \u00e9cras\u00e9s par des bottes. Seul le lib\u00e9ralisme est une politique adulte, qui donne le droit et la possibilit\u00e9 de se r\u00e9aliser sans l\u2019aide du parti, ou de Per\u00f3n.<\/p>\n\n\n\n Bien qu\u2019il f\u00fbt issu de l\u2019arm\u00e9e, Per\u00f3n a r\u00e9alis\u00e9 depuis la lointaine Argentine que se faire \u00e9lire avec des programmes populistes \u00e9tait plus s\u00fbr pour l’avenir de l’\u00c9tat autoritaire que d’essayer d\u2019envahir le Br\u00e9sil.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n La politique \u00e0 l\u2019\u00e8re du Covid-19 est une question grave. Cette crise peut constituer un tournant dans l’histoire politique. \u00c0 nous de faire attention.<\/p>\n\n\n\n Les intellectuels europ\u00e9ens, de Voltaire \u00e0 L\u00e9nine, n’ont eu que trois grandes id\u00e9es en politique. L’une d’elles, le lib\u00e9ralisme con\u00e7u au XVIIIe si\u00e8cle par Voltaire et Adam Smith, et repris par des gens comme Mary Wollstonecraft, John Stuart Mill et Claude-Fr\u00e9d\u00e9ric Bastiat, a construit le monde moderne. Les deux autres, le nationalisme et le socialisme, con\u00e7ues au XIXe si\u00e8cle par Hegel et Marx, et port\u00e9s au XXe si\u00e8cle par L\u00e9nine et Mussolini, l’ont presque d\u00e9truit. La pand\u00e9mie que nous vivons est une menace pour le lib\u00e9ralisme temp\u00e9r\u00e9, car elle vient encourager le nationalisme et le socialisme et, en derni\u00e8re instance, l\u2019autoritarisme.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 cela certains seraient tent\u00e9s de r\u00e9pondre : \u00ab Au diable le lib\u00e9ralisme ! \u00bb \u00c0 droite, on est heureux que la peur de la maladie fasse s\u2019effondrer l’Union europ\u00e9enne, pousse au r\u00e9tablissement des fronti\u00e8res nationales ou au retour des haines nationalistes. \u00c0 gauche, on est tout aussi heureux que le confinement renverse le capitalisme et r\u00e9tablisse une \u00e9conomie dirig\u00e9e comme celle dont jouissaient nos heureux anc\u00eatres qui vivaient entre des villes fortifi\u00e9es et des champs bien labour\u00e9s, \u00e0 ceci pr\u00e8s que la science viendrait maintenant \u00e0 notre secours. Pourtant, je suppose que vous accordez de l’importance \u00e0 la libert\u00e9 et \u00e0 l’\u00e9panouissement de l’homme. (Si ce n’est pas le cas, nous n’avons rien \u00e0 nous dire, et nous pouvons directement aller nous battre dans la rue). Vous savez que l’id\u00e9e originale du lib\u00e9ralisme \u00e9tait que les gens devaient \u00eatre lib\u00e9r\u00e9s de la tyrannie<\/a> humaine. Mais vous ne savez peut-\u00eatre pas que le r\u00e9sultat – immense, mondial, surprenant, totalement inattendu – a \u00e9t\u00e9 de lib\u00e9rer les gens de la pauvret\u00e9 dans des proportions \u00e9tonnantes. Il a donn\u00e9 aux plus pauvres d’entre nous une bien meilleure chance de s’\u00e9panouir. Le lib\u00e9ralisme de Smith et Wollstonecraft et de Benjamin Constant, lorsqu’il s’est incarn\u00e9 dans la pratique politique, telle que la lib\u00e9ration des esclaves, a pouss\u00e9 des millions de personnes \u00e0 tenter d’innover, comme Joseph Monier en 1867 qui inventa le b\u00e9ton arm\u00e9 ou Malcolm McLean en 1956 qui a trouv\u00e9 la conteneurisation. Le r\u00e9sultat a \u00e9t\u00e9 l’explosion du revenu r\u00e9el par t\u00eate. Les chemins de fer. Les st\u00e9thoscopes. Les machines \u00e0 coudre. Le taille-crayon. La photographie. Le braille. La pasteurisation. Les piles. Les lumi\u00e8res \u00e9lectriques. Les bicyclettes. Les bonbonnes d\u2019oxyg\u00e8nes. La pilule, et un million d’autres petites r\u00e9voltes contre la routine. Ce n’est pas l’\u00c9tat mis au service du nationalisme ou du socialisme qui a fait de telles choses. Ce furent des individus, lib\u00e9r\u00e9 de la tyrannie humaine.<\/p>\n\n\n\n La pand\u00e9mie que nous vivons est une menace pour le lib\u00e9ralisme temp\u00e9r\u00e9, car elle vient encourager le nationalisme et le socialisme et, Dieu nous aide, le national-socialisme.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n La capacit\u00e9 r\u00e9elle des plus pauvres \u00e0 acheter des biens et des services a augment\u00e9 de 3 000 % entre 1800 et aujourd’hui. Litt\u00e9ralement. Une multiplication par trente. Ce chiffre est choquant, difficile \u00e0 croire si l’on n’est pas habitu\u00e9 au r\u00e9sultat des int\u00e9r\u00eats compos\u00e9s (ce qui nous a d’ailleurs \u00e9t\u00e9 indiqu\u00e9 par la vitesse \u00e0 laquelle s\u2019est propag\u00e9 le nouveau coronavirus). Aucune autorit\u00e9 comp\u00e9tente ne contesterait l\u2019exactitude de cette affirmation. Ce sont les pauvres qui ont le plus b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 en confort r\u00e9el. Liliane Bettencourt s\u2019est juste achet\u00e9e un nouveau yacht. Les pauvres ont mang\u00e9 \u00e0 leur faim. On appelle cela le Grand Enrichissement, il est bien plus important que la r\u00e9volution industrielle, tr\u00e8s souvent cit\u00e9e, et qui, entre 1750 et 1850, a laiss\u00e9 la plupart des gens dans une immense pauvret\u00e9. En 1844, un fonctionnaire fran\u00e7ais rapportait au sujet des vignerons de Bourgogne que pendant l’hiver \u00ab ces hommes vigoureux passaient leurs journ\u00e9es au lit, serrant leurs corps les uns contre les autres pour rester au chaud et manger moins \u00bb. En 1878, Hippolyte Taine pouvait \u00e9crire : \u00ab Quand un fleuve coule \u00e0 pleins bords, il suffit d\u2019une petite crue pour qu\u2019il d\u00e9borde. Telle est la mis\u00e8re au dix-huiti\u00e8me si\u00e8cle. L\u2019homme du peuple, qui vit avec peine quand le pain est \u00e0 bon march\u00e9, se sent mourir quand il est cher. \u00bb Ce fleuve avait besoin d\u2019un d\u00e9versoir pour cesser, en d\u00e9bordant, de menacer l\u2019humanit\u00e9. C\u2019est la croissance \u00e9conomique moderne. \u00c0 ce jour, et selon ce que l\u2019on consid\u00e8re \u2014 la m\u00e9decine, le logement ou les transports \u2014 celle-ci a multipli\u00e9 par 20, 30 ou 100 fois, la qualit\u00e9 de ce que nous utilisons. Ce n\u2019est pas le fruit de l’accumulation du capital ou de pr\u00e9dations imp\u00e9riales, mais des innovations r\u00e9alis\u00e9es par des personnes libres.<\/p>\n\n\n\n Le nationalisme et le socialisme, quant \u00e0 eux, ont r\u00e9invent\u00e9 la tyrannie, celle de la Nation ou celle de la Volont\u00e9 g\u00e9n\u00e9rale. Les gens ordinaires devaient \u00eatre asservis aux id\u00e9ologies de certains h\u00e9ritiers de Rousseau et de Hegel. <\/p>\n\n\n\n Ne nous laissons pas faire.<\/p>\n\n\n\n Le nationalisme et le socialisme ont r\u00e9invent\u00e9 la tyrannie, celle de la Nation ou celle de la Volont\u00e9 g\u00e9n\u00e9rale. Les gens ordinaires \u00e9taient destin\u00e9s \u00e0 \u00eatre de nouveau asservis par les id\u00e9ologies des h\u00e9ritiers de Rousseau et de Hegel.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Bien que la maladie et les n\u00e9cessaires confinements de population soient aujourd\u2019hui tr\u00e8s graves, ce ne sont pas les menaces les plus importantes auxquelles nous faisons face. Apr\u00e8s un temps, le Covid-19 dispara\u00eetra et deviendra un souvenir qui continuera peut-\u00eatre de vivre dans des \u0153uvres d’art aussi immortelles que La Peste<\/em> de Camus ou A Journal of the Plague Year<\/em> de Daniel Defoe. <\/p>\n\n\n\n On esp\u00e8re n\u00e9anmoins que les gouvernements du monde entier tireront au moins deux le\u00e7ons permanentes et pratiques de cette pand\u00e9mie, l’une d’\u00e9pid\u00e9miologie<\/a> et l’autre d’\u00e9conomie<\/a>. Elles nous ram\u00e8nent \u00e0 la politique<\/a>.<\/p>\n\n\n\n L’\u00e9pid\u00e9miologie enseigne qu’une action pr\u00e9coce et honn\u00eate de l’\u00c9tat peut arr\u00eater un fl\u00e9au, et peut l’arr\u00eater encore plus rapidement si l’\u00c9tat a d\u00e9j\u00e0 investi massivement dans la recherche m\u00e9dicale et les installations m\u00e9dicales. La le\u00e7on est math\u00e9matique et biologique : nous comprenons la logique de la contagion que nous avons appris \u00e0 appeler un \u00ab R0 inf\u00e9rieur \u00e0 1 \u00bb et nous ma\u00eetrisons une microbiologie capable, entre autres innovations, de s\u00e9quen\u00e7ages g\u00e9n\u00e9tiques. Tout cela fait que, face \u00e0 cette maladie, nous ne devrions pas t\u00e2tonner comme des enfants \u00e9gar\u00e9s, ou comme les gouvernements du monde entier face \u00e0 l\u2019\u00e9pid\u00e9mie de grippe espagnole il y a un si\u00e8cle. Et pourtant, la plupart des gouvernements t\u00e2tonnent face au Covid-19. <\/p>\n\n\n\n Face \u00e0 cette maladie, nous ne devrions pas t\u00e2tonner comme des enfants \u00e9gar\u00e9s, ou comme les gouvernements du monde entier face \u00e0 l\u2019\u00e9pid\u00e9mie de grippe espagnole il y a un si\u00e8cle. Et pourtant, la plupart des gouvernements t\u00e2tonnent face au Covid-19.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Mais si les gouvernements ne prennent pas s\u00e9rieusement la le\u00e7on de cette \u00e9pid\u00e9mie, si des tyrannies comme la Chine continuent \u00e0 cacher leurs maladies avant de les propager, et si des populistes comme Trump<\/a> aux \u00c9tats-Unis et Jair Bolsonaro<\/a> au Br\u00e9sil continuent \u00e0 m\u00e9priser la science avant de serrer des mains et de tousser sur les gens, l’humanit\u00e9 est condamn\u00e9e. Le prochain fl\u00e9au, ou celui d’apr\u00e8s, ou celui d’ encore apr\u00e8s, pourrait \u00eatre bien pire. Ce pourrait \u00eatre l’acte final. C\u2019est le moment o\u00f9 nous devrions entendre la musique effrayante d\u2019un film dystopique d\u00e9peignant la fin des temps.<\/p>\n\n\n\n L\u2019\u00e9volution des conditions de commerce et de voyage au cours des derniers si\u00e8cles ont aujourd\u2019hui abouti, de fait, au rassemblement de toutes les terres du monde en un seul et unique continent, la Pang\u00e9e, comme ce fut le cas il y a 176 000 000 ans. Les cons\u00e9quences \u00e9pid\u00e9miologiques sont immenses. Un pr\u00e9dateur sup\u00e9rieur ou un insecte sup\u00e9rieur peut se propager rapidement aux quatre coins de la plan\u00e8te. Un virus, une bact\u00e9rie ou m\u00eame une plante exotique comme l’eucalyptus australien introduit en Californie ou un animal exotique comme le python africain introduit en Floride peut prendre le contr\u00f4le de l’\u00e9cosyst\u00e8me mondial.<\/p>\n\n\n\n C’est d\u00e9j\u00e0 arriv\u00e9. La Colombie a donn\u00e9 \u00e0 l’Europe le ma\u00efs, les pommes de terre, les piments, le chocolat et les tomates en \u00e9change de quoi les Europ\u00e9ens ont gentiment donn\u00e9 aux Am\u00e9rindiens la variole, la rougeole, la peste bubonique, la varicelle, le rhume, la dipht\u00e9rie, la grippe, le paludisme, la scarlatine, les maladies sexuellement transmissibles (sauf la syphilis, qui est sans doute all\u00e9e dans l’autre sens), la typho\u00efde, le typhus, la tuberculose et la coqueluche. De petites bandes d’Europ\u00e9ens sous Cortes et Pizarro ont pu renverser de grands empires parce que les indig\u00e8nes \u00e9taient pour la plupart d\u00e9j\u00e0 morts. Lorsque les p\u00e8lerins anglais d\u00e9barqu\u00e8rent dans le Massachusetts, ils trouv\u00e8rent des villages entiers d\u00e9j\u00e0 vid\u00e9s par les \u00e9pid\u00e9mies. Lorsque les Fran\u00e7ais se sont aventur\u00e9s en Ha\u00efti ou au Canada, la r\u00e9sistance fut affaiblie par la maladie.<\/p>\n\n\n\n Le prochain fl\u00e9au, ou celui d’apr\u00e8s, ou celui d’encore apr\u00e8s, pourrait \u00eatre bien pire. Ce pourrait \u00eatre l’acte final. C\u2019est le moment o\u00f9 nous pourrions bien entendre la musique effrayante d\u2019un film dystopique d\u00e9peignant la fin des temps.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Si vous pensez que le Covid 19 est une catastrophe \u00e9pid\u00e9miologique, pensez plut\u00f4t virus Ebola. Imaginez si le pr\u00e9sident Obama, l’OMS et d’autres n’avaient pas pris cette \u00e9pid\u00e9mie s\u00e9rieusement. Pour vous donner une id\u00e9e, supposons qu’aux \u00c9tats-Unis, \u00e0 l’automne 2014, Donald Trump ait \u00e9t\u00e9 aux commandes, et qu\u2019il ait d\u00e9daign\u00e9 les pays africains comme des \u00ab pays de merde \u00bb sans cons\u00e9quence, ou si en France le pr\u00e9sident avait \u00e9t\u00e9 Marine Le Pen, hostile \u00e0 tous les \u00e9trangers. Le Covid-19 est facile \u00e0 attraper mais n’a pas un taux de mortalit\u00e9 tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9, au maximum 2 %, un peu plus pour les personnes \u00e2g\u00e9es. Le virus Ebola est plus difficile \u00e0 attraper, mais une fois que vous \u00eates infect\u00e9, son taux de mortalit\u00e9 est de 50 %, pour tout le monde. Si l’\u00e9pid\u00e9mie d’Ebola de 2014 n\u2019avait rencontr\u00e9 que l’ignorance et l’insouciance de Trump et Le Pen au lieu d’une action intelligente de l’\u00c9tat et des entit\u00e9s non \u00e9tatiques, nous aurions pu imaginer des d\u00e9c\u00e8s dans le monde entier de, disons, 1,8 milliard. Dieu merci, Obama \u00e9tait au pouvoir. Et aujourd\u2019hui encore, il est pr\u00e9f\u00e9rable d\u2019avoir des chefs d\u2019\u00c9tat comme Macron, qui est au moins quelque peu rationnel.<\/p>\n\n\n\n <\/p>\n\n\n\n De m\u00eame, l’\u00e9conomie enseigne aux gouvernements que les externalit\u00e9s n\u00e9gatives justifient l’intervention de l’\u00c9tat, une justification admise m\u00eame si le politicien ou l’\u00e9conomiste est un \u00ab lib\u00e9ral \u00bb comme Macron et moi. Le mot \u00ab lib\u00e9ral \u00bb vient du latin liber<\/em>, qui signifie, selon l’Oxford Latin Dictionary<\/em>, \u00ab poss\u00e9der le statut social et juridique d’un homme libre (par opposition \u00e0 un esclave) \u00bb, c’est-\u00e0-dire par opposition au fait d\u2019avoir un ma\u00eetre humain qui a le pouvoir d’exercer une contrainte physique. Sous le vrai lib\u00e9ralisme, aucun adulte ne doit \u00eatre trait\u00e9 comme un esclave ou un enfant, en tout cas en th\u00e9orie, une th\u00e9orie mise en \u0153uvre lentement et in\u00e9galement depuis 1789. Au XIXe si\u00e8cle, un voyageur europ\u00e9en pouvait demander \u00e0 un Am\u00e9ricain libre qui \u00e9tait son ma\u00eetre. Celui-ci r\u00e9pondit : \u00ab Il n’est pas encore n\u00e9 \u00bb. En 1935, le po\u00e8te afro-am\u00e9ricain Langston Hughes a bien exprim\u00e9 l’id\u00e9e centrale du lib\u00e9ralisme : \u00ab O, que l’Am\u00e9rique soit \u00e0 nouveau l’Am\u00e9rique, \/ La terre qui n’a jamais \u00e9t\u00e9 \u2014 \/ et qui doit \u00eatre \u2014 la terre o\u00f9 chaque homme est libre. \u00bb<\/p>\n\n\n\n Depuis qu\u2019elle a \u00e9t\u00e9 formul\u00e9 dans les ann\u00e9es 1920, l\u2019id\u00e9e que les externalit\u00e9s justifient les interventions de l\u2019\u00c9tat dans la vie des liberi <\/em>a \u00e9t\u00e9 appliqu\u00e9e avec un enthousiasme croissant par les \u00e9conomistes. Mais il est facile de l’appliquer \u00e0 tort. De nombreux \u00e9conomistes anti-lib\u00e9raux le font de plus en plus. Le prix Nobel d\u2019\u00e9conomie Joseph Stiglitz, qui eut autrefois de belles choses \u00e0 dire sur le socialisme chaviste du Venezuela, dit que toute retomb\u00e9e justifie une intervention. N’importe laquelle. C\u2019est ce que diraient les math\u00e9matiques. <\/p>\n\n\n\n Depuis qu\u2019elle a \u00e9t\u00e9 formul\u00e9e dans les ann\u00e9es 1920, l\u2019id\u00e9e que les externalit\u00e9s justifient les interventions de l\u2019\u00c9tat dans la vie des liberi <\/em>a \u00e9t\u00e9 appliqu\u00e9e avec un enthousiasme croissant par les \u00e9conomistes.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Mais arr\u00eatons-nous. Aucun homme n\u2019est une \u00eele, enti\u00e8re par elle-m\u00eame. Chaque homme est un morceau du continent, une partie du tout. Si une motte est emport\u00e9e par la mer, l\u2019Europe en est diminu\u00e9e. <\/em>Nous faisons peser des externalit\u00e9s les uns sur les autres, massivement, \u00e0 chaque instant, directement ou indirectement, <\/strong>sans m\u00eame parler de se faire la bise en p\u00e9riode de maladie respiratoire ultra-contagieuse. Supposez que vous soyez profond\u00e9ment offens\u00e9, constern\u00e9, outrag\u00e9 par une hideuse robe orange p\u00e9tard que je pourrais porter. (Je ne commettrais jamais un tel faux pas, c\u2019est promis. Tout cela n\u2019est que th\u00e9orique.) C’est \u00e9videmment une externalit\u00e9. Votre utilit\u00e9, dirait un \u00e9conomiste, est r\u00e9duite chaque fois que je me pr\u00e9sente. Ou chaque fois que cette robe appara\u00eet dans votre esprit.<\/p>\n\n\n\n Mais il est tout aussi certain que nous ne voulons pas mettre en place un minist\u00e8re du v\u00eatement d\u2019inspiration saoudienne pour m’emp\u00eacher de porter ce que je veux. Pourtant, le principe de l\u2019externalit\u00e9 est imparable, m\u00eame dans une soci\u00e9t\u00e9 de march\u00e9. Lorsque vous achetez une baguette, une autre personne ne peut pas acheter la m\u00eame. Votre action d’acheter augmente, m\u00eame l\u00e9g\u00e8rement, le prix de la baguette pour cette personne et pour des millions d’autres qui, une fois additionn\u00e9, arrive exactement au prix que vous avez pay\u00e9 pour cela. L’\u00c9tat doit-il vous emp\u00eacher de r\u00e9percuter les hausses du co\u00fbt d’opportunit\u00e9 sur tous ces gens ? <\/p>\n\n\n\n Vous voyez le probl\u00e8me. Si la d\u00e9finition d\u2019externalit\u00e9s que nous retenons n’est pas s\u00e9v\u00e8rement restreinte, toute action humaine cesserait imm\u00e9diatement, car nous sommes tous impliqu\u00e9s dans l’humanit\u00e9. Il y a quelque chose de compl\u00e8tement faux dans le fait de suivre les math\u00e9matiques en elles-m\u00eames. L’\u00e9conomie pertinente reconna\u00eet que ce que nous qualifions d\u2019externalit\u00e9 proc\u00e8de d\u2019une d\u00e9cision politique. En votant, par exemple. La \u00ab correction \u00bb compl\u00e8te de toutes les externalit\u00e9s possibles conduit directement au totalitarisme tel que le con\u00e7oit Xi Jinping, dans laquelle l’\u00c9tat voit tout, gouverne tout \u2014 non pas pour arriver \u00e0 l’\u00e9galit\u00e9, qui est rejet\u00e9e par le fascisme litt\u00e9ral et le communisme r\u00e9el, mais pour augmenter le pouvoir du parti, et les avantages mat\u00e9riels qu\u2019il procure. La personne la plus riche \u00e0 Cuba \u00e9tait Fidel Castro, et il ne fait gu\u00e8re de doute que Poutine est l’homme le plus riche de Russie. Les historiens d\u00e9couvriront les preuves plus tard sur Xi Jinping. Les tyrans capables de saisir ce qu’ils veulent, ind\u00e9pendamment de toute notion de propri\u00e9t\u00e9 ou de contrat, font passer Liliane Bettencourt et Bill Gates pour des paysans. <\/p>\n\n\n\n Si la d\u00e9finition d\u2019externalit\u00e9s<\/em> que nous retenons n’est pas s\u00e9v\u00e8rement restreinte, toute action humaine cesserait imm\u00e9diatement, car nous sommes tous impliqu\u00e9s dans l’humanit\u00e9. Il y a quelque chose de compl\u00e8tement faux dans le fait de suivre les calculs math\u00e9matiques en eux-m\u00eames.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Pourtant, il arrive parfois, bien que cela soit beaucoup moins courant que ne le pensent mon ami Joe Stiglitz ou la plupart de mes chers amis fran\u00e7ais, que l’\u00c9tat nous contraigne \u00e0 faire ce qui est une bonne id\u00e9e, comme par exemple contraindre les parents \u00e0 vacciner leurs enfants contre la rougeole. Nous, les lib\u00e9raux, disons : \u00ab Faites venir la police municipale. Obligez-les \u00e0 le faire. Entrez par effraction chez eux si n\u00e9cessaire \u00bb. Un cas de rougeole infecte 12 \u00e0 18 autres personnes, et il est souvent fatal pour les personnes souffrant de malnutrition. \u00c0 ce sujet, demandez aux Indiens d’Am\u00e9rique apr\u00e8s 1492. On a r\u00e9cemment d\u00e9couvert que la r\u00e9gion amazonienne \u00e9tait autrefois tr\u00e8s peupl\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n Pour le coronavirus, et en l’absence de distanciation sociale et de quarantaine, le R0 est de deux ou trois, ce qui est d\u00e9j\u00e0 assez mauvais. Celui de la grippe est plus bas, entre un et deux, ce qui explique que pendant les grippes saisonni\u00e8res normales, pour lesquelles nous avons parfois des vaccins, il n’est pas tr\u00e8s logique de contraindre les gens. Les gens, en particulier les personnes \u00e2g\u00e9es comme moi, sont incit\u00e9s \u00e0 se prot\u00e9ger en se faisant vacciner, et lorsque la protection par inoculation contre la grippe ne fonctionne pas, comme c’est le cas pour des milliers de personnes chaque ann\u00e9e, et provoque leur mort, il n’y a rien de plus que l’autoprotection ou un \u00c9tat actif puisse accomplir.<\/p>\n\n\n\n <\/p>\n\n\n\n Voil\u00e0 pour l’\u00e9pid\u00e9miologie et l’\u00e9conomie. Consid\u00e9rez la politique implicite. Pour des raisons menck\u00e9niennes, la plupart des gouvernements ne sont pas tr\u00e8s bons pour prendre des d\u00e9cisions collectives avec justice ou rationalit\u00e9. Comme l’a fait remarquer l’\u00e9conomiste lib\u00e9ral am\u00e9ricain Leland Yeager, le gouvernement est lui-m\u00eame \u00ab le prototype du secteur dans lequel les d\u00e9cideurs ne prennent pas pr\u00e9cis\u00e9ment en compte de mani\u00e8re tous les co\u00fbts ainsi que tous les b\u00e9n\u00e9fices de chaque activit\u00e9 \u00bb. \u00c9videmment. C’est la nature m\u00eame de la coercition \u00e9tatique, lorsqu\u2019elle tourne mal, de ne pas d\u00e9cider rationnellement et en fonction du bien commun, mais de prendre \u00e0 Pierre pour payer Paul, ou de r\u00e9glementer les affaires de Pierre jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019il fasse banqueroute. Lors de la br\u00e8ve participation am\u00e9ricaine aux c\u00f4t\u00e9s de la France \u00e0 la Premi\u00e8re Guerre mondiale (\u00ab Lafayette, here we come<\/em> \u00bb), les gouvernements am\u00e9ricain, f\u00e9d\u00e9ral et locaux, ont d\u00e9cid\u00e9 d’interdire les pr\u00eaches en allemand, de mettre fin \u00e0 tous les r\u00e9citals de Beethoven, puis, apr\u00e8s la guerre, d\u2019interdire la bi\u00e8re, allemande ou non. Mencken, qui aimait Beethoven et la bi\u00e8re allemande, protesta. Il eut de la chance de ne pas avoir \u00e9t\u00e9 emprisonn\u00e9, comme le fut le philosophe anglais Bertrand Russell pour avoir protest\u00e9 contre la Guerre qui devait mettre fin \u00e0 toutes les guerres. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement f\u00e9d\u00e9ral am\u00e9ricain a d\u00e9cid\u00e9 de mettre tous les Am\u00e9ricains d’origine japonaise de la c\u00f4te ouest dans des camps de concentration. Et ainsi de suite.<\/p>\n\n\n\n C’est la nature m\u00eame de la coercition \u00e9tatique, lorsqu\u2019elle tourne mal, de ne pas d\u00e9cider rationnellement et en fonction du bien commun, mais de prendre \u00e0 Pierre pour payer Paul, ou de r\u00e9glementer les affaires de Pierre jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019il fasse banqueroute.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Nos amis \u00e9tatistes de gauche ou de droite imaginent, dans une na\u00efvet\u00e9 caract\u00e9ristique du XXe si\u00e8cle, que le gouvernement a la capacit\u00e9 de \u00ab r\u00e9guler \u00bb les march\u00e9s avec justice et bon sens. Ce n’est pas le cas. Il y a quelques ann\u00e9es, le Parlement italien proposa d’introduire un strict syst\u00e8me de licence gouvernementale, appliqu\u00e9 par la police, pour encadrer les hommes qui tiennent litt\u00e9ralement le bien-\u00eatre de la nation entre leurs mains expertes : les pizzaiolos. En fin de compte, la proposition n\u2019aboutit pas, mais l’UNESCO a inclus l’art de manipuler et de cuire la pizza dans le \u00ab patrimoine immat\u00e9riel de l’humanit\u00e9 \u00bb. Comme le disait le cow-boy-humoriste am\u00e9ricain des ann\u00e9es 20 et 30, Will Rogers, \u00ab je ne fais pas de blagues. Je me contente d’observer le gouvernement et de rapporter les faits. \u00bb<\/p>\n\n\n\n Et donc, si le gouvernement n’a pas r\u00e9ussi \u00e0 exercer une coercition rationnelle sur le plan \u00e9pid\u00e9miologique et \u00e9conomique au d\u00e9but d’une \u00e9pid\u00e9mie avec un grand R0 \u2014 ce qui signifie prendre le probl\u00e8me \u00e0 bras le corps le plus t\u00f4t possible en testant et en tra\u00e7ant le plus possible, comme l’ont fait la Cor\u00e9e et Singapour, Hong Kong, la Nouvelle-Z\u00e9lande, la Gr\u00e8ce ou le Vietnam \u2014 alors tout ce qui reste \u00e0 faire, m\u00eame de mani\u00e8re approximativement rationnelle, est de confiner en masse. C’est la technique m\u00e9di\u00e9vale. Elle fonctionne, avec l’horrible cons\u00e9quence d’appauvrir davantage les pauvres. Pour que cela fonctionne, si vous vivez au Moyen-\u00c2ge ou si les tests ont \u00e9t\u00e9 mal g\u00e9r\u00e9s pendant deux mois d\u2019affil\u00e9e comme ce fut le cas sous l’empire de Trump le Sceptique et de ses Centres pour le contr\u00f4le des maladies incomp\u00e9tents, la quarantaine doit \u00eatre impos\u00e9e \u00e0 tout le monde. En l’absence de tests rapides et peu co\u00fbteux (pour lesquels il nous faut continuer de prier), tout le monde est suspect. Ce raisonnement implique que l’\u00c9tat qui a pris du retard applique la coercition aussi rapidement qu\u2019il est possible de rassembler la volont\u00e9 politique, un raisonnement qui, en mai 2020, a \u00e9chapp\u00e9 aux gouverneurs de la Floride, de la G\u00e9orgie, du Tennessee, du Texas et de la Caroline du Sud (un \u00e9tat \u00ab trop petit pour \u00eatre une nation, trop grand pour \u00eatre un asile de fous \u00bb) d\u00e9cid\u00e9s \u00e0 rouvrir leurs \u00e9conomies. M\u00eame la France, de culture rationaliste, n’a pas \u00e9t\u00e9 assez rapide.<\/p>\n\n\n\n C’est comme un gardien de but faisant face \u00e0 un attaquant solitaire. Le conseil de l’entra\u00eeneur est le suivant : \u00ab Coupez l’angle. Ne laisse pas l’attaquant se jouer de toi. \u00bb Cela signifie qu\u2019il faut se rapprocher de l\u2019attaquant pour fermer le plus possible son angle de tir. Il ne faut pas rester immobile sur sa ligne de but. Les \u00c9tats-Unis et la France sont rest\u00e9s immobiles sur leurs lignes. Certaines autres d\u00e9mocraties, comme la Cor\u00e9e du Sud, ont choisi de bouger et n’ont pas eu \u00e0 adopter la contrainte m\u00e9di\u00e9vale du confinement de masse.<\/p>\n\n\n\n Les \u00c9tats-Unis et la France sont rest\u00e9s immobiles sur leurs lignes de but. Certaines autres d\u00e9mocraties, comme la Cor\u00e9e du Sud, ont choisi de bouger et n’ont pas eu \u00e0 adopter la contrainte m\u00e9di\u00e9vale du confinement de masse.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Des tyrannies comme la Chine et la F\u00e9d\u00e9ration de Russie ont essay\u00e9 tr\u00e8s t\u00f4t de s’en tirer en niant la v\u00e9rit\u00e9, comme c’est leur nature. Leur ami Trump fit de m\u00eame. (Le Vietnam, qui est aussi une tyrannie, a choisi la v\u00e9rit\u00e9) C\u2019est un peu comme si le gardien de but pr\u00e9tendait que la balle ne s’\u00e9tait jamais approch\u00e9e de lui. Comme l’a dit Trump, \u00ab je n’assume aucune responsabilit\u00e9 \u00bb. Ou s\u2019il disait que le tir \u00e9tait une fake news<\/em>, ou une conspiration de CNN ou d’autres ennemis du peuple. En 1954, \u00e0 son retour d’Union sovi\u00e9tique, Jean-Paul Sartre d\u00e9clarait : \u00ab La libert\u00e9 de critique en URSS est totale \u00bb… Finalement, la Chine, tout comme le fera la Russie le mois prochain, est revenue \u00e0 la coercition globale, comme le font les tyrannies, depuis toujours. Mais maintenant, m\u00eame les d\u00e9mocraties raisonnablement lib\u00e9rales comme les \u00c9tats-Unis et la France doivent recourir \u00e0 la coercition, \u00ab pour le moment \u00bb, disent-ils. <\/p>\n\n\n\n En d’autres termes, m\u00eame nous, les lib\u00e9raux, pensons que la coercition n’est pas si mauvaise, pas plus qu’il n\u2019est mauvais d\u2019emp\u00eacher votre enfant de deux ans de courir devant un bus. Si vous l’avez stupidement laiss\u00e9 s’approcher du bus, la coercition est votre seule politique sens\u00e9e, m\u00eame si elle n\u2019est pas celle que vous eussiez d\u2019abord choisi. Parfois, dans une guerre qui engage notre survie, par exemple, nous devons nous forcer \u00e0 contraindre les gens. Le sabordage de la flotte fran\u00e7aise \u00e0 Toulon en 1942, le bombardement de Belgrade en 1999, la distanciation sociale contre le Covid-19 en 2020. Les renoncements \u00e0 exercer une telle coercition rationnelle sont scandaleux, comme ce fut par exemple le cas lorsque le bataillon n\u00e9erlandais \u00e0 Srebrenica en 1995 ne prot\u00e9gea pas les musulmans, comme des soldats honorables ont jur\u00e9 de le faire, mais se retir\u00e8rent pr\u00e9cipitamment \u00e0 Schiphol, o\u00f9 ils furent accueillis avec des bi\u00e8res et des applaudissements du gouvernement : Nos gar\u00e7ons sont en s\u00e9curit\u00e9. Scandale \u00e0 nouveau, l\u2019ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente, lorsque, les gouvernements belge, fran\u00e7ais et am\u00e9ricain \u00e9chou\u00e8rent \u00e0 faire pression au Rwanda. Ou encore Chamberlain en 1938, promettant la paix \u00e0 notre \u00e9poque\u2026 Nous, les lib\u00e9raux, ne sommes pas des stricts pacifistes ou des anarchistes.<\/p>\n\n\n\n Nous, les lib\u00e9raux, ne sommes pas des stricts pacifistes ou des anarchistes.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Nous, lib\u00e9raux, approuvons par exemple la coercition par les imp\u00f4ts pour financer l’enseignement \u00e9l\u00e9mentaire obligatoire, bien que nous observions qu’il n’y a pas de raison valable pour que l’institution coercitive elle-m\u00eame g\u00e8re les \u00e9coles. Quelques autres domaines requi\u00e8rent de la coercition. Mais \u00e0 l\u2019\u00e8re des transpondeurs \u00e9lectroniques, ce n\u2019est pas le cas des routes, qui pourraient \u00eatre privatis\u00e9es demain, comme Chicago qui, en 2009, privatisa le stationnement dans les rues. Cela ne s\u2019\u00e9tend pas non plus \u00e0 l\u2019universit\u00e9 soi-disant gratuite, comme en France, qui s\u2019av\u00e8re \u00eatre une subvention massive pay\u00e9e par les contribuables ordinaires aux citoyens les plus riches, dont les enfants sont d\u00e9j\u00e0 mieux pr\u00e9par\u00e9s \u00e0 l’universit\u00e9. <\/p>\n\n\n\n Ceci dit, il est \u00e9vident que la sant\u00e9 publique en p\u00e9riode de pand\u00e9mie doit relever de l\u2019\u00c9tat.<\/p>\n\n\n\n <\/p>\n\n\n\n Pourtant, la maladie et la crise \u00e9conomique dispara\u00eetront. Nombreux sont ceux qui mourront dans des pays qui ne disposent pas encore d’h\u00f4pitaux et d’infirmi\u00e8res en nombre suffisant, et qui sont si pauvres que le confinement provoque une v\u00e9ritable famine. Ce sera par exemple le cas de l\u2019Inde. Mais nous mettrons au point un vaccin. Peut-\u00eatre l’ann\u00e9e prochaine. Les volets de l’\u00e9conomie s’ouvriront et la lumi\u00e8re entrera \u00e0 nouveau. Les foules se rassembleront \u00e0 Marseille pour le football. Le Caf\u00e9 de Flore et les Deux Magots feront \u00e0 nouveau le plein de touristes. Ce qui ne dispara\u00eetra peut-\u00eatre pas, je le r\u00e9p\u00e8te, c’est le triomphe de l’\u00e9tatisme. L’\u00e9tatisme est l’id\u00e9ologie, longtemps dominante en France, selon laquelle la coercition de l’\u00c9tat est toujours pr\u00e9f\u00e9rable aux transactions ordinaires. Les boulangers \u00e0 Paris sont r\u00e9glement\u00e9s depuis le Moyen \u00c2ge, les loyers parisiens sont contr\u00f4l\u00e9s depuis la premi\u00e8re guerre mondiale, etc. Dans l’ensemble, les Parisiens, comme le reste des Fran\u00e7ais, ont approuv\u00e9 ces politiques. Lorsque Colbert, en 1681, demanda aux financiers et manufacturiers fran\u00e7ais ce que l’\u00c9tat pouvait faire pour eux, ils lui r\u00e9pondirent : \u00ab Laissez-nous faire \u00bb. Colbert ne saisit pas l’allusion. La France est donc devenue une nation \u00e9tatiste, jusqu’\u00e0 aujourd’hui. Comme l’\u00e9crivait Tocqueville en 1856 : \u00ab Pendant ce m\u00eame temps, la passion pour l\u2019\u00e9galit\u00e9 occupe toujours le fond des c\u0153urs dont elle s\u2019est empar\u00e9e la premi\u00e8re ; elle s\u2019y retient aux sentiments qui nous sont les plus chers ; tandis que l\u2019une change sans cesse d\u2019aspect, diminue, grandit, se fortifie, se d\u00e9bilite suivant les \u00e9v\u00e9nements, l\u2019autre est toujours la m\u00eame, toujours attach\u00e9e au m\u00eame but avec la m\u00eame ardeur obstin\u00e9e et souvent aveugle, pr\u00eate \u00e0 tout sacrifier \u00e0 ceux qui lui permettent de se satisfaire, et \u00e0 fournir au gouvernement qui veut la favoriser et la flatter les habitudes, les id\u00e9es, les lois dont le despotisme a besoin pour r\u00e9gner. \u00bb Les Fran\u00e7ais \u00ab adoreraient l\u2019\u00e9galit\u00e9 jusque dans la servitude. Ce qui les g\u00eane dans leurs desseins n\u2019est bon qu\u2019\u00e0 briser. Les contrats leur inspirent peu de respect ; les droits priv\u00e9s, nuls \u00e9gards ; ou plut\u00f4t il n\u2019y a d\u00e9j\u00e0 plus \u00e0 leurs yeux, \u00e0 bien parler, de droits priv\u00e9s, mais seulement une utilit\u00e9 publique. \u00bb<\/p>\n\n\n\n Ce qui ne dispara\u00eetra peut-\u00eatre pas, je le r\u00e9p\u00e8te, c’est le triomphe de l’\u00e9tatisme. L’\u00e9tatisme est l’id\u00e9ologie, longtemps dominante en France, selon laquelle la coercition de l’\u00c9tat est toujours pr\u00e9f\u00e9rable aux transactions ordinaires.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Voil\u00e0 qui rappelle les louanges que certaines personnes \u00e0 gauche adressent au \u00ab mod\u00e8le chinois \u00bb. Une opinion populaire \u00e0 gauche est que la Chine prouve qu\u2019il est insens\u00e9 de croire au lib\u00e9ralisme \u00e9conomique \u2014 en Chine l\u2019\u00c9tat y serait parvenu.<\/em> \u00ab Regardez \u00bb, diront certains, \u00ab tous ces travaux de terrassement, d’\u00e9gouts et de construction de routes \u00bb. Ils ont tort parce qu\u2019ils r\u00e9fl\u00e9chissent comme des avocats, pas comme des \u00e9conomistes. L’\u00e9conomiste fait par exemple remarquer que dans le quartier de Pudong \u00e0 Shanghai, si les promoteurs priv\u00e9s n’avaient pas obtenu de l’\u00c9tat des \u00e9gouts ou des routes, ils les auraient construites sans l’aide de l’\u00c9tat. Ce qui est parfois pour le mieux. Un ami architecte de Chicago qui a travaill\u00e9 sur de tels projets en Chine et en Inde me dit que l’auto-construction de routes et d’\u00e9gouts par l’entrepreneur priv\u00e9 est en fait ce qui se passe en Inde, o\u00f9 les gouvernements locaux sont encore particuli\u00e8rement corrompus et incomp\u00e9tents. Pourtant, le revenu r\u00e9el par habitant des pauvres en Inde depuis son passage au lib\u00e9ralisme \u00e9conomique en 1991 (l’Inde avait d\u00e9j\u00e0 bien s\u00fbr une forme un peu folle de lib\u00e9ralisme politique) a augment\u00e9 presque aussi vite que celui de la Chine. R\u00e9cemment, l\u2019Inde a m\u00eame d\u00e9pass\u00e9 la Chine, si l\u2019on excepte la crise actuelle.<\/p>\n\n\n\n Et, apr\u00e8s tout, Shanghai et la Chine \u00e9largie ont d\u00e9j\u00e0 eu un \u00c9tat tr\u00e8s interventionniste, tout \u00e0 fait capable de conduire la charmante planification \u00e9tatique qui corrigerait les affreuses imperfections du march\u00e9 dont r\u00eavent Joseph Stiglitz, Mariana Mazzucato et la plupart des \u00e9conomistes modernes, sans pour autant d\u00e9montrer factuellement que ces imperfections sont vraiment importantes. Pourtant, l’\u00c9tat mao\u00efste n’a jamais eu des r\u00e9sultats comparables \u00e0 ceux que le d\u00e9veloppement priv\u00e9 a produits dans le district de Pudong, et partout en Chine, et maintenant en Inde. Si la planification \u00e9tait une si bonne chose, alors le communisme d’avant 1978 aurait \u00e9t\u00e9 un paradis.<\/p>\n\n\n\n Pourtant, lorsque le parti a finalement adopt\u00e9 le lib\u00e9ralisme \u00e9conomique et a cess\u00e9 de tuer la croissance en tuant les hommes d’affaires, le revenu r\u00e9el des plus pauvres a commenc\u00e9 \u00e0 doubler tous les sept \u00e0 dix ans. L’Inde a la m\u00eame histoire apr\u00e8s 1991, apr\u00e8s quarante-quatre mis\u00e9rables ann\u00e9es de socialisme et d’\u00e9galitarisme gandhiens qui ont abouti \u00e0 des taux de croissance de 1 % par an et par habitant en termes r\u00e9els pour les pauvres. Ce taux ne permettait le doublement du PIB que toutes les sept d\u00e9cennies, au lieu d\u2019une d\u00e9sormais. Aucun grand enrichissement dans l’histoire \u2014 ni celui de la Grande-Bretagne, ni celui de la France, ni celui de la Su\u00e8de, ni celui du Japon, ni celui de Hong Kong, ni celui de l’Irlande, ni celui du Chili, ni celui de la Chine, ni m\u00eame celui de l’Inde (bien qu’elle soit encore si pauvre que la crise \u00e9conomique provoqu\u00e9e par le confinement pourrait tuer plus de gens que le virus ) \u2014 n\u2019a eu lieu avant l’arriv\u00e9e du lib\u00e9ralisme \u00e9conomique.<\/p>\n\n\n\n Le gouvernement chinois n\u2019a pas toujours eu des bonnes id\u00e9es apr\u00e8s sa d\u00e9cision d\u2019autoriser provisoirement les am\u00e9liorations soumises \u00e0 l\u2019\u00e9preuve du march\u00e9 en 1978. Est-ce si surprenant ? Apr\u00e8s tout, voil\u00e0 un \u00c9tat qui, en l’absence de test de march\u00e9, fait des choses non rentables, r\u00e9duisant le revenu national plut\u00f4t que de l\u2019augmenter, si cela convient au parti en charge. L’\u00e9conomiste lib\u00e9ral Jeffrey Tucker fait une remarque plus douce, quoique similaire : \u00ab Si toute votre id\u00e9ologie se r\u00e9sume \u00e0 faire confiance au gouvernement pour faire des choses superbes, c’est un probl\u00e8me \u00bb.<\/p>\n\n\n\n La Chine, dont le revenu par habitant continue de ne repr\u00e9senter qu\u2019un quart de celui de la France malgr\u00e9 ses triomphes \u00e9conomiques depuis son ouverture au lib\u00e9ralisme \u00e9conomique, poss\u00e8de plus de trains \u00e0 grande vitesse que le reste du monde r\u00e9uni.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Par exemple, le syst\u00e8me chinois de chemins de fer \u00e0 grande vitesse est un superbe projet d’\u00c9tat qui s’\u00e9tend maintenant \u00e0 tout cet immense pays \u2014 toutes les voies ferr\u00e9es sont sur\u00e9lev\u00e9es de vingt m\u00e8tres sur des viaducs. C\u2019est \u00e9blouissant. Mais \u00e9tait-ce une bonne id\u00e9e ? La Chine, dont le revenu par habitant continue de ne repr\u00e9senter qu\u2019un quart de celui de la France malgr\u00e9 ses triomphes \u00e9conomiques depuis son ouverture au lib\u00e9ralisme \u00e9conomique, poss\u00e8de plus de trains \u00e0 grande vitesse que le reste du monde r\u00e9uni. Comme le TGV, ces trains sont agr\u00e9ables pour les gens ais\u00e9s, et sont massivement subventionn\u00e9s \u00e0 leur profit. Mais ils r\u00e9duisent les revenus du reste de la nation. Bastiat a \u00e9crit en 1845 un brillant essai intitul\u00e9 \u00ab Un chemin de fer n\u00e9gatif \u00bb, dans lequel il se moquait des pressions politiques exerc\u00e9es par des villes interm\u00e9diaires au moment de la construction des voies ferr\u00e9es : par exemple, la municipalit\u00e9 de Bordeaux exigeait que la ligne Paris-Madrid s\u2019arr\u00eat\u00e2t \u00e0 une Gare du Nord pour que le fret et le passager soit oblig\u00e9 de se diriger vers une Gare du Sud o\u00f9 ils reprendraient le train, en d\u00e9pensant de l’argent pour les taxis, le transport, les h\u00f4tels au profit de la ville. Bastiat proposait que la logique de cette proposition f\u00fbt suivie strictement et que toutes les villes et localit\u00e9s de l’itin\u00e9raire s\u2019organisassent de cette mani\u00e8re : Poitiers, Tours, Orl\u00e9ans, bien s\u00fbr, mais aussi Ruffec, Ch\u00e2tellerault, et ainsi de suite. La logique est imparable, une fois que son idiotie a \u00e9t\u00e9 accept\u00e9e. Le r\u00e9sultat serait que toute la capacit\u00e9 \u00e9conomique de la France et de l’Espagne serait consacr\u00e9e au seul chemin de fer, sans que rien ne soit pens\u00e9 pour l\u2019alimentation, par exemple. Ce serait une \u00ab infrastructure \u00bb n\u00e9gative, pour reprendre le terme que les gens privil\u00e9gient en louant les projets de l’\u00c9tat. C’est le cas aujourd\u2019hui avec les chemins de fer \u00e0 grande vitesse chinois.<\/p>\n\n\n\n Ce ne sont pas de superbes infrastructures qui ont am\u00e9lior\u00e9 la situation de la Chine, et certainement pas des entreprises d’\u00c9tat mal g\u00e9r\u00e9es, et aujourd\u2019hui occup\u00e9es sous Xi Jinping \u00e0 racheter les entreprises priv\u00e9es afin que le Parti les contr\u00f4le au profit de ses membres, mais son exp\u00e9rience massive d’am\u00e9liorations soumises \u00e0 l\u2019\u00e9preuve du march\u00e9 et laiss\u00e9es entre les mains du secteur priv\u00e9. Ces am\u00e9liorations furent autoris\u00e9es par le Parti communiste qui, compar\u00e9 \u00e0 l\u2019absurdit\u00e9 de l\u2019\u00e9poque mao\u00efste, se comporte mod\u00e9r\u00e9ment bien (pour changer), en tout cas en ce qui concerne les questions \u00e9conomiques priv\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n <\/p>\n\n\n\n L\u2019aboutissement de l’\u00e9tatisme peut \u00eatre l\u2019autoritarisme, voire le totalitarisme, comme c\u2019est arriv\u00e9 avec Xi. Cette conclusion n’est pas in\u00e9vitable, mais elle est suffisamment commune dans l’histoire pour \u00eatre inqui\u00e9tante, comme ce fut le cas pendant les ann\u00e9es 1930, et chaque fois qu’une \u00ab crise du capitalisme et de la repr\u00e9sentation d\u00e9mocratique \u00bb se produit. Un renversement id\u00e9ologique se produit dans lequel on consid\u00e8re d\u00e9sormais que les individus, par une quelconque justification id\u00e9ologique, sont au service de l\u2019\u00c9tat et non l’inverse, et que l\u2019\u00e9conomie soit subordonn\u00e9e \u00e0 des fins \u00ab sociales \u00bb. La Nation vous dit quoi acheter et comment travailler, puis quoi penser et quels livres br\u00fbler, et quelles phrases \u2014 comme \u00ab place Tienanmen \u00bb ou \u00ab protestations de Hong Kong \u00bb \u2014 doivent \u00eatre bloqu\u00e9es sur Internet.<\/p>\n\n\n\n L’\u00c9tat est coercitif, n\u00e9cessairement et par d\u00e9finition.<\/p>Deirdre Nansen McCloskey<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Et l’\u00c9tat le fait pour des raisons pour le moins compr\u00e9hensibles, pour ne pas dire toujours admirables. L’\u00c9tat est coercitif, n\u00e9cessairement et par d\u00e9finition. En 1919, Max Weber l’a d\u00e9fini succinctement comme le monopole, sur un certain territoire, de l’usage l\u00e9gitime de la contrainte physique \/ force \/ violence \/ coercition (\u00ab das Monopol legitimen physischen Zwanges<\/em> \u00bb). Voil\u00e0 ce qu\u2019est \u2014 et ce que devrait \u00eatre \u2014 l\u2019\u00c9tat. Le pouvoir coercitif dans les soci\u00e9t\u00e9s devrait \u00eatre un monopole, et non un polypole. La \u00ab force de la loi \u00bb \u00e9vince les autres groupes qui souhaitent se substituer \u00e0 l\u2019\u00c9tat en fournissant des services de protection, en p\u00e9riode de confinement par exemple. Nous, les lib\u00e9raux, acceptons qu\u2019un \u00c9tat, m\u00eame imparfait, est pr\u00e9f\u00e9rable \u00e0 de multiples bandes criminelles prolif\u00e8reraient en exploitant la population \u2014 ou pire, les milices priv\u00e9es et autres alternatives qui surgissent lorsque l’\u00c9tat est, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, inefficace. La mafia est en partie issue de gardes arm\u00e9s engag\u00e9s \u00e0 la fin du XIXe si\u00e8cle, compte tenu de l’incomp\u00e9tence de l’\u00c9tat italien et de l’\u00e9troitesse et du peu de temps disponible pour une r\u00e9colte optimale, pour prot\u00e9ger les citronniers de Palerme. On est vite pass\u00e9 \u00e0 une autre forme de protection<\/em>.<\/p>\n\n\n\n
Le 25 avril 2020<\/em><\/p>\n\n\n\nCette immorale analogie martiale<\/h2>\n\n\n\n