{"id":5696,"date":"2018-07-15T22:00:47","date_gmt":"2018-07-15T20:00:47","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=5696"},"modified":"2019-05-18T18:03:52","modified_gmt":"2019-05-18T16:03:52","slug":"quelle-place-pour-lotan-dans-la-politique-etrangere-turque","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2018\/07\/15\/quelle-place-pour-lotan-dans-la-politique-etrangere-turque\/","title":{"rendered":"Quelle place pour l\u2019Otan dans la politique \u00e9trang\u00e8re turque ?"},"content":{"rendered":"\n
Ankara<\/em> – La Turquie est membre de l’Otan depuis 1952 et repr\u00e9sente la deuxi\u00e8me arm\u00e9e de l’alliance en terme d’effectifs militaires. Cependant, depuis la tentative de coup d’\u00c9tat du 15 juillet 2016, son arm\u00e9e a \u00e9t\u00e9 fortement affaiblie : un tiers de ses g\u00e9n\u00e9raux a \u00e9t\u00e9 limog\u00e9 et les purges dans l\u2019administration ont \u00e9t\u00e9 massives. Si la question de l’\u00e9tat de droit peut \u00eatre consid\u00e9r\u00e9e comme secondaire pour l’Otan, la Turquie suscitait beaucoup d’interrogations et d’inqui\u00e9tudes tant sur le plan de l’\u00e9tat de la d\u00e9mocratie que sur les orientations internationales prises par le gouvernement. R\u00e9cemment r\u00e9\u00e9lu \u00e0 la t\u00eate du pays, Recep Tayyip Erdo\u011fan (accompagn\u00e9 de son ministre de la d\u00e9fense Hulusi Akar, du ministre des affaires \u00e9trang\u00e8res, Mevlut \u00c7avu\u015fo\u011flu et du tr\u00e8s influent porte parole de la pr\u00e9sidence, Ibrahim Kal\u0131n), s’est pr\u00e9sent\u00e9 lors du sommet comme un alli\u00e9 stable. Et malgr\u00e9 les revirements tactiques de ces derni\u00e8res ann\u00e9es, notamment le rapprochement et la normalisation des relations avec la Russie, qui n’ont pas de quoi rassurer une alliance atlantique en qu\u00eate de visibilit\u00e9 strat\u00e9gique, l’ancrage de la Turquie dans l’Otan ne semble plus \u00eatre remis en cause (4<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n La Turquie est finalement en qu\u00eate d’autonomie strat\u00e9gique. Dans ce contexte, le choix d’acheter \u00e0 la Russie des batteries de missiles antia\u00e9riennes S-400 en est un bon exemple. Lors du sommet, Mevl\u00fct \u00c7avu\u015fo\u011flu se justifie en d\u00e9clarant que \u00ab c’\u00e9tait un besoin urgent et comme nous n’avons pas pu r\u00e9pondre \u00e0 ce besoin \u00e0 travers nos alli\u00e9s, nous les avons achet\u00e9 \u00e0 la Russie car c’est elle qui a fourni la meilleure offre \u00bb (1<\/strong>). Toutefois, peu de critiques sont apparues ces 11 et 12 juillet alors m\u00eame que la menace du spectre russe continue de planer sur les r\u00e9unions de l’Otan (2<\/strong>). Avec le rapprochement diplomatique, \u00e9conomique et maintenant militaire entre Ankara et Moscou, il devient incontestable que la Turquie n’est plus totalement d\u00e9pendante de l’Otan. Elle devient plus autonome tout en prenant le risque de creuser le foss\u00e9 strat\u00e9gique entre alli\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n Pourtant, entre l’Otan et la Turquie l’interd\u00e9pendance reste pr\u00e9sente. Sur le plan strat\u00e9gique et militaire la Turquie est une alli\u00e9e incontournable et indispensable. De son c\u00f4t\u00e9, d\u00e9j\u00e0 rejet\u00e9e par l’Union Europ\u00e9enne, Ankara ne peut pas se permettre de se faire exclure de l’alliance militaire. Sans les occidentaux, elle ne pourra faire face \u00e0 la Russie ni disposer d’un relatif soutient militaire dans sa lutte contre le terrorisme. \u00c0 ce titre, la s\u00e9curisation de sa fronti\u00e8re de plus de 800 km avec la Syrie repr\u00e9sente un enjeu s\u00e9curitaire international majeur pour la la lutte contre le terrorisme. \u00c0 cet \u00e9gard, l’article 23 de la d\u00e9claration finale du sommet pr\u00e9voit des mesures pour permettre \u00e0 la Turquie d’assurer sa s\u00e9curit\u00e9 (3<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n L’Alliance atlantique est \u00e9galement d\u00e9pendante de la Turquie car cette derni\u00e8re repr\u00e9sente un pivot strat\u00e9gique id\u00e9al. En effet, outre les enjeux de la participation financi\u00e8re ch\u00e8re \u00e0 Donald Trump, les sujets qui pr\u00e9occupent vraiment l’Otan sont la Russie et l’embrasement du Moyen Orient. De plus, par la Turquie, seule puissance musulmane de l’Otan, l’alliance dispose d’une base militaire \u00e0 Incirlik, dans le Sud du pays et donc d\u2019une ouverture sur le Moyen Orient.<\/p>\n\n\n\n Le rapprochement turco-russe n’est finalement pas un changement de paradigme de la politique \u00e9trang\u00e8re turque qui reste ancr\u00e9e \u00e0 l’Ouest pour des raisons \u00e9conomiques et militaires. En revanche les occidentaux doivent comprendre qu’Ankara est en qu\u00eate d’autonomie strat\u00e9gique et de marge de manoeuvre, notamment pour face \u00e0 l’urgence de la crise syrienne, pour assurer sa s\u00e9curit\u00e9 \u00e0 la fronti\u00e8re et pour acqu\u00e9rir un statut de puissance r\u00e9gionale.<\/p>\n\n\n\n Le 26e sommet de chefs d’\u00c9tats et de gouvernement de l’Otan a \u00e9t\u00e9 le premier sommet international pour le pr\u00e9sident turc depuis sa r\u00e9\u00e9lection. Entre embarras discret de l’Otan \u00e0 l’\u00e9gard de son alli\u00e9 turc et volont\u00e9 du pr\u00e9sident Erdo\u011fan de se pr\u00e9senter comme un acteur stable, ce sommet est repr\u00e9sentatif de l’ambivalence des relations entre la Turquie et l’Alliance atlantique.<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-briefings.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1731],"tags":[],"geo":[543],"class_list":["post-5696","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-politique","staff-david-billeau","geo-mediterranee"],"acf":[],"yoast_head":"\nPerspectives :<\/strong><\/h4>\n\n\n\n
Sources :<\/strong><\/h4>\n\n\n\n