{"id":52133,"date":"2019-11-10T12:41:53","date_gmt":"2019-11-10T11:41:53","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=52133"},"modified":"2019-11-10T13:02:19","modified_gmt":"2019-11-10T12:02:19","slug":"six-points-sur-les-elections-espagnoles","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/11\/10\/six-points-sur-les-elections-espagnoles\/","title":{"rendered":"Six points sur les \u00e9lections espagnoles"},"content":{"rendered":"\n
Fin juillet, une fois qu’il \u00e9tait clair que le Premier ministre Pedro S\u00e1nchez n’\u00e9tait pas parvenu \u00e0 un accord avec Pablo Iglesias (Unidas Podemos) pour former un gouvernement, on soulignait<\/a> que le contexte politique volatil de l\u2019Espagne devenait de plus en plus ingouvernable, cr\u00e9ant les conditions pour un m\u00e9contentement social g\u00e9n\u00e9ral qui pourrait tr\u00e8s bien, dans un avenir proche, susciter ce que que le sociologue fran\u00e7ais Michalis Lianos a appel\u00e9 un moment de \u201cpolitique exp\u00e9rientielle<\/a>\u201d. En d’autres termes, une fois qu’une crise de la repr\u00e9sentation se transforme en crise de l\u2019autorit\u00e9, les loyaut\u00e9s fondamentales qui lient le contrat social deviennent disjointes et de plus en plus fragment\u00e9es. <\/p>\n\n\n\n Les cycles \u00e9lectoraux r\u00e9currents de la politique espagnole contemporaine semblent se diriger vers ce sc\u00e9nario, quel que soit le r\u00e9sultat des \u00e9lections d’aujourd’hui, bien que le parti politique de S\u00e1nchez (PSOE) domine<\/a> largement les autres forces dans les sondages. Les \u00e9checs r\u00e9currents dans la formation du gouvernement doivent \u00eatre consid\u00e9r\u00e9s comme le sympt\u00f4me d’une crise d’autorit\u00e9 beaucoup plus importante de l’\u00c9tat espagnol, qui ne se limite pas seulement au conflit territorial avec la Catalogne, mais aussi \u00e0 ce que j’ai appel\u00e9 un processus continu d’abdication des \u00e9lites politiques<\/a>, qui sont plus soucieuses de la technification du processus \u00e9lectoral que de la modification de leur position afin de surmonter le moment d\u2019ingouvernabilit\u00e9. L’abdication des \u00e9lites politiques semble \u00eatre un sympt\u00f4me d’une tendance plus large dans les d\u00e9mocraties occidentales. Je suis d’accord avec le philosophe politique italien Mario Tronti, qui affirme qu’aujourd’hui, contre toute tentation autoritaire populiste, nous devons \u00eatre capables de construire des habitudes et des styles pour une nouvelle fonction des \u00e9lites politiques.<\/p>\n\n\n\n Lundi dernier, le d\u00e9bat t\u00e9l\u00e9vis\u00e9 avec les cinq candidats \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision nationale a montr\u00e9 clairement qu’un terrain d\u2019entente pour renouveler les bases et les principes du contrat social a \u00e9t\u00e9 rejet\u00e9 par toute la classe politique. C’est pourquoi l’axe principal de la controverse politique cesse d’\u00eatre un programme politique bien articul\u00e9 et lisible, afin d’\u00e9laborer un r\u00e9cit sur les responsables de l’impasse actuelle qui a permis une nouvelle \u00e9lection. Au cours du d\u00e9bat, aucun des candidats n’a m\u00eame tent\u00e9 de refondre une position plus souple afin d’\u00e9tablir la base d’un consensus. Cette \u00e9laboration r\u00e9troactive de r\u00e9cits politiques t\u00e9moigne de l’incapacit\u00e9 des principaux partis \u00e0 trouver un terrain d’entente, tout en persistant \u00e0 s’en tenir \u00e0 un sc\u00e9nario o\u00f9 le gagnant emporte tout, qui n’est ni r\u00e9aliste ni pragmatique compte tenu de l’expansion actuelle des partis politiques espagnols. S’il est vrai que Pedro S\u00e1nchez<\/a> \u00e9tait consid\u00e9r\u00e9 comme le seul homme politique capable d’offrir un large mandat national sous sa direction, rien n\u2019est s\u00fbr quant \u00e0 la fa\u00e7on dont il s’y prendra lorsqu’il ne parviendra pas \u00e0 nouveau \u00e0 obtenir une majorit\u00e9 lors des \u00e9lections de novembre. Les id\u00e9aux doivent s’accompagner d’engagements pratiques. Dans ce qui suit, je voudrais souligner six variables qui auront un impact direct sur les prochaines \u00e9lections de dimanche et qui pourraient nous aider \u00e0 faire la lumi\u00e8re sur ce moment unique et d\u00e9terminant du paysage politique espagnol pour les ann\u00e9es \u00e0 venir. <\/strong><\/p>\n\n\n\n Dans le sillage des indignados<\/em> espagnols du mouvement du 15M et de ses suites avec la mont\u00e9e du parti populiste de gauche Podemos, il \u00e9tait courant dans la sph\u00e8re publique espagnole de faire r\u00e9f\u00e9rence au \u201cr\u00e9gime agonisant de 1978\u201d (ann\u00e9e o\u00f9 la constitution a \u00e9t\u00e9 \u00e9labor\u00e9e par une construction d\u2019\u00e9lite, ouvrant la voie \u00e0 la sortie de la dictature de Francisco Franco) comme cela s\u2019exprime le mieux dans la crise de repr\u00e9sentation du syst\u00e8me bipartisan (PP-PSOE). Pr\u00e8s d’une d\u00e9cennie plus tard, nous ne pouvons pas dire que la crise a \u00e9t\u00e9 perp\u00e9tu\u00e9e, puisque le PP et le PSOE contr\u00f4lent toujours le centre du conseil politique, tandis que Podemos a connu un d\u00e9clin important de son \u00e9lectorat. La mar\u00e9e haute des mobilisations de 2011 a \u00e9galement \u00e9t\u00e9 neutralis\u00e9e, car elle tend \u00e0 se produire dans toute dynamique entre un parti-mouvement tel que Podemos, dont les \u201ccercles\u201d (les bases territoriales) sont d\u00e9sormais relativement homog\u00e8nes, sans la dynamique transversale de son moment original. <\/p>\n\n\n\n1. De la crise de la repr\u00e9sentation \u00e0 la crise de l’autorit\u00e9<\/h2>\n\n\n\n