{"id":49847,"date":"2019-10-19T21:28:19","date_gmt":"2019-10-19T19:28:19","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=49847"},"modified":"2019-10-20T11:43:24","modified_gmt":"2019-10-20T09:43:24","slug":"allemagne-de-lest-limpossible-verdissement","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/10\/19\/allemagne-de-lest-limpossible-verdissement\/","title":{"rendered":"Allemagne de l\u2019Est :\u00a0l\u2019impossible verdissement ?"},"content":{"rendered":"\n
Lorsque le pr\u00e9sident fran\u00e7ais Emmanuel Macron invite les repr\u00e9sentants d\u2019un parti \u00e9tranger \u00e0 une discussion, il s\u2019agit sans nul doute d\u2019un \u00e9v\u00e9nement important. Le fait est d\u2019autant plus remarquable quand le parti en question est le plus petit parti d\u2019opposition au Parlement allemand, le Bundestag, un parti qui n\u2019a obtenu que 8,9 % des voix aux derni\u00e8res \u00e9lections parlementaires. Au cours des deux derni\u00e8res ann\u00e9es, les Verts ont connu une \u00e9volution surprenante. Il n\u2019est aujourd\u2019hui plus question ni de dissensions internes ni de manque de clart\u00e9 dans le programme officiel ; on ne compte plus les \u00e9loges adress\u00e9es au tandem form\u00e9 par Robert Habeck et Annalena Baerbock \u00e0 la t\u00eate du parti, alors que les commentaires de chaque succ\u00e8s, aussi modeste soit-il, sont monnaie courante. Entre le r\u00e9sultat des \u00e9lections europ\u00e9ennes \u2013 20,4 % \u2013 et les sondages de ces derni\u00e8res semaines \u2013 les Verts arrivent r\u00e9guli\u00e8rement \u00e0 \u00e9galit\u00e9 avec l\u2019Union CDU-CSU \u2013, la situation est d\u00e9sormais claire : depuis l\u2019\u00e9chec des discussions pr\u00e9paratoires \u00e0 une \u00e9ventuelle coalition jama\u00efcaine (une coalition entre l\u2019Union, les Verts et le parti lib\u00e9ral FDP <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>) en 2017, les Verts connaissent une mont\u00e9e en puissance in\u00e9dite.<\/p>\n\n\n\n Cette mont\u00e9e en fl\u00e8che du parti \u00e9cologiste est visible notamment depuis les \u00e9lections r\u00e9gionales de 2018 \u2013 19,8 % en Hesse <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>, 17,6 % en Bavi\u00e8re <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>, deux L\u00e4nder<\/em> de l\u2019Ouest. En 2019, trois L\u00e4nder <\/em>de l\u2019ex-Allemagne de l\u2019Est se rendent aux urnes. Les Verts peuvent-ils faire aussi bien que l\u2019an dernier ? Le terrain semblait peu favorable. Il s\u2019agit en effet de trois r\u00e9gions dont les gouvernements sont fragiles et o\u00f9 les politiciens locaux de la CDU peuvent imaginer une collaboration avec l\u2019AfD. Avant les \u00e9lections r\u00e9gionales en Saxe et dans le Brandenbourg, l\u2019incertitude r\u00e9gnait : certains pr\u00e9voyaient que les Verts parviendraient au pouvoir ; d\u2019autres \u00e9taient certains que ces scrutins mettraient un terme \u00e0 la s\u00e9rie de victoires \u00e9lectorales du parti. Finalement, un r\u00e9sultat record a \u00e9t\u00e9 enregistr\u00e9, et pourtant, l\u2019euphorie des Verts a \u00e9t\u00e9 att\u00e9nu\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n Les Verts devraient indiscutablement jouer un r\u00f4le pr\u00e9pond\u00e9rant dans le prochain gouvernement f\u00e9d\u00e9ral. On commence \u00e0 sugg\u00e9rer, dans l\u2019entourage du duo \u00e0 la t\u00eate du parti, Robert Habeck et Annalena Baerbock, que la chancellerie pourrait \u00eatre un enjeu central <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les voix se multiplient qui pr\u00e9disent une fin prochaine de la Grande coalition ; malgr\u00e9 tout, un tel \u00e9v\u00e9nement n\u2019est pas intervenu \u00e0 la veille des \u00e9lections qui se sont d\u00e9roul\u00e9es en Saxe et au Brandebourg le 1er<\/sup> septembre, et il n\u2019interviendra certainement pas avant les \u00e9lections en Thuringe le 27 octobre \u2013 des L\u00e4nder<\/em> dans lesquels l\u2019AfD avait obtenu aux \u00e9lections f\u00e9d\u00e9rales de 2017 respectivement 19,4 %, 25,4 % et 22,5 % des suffrages <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Certains disent que les Verts se sont comme embourgeois\u00e9s, d\u2019autres parlent des \u00ab Verts-Lifestyle<\/em> \u00bb. De m\u00eame, lors de la derni\u00e8re \u00e9lection f\u00e9d\u00e9rale, des \u00e9tudes d\u2019opinion ont montr\u00e9 que ce n\u2019est pas la protection de l\u2019environnement, leur th\u00e8me par excellence, qui leur aurait permis de gagner. En effet, parmi les th\u00e8mes d\u00e9cisifs de la campagne, on comptait en premi\u00e8re ligne la politique d\u2019\u00e9ducation, la lutte contre le terrorisme, ainsi que les politiques des retraites et d\u2019immigration <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Dans les sondages, 70 % des personnes interrog\u00e9es d\u00e9claraient que la division de la soci\u00e9t\u00e9 \u00e9tait particuli\u00e8rement pr\u00e9occupante. Pour 60 %, l\u2019augmentation de la criminalit\u00e9 \u00e9tait source d\u2019inqui\u00e9tude ; pour tout juste 50 %, c\u2019\u00e9tait le cas de l\u2019influence de l\u2019islam en Allemagne <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>. L\u2019accord sur le climat, le r\u00e9chauffement plan\u00e9taire, l\u2019extinction des esp\u00e8ces \u00e9taient d\u2019une importance bien moindre dans les d\u00e9cisions \u00e9lectorales. La vision des Verts comme \u00ab parti des interdictions \u00bb se faisait omnipr\u00e9sente \u2013 l\u2019indignation autour de la proposition d\u2019introduction de journ\u00e9es v\u00e9g\u00e9tariennes r\u00e9sonnait encore <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>, <\/p>\n\n\n\n Mais, un peu plus de deux ans apr\u00e8s, la situation a bien chang\u00e9. En particulier chez les jeunes, qui, depuis des mois, descendent dans la rue pour le climat et offrent ainsi au th\u00e8me de la protection de l\u2019environnement un retentissement in\u00e9dit : le courage n\u00e9cessaire \u00e0 une r\u00e9volution verte est soudain pr\u00e9sent. Le slogan de la campagne des Verts en 2017 n\u2019\u00e9tait-il pas justement \u00ab l\u2019avenir se construira par le courage \u00bb <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span> ?<\/p>\n\n\n\n Dans le paysage politique des partis allemands, on d\u00e9signe souvent l\u2019Union, la SPD, la FDP et les Verts comme les \u00ab partis de l\u2019Ouest \u00bb, au contraire de la Linke<\/em> et de l\u2019AfD, qui sont associ\u00e9s au premier plan avec l\u2019Est. La conception selon laquelle les savoir que les habitants de l\u2019Est seraient plus insatisfaits et frustr\u00e9s que leurs compatriotes de l\u2019Ouest est largement r\u00e9pandue, et ce serait pour cela qu\u2019en signe de protestation, l\u2019Est de l\u2019Allemagne apporterait plus volontiers son soutien aux partis des extr\u00eames <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Pour diverses raisons, aussi bien historiques qu\u2019\u00e9conomiques ou encore sociales, les Verts n\u2019ont pas r\u00e9ussi \u00e0 s\u2019implanter aussi bien \u00e0 l\u2019Est qu\u2019\u00e0 l\u2019Ouest de l\u2019Allemagne. Cependant, en ce qui concerne l\u2019histoire des deux branches du parti, on peut facilement \u00e9tablir des parall\u00e8les : le besoin d\u2019une politique environnementale se faisait sentir aussi bien en ex-RDA qu\u2019en ex-RFA.<\/p>\n\n\n\n Dans le contexte du mouvement pour l\u2019environnement en RFA, qui remonte de mani\u00e8re d\u00e9cisive au scepticisme croissant vis-\u00e0-vis des mines \u00e0 ciel ouvert et du charbon, divers groupes \u00e9cologistes, dans la plupart des cas sous la protection de l\u2019\u00c9glise, se sont form\u00e9s dans les ann\u00e9es 1980 puis rassembl\u00e9s au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990 au sein du \u00ab Parti Vert \u00bb. Les militants se rejoignaient dans l\u2019\u00e9glise de Sion \u00e0 Berlin et ont tiss\u00e9 un r\u00e9seau, nomm\u00e9 \u00ab l\u2019Arche \u00bb, compos\u00e9 de membres de diff\u00e9rents groupements. La fondation du parti, sous le gouvernement de la SED, fut difficile, et ce n\u2019est que suite aux \u00e9v\u00e9nements politiques qui ont suivi la chute du mur de Berlin que les Verts sont devenus officiellement un parti en novembre 1989, le premier congr\u00e8s du parti ayant lieu en f\u00e9vrier 1990. La comparaison est frappante : d\u00e9but 1990, les Verts comptaient 3 000 membres ; en septembre 2018, ils \u00e9taient 70 000, dont seulement 5 300 \u00e0 l\u2019Est <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En ce qui concerne le programme, tout \u00e9tait fix\u00e9 depuis la fin des ann\u00e9es 1980 : il s\u2019articulait autour de la protection de l\u2019environnement. Parall\u00e8lement \u00e0 la formation du parti des Verts, d\u2019autres mouvements pour l\u2019environnement se sont rassembl\u00e9s sous le nom \u00ab B\u00fcndnis90 \u00bb. Les deux partis alli\u00e9s ont r\u00e9ussi \u00e0 entrer dans les parlements de tous les L\u00e4nder<\/em> \u2013 \u00e0 l\u2019exception de celui du Mecklembourg-Pom\u00e9ranie-Occidentale \u2013 lors des \u00e9lections r\u00e9gionales faisant suite \u00e0 la chute du mur. Le 2 d\u00e9cembre 1990, les premi\u00e8res \u00e9lections f\u00e9d\u00e9rales de l\u2019Allemagne r\u00e9unifi\u00e9e ont eu lieu : le parti est-allemand des Verts et le groupe \u00ab B\u00fcndnis90 \u00bb sont entr\u00e9s au Parlement avec une liste commune. Parmi leurs huit d\u00e9put\u00e9s, deux \u00e9taient issus du parti Vert. Ces derniers sont devenus peu apr\u00e8s les repr\u00e9sentants des Verts de toute l\u2019Allemagne \u2013 car si le parti Vert ouest-allemand n\u2019avait pas r\u00e9ussi \u00e0 faire son entr\u00e9e au Parlement, il a fusionn\u00e9 imm\u00e9diatement apr\u00e8s l\u2019\u00e9lection avec son homologue est-allemand <\/span>13<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Finalement, en mai 1993, le regroupement avec \u00ab B\u00fcndnis90 \u00bb a eu lieu.<\/p>\n\n\n\n Lors des \u00e9lections f\u00e9d\u00e9rales de septembre 2017, les Verts n\u2019ont r\u00e9ussi \u00e0 franchir la barre des 5 % dans aucun des L\u00e4nder<\/em> de l\u2019Est, \u00e0 l\u2019exception du Brandebourg <\/span>14<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Au Mecklembourg-Pom\u00e9ranie-Occidentale, les Verts ne sont plus repr\u00e9sent\u00e9s au parlement r\u00e9gional depuis 2016 \u2013 en septembre 2018, la section r\u00e9gionale du parti ne comptait que 711 membres <\/span>15<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il est alors tentant de se demander pourquoi les Verts n\u2019ont pas r\u00e9ussi \u00e0 s\u2019\u00e9tablir \u00e0 l\u2019Est apr\u00e8s la Wende<\/em> \u2013 et \u00e0 cette question, il ne suffit pas de r\u00e9pondre que, pendant longtemps, \u00e0 l\u2019Est, on ne pouvait tout simplement pas se permettre de voter vert.<\/p>\n\n\n\n La situation est \u00e9videmment plus complexe. Il s\u2019agit d\u2019abord d\u2019un probl\u00e8me structurel <\/span>16<\/sup><\/a><\/span><\/span> : beaucoup de ceux qui se sont impliqu\u00e9s, \u00e0 l\u2019\u00e9poque de la RFA, pour la protection de l\u2019environnement, et qui \u00e9taient aussi, dans de nombreux cas, engag\u00e9s dans les mouvements \u00e9cologistes, ont d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 \u00e0 l\u2019Ouest apr\u00e8s la r\u00e9unification. Cela vaut \u00e9galement pour les jeunes gens avec un haut niveau d\u2019\u00e9ducation, qui constituent par ailleurs la client\u00e8le de choix des Verts : eux aussi voyaient leur avenir \u00e0 l\u2019Ouest. De plus, les Verts ont d\u00fb se rendre \u00e0 l\u2019\u00e9vidence : certes, l\u2019\u00e9cologie est toujours un th\u00e8me pertinent, mais qui ne fait pas le poids face aux sujets \u00e9conomiques et sociaux dans un contexte \u00e9lectoral <\/span>17<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019\u00e9chelle f\u00e9d\u00e9rale, on distingue une cat\u00e9gorie essentielle d\u2019\u00ab \u00e9lecteurs ind\u00e9cis \u00bb, des citoyens qui ne se sentent pas rattach\u00e9s \u00e0 un parti en particulier, mais accordent leur voix selon les programmes politiques du moment et l\u2019\u00e9tat pr\u00e9sent de la soci\u00e9t\u00e9. Dans le spectre de la gauche, un \u00ab \u00e9lecteur ind\u00e9cis \u00bb <\/span>18<\/sup><\/a><\/span><\/span> typique choisit parfois les Verts, parfois la SPD, peut-\u00eatre aussi de temps en temps la Linke<\/em> <\/span>19<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Or, en Allemagne de l\u2019Est, la Linke<\/em> r\u00e9cup\u00e8re une grande part des voix de ceux qui, \u00e0 l\u2019Ouest, auraient davantage vot\u00e9 pour les sociaux-d\u00e9mocrates ou pour les Verts. L\u2019\u00e9lecteur moyen ouest-allemand de la SPD soutient par ailleurs souvent la Linke<\/em> est-allemande. Entre une Linke<\/em> historiquement (excessivement) forte et une SPD (d\u00e9sormais) faible, comment peuvent en profiter les Verts ? Que signifie ce fait pour la mobilisation de l\u2019\u00e9lectorat ? Il est aussi pertinent de s\u2019int\u00e9resser au r\u00f4le de l\u2019AfD dans l\u2019analyse des difficult\u00e9s des Verts \u00e0 l\u2019Est. Dans le Brandebourg, le Spitzenkandidat des Verts a pr\u00e9sent\u00e9 son parti comme \u00ab antith\u00e8se naturelle de l\u2019AfD \u00bb <\/span>24<\/sup><\/a><\/span><\/span>. D\u2019un c\u00f4t\u00e9, les Verts b\u00e9n\u00e9ficient de cette polarisation, notamment parce qu\u2019elle leur permet de capter une partie des voix des plus jeunes ; dans le m\u00eame temps, cependant, elle pourrait tout aussi bien inciter des \u00e9lecteurs potentiels des Verts \u00e0 se d\u00e9tourner du parti. En effet, d\u2019un point de vue tactique, ce sont surtout les voix donn\u00e9es \u00e0 la CDU ou \u00e0 la SPD qui emp\u00eachent l\u2019AfD de devenir le parti le plus puissant.<\/p>\n\n\n\n Les r\u00e9sultats des sondages r\u00e9alis\u00e9s pr\u00e9alablement aux \u00e9lections r\u00e9gionales en Saxe et au Brandebourg ont pos\u00e9 un vrai d\u00e9fi aux sondeurs. Au Brandebourg, la CDU, la SPD, la Linke<\/em>, les Verts et l\u2019AfD avaient longtemps \u00e9t\u00e9 cr\u00e9dit\u00e9s de la m\u00eame proportion d\u2019intentions de votes ; seulement quelques points les s\u00e9paraient <\/span>25<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ainsi, pour les Verts, la co\u00efncidence des faiblesses relatives des sociaux-d\u00e9mocrates, des Lib\u00e9raux et de la Linke<\/em> s\u2019av\u00e9rait plut\u00f4t avantageuse. Le r\u00e9sultat final s\u2019est r\u00e9v\u00e9l\u00e9 beaucoup plus tranch\u00e9 que pr\u00e9vu : la SPD a re\u00e7u 26,2 % des voix (-5,7), l\u2019AfD 23,5 % (+11,3), la CDU 15,6 % (-7,4), les Verts 10,8 % (+4,6) et la Linke<\/em> 10,7 % (-7,9) <\/span>26<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le parti BVB\/Freie W\u00e4hler <\/em>a aussi r\u00e9ussi \u00e0 entrer au Parlement avec 5,0 % des voix ; la FPD, en revanche, a de nouveau \u00e9chou\u00e9 \u00e0 franchir la barre des 5 % n\u00e9cessaires \u00e0 l\u2019obtention de si\u00e8ges parlementaires. Ce sont donc \u00e9videmment l\u2019AfD, mais aussi les Verts, qui ont \u00e9norm\u00e9ment gagn\u00e9 en importance depuis le dernier scrutin. Il s\u2019agit d\u2019un \u00ab r\u00e9sultat fantastique \u00bb pour le pr\u00e9sident des Verts Robert Habeck, m\u00eame s\u2019il est loin du 14 % auquel on voulait croire.<\/p>\n\n\n\n En Saxe, un m\u00eame ph\u00e9nom\u00e8ne, encore plus marqu\u00e9, est visible. 31 % des voix ont \u00e9t\u00e9 accord\u00e9es \u00e0 la CDU (-7,3), 27,5 % \u00e0 l\u2019AfD (+17,7), 10,4 % \u00e0 la Linke <\/em>(-8,5), 8,6 % aux Verts (+2,9) et seulement 7,7 % \u00e0 la SPD (-4,7) <\/span>27<\/sup><\/a><\/span><\/span>. \u00c0 premi\u00e8re vue, cela peut sembler un \u00e9chec total vis-\u00e0-vis du but que les Verts auraient pu se fixer, mais, en r\u00e9alit\u00e9, ce r\u00e9sultat suffit \u00e0 assurer au parti une place au sein de l\u2019unique coalition qui peut raisonnablement \u00eatre envisag\u00e9e \u2013 entre la CDU, la SPD et les Verts. La situation est analogue dans le Brandebourg : si une coalition entre SPD, Linke<\/em> et Verts peut \u00eatre \u00e9galement se concevoir, elle n\u2019obtiendrait, selon les sondages, qu\u2019une majorit\u00e9 tr\u00e8s courte. C\u2019est pourquoi, dans le Brandebourg aussi, des n\u00e9gociations pr\u00e9alables \u00e0 une coalition entre la SPD (qui en prendrait la t\u00eate), la CDU et les Verts sont en cours. De cette fa\u00e7on, les Verts se trouvent exactement l\u00e0 o\u00f9 ils souhaitaient arriver : au c\u0153ur des n\u00e9gociations gouvernementales.<\/p>\n\n\n\n Les \u00e9lections en Thuringe vont suivre, le 27 octobre. Dans ce Land<\/em>, les Verts sont d\u00e9j\u00e0 au pouvoir dans une coalition avec la Linke<\/em> (en position dominante) et la SPD. Toutefois, ils n\u2019ont pu entrer au gouvernement r\u00e9gional qu\u2019avec 5,7 % des voix <\/span>28<\/sup><\/a><\/span><\/span>, tout juste au-dessus de la barre des 5 % n\u00e9cessaires. Dans ce m\u00eame Land<\/em>, ils n\u2019avaient obtenu aux derni\u00e8res \u00e9lections f\u00e9d\u00e9rales de 2017 que 4,1 % des suffrages <\/span>29<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le r\u00e9sultat du prochain scrutin est aujourd\u2019hui encore tr\u00e8s ouvert : l\u2019alliance Linke<\/em>-SPD-Verts ne parviendrait pas, selon les estimations, \u00e0 r\u00e9unir les 45 si\u00e8ges requis <\/span>30<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il serait par ailleurs possible th\u00e9oriquement, mais politiquement fortement invraisemblable, d\u2019assister \u00e0 la signature de coalitions entre la Linke<\/em> et la CDU ou entre la CDU et l\u2019AfD. Les Verts, eux, rassemblent 9 % des intentions de vote. L\u2019issue pourrait donc \u00eatre similaire \u00e0 celle de Saxe ou du Brandebourg : tout en am\u00e9liorant significativement leur r\u00e9sultat, les Verts ne parviendraient pas \u00e0 \u00e9galer leurs derni\u00e8res performances r\u00e9alis\u00e9es \u00e0 l\u2019\u00e9chelle f\u00e9d\u00e9rale et dans les L\u00e4nder<\/em> de l\u2019Ouest. Mais ils pourraient tout aussi bien se positionner comme auxiliaires dans l\u2019obtention de la majorit\u00e9 et assurer de cette fa\u00e7on la poursuite de la coalition Linke<\/em>-SPD-Verts\u2026 qu\u2019il faudra alors peut-\u00eatre d\u00e9signer comme coalition Linke<\/em>-Verts-SPD.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Alors que les Verts s’affirment comme le deuxi\u00e8me, voire le premier parti d’Allemagne, ils peinent \u00e0 s’imposer dans l’Est du pays o\u00f9 chr\u00e9tiens-d\u00e9mocrates, gauche radicale et extr\u00eame-droite pr\u00e9dominent. Le jeune mouvement \u00e9cologiste de la R\u00e9publique d\u00e9mocratique allemande a pourtant jou\u00e9 un r\u00f4le essentiel dans la cr\u00e9ation du parti. Quelles perspectives \u00e9lectorales se dessinent pour les Verts dans l’Est, trente ans apr\u00e8s la chute du mur de Berlin ?<\/p>\n","protected":false},"author":98,"featured_media":49868,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1730,1731],"tags":[],"geo":[1894,536],"class_list":["post-49847","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-energie-et-environnement","category-politique","staff-johanna-schleyer","geo-berlin","geo-centres"],"acf":[],"yoast_head":"\n
Les analyses du scrutin de 2017, marqu\u00e9 par un r\u00e9sultat d\u00e9cevant du parti \u00e9cologiste, ont montr\u00e9 que ceux qui ont vot\u00e9 pour les Verts sont issus des milieux les plus \u00e9duqu\u00e9s, gagnent bien (voire tr\u00e8s bien) leur vie, sont plus souvent des femmes et pas n\u00e9cessairement particuli\u00e8rement jeunes. Il est aussi important de noter que l\u2019\u00e9lecteur moyen des Verts habite dans l\u2019Ouest de l\u2019Allemagne \u2013 Prenzlauer Berg mis \u00e0 part. Pour certains, la fronti\u00e8re sociologique entre l\u2019\u00e9lectorat des Verts et celui des Lib\u00e9raux est perm\u00e9able <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>\u2026 il est donc l\u00e9gitime de se demander ce qu\u2019il est advenu des Verts, autrefois alternatifs et rebelles.<\/p>\n\n\n\nTrente ans de mouvements verts en Allemagne de l’Est<\/h4>\n\n\n\n
On peut par ailleurs expliquer la faiblesse des Verts \u00e0 l\u2019Est par leur probl\u00e8me d\u2019image. Le parti est vu, comme auparavant, comme force \u00e9cologiste, qui ne garde pas beaucoup d\u2019espace dans son programme pour les th\u00e8mes sociaux ou de politique int\u00e9rieure. On peut aussi affirmer que, du point de vue de nombreux citoyens de l\u2019Est, les Verts n\u2019ont pas conscience des th\u00e8mes les plus pertinents au quotidien <\/span>20<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les Verts sont forts en premi\u00e8re ligne dans les grandes villes ; ils sont le premier parti dans les plus grandes villes d’Allemagne, de Berlin \u00e0 Leipzig en passant par Hambourg, Munich, Francfort-sur-le-Main et Stuttgart <\/span>21<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Or, l\u2019Est allemand n\u2019est pas marqu\u00e9 par une forte concentration de villes comptant plus de 100 000 habitants. Par exemple, en Saxe, Leipzig et Dresde h\u00e9bergent des fractions locales des Verts relativement fortes <\/span>22<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La troisi\u00e8me ville du Land<\/em> par la population, Chemnitz, n\u2019a en revanche accueilli son 150e membre qu\u2019en fin 2018 <\/span>23<\/sup><\/a><\/span><\/span>. \u00c0 de nombreuses reprises, on a mis cette observation en relation avec le fait que les Verts ne seraient pas tr\u00e8s engag\u00e9s (selon ce qui est annonc\u00e9 dans leur programme) dans les th\u00e8mes qui pr\u00e9dominent dans les campagnes de l\u2019Est.<\/p>\n\n\n\nLe d\u00e9fi des \u00e9lections r\u00e9gionales de 2019<\/h4>\n\n\n\n