{"id":41983,"date":"2019-06-27T23:43:31","date_gmt":"2019-06-27T21:43:31","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=41983"},"modified":"2019-07-20T13:45:50","modified_gmt":"2019-07-20T11:45:50","slug":"pas-de-printemps-pour-leconomie-tunisienne","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/06\/27\/pas-de-printemps-pour-leconomie-tunisienne\/","title":{"rendered":"Pas de printemps pour l’\u00e9conomie tunisienne"},"content":{"rendered":"\n

La Tunisie pr\u00e9sente cet \u00e9t\u00e9 un visage souriant aux millions de touristes qui se pressent sur la c\u00f4te entre Hammamet et Mahdia et, plus au sud, sur l\u2019\u00eele de Djerba. Ce pays a toujours \u00e9t\u00e9 tol\u00e9rant et ouvert au monde et, en cet \u00e9t\u00e9 2019, ses habitants sont soulag\u00e9s que les visiteurs \u00e9trangers aient retrouv\u00e9 les h\u00f4tels tunisiens, quatre ans apr\u00e8s les attentats du Mus\u00e9e du Bardo et de Sousse<\/span>1<\/sup><\/a><\/span>. Ces \u00e9v\u00e9nements avaient oblig\u00e9 certains tours op\u00e9rateurs, fers de lance du tourisme de masse qui caract\u00e9rise ce secteur, \u00e0 retirer la destination Tunisie de leurs catalogues.<\/p>\n\n\n\n

Aux Europ\u00e9ens qui connaissent le pays depuis longtemps, aux Alg\u00e9riens et aux Libyens qui appr\u00e9cient aussi les h\u00f4tels de leur voisin imm\u00e9diat s\u2019ajoutent les Russes qui d\u00e9couvrent le pays pour la premi\u00e8re fois. Ils seront sans doute plus de 700 000 \u00e0 y venir cette ann\u00e9e. Les Tunisiens sont \u00e9galement nombreux \u00e0 fr\u00e9quenter les plages en \u00e9t\u00e9 durant lequel la vie sociale semble \u00e9migrer de Tunis vers le sud. Ce secteur est un gros employeur de main d\u2019\u0153uvre et a rapport\u00e9 1,32 milliard de dollars en 2018. N\u00e9anmoins, les statistiques, que l\u2019\u00c9tat publie, de mani\u00e8re de plus en plus tronqu\u00e9es, masquent mal une chute des recettes en devises par nuit\u00e9e touristique et le raccourcissement de la dur\u00e9e des s\u00e9jours. Au Maroc, chaque touriste rapporte dix fois plus qu\u2019en Tunisie. En 2008, le tourisme rapportait 2 milliards de dollars. Depuis 2015, les transferts de la diaspora ont d\u00e9tr\u00f4n\u00e9 ceux du tourisme.<\/p>\n\n\n\n

Au Maroc, chaque touriste rapporte dix fois plus qu\u2019en Tunisie.<\/p><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Le m\u00e9susage croissant des statistiques que souligne l\u2019\u00e9conomiste Hachemi Alaya <\/span>2<\/sup><\/a><\/span> illustre le brouillard politique et \u00e9conomique dans lequel est plong\u00e9 le pays \u00e0 l\u2019approche des \u00e9lections l\u00e9gislatives et pr\u00e9sidentielle de l\u2019automne prochain. Pour beaucoup, et notamment pour les nombreux jeunes au ch\u00f4mage, la d\u00e9mocratie tunisienne a un go\u00fbt amer. Ils sont plus pauvres aujourd\u2019hui qu\u2019ils ne l\u2019\u00e9taient en 2010. Il n\u2019y a pas eu de r\u00e9volution \u00e0 proprement parler en 2011 mais une r\u00e9volte qui a d\u00e9capit\u00e9 le syst\u00e8me et confisqu\u00e9 les biens mal acquis de la famille de l\u2019ancien dictateur Ben Ali. Les actifs industriels, financiers, immobiliers et agricoles n\u2019ont gu\u00e8re chang\u00e9 de propri\u00e9taires depuis, quoique le parti islamiste Nahda ait r\u00e9ussi \u00e0 s\u2019approprier une part du g\u00e2teau.<\/p>\n\n\n\n

Les m\u00e9dias sont officiellement libres, mais nombre d\u2019entre eux, dont plusieurs cha\u00eenes de t\u00e9l\u00e9vision appartiennent \u00e0 des hommes d\u2019affaires puissants. La manipulation y est autant \u00e0 l\u2019honneur que l\u2019information. La corruption a \u00e9t\u00e9 efficacement d\u00e9mocratis\u00e9e. La libert\u00e9 est palpable mais un horizon \u00e9conomique apparemment bouch\u00e9 pousse de nombreux jeunes dipl\u00f4m\u00e9s \u00e0 fuir le pays, majoritairement vers la France, l\u2019Allemagne, l\u2019Italie, le Canada et les pays du Golfe. Certaines PME s\u2019installent au Maroc. De nombreux Tunisiens se sont d\u00e9tourn\u00e9s de la politique. C\u2019est un spectacle qui leur para\u00eet m\u00e9langer mauvaise com\u00e9die et corruption et ne leur inspire que du d\u00e9go\u00fbt.<\/p>\n\n\n\n

Que le ministre de l\u2019Enseignement Sup\u00e9rieur et de la Recherche Scientifique, Slim Khalbouss, pr\u00e9f\u00e8re l\u2019expression de \u00ab mobilit\u00e9 des comp\u00e9tences \u00bb \u00e0 celle de \u00ab fuite des cerveaux \u00bb ne change rien \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9. 95 000 cadres ont quitt\u00e9 le pays depuis 2011 selon un rapport de l\u2019OCDE, y compris 200 \u00e0 300 m\u00e9decins sp\u00e9cialistes et 1500 ing\u00e9nieurs. Un nombre croissant de directeurs de PME s\u2019installent au Maroc. Une bureaucratie pesante s\u2019ajoute aux autres difficult\u00e9s et pousse les plus entreprenants \u00e0 refaire leur vie ailleurs. Multiplier les s\u00e9minaires officiels qui soulignent l\u2019attractivit\u00e9 du pays pour les investisseurs \u00e9trangers rel\u00e8ve, \u00e0 ce stade, de l\u2019incantatoire.<\/p>\n\n\n\n

La d\u00e9mocratie s\u2019\u00e9panouit rarement quand les estomacs sont vides<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

La d\u00e9mocratie s\u2019\u00e9panouit rarement quand les estomacs sont vides. L\u2019une des statistiques les plus \u00e9loquentes aujourd\u2019hui est que 20 % de la population est pauvre. C\u2019est la cons\u00e9quence in\u00e9vitable de l\u2019effondrement de la richesse nationale (PIB), pass\u00e9e de 44,8 milliards de dollars en 2008 \u00e0 seulement 40 milliards l\u2019an dernier. Elle devrait encore d\u00e9cro\u00eetre \u00e0 35,2 milliards en 2020. Le PIB par habitant, qui a diminu\u00e9 d\u2019un cinqui\u00e8me depuis 2011, s\u2019\u00e9tablit aujourd\u2019hui l\u00e9g\u00e8rement au-dessus de 4 000 dollars et devrait, selon les pr\u00e9visions du FMI, chuter sous cette barre \u00e0 partir de 2020.<\/p>\n\n\n\n

La Tunisie a cess\u00e9 d\u2019investir et d\u00e9pense all\u00e8grement l\u2019argent qu\u2019elle ne gagne pas pour soutenir la consommation. L\u2019investissement, qui a culmin\u00e9 \u00e0 plus de 30 % du PIB durant les ann\u00e9es 1980 et qui se maintenait au niveau respectable de 25,6 % \u00e0 la veille de la chute de Ben Ali, a chut\u00e9 \u00e0 20 % l\u2019an dernier. Le taux d\u2019\u00e9pargne, \u00e0 8,9 %, a chut\u00e9 de plus de moiti\u00e9 en dix ans. S\u2019ajoute \u00e0 cette d\u00e9rive alarmante une croissance rapide de l\u2019endettement ext\u00e9rieur. Elle est la cons\u00e9quence in\u00e9vitable de l\u2019absence de strat\u00e9gie \u00e9conomique et de l\u2019incapacit\u00e9 du gouvernement dirig\u00e9 depuis ao\u00fbt 2016 par Youssef Chahed, de mener des r\u00e9formes.<\/p>\n\n\n\n

Le ch\u00f4mage reste un mal chronique, fragilisant l\u2019\u00e9conomie et le corps politique. Le foss\u00e9 \u00e9conomique, social et \u00e9ducatif entre un littoral relativement ais\u00e9 et un arri\u00e8re-pays plus pauvre existe toujours. La Tunisie est, sur le plan \u00e9conomique comme social, \u00e9ducatif et sanitaire, divis\u00e9e en deux tribus distinctes. Les jeunes, qui supportent le gros du ch\u00f4mage, refusent de voter parce qu\u2019ils jugent impossible de croire \u00e0 une d\u00e9mocratie, que, par contraste, de nombreux think tank<\/em>s et politiciens occidentaux continuent de pr\u00e9senter comme un mod\u00e8le dans le monde arabe. Beaucoup de Tunisiens constatent que de nombreux d\u00e9bats \u00e0 l’Assembl\u00e9e des Repr\u00e9sentants du Peuple, o\u00f9 leur Premier ministre ne si\u00e8ge m\u00eame pas, ne servent \u00e0 rien. Il n\u2019est gu\u00e8re surprenant qu\u2019un sondage r\u00e9cent cr\u00e9dite le propri\u00e9taire de la cha\u00eene de t\u00e9l\u00e9vision priv\u00e9e Nessma, Nabil Karoui, de 30 % des intentions de vote s\u2019il devait faire acte de candidature \u00e0 la pr\u00e9sidence.<\/p>\n\n\n\n

Les autorit\u00e9s tunisiennes ont emp\u00each\u00e9 6 369 Tunisiens de partir en 2018, soit presque deux fois plus qu’en 2017, selon le Forum Tunisien des Droits \u00c9conomiques et Sociaux (FTDES). Environ 1600 d\u2019entre eux sont morts en mer en 2018, \u00e0 peine moins que l\u2019ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente. Ils sont d\u00e9sillusionn\u00e9s quant au futur de ce qu\u2019ils ont appel\u00e9 avec humour Jumhurriyat al-shaykhayn, <\/em>la \u00ab R\u00e9publique des deux patriarches \u00bb, c\u2019est-\u00e0-dire la g\u00e9rontocratie du Pr\u00e9sident Beji Caid Essebsi et du leader islamiste Rached Ghannouchi. Beaucoup de Tunisiens consid\u00e8rent que leur d\u00e9mocratie est factice.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019\u00e9conomie tunisienne est maintenue \u00e0 flot par une perfusion permanente d\u2019aide internationale. Cette ann\u00e9e, elle aura besoin de 10 milliards de dinars tunisiens, selon les estimations du gouvernement. Le co\u00fbt des emprunts a augment\u00e9 en 2018 par rapport \u00e0 2017 et devrait continuer \u00e0 cro\u00eetre cette ann\u00e9e, mais le FMI estime que le niveau d\u2019endettement du pays reste acceptable, notamment parce qu\u2019une grande partie de la dette, contract\u00e9e aupr\u00e8s du FMI, de l\u2019Union europ\u00e9enne, de la Banque mondiale et de la Banque Africaine de d\u00e9veloppement, b\u00e9n\u00e9ficie de taux d\u2019int\u00e9r\u00eats peu \u00e9lev\u00e9s et jouit de maturit\u00e9s longues.<\/p>\n\n\n\n

Le conseil d\u2019administration du FMI a approuv\u00e9, le 12 juin la cinqui\u00e8me revue du programme dont b\u00e9n\u00e9ficie la Tunisie mais consid\u00e8re que les risques demeurent \u00ab tr\u00e8s \u00e9lev\u00e9s \u00bb du fait \u00ab des vuln\u00e9rabilit\u00e9s macro\u00e9conomiques persistantes \u00bb. Ce n\u2019est gu\u00e8re surprenant puisque seuls 4 indicateurs structurels sur 9 et 4 crit\u00e8res de performances quantitatifs sur 6 ont \u00e9t\u00e9 atteint. La satisfaction du FMI face \u00e0 la consolidation du d\u00e9ficit budg\u00e9taire, qui est pass\u00e9 selon le minist\u00e8re tunisien des Finances de 6,1 % du PIB en 2017 \u00e0 4,8 % l\u2019ann\u00e9e derni\u00e8re, ne peut masquer l\u2019\u00e9norme augmentation du co\u00fbt de la masse salariale publique (112 % entre 2010 et 2017) qui consomme la moiti\u00e9 du budget) et de la dette publique (de 39 % du PIB en 2010 \u00e0 71,7 % en 2018). <\/p>\n\n\n\n

L\u2019investissement public est pass\u00e9 de 7,2 % du PIB en 2011 \u00e0 5,4 % l\u2019an dernier. Les recettes fiscales de l\u2019\u00c9tat, notamment celles issues de l\u2019augmentation des taxes sur l\u2019essence, ont fait augmenter le co\u00fbt du transport, ce qui, conjugu\u00e9 \u00e0 des prix alimentaires plus \u00e9lev\u00e9s, affecte de mani\u00e8re disproportionn\u00e9e les Tunisiens \u00e0 revenu faible ou moyen. L\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique globale s\u2019est affaiss\u00e9e. Les jeunes entrepreneurs ont de grandes difficult\u00e9s \u00e0 obtenir un pr\u00eat lorsqu\u2019ils n\u2019ont pas de biens immobiliers \u00e0 offrir en garantie : 46 % des micro-entreprises empruntent de fa\u00e7on informelle et celles qui ont un compte en banque limitent au minimum leurs transactions, selon H. Ayala (\u00ab Un sous-d\u00e9veloppement financier n\u00e9faste et indigne \u00bb, Ecoweek<\/em>, Numero 22, 3 Juin 2019). Les banques tunisiennes sont heureuses de faire des affaires avec les clients bien \u00e9tablis, mais montrent peu d’int\u00e9r\u00eat pour le menu fretin.<\/p>\n\n\n\n

Comparez ces chiffres avec ceux du Kenya o\u00f9 le pourcentage de personnes qui disposent d\u2019un compte en banque est pass\u00e9 de 32 % en 2011 \u00e0 72 % en 2015. Pendant ce temps-l\u00e0, la Banque mondiale organise des s\u00e9minaires sur la digitalisation des paiements, en complet d\u00e9calage avec les principaux enjeux. Pendant ce temps, il n’y a aucune volont\u00e9 politique d’augmenter les taxes sur les cat\u00e9gories professionnelles telles que les m\u00e9decins et les avocats, sans parler des milliers de caf\u00e9s dont la charge fiscale est beaucoup moins lourde que celle qui p\u00e8se sur les salari\u00e9s tunisiens. Le secteur bancaire jouit de rendements records sur le capital et les b\u00e9n\u00e9fices. La BIAT, l\u2019une des principales banques du pays, r\u00e9alise une marge comprise entre 15 % et 20 %.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019investissement public est pass\u00e9 de 7,2 % du PIB en 2011 \u00e0 5,4 % l\u2019an dernier. Les recettes fiscales de l\u2019\u00c9tat, notamment celles issues de l\u2019augmentation des taxes sur l\u2019essence, ont fait augmenter le co\u00fbt du transport, ce qui, conjugu\u00e9 \u00e0 des prix alimentaires plus \u00e9lev\u00e9s, affecte de mani\u00e8re disproportionn\u00e9e les Tunisiens \u00e0 revenu faible ou moyen. L\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique globale s\u2019est affaiss\u00e9e.<\/p><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

L\u2019enveloppe de 2,9 milliards de dollars de pr\u00eats accord\u00e9e par le FMI en 2016 ne court aucun risque. Bien que la Banque mondiale ait atteint sa limite technique de pr\u00eat \u00e0 la Tunisie, elle trouvera sans aucun doute moyen de pr\u00eater davantage parce que les pays occidentaux soutiennent fermement ce qu’ils consid\u00e8rent comme une d\u00e9mocratie unique en son genre dans le monde arabe. L\u2019Union europ\u00e9enne a engag\u00e9 800 millions d\u2019euros dans le pays depuis 2011. La Tunisie a aussi \u00e9largi ses sources de financement international : l\u2019Arabie Saoudite lui a r\u00e9cemment consenti un pr\u00eat de 500 millions de dollars, avec des conditions favorables.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019augmentation r\u00e9cente des taux d\u2019int\u00e9r\u00eat nuit \u00e0 l\u2019investissement. La jeune d\u00e9mocratie avait h\u00e9rit\u00e9 d\u2019un pays dont les finances publiques \u00e9taient saines et qui s\u2019enorgueillissait de la confortable somme de 3,5 milliards de dinars tunisiens issus de la privatisation en 2011 de Tunisie-Telecom. La masse salariale repr\u00e9sentait alors un tiers seulement de ce qu\u2019elle est aujourd\u2019hui. La production de phosphates s\u2019est effondr\u00e9e de 7,5 millions de tonnes en 2010 \u00e0 3,3 millions l\u2019ann\u00e9e derni\u00e8re, tandis que le nombre de \u00ab travailleurs \u00bb dans le secteur des phosphates et des engrais a \u00e9t\u00e9 multipli\u00e9 par 5, pour atteindre 30 000 emplois. La baisse r\u00e9cente du prix des phosphates et des engrais \u00e0 base de phosphate, baisse qui, selon un r\u00e9cent rapport de la Banque mondiale, est amen\u00e9e \u00e0 durer, devrait encourager le gouvernement \u00e0 agir, mais dans l\u2019\u00e9tat actuel d\u2019inertie politique, cela est peu probable. Les phosphates, les engrais et le p\u00e9trole brut ont repr\u00e9sent\u00e9 30 % des exportations en 2010 mais seulement 9,1 % en 2018.<\/p>\n\n\n\n

Qu\u2019attendent les Tunisiens de leur gouvernement ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Une question reste pos\u00e9e : que se passera -t-il si les pr\u00eats et l\u2019aide, qui supportent actuellement l\u2019activit\u00e9 \u00e9conomique et un endettement croissant, ne sont pas accompagn\u00e9s par des r\u00e9formes \u00e9conomiques et financi\u00e8res d\u2019envergure ? Plus fondamental encore, pour reprendre les mots de l\u2019ancien ministre des Finances Fadhel Abdelkefi, \u00ab Que veulent et qu\u2019attendent les Tunisiens de leur \u00c9tat \u00bb ? Si les dirigeants politiques, la puissante union syndicale UGTT et les hommes d\u2019affaires proches du pouvoir continuent de traiter l’\u00c9tat comme une vache \u00e0 lait, la Tunisie continuera de s\u2019appauvrir. Les mots de M. Abdelkefi r\u00e9sonnent car, en tant que membre du gouvernement pendant un an jusqu\u2019en ao\u00fbt 2017, il a tent\u00e9 de mettre en place d\u2019importantes r\u00e9formes, jusqu\u2019\u00e0 ce que des questions concernant son int\u00e9grit\u00e9, en lien avec une ancienne affaire de douane qui fut finalement class\u00e9e par les tribunaux, l\u2019ont pouss\u00e9 \u00e0 la d\u00e9mission.<\/p>\n\n\n\n

Les principaux responsables politiques assurent que, d\u2019ici 2020, de s\u00e9rieuses r\u00e9formes \u00e9conomiques seront entreprises, mais ces promesses sont peu convaincantes \u2013 pour ne pas dire inaudibles. Cela ressemble trop a du tmenik<\/em> (des \u00ab fausses promesses \u00bb, en vernaculaire tunisien), pense l\u2019homme de la rue.<\/p><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Le Premier ministre n\u2019a rien fait pour le d\u00e9fendre, ce qui en a convaincu beaucoup que les intentions de r\u00e9formes clam\u00e9es publiquement par M. Chahed n\u2019\u00e9taient pas s\u00e9rieuses. Un membre de l\u2019\u00e9quipe de la Banque mondiale en Tunisie fut plus direct : \u00ab L\u2019attaque contre M. Abdelkefi est un coup d\u2019\u00c9tat\u2026 Le premier pas vers la reprise du contr\u00f4le par l’Etat profond (deep state<\/em>)… La Tunisie ressemble \u00e0 une grenouille plac\u00e9e dans de l’eau bouillante. \u00bb Le Premier ministre n\u2019a rien fait au cours des 22 derniers mois qui puisse sugg\u00e9rer qu\u2019il soit s\u00e9rieusement pr\u00e9occup\u00e9 de r\u00e9formes.<\/p>\n\n\n\n

Les principaux responsables politiques assurent que, d\u2019ici 2020, de s\u00e9rieuses r\u00e9formes \u00e9conomiques seront entreprises, mais ces promesses sont peu convaincantes \u2013 pour ne pas dire inaudibles. Cela ressemble trop a du tmenik<\/em> (des \u00ab fausses promesses \u00bb, en vernaculaire tunisien), pense l\u2019homme de la rue. Mais se pose alors la question de quelle valeur politique pourrait bien avoir des \u00e9lections dans lesquelles une majorit\u00e9 des Tunisiens de moins 30 ans ne votent m\u00eame pas, comme ce fut le cas lors des \u00e9lections municipales de mai 2018. De telles \u00e9lections peuvent-elles r\u00e9sulter en une majorit\u00e9 de d\u00e9put\u00e9s b\u00e9n\u00e9ficiant d\u2019un solide mandat pour r\u00e9former ? Si aucun parti ne parvient \u00e0 obtenir une majorit\u00e9, la classe politique tunisienne ne sera-t-elle pas entra\u00een\u00e9e dans un processus de marchandage opaque qui, ici comme ailleurs, tient lieu de d\u00e9mocratie ? Les conditions ne semblent gu\u00e8re r\u00e9unies, en cet \u00e9t\u00e9 2019, pour faciliter l\u2019\u00e9mergence d\u2019hommes de conviction, int\u00e8gres et capables d\u2019articuler et de mener \u00e0 bien r\u00e9formes audacieuses.<\/p>\n\n\n\n

Pendant ce temps les salaires des fonctionnaires augmentent, ce qui va bien s\u00fbr \u00e0 l\u2019encontre de l\u2019orthodoxie du FMI. Ce que le gouvernement donne d\u2019une main au FMI, il le reprend de l\u2019autre. C\u2019est une partie de poker menteur. S\u2019il est vrai que les investissements \u00e9trangers augmentent depuis dix-huit mois, la Tunisie attire moins qu\u2019avant, surtout compar\u00e9e au Maroc. Les troubles en Alg\u00e9rie et en Libye ont amen\u00e9 un flux de devises \u00e9trang\u00e8res dans le vaste secteur informel qui soutient l’activit\u00e9 mais dont les chiffres n’apparaissent pas dans les statistiques officielles. Mais les transferts de la diaspora tunisienne, qui rapportent au pays plus que les recettes touristiques, ont chut\u00e9, eux, de 9 % au cours du premier trimestre 2019 par rapport \u00e0 la m\u00eame p\u00e9riode l’an dernier, ce qui n\u2019est gu\u00e8re un signe de confiance dans l\u2019avenir.<\/p>\n\n\n\n

De nouvelles politiques stimuleraient l\u2019\u00e9conomie<\/h3>\n\n\n\n

Trois secteurs, parmi d\u2019autres, ont d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment besoin de nouvelles id\u00e9es. M. Abdelkefi sugg\u00e8re que l\u2019on pourrait consid\u00e9rer la possibilit\u00e9 d\u2019accorder des stock-options aux travailleurs dans le secteur des phosphates. Au-del\u00e0 de ce secteur, les employeurs, les travailleurs et le gouvernement ont besoin de confronter leurs id\u00e9es, de discuter, d\u2019imaginer le futur de la Tunisie. En l\u2019absence de tels d\u00e9bats, il n\u2019y a aucune chance de sortir de ce qui ressemble fort \u00e0 un cul-de-sac. Dans le secteur de l\u2019agriculture, sacrifi\u00e9 depuis les ann\u00e9es 1960 au d\u00e9veloppement du tourisme et des industries offshore, il faut absolument revisiter la question des fermes d\u2019\u00c9tat et des terres domaniales. <\/em>Celles-ci repr\u00e9sentent pr\u00e8s de 500 000 hectares et occupent quelques-unes des plus riches terres du pays. Des milliers d\u2019hectares demeurent inexploit\u00e9s. Alors que de plus en plus de personnes investissent dans l’huile d’olive<\/a> de premi\u00e8re qualit\u00e9, dont l’exportation est l’une des r\u00e9centes r\u00e9ussites de la Tunisie, et dans des conserves de fruits et de l\u00e9gumes de bonne qualit\u00e9, ces terres m\u00e9ritent d’\u00eatre privatis\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

Dans le secteur de l\u2019agriculture, sacrifi\u00e9 depuis les ann\u00e9es 1960 au d\u00e9veloppement du tourisme et des industries offshore, il faut absolument revisiter la question des fermes d\u2019\u00c9tat et des terres domaniales<\/em>.<\/p><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Les Moulins de Mahjoub <\/em>offrent un parfait exemple d\u2019un domaine priv\u00e9 et d\u2019une entreprise qui exporte 100 tonnes d\u2019huile d\u2019olive press\u00e9e \u00e0 froid dans 25 pays \u00e0 travers le monde. 100 tonnes suppl\u00e9mentaires sont utilis\u00e9es pour la conservation des artichauts, des poivrons et de l’ail, qui sont tous vendus \u00e0 l’\u00e9tranger. Le secteur agricole emploie 20 % de la population mais ne repr\u00e9sente que 10 % de la valeur des exportations. Il reste le parent pauvre du d\u00e9veloppement \u00e9conomique : les ruraux repr\u00e9sentent un tiers de la population mais ils sont de plus en plus marginalis\u00e9s. L\u2019investissement priv\u00e9 et la privatisation des terres domaniales <\/em>sont pourtant la <\/em>r\u00e9ponse pour cr\u00e9er des emplois \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur et aider \u00e0 r\u00e9parer cette fracture sociale et \u00e9conomique entre les deux Tunisie. Elle permettrait de redonner de l\u2019espoir aux r\u00e9gions pauvres du centre-ouest, du nord et du nord-est. La Tunisie est l\u2019endroit id\u00e9al pour produire des amandes et des pistaches. Celles-ci ne sont pas soumises \u00e0 des quotas d’importation dans l’Union, qui importe 70 % des amandes qu’elle consomme.<\/p>\n\n\n\n

Ce ne sont pas les id\u00e9es qui manquent mais c\u2019est sans doute le m\u00e9pris que beaucoup de Tunisiens, notamment dans la capitale et la fonction publique, ont pour l\u2019agriculture qui emp\u00eache de voir ce qui cr\u00e8ve les yeux. Le d\u00e9couplage, que souligne Leith Ben Becher entre production agricole et r\u00e9gime alimentaire est profond\u00e9ment ancr\u00e9. Ce qui prime \u00ab c\u2019est la pr\u00e9f\u00e9rence accord\u00e9e aux consommateurs aux d\u00e9pens des producteurs. Cela se traduit par d\u2019immenses aberrations, comme la subvention accord\u00e9e aux huiles de graines import\u00e9es (environ 200 000 tonnes par an) et pas \u00e0 l\u2019huile d\u2019olive produite localement ! Idem pour le d\u00e9clin de l\u2019\u00e9levage ovin au profit des fili\u00e8res bovine et avicole (o\u00f9 le ma\u00efs et le soja import\u00e9s repr\u00e9sentent 60 % de la ration alimentaire) \u00bb. Personne n\u2019est plus conscient du potentiel du pays que Le\u00efth Ben Becher qui a cr\u00e9\u00e9 apr\u00e8s 2011 un syndicat ind\u00e9pendant, le Syndicat des Agriculteurs de Tunisie <\/em>(Synagri). Une question demeure pourtant : pourquoi le gouvernement continue-t-il de soutenir un syndicat national des agriculteurs ? La r\u00e9ponse, telle qu\u2019elle fut adress\u00e9e il y a une dizaine d\u2019ann\u00e9es par Adel Sahel, conseiller scientifique en chef de la plus grand compagnie agro-alimentaire tunisienne, Poulina, au pr\u00e9sident Ben Ali est toute simple : \u00ab se d\u00e9barrasser du minist\u00e8re de l\u2019Agriculture \u00bb. Les pr\u00eats de la Banque Nationale de l\u2019Agriculture<\/em> ne concernent qu\u2019\u00e0 hauteur de 20 % des agriculteurs, quand ces derniers ne b\u00e9n\u00e9ficient par ailleurs que de 5 % des pr\u00eats conc\u00e9d\u00e9s par le secteur priv\u00e9. Dans ce secteur, l\u2019\u00c9tat marche sur la t\u00eate alors qu\u2019il devrait inventer un triptyque qui serait b\u00e2ti sur trois piliers : agriculture, alimentation et ruralit\u00e9. L\u2019\u00e9rosion des sols, la raret\u00e9 de l\u2019eau et le changement climatique plaident pour une r\u00e9volution dans ce secteur.<\/p>\n\n\n\n

Une des plus grandes erreurs politiques du pr\u00e9sident Bourguiba a \u00e9t\u00e9 de nationaliser le secteur agricole. \u00c0 la veille de son limogeage par le pr\u00e9sident en 1969, l\u2019omnipuissant tsar \u00e9conomique Ahmed Ben Salah avait vu sa m\u00e9thode de planification centralis\u00e9e fermement soutenue par la Banque mondiale, qui \u00e9tait convaincue que l’\u00e9conomie tunisienne \u00e9tait sur le point de d\u00e9coller. Quarante ans plus tard, la Banque ne tarissait pas d\u2019\u00e9loges sur le mod\u00e8le tunisien. On sait ce qu\u2019il advint du fameux mod\u00e8le. On se rendit compte, en 2011 qu\u2019il n\u2019existait pas.<\/p>\n\n\n\n

D\u2019ambitieuses politiques dans les transports maritimes et a\u00e9riens pourraient \u00e9galement stimuler fortement l\u2019\u00e9conomie. Le gouvernement tunisien attend que l\u2019Union europ\u00e9enne acc\u00e8de \u00e0 sa demande d\u2019ouverture de l\u2019espace a\u00e9rien, qui permettra \u00e0 des compagnies low-cost<\/em> d\u2019op\u00e9rer librement. Mais, du fait de l\u2019opposition de l\u2019UGTT, l\u2019a\u00e9roport de Tunis Carthage, qui est de loin le plus dynamique du pays, a \u00e9t\u00e9 exclu de l\u2019accord. Tunis Air conna\u00eet une v\u00e9ritable h\u00e9morragie financi\u00e8re et offre un service qui peut \u00eatre d\u00e9crit comme une insulte permanente \u00e0 ses clients. La liste des employ\u00e9s a augment\u00e9 depuis 2011, mais la plupart des \u00ab nouveaux employ\u00e9s \u00bb ne prennent m\u00eame pas la peine de se pr\u00e9senter au travail et se contentent de recevoir un confortable ch\u00e8que \u00e0 la fin du mois. Pour couronner le tout, un tout nouvel a\u00e9roport, qui a \u00e9t\u00e9 termin\u00e9 il y a une dizaine ann\u00e9e \u00e0 Enfida, au sud de Tunis, ne voit que rarement un avion atterrir. La construction d’une liaison ferroviaire rapide et la fermeture de Tunis Carthage auraient pourtant r\u00e9volutionn\u00e9 le transport a\u00e9rien dans le nord du pays.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019a\u00e9roport de la capitale occupe 1 000 hectares de terres de choix au c\u0153ur de Tunis. Si ces terrains pouvaient \u00eatre r\u00e9am\u00e9nag\u00e9s de mani\u00e8re \u00e0 restructurer le c\u0153ur d’une capitale d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment en manque d’espaces verts et o\u00f9 la congestion routi\u00e8re est permanente, les b\u00e9n\u00e9fices en termes d’environnement urbain seraient \u00e9normes. Toute la d\u00e9solante histoire de l\u2019a\u00e9roport d\u2019Enfida et de Tunis Air montre que, contrairement \u00e0 ce que disent de nombreux responsables politiques tunisiens aux pr\u00eateurs \u00e9trangers, la Tunisie n\u2019est pas \u00e0 court de liquidit\u00e9s. Le pays est plut\u00f4t \u00e0 court de dirigeants politiques ayant des id\u00e9es audacieuses et la volont\u00e9 de les faire adopter. Quant au transport maritime, un projet avait \u00e9t\u00e9 \u00e9labor\u00e9 il y a une d\u00e9cennie pour cr\u00e9er un nouveau port en eau profonde, sur la c\u00f4te et \u00e0 proximit\u00e9 de l\u2019a\u00e9roport. Les experts estiment n\u00e9anmoins qu’un cinqui\u00e8me seulement de cet argent pourrait financer la modernisation de tous les ports existants.<\/p>\n\n\n\n

Le troisi\u00e8me secteur qui n\u00e9cessite une politique r\u00e9nov\u00e9e est le tourisme. La triste r\u00e9alit\u00e9, c\u2019est que 8 millions de touristes en Tunisie rapportent annuellement au pays 1 milliard de dinars tunisiens, tandis que le voisin marocain gagne l\u2019\u00e9quivalent de 12 milliards de dinars pour quelques 12 millions de touristes. Am\u00e9liorer l\u2019image du pays pour attirer des touristes de meilleur standing est urgent. Mais le soleil et la plage \u00e0 prix co\u00fbtants restent les fondements du secteur touristique. La croissance du nombre de maisons d\u2019h\u00f4tes <\/em>sugg\u00e8re que les Tunisiens ont individuellement compris dans quelle direction il faut aller. Ils sont bien conscients du caract\u00e8re attrayant des riches sites arch\u00e9ologiques tunisiens h\u00e9rit\u00e9s des Romains et des Carthaginois, des mosqu\u00e9es et des vieilles forteresses, des oasis au milieu du d\u00e9sert et des s\u00e9jours gastronomiques avec huile d\u2019olive et produits locaux. Il est essentiel de construire une nouvelle image du pays qui int\u00e9grerait le secteur de la haute technologie, notamment les technologies de l’information et le tourisme m\u00e9dical. Au demeurant, ces deux domaines engagent tous deux un niveau moyen d’\u00e9ducation \u00e9lev\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Tant que les dirigeants tunisiens resteront convaincus qu’ils peuvent s’en tirer en faisant la qu\u00eate aupr\u00e8s des bailleurs internationaux et, en \u00e9change de fausses promesses, obtenir de l’argent, il y a peu de chances que des r\u00e9formes \u00e9conomiques s\u00e9rieuses soient men\u00e9es.<\/p><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

\u00c0 tout le moins, le gouvernement ne pourrait-il pas faire en sorte que les quelques 150 h\u00f4tels qui sont aujourd\u2019hui ferm\u00e9s soient vendus, meubl\u00e9s et rouverts ? Le poids de dettes pourries ou de cr\u00e9dits non-recouvrables dans certaines banques tunisiennes, comme la STB, notamment dans le secteur touristique, est important mais reste secret. La Banque mondiale avait propos\u00e9 un plan pour restructurer et vendre, avec une d\u00e9cote, ces cr\u00e9dits, mais les propri\u00e9taires d’h\u00f4tels, dont beaucoup avaient emprunt\u00e9 de l’argent dans le cadre d’op\u00e9rations sp\u00e9culatives plut\u00f4t que de d\u00e9veloppement h\u00f4telier, ont refus\u00e9. L\u2019absence de courage politique paralyse toute tentative pour moderniser ce secteur.<\/p>\n\n\n\n

Tant que les dirigeants tunisiens resteront convaincus qu’ils peuvent s’en tirer en faisant la qu\u00eate aupr\u00e8s des bailleurs internationaux et, en \u00e9change de fausses promesses, obtenir de l’argent, il y a peu de chances que des r\u00e9formes \u00e9conomiques s\u00e9rieuses soient men\u00e9es. Ceci dit, une Alg\u00e9rie qui moderniserait en profondeur son syst\u00e8me politique et \u00e9conomique serait tout b\u00e9n\u00e9fice pour la Tunisie, pour qui le march\u00e9 du voisin de l\u2019Est est important. La Tunisie souffre \u00e9conomiquement des troubles en Libye, mais l\u2019argument que le pays est la seule d\u00e9mocratie du monde arabe agace de plus en plus les pr\u00eateurs \u00e9trangers. Les sommes pr\u00eat\u00e9es \u00e0 la Tunisie sont faibles, en valeur absolue, ce qui explique que les d\u00e9biteurs peuvent oublier le pays la plupart du temps. Les partenaires \u00e9trangers n\u2019aident pas la Tunisie en ne d\u00e9non\u00e7ant jamais le bluff des politiciens tunisiens. T\u00f4t ou tard, l’\u00e9conomie se vengera de la politique. La classe politique serait d’autant plus impardonnable de continuer \u00e0 refuser les r\u00e9formes que la Tunisie n’a pas, contrairement \u00e0 ses voisins, une arm\u00e9e pr\u00e9datrice avec qui elle doit composer.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Le \u00ab  miracle tunisien  \u00bb, associ\u00e9 \u00e0 l’\u00e9panouissement d’une d\u00e9mocratie apr\u00e8s les printemps arabes, cache mal les grandes difficult\u00e9s \u00e9conomiques que traverse le pays, toujours tr\u00e8s d\u00e9pendant de ses pr\u00eateurs et sans r\u00e9elle perspective de r\u00e9formes. Pour Francis Ghil\u00e8s, la Tunisie devrait compter sur sa jeunesse et sur des secteurs pr\u00e9cis pour relancer son \u00e9conomie.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":42007,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1727],"tags":[],"geo":[543],"person":[],"acf":[],"yoast_head":"\nPas de printemps pour l'\u00e9conomie tunisienne | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/06\/27\/pas-de-printemps-pour-leconomie-tunisienne\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Pas de printemps pour l'\u00e9conomie tunisienne | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Le \u00ab miracle tunisien \u00bb, associ\u00e9 \u00e0 l'\u00e9panouissement d'une d\u00e9mocratie apr\u00e8s les printemps arabes, cache mal les grandes difficult\u00e9s \u00e9conomiques que traverse le pays, toujours tr\u00e8s d\u00e9pendant de ses pr\u00eateurs et sans r\u00e9elle perspective de r\u00e9formes. 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