{"id":40966,"date":"2019-06-18T14:34:38","date_gmt":"2019-06-18T12:34:38","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=40966"},"modified":"2019-06-18T14:35:42","modified_gmt":"2019-06-18T12:35:42","slug":"la-russie-retarde-les-negociations-sur-le-transit-du-gaz-en-ukraine","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/06\/18\/la-russie-retarde-les-negociations-sur-le-transit-du-gaz-en-ukraine\/","title":{"rendered":"La Russie retarde les n\u00e9gociations sur le transit du gaz en Ukraine"},"content":{"rendered":"\n
Moscou. <\/em>Jeudi 13 juin, le ministre russe de l’\u00c9nergie, Alexandre Novak, a rencontr\u00e9 le vice-pr\u00e9sident de la Commission europ\u00e9enne charg\u00e9 de l’\u00c9nergie, Maros Sefcovic, afin de d\u2019\u00e9voquer les n\u00e9gociations tripartites sur le futur transit ukrainien <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. \u00ab Nous sommes pr\u00eats \u00e0 prolonger le contrat aux conditions existantes \u00bb, a alors d\u00e9clar\u00e9 Alexandre Novak estimant par ailleurs que le moment le plus opportun pour poursuivre les discussions trilat\u00e9rales serait la deuxi\u00e8me moiti\u00e9 de Septembre <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le directeur ex\u00e9cutif de la compagnie de gaz ukrainienne Naftogaz, Yuriy Vitrenko, a aussit\u00f4t r\u00e9agi sur Facebook en accusant Moscou de retarder les pourparlers. Ces n\u00e9gociations \u00e9taient esp\u00e9r\u00e9es dans un premier temps en juin puisque les Russes semblaient attendre le r\u00e9sultat des \u00e9lection pr\u00e9sidentielles ukrainiennes. D\u00e9sormais, ils attendent celui des \u00e9lections l\u00e9gislatives convoqu\u00e9es de mani\u00e8re anticip\u00e9e le 21 juillet 2019 par le pr\u00e9sident ukrainien, Volodymyr Zelensky. Toutefois, pour des raisons constitutionnelles, ces \u00e9lections pourraient finalement se tenir \u00e0 la date initiale du 27 octobre 2019. Si tel est le cas et que les Russes attendent la formation du gouvernement qui en d\u00e9coulera, les v\u00e9ritables n\u00e9gociations pourraient ne d\u00e9buter qu\u2019en d\u00e9cembre comme le pr\u00e9voyait Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre \u00c9nergie de l’IFRI <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Le contrat de transit se finissant au 31 d\u00e9cembre, quel serait l\u2019int\u00e9r\u00eat des Russes d\u2019attendre le dernier moment pour discuter ? Premi\u00e8rement avoir toutes les cartes en mains. En effet il subsiste des incertitudes de taille dans ce dossier, notamment celles concernant l\u2019\u00e9tat d\u2019avancement du Nord Stream 2 \u00e0 la fin de l\u2019ann\u00e9e qui d\u00e9pend des sanctions am\u00e9ricaines, de la nouvelle directive gaz europ\u00e9enne et du permis danois. Le blocage danois, principale raison du retard de la construction, pourrait c\u00e9der en raison de la d\u00e9faite, le 6 juin dernier aux \u00e9lections l\u00e9gislatives, du premier ministre Lars Lokke Rasmussen ferme opposant au projet. C\u2019est en tout cas ce que pense Gerhard Schroeder pr\u00e9sident du conseil d\u2019administration de Nord Stream 2 <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Pourtant rien n\u2019est moins s\u00fbr puisque les sociaux-d\u00e9mocrates victorieux ont annonc\u00e9 vouloir mettre l\u2019environnement au centre de leur action ce qui ne devrait pas jouer en faveur du gazoduc. Le tron\u00e7on danois peut \u00eatre construit en un maximum de cinq semaines, quel que soit le trac\u00e9, d\u00e9clarait le 7 juin le pr\u00e9sident de Gazprom Alexey Miller au Forum \u00e9conomique international de Saint-P\u00e9tersbourg <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Si dans le cas danois un retournement de situation semble peu probable, cela n\u2019est toutefois pas impossible. En t\u00e9moigne le cas slovaque. En effet, Il y a deux mois, au c\u00f4t\u00e9 de son homologue ukrainien Volodymyr Groysman, le Premier ministre slovaque Peter Pellegrini s\u2019opposait fermement au Nord Stream 2. Il plaidait pour un maintien du transit est-ouest entre l\u2019Ukraine et la Slovaquie et affirmait que les entreprises slovaques s\u2019impliqueraient dans la restructuration du r\u00e9seau de transport gazier ukrainien <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Lors de sa rencontre avec Dmitry Medvedev le 5 juin \u00e0 Moscou, la position de Pellegrini semblait s\u2019\u00eatre grandement assouplie. La partie russe semble l\u2019avoir convaincu que Nord Stream 2 et Turkish Stream pourraient conf\u00e9rer \u00e0 la Slovaquie une place tout aussi essentielle qu\u2019aujourd\u2019hui au sein du r\u00e9seau europ\u00e9en, notamment en se branchant aux capacit\u00e9s de stockage slovaques <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>. De pareils arguments avaient d\u00e9j\u00e0 s\u00e9duit le pr\u00e9sident du voisin tch\u00e8que, Milo\u0161 Zeman, fin 2017 <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n S\u2019il y a un pays qui ne changera pas d\u2019avis, c\u2019est la Pologne. Son pr\u00e9sident, Andrzej Duda, s\u2019est rendu \u00e0 Washington le 12 juin o\u00f9 il a, \u00e0 nouveau, fait front commun avec son homologue am\u00e9ricain <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Outre la d\u00e9monstration de vol des F-35 que la Pologne a promis d\u2019acheter, la rencontre a \u00e9galement d\u00e9bouch\u00e9 sur la signature d\u2019un nouveau contrat de fourniture de GNL entre PGNiG et Venture Global LNG <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les deux dirigeants en ont \u00e9videmment profit\u00e9 pour rappeler leur opposition au Nord Stream 2 et Trump a annonc\u00e9 vouloir transf\u00e9rer mille militaires am\u00e9ricains en Pologne depuis l\u2019Allemagne. Une forme de punition pour cette derni\u00e8re qui ne r\u00e9pond pas aux exigences am\u00e9ricaines que ce soit en mati\u00e8re de strat\u00e9gie \u00e9nerg\u00e9tique ou de budget de D\u00e9fense.<\/p>\n\n\n\n Pour en revenir \u00e0 notre question initiale, quel objectif les Russes cherchent-ils \u00e0 atteindre en retardant la tenue des n\u00e9gociations tripartites ? Difficile de r\u00e9pondre \u00e0 cette question tant les facteurs de l\u2019\u00e9quation sont multiples. En attendant le dernier instant pour n\u00e9gocier, les Russes esp\u00e8rent-ils qu\u2019Europ\u00e9ens et Ukrainiens se plient \u00e0 leurs exigences en exacerbant les inqui\u00e9tudes ? En effet, la Commission pourrait craindre une baisse de la comp\u00e9titivit\u00e9 de l\u2019\u00e9conomie europ\u00e9enne du fait de l\u2019augmentation des prix du gaz si le retard du Nord Stream 2 se conjuguait \u00e0 l\u2019absence de transit ukrainien. Face \u00e0 une augmentation des prix du gaz, les Europ\u00e9ens auraient sans doute plus \u00e0 perdre que les Russes car certes Gazprom perdrait des parts de march\u00e9 \u00e0 la faveur du GNL mais des prix plus \u00e9lev\u00e9s agiraient en compensation des volumes perdus. Quant \u00e0 l\u2019Ukraine, son nouveau pr\u00e9sident pourrait reculer devant la perspective de commencer son mandat dans une situation de r\u00e9cession qu\u2019engendrerait l\u2019absence de transit. Si Alexandre Novak esp\u00e8re que \u00ab les nouvelles autorit\u00e9s ukrainiennes pourront faire preuve d’une approche pragmatique quant \u00e0 la poursuite du transit via leur territoire apr\u00e8s 2019 \u00bb selon les m\u00eames conditions qu\u2019aujourd\u2019hui, Zelensky pourrait toutefois \u00eatre enclin \u00e0 \u00e9couter les positions les plus fermes comme celle de Yuriy Vitrenko qui estime que le contrat actuel n’est pas dans l’int\u00e9r\u00eat de Kiev et qui a pr\u00e9venu que l’Union devait se pr\u00e9parer \u00e0 se retrouver sans nouvel accord de transit l’an prochain. Autre frein \u00e0 la conclusion d\u2019un accord, la non-reconnaissance par Gazprom de la d\u00e9cision de mars 2018 de la Cour de Stockholm qui condamne l\u2019entreprise pour ne pas avoir livr\u00e9 les volumes de gaz pr\u00e9vus \u00e0 Naftogaz en 2009. Avant tout accord, Gazprom exige un r\u00e8glement \u00e0 l\u2019amiable du diff\u00e9rend juridique <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Les Russes semblent retarder les n\u00e9gociations tripartites sur le transit ukrainien et ce pour pouvoir jouer en ayant toutes les cartes en main. Si la Slovaquie change d\u2019attitude vis-\u00e0-vis du Nord Stream 2, cela semble peu probable pour le Danemark. La Pologne de son c\u00f4t\u00e9 r\u00e9affirme son alignement avec Washington.<\/p>\n","protected":false},"author":175,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-briefings.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1730],"tags":[],"geo":[550,536],"class_list":["post-40966","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-energie-et-environnement","staff-sami-ramdani","geo-russie","geo-centres"],"acf":[],"yoast_head":"\n
\r\n <\/picture>\r\n \n <\/a>\n<\/figure>\n\n\nPerspectives :<\/h4>\n\n\n\n