{"id":4082,"date":"2018-06-03T22:00:55","date_gmt":"2018-06-03T20:00:55","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=4082"},"modified":"2019-05-26T19:08:43","modified_gmt":"2019-05-26T17:08:43","slug":"lautoritarisme-du-president-menace-la-paix-et-la-situation-humanitaire-du-burundi","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2018\/06\/03\/lautoritarisme-du-president-menace-la-paix-et-la-situation-humanitaire-du-burundi\/","title":{"rendered":"L\u2019autoritarisme du pr\u00e9sident menace la paix et la situation humanitaire du Burundi"},"content":{"rendered":"\n

Bujumbura. <\/em>Ce sont 96 % des inscrits qui se sont d\u00e9plac\u00e9s le 17 Mai pour voter la r\u00e9forme constitutionnelle du Burundi. Les militants du CNDD FDD, le parti du pr\u00e9sident Hutu Pierre Nkurunziza, et les membres de l\u2019Imbonerakure, le mouvement des jeunes affili\u00e9s \u00e0 ce m\u00eame parti, ont fait du porte \u00e0 porte toute la journ\u00e9e pour s’assurer que chacun aille aux urnes (4<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

La r\u00e9forme, valid\u00e9e avec 73 % de \u201coui\u201d, est d’abord un renforcement de l’assise et des pouvoirs du pr\u00e9sident. D\u00e9sormais \u201cGuide Supr\u00eame \u00c9ternel\u201d, Pierre Nkurunziza est libre de briguer deux mandats suppl\u00e9mentaires, dont la dur\u00e9e a par ailleurs \u00e9t\u00e9 port\u00e9e de 5 \u00e0 7 ans. Mais cette loi ne lui permet pas seulement de rester en poste : elle lui transf\u00e8re certains pouvoirs du gouvernement et supprime l\u2019un des deux vice-pr\u00e9sidents. Enfin, elle r\u00e9duit la majorit\u00e9 n\u00e9cessaire pour adopter des lois de deux tiers \u00e0 la majorit\u00e9 absolue, et pose les bases pour supprimer le syst\u00e8me de quotas qui garantit le partage du pouvoir entre les ethnies Hutu et Tutsi. Actuellement, les deux ethnies disposent respectivement de 60 et 40 % des si\u00e8ges du Parlement, et de la moiti\u00e9 chacune des si\u00e8ges du S\u00e9nat. L\u2019\u00e9quilibre ethnique dans les postes administratifs et de gouvernement, ainsi que la limite de deux mandats impos\u00e9e au pr\u00e9sident, font partie des dispositions prises dans les accords d\u2019Arusha (3<\/strong>). Ces accords, sign\u00e9s en 2000 gr\u00e2ce \u00e0 la m\u00e9diation de la Tanzanie, ont jou\u00e9 un r\u00f4le d\u00e9terminant dans le processus qui a mis fin \u00e0 la guerre civile (1993 – 2006), et sont largement consid\u00e9r\u00e9s comme garants de la paix au Burundi (1<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Si le scrutin du 17 Mai s\u2019est d\u00e9roul\u00e9 dans un calme relatif, c\u2019est surtout le r\u00e9sultat de l\u2019intimidation de la population et du musellement des m\u00e9dias. La plupart des repr\u00e9sentants de l\u2019opposition et des journalistes ont en effet fui le pays et le gouvernement a suspendu d\u00e9but mai la diffusion de la BBC et d\u2019autres cha\u00eenes, les accusant de discr\u00e9diter le pr\u00e9sident. Par son attitude, le pays s\u2019isole de plus en plus de la communaut\u00e9 internationale. Ainsi, en Mars 2016, l\u2019Union Europ\u00e9enne a suspendu son aide financi\u00e8re, qui s\u2019\u00e9levait \u00e0 62 millions d’euros en 2014 (8<\/strong>). En Octobre 2017, la Cours P\u00e9nale Internationale a ouvert une enqu\u00eate pour crime contre l’humanit\u00e9, mais le Burundi a r\u00e9agi en claquant la porte de La Haye, devenant le premier pays au monde \u00e0 quitter l\u2019organisation (7<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Sur le plan r\u00e9gional cependant, l\u2019autoritarisme du Burundi est loin d’\u00eatre un cas isol\u00e9. Au Rwanda, Paul Kagame a \u00e9t\u00e9 r\u00e9\u00e9lu pr\u00e9sident l\u2019an dernier, apr\u00e8s avoir modifi\u00e9 la constitution qui lui interdisait de se repr\u00e9senter. L’Ouganda et la Tanzanie ont pris des virages similaires, et le Congo pourrait bien suivre : Joseph Kabila, dont le mandat est th\u00e9oriquement arriv\u00e9 \u00e0 son terme le 20 d\u00e9cembre 2016, n\u2019a eu de cesse de repousser l\u2019\u00e9lection de son successeur. Dans ce contexte, rien de surprenant \u00e0 ce que l’Ouganda et la Tanzanie, membres de la Communaut\u00e9 Est Africaine (EAC) au m\u00eame titre que le Burundi, aient condamn\u00e9 les sanctions Europ\u00e9ennes sur celui-ci (5<\/strong>). Sans relais locaux, l\u2019Union peine \u00e0 jouer un r\u00f4le politique et \u00e0 d\u00e9fendre les accords d’Arusha. Le manque d\u2019alignement au sein de l’Union Africaine, notamment, et la faiblesse de ses relations avec l’Union, est un frein majeur \u00e0 la coop\u00e9ration dans cette zone. En l’absence de meilleures solutions, l’Union doit se contenter de soutenir la population via les ONG. Le Burundi, 184\u00e8me pays en terme d’IDH, a vu son PIB par habitant chuter depuis le d\u00e9but de la crise en 2015. Les trois cinqui\u00e8mes des Burundais souffriraient de malnutrition (3<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Perspectives :<\/strong><\/h4>\n\n\n\n