{"id":309897,"date":"2025-12-25T06:00:00","date_gmt":"2025-12-25T05:00:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=309897"},"modified":"2025-12-24T17:41:18","modified_gmt":"2025-12-24T16:41:18","slug":"paul-valery-crise-de-lesprit","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/12\/25\/paul-valery-crise-de-lesprit\/","title":{"rendered":"Paul Val\u00e9ry : notre optimisme et l’avenir de l’Europe"},"content":{"rendered":"\n

Publi\u00e9 dans le num\u00e9ro de la NRF<\/em> du 1er ao\u00fbt 1919, le Discours sur la crise de l\u2019esprit<\/em> de Paul Val\u00e9ry a suscit\u00e9 une tradition critique dense. <\/p>\n\n\n\n

Comment lire ce texte qui oscille entre proph\u00e9tie, diagnostic civilisationnel et exercice de lucidit\u00e9 m\u00e9thodique ?<\/p>\n\n\n\n

\u00c9crit entre deux guerres, c’est-\u00e0-dire apr\u00e8s l\u2019immense boucherie de la Premi\u00e8re Guerre mondiale, on y retrouve la cristallisation des interrogations de l\u2019\u00e9crivain fran\u00e7ais. <\/p>\n\n\n\n

On y trouve aussi, la marque d\u2019un optimisme paradoxal.<\/p>\n\n\n\n

Le danger est la condition de la lucidit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Ce texte, qui cristallise comme aucun autre le d\u00e9senchantement europ\u00e9en, nous sugg\u00e8re aujourd’hui de partir des limites de la rationalit\u00e9 pour comprendre la vocation messianique qu’on attribue \u00e0 l’intelligence artificielle, et de consid\u00e9rer que les d\u00e9rives de la science et de la puissance, lorsqu’elles se d\u00e9tachent de toute responsabilit\u00e9 morale, sont les berges d’un fleuve que nous pouvons encore ma\u00eetriser.<\/p>\n\n\n\n

LA CRISE DE L\u2019ESPRIT<\/h2>\n\n\n\n

L\u2019Athenaeum, tr\u00e8s antique et c\u00e9l\u00e8bre revue londonienne, actuellement dirig\u00e9e par un des hommes les plus distingu\u00e9s et les plus p\u00e9n\u00e9trants de l\u2019Angleterre, M. John Middleton Murry, a publi\u00e9 dans ses num\u00e9ros des 11 Avril et 2 Mai 1919 deux lettres de M. Paul Val\u00e9ry. Bien que ces lettres aient \u00e9t\u00e9 \u00e9crites sp\u00e9cialement en vue de leur traduction en anglais, et pour le public d\u2019Outre-Manche, nous pensons int\u00e9resser nos lecteurs en leur en offrant le texte fran\u00e7ais in\u00e9dit.<\/em><\/p>\n\n\n\n

PREMI\u00c8RE LETTRE<\/h3>\n\n\n\n

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.<\/p>\n\n\n\n

Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d\u2019empires coul\u00e9s \u00e0 pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des si\u00e8cles avec leurs dieux et leurs lois, leurs acad\u00e9mies et leurs sciences pures et appliqu\u00e9es ; avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions \u00e0 travers l\u2019\u00e9paisseur de l\u2019histoire, les fant\u00f4mes d\u2019immenses navires qui furent charg\u00e9s de richesse et d\u2019esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, apr\u00e8s tout, n\u2019\u00e9taient pas notre affaire.<\/p>\n\n\n\n

\u00c9lam, Ninive, Babylone<\/em> \u00e9taient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence m\u00eame. Mais France, Angleterre, Russie<\/em>… ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania<\/em> aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l\u2019ab\u00eeme de l\u2019histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu\u2019une civilisation a la m\u00eame fragilit\u00e9 qu\u2019une vie. Les circonstances qui enverraient les \u0153uvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les \u0153uvres de M\u00e9nandre ne sont plus du tout inconcevables : elles sont dans les journaux.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Ce n\u2019est pas tout. La br\u00fblante le\u00e7on est plus compl\u00e8te encore. Il n\u2019a pas suffi \u00e0 notre g\u00e9n\u00e9ration d\u2019apprendre par sa propre exp\u00e9rience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonn\u00e9es sont p\u00e9rissables par accident ;<\/em> elle a vu, dans l\u2019ordre de la pens\u00e9e, du sens commun, et du sentiment, se produire des ph\u00e9nom\u00e8nes extraordinaires, des r\u00e9alisations brusques de paradoxes, des d\u00e9ceptions brutales de l\u2019\u00e9vidence.<\/p>\n\n\n\n

Je n\u2019en citerai qu\u2019un exemple : les grandes vertus des peuples allemands ont engendr\u00e9 plus de maux que l\u2019oisivet\u00e9 jamais n\u2019a cr\u00e9\u00e9 de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l\u2019instruction la plus solide, la discipline et l\u2019application les plus s\u00e9rieuses, adapt\u00e9s \u00e0 d\u2019\u00e9pouvantables desseins.<\/p>\n\n\n\n

Tant d\u2019horreurs n\u2019auraient pas \u00e9t\u00e9 possibles sans tant de vertus. Il a fallu, sans doute, beaucoup de science pour tuer tant d\u2019hommes, dissiper tant de biens, an\u00e9antir tant de villes en si peu de temps ; mais il a fallu non moins de qualit\u00e9s morales<\/em>. Savoir et Devoir, vous \u00eates donc suspects ?<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Ainsi la Pers\u00e9polis spirituelle n\u2019est pas moins ravag\u00e9e que la Suse mat\u00e9rielle. Tout ne s\u2019est pas perdu, mais tout s\u2019est senti p\u00e9rir.<\/p>\n\n\n\n

Un frisson extraordinaire a couru la moelle de l\u2019Europe. Elle a senti, par tous ses noyaux pensants, qu\u2019elle ne se reconnaissait plus, qu\u2019elle cessait de se ressembler, qu\u2019elle allait perdre conscience \u2014 une conscience acquise par des si\u00e8cles de malheurs supportables, par des milliers d\u2019hommes du premier ordre, par des chances g\u00e9ographiques, ethniques, historiques innombrables.<\/p>\n\n\n\n

Alors, \u2014 comme pour une d\u00e9fense d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9e de son \u00eatre et de son avoir physiologiques, toute sa m\u00e9moire lui est revenue confus\u00e9ment. Ses grands hommes et ses grands livres lui sont remont\u00e9s p\u00eale-m\u00eale. Jamais on n\u2019a tant lu, ni si passionn\u00e9ment que pendant la guerre : demandez aux libraires. Jamais on n\u2019a tant pri\u00e9, ni si profond\u00e9ment : demandez aux pr\u00eatres. On a \u00e9voqu\u00e9 tous les sauveurs, les fondateurs, les protecteurs, les martyrs, les h\u00e9ros, les p\u00e8res des patries, les saintes h\u00e9ro\u00efnes, les po\u00e8tes nationaux…<\/p>\n\n\n\n

Et dans le m\u00eame d\u00e9sordre mental, \u00e0 l\u2019appel de la m\u00eame angoisse, l\u2019Europe cultiv\u00e9e a subi la reviviscence rapide de ses innombrables pens\u00e9es : dogmes, philosophies, id\u00e9aux h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes ; les trois cents mani\u00e8res d\u2019expliquer le Monde, les mille et une nuances du christianisme, les deux douzaines de positivismes : tout le spectre de la lumi\u00e8re intellectuelle a \u00e9tal\u00e9 ses couleurs incompatibles, \u00e9clairant d\u2019une \u00e9trange lueur contradictoire l\u2019agonie de l\u2019\u00e2me europ\u00e9enne. Tandis que les inventeurs cherchaient fi\u00e9vreusement dans leurs images, dans les annales des guerres d\u2019autrefois, les moyens de se d\u00e9faire des fils de fer barbel\u00e9s, de d\u00e9jouer les sous-marins ou de paralyser les vols des avions, l\u2019\u00e2me invoquait \u00e0 la fois toutes les puissances transcendantes, pronon\u00e7ait toutes les incantations qu\u2019elle savait, consid\u00e9rait s\u00e9rieusement les plus bizarres proph\u00e9ties ; elle se cherchait des refuges, des indices, des consolations dans le registre entier des souvenirs, des actes ant\u00e9rieurs, des attitudes ancestrales. Et ce sont l\u00e0 les produits connus de l\u2019anxi\u00e9t\u00e9, les entreprises d\u00e9sordonn\u00e9es du cerveau qui court du r\u00e9el au cauchemar et retourne du cauchemar au r\u00e9el, affol\u00e9 comme le rat tomb\u00e9 dans la trappe\u2026<\/p>\n\n\n\n

La crise militaire est peut-\u00eatre finie. La crise \u00e9conomique est visible dans toute sa force ; mais la crise intellectuelle, plus subtile, et qui, par sa nature m\u00eame, prend les apparences les plus trompeuses (puisqu\u2019elle se passe dans le royaume m\u00eame de la dissimulation), cette crise laisse difficilement saisir son v\u00e9ritable point, sa phase.<\/p>\n\n\n\n

Personne ne peut dire ce qui demain sera mort ou vivant en litt\u00e9rature, en philosophie, en esth\u00e9tique. Nul ne sait encore quelles id\u00e9es et quels modes d\u2019expression seront inscrits sur la liste des pertes, quelles nouveaut\u00e9s seront proclam\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019espoir, certes, demeure et chante \u00e0 demi-voix :<\/p>\n\n\n\n

Et cum vorandi vicerit libidinem<\/em><\/p>\n\n\n\n

Late triumphet imperator spiritus<\/em><\/p>\n\n\n\n

Mais l\u2019espoir n\u2019est que la m\u00e9fiance de l\u2019\u00eatre \u00e0 l\u2019\u00e9gard des pr\u00e9visions pr\u00e9cises de son esprit. Il sugg\u00e8re que toute conclusion d\u00e9favorable \u00e0 l\u2019\u00eatre doit \u00eatre<\/em> une erreur de son esprit. Les faits, pourtant, sont clairs et impitoyables. Il y a des milliers de jeunes \u00e9crivains et de jeunes artistes qui sont morts. Il y a l\u2019illusion perdue d\u2019une culture europ\u00e9enne et la d\u00e9monstration de l\u2019impuissance de la connaissance \u00e0 sauver quoi que ce soit ; il y a la science, atteinte mortellement dans ses ambitions morales, et comme d\u00e9shonor\u00e9e par la cruaut\u00e9 de ses applications ; il y a l\u2019id\u00e9alisme, difficilement vainqueur, profond\u00e9ment meurtri, responsable de ses r\u00eaves ; le r\u00e9alisme d\u00e9\u00e7u, battu, accabl\u00e9 de crimes et de fautes ; la convoitise et le renoncement \u00e9galement bafou\u00e9s ; les croyances confondues dans les camps, croix contre croix, croissant contre croissant ; il y a les sceptiques eux-m\u00eames d\u00e9sar\u00e7onn\u00e9s par des \u00e9v\u00e9nements si soudains, si violents, si \u00e9mouvants, et qui jouent avec nos pens\u00e9es comme le chat avec la souris, \u2014 les sceptiques perdent leurs doutes, les retrouvent, les reperdent, et ne savent plus se servir des mouvements de leur esprit.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019oscillation du navire a \u00e9t\u00e9 si forte que les lampes les mieux suspendues se sont \u00e0 la fin renvers\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Ce qui donne \u00e0 la crise de l\u2019esprit sa profondeur et sa gravit\u00e9, c\u2019est l\u2019\u00e9tat dans lequel elle a trouv\u00e9 le patient.<\/p>\n\n\n\n

Je n\u2019ai ni le temps ni la puissance de d\u00e9finir l\u2019\u00e9tat intellectuel de l\u2019Europe en 1914. Et qui oserait tracer un tableau de cet \u00e9tat ? Le sujet est immense ; il demande des connaissances de tous les ordres, une information infinie. Lorsqu\u2019il s\u2019agit, d\u2019ailleurs, d\u2019un ensemble aussi complexe, la difficult\u00e9 de reconstituer le pass\u00e9, m\u00eame le plus r\u00e9cent, est toute comparable \u00e0 la difficult\u00e9 de construire l\u2019avenir, m\u00eame le plus proche ; ou plut\u00f4t, c\u2019est la m\u00eame difficult\u00e9. Le proph\u00e8te est dans le m\u00eame sac que l\u2019historien. Laissons-les-y.<\/p>\n\n\n\n

Mais je n\u2019ai besoin maintenant que du souvenir vague et g\u00e9n\u00e9ral de ce qui se pensait \u00e0 la veille de la guerre, des recherches qui se poursuivaient, des \u0153uvres qui se publiaient.<\/p>\n\n\n\n

Si donc je fais abstraction de tout d\u00e9tail, et si je me borne \u00e0 l\u2019impression rapide, et \u00e0 ce total naturel<\/em> que donne une perception instantan\u00e9e, je ne vois \u2014 rien<\/em> ! \u2014 Rien, quoique ce f\u00fbt un rien infiniment riche.<\/p>\n\n\n\n

Les physiciens nous enseignent que dans un four port\u00e9 \u00e0 l\u2019incandescence, si notre \u0153il pouvait subsister, il ne verrait \u2014 rien. Aucune in\u00e9galit\u00e9 lumineuse ne demeure et ne distingue les points de l\u2019espace. Cette formidable \u00e9nergie enferm\u00e9e aboutit \u00e0 l\u2019invisibilit\u00e9, \u00e0 l\u2019\u00e9galit\u00e9 insensible. Or, une \u00e9galit\u00e9 de cette esp\u00e8ce n\u2019est autre chose que le d\u00e9sordre<\/em> \u00e0 l\u2019\u00e9tat parfait.<\/p>\n\n\n\n

Et de quoi \u00e9tait fait ce d\u00e9sordre de notre Europe mentale ? \u2014 De la libre coexistence dans tous les esprits cultiv\u00e9s des id\u00e9es les plus dissemblables, des principes de vie et de connaissance les plus oppos\u00e9s. C\u2019est l\u00e0 ce qui caract\u00e9rise une \u00e9poque moderne<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

Je ne d\u00e9teste pas de g\u00e9n\u00e9raliser la notion de moderne, et de donner ce nom \u00e0 certain mode d\u2019existence, au lieu d\u2019en faire un pur synonyme de contemporain<\/em>. Il y a dans l\u2019histoire des moments et des lieux o\u00f9 nous pourrions nous introduire, nous modernes<\/em>, sans troubler excessivement l\u2019harmonie de ces temps-l\u00e0, et sans y para\u00eetre des objets infiniment curieux, infiniment visibles, des \u00eatres choquants, dissonants, inassimilables. O\u00f9 notre entr\u00e9e ferait le moins de sensation, l\u00e0 nous sommes presque chez nous. Il est clair que la Rome de Trajan, et que l\u2019Alexandrie des Ptol\u00e9m\u00e9es nous absorberaient plus facilement que bien des localit\u00e9s moins recul\u00e9es dans le temps, mais plus sp\u00e9cialis\u00e9es dans un seul type de m\u0153urs et enti\u00e8rement consacr\u00e9es \u00e0 une seule race, \u00e0 une seule culture et \u00e0 un seul syst\u00e8me de vie.<\/p>\n\n\n\n

Eh bien ! l\u2019Europe de 1914 \u00e9tait peut-\u00eatre arriv\u00e9e \u00e0 la limite de ce modernisme. Chaque cerveau d\u2019un certain rang \u00e9tait un carrefour pour toutes les races de l\u2019opinion ; tout penseur, une exposition universelle de pens\u00e9es. Il y avait des \u0153uvres de l\u2019esprit dont la richesse en contrastes et en impulsions contradictoires faisait penser aux effets d\u2019\u00e9clairage insens\u00e9 des capitales de ce temps-l\u00e0 : les yeux br\u00fblent et s\u2019ennuient… Combien de mat\u00e9riaux, combien de travaux, de calculs, de si\u00e8cles spoli\u00e9s, combien de vies h\u00e9t\u00e9rog\u00e8nes additionn\u00e9es a-t-il fallu pour que ce carnaval f\u00fbt possible et f\u00fbt intronis\u00e9 comme forme de la supr\u00eame sagesse et triomphe de l\u2019humanit\u00e9 ?<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Dans tel livre de cette \u00e9poque \u2014 et non des plus m\u00e9diocres \u2014 on trouve, sans aucun effort : \u2014 une influence des ballets russes, \u2014 un peu du style sombre de Pascal, \u2014 beaucoup d\u2019impressions du type Goncourt, quelque chose de Nietzsche, \u2014 quelque chose de Rimbaud, \u2014 certains effets dus \u00e0 la fr\u00e9quentation des peintres, et parfois le ton des publications scientifiques, \u2014 le tout parfum\u00e9 d\u2019un je ne sais quoi de britannique difficile \u00e0 doser !… Observons, en passant, que dans chacun des composants de cette mixture, on trouverait bien d\u2019autres corps<\/em>. Inutile de les rechercher : ce serait r\u00e9p\u00e9ter ce que je viens de dire sur le modernisme, et faire toute l\u2019histoire mentale de l\u2019Europe.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Maintenant, sur une immense terrasse d\u2019Elsinore, qui va de B\u00e2le \u00e0 Cologne, qui touche aux sables de Nieuport, aux marais de la Somme, aux craies de Champagne, aux granits d\u2019Alsace, \u2014 l\u2019Hamlet europ\u00e9en regarde des millions de spectres.<\/p>\n\n\n\n

Mais il est un Hamlet intellectuel. Il m\u00e9dite sur la vie et la mort des v\u00e9rit\u00e9s. Il a pour fant\u00f4mes tous les objets de nos controverses ; il a pour remords tous les titres de notre gloire ; il est accabl\u00e9 sous le poids des d\u00e9couvertes, des connaissances, incapable de se reprendre \u00e0 cette activit\u00e9 illimit\u00e9e. Il songe \u00e0 l\u2019ennui de recommencer le pass\u00e9, \u00e0 la folie de vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux ab\u00eemes, car deux dangers ne cessent de menacer le monde : l\u2019ordre et le d\u00e9sordre.<\/p>\n\n\n\n

S\u2019il saisit un cr\u00e2ne, c\u2019est un cr\u00e2ne illustre. \u2014 Whose was it ?<\/em> \u2014 Celui-ci fut Lionardo<\/em>. Il inventa l\u2019homme volant, mais l\u2019homme volant n\u2019a pas pr\u00e9cis\u00e9ment servi les intentions de l\u2019inventeur : nous savons que l\u2019homme volant mont\u00e9 sur son grand cygne (il grande uccello sopra del dosso del suo magnio cecero<\/em>) a, de nos jours, d\u2019autres emplois que d\u2019aller prendre de la neige \u00e0 la cime des monts pour la jeter, pendant les jours de chaleur, sur le pav\u00e9 des villes\u2026 Et cet autre cr\u00e2ne est celui de Leibniz<\/em> qui r\u00eava de la paix universelle. Et celui-ci fut Kant, Kant qui genuit Hegel, qui genuit Marx, qui genuit\u2026<\/em><\/p>\n\n\n\n

Hamlet ne sait trop que faire de tous ces cr\u00e2nes. Mais s\u2019il les abandonne !\u2026 Va-t-il cesser d\u2019\u00eatre lui-m\u00eame ? Son esprit affreusement clairvoyant contemple le passage de la guerre \u00e0 la paix. Ce passage est plus obscur, plus dangereux que le passage de la paix \u00e0 la guerre ; tous les peuples en sont troubl\u00e9s. \u00ab Et Moi, se dit-il, moi, l\u2019intellect europ\u00e9en, que vais-je devenir ?\u2026 Et qu\u2019est-ce que la paix ? La paix est peut-\u00eatre, l\u2019\u00e9tat de choses dans lequel l\u2019hostilit\u00e9 naturelle des hommes entre eux se manifeste par des cr\u00e9ations, au lieu de se traduire par des destructions comme fait la guerre.<\/em> C\u2019est le temps d\u2019une concurrence cr\u00e9atrice, et de la lutte des productions. Mais Moi, ne suis-je pas fatigu\u00e9 de produire ? N\u2019ai-je pas \u00e9puis\u00e9 le d\u00e9sir des tentatives extr\u00eames et n\u2019ai-je pas abus\u00e9 des savants m\u00e9langes ? Faut-il laisser de c\u00f4t\u00e9 mes devoirs difficiles et mes ambitions transcendantes ? Dois-je suivre le mouvement et faire comme Polonius, qui dirige maintenant un grand journal ? comme Laertes qui est quelque part dans l\u2019aviation ? comme Rosenkrantz, qui fait je ne sais quoi sous un nom russe ?<\/p>\n\n\n\n

Adieu, fant\u00f4mes ! Le monde n\u2019a plus besoin de vous. Ni de moi. Le monde qui baptise du nom de progr\u00e8s sa tendance \u00e0 une pr\u00e9cision fatale, cherche \u00e0 unir aux bienfaits de la vie les avantages de la mort. Une certaine confusion r\u00e8gne encore, mais encore un peu de temps et tout s\u2019\u00e9claircira ; nous verrons enfin appara\u00eetre le miracle d\u2019une soci\u00e9t\u00e9 animale, une parfaite et d\u00e9finitive fourmili\u00e8re. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

DEUXI\u00c8ME LETTRE<\/h3>\n\n\n\n

Je vous disais, l\u2019autre jour, que la paix est cette guerre qui admet des actes d\u2019amour et de cr\u00e9ation dans son processus : elle est donc chose plus complexe et plus obscure que la guerre proprement dite, comme la vie est plus obscure et plus profonde que la mort.<\/p>\n\n\n\n

Mais le commencement et la mise en train de la paix sont plus obscurs que la paix m\u00eame, comme la f\u00e9condation et l\u2019origine de la vie sont plus myst\u00e9rieuses que le fonctionnement de l\u2019\u00eatre une fois fait et adapt\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Tout le monde aujourd\u2019hui a la perception de ce myst\u00e8re comme d\u2019une sensation actuelle ; quelques hommes, sans doute, doivent percevoir leur propre moi comme positivement partie de ce myst\u00e8re ; et il y a peut-\u00eatre quelqu\u2019un dont la sensibilit\u00e9 est assez claire, assez fine et assez riche pour lire en elle-m\u00eame des \u00e9tats plus avanc\u00e9s de notre destin que ce destin ne l\u2019est lui-m\u00eame.<\/p>\n\n\n\n

Je n\u2019ai pas cette ambition. Les choses du monde ne m\u2019int\u00e9ressent que sous le rapport de l\u2019intellect ; tout par rapport \u00e0 l\u2019intellect. Bacon dirait que cet intellect est une Idole<\/em>. J\u2019y consens, mais je n\u2019en ai pas trouv\u00e9 de meilleure.<\/p>\n\n\n\n

Je pense donc \u00e0 l\u2019\u00e9tablissement de la paix en tant qu\u2019il int\u00e9resse l\u2019intellect et les choses de l\u2019intellect. Ce point de vue est faux, puisqu\u2019il s\u00e9pare l\u2019esprit de tout le reste des activit\u00e9s ; mais cette op\u00e9ration abstraite et cette falsification sont in\u00e9vitables : tout point de vue est faux.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Une premi\u00e8re pens\u00e9e appara\u00eet. L\u2019id\u00e9e de culture, d\u2019intelligence, d\u2019\u0153uvres magistrales est pour nous dans une relation tr\u00e8s ancienne, \u2014 tellement ancienne que nous remontons rarement jusqu\u2019\u00e0 elle, \u2014 avec l\u2019id\u00e9e d\u2019Europe.<\/p>\n\n\n\n

Les autres parties du monde ont eu des civilisations admirables, des po\u00e8tes du premier ordre, des constructeurs et m\u00eame des savants. Mais aucune partie du monde n\u2019a poss\u00e9d\u00e9 cette singuli\u00e8re propri\u00e9t\u00e9 physique<\/em> : le plus intense pouvoir \u00e9missif<\/em> uni au plus intense pouvoir absorbant<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

Tout est venu \u00e0 l\u2019Europe et tout en est venu. Ou presque tout.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Or, l\u2019heure actuelle comporte cette question capitale : l\u2019Europe va-t-elle garder sa pr\u00e9\u00e9minence dans tous les genres ?<\/p>\n\n\n\n

L\u2019Europe deviendra-t-elle ce qu\u2019elle est en r\u00e9alit\u00e9<\/em>, c\u2019est-\u00e0-dire : un petit cap du continent asiatique ?<\/p>\n\n\n\n

Ou bien l\u2019Europe restera-t-elle ce qu\u2019elle para\u00eet<\/em>, c\u2019est-\u00e0-dire : la partie pr\u00e9cieuse de l\u2019univers terrestre, la perle de la sph\u00e8re, le cerveau d\u2019un vaste corps ?<\/p>\n\n\n\n

Qu\u2019on me permette, pour faire saisir toute la rigueur de cette alternative, de d\u00e9velopper ici une sorte de th\u00e9or\u00e8me fondamental.<\/p>\n\n\n\n

Consid\u00e9rez un planisph\u00e8re. Sur ce planisph\u00e8re, l\u2019ensemble des terres habitables. Cet ensemble se divise en r\u00e9gions, et dans chacune de ces r\u00e9gions, une certaine densit\u00e9 de peuple, une certaine qualit\u00e9 des hommes. \u00c0 chacune de ces r\u00e9gions correspond aussi une richesse naturelle, \u2014 un sol plus ou moins f\u00e9cond, un sous-sol plus ou moins pr\u00e9cieux, un territoire plus ou moins irrigu\u00e9, plus ou moins facile \u00e0 \u00e9quiper pour les transports, etc.<\/p>\n\n\n\n

Toutes ces caract\u00e9ristiques permettent de classer \u00e0 toute \u00e9poque les r\u00e9gions dont nous parlons, de telle sorte qu\u2019\u00e0 toute \u00e9poque, l\u2019\u00e9tat de la terre vivante peut \u00eatre d\u00e9fini par un syst\u00e8me d\u2019in\u00e9galit\u00e9s entre les r\u00e9gions habit\u00e9es de sa surface<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 chaque instant, l\u2019histoire<\/em> de l\u2019instant suivant d\u00e9pend de cette in\u00e9galit\u00e9 donn\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

Examinons maintenant non pas cette classification th\u00e9orique, mais la classification qui existait hier encore dans la r\u00e9alit\u00e9. Nous apercevons un fait bien remarquable et qui nous est extr\u00eamement familier :<\/p>\n\n\n\n

La petite r\u00e9gion europ\u00e9enne figure en t\u00eate de la classification, depuis des si\u00e8cles. Malgr\u00e9 sa faible \u00e9tendue, \u2014 et quoique la richesse du sol n\u2019y soit pas extraordinaire, \u2014 elle domine le tableau. Par quel miracle ? \u2014 Certainement le miracle doit r\u00e9sider dans la qualit\u00e9 de sa population. Cette qualit\u00e9 doit compenser le nombre moindre des hommes, le nombre moindre des milles carr\u00e9s, le nombre moindre des tonnes de minerai, qui sont assign\u00e9s \u00e0 l\u2019Europe. Mettez dans l\u2019un des plateaux d\u2019une balance, l\u2019empire des Indes ; dans l\u2019autre, le Royaume-Uni. Regardez : le plateau charg\u00e9 du poids le plus petit penche !<\/p>\n\n\n\n

Voil\u00e0 une rupture d\u2019\u00e9quilibre bien extraordinaire. Mais ses cons\u00e9quences sont plus extraordinaires encore : elles vont nous faire pr\u00e9voir un changement progressif en sens inverse.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Nous avons sugg\u00e9r\u00e9 tout \u00e0 l\u2019heure que la qualit\u00e9 de l\u2019homme devait \u00eatre le d\u00e9terminant de la pr\u00e9cellence de l\u2019Europe. Je ne puis analyser en d\u00e9tail cette qualit\u00e9 ; mais je trouve par un examen sommaire que l\u2019avidit\u00e9 active, la curiosit\u00e9 ardente et d\u00e9sint\u00e9ress\u00e9e, un heureux m\u00e9lange de l\u2019imagination et de la rigueur logique, un certain scepticisme non pessimiste, un mysticisme non r\u00e9sign\u00e9\u2026 sont les caract\u00e8res plus sp\u00e9cifiquement agissants de la Psych\u00e9 europ\u00e9enne.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Un seul exemple de cet esprit, mais un exemple de premi\u00e8re classe, \u2014 et de toute premi\u00e8re importance : la Gr\u00e8ce \u2014 car il faut placer dans l\u2019Europe tout le littoral de la M\u00e9diterran\u00e9e : Smyrne et Alexandrie sont d\u2019Europe comme Ath\u00e8nes et Marseille, \u2014 la Gr\u00e8ce a fond\u00e9 la g\u00e9om\u00e9trie. C\u2019\u00e9tait une entreprise insens\u00e9e : nous disputons<\/em> encore sur la possibilit\u00e9<\/em> de cette folie.<\/p>\n\n\n\n

Qu\u2019a-t-il fallu faire pour r\u00e9aliser cette cr\u00e9ation fantastique ? \u2014 Songez que ni les \u00c9gyptiens, ni les Chinois, ni les Chald\u00e9ens, ni les Indiens n\u2019y sont parvenus. Songez qu\u2019il s\u2019agit d\u2019une aventure passionnante, d\u2019une conqu\u00eate mille fois plus pr\u00e9cieuse et positivement plus po\u00e9tique que celle de la Toison d\u2019Or. Il n\u2019y a pas de peau de mouton qui vaille la cuisse d\u2019or de Pythagore.<\/p>\n\n\n\n

Ceci est une entreprise qui a demand\u00e9 les dons le plus commun\u00e9ment incompatibles. Elle a requis des argonautes de l\u2019esprit, de durs pilotes qui ne se laissent ni perdre dans leurs pens\u00e9es, ni distraire par leurs impressions. Ni la fragilit\u00e9 des pr\u00e9misses qui les portaient, ni la subtilit\u00e9 ou l\u2019infinit\u00e9 des inf\u00e9rences qu\u2019ils exploraient ne les ont pu troubler. Ils furent comme \u00e9quidistants des n\u00e8gres variables et des fakirs ind\u00e9finis. Ils ont accompli l\u2019ajustement si d\u00e9licat, si improbable, du langage commun au raisonnement pr\u00e9cis ; l\u2019analyse d\u2019op\u00e9rations motrices et visuelles tr\u00e8s compos\u00e9es ; la correspondance de ces op\u00e9rations \u00e0 des propri\u00e9t\u00e9s linguistiques et grammaticales ; ils se sont fi\u00e9s \u00e0 la parole pour les conduire dans l\u2019espace en aveugles clairvoyants… Et cet espace lui-m\u00eame devenait de si\u00e8cle en si\u00e8cle une cr\u00e9ation plus riche et plus surprenante, \u00e0 mesure que la pens\u00e9e se poss\u00e9dait mieux elle-m\u00eame, et qu\u2019elle prenait plus de confiance dans la merveilleuse raison et dans la finesse initiale qui l\u2019avaient pourvue d\u2019incomparables instruments : d\u00e9finitions, axiomes, lemmes, th\u00e9or\u00e8mes, probl\u00e8mes, porismes, etc.<\/p>\n\n\n\n

J\u2019aurais besoin de tout un livre pour en parler comme il faudrait. Je n\u2019ai voulu que pr\u00e9ciser en quelques mots l\u2019un des actes caract\u00e9ristiques du g\u00e9nie europ\u00e9en. Cet exemple m\u00eame me ram\u00e8ne sans effort \u00e0 ma th\u00e8se.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Je pr\u00e9tendais que l\u2019in\u00e9galit\u00e9 si longtemps observ\u00e9e au b\u00e9n\u00e9fice de l\u2019Europe devait par ses propres effets<\/em> se changer progressivement en in\u00e9galit\u00e9 de sens contraire. C\u2019est l\u00e0 ce que je d\u00e9signais sous le nom ambitieux de th\u00e9or\u00e8me fondamental.<\/p>\n\n\n\n

Comment \u00e9tablir cette proposition ? \u2014 Je prends le m\u00eame exemple : celui de la g\u00e9om\u00e9trie des Grecs, et je prie le lecteur de consid\u00e9rer \u00e0 travers les \u00e2ges les effets de cette discipline. On la voit peu \u00e0 peu, tr\u00e8s lentement, mais tr\u00e8s s\u00fbrement, prendre une telle autorit\u00e9 que toutes les recherches, toutes les exp\u00e9riences acquises tendent invinciblement \u00e0 lui emprunter son allure rigoureuse, son \u00e9conomie scrupuleuse de \u00ab mati\u00e8re \u00bb, sa g\u00e9n\u00e9ralit\u00e9 automatique, ses m\u00e9thodes subtiles, et cette prudence infinie qui lui permet les plus folles hardiesses… La science moderne est n\u00e9e de cette \u00e9ducation de grand style.<\/p>\n\n\n\n

Mais une fois n\u00e9e, une fois \u00e9prouv\u00e9e et r\u00e9compens\u00e9e par ses applications mat\u00e9rielles, notre science devenue moyen de puissance, moyen de domination concr\u00e8te excitant de la richesse, appareil d\u2019exploitation du capital plan\u00e9taire, \u2014 cesse d\u2019\u00eatre une \u00ab fin en soi \u00bb et une activit\u00e9 artistique. Le savoir, qui \u00e9tait une valeur de consommation devient une valeur d\u2019\u00e9change. L\u2019utilit\u00e9 du savoir fait du savoir une denr\u00e9e<\/em>, qui est d\u00e9sirable non plus par quelques amateurs tr\u00e8s distingu\u00e9s, mais par Tout le Monde.<\/p>\n\n\n\n

Cette denr\u00e9e, donc, se pr\u00e9parera sous des formes de plus en plus maniables ou comestibles ; elle se distribuera \u00e0 une client\u00e8le de plus en plus nombreuse ; elle deviendra chose du commerce, chose qui s’exporte<\/em>, chose enfin qui s\u2019imite et se produit un peu partout.<\/p>\n\n\n\n

R\u00e9sultat : l\u2019in\u00e9galit\u00e9 qui existait entre les r\u00e9gions du monde au point de vue des arts m\u00e9caniques, des sciences appliqu\u00e9es, des moyens scientifiques de la guerre ou de la paix, \u2014 in\u00e9galit\u00e9 sur laquelle se fondait la pr\u00e9dominance europ\u00e9enne, \u2014 tend \u00e0 dispara\u00eetre graduellement.<\/p>\n\n\n\n

Donc, la classification des r\u00e9gions habitables du monde tend \u00e0 devenir telle que la grandeur mat\u00e9rielle, brute, les \u00e9l\u00e9ments de statistique, les nombres, \u2014 population, superficie,<\/em> mati\u00e8res premi\u00e8res, \u2014 d\u00e9terminent enfin exclusivement ce classement des compartiments du globe.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Et donc, la balance qui penchait de notre c\u00f4t\u00e9, quoique nous paraissions plus l\u00e9gers, commence \u00e0 nous faire doucement remonter, \u2014 comme si nous avions sottement fait passer dans l\u2019autre plateau le myst\u00e9rieux appoint qui \u00e9tait avec nous. Nous avons \u00e9tourdiment rendu les forces proportionnelles aux masses<\/em> !<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Ce ph\u00e9nom\u00e8ne naissant peut, d\u2019ailleurs, \u00eatre rapproch\u00e9 de celui qui est observable dans le sein de chaque nation et qui consiste dans la diffusion de la culture, et dans l\u2019accession \u00e0 la culture de cat\u00e9gories de plus en plus grandes d\u2019individus.<\/p>\n\n\n\n

Essayer de pr\u00e9voir les cons\u00e9quences de cette diffusion, rechercher si elle doit ou non amener n\u00e9cessairement une d\u00e9gradation<\/em>, ce serait aborder un probl\u00e8me d\u00e9licieusement compliqu\u00e9 de physique intellectuelle.<\/p>\n\n\n\n

Le charme de ce probl\u00e8me, pour l\u2019esprit sp\u00e9culatif, provient d\u2019abord de sa ressemblance avec le fait physique de la diffusion, \u2014 et ensuite du changement brusque de cette ressemblance en diff\u00e9rence profonde, d\u00e8s que le penseur revient \u00e0 son premier objet, qui est hommes<\/em> et non mol\u00e9cules<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

Une goutte de vin tomb\u00e9e dans l\u2019eau la colore \u00e0 peine et tend \u00e0 dispara\u00eetre, apr\u00e8s une rose fum\u00e9e. Voil\u00e0 le fait physique. Mais supposez maintenant que, quelque temps apr\u00e8s cet \u00e9vanouissement et ce retour \u00e0 la limpidit\u00e9, nous voyions, \u00e7\u00e0 et l\u00e0, dans ce vase qui semblait redevenu eau pure<\/em>, se former des gouttes de vin sombre et pur<\/em>, \u2014 quel \u00e9tonnement.<\/p>\n\n\n\n

Ce ph\u00e9nom\u00e8ne de Cana n\u2019est pas impossible dans la physique intellectuelle et sociale. On parle alors du g\u00e9nie et on l\u2019oppose \u00e0 la diffusion.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

Tout \u00e0 l\u2019heure, nous consid\u00e9rions une curieuse balance qui se mouvait en sens inverse de la pesanteur. Nous regardons \u00e0 pr\u00e9sent un syst\u00e8me liquide passer, comme spontan\u00e9ment, de l\u2019homog\u00e8ne \u00e0 l\u2019h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne, du m\u00e9lange intime \u00e0 la s\u00e9paration nette\u2026 Ce sont ces images paradoxales qui donnent la repr\u00e9sentation la plus simple et la plus pratique du r\u00f4le dans le Monde de ce qu\u2019on appelle, \u2014 depuis cinq ou dix mille ans, \u2014 Esprit<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

\u2042<\/p>\n\n\n\n

\u2014 Mais l\u2019Esprit europ\u00e9en \u2014 ou du moins ce qu\u2019il contient de plus pr\u00e9cieux \u2014 est-il totalement diffusible ? Le ph\u00e9nom\u00e8ne de la mise en exploitation du globe, le ph\u00e9nom\u00e8ne de l\u2019\u00e9galisation des techniques et le ph\u00e9nom\u00e8ne d\u00e9mocratique, qui font pr\u00e9voir une deminutio capitis<\/em> de l\u2019Europe, doivent-ils \u00eatre pris comme d\u00e9cisions absolues du destin ? Ou avons-nous quelque libert\u00e9 contre cette mena\u00e7ante conjuration des choses ?<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est peut-\u00eatre en cherchant cette libert\u00e9 qu\u2019on la cr\u00e9e. Mais pour une telle recherche, il faut abandonner pour un temps la consid\u00e9ration des ensembles, et \u00e9tudier dans l\u2019individu pensant, la lutte de la vie personnelle avec la vie sociale.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Nous savons que nous sommes mortels \u2014\u00a0c’est pr\u00e9cis\u00e9ment pour cela qu’il faut croire que nous sommes capables de construire un futur meilleur.<\/p>\n

Ce matin du 25 d\u00e9cembre, dans une ann\u00e9e incertaine, parfois monstrueuse, nous publions la le\u00e7on radicalement et paradoxalement optimisme de Paul Val\u00e9ry sur l’Europe.<\/p>\n","protected":false},"author":5931,"featured_media":309905,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-speeches.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":true,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[4751],"tags":[],"geo":[1917],"class_list":["post-309897","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-les-intellectuels-face-a-la-crise","staff-le-grand-continent","geo-europe"],"acf":[],"yoast_head":"\nPaul Val\u00e9ry : notre optimisme et l'avenir de l'Europe | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/12\/25\/paul-valery-crise-de-lesprit\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Paul Val\u00e9ry : notre optimisme et l'avenir de l'Europe | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Nous savons que nous sommes mortels \u2014\u00a0c'est pr\u00e9cis\u00e9ment pour cela qu'il faut croire que nous sommes capables de construire un futur meilleur. 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