{"id":309545,"date":"2025-12-27T13:00:00","date_gmt":"2025-12-27T12:00:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=309545"},"modified":"2025-12-22T16:43:28","modified_gmt":"2025-12-22T15:43:28","slug":"la-guerre-et-leurope-sommet-grand-continent-2025","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/12\/27\/la-guerre-et-leurope-sommet-grand-continent-2025\/","title":{"rendered":"La guerre et l’Europe, une conversation avec \u00c9ric B\u00e9ranger, Michel Barnier, Oleksandr Kamyshin, Pierre-\u00c9tienne Franc, Sir Richard Moore et Hanno Pevkur"},"content":{"rendered":"\n

Retrouvez les entretiens du Sommet Grand Continent<\/a> et d\u00e9couvrez les diff\u00e9rentes s\u00e9ries de notre enqu\u00eate continentale Eurobazooka<\/a>. Si vous nous lisez et que vous voulez soutenir une r\u00e9daction jeune et ind\u00e9pendante, abonnez-vous au Grand Continent<\/a><\/em><\/p>\n\n\n\n

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Face \u00e0 la Russie, l\u2019Ukraine est comme David contre Goliath ; pour poursuivre son combat, il lui a fallu d\u00e9velopper des infrastructures sp\u00e9cifiques. Pouvons-nous revenir sur les transformations du pays dans le cadre de la lutte contre l\u2019agression russe ? <\/h3>\n\n\n\n

Oleksandr Kamyshin<\/span> L’Ukraine est pass\u00e9e du statut de b\u00e9n\u00e9ficiaire de la s\u00e9curit\u00e9 \u00e0 celui de garant de la s\u00e9curit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

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Durant la premi\u00e8re ann\u00e9e de la guerre, je dirigeais les Chemins de fer ukrainiens ; si mes trains avaient eu autant de retard qu’en p\u00e9riode de r\u00e9cession, nous n’aurions jamais atteint un taux de ponctualit\u00e9 de 93 %, comme c’est le cas aujourd’hui, en temps de guerre. <\/p>\n\n\n\n

Au commencement de cette guerre, nous devions faire avec ce que nous avions en stock, c’est-\u00e0-dire principalement du mat\u00e9riel h\u00e9rit\u00e9 de l\u2019Union Sovi\u00e9tique. Et je suis reconnaissant envers tous les pays, toutes les nations, tous les gouvernements, tous les militaires pr\u00e9sents dans cette salle et \u00e0 l’ext\u00e9rieur pour leur aide dans ce combat. Merci. Sans cela, nous n’aurions pas surv\u00e9cu. <\/p>\n\n\n\n

Au d\u00e9but de l’ann\u00e9e 2023, le pr\u00e9sident Zelensky  nous a demand\u00e9 de relancer l\u2019industrie de la d\u00e9fense. \u00c0 ce moment-l\u00e0, nous ne produisions pratiquement rien, tout devait venir de l\u2019ext\u00e9rieur, et nous \u00e9tions tr\u00e8s heureux de recevoir ces aides afin de riposter contre les Russes. Depuis, nous avons fait du bon travail et sommes d\u00e9sormais en capacit\u00e9 de produire. <\/p>\n\n\n\n

La guerre a aujourd\u2019hui chang\u00e9, et nous produisons principalement des syst\u00e8mes command\u00e9s \u00e0 distance.<\/p>\n\n\n\n

Ce qui a commenc\u00e9 par une ligne de chars avan\u00e7ant vers Kiev se termine par des drones survolant le Danemark, Bruxelles, Munich et d’autres villes europ\u00e9ennes. Une vingtaine de drones sont entr\u00e9s en Pologne en septembre 2025<\/a> ; il semble qu’aucun des pays ainsi vis\u00e9s n’ait les moyens de se d\u00e9fendre face \u00e0 eux.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons appris \u00e0 produire les \u00e9quipements qui nous permettent de nous d\u00e9fendre et de tenir la Russie \u00e0 distance depuis pr\u00e8s de quatre ans d\u00e9j\u00e0. C’est une chose difficile \u00e0 imaginer. Je n’aurais jamais pens\u00e9 que nous tiendrions aussi longtemps \u2014 maintenant, nous tiendrons aussi longtemps qu’il le faudra pour vaincre la Russie. <\/p>\n\n\n\n

D’une mani\u00e8re ou d’une autre, l’industrie de d\u00e9fense ukrainienne a appris par n\u00e9cessit\u00e9 ; comme on le dit, c\u2019est cette n\u00e9cessit\u00e9 qui est la m\u00e8re de l’invention.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons d\u00fb tout r\u00e9inventer et apprendre \u00e0 combattre avec des drones. Certaines personnes pr\u00e9sentes dans cette salle ont visit\u00e9 des usines en Ukraine et ont appris comment nous produisons toutes ces choses. Nous serions maintenant heureux de partager ces connaissances avec l’Europe, pour encourager la production conjointe avec les pays europ\u00e9ens de ce que nous avons appris \u00e0 produire en Ukraine. <\/p>\n\n\n\n

C’est ainsi que nous nous sommes transform\u00e9s. Je suis s\u00fbr que l’Europe va changer en cons\u00e9quence son approche de la s\u00e9curit\u00e9 ; comme l’a dit Armin Papperger <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>, si vous n’investissez pas dans votre s\u00e9curit\u00e9, certains grands de ce monde diront que votre place est \u00e0 la table des enfants et vous devrez l’accepter.<\/p>\n\n\n\n

Je suis heureux que l’Europe se r\u00e9veille et que le r\u00f4le de l’Ukraine passe de celui de b\u00e9n\u00e9ficiaire de la s\u00e9curit\u00e9 \u00e0 celui de garant de la s\u00e9curit\u00e9. Nous serions heureux de partager les le\u00e7ons apprises<\/a> et de rendre la pareille comme nous le pouvons : ces le\u00e7ons sont une bonne monnaie d’\u00e9change.<\/p>\n\n\n\n

Quelles vuln\u00e9rabilit\u00e9s en Europe l\u2019invasion russe de l\u2019Ukraine a-t-elle mis \u00e0 jour ? Et quelles mesures ont pris les \u00c9tats en premi\u00e8re ligne de ce conflit pour y r\u00e9pondre ?<\/h3>\n\n\n\n

Hanno Pevkur<\/span> Bien que nous soyons ici en s\u00e9curit\u00e9, en Ukraine, malheureusement, des gens meurent chaque jour.<\/p>\n\n\n\n

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Il suffit de regarder les chiffres : lors du seul mois de novembre 2025, les Ukrainiens ont abattu pr\u00e8s de 10 000 objets volants ; non pas des ovnis, mais environ 6 000 FPV, 3 000 drones \u00e0 ailes fixes de types Geran ou Shahed et 100 missiles de croisi\u00e8re ou missiles balistiques.<\/p>\n\n\n\n

En voyant la quantit\u00e9 d\u2019intercepteurs dont dispose l’Europe, on se rend compte que certains pays ne pourraient pas tenir une journ\u00e9e. Nous devons donc \u00eatre plus intelligents et trouver de nouvelles options.<\/p>\n\n\n\n

C’est exactement ce que nous faisons en Estonie<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

Bien s\u00fbr, d\u00e9velopper plus de capacit\u00e9s n\u00e9cessite plus de fonds. Nos d\u00e9penses dans le domaine de la d\u00e9fense d\u00e9passeront d\u00e9j\u00e0 les 5 % l’ann\u00e9e prochaine, et ce uniquement pour les d\u00e9penses de d\u00e9fense de base, et non de ce que nous avons convenu \u00e0 La Haye, \u00e0 savoir 3,5 % pour la d\u00e9fense de base et 1,52 % pour les d\u00e9penses connexes.<\/p>\n\n\n\n

Nous sommes convaincus que payer 5 % en temps de paix<\/a> vaut bien mieux que payer 50 % en temps de guerre. Si l’on prend l’exemple de l’Ukraine, les d\u00e9penses de d\u00e9fense de ce pays s’\u00e9levaient \u00e0 environ 3,4 % en 2021, si je ne me trompe pas. Aujourd’hui, elles s’\u00e9l\u00e8vent \u00e0 environ 34 %, auxquelles s’ajoute l’aide \u00e9trang\u00e8re \u2014 ce qui porte le total \u00e0 environ 60-65 % du PIB ukrainien.<\/p>\n\n\n\n

Il faut comprendre que plus un pays est petit, plus ses d\u00e9penses de d\u00e9fense seront \u00e9lev\u00e9es en temps de guerre. Cela signifie que nous devons \u00eatre plus intelligents, plus rapides, plus pr\u00e9cis et viser plus loin avec nos moyens.<\/p>\n\n\n\n

La guerre qui a commenc\u00e9 sera connue plus tard comme la premi\u00e8re guerre par drones conduite au monde.<\/p>Oleksandr Kamyshin<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Depuis l\u2019invasion russe, nous avons modifi\u00e9 notre approche de plusieurs fa\u00e7ons.<\/p>\n\n\n\n

D\u2019abord, nous avons chang\u00e9 la fa\u00e7on dont nous planifions la guerre ; non pas ce que nous devons faire pour d\u00e9fendre le pays mais, par exemple, notre calcul des munitions. Nous ne nous basons plus sur une approche de deux jours d’approvisionnement, mais sur une approche de destruction des cibles.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 cette fin, nous avons cartographi\u00e9 toutes les cibles que nous devons d\u00e9truire et nous avons \u00e9galement calcul\u00e9 le nombre de ressources n\u00e9cessaires pour d\u00e9truire ces cibles. L’une des le\u00e7ons que nous avons tir\u00e9es est celle-ci : il est plus facile de d\u00e9truire les nids au sol plut\u00f4t que de tuer les oiseaux dans les airs. <\/p>\n\n\n\n

Deuxi\u00e8mement, nous avons bien s\u00fbr augment\u00e9 les d\u00e9penses de d\u00e9fense.<\/p>\n\n\n\n

Troisi\u00e8mement, et bien que le service militaire soit d\u00e9j\u00e0 obligatoire dans notre pays, nous allons le modifier gr\u00e2ce \u00e0 tout ce que nous avons appris de l’Ukraine. L’ann\u00e9e prochaine, tous nos instructeurs seront form\u00e9s de nouveau ; nous mettrons en place un service militaire totalement nouveau \u00e0 partir de 2027.<\/p>\n\n\n\n

Notre population nous soutient fortement : 80 % des gens se disent favorables \u00e0 l’augmentation des d\u00e9penses de d\u00e9fense. Selon les derniers sondages, 68 % des gens sont pr\u00eats \u00e0 d\u00e9fendre le pays et la nation, en prenant les armes si n\u00e9cessaire.<\/p>\n\n\n\n

Les attitudes changent<\/a>, et ce que nous voyons en Ukraine est clair.<\/p>\n\n\n\n

La principale le\u00e7on \u00e0 retenir est qu’il faut s’adapter ou mourir. Bien que la guerre en Ukraine ait commenc\u00e9 comme une Blitzkrieg<\/em>, nous assistons aujourd’hui \u00e0 un conflit totalement diff\u00e9rent, ce qui signifie qu’il faut changer d’approche. <\/p>\n\n\n\n

\u00c9tant donn\u00e9 l\u2019importance de se pr\u00e9parer \u00e0 la guerre, de quels outils se sert le march\u00e9 unique europ\u00e9en pour augmenter les d\u00e9penses de d\u00e9fense ?<\/h3>\n\n\n\n

Michel Barnier<\/span> Il y a dix ans, j’\u00e9tais conseiller sp\u00e9cial de Jean-Claude Juncker, qui fut le tout premier pr\u00e9sident de la Commission \u00e0 non seulement parler, mais aussi \u00e0 agir en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9. L’enjeu \u00e9tait alors de mettre en \u0153uvre le trait\u00e9 de Lisbonne, le renforcement de la solidarit\u00e9, mais aussi de mettre en place un fonds d’investissement et une coop\u00e9ration renforc\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

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En ce temps-l\u00e0, beaucoup de choses \u00e9taient totalement impossibles au niveau de Bruxelles.<\/p>\n\n\n\n

Ainsi, il \u00e9tait inenvisageable d’emprunter et d’investir ensemble, d’utiliser le budget de l’Union europ\u00e9enne pour financer un programme de recherche sur les munitions ou un programme strat\u00e9gique pour la d\u00e9fense ; il \u00e9tait \u00e9galement impossible de contr\u00f4ler les investissements \u00e9trangers dans le secteur strat\u00e9gique en Europe.<\/p>\n\n\n\n

J\u2019ai \u00e9crit \u00e0 cette \u00e9poque une lettre au pr\u00e9sident de la Commission cosign\u00e9e avec Antonio Tajani, l’actuel vice-pr\u00e9sident du Conseil des ministres italien, alors Commissaire \u00e0 l’industrie ; cette lettre demandait simplement la cr\u00e9ation d’un nouvel organisme charg\u00e9 de contr\u00f4ler les investissements \u00e9trangers en Europe dans le secteur strat\u00e9gique. Jos\u00e9 Manuel Barroso, le pr\u00e9sident d\u2019alors, a cependant brutalement ferm\u00e9 la porte \u00e0 ce type d\u2019initiatives qui venait de France ou d\u2019Italie.<\/p>\n\n\n\n

Cette situation a aujourd’hui bien chang\u00e9 : d\u00e9sormais, la d\u00e9fense n’est plus un tabou. Parler et agir pour la d\u00e9fense et la s\u00e9curit\u00e9 ne l’est plus non plus.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est \u00e0 cause de la guerre en Ukraine et de notre solidarit\u00e9 que ces choses sont devenues possibles. <\/p>\n\n\n\n

Nous avons maintenant une deuxi\u00e8me chance : nous disposons d\u2019argent pour nos projets<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

Du c\u00f4t\u00e9 de la Commission, 800 milliards d’euros ont \u00e9t\u00e9 mobilis\u00e9s, et 100 milliards d\u2019euros du c\u00f4t\u00e9 allemand. Il est pour nous essentiel, en raison de la crise et de la solidarit\u00e9 envers l\u2019Ukraine que nous devons maintenir et renforcer, de mettre en \u0153uvre ce nouvel esprit et de mieux d\u00e9penser cet argent. <\/p>\n\n\n\n

Cette mise en \u0153uvre passe trois points, sur lequel il reste un tabou, mais o\u00f9 il est possible d\u2019avancer : \u00eatre plus rapide, plus europ\u00e9ens, et davantage concentr\u00e9 sur le secteur strat\u00e9gique.<\/p>\n\n\n\n\n

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Les discussions sur la s\u00e9curit\u00e9 et la d\u00e9fense incluent toujours aujourd\u2019hui les \u00c9tats-Unis, malgr\u00e9 le virage consid\u00e9rable r\u00e9alis\u00e9 par l\u2019administration am\u00e9ricaine. Dans ses d\u00e9penses, les priorit\u00e9s de l\u2019Europe sont-elles les bonnes ? Quels progr\u00e8s ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s sur ce front, du point de vue du secteur priv\u00e9 ?<\/h3>\n\n\n\n

\u00c9ric B\u00e9ranger<\/span> Certaines \u00e9tudes de cas permettent de mesurer les progr\u00e8s r\u00e9alis\u00e9s ; l\u2019entreprise MBDA en est un bon exemple.<\/p>\n\n\n\n

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MBDA est une entreprise v\u00e9ritablement europ\u00e9enne, qui regroupe cinq pays et fournit \u00e0 tous les pays europ\u00e9ens, s’ils sont int\u00e9ress\u00e9s, certains programmes et actifs d\u00e9velopp\u00e9s en coop\u00e9ration. En plus d\u2019en \u00eatre le directeur g\u00e9n\u00e9ral, je suis \u00e9galement vice-pr\u00e9sident de l’Association professionnelle des entreprises europ\u00e9ennes de l’a\u00e9rospatiale et de la d\u00e9fense, qui regroupe plus de 4 000 entreprises dans toute l’Europe. <\/p>\n\n\n\n

Je voudrais soulever trois points.<\/p>\n\n\n\n

Le premier est que l’industrie europ\u00e9enne fournit d\u00e9j\u00e0 aujourd’hui un certain nombre d’actifs tr\u00e8s importants \u00e0 l’Ukraine. Si je me limite aux actions publiques de MBDA, je pense que vous avez tous entendu parler des missiles Aster, un syst\u00e8me de d\u00e9fense a\u00e9rienne contre des cibles tr\u00e8s difficiles ; il s\u2019agit de l\u2019\u00e9quivalent europ\u00e9en du Patriot, et je pense m\u00eame qu’il est m\u00eame meilleur.<\/p>\n\n\n\n

Je peux aussi citer les missiles Storm Shadows, fournis par le Royaume-Uni, et les SCALPs, fournis par la France, qui permettent de frapper derri\u00e8re les lignes, tr\u00e8s loin de leur point de lancement. Pour reprendre la m\u00e9taphore d\u00e9j\u00e0 utilis\u00e9e, ces armes sont tr\u00e8s utiles pour d\u00e9truire le nid plut\u00f4t que de tuer les oiseaux.<\/p>\n\n\n\n

Beaucoup a donc d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 fait. <\/p>\n\n\n\n

Le deuxi\u00e8me point est qu\u2019il est plus que temps pour l’industrie comme pour le reste de l’Europe de se r\u00e9veiller.<\/p>\n\n\n\n

Je pense que nous sommes dans une p\u00e9riode de rattrapage, apr\u00e8s une trentaine d\u2019ann\u00e9es \u00e0 b\u00e9n\u00e9ficier des dividendes de la paix. <\/p>\n\n\n\n

Pendant une trentaine d\u2019ann\u00e9es, il a \u00e9t\u00e9 demand\u00e9 \u00e0 MBDA de produire le moins possible et de simplement conserver ses comp\u00e9tences, afin de pouvoir les mobiliser si le besoin de produire ressurgissait.<\/p>\n\n\n\n

Nous sommes aujourd\u2019hui dans une p\u00e9riode o\u00f9 nous devons soudainement produire en volume, monter en puissance, acc\u00e9l\u00e9rer, mais \u00e9galement \u00e9tendre nos capacit\u00e9s. D\u00e9sormais, les armes hautement sophistiqu\u00e9es sont toujours n\u00e9cessaires, mais il faut aussi s\u2019\u00e9quiper, du c\u00f4t\u00e9 de l\u2019attaque, d\u2019une masse de drones, et du c\u00f4t\u00e9 de la d\u00e9fense, d\u2019\u00e9quipements anti-drones.<\/p>\n\n\n\n

Nous devons donc travailler sur tous ces fronts, et l’industrie de la d\u00e9fense l\u2019a bien compris. Pour prendre un exemple que je connais tr\u00e8s bien, entre la fin de 2023 et 2025, MBDA a doubl\u00e9 le nombre de missiles livr\u00e9s \u2014 ce dont personne ne nous pensait capables.<\/p>\n\n\n\n

Ce changement radical n’est pas propre \u00e0 MBDA, mais \u00e0 l’ensemble de l’industrie. <\/p>\n\n\n\n

Bien s\u00fbr, un tel changement n’est pas encore suffisant : il faut aller de l’avant.<\/p>\n\n\n\n

Nous vivons dans un monde contest\u00e9 et chaotique, o\u00f9 certains des anciens m\u00e9canismes du multilat\u00e9ralisme mondial ne fonctionnent plus.<\/p>Richard Moore<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Je pense qu’un point tr\u00e8s important est que les Europ\u00e9ens doivent avoir confiance en eux-m\u00eames.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons tout ce dont nous avons besoin en Europe : les comp\u00e9tences, les ressources humaines, l’industrie et m\u00eame l’argent : il suffit de penser aux centaines de milliards d’euros qui partent chaque ann\u00e9e de l’Europe vers les \u00c9tats-Unis pour financer l’\u00e9conomie am\u00e9ricaine.<\/p>\n\n\n\n

Il s’agit donc simplement pour les Europ\u00e9ens de se mettre d’accord.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019invasion de l\u2019Ukraine a tant r\u00e9v\u00e9l\u00e9 la d\u00e9pendance \u00e9nerg\u00e9tique de l\u2019Europe qu\u2019\u00e9prouv\u00e9 ses alliances de d\u00e9fense. Le soutien am\u00e9ricain est aujourd’hui conditionn\u00e9 \u00e0 l\u2019importation de gaz et de GNL en provenance des \u00c9tats-Unis \u2014 \u00e0 rebours de la transition \u00e9nerg\u00e9tique \u00e0 laquelle aspire l\u2019Europe. Comment r\u00e9soudre ce dilemme ?<\/h3>\n\n\n\n

Pierre-\u00c9tienne Franc<\/span> Nous avons tendance \u00e0 oublier que cette transition s\u2019est acc\u00e9l\u00e9r\u00e9e en grande partie en r\u00e9ponse \u00e0 la guerre en Ukraine ; il y avait certes eu des craintes pendant cinquante-cinq ans, mais elles \u00e9taient plus ou moins mod\u00e9r\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

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Apr\u00e8s le d\u00e9but de l\u2019invasion, bien des personnes ont soudainement d\u00e9couvert que nous \u00e9tions d\u00e9pendants du gaz russe. C’est ainsi que le programme RePowerEU a \u00e9t\u00e9 mis en place.<\/p>\n\n\n\n

RePowerEU visait essentiellement \u00e0 r\u00e9duire la consommation de gaz, le chauffage urbain et l’industrie, notamment en augmentant l’utilisation du biogaz, en passant au GNL et \u00e0 l’hydrog\u00e8ne. <\/p>\n\n\n\n

Cette approche a port\u00e9 ses fruits : en deux ou trois ans, la consommation de gaz naturel a consid\u00e9rablement diminu\u00e9 dans le domaine du chauffage urbain, et dans une moindre mesure dans l’industrie \u2014 dans celle-ci, certes, cela s’est \u00e9galement accompagn\u00e9 de quelques fermetures.<\/p>\n\n\n\n

D\u00e9sormais, le biogaz progresse de 30 % par an : il est donc en bonne voie pour atteindre l’objectif fix\u00e9 par l\u2019Union pour 2030. Le GNL a connu une forte croissance, mais 35 % de celui-ci est d\u00e9sormais fourni par les \u00c9tats-Unis et 20 % par la Russie.<\/p>\n\n\n\n

Nous sommes encore d\u00e9pendants de la Russie \u00e0 d\u2019autres titres ; les importations d\u2019engrais en provenance de Russie repr\u00e9sentent 30 % des besoins de l\u2019Europe. Dans le m\u00eame temps, 30 % de l’industrie manufacturi\u00e8re europ\u00e9enne dans ce domaine a ferm\u00e9 ses portes <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Cette approche a donc bien fonctionn\u00e9, mais la question se pose \u00e0 nouveau sous un autre angle : nous sommes toujours d\u00e9pendants des \u00e9nergies fossiles.<\/p>\n\n\n\n

Le premier point que cette d\u00e9pendance soul\u00e8ve concerne l\u2019hydrog\u00e8ne<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

Lorsque RePowerEU<\/a> a \u00e9t\u00e9 lanc\u00e9, nous venions de mettre en place une plateforme d’investissement li\u00e9e \u00e0 l’hydrog\u00e8ne et nous pensions qu’il fallait peut-\u00eatre tout arr\u00eater, car la guerre \u00e9tait \u00e0 nos portes et les investisseurs allaient se montrer r\u00e9ticents. C’est le contraire qui s’est produit : cela a acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 la collecte de fonds. Chacun avait parfaitement compris que tout l’\u00e9cosyst\u00e8me devait changer. Cette r\u00e9orientation vers l’hydrog\u00e8ne n’a cependant pas fonctionn\u00e9, car elle n\u00e9cessitait de changer les infrastructures et les r\u00e9glementations au niveau europ\u00e9en.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est \u00e0 ce sujet que se posent certaines des questions touchant \u00e0 la capacit\u00e9 europ\u00e9enne \u00e0 aller au-del\u00e0 de l’acc\u00e9l\u00e9ration habituelle pour passer r\u00e9ellement \u00e0 un nouveau mod\u00e8le.<\/p>\n\n\n\n

Le grand paradoxe de cette situation est que cette acc\u00e9l\u00e9ration a \u00e9t\u00e9 d\u00e9clench\u00e9e par la d\u00e9fense. Aujourd\u2019hui pourtant, comme nous d\u00e9pendons fortement des \u00c9tats-Unis pour la guerre, les armes \u00e0 l’Ukraine, mais aussi pour le GNL<\/a>, nous devons signer des accords commerciaux tr\u00e8s difficiles dans lesquels nous nous engageons \u00e0 acheter plus de gaz naturel et plus de GNL pour les satisfaire, afin qu’ils continuent \u00e0 nous soutenir dans la guerre contre la Russie.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est ainsi que nous entrons donc dans un cercle vicieux qui place l’Europe dans une situation o\u00f9 elle doit prendre des d\u00e9cisions r\u00e9elles.<\/p>\n\n\n\n

Au lieu d’acc\u00e9l\u00e9rer la transition, nous sommes en train de la ralentir, voire de la r\u00e9duire ; les \u00c9tats-Unis utilisent leur propre pouvoir politique pour nous pousser dans cette direction ; ils font aussi usage des r\u00e9seaux sociaux \u00e0 cette fin.<\/p>\n\n\n\n

Je pense donc que si l’Europe ne comprend pas que cette d\u00e9cision doit d\u00e9clencher une action beaucoup plus audacieuse et la transition vers une v\u00e9ritable ind\u00e9pendance \u2014 en se d\u00e9barrassant des \u00e9nergies fossiles \u2014 alors nous ne sortirons jamais de cette situation.<\/p>\n\n\n\n\n

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Les Ukrainiens et les Europ\u00e9ens d\u00e9pendent toujours des renseignements am\u00e9ricains, alors que le niveau de coop\u00e9ration en mati\u00e8re de renseignement entre les Europ\u00e9ens est encore loin d’\u00eatre satisfaisant. Comment rem\u00e9dier \u00e0 ces lacunes ?<\/h3>\n\n\n\n

Richard Moore<\/span> Il existe clairement un partenariat, tant sur le plan militaire que sur celui du renseignement, pour soutenir l’extraordinaire courage de nos amis ukrainiens ; celui-ci est un des aspects de la question plus large de la d\u00e9fense europ\u00e9enne et du r\u00f4le des \u00c9tats-Unis dans ce domaine. <\/p>\n\n\n\n

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L’Europe conna\u00eet actuellement un processus de rattrapage dans tous les domaines du renseignement et de la d\u00e9fense, afin de s\u2019assurer qu\u2019elle est plus \u00e9quilibr\u00e9e dans cet espace.<\/p>\n\n\n\n

Il est clair que cela doit \u00eatre une aspiration que nous devons tous poursuivre. D’ailleurs, je m’attends \u00e0 ce que cela soit aussi bien accueilli de l’autre c\u00f4t\u00e9 de l’Atlantique que de ce c\u00f4t\u00e9-ci.<\/p>\n\n\n\n

Dans son dernier sondage Eurobazooka r\u00e9alis\u00e9 par Cluster17<\/a>, Le Grand Continent a montr\u00e9 que l\u2019opinion publique europ\u00e9enne s\u2019inqui\u00e9tait de beaucoup de choses ; cependant, ces craintes ne s\u2019accompagnent pas toujours d\u2019une prise au s\u00e9rieux de la menace russe, ni d\u2019un large soutien public en faveur d’un investissement accru dans la d\u00e9fense ; le scepticisme \u00e0 l\u2019\u00e9gard de l\u2019Union l\u2019explique en partie. Comment r\u00e9soudre cette dissonance ?<\/h3>\n\n\n\n

Michel Barnier<\/span> Je pense que la France, ainsi que le reste des pays d\u2019Europe, ne peuvent plus consid\u00e9rer ni la paix ni l\u2019Europe comme acquises<\/a>. Nous devons prouver la valeur ajout\u00e9e de l’Europe, la n\u00e9cessit\u00e9 d’\u00eatre ensemble. Ce qui est paradoxal, c\u2019est que les diff\u00e9rents \u00e9v\u00e9nements survenant de par le monde pourraient nous y aider.<\/p>\n\n\n\n

Pour la premi\u00e8re fois en soixante ans, les deux grandes puissances \u00e0 l’ouest et \u00e0 l’est de l’Europe, les \u00c9tats-Unis et la Russie, veulent nous d\u00e9truire, ou tout du moins d\u00e9manteler. Ces puissances ont des motivations diff\u00e9rentes : les raisons de Trump sont davantage \u00e9conomiques, financi\u00e8res et commerciales ; celles de Poutine sont g\u00e9opolitiques.<\/p>\n\n\n\n

Je pense que nous devons \u00eatre prudents et prouver, surtout au peuple fran\u00e7ais, que si en tant qu’Europ\u00e9ens, nous ne faisons pas ce qu\u2019il faut pour nous-m\u00eames, personne ne voudra le faire \u00e0 notre place. Le moment approche de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 une nouvelle gouvernance en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9 et de d\u00e9fense au niveau europ\u00e9en. <\/p>\n\n\n\n

Il y a quelques jours, le chef de l’arm\u00e9e fran\u00e7aise a dit la v\u00e9rit\u00e9 en soutenant que nous devons \u00eatre pr\u00eats pour la guerre, pr\u00eats \u00e0 faire des efforts et m\u00eame pr\u00eats \u00e0 mourir ; malgr\u00e9 la v\u00e9racit\u00e9 de ces propos, sa d\u00e9claration a caus\u00e9 un grand scandale en France. Il nous importe donc d\u2019\u00eatre prudents, mais aussi de prouver que nous faisons face aux m\u00eames probl\u00e8mes.<\/p>\n\n\n\n

J’ai pass\u00e9 dix ans de ma vie en tant que Commissaire. Je sais que les nations sont n\u00e9cessaires pour lutter contre le nationalisme. Et je pense que les nations doivent unir leurs efforts pour construire une d\u00e9fense europ\u00e9enne forte.<\/p>\n\n\n\n

Il est difficile d\u2019envisager une autonomie strat\u00e9gique pour l\u2019Europe si celle-ci ne peut cesser d\u2019\u00eatre d\u00e9pendante des \u00e9nergies fossiles.<\/p>\u00c9ric B\u00e9ranger<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La r\u00e9ponse ukrainienne n’aurait pas \u00e9t\u00e9 possible sans l’implication totale de la soci\u00e9t\u00e9 civile ukrainienne, au-del\u00e0 de l’arm\u00e9e et des structures \u00e9tatiques. Une vision de la s\u00e9curit\u00e9 soci\u00e9tale semble \u00e9merger des pays baltes et des pays nordiques, parall\u00e8lement \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 militaire. Cette dynamique ne contraste-t-elle pas avec la politique en Europe occidentale ?<\/h3>\n\n\n\n

Oleksandr Kamyshin<\/span> En Ukraine, les choses sont assez simples : tous ceux qui ne sont pas en premi\u00e8re ligne sont tout de m\u00eame engag\u00e9s dans l’industrie de la d\u00e9fense et dans la production des armes dirig\u00e9es contre la Russie. <\/p>\n\n\n\n

Je d\u00e9velopperais l’id\u00e9e d’\u00c9ric, car il serait probablement d\u00e9plac\u00e9 que quelqu\u2019un venant de l’autre bout de l’Europe apporte plus de foi en l’Europe aux Europ\u00e9ens. <\/p>\n\n\n\n

En effet, nous avons tout entre nos mains.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons tout dans cette salle.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons m\u00eame ici ce jeune homme, Mouad M\u2019Ghari, PDG de la soci\u00e9t\u00e9 Harmattan AI, qui produit les intercepteurs de drones les moins chers \u2014 et ils sont fabriqu\u00e9s en France. <\/p>\n\n\n\n

Nous avons H\u00e9l\u00e8ne Rey de la London Business School, qui apporte l’id\u00e9e de comment nous pouvons financer l’industrie de la d\u00e9fense pendant une d\u00e9cennie. C’est l’avenir des obligations de d\u00e9fense.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons d’autres personnes intelligentes dans cette salle et dans le panel qui ont des id\u00e9es sur la mani\u00e8re dont nous pouvons nous d\u00e9fendre.<\/p>\n\n\n\n

Est-ce le bon moment pour rendre l’Europe \u00e0 nouveau forte ? Je pense que oui.<\/p>\n\n\n\n

Je serais heureux si l’Ukraine contribuait et aidait \u00e0 le faire davantage.<\/p>\n\n\n\n

Hanno Pevkur<\/span> Je pense que nous devrions avoir un peu plus confiance en nous et en l\u2019Europe.<\/p>\n\n\n\n

Si l’on additionne tous nos budgets, nous faisons le poids<\/a> : nos \u00e9conomies sont aussi bien plus importantes que l’\u00e9conomie russe. Le PIB russe est de l\u2019ordre du PIB italien ou \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e9quivalent \u00e0 celui des pays du Benelux. En Europe, nous avons trois fois plus d’habitants qu’en Russie.<\/p>\n\n\n\n

En cas de besoin, nous avons aussi la capacit\u00e9 de nous renforcer si n\u00e9cessaire.<\/p>\n\n\n\n

Mais nous devrions avoir davantage confiance en nous pour une autre raison : nous n’avons pas d’autre choix que d’augmenter nos capacit\u00e9s et d’atteindre un nouveau niveau.<\/p>\n\n\n\n

Depuis un si\u00e8cle, la Russie a particip\u00e9 \u00e0 des guerres avec dix-neuf pays ou d\u00e9clench\u00e9 celles-ci \u2014 cela commence avec l\u2019invasion de l\u2019Estonie en 1918 et la premi\u00e8re guerre d\u2019Ukraine.<\/p>\n\n\n\n

Chaque d\u00e9cennie, la Russie a d\u00e9clench\u00e9 une guerre ou un conflit militaire, sauf dans les ann\u00e9es 1980 sous Gorbatchev ; la guerre en Afghanistan \u00e9tait alors toujours en cours mais aucune autre ne fut d\u00e9clench\u00e9e. <\/p>\n\n\n\n

Apr\u00e8s l’effondrement de l’Union sovi\u00e9tique, des guerres furent men\u00e9es en Tch\u00e9tch\u00e9nie, au Tadjikistan, puis en G\u00e9orgie en 2008, en Crim\u00e9e en 2014<\/a> ; enfin, nous avons connu en 2022 une invasion agressive \u00e0 grande \u00e9chelle.<\/p>\n\n\n\n

Ne soyons donc pas na\u00effs. \u00c0 se pencher sur l\u2019Histoire, nous pouvons conclure que la Russie ne changera pas<\/a>. J’aimerais les voir changer, car ils sont nos voisins ; nous n\u2019avons pas choisi notre g\u00e9ographie.<\/p>\n\n\n\n

En ce qui concerne notre population, nous devons la rallier \u00e0 notre cause : nous avons besoin qu’elle croie que nous faisons ce qu’il faut. Cependant, comme toujours, le changement dans la soci\u00e9t\u00e9 commence par des d\u00e9cisions politiques. Si vous ne prenez pas de d\u00e9cision, vous n’obtiendrez pas de changement.<\/p>\n\n\n\n

La question est donc de savoir s’il faut diriger ou suivre. C’est exactement ainsi que cela se passe : lorsque nous voulons augmenter les d\u00e9penses de d\u00e9fense, nous devons prendre une d\u00e9cision. Cela apporte \u00e9galement de la certitude \u00e0 l’industrie. <\/p>\n\n\n\n

Dans les dix prochaines ann\u00e9es, nous disposerons dans le domaine de la d\u00e9fense, de  2000 \u00e0 3 000 milliards d\u2019euros suppl\u00e9mentaires. Aujourd\u2019hui, nous d\u00e9pensons environ 400 milliards, et si nous passons \u00e0 des d\u00e9penses de d\u00e9fense de l\u2019ordre de 3 % de notre PIB, cela signifie que nous disposerons de 200 milliards par an, soit 2 000 milliards en dix ans.<\/p>\n\n\n\n

Si nous passons plut\u00f4t \u00e0 3,5 % du PIB, et que nous tenons \u00e9galement compte de l’inflation, ce sont plus ou moins 3 000 milliards d’euros suppl\u00e9mentaires qui seront consacr\u00e9s \u00e0 la d\u00e9fense. Nous devons donc les d\u00e9penser \u00e0 bon escient pour renforcer nos capacit\u00e9s de d\u00e9fense.<\/p>\n\n\n\n

C’est pr\u00e9cis\u00e9ment pour cette raison que nous devons entretenir une tr\u00e8s bonne coop\u00e9ration avec l’industrie.<\/p>\n\n\n\n

Aujourd’hui, pour financer la politique de d\u00e9fense, les dirigeants politiques ont des discours diff\u00e9rents selon les pays. Certains pays ont la marge de man\u0153uvre budg\u00e9taire n\u00e9cessaire pour d\u00e9penser davantage ; d’autres disent qu’il faut augmenter les imp\u00f4ts ; d\u2019autres encore disent qu’il faut r\u00e9duire les d\u00e9penses dans d’autres domaines prioritaires, tels que l’\u00c9tat providence ou la transition \u00e9cologique. Ces compromis sont-ils n\u00e9cessaires ou faut-il croire que les investissements dans le secteur de la d\u00e9fense et l’innovation technologique qui en d\u00e9coulera constitueront \u00e0 eux seuls l\u2019\u00e9cosyst\u00e8me \u00e9conomique qui convient ?<\/h3>\n\n\n\n

\u00c9ric B\u00e9ranger Je pense que nous ne devrions pas mettre la charrue avant les b\u0153ufs : la premi\u00e8re question est de savoir si l’Europe existera toujours avec nos valeurs dans dix ans. Nous sommes aujourd\u2019hui \u00e0 un moment crucial : l\u2019existence d\u2019une telle Europe d\u00e9pendra de nos forces.<\/p>\n\n\n\n

Je suis fermement convaincu qu’aucun de nos pays europ\u00e9ens ne peut y parvenir seul : nous sommes tous au mieux des puissances moyennes. Or une puissance moyenne seule n\u2019a aucune chance face \u00e0 la Russie, \u00e0 la Chine ou m\u00eame aux \u00c9tats-Unis.<\/p>\n\n\n\n

Notre seule chance de pr\u00e9server nos valeurs est de rester unis. Pour ce faire et pour travailler ensemble, nous devons disposer d’une d\u00e9fense ad\u00e9quate \u2014 ce qui signifie que nous devons trouver les moyens de la financer.<\/p>\n\n\n\n

Ensuite, ces investissements g\u00e9n\u00e8rent \u00e9galement des avantages \u00e9conomiques tr\u00e8s importants : s\u2019ils \u00e9taient faits \u00e0 hauteur de 5 % du PIB europ\u00e9en, 660 000 postes seraient cr\u00e9\u00e9s sur le continent <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Ce chiffre est consid\u00e9rable : de fait, la d\u00e9fense utilise un type d’activit\u00e9s tr\u00e8s large, \u00e0 double usage. Tous nos fournisseurs ou presque sont actifs \u00e0 la fois dans le domaine de la d\u00e9fense et dans le domaine commercial ; lorsque vous les renforcez dans le domaine de la d\u00e9fense, vous les renforcez bien s\u00fbr \u00e0 l’\u00e9chelle mondiale, ce qui aide le domaine commercial.<\/p>\n\n\n\n

Pour la premi\u00e8re fois en soixante ans, les deux grandes puissances \u00e0 l’ouest et \u00e0 l’est de l’Europe, les \u00c9tats-Unis et la Russie, veulent nous d\u00e9truire, ou tout du moins d\u00e9manteler.<\/p>Michel Barnier<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Pour \u00eatre suffisamment autonome, il convient aussi de ne pas d\u00e9localiser l\u2019industrie sous-jacente : celle-ci doit \u00eatre implant\u00e9e en Europe. Aujourd\u2019hui, l\u2019industrie de d\u00e9fense est  implant\u00e9e presque partout sur le territoire : peu d\u2019autres sont capables de maintenir ce lien entre les diff\u00e9rentes r\u00e9gions d’Europe.<\/p>\n\n\n\n

Les avantages \u00e9conomiques sont donc r\u00e9els ; nous pouvons le constater dans diff\u00e9rents pays. En Allemagne, cette ann\u00e9e, le nombre d’emplois perdus dans l’industrie automobile est \u00e0 peu pr\u00e8s \u00e9quivalent au nombre de nouveaux emplois cr\u00e9\u00e9s dans l’industrie de d\u00e9fense. <\/p>\n\n\n\n

Malgr\u00e9 ces avantages, il convient de ne pas perdre de vue l\u2019essentiel : la question est surtout de savoir si l\u2019Europe telle que nous la connaissons, avec ses valeurs, sera encore pr\u00e9sente dans dix ans. <\/p>\n\n\n\n\n

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Beaucoup de jeunes Europ\u00e9ens esp\u00e9raient que l\u2019Union soit pionni\u00e8re dans la transition verte ; ils sont plut\u00f4t d\u00e9\u00e7us que ce soit en fait le contraire qui se produise et que l’Union \u00e9dulcore les d\u00e9cisions prises lors de la l\u00e9gislature pr\u00e9c\u00e9dente \u2014 d’une part en raison de la mont\u00e9e de l’extr\u00eame droite qui promeut un programme tr\u00e8s anti-vert, mais aussi en raison des imp\u00e9ratifs la d\u00e9fense. Peut-on r\u00e9concilier ces derniers avec la transition verte ?<\/h3>\n\n\n\n

Pierre-\u00c9tienne Franc<\/span> Il est difficile d\u2019envisager une autonomie strat\u00e9gique pour l\u2019Europe si celle-ci ne peut cesser d\u2019\u00eatre d\u00e9pendante des \u00e9nergies fossiles. C\u2019est en abandonnant celles-ci que l\u2019on peut passer \u00e0 des \u00e9nergies plus propres et d\u00e9velopper progressivement un programme climatique.<\/p>\n\n\n\n

En mati\u00e8re de climat comme dans le domaine de la d\u00e9fense, nous sommes confront\u00e9s \u00e0 la trag\u00e9die des horizons <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Dans le domaine de la d\u00e9fense, nous devons maintenant nous r\u00e9armer de mani\u00e8re cons\u00e9quente ; mais en m\u00eame temps, il nous faut en effet d\u00e9velopper une cha\u00eene d’approvisionnement durable incluant l’\u00e9nergie.<\/p>\n\n\n\n

La d\u00e9fense, l\u2019arm\u00e9e et l\u2019industrie a\u00e9rospatiale ont besoin de carburants synth\u00e9tiques ou durables : or, les carburants d\u00e9di\u00e9s \u00e0 l\u2019aviation militaire repr\u00e9sentent 5 \u00e0 7 % de tous les carburants utilis\u00e9s par les compagnies a\u00e9riennes en Europe. D\u00e9velopper des carburants durables serait un moyen de b\u00e2tir progressivement notre ind\u00e9pendance ; il convient d\u2019aller plus vite.<\/p>\n\n\n\n

Aujourd\u2019hui, notre approche nuit \u00e0 notre gouvernance politique et notre programme : nous n’avons pas encore d\u00e9cid\u00e9 de donner \u00e0 l’Europe les capacit\u00e9s de financement n\u00e9cessaires pour d\u00e9velopper une politique \u00e9nerg\u00e9tique commune ou se doter d\u2019une strat\u00e9gie de r\u00e9glementation qui ne soit pas dict\u00e9e par des d\u00e9bats politiques sans fin pour ne durer que quelques ann\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

Toutes les r\u00e9glementations li\u00e9es au climat dont nous disposons aujourd\u2019hui ont \u00e9t\u00e9 initi\u00e9es au d\u00e9but du premier mandat de von der Leyen ; elles ne sont pas encore transpos\u00e9es dans les \u00c9tats et font cependant d\u00e9j\u00e0 l’objet de nouvelles discussions. Faudrait-il donc que les investisseurs priv\u00e9s prennent des d\u00e9cisions d’investissement dans les carburants durables ou l’acier vert ? Sans savoir si les r\u00e9glementations vont rester en vigueur, comment garantir \u00e0 l’industrie de la d\u00e9fense qu’il existe un approvisionnement durable et ind\u00e9pendant en acier et en \u00e9nergie ?<\/p>\n\n\n\n

Cette trag\u00e9die de l’horizon peut \u00eatre r\u00e9solue en acc\u00e9l\u00e9rant la gouvernance en Europe, en cultivant un sentiment d\u2019urgence.<\/p>\n\n\n\n

Elle peut \u00eatre aussi r\u00e9solue en veillant \u00e0 ce que, lorsque nous convenons des technologies \u00e0 d\u00e9velopper, nous ne nous mettions pas dans une impasse en en choisissant qui sont tr\u00e8s longues \u00e0 d\u00e9ployer. Les infrastructures nucl\u00e9aires, par exemple, prennent beaucoup de temps \u00e0 \u00eatre construites et co\u00fbtent tr\u00e8s cher.<\/p>\n\n\n\n

Nous devons donc veiller \u00e0 d\u00e9velopper \u00e9galement les voies qui sont aujourd’hui les plus r\u00e9pandues dans le monde : les syst\u00e8mes renouvelables. Cela nous conduit \u00e0 une question probl\u00e9matique, qui est comme l’\u00e9l\u00e9phant dans la pi\u00e8ce : que faire avec la Chine ?<\/p>\n\n\n\n

Sans le leadership technologique chinois, nous ne sommes rien. Si nous ne trouvons pas un moyen de jouer \u00e0 armes \u00e9gales, nous devons trouver une strat\u00e9gie gagnant-gagnant o\u00f9 ce que nous obtenons, le march\u00e9 spatial europ\u00e9en, soit b\u00e2ti par des technologies, des unit\u00e9s de fabrication ou de la robotique situ\u00e9e en Europe.<\/p>\n\n\n\n

Nous devons trouver un moyen pour avancer dans cette voie ; sans quoi, nous nous retrouverons seuls, moins comp\u00e9titifs et expos\u00e9s \u00e0 un fort danger du c\u00f4t\u00e9 de la fronti\u00e8re russe.<\/p>\n\n\n\n

Depuis l\u2019\u00e9lection de Trump, l\u2019Europe se sent isol\u00e9e sur la sc\u00e8ne internationale. D\u2019autres coop\u00e9rations sont-elles envisageables pour \u00e9largir notre horizon mondial ?<\/h3>\n\n\n\n

Richard Moore<\/span> Peut-\u00eatre pouvons-nous \u00e9lever notre regard et examiner la situation d\u2019un autre angle. <\/p>\n\n\n\n

Nous ne devons donc pas nous faire d’illusions : le sch\u00e9ma d\u2019agression russe que nous observons depuis de nombreuses ann\u00e9es est bien \u00e9tabli, et les \u00e9l\u00e9ments d’activit\u00e9 hybride<\/a> sont de plus en plus pr\u00e9sents.<\/p>\n\n\n\n

Nous sommes aujourd\u2019hui pris dans une forme de comp\u00e9tition : nous devons faire preuve de r\u00e9silience et \u00eatre pr\u00eats \u00e0 dissuader et \u00e0 punir les mauvaises actions. <\/p>\n\n\n\n

D’un point de vue plus g\u00e9n\u00e9ral, nous vivons dans un monde contest\u00e9 et chaotique, o\u00f9 certains des anciens m\u00e9canismes du multilat\u00e9ralisme mondial ne fonctionnent pas. Ces m\u00e9canismes sont aujourd\u2019hui inutilisables en raison des structures mises en place apr\u00e8s 1945, en particulier au Conseil de s\u00e9curit\u00e9 des Nations unies. Leur utilisation n\u00e9cessiterait l’accord des principaux acteurs, qui aujourd\u2019hui ne peuvent s\u2019entendre.<\/p>\n\n\n\n

Cette situation conduit donc \u00e0 une s\u00e9rie d’accords plus souples et plus agiles et \u00e0 des arrangements pragmatiques avec plusieurs pays ; d\u00e9sormais il faut faire cause commune sur des sujets particuliers avec plusieurs \u00c9tats ; le probl\u00e8me est qu\u2019ils ne partagent pas toutes les valeurs que nous pouvons attribuer aux Europ\u00e9ens. <\/p>\n\n\n\n

Nous devons toutefois trouver un moyen de n\u00e9gocier avec ces personnes sans leur demander trop souvent de faire des choix qu’elles ne sont pas pr\u00eates \u00e0 faire.<\/p>\n\n\n\n

Ces choix sont parfois tr\u00e8s inconfortables pour eux. La Turquie<\/a>, par exemple, a r\u00e9ussi \u00e0 maintenir ses relations avec la Russie tout en apportant un tr\u00e8s bon soutien \u00e0 l’Ukraine.<\/p>\n\n\n\n

Il est inutile que nous soyons trop moralisateurs \u00e0 ce sujet. Nous devons simplement repousser certains \u00e9l\u00e9ments si nous ne les appr\u00e9cions pas, tout en trouvant un moyen pragmatique de travailler avec ces pays. <\/p>\n\n\n\n

Le monde d\u2019aujourd\u2019hui est plus compliqu\u00e9 ; nous ne retrouverons pas l\u2019environnement multilat\u00e9ral ordonn\u00e9 dont nous avons peut-\u00eatre b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 jusqu’\u00e0 r\u00e9cemment.<\/p>\n\n\n\n

D’une mani\u00e8re ou d’une autre, l’industrie de d\u00e9fense ukrainienne a appris par n\u00e9cessit\u00e9 ; c\u2019est cette n\u00e9cessit\u00e9 qui est la m\u00e8re de l’invention.<\/p>Oleksandr Kamyshin<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

L’Union a \u00e9t\u00e9, au cours des soixante-dix derni\u00e8res ann\u00e9es, un projet de paix en raison de la guerre en Europe. Pouvons-nous \u00e0 la fois mettre en \u0153uvre toutes ces mesures pour la d\u00e9fense de l\u2019Europe et esp\u00e9rer la paix ? Dans quelle mesure cette derni\u00e8re figure-t-elle encore au tableau ?<\/h3>\n\n\n\n

Oleksandr Kamyshin<\/span> La derni\u00e8re fois que l’Europe a \u00e9t\u00e9 touch\u00e9e par la guerre, Theodore Roosevelt a d\u00e9clar\u00e9 que les \u00c9tats-Unis \u00e9taient l’arsenal de la d\u00e9mocratie.<\/p>\n\n\n\n

Il semble plut\u00f4t que nous devions d\u00e9sormais compter sur nous-m\u00eames : l’Europe doit devenir l’arsenal du monde libre<\/a>.  \u00c0 cette fin, nous avons besoin de nouvelles technologies que l’Ukraine apportera pour rendre l\u2019Europe plus forte  ; elle a su les d\u00e9velopper pendant cette guerre.<\/p>\n\n\n\n

La guerre qui a commenc\u00e9 sera connue plus tard comme la premi\u00e8re guerre par drones<\/a> conduite au monde ; nous devons \u00eatre pr\u00eats.<\/p>\n\n\n\n

Michel Barnier<\/span> Nous avons des le\u00e7ons \u00e0 tirer de la guerre. Elle n\u2019est pas finie, et seul vous et le pr\u00e9sident Zelensky pouvez d\u00e9cider quand et comment la guerre prendra fin.<\/p>\n\n\n\n

Toutefois,  il n’est pas trop t\u00f4t pour essayer de tirer des le\u00e7ons durables pour l’Europe pendant et apr\u00e8s cette guerre. <\/p>\n\n\n\n

Premi\u00e8rement,  nous devons rester unis.<\/p>\n\n\n\n

Deuxi\u00e8mement, nous devons \u00eatre moins na\u00effs. <\/p>\n\n\n\n

Troisi\u00e8mement, nous devons agir avec moins de formalit\u00e9s administratives et de bureaucratie. <\/p>\n\n\n\n

Quatri\u00e8mement, nous devons investir davantage dans les domaines cl\u00e9s de notre ind\u00e9pendance et de notre autonomie. Cela signifie l’\u00e9nergie, la d\u00e9fense et l’IA.<\/p>\n\n\n\n

Je pense que le moment approche de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 une nouvelle gouvernance en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9 et de d\u00e9fense au niveau europ\u00e9en \u2014 de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 ce que pourrait \u00eatre un Conseil europ\u00e9en de d\u00e9fense. Nous devons aussi songer au moyen de nous associer et de coop\u00e9rer avec des pays, grands ou petits, qui ne sont pas encore membres de l’Union ou qui ne le sont plus. <\/p>\n\n\n\n

Le Royaume-Uni est un point essentiel. Je ne peux imaginer aucune strat\u00e9gie d’autonomie, de s\u00e9curit\u00e9 et de d\u00e9fense en Europe sans lui.<\/p>\n\n\n\n

J’ai pass\u00e9 quatre ans \u00e0 organiser le divorce du Brexit de la meilleure fa\u00e7on possible ; au bout du compte, il reste cependant beaucoup \u00e0 faire et \u00e0 concr\u00e9tiser avec le Royaume-Uni en mati\u00e8re de d\u00e9fense, de s\u00e9curit\u00e9, de lutte contre le terrorisme, de coop\u00e9ration en Afrique et m\u00eame en mati\u00e8re d’\u00e9nergie et d’investissement importants sur l\u2019IA.<\/p>\n\n\n\n

Je pense donc que nous devons r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 ce que pourrait \u00eatre le cadre dans lequel nous pourrions travailler ensemble.<\/p>\n\n\n\n

Hanno Pevkur<\/span> Nous croyons sinc\u00e8rement en l’OTAN et en ce que nous pouvons construire tous ensemble.<\/p>\n\n\n\n

Nous devrions tous nous poser cette question simple : voulons-nous que se rallie \u00e0 notre c\u00f4t\u00e9 une arm\u00e9e de 800 000 soldats et un pays dot\u00e9 du plus grand potentiel industriel en mati\u00e8re de d\u00e9fense \u2014 ou bien qu\u2019il passe du c\u00f4t\u00e9 adverse ?<\/p>\n\n\n\n

Une fois que nous aurons la r\u00e9ponse \u00e0 cette question, nous saurons \u00e9galement comment r\u00e9pondre \u00e0 celle-ci : faut-il aider davantage l’Ukraine ou non ?<\/p>\n\n\n\n

Un autre point doit \u00eatre soulign\u00e9 : personne n’est \u00e0 l’abri de la menace. Un conteneur de cargo peut contenir cinq \u00e0 sept drones Shahed<\/a> ; c\u2019est dire que toute la c\u00f4te italienne ou fran\u00e7aise peut \u00eatre menac\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est l\u00e0 notre r\u00e9alit\u00e9. La situation n’est donc pas diff\u00e9rente en Estonie, o\u00f9 nous avons une fronti\u00e8re terrestre avec la Russie, ou en Italie ou en France.<\/p>\n\n\n\n

Si nous voulons avoir une force de dissuasion cr\u00e9dible pour la Russie, nous devons montrer notre puissance, pour lui faire comprendre que nous avons les moyens et les capacit\u00e9s n\u00e9cessaires ; c’est la seule chose que la Russie peut entendre.<\/p>\n\n\n\n

Si nous voulons la paix, nous devons donc nous pr\u00e9parer \u00e0 la guerre ; c’est malheureusement une r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990, alors que nous \u00e9tions en difficult\u00e9 \u00e9conomique, le pr\u00e9sident estonien Lennart Meri a prononc\u00e9 des paroles pleines de sagesse : \u00ab La situation est merdique \u2014 mais c\u2019est l’engrais de notre avenir. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

\u00c9ric B\u00e9ranger<\/span> Pouvons-nous maintenir le projet de paix en Europe ? Oui, sans aucun doute.<\/p>\n\n\n\n

Sans \u00eatre na\u00effs, nous devons reconna\u00eetre pourtant que l’ordre international, sans \u00eatre tout \u00e0 fait r\u00e9volu, a \u00e9t\u00e9 constamment et fortement remis en question.<\/p>\n\n\n\n

Nous vivons aujourd’hui dans un monde o\u00f9 nous avons effectivement besoin du pragmatisme ou de la souplesse britanniques ; mais nous vivons \u00e9galement dans un monde o\u00f9 la force compte. <\/p>\n\n\n\n

Si nous pr\u00e9parons la guerre, nous voulons pourtant la paix ; pour l\u2019obtenir, nous devons \u00eatre en mesure de dissuader tout agresseur potentiel, pour le convaincre que nous avons les moyens de lui faire du mal.<\/p>\n\n\n\n

C’est dans ce domaine que l’industrie de la d\u00e9fense peut apporter une contribution, comme elle le fait d\u00e9j\u00e0. Il suffit que l’Europe se mobilise pour que nous fassions encore mieux. Il convient aussi de convaincre la Russie que nous utiliserons la force si n\u00e9cessaire : c’est l\u00e0 le travail des femmes et des hommes politiques.<\/p>\n\n\n\n

Aujourd\u2019hui, l’Ukraine est pass\u00e9e du statut de b\u00e9n\u00e9ficiaire de la s\u00e9curit\u00e9 \u00e0 celui de garant de la s\u00e9curit\u00e9.<\/p>Oleksandr Kamyshin<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Pierre-\u00c9tienne Franc<\/span> Je pense que nous sous-estimons la le\u00e7on que nous donne l’Ukraine sur la dynamique des drones : celle-ci est une le\u00e7on de gestion de l’urgence, bien meilleure que n’importe quel programme ou recette que l’on apprend dans les \u00e9coles de commerce ou ailleurs.<\/p>\n\n\n\n

Les drones \u00e9taient auparavant un outil ; aujourd’hui, ils changent compl\u00e8tement la dynamique d’\u00e9valuation de ce qui est important dans une arm\u00e9e. La premi\u00e8re le\u00e7on \u00e0 tirer de cet \u00e9tat de fait est donc que l’urgence cr\u00e9e la rapidit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Il faut aussi compter avec un certain soutien : gr\u00e2ce \u00e0 l’action de Trump, le sentiment europ\u00e9en existe d\u00e9sormais ; le sondage Eurobazooka l\u2019illustre bien<\/a>. Il convient donc d\u2019insuffler en Europe le sentiment de l\u2019urgence pour que celle-ci montre la voie. Les fondations ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 jet\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

Richard Moore La paix doit \u00eatre gagn\u00e9e par le sacrifice et un travail acharn\u00e9.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

La guerre en Ukraine a transform\u00e9 l\u2019Europe.<\/p>\n

Aujourd\u2019hui, la Russie nous a clairement d\u00e9sign\u00e9s comme son ennemi.<\/p>\n

Comment faire face  ?<\/p>\n

Au Sommet Grand Continent, Rosa Balfour croise les perspectives d\u2019un ancien Premier ministre fran\u00e7ais, de deux chefs d\u2019entreprises, d\u2019un ancien patron du renseignement britannique et du ministre estonien de la D\u00e9fense.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":309549,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-interviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[3687],"tags":[],"geo":[1917],"class_list":["post-309545","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-sommet-grand-continent","staff-rosa-balfour","geo-europe"],"acf":[],"yoast_head":"\nLa guerre et l'Europe: \u00c9ric B\u00e9ranger, Michel Barnier, Oleksandr Kamyshin, Pierre-\u00c9tienne Franc, Sir Richard Moore et Hanno Pevkur<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/12\/27\/la-guerre-et-leurope-sommet-grand-continent-2025\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"La guerre et l'Europe: \u00c9ric B\u00e9ranger, Michel Barnier, Oleksandr Kamyshin, Pierre-\u00c9tienne Franc, Sir Richard Moore et Hanno Pevkur\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"La guerre en Ukraine a transform\u00e9 l\u2019Europe. 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