{"id":306120,"date":"2025-11-24T19:00:00","date_gmt":"2025-11-24T18:00:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=306120"},"modified":"2025-11-24T18:56:36","modified_gmt":"2025-11-24T17:56:36","slug":"la-coree-du-nord-est-en-mesure-de-detruire-des-cibles-aux-etats-unis-et-en-europe-joel-s-wit-decrypte-les-bombes-de-pyongyang","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/11\/24\/la-coree-du-nord-est-en-mesure-de-detruire-des-cibles-aux-etats-unis-et-en-europe-joel-s-wit-decrypte-les-bombes-de-pyongyang\/","title":{"rendered":"\u00ab La Cor\u00e9e du Nord est en mesure de d\u00e9truire des cibles aux \u00c9tats-Unis et en Europe \u00bb : Joel S. Wit d\u00e9crypte les bombes de Pyongyang"},"content":{"rendered":"\n
Joel S. Wit<\/span> Si les experts peuvent diverger sur certains aspects techniques, tout responsable gouvernemental am\u00e9ricain ou europ\u00e9en doit partir du principe que la Cor\u00e9e du Nord est en mesure de d\u00e9truire des cibles aux \u00c9tats-Unis et en Europe.<\/p>\n\n\n\n Les dirigeants occidentaux doivent se pr\u00e9parer \u00e0 cette \u00e9ventualit\u00e9. <\/p>\n\n\n\n Les sc\u00e9naristes le font d\u00e9j\u00e0 : vous avez peut-\u00eatre vu le r\u00e9cent film House of Dynamite<\/em>. Dans cette fiction, le missile qui se dirige vers Chicago provient des environs de la Cor\u00e9e du Nord \u2014 m\u00eame si le nom de ce pays n\u2019est jamais explicitement prononc\u00e9. Cela refl\u00e8te la r\u00e9alit\u00e9 avec laquelle nous devons d\u00e9sormais composer : les missiles nord-cor\u00e9ens sont capables de parcourir de tr\u00e8s longues distances en tr\u00e8s peu de temps.<\/p>\n\n\n\n Au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990, lorsque le pr\u00e9sident Clinton \u00e9tait au pouvoir, la Cor\u00e9e du Nord n’avait pas encore produit de combustibles nucl\u00e9aires. Elle \u00e9tait sur le point de le faire, mais elle ne disposait ni de mati\u00e8res premi\u00e8res, ni de bombes, et ses missiles avaient une port\u00e9e tr\u00e8s courte. \u00c0 ce moment-l\u00e0, le terrain \u00e9tait propice \u00e0 un accord diplomatique, que nous avons conclu en 1994.<\/p>\n\n\n\n Il s’agissait d’un accord de d\u00e9nucl\u00e9arisation. <\/p>\n\n\n\n La Cor\u00e9e du Nord devait renoncer \u00e0 tout ce qui \u00e9tait li\u00e9 \u00e0 son programme nucl\u00e9aire. En \u00e9change, nous promettions de lui fournir deux nouveaux r\u00e9acteurs qui ne pourraient pas produire de mati\u00e8res pour fabriquer des bombes, et du mazout pour faire fonctionner leurs centrales \u00e9lectriques. En outre, les \u00c9tats-Unis acceptaient d’engager un processus visant \u00e0 am\u00e9liorer leurs relations avec la Cor\u00e9e du Nord.<\/p>\n\n\n\n Pour nous c\u2019\u00e9tait donc un bon accord : nous mettions fin \u00e0 leur programme nucl\u00e9aire qui, selon les estimations de nos services de renseignement, aurait permis de produire jusqu’\u00e0 100 armes nucl\u00e9aires d’ici la fin de la d\u00e9cennie 1990. L\u2019accord \u00e9tait \u00e9galement bon pour eux, car \u00e0 ce moment-l\u00e0, la Cor\u00e9e du Nord souhaitait am\u00e9liorer ses relations avec Washington et \u00e9tait pr\u00eate \u00e0 renoncer \u00e0 son programme nucl\u00e9aire pour atteindre cet objectif.<\/p>\n\n\n\n Tout le monde conna\u00eet la posture de l’administration Bush en mati\u00e8re de politique \u00e9trang\u00e8re. Elle s\u2019est exprim\u00e9e lors de l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, mais aussi dans le cas de la Cor\u00e9e du Nord.<\/p>\n\n\n\n L’administration Bush ne croyait pas aux n\u00e9gociations. Elle croyait en la puissance am\u00e9ricaine et en notre capacit\u00e9 \u00e0 forcer les autres pays \u00e0 renoncer \u00e0 leurs int\u00e9r\u00eats nationaux. La mani\u00e8re dont elle a trait\u00e9 la Cor\u00e9e du Nord en est un excellent exemple.<\/p>\n\n\n\n Lorsque l’administration Bush est arriv\u00e9e au pouvoir, la plupart des hauts fonctionnaires qui la composaient pensaient que l’accord-cadre de 1994 \u00e9tait une grave erreur ; d’abord pour une raison id\u00e9ologique \u2014 il avait \u00e9t\u00e9 n\u00e9goci\u00e9 avec un r\u00e9gime malfaisant \u2014 mais aussi parce que les Nord-Cor\u00e9ens menaient des activit\u00e9s nucl\u00e9aires qu’ils n’auraient pas d\u00fb entreprendre.<\/p>\n\n\n\n Les Nord-Cor\u00e9ens jouaient secr\u00e8tement avec l’id\u00e9e de produire de l’uranium enrichi pour fabriquer des armes nucl\u00e9aires ; nous l’avons d\u00e9couvert \u00e0 la fin de l’administration Clinton et avons \u00e9labor\u00e9 un plan pour les en emp\u00eacher. Bien s\u00fbr, ce n’est pas le vice-pr\u00e9sident Al Gore qui a remport\u00e9 l’\u00e9lection, mais George Bush, et les efforts nord-cor\u00e9ens se sont poursuivis sans \u00eatre contrari\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n Kim Jong-un s\u2019est montr\u00e9 beaucoup plus d\u00e9termin\u00e9 que son p\u00e8re \u00e0 se doter d’un arsenal.<\/p>Joel S. Wit<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n En 2002, le programme avait progress\u00e9, et les n\u00e9oconservateurs de l’administration Bush ont d\u00e9cid\u00e9 de poser un ultimatum aux Nord-Cor\u00e9ens : mettre fin au programme nucl\u00e9aire ou subir les cons\u00e9quences de leur obstination.<\/p>\n\n\n\n Ces n\u00e9oconservateurs n’ont pas propos\u00e9 une voie m\u00e9diane, qui aurait consist\u00e9 \u00e0 confronter les Nord-Cor\u00e9ens \u00e0 leurs violations de l\u2019accord de 1994, \u00e0 exiger qu’ils y mettent un terme et \u00e0 leur imposer des inspections pour s\u2019en assurer. Or s’il y a une chose que les Nord-Cor\u00e9ens d\u00e9testent, ce sont les ultimatums ; ils l’ont donc naturellement rejet\u00e9, en proposant toutefois de ren\u00e9gocier l’accord de 1994. L’administration Bush a rejet\u00e9 cette offre.<\/p>\n\n\n\n Lorsque les Nord-Cor\u00e9ens ont finalement d\u00e9cid\u00e9 de relancer leur programme nucl\u00e9aire, l’administration Bush n’a pas su r\u00e9agir, car elle n’avait rien anticip\u00e9. Ce n’est qu’au cours du second mandat de George Bush, qui a d\u00e9but\u00e9 en 2003, qu’il s\u2019est d\u00e9cid\u00e9 \u00e0 essayer de n\u00e9gocier un nouvel accord, reprenant celui qu’il avait rejet\u00e9.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 la fin de son mandat, aucun accord n’avait \u00e9t\u00e9 conclu. Lorsqu’il a quitt\u00e9 ses fonctions, la situation \u00e9tait devenue tr\u00e8s confuse.<\/p>\n\n\n\n Obama a h\u00e9rit\u00e9 de ce g\u00e2chis.<\/p>\n\n\n\n Avant qu’il ne remporte l’investiture d\u00e9mocrate, lors d’un d\u00e9bat avec Hillary Clinton, il avait d\u00e9clar\u00e9 qu’il allait tendre la main aux dictateurs \u00e9trangers. Mais il ne l’a jamais vraiment fait avec la Cor\u00e9e du Nord.<\/p>\n\n\n\n Il y a plusieurs raisons \u00e0 cela. D\u2019abord, les Nord-Cor\u00e9ens ont eu du mal \u00e0 passer de d\u00e9cennies de confrontation \u00e0 la mise en place d’une coop\u00e9ration avec les \u00c9tats-Unis ; ils ont continu\u00e9 \u00e0 tester leurs armes, au cas o\u00f9 la diplomatie ne fonctionnerait pas. Ainsi, lorsque Obama est entr\u00e9 en fonction, la Cor\u00e9e du Nord a proc\u00e9d\u00e9 \u00e0 des essais d’armes de destruction massive, ce qui a convaincu le pr\u00e9sident am\u00e9ricain de ne m\u00eame pas essayer de conclure des accords.<\/p>\n\n\n\n Pendant huit ans, l’administration Obama a donc en effet adopt\u00e9 une approche de \u00ab patience strat\u00e9gique \u00bb, qui consistait \u00e0 faire pression sur la Cor\u00e9e du Nord afin qu’elle revienne \u00e0 la table des n\u00e9gociations et accepte les conditions am\u00e9ricaines. Cela n’a pas fonctionn\u00e9 : en huit ans, l’arsenal de la Cor\u00e9e du Nord est pass\u00e9 d’une poign\u00e9e de missiles pouvant seulement atteindre le Japon et de quelques armes nucl\u00e9aires, \u00e0 un arsenal capable de d\u00e9truire des villes am\u00e9ricaines.<\/p>\n\n\n\n Ce fut donc un \u00e9chec cuisant. Un responsable de la Maison-Blanche m’a confi\u00e9 que l’administration Obama \u00e9tait pass\u00e9e par les cinq \u00e9tapes du deuil dans ses relations avec la Cor\u00e9e du Nord : elle a commenc\u00e9 par le d\u00e9ni et a fini par l’acceptation. \u00c0 la fin de son mandat, Obama s\u2019est d\u00e9cid\u00e9 \u00e0 n\u00e9gocier un accord, mais le temps a manqu\u00e9 pour y parvenir.<\/p>\n\n\n\n Obama semblait effectivement croire que le r\u00e9gime nord-cor\u00e9en pourrait s’effondrer.<\/p>\n\n\n\n En 2015, il a soulign\u00e9 le r\u00f4le que les m\u00e9dias avaient jou\u00e9 dans le d\u00e9clenchement des Printemps arabes. Il pensait que la m\u00eame chose pourrait arriver en Cor\u00e9e du Nord.<\/p>\n\n\n\n Cette th\u00e9orie \u00e9tait d\u00e9fendue \u00e0 l\u2019\u00e9poque par les n\u00e9oconservateurs, qui ne voulaient pas parler avec la Cor\u00e9e du Nord et esp\u00e9raient donc qu\u2019elle s’effondre et disparaisse d’elle-m\u00eame, afin que nous n’ayons plus \u00e0 nous en occuper. <\/p>\n\n\n\n La politique d\u2019Obama \u00e0 l\u2019\u00e9gard de Pyongyang s\u2019est donc r\u00e9sum\u00e9e \u00e0 une \u00ab diplomatie coercitive \u00bb. L\u2019id\u00e9e \u00e9tait que, soumise \u00e0 une pression suffisamment forte, principalement par le biais de sanctions, la Cor\u00e9e du Nord finirait par se sentir oblig\u00e9e de revenir \u00e0 la table des n\u00e9gociations et de conclure des accords avec les \u00c9tats-Unis. Le probl\u00e8me, c’est que ces sanctions n’ont jamais \u00e9t\u00e9 appliqu\u00e9es s\u00e9rieusement.<\/p>\n\n\n\n De plus, la Cor\u00e9e du Nord est bien plus r\u00e9sistante que la plupart des gens ne le pensent. Les experts qui, comme moi, ont l’habitude de s\u2019y rendre, de discuter avec des Nord-Cor\u00e9ens, de travailler avec eux et qui connaissent bien leur histoire, savent que ce r\u00e9gime n’est pas fragile, contrairement \u00e0 ce que l’on croit g\u00e9n\u00e9ralement. Ce n’est pas l’Union sovi\u00e9tique. Il est tr\u00e8s r\u00e9sistant et capable de faire face \u00e0 la pression ext\u00e9rieure.<\/p>\n\n\n\n Il n\u2019est donc pas surprenant que la Cor\u00e9e du Nord n’ait pas c\u00e9d\u00e9 \u00e0 la diplomatie coercitive d\u2019Obama. \u00c0 la fin de son deuxi\u00e8me mandat, Washington a d\u00fb reconna\u00eetre cette r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Tout responsable gouvernemental am\u00e9ricain ou europ\u00e9en doit partir du principe que la Cor\u00e9e du Nord est en mesure de d\u00e9truire des cibles aux \u00c9tats-Unis et en Europe.<\/p>Joel S. Wit<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Le passage de relais a surtout marqu\u00e9 un tournant important dans le d\u00e9veloppement de l\u2019arsenal nucl\u00e9aire et balistique nord-cor\u00e9en. Kim Jong-un est tr\u00e8s diff\u00e9rent de son p\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n Kim Jong-il poursuivait lentement son programme d’armement nucl\u00e9aire et balistique. Il effectuait des essais peu fr\u00e9quents de missiles \u00e0 longue port\u00e9e et d’engins nucl\u00e9aires. Kim Jong-un s\u2019est montr\u00e9 beaucoup plus d\u00e9termin\u00e9 \u00e0 se doter d’un arsenal<\/a>, ce qui est devenu tr\u00e8s clair \u00e0 la fin du mandat d’Obama, lorsqu’il a multipli\u00e9 les essais d’armes. <\/p>\n\n\n\n Dans le m\u00eame temps, il a men\u00e9 une diplomatie tr\u00e8s active tout au long du second mandat d’Obama. \u00c0 plusieurs reprises, les Nord-Cor\u00e9ens ont clairement indiqu\u00e9 qu’ils \u00e9taient pr\u00eats \u00e0 discuter. Malheureusement, pendant une grande partie du second mandat, l’administration Obama n’a pas voulu engager de discussions. Les \u00c9tats-Unis avaient d’autres priorit\u00e9s en mati\u00e8re de politique \u00e9trang\u00e8re et n’ont pas r\u00e9pondu positivement \u00e0 ces initiatives.<\/p>\n\n\n\n Kim a donc d\u00e9cid\u00e9 de poursuivre son programme nucl\u00e9aire selon sa propre version de la \u00ab diplomatie coercitive \u00bb, afin d’obtenir une r\u00e9ponse positive. \u00c0 la fin du mandat d’Obama, les Nord-Cor\u00e9ens ont intensifi\u00e9 leurs essais nucl\u00e9aires et balistiques. Cela a finalement convaincu l’administration Obama qu’elle devait conclure un accord. Le probl\u00e8me c\u2019est qu\u2019en 2016, c\u2019est Donald Trump \u2014 et non Hillary Clinton \u2014 qui a remport\u00e9 les \u00e9lections\u2026<\/p>\n\n\n\n La premi\u00e8re \u00e9lection de Donald Trump a \u00e9t\u00e9 une bonne chose pour la reprise des n\u00e9gociations avec la Cor\u00e9e du Nord.<\/p>\n\n\n\n Trump \u00e9tait ouvert \u00e0 l’id\u00e9e d’un sommet et cela correspondait exactement \u00e0 ce que voulaient les Nord-Cor\u00e9ens. Or comme Kim Jong-un \u00e9tait la seule personne en Cor\u00e9e du Nord \u00e0 pouvoir accepter la d\u00e9nucl\u00e9arisation du pays, cela avait beaucoup de sens.<\/p>\n\n\n\n L’engagement de Kim Jong-un dans les n\u00e9gociations est souvent minimis\u00e9, mais je pense pouvoir affirmer clairement qu’il \u00e9tait s\u00e9rieux : les dirigeants nord-cor\u00e9ens successifs, Kim Il-sung, Kim Jong-il et Kim Jong-un, ont toujours nourri l’espoir de moderniser leur \u00e9conomie, mais n’ont jamais pu y parvenir en raison du poids des d\u00e9penses militaires.<\/p>\n\n\n\n Juste avant le sommet de Hano\u00ef, au d\u00e9but de l’ann\u00e9e 2019, Kim Jong-un a prononc\u00e9 son habituel discours du Nouvel An. Il y a fait allusion \u00e0 de futures initiatives pour la nouvelle ann\u00e9e : en t\u00eate de liste figurait l’am\u00e9lioration des relations avec les \u00c9tats-Unis, mais \u00e9galement l\u2019objectif de modernisation \u00e9conomique, de r\u00e9duction des d\u00e9penses militaires et de r\u00e9orientation des ressources \u00e9conomiques vers le d\u00e9veloppement de l’\u00e9conomie civile.<\/p>\n\n\n\n Ce discours a bien s\u00fbr \u00e9t\u00e9 largement relay\u00e9 par les m\u00e9dias nord-cor\u00e9ens. Il ne s’agissait pas d’un discours destin\u00e9 uniquement aux \u00e9trangers, mais \u00e9galement \u00e0 son peuple. C’est un \u00e9l\u00e9ment important qui, selon moi, \u00e9chappe \u00e0 la plupart des analystes : bien que les sommets avec Trump aient \u00e9chou\u00e9, Kim Jong-un \u00e9tait s\u00e9rieux lorsqu\u2019il s\u2019est engag\u00e9 sur la voie des n\u00e9gociations.<\/p>\n\n\n\n La Chine et la Russie soutiennent d\u00e9sormais pleinement la Cor\u00e9e du Nord ; elles n\u2019appuient ni les sanctions existantes, ni l’imposition de nouvelles.<\/p>Joel S. Wit<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Le sommet de Hano\u00ef en f\u00e9vrier 2019 et celui qui s’est tenu dans la zone cor\u00e9enne d\u00e9militaris\u00e9e (DMZ) le 30 juin 2019 ont tous deux \u00e9t\u00e9 des d\u00e9sastres.<\/p>\n\n\n\n Celui de Hano\u00ef, d\u2019abord, aurait pu \u00eatre un \u00e9norme succ\u00e8s.<\/p>\n\n\n\n Lors des n\u00e9gociations qui ont pr\u00e9c\u00e9d\u00e9 le sommet entre l’envoy\u00e9 sp\u00e9cial am\u00e9ricain Stephen Biegun et les Nord-Cor\u00e9ens, un projet de document d’environ dix pages a \u00e9t\u00e9 r\u00e9dig\u00e9. Ce document proposait une r\u00e9solution de presque toutes les questions qui avaient \u00e9t\u00e9 discut\u00e9es entre les \u00c9tats-Unis et la Cor\u00e9e du Nord depuis le d\u00e9but des ann\u00e9es 1990 \u2014 allant de l’\u00e9tablissement de relations diplomatiques \u00e0 la n\u00e9gociation d’un trait\u00e9 de paix.<\/p>\n\n\n\n Seules deux questions principales restaient \u00e0 r\u00e9gler : l’une concernait le processus de d\u00e9nucl\u00e9arisation, l’autre la lev\u00e9e des sanctions. C’\u00e9tait \u00e0 Trump et Kim de d\u00e9cider de l’\u00e9change entre la d\u00e9nucl\u00e9arisation nord-cor\u00e9enne et la lev\u00e9e des sanctions am\u00e9ricaines et internationales contre la Cor\u00e9e du Nord. C\u2019\u00e9tait tout \u00e0 fait logique : les grandes questions sont g\u00e9n\u00e9ralement r\u00e9solues par les dirigeants eux-m\u00eames lors des sommets.<\/p>\n\n\n\n Kim Jong-un est arriv\u00e9 avec une position de d\u00e9part forte : il n’accepterait de d\u00e9manteler que la principale installation nucl\u00e9aire nord-cor\u00e9enne connue, situ\u00e9e \u00e0 Yongbyon, et non les autres installations nucl\u00e9aires dont nous connaissions l\u2019existence. En \u00e9change de quoi, il exigeait que les \u00c9tats-Unis et les Nations unies l\u00e8vent toutes les sanctions contre la Cor\u00e9e du Nord. Trump n’a pas accept\u00e9 cette proposition.<\/p>\n\n\n\n Trump ne poussait pas pour autant en faveur d\u2019un pr\u00e9tendu \u00ab grand accord \u00bb de d\u00e9nucl\u00e9arisation de la Cor\u00e9e du Nord. Il \u00e9tait pr\u00eat \u00e0 accepter un petit accord, mais pas celui propos\u00e9 par Kim. Le pr\u00e9sident am\u00e9ricain a propos\u00e9 d’accepter le d\u00e9mant\u00e8lement de Yongbyon, mais en \u00e9change d’une lev\u00e9e partielle des sanctions. Il n\u2019envisageait de lever toutes les sanctions qu\u2019en \u00e9change de la fermeture des autres installations.<\/p>\n\n\n\n La premi\u00e8re r\u00e9action de Kim a \u00e9t\u00e9 de rejeter la proposition ; les pourparlers ont donc \u00e9t\u00e9 suspendus et Trump a voulu quitter le sommet plus t\u00f4t que pr\u00e9vu, en voulant passer \u00e0 autre chose. Donald Trump n’est pas r\u00e9put\u00e9 pour sa patience et Anthony Fauci l\u2019a sur ce point compar\u00e9 un jour \u00e0 un enfant de maternelle : on le surnomme \u00ab l’homme des deux minutes \u00bb.<\/p>\n\n\n\n Or pendant ce temps, Stephen Biegun rencontrait un proche collaborateur de Kim Jong-un dans un couloir et les n\u00e9gociations progressaient. Trump est cependant pass\u00e9 devant eux en sortant, ce qui a mis fin aux discussions ; tout le monde a d\u00fb ainsi suivre le pr\u00e9sident, car ils ne pouvaient pas rester en arri\u00e8re d\u00e8s lors qu\u2019il avait manifest\u00e9 son intention de partir.<\/p>\n\n\n\n Les discussions de couloir n’auraient peut-\u00eatre pas r\u00e9solu les questions en suspens, mais elles avaient permis de progresser. On peut se demander ce qui se serait pass\u00e9 si Trump \u00e9tait rest\u00e9 jusqu’\u00e0 la fin du sommet.<\/p>\n\n\n\n Lorsque le Air Force One a d\u00e9coll\u00e9 de Hano\u00ef, la premi\u00e8re chose que Trump a faite a \u00e9t\u00e9 d’appeler le pr\u00e9sident sud-cor\u00e9en Moon Jae-in, qui avait r\u00e9guli\u00e8rement rencontr\u00e9 Kim Jong-un et entretenait de bonnes relations avec lui. Trump lui a demand\u00e9 de contacter Kim pour savoir comment il se sentait.<\/p>\n\n\n\n Kim \u00e9tait manifestement tr\u00e8s en col\u00e8re, d\u2019apr\u00e8s quelques \u00e9chos ; Trump a demand\u00e9 \u00e0 Moon d’appeler Kim Jong-un, \u00e0 plusieurs reprises. Il a donc peut-\u00eatre compris qu’il n’avait pas bien agi en quittant la table des n\u00e9gociations.<\/p>\n\n\n\n Si les dirigeants nord-cor\u00e9ens ont toujours nourri l’espoir de moderniser leur \u00e9conomie, ils n’ont jamais pu y parvenir en raison du poids des d\u00e9penses militaires.<\/p>Joel S. Wit<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n John Bolton, un n\u00e9oconservateur issu de l’administration Bush, s’est effectivement efforc\u00e9 de faire annuler l’accord conclu par Clinton en 1994 et d\u00e9testait l\u2019id\u00e9e m\u00eame de dialoguer avec les Nord-Cor\u00e9ens. Il pr\u00e9f\u00e9rait recourir \u00e0 des moyens militaires pour traiter avec eux. Toutefois, l\u2019id\u00e9e que Bolton aurait influenc\u00e9 le pr\u00e9sident Trump pour qu’il quitte la table des n\u00e9gociations est un mythe. <\/p>\n\n\n\n Bolton n’a pas vraiment particip\u00e9 \u00e0 la prise de d\u00e9cision pendant la majeure partie de la p\u00e9riode qui a pr\u00e9c\u00e9d\u00e9 les sommets de Trump. Il a \u00e9t\u00e9 \u00e9cart\u00e9 par le secr\u00e9taire d’\u00c9tat, Mike Pompeo, et Stephen Biegun, qui travaillait pour le premier. Bolton a \u00e9t\u00e9 tenu \u00e0 l’\u00e9cart du sommet ; dans les M\u00e9moires qu\u2019il a publi\u00e9es en 2020, il explique que toutes les suggestions qu’il a faites au pr\u00e9sident Trump ont \u00e9t\u00e9 rejet\u00e9es d’embl\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n En fait, Trump avait la bonne approche : commencer par un petit accord, puis avancer pas \u00e0 pas vers la d\u00e9nucl\u00e9arisation. John Bolton d\u00e9testait cette mani\u00e8re de faire. Apr\u00e8s quelques mois, apr\u00e8s une accalmie et alors qu’il \u00e9tait devenu tr\u00e8s clair que Kim Jong-un n’\u00e9tait pas satisfait, Trump a tweet\u00e9 qu’il \u00e9tait \u00e0 Tokyo et a invit\u00e9 Kim \u00e0 le rencontrer dans la zone d\u00e9militaris\u00e9e. \u00c9tonnamment, la rencontre a eu lieu quelques jours plus tard.<\/p>\n\n\n\n Lors de cette rencontre, il est apparu une fois de plus que Kim Jong-un n’\u00e9tait pas satisfait de ce qui s’\u00e9tait pass\u00e9 \u00e0 Hano\u00ef. Il l’a clairement fait savoir \u00e0 Trump lors d’une s\u00e9ance priv\u00e9e. <\/p>\n\n\n\n \u00c0 la fin de la r\u00e9union, les deux hommes ont pourtant convenu de relancer les pourparlers entre Stephen Biegun et le n\u00e9gociateur nord-cor\u00e9en, ce qui constituait une \u00e9volution positive.<\/p>\n\n\n\n Lors de sa rencontre avec Kim, Trump a promis d’annuler un prochain exercice militaire conjoint entre les arm\u00e9es am\u00e9ricaine et sud-cor\u00e9enne ; malgr\u00e9 cela, apr\u00e8s la fin de la rencontre, l’exercice a tout de m\u00eame eu lieu.<\/p>\n\n\n\n Nous avons d\u00e9sormais acc\u00e8s aux lettres priv\u00e9es de Kim \u00e0 Trump et il est clair que Kim Jong-un \u00e9tait furieux. Lorsque Biegun a finalement rencontr\u00e9 les Nord-Cor\u00e9ens cet automne-l\u00e0, la r\u00e9union n\u2019a dur\u00e9 qu\u2019une journ\u00e9e. La pand\u00e9mie de Covid a marqu\u00e9 la fin de la politique d’engagement de l’administration Trump \u00e0 l\u2019\u00e9gard de la Cor\u00e9e du Nord.<\/p>\n\n\n\n Une anecdote amusante circule \u00e0 propos de la rencontre entre Trump et Obama dans le Bureau ovale, pendant le moment de passation apr\u00e8s les \u00e9lections de 2016.<\/p>\n\n\n\n Tout le monde s’attendait \u00e0 ce que cette rencontre soit un d\u00e9sastre tant les deux hommes se d\u00e9testaient. Pourtant, lors de cette rencontre, Trump a de mani\u00e8re assez cocasse approuv\u00e9 toutes les initiatives prises par Obama en mati\u00e8re de politique int\u00e9rieure et \u00e9trang\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n En d\u00e9pit de ses bonnes paroles, Trump s’est m\u00e9ticuleusement attach\u00e9 pendant son mandat \u00e0 d\u00e9truire tout ce qu’Obama avait accompli \u2014 y compris l’accord avec l’Iran.<\/p>\n\n\n\n D’apr\u00e8s ce qu\u2019affirme John Bolton dans ses M\u00e9moires, mais aussi d’autres sources, Trump voulait conclure son<\/em> propre accord avec l’Iran. Il \u00e9tait ouvert \u00e0 l’id\u00e9e de rencontrer les dirigeants iraniens et a poursuivi cet objectif tr\u00e8s discr\u00e8tement pendant son mandat.<\/p>\n\n\n\n Cela explique en grande partie ce qui s’est pass\u00e9 avec l’accord de 2015 : \u00e9tant donn\u00e9 que Trump voulait conclure son propre accord avec l\u2019Iran, il devait \u00e9liminer celui d’Obama. Cela faisait partie de sa strat\u00e9gie de \u00ab diplomatie coercitive \u00bb.<\/p>\n\n\n\n Tout le monde s’attendait \u00e0 une escalade des tensions si l’accord avec l’Iran \u00e9tait viol\u00e9 ; Trump interviendrait alors, organiserait un sommet, conclurait un accord et, avec un peu de chance, obtiendrait son prix Nobel\u2026<\/p>\n\n\n\n Pendant des ann\u00e9es, P\u00e9kin et Moscou ont soutenu le principe des n\u00e9gociations.<\/p>\n\n\n\n Cela a \u00e9t\u00e9 vrai pendant la majeure partie de la p\u00e9riode dont nous parlons, des ann\u00e9es 1990 \u00e0 2020.<\/p>\n\n\n\n Durant cette p\u00e9riode, la Russie n’a toutefois pas jou\u00e9 un r\u00f4le crucial. L’Union sovi\u00e9tique \u00e9tait autrefois un acteur important dans la p\u00e9ninsule cor\u00e9enne, mais apr\u00e8s son effondrement, la F\u00e9d\u00e9ration de Russie avait d’autres questions \u00e0 traiter. Elle soutenait la diplomatie, mais ne faisait pas grand-chose de plus.<\/p>\n\n\n\n La Chine, en revanche, a \u00e9t\u00e9 un acteur important en raison de ses liens \u00e9conomiques avec la Cor\u00e9e du Nord. Sans revenir sur le d\u00e9tail de trente ans d’histoire, il y a eu des moments o\u00f9 la Chine a fortement soutenu la diplomatie et d\u2019autres, lorsque les \u00c9tats-Unis ont voulu accro\u00eetre la pression sur la Cor\u00e9e du Nord par des sanctions, o\u00f9 elle a r\u00e9sist\u00e9 \u2014 craignant que la Cor\u00e9e du Nord ne s’effondre et que cela ne provoque le chaos \u00e0 ses fronti\u00e8res. La politique chinoise a donc beaucoup oscill\u00e9 pendant trente ans.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 la fin du mandat d’Obama, alors que les programmes balistique et nucl\u00e9aire nord-cor\u00e9ens devenaient clairement de plus en plus puissants, les Chinois ont soutenu des sanctions pour tenter d’imposer des contraintes \u00e0 l’\u00e9conomie nord-cor\u00e9enne. Si les Chinois ont intensifi\u00e9 leur pression, celle-ci n’a pourtant jamais atteint le niveau souhait\u00e9 par l’administration Obama. Sous la pr\u00e9sidence de Trump, P\u00e9kin a \u00e9galement soutenu des sanctions plus s\u00e9v\u00e8res \u00e0 certains moments.<\/p>\n\n\n\n Cela contraste fortement avec la situation actuelle. La Chine et la Russie soutiennent d\u00e9sormais pleinement la Cor\u00e9e du Nord ; elles n\u2019appuient ni les sanctions existantes, ni l’imposition de nouvelles. De plus, la Russie a d\u00e9velopp\u00e9 une relation tr\u00e8s \u00e9troite avec la Cor\u00e9e du Nord<\/a>, ce qui, \u00e0 mon avis, a un impact \u00e9norme sur l’avenir de l’Asie du Nord-Est.<\/p>\n\n\n\n Il \u00e9tait tout \u00e0 fait pr\u00e9visible qu’\u00e0 mesure que la puissance des missiles<\/a> et le stock d’armes nucl\u00e9aires de la Cor\u00e9e du Nord augmenteraient \u2014 mena\u00e7ant les villes am\u00e9ricaines \u2014 les Cor\u00e9ens du Sud commenceraient \u00e0 douter de la capacit\u00e9 des \u00c9tats-Unis \u00e0 prot\u00e9ger leur pays.<\/p>\n\n\n\n En tant qu’Europ\u00e9ens, vous savez d\u00e9j\u00e0 tout de la question de la dissuasion \u00e9largie : on se demande en Europe si les \u00c9tats-Unis exposeraient New York pour pouvoir atteindre Moscou. Les Sud-Cor\u00e9ens ont commenc\u00e9 \u00e0 se poser les m\u00eames questions que les Europ\u00e9ens : les \u00c9tats-Unis seraient-ils pr\u00eats \u00e0 mettre leurs villes en danger pour prot\u00e9ger la Cor\u00e9e du Sud ?<\/p>\n\n\n\n \u00c0 la fin du mandat de Park Geun-hye, les Sud-Cor\u00e9ens ont discr\u00e8tement approch\u00e9 l’administration Obama pour savoir si Washington serait pr\u00eat \u00e0 red\u00e9ployer des armes nucl\u00e9aires dans la p\u00e9ninsule cor\u00e9enne. Entre les ann\u00e9es 1950 et 1980, les \u00c9tats-Unis disposaient de centaines d’armes nucl\u00e9aires tactiques en Cor\u00e9e du Sud, qui ont ensuite \u00e9t\u00e9 retir\u00e9es. L’administration Park pensait que leur red\u00e9ploiement renforcerait la dissuasion vis-\u00e0-vis de la Cor\u00e9e du Nord.<\/p>\n\n\n\n S’il existe une perspective de diplomatie s\u00e9rieuse, la seule voie \u00e0 suivre est de r\u00e9duire le risque de guerre nucl\u00e9aire.<\/p>Joel S. Wit<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n L’administration Obama a refus\u00e9. Ind\u00e9pendamment de la r\u00e9ponse apport\u00e9e \u00e0 cette demande, celle-ci \u00e9tait le sympt\u00f4me d’un doute croissant quant \u00e0 la fiabilit\u00e9 du parapluie nucl\u00e9aire am\u00e9ricain.<\/p>\n\n\n\n Sous l’administration Biden, Washington a pris un certain nombre de mesures pour tenter de rassurer les Sud-Cor\u00e9ens, en organisant chaque ann\u00e9e des s\u00e9minaires \u00e0 leur intention pour leur expliquer le fonctionnement de la dissuasion nucl\u00e9aire am\u00e9ricaine. Des r\u00e9unions r\u00e9guli\u00e8res entre les responsables gouvernementaux am\u00e9ricains et sud-cor\u00e9ens ont \u00e9galement \u00e9t\u00e9 organis\u00e9es, mais les doutes ont continu\u00e9 \u00e0 grandir, si bien que la question du lancement d\u2019un programme destin\u00e9 \u00e0 doter le pays de ses propres armes nucl\u00e9aires est de plus en plus d\u00e9battue en Cor\u00e9e du Sud.<\/p>\n\n\n\n Tous ces signes montrent que, malgr\u00e9 une situation apparemment normale en surface, les choses empirent en profondeur.<\/p>\n\n\n\n Si les discussions publiques sur la fabrication par la Cor\u00e9e du Sud de ses propres armes nucl\u00e9aires sont rares aujourd’hui, elles avaient lieu sous le pr\u00e9c\u00e9dent pr\u00e9sident sud-cor\u00e9en, Yoon Suk-yeol, r\u00e9cemment destitu\u00e9 ; pourtant, si l\u2019on parle moins du sujet, les doutes quant au parapluie nucl\u00e9aire de Washington<\/a> ne sont pas moins pr\u00e9sents.<\/p>\n\n\n\n L’un des points importants pour le futur a trait \u00e0 la promesse du pr\u00e9sident Trump d’aider la Cor\u00e9e du Sud \u00e0 construire un sous-marin \u00e0 propulsion nucl\u00e9aire. <\/p>\n\n\n\n S\u00e9oul n’a pas besoin d’un tel appareil et c’est une question de prestige ; la question sera surtout de savoir si la Cor\u00e9e du Sud aura acc\u00e8s \u00e0 de l\u2019uranium hautement enrichi ou \u00e0 du plutonium, voire sera autoris\u00e9e \u00e0 en produire.<\/p>\n\n\n\n Le plutonium et l\u2019uranium enrichi sont en effet deux mati\u00e8res n\u00e9cessaires \u00e0 la propulsion d\u2019un sous-marin nucl\u00e9aire, mais qui peuvent aussi \u00eatre utilis\u00e9es pour fabriquer une bombe. Il est donc possible que ce programme de sous-marins rapproche les Sud-Cor\u00e9ens de la possibilit\u00e9 de fabriquer leur propre bombe \u2014 ce qui constituerait une situation tr\u00e8s dangereuse pour Pyongyang.<\/p>\n\n\n\n Je ne pense pas qu’il savait ce qu’il disait : il r\u00e9pondait simplement \u00e0 Vladimir Poutine. Trump ne comprend pas la diff\u00e9rence entre tester r\u00e9ellement un dispositif nucl\u00e9aire et ce dont parlaient les Russes \u2014 \u00e0 savoir disposer de missiles \u00e0 propulsion nucl\u00e9aire. <\/p>\n\n\n\n Le secr\u00e9taire \u00e0 l’\u00c9nergie<\/a>, qui est responsable des essais nucl\u00e9aires, a d\u00e9clar\u00e9 que les \u00c9tats-Unis n’avaient pas l’intention de reprendre les essais nucl\u00e9aires. Je ne sais pas si et comment cette question sera r\u00e9solue, mais je doute s\u00e9rieusement que nous reprenions les essais nucl\u00e9aires, \u00e0 moins que la Russie ou la Chine ne d\u00e9cident de le faire demain.<\/p>\n\n\n\n Je ne sais cependant ce que feraient les \u00c9tats-Unis si la Cor\u00e9e du Nord reprenait les siens.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l’heure actuelle, un tel accord ne serait pas possible \u2014 mais c\u2019\u00e9tait l\u2019objectif en 2019.<\/p>\n\n\n\n Si un accord avait \u00e9t\u00e9 conclu, l’ensemble du site de Yongbyon serait aujourd\u2019hui d\u00e9mantel\u00e9. En effet, les discussions pr\u00e9voyaient la d\u00e9sinstallation du r\u00e9acteur qui produisait le plutonium et de l’usine de retraitement qui aurait s\u00e9par\u00e9 le plutonium du combustible nucl\u00e9aire irradi\u00e9 ; de m\u00eame, les installations d’enrichissement d’uranium de Yongbyon auraient \u00e9t\u00e9 d\u00e9mantel\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n Il existait d’autres installations suspectes qui auraient pu produire des combustibles nucl\u00e9aires pour des bombes \u00e0 hydrog\u00e8ne ; celles-ci auraient subi le m\u00eame sort.<\/p>\n\n\n\n \u00c7\u2019aurait \u00e9t\u00e9 un travail de grande envergure, car il aurait ensuite fallu passer \u00e0 d’autres installations dans le pays : le tout aurait \u00e9t\u00e9 inspect\u00e9 par l’Agence internationale de l’\u00e9nergie atomique (AIEA).<\/p>\n\n\n\n D\u00e8s 2014, le pr\u00e9sident Obama a ordonn\u00e9 au Pentagone d’\u00e9laborer un plan visant \u00e0 d\u00e9truire les armes de la Cor\u00e9e du Nord avant qu’elles ne puissent quitter le sol nord-cor\u00e9en, gr\u00e2ce \u00e0 une frappe pr\u00e9ventive.<\/p>\n\n\n\n Trump a affirm\u00e9 qu’il pr\u00e9voyait de d\u00e9clencher une guerre, mais Obama voulait simplement avoir un plan.<\/p>\n\n\n\n Le probl\u00e8me, c’est qu\u2019en 2014, le Pentagone est revenu vers Obama en lui expliquant qu’il pouvait d\u00e9truire une grande partie des armes, mais pas toutes \u2014 et que le fait d’en manquer certaines signifiait mettre en danger des villes am\u00e9ricaines.<\/p>\n\n\n\n En outre, il \u00e9tait tr\u00e8s probable qu\u2019en cas de frappes am\u00e9ricaines, la Cor\u00e9e du Nord riposterait contre la Cor\u00e9e du Sud et le Japon, probablement avec des armes nucl\u00e9aires et certainement avec des milliers de pi\u00e8ces d’artillerie capables de frapper S\u00e9oul \u2014 une ville de plusieurs millions d’habitants.<\/p>\n\n\n\n Lorsque les responsables du Pentagone lui ont expliqu\u00e9 les cons\u00e9quences d’une frappe pr\u00e9ventive am\u00e9ricaine en Cor\u00e9e du Nord, Obama fut tr\u00e8s m\u00e9content. Il se demandait comment ils avaient pu trouver Oussama ben Laden et le tuer tout en n\u2019\u00e9tant pas capables de trouver et d\u00e9truire les missiles mobiles nord-cor\u00e9ens.<\/p>\n\n\n\n Je suppose que le Pentagone a depuis continu\u00e9 \u00e0 planifier une frappe pr\u00e9ventive, mais le probl\u00e8me est que l’arsenal nord-cor\u00e9en et le nombre d’installations se sont d\u00e9velopp\u00e9s au cours de la derni\u00e8re d\u00e9cennie. Il est probable que le Pentagone donnerait la m\u00eame explication au pr\u00e9sident Trump si celui-ci souhaitait d\u00e9clencher une guerre.<\/p>\n\n\n\n La situation en Iran \u00e9tait tr\u00e8s diff\u00e9rente<\/a>. Bien qu’il puisse y avoir certaines installations dont les \u00c9tats-Unis n’ont pas connaissance, Washington sait o\u00f9 se trouvent les principales. De toute \u00e9vidence, l’Iran n’est pas en mesure de s’en prendre aux \u00c9tats-Unis ni d’atteindre les villes am\u00e9ricaines. Il pourrait s’en prendre \u00e0 Isra\u00ebl<\/a>, comme nous l’avons vu, mais sans grande efficacit\u00e9. <\/p>\n\n\n\n Une frappe pr\u00e9ventive contre la Cor\u00e9e du Nord ne me semble donc pas possible.<\/p>\n\n\n\n La Russie et la Chine sont les principaux alli\u00e9s de la Cor\u00e9e du Nord : les \u00c9tats-Unis ont donc besoin de leur soutien pour entamer des discussions avec Pyongyang.<\/p>Joel S. Wit<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n On parle d’un nouveau sommet entre Trump et Kim \u2014 cela ne me semble pas tr\u00e8s judicieux.<\/p>\n\n\n\n La Cor\u00e9e du Nord est tr\u00e8s diff\u00e9rente aujourd’hui de ce qu’elle \u00e9tait en 2019.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l’\u00e9poque, Kim Jong-un \u00e9tait s\u00e9rieux dans son engagement, dans sa volont\u00e9 de conclure un accord et d’am\u00e9liorer ses relations avec les \u00c9tats-Unis. Aujourd’hui, je ne vois aucun signe indiquant qu\u2019il souhaite s\u00e9rieusement conclure le type d’accords qu’il souhaitait \u00e0 l’\u00e9poque.<\/p>\n\n\n\n Kim Jong-un est dans une position beaucoup plus forte.<\/p>\n\n\n\nCette situation n\u2019\u00e9tait pas in\u00e9vitable. Vous rappelez le succ\u00e8s remport\u00e9 par l\u2019administration Clinton, qui avait obtenu la signature d\u2019un accord-cadre sur le nucl\u00e9aire avec la Cor\u00e9e du Nord en 1994. <\/h3>\n\n\n\n
Pourtant, l\u2019administration de George W. Bush n\u2019a pas concr\u00e9tis\u00e9 ces promesses \u2014 pr\u00e9f\u00e9rant adopter une posture de confrontation avec Pyongyang plut\u00f4t que de poursuivre sur la voie diplomatique. <\/h3>\n\n\n\n
Que s\u2019est-il pass\u00e9 alors ?<\/h3>\n\n\n\n
Barack Obama a pour sa part adopt\u00e9 une politique de \u00ab patience strat\u00e9gique \u00bb \u00e0 l\u2019\u00e9gard de la Cor\u00e9e du Nord \u2014 qui s\u2019est av\u00e9r\u00e9e tout aussi inefficace.<\/h3>\n\n\n\n
Derri\u00e8re la \u00ab patience strat\u00e9gique \u00bb pr\u00f4n\u00e9e par Barack Obama, il y avait l\u2019espoir de parvenir \u00e0 faire s\u2019effondrer de l\u2019int\u00e9rieur le r\u00e9gime nord-cor\u00e9en. Pourquoi cela n\u2019a-t-il pas fonctionn\u00e9 ? Comment expliquer la r\u00e9silience de cette dictature ?<\/h3>\n\n\n\n
La mort de Kim Jong-il et l\u2019arriv\u00e9e au pouvoir \u00e0 Pyongyang de son fils Kim Jong-un en 2011 a-t-elle marqu\u00e9 une inflexion dans la conduite nord-cor\u00e9enne des discussions sur le nucl\u00e9aire ?<\/h3>\n\n\n\n
Durant son premier mandat, Trump a tent\u00e9 de rouvrir s\u00e9rieusement la voie de la n\u00e9gociation avec Kim Jong-un. Pourquoi cela n\u2019a-t-il pas fonctionn\u00e9 ?<\/h3>\n\n\n\n
Si les deux parties \u00e9taient pr\u00eates \u00e0 n\u00e9gocier sinc\u00e8rement un accord, pourquoi les n\u00e9gociations ont-elles \u00e9chou\u00e9 ?<\/h3>\n\n\n\n
Certains ont accus\u00e9 John Bolton d\u2019\u00eatre responsable de ce rat\u00e9.<\/h3>\n\n\n\n
Mais cette deuxi\u00e8me rencontre, en juin 2019, s\u2019est \u00e9galement sold\u00e9e par un \u00e9chec.<\/h3>\n\n\n\n
D\u2019un c\u00f4t\u00e9, Trump s\u2019est engag\u00e9 dans la voie de la n\u00e9gociation avec la Cor\u00e9e du Nord, allant m\u00eame jusqu\u2019\u00e0 rencontrer Kim Jong-un ; de l\u2019autre, il a mis fin \u00e0 l\u2019accord sur le nucl\u00e9aire (JCPOA) qui avait \u00e9t\u00e9 trouv\u00e9 avec l\u2019Iran par son pr\u00e9d\u00e9cesseur. N\u2019est-ce pas une contradiction ?<\/h3>\n\n\n\n
Durant toutes ces ann\u00e9es, quel r\u00f4le ont jou\u00e9 la Chine et la Russie dans le bras de fer entre la Cor\u00e9e du Nord et les \u00c9tats-Unis sur la question nucl\u00e9aire ?<\/h3>\n\n\n\n
Comment l\u2019\u00e9chec am\u00e9ricain \u00e0 endiguer le nucl\u00e9aire nord-cor\u00e9en a-t-il \u00e9t\u00e9 v\u00e9cu en Cor\u00e9e du Sud ? S\u00e9oul a-t-il encore confiance dans le parapluie am\u00e9ricain ? <\/h3>\n\n\n\n
Comment avez-vous compris les r\u00e9centes d\u00e9clarations de Donald Trump annon\u00e7ant une reprise des essais nucl\u00e9aires am\u00e9ricains ?<\/h3>\n\n\n\n
Un accord similaire au JCPOA serait-il envisageable avec la Cor\u00e9e du Nord ?<\/h3>\n\n\n\n
Est-ce qu\u2019une solution militaire telle que les \u00c9tats-Unis et Isra\u00ebl l\u2019ont pratiqu\u00e9e en Iran cet \u00e9t\u00e9 aurait \u00e9t\u00e9 ou est encore envisageable en Cor\u00e9e du Nord ?<\/h3>\n\n\n\n
\u00c0 d\u00e9faut de pouvoir l\u2019annihiler, que peuvent faire les \u00c9tats-Unis aujourd\u2019hui pour limiter la menace nucl\u00e9aire nord-cor\u00e9enne ?<\/h3>\n\n\n\n
Pourquoi ?<\/h3>\n\n\n\n