{"id":305204,"date":"2025-11-14T19:25:08","date_gmt":"2025-11-14T18:25:08","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=305204"},"modified":"2025-11-14T19:25:12","modified_gmt":"2025-11-14T18:25:12","slug":"extractivisme-la-guerre-cachee-de-la-transition-ecologique-une-conversation-avec-thea-riofrancos","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/11\/14\/extractivisme-la-guerre-cachee-de-la-transition-ecologique-une-conversation-avec-thea-riofrancos\/","title":{"rendered":"Extractivisme : la guerre cach\u00e9e de la transition \u00e9cologique, une conversation avec Thea Riofrancos"},"content":{"rendered":"\n

Dans le d\u00e9sert d’Atacama au nord du Chili, l’Artemia salina<\/em>, un crustac\u00e9 vivant dans les lacs sal\u00e9s, cohabite avec des organismes unicellulaires appel\u00e9s \u00ab extr\u00e9mophiles \u00bb, formant un environnement riche et complexe. Diverses communaut\u00e9s autochtones vivent \u00e9galement sur ces terres. Les paysages que vous d\u00e9crivez dans votre \u00e9tude, sont loin du \u00ab d\u00e9sert \u00bb comme on l’entend souvent : il ne s’agit pas de terres vides, bien que ce soit la mani\u00e8re dont ces territoires sont pr\u00e9sent\u00e9s par les compagnies mini\u00e8res. En quoi ce r\u00e9cit est-il mensonger  ?<\/h3>\n\n\n\n

Le d\u00e9sert d’Atacama est un tr\u00e8s bon exemple de ce trope de la terra nullius<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

La premi\u00e8re chronique r\u00e9alis\u00e9e sur le d\u00e9sert d’Atacama est un r\u00e9cit \u00e9crit pour accompagner la conqu\u00eate espagnole du Chili. Elle le d\u00e9crit comme un d\u00e9sert aride, d\u00e9pourvu de vie, o\u00f9 il serait impossible de survivre : il y fait tr\u00e8s chaud et l’ensoleillement est intense durant la journ\u00e9e ; il fait aussi tr\u00e8s froid la nuit.<\/p>\n\n\n\n

Les Espagnols n’y ont trouv\u00e9 aucune source d’eau et ont pens\u00e9 qu’il n’y avait pratiquement aucun signe de vie humaine ; en r\u00e9alit\u00e9, d’apr\u00e8s les vestiges arch\u00e9ologiques et les connaissances ancestrales transmises de g\u00e9n\u00e9ration en g\u00e9n\u00e9ration par les peuples autochtones, ainsi que des r\u00e9cits historiques plus pr\u00e9cis, nous savons non seulement que des groupes humains vivaient l\u00e0 mais qu’ils avaient d\u00e9velopp\u00e9 des formes d’irrigation et d’agriculture dans cet environnement.<\/p>\n\n\n\n

On compte aussi toutes sortes de formes de vie non humaines dans la r\u00e9gion, malgr\u00e9 cet environnement extr\u00eame, ou peut-\u00eatre en partie gr\u00e2ce \u00e0 lui. Il existe diverses formes de biodiversit\u00e9, et cette biodiversit\u00e9-l\u00e0 repose sur une s\u00e9lection d’esp\u00e8ces capables de r\u00e9sister \u00e0 un environnement caract\u00e9ris\u00e9 par un soleil intense, l’aridit\u00e9 et \u2014 dans le cas de ce d\u00e9sert de sel \u2014 une tr\u00e8s forte salinit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Malgr\u00e9 ces conditions difficiles pour la vie organique, celle-ci trouve toujours un moyen de s’adapter, et il existe en r\u00e9alit\u00e9 de nombreux \u00eatres vivants diff\u00e9rents dans les salines.<\/p>\n\n\n\n

L’absence pr\u00e9sum\u00e9e de vie a n\u00e9anmoins servi de justification tr\u00e8s pratique non seulement pour les colons espagnols, mais aussi, par la suite, pour l’\u00c9tat chilien ind\u00e9pendant de l’Espagne.<\/p>\n\n\n\n

Celui-ci s’est en effet tourn\u00e9 vers la construction d’une \u00e9conomie nationale bas\u00e9e sur l’exploitation mini\u00e8re, pour laquelle le d\u00e9sert d’Atacama a \u00e9t\u00e9 un site clef d’extraction de ressources pendant des centaines d’ann\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

Quels sont les dommages et les pressions que l’exploitation mini\u00e8re impose \u00e0 cet environnement ?<\/h3>\n\n\n\n

Du d\u00e9but du XIXe si\u00e8cle \u00e0 nos jours, on a extrait dans le d\u00e9sert d\u2019Atacama du salp\u00eatre, du sel, du nitrate, de l’argent, de l’or, du cuivre et du lithium ; \u00e0 ce jour, le Chili est le premier producteur mondial de cuivre et le deuxi\u00e8me producteur mondial de lithium.<\/p>\n\n\n\n

Afin de consolider et de d\u00e9velopper ces industries extractives, les responsables gouvernementaux et les entreprises ont donc minimis\u00e9 l’importance de la vie naturelle et de l’int\u00e9r\u00eat humain de ces paysages.<\/p>\n\n\n\n

Cette exploitation a pourtant eu de nombreuses r\u00e9percussions sur l’environnement ; elle a entra\u00een\u00e9 ce que les r\u00e9gulateurs chiliens appellent \u00ab l’\u00e9puisement \u00bb de plusieurs bassins-versants dans la r\u00e9gion. La biodiversit\u00e9 s’est appauvrie : les populations d’esp\u00e8ces end\u00e9miques comme le flamant des Andes ont diminu\u00e9 alors que l’industrie mini\u00e8re se d\u00e9veloppait.<\/p>\n\n\n\n

L’\u00e9puisement des bassins-versants et la r\u00e9duction de l’acc\u00e8s \u00e0 l’eau ont \u00e0 leur tour eu des r\u00e9percussions sur les \u00eatres humains, car nous d\u00e9pendons tous de l’eau pour survivre. Plus pr\u00e9cis\u00e9ment, l’agriculture traditionnelle ainsi que les pratiques de p\u00e2turage et d’\u00e9levage dans la r\u00e9gion sont devenues beaucoup plus difficiles en raison de la rar\u00e9faction croissante de l’eau.<\/p>\n\n\n\n

Les entreprises extractives sont vuln\u00e9rables car elles d\u00e9pendent de territoires sp\u00e9cifiques. Leur ancrage physique et politique est profond.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Il faut par ailleurs souligner que ces impacts environnementaux et \u00e9cologiques, ainsi que leurs r\u00e9percussions sociales, ne sont bien s\u00fbr pas uniquement dus \u00e0 l’exploitation du lithium ; cette r\u00e9gion est une zone d’extraction de nombreux types de mati\u00e8res premi\u00e8res. Du reste, le r\u00e9chauffement climatique ass\u00e8che davantage les d\u00e9serts \u2014 tout comme il transforme en d\u00e9serts d\u2019autres zones.<\/p>\n\n\n\n

Dans le cas du d\u00e9sert d\u2019Atacama, il faut compter avec un effet combin\u00e9 du r\u00e9chauffement climatique, de l’exploitation mini\u00e8re du cuivre, tr\u00e8s gourmande en eau, de l’exploitation mini\u00e8re du lithium et d’autres activit\u00e9s humaines. Toutes produisent le m\u00eame r\u00e9sultat : une diminution de la biodiversit\u00e9 et un acc\u00e8s r\u00e9duit \u00e0 l’eau.<\/p>\n\n\n\n

Il est tr\u00e8s difficile dans la pratique de r\u00e9glementer et gouverner l’exploitation mini\u00e8re, comme il est difficile de surveiller les activit\u00e9s extractives et leurs cons\u00e9quences. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?<\/h3>\n\n\n\n

Dans mes recherches, j’examine les difficult\u00e9s, les dilemmes ou les compromis li\u00e9s \u00e0 la r\u00e9gulation de ces secteurs, qui sont effectivement tr\u00e8s difficiles \u00e0 r\u00e9guler efficacement, m\u00eame avec de bonnes intentions et des changements politiques de bonne foi. Il existe tellement de probl\u00e8mes interd\u00e9pendants qu’il est difficile de tous les r\u00e9soudre, m\u00eame en d\u00e9ployant des efforts soutenus.<\/p>\n\n\n\n

L’exploitation mini\u00e8re a de nombreuses r\u00e9percussions sociales et environnementales. Pour r\u00e9glementer ces r\u00e9percussions, il faut les surveiller, les mesurer. Pour les surveiller, il faut avoir une bonne connaissance de la situation de d\u00e9part, celle pr\u00e9c\u00e9dant l’exploitation, et assurer une surveillance continue par la suite.<\/p>\n\n\n\n

Tout cela n\u00e9cessite d’importantes capacit\u00e9s de la part de l’\u00c9tat.<\/p>\n\n\n\n

On peut \u00e9galement envisager de donner aux communaut\u00e9s locales les moyens de participer \u00e0 la surveillance. Mais quoi qu’il en soit, il faut un secteur public solide et bien financ\u00e9 pour assurer la surveillance et la r\u00e9glementation, ce qui n’est g\u00e9n\u00e9ralement pas le cas dans de nombreuses r\u00e9gions mini\u00e8res.<\/p>\n\n\n\n

En outre, il faut compter avec un probl\u00e8me majeur de corruption, ce que l’on appelle la \u00ab capture du r\u00e9gulateur \u00bb, qui survient quand les soci\u00e9t\u00e9s mini\u00e8res s\u2019impliquent dans l’\u00e9laboration de la r\u00e9glementation ; elles la rendent ainsi  moins objective, moins rigoureuse et plus difficilement applicable.<\/p>\n\n\n\n

Il existe \u00e9galement des d\u00e9fis \u00e9conomiques propres \u00e0 ce type d’exploitation<\/a>. Le principal est que les march\u00e9s mondiaux des mati\u00e8res premi\u00e8res \u2014 cuivre, p\u00e9trole ou toute autre mati\u00e8re premi\u00e8re \u2014 sont r\u00e9put\u00e9s pour leur volatilit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Il est donc difficile de planifier la gouvernance ou de conna\u00eetre les budgets annuels. Si vos revenus proviennent de l’exploitation mini\u00e8re, ils fluctuent en fonction des prix mondiaux.<\/p>\n\n\n\n

Nous assistons aujourd\u2019hui \u00e0 une intensification des interventions g\u00e9opolitiques dans les cha\u00eenes d’approvisionnement.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Pour aller plus loin, on pourrait dire que les secteurs extractifs dans les pays du Sud comme le Chili relient le pr\u00e9sent au pass\u00e9 : ils portent l’h\u00e9ritage du colonialisme et du n\u00e9ocolonialisme. Ces secteurs sont profond\u00e9ment enracin\u00e9s et relient le pays \u00e0 sa position de longue date dans le syst\u00e8me mondial. Cela cr\u00e9e une inertie, une d\u00e9pendance aux choix pass\u00e9s qui rend ces secteurs tr\u00e8s difficiles \u00e0 transformer.<\/p>\n\n\n\n

Au cours des derni\u00e8res ann\u00e9es, l’\u00c9tat chilien a n\u00e9anmoins tent\u00e9 de r\u00e9glementer les activit\u00e9s mini\u00e8res, monopolis\u00e9es par deux grandes compagnies internationales, SQM et Albermarle. Quelles initiatives a-t-il prises ?<\/h3>\n\n\n\n

Il faut bien avoir en t\u00eate, lorsqu\u2019on analyse les politiques des gouvernements du Sud, qu’il est vraiment difficile de bien gouverner ce secteur. M\u00eame un gouvernement progressiste et bien intentionn\u00e9 \u2014 ce qui est probablement le cas du gouvernement Boric <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span> \u2014 aura du mal \u00e0 transformer compl\u00e8tement ce domaine.<\/p>\n\n\n\n

Ce que le gouvernement de Gabriel Boric a tent\u00e9 de faire<\/a>, c’est d’abord d’\u00e9tendre le r\u00f4le de l’\u00c9tat dans le secteur du lithium ; une telle politique s’inscrit dans une longue tradition dans les pays du Sud de nationalisation des entreprises extrayant les ressources.<\/p>\n\n\n\n

Ce n’est pas seulement un ph\u00e9nom\u00e8ne du pass\u00e9 : de telles mesures sont aujourd’hui en d\u00e9bat ou en cours en Afrique, en Asie du Sud et en Am\u00e9rique latine. Les gouvernements \u2014 et les soci\u00e9t\u00e9s \u2014 veulent davantage de gains \u00e9conomiques et, surtout, davantage de souverainet\u00e9 sur ces secteurs, qui sont l’h\u00e9ritage de la domination coloniale. Ils veulent affirmer leur ind\u00e9pendance \u00e9conomique.<\/p>\n\n\n\n

Ce que l’on peut appeler le nationalisme des ressources consiste notamment \u00e0 cr\u00e9er des entreprises publiques, \u00e0 modifier les contrats existants avec les multinationales et \u00e0 explorer le d\u00e9veloppement industriel afin que le pays ne se contente pas d’extraire des mati\u00e8res premi\u00e8res. Ce sont l\u00e0 autant d’initiatives que le gouvernement Boric souhaite mettre en \u0153uvre et s’efforce de mener \u00e0 bien.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 moyen terme, quel est l\u2019agenda politique chilien sur ces questions ? <\/h3>\n\n\n\n

Avant l’arriv\u00e9e au pouvoir de Boric, deux entreprises dominaient le march\u00e9 : Albemarle, une soci\u00e9t\u00e9 am\u00e9ricaine, et SQM, d’origine chilienne mais d\u00e9sormais d\u00e9tenue par des actionnaires internationaux en raison de sa privatisation sous Pinochet. Pendant des d\u00e9cennies, ces deux entreprises ont d\u00e9tenu toutes les activit\u00e9s d’extraction de lithium dans le d\u00e9sert d’Atacama.<\/p>\n\n\n\n

Plusieurs pr\u00e9sidents, de gauche comme de droite, ont souhait\u00e9 d\u00e9velopper la production de lithium afin d’augmenter les recettes et de r\u00e9duire le pouvoir politique de ce duopole. Un secteur domin\u00e9 par seulement deux entreprises rend les changements politiques encore plus difficiles.<\/p>\n\n\n\n

Ironiquement, c’est un pr\u00e9sident de gauche qui pourrait r\u00e9ussir \u00e0 attirer davantage d’entreprises et de projets au-del\u00e0 des deux mines existantes. Le gouvernement actuel a introduit une nouvelle id\u00e9e \u2014 qui n’est pas nouvelle \u00e0 l’\u00e9chelle mondiale, mais qui l’est pour le lithium au Chili : impliquer des entreprises publiques en tant que partenaires dans de nouveaux projets et augmenter le nombre de ceux-ci pour diversifier les acteurs impliqu\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

Il faut un secteur public solide et bien financ\u00e9 pour assurer la surveillance et la r\u00e9glementation. Ce n’est g\u00e9n\u00e9ralement pas le cas dans de nombreuses r\u00e9gions mini\u00e8res.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Le Chili ne dispose pas encore d’une entreprise publique d\u00e9di\u00e9e au lithium, et la cr\u00e9ation d\u2019une telle entit\u00e9 prend du temps. Le gouvernement s’appuie donc sur une entreprise publique existante : Codelco, une tr\u00e8s grande entreprise d’exploitation du cuivre, qui est en train d’\u00eatre reconvertie en cod\u00e9tentrice d’entreprises d’exploitation du lithium.<\/p>\n\n\n\n

Il est int\u00e9ressant de noter que la premi\u00e8re coentreprise cr\u00e9\u00e9e le fut avec SQM, qui accepta de prolonger sa concession dans le futur en partenariat avec Codelco. Il ne s’agissait pas d’une nouvelle mine mais d’une extension d’une mine existante avec une participation accrue de l’\u00c9tat.<\/p>\n\n\n\n

Outre cette piste, le gouvernement explore de nouveaux projets dans d’autres d\u00e9serts salins. Le Chili en compte des dizaines, dont certains pr\u00e9sentent des concentrations \u00e9lev\u00e9es en lithium ; il est donc int\u00e9ressant d’en explorer davantage. C\u2019est ainsi que le gouvernement tente de trouver un \u00e9quilibre entre l’augmentation de la participation de l’\u00c9tat et l’ouverture d’opportunit\u00e9s pour de nouvelles entreprises.<\/p>\n\n\n\n

Comment le gouvernement Boric peut-il concilier les int\u00e9r\u00eats contradictoires des entreprises mini\u00e8res, m\u00eame publiques, et ceux des communaut\u00e9s autochtones ?<\/h3>\n\n\n\n

Le gouvernement s’est engag\u00e9 \u00e0 renforcer la r\u00e9glementation environnementale.<\/p>\n\n\n\n

Gabriel Boric avait d\u00e9clar\u00e9, pendant sa campagne, puis \u00e0 nouveau lors de son investiture : \u00ab il n’y aura plus de zones sacrifi\u00e9es au Chili \u00bb ; il s’est \u00e9galement engag\u00e9 \u00e0 pr\u00e9server un tiers des salines chiliennes de l’exploitation mini\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n

Il s’agit l\u00e0 d’une \u00e9volution positive. Mais une question demeure : comment les projets d’extraction existants et futurs seront-ils r\u00e9glement\u00e9s, m\u00eame si certaines salines sont prot\u00e9g\u00e9es ?<\/p>\n\n\n\n

Le gouvernement s’est engag\u00e9 \u00e0 respecter les droits des populations autochtones. Dans le secteur du lithium au Chili, aucun des projets existants n’a jamais fait l’objet de v\u00e9ritables consultations, bien que le Chili soit signataire des conventions qui les exigent.<\/p>\n\n\n\n

Le gouvernement Boric s’est engag\u00e9 \u00e0 changer cela. Il a lanc\u00e9 un long processus de consultation pour la nouvelle expansion de SQM-Codelco, qui a entra\u00een\u00e9 des \u00e9changes intenses et tendus. Certaines communaut\u00e9s autochtones ont ainsi estim\u00e9 que le processus n’\u00e9tait pas assez rigoureux ou substantiel, ou qu’elles \u00e9taient exclues des n\u00e9gociations entre l’\u00c9tat et les entreprises. Il y a eu des protestations et des poursuites judiciaires.<\/p>\n\n\n\n

Le processus de consultation a n\u00e9anmoins abouti et, du point de vue du gouvernement, a permis d’obtenir une forme de consentement de la part des populations autochtones. Pourtant, malgr\u00e9 un consentement tout relatif, le processus a \u00e9galement \u00e9t\u00e9 marqu\u00e9 par des controverses.<\/p>\n\n\n\n

Il est donc raisonnable de s’attendre \u00e0 ce que les futures tentatives d’expansion de l’exploitation mini\u00e8re du lithium donnent lieu \u00e0 de nouvelles manifestations.<\/p>\n\n\n\n

De quelle mani\u00e8re l’extraction du lithium affecte-t-elle les r\u00e9serves en eau ?<\/h3>\n\n\n\n

\u00c9tudier l’impact de l’exploitation du lithium sur les r\u00e9serves en eau nous aide \u00e0 comprendre les difficult\u00e9s li\u00e9es \u00e0 la r\u00e9glementation de cette activit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Ces difficult\u00e9s sont induites par les informations exclusives dont disposent les compagnies, ainsi que la surveillance qu\u2019elles font de leurs propres activit\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

Tout le lithium du Chili \u2014 du moins tout le lithium connu \u2014 se trouve dans de tr\u00e8s grandes cro\u00fbtes de sel \u00e0 haute altitude dans les Andes, les salines \u2014 le plus grand d\u2019entre eux se trouve dans le d\u00e9sert d’Atacama. Sous la cro\u00fbte de sel se trouvent des eaux saum\u00e2tres, dans lesquelles sont dissous les ions lithium. En pompant cette eau et en la faisant s’\u00e9vaporer gr\u00e2ce \u00e0 l’\u00e9nergie solaire, on obtient un liquide plus concentr\u00e9 en lithium, que l’on raffine ensuite chimiquement.<\/p>\n\n\n\n

Or ce que disent les entreprises \u2014 et cet argument est int\u00e9ressant car il fait \u00e9cho au d\u00e9but de notre discussion sur la terra nullius<\/em> puisqu’il vise \u00e0 nier les effets environnementaux de cette pratique \u2014 c’est que la saumure n’est pas de l’eau ; en cons\u00e9quence, nous ne devrions pas nous inqui\u00e9ter qu’elles en extraient de grandes quantit\u00e9s, car ce qui int\u00e9resserait les humains, ce serait l’eau douce.<\/p>\n\n\n\n

Les cha\u00eenes d’approvisionnement ne sont pas seulement une question de logistique. C\u2019est aussi une question de relations de pouvoir.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Pourquoi cet argument est-il fallacieux ?<\/h3>\n\n\n\n

Un tel argument peut sembler plausible en th\u00e9orie mais il est scientifiquement faux.<\/p>\n\n\n\n

La saumure est de l’eau \u00e0 laquelle s’ajoutent des sels et d’autres substances dissoutes. De plus, ce qui s’\u00e9vapore pendant le processus d’extraction est pr\u00e9cis\u00e9ment cette eau. Ainsi, dans un environnement d\u00e9j\u00e0 pauvre en ressources aqueuses, d’\u00e9normes volumes sont retir\u00e9s du syst\u00e8me.<\/p>\n\n\n\n

Nous disposons d\u00e9sormais de preuves scientifiques de plus en plus nombreuses qui corroborent ce que les r\u00e9gulateurs, les scientifiques et les membres des communaut\u00e9s vivant dans le d\u00e9sert affirment depuis des ann\u00e9es : le fait de retirer cette eau sal\u00e9e attire l’eau douce vers l’int\u00e9rieur depuis le p\u00e9rim\u00e8tre. Sous le lac sal\u00e9, l’eau est elle-m\u00eame sal\u00e9e et contient du lithium. Mais sur les bords et au-del\u00e0, les aquif\u00e8res souterrains contiennent de l’eau douce. Loin d\u2019\u00eatre isol\u00e9s, ces syst\u00e8mes sont connect\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

Comment interagissent-ils ? <\/h3>\n\n\n\n

Lorsque vous retirez l’eau sal\u00e9e du centre, vous attirez effectivement l’eau douce vers celui-ci.<\/p>\n\n\n\n

Celle-ci est donc moins accessible ; dans de nombreux cas aussi, le volume total d’eau douce est r\u00e9duit car celle-ci se m\u00e9lange \u00e0 l’eau sal\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

Ce processus peut sembler complexe, mais le point essentiel est le suivant : nous disposons d\u00e9sormais de preuves de plus en plus nombreuses que l’extraction du lithium a un impact sur l’eau douce. Certes, en termes d\u2019utilisation directe, cette industrie en consomme moins que celle de l’extraction du cuivre ; toutefois, elle a un effet r\u00e9el sur les ressources en eau douce.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019eau sal\u00e9e est du reste importante sur le plan \u00e9cologique.<\/p>\n\n\n\n

Les microbiologistes ont montr\u00e9 qu’elle contient des micro-organismes li\u00e9s au tissu de la vie dans cette r\u00e9gion. Ces micro-organismes ont une valeur scientifique pour comprendre les origines de la vie ou pour des applications pharmaceutiques. En cons\u00e9quence, ces habitats microbiens ne doivent pas \u00eatre d\u00e9truits ; ils sont importants en eux-m\u00eames. La saumure est un habitat \u00e0 part enti\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n

Il s’agit en effet d’un syst\u00e8me hydrologique tr\u00e8s complexe : deux types d’eau aux fronti\u00e8res floues, des ph\u00e9nom\u00e8nes enti\u00e8rement souterrains et invisibles, n\u00e9cessitant des capteurs pour mesurer ce qui se passe. Parall\u00e8lement, d’\u00e9normes quantit\u00e9s d’eau s’\u00e9vaporent chaque jour.<\/p>\n\n\n\n

Le syst\u00e8me est dynamique et difficile \u00e0 suivre : c’est pourquoi nous avons besoin d’une r\u00e9glementation objective, scientifique et respectueuse de l’environnement.<\/p>\n\n\n\n

Comment cette surveillance de l\u2019environnement est-elle conduite ? <\/h3>\n\n\n\n

Au Chili, de nombreux syst\u00e8mes de surveillance sont contr\u00f4l\u00e9s par les entreprises \u2014 officiellement et l\u00e9galement. Ces syst\u00e8mes comprennent m\u00eame des m\u00e9canismes d’alarme (\u00ab vous extrayez trop d’eau\/de saumure \u00bb).<\/p>\n\n\n\n

Je montre n\u00e9anmoins dans mon travail que les entreprises les ont trafiqu\u00e9s : une surexploitation a bien eu lieu, pour n\u2019\u00eatre d\u00e9couverte qu’une d\u00e9cennie plus tard lors d’enqu\u00eates men\u00e9es par l’\u00c9tat.<\/p>\n\n\n\n

Tout ce que peut faire l’\u00c9tat n\u2019arrive qu\u2019a posteriori<\/em>. Il n’y a aucun moyen d’emp\u00eacher les violations, car celui-ci n’est pas suffisamment impliqu\u00e9 dans la surveillance active. Il s’agit d’un h\u00e9ritage de l’\u00e8re n\u00e9olib\u00e9rale qui a d\u00e9but\u00e9 sous Pinochet et s’est poursuivie sous les gouvernements suivants ; ceux-ci ont affaibli la r\u00e9glementation des ressources naturelles.<\/p>\n\n\n\n

C’est la situation dont a h\u00e9rit\u00e9 le gouvernement actuel et il est difficile de tout changer d’un seul coup : l’\u00c9tat n’a pas encore compl\u00e8tement transform\u00e9 le syst\u00e8me de gouvernance priv\u00e9e. Les entreprises assurent leur propre surveillance et d\u00e9tiennent donc les donn\u00e9es, qu’elles partagent de temps \u00e0 autre, de sorte qu’une grande partie de la recherche scientifique s’appuie sur les donn\u00e9es fournies par les entreprises.<\/p>\n\n\n\n

Le probl\u00e8me pos\u00e9 par cette situation n’est pas que les entreprises manipulent sciemment ces donn\u00e9es \u2014 m\u00eame si c’est parfois le cas \u2014, mais qu’elles les collectent \u00e0 des fins sp\u00e9cifiques, par exemple pour s\u2019assurer de la conformit\u00e9 r\u00e9glementaire ou surveiller la production.<\/p>\n\n\n\n

Ces donn\u00e9es ne sont pas recueillies pour surveiller l’\u00e9cosyst\u00e8me de mani\u00e8re holistique.<\/p>\n\n\n\n

Chaque entreprise effectue sa surveillance diff\u00e9remment.<\/p>\n\n\n\n

J\u2019ai ainsi pu \u00e9tudier deux entreprises qui op\u00e8rent c\u00f4te \u00e0 c\u00f4te et puisent dans le m\u00eame syst\u00e8me souterrain ; leurs impacts se cumulent, mais il n’y a pas de gouvernance unifi\u00e9e. Les informations exclusives que chaque entreprise poss\u00e8de ont m\u00eame donn\u00e9 lieu \u00e0 des litiges juridiques : certaines refusaient de fournir des donn\u00e9es ou s’accusaient mutuellement de les dissimuler.<\/p>\n\n\n\n

Malgr\u00e9 la r\u00e9alit\u00e9 de ce pouvoir des grandes compagnies mini\u00e8res, qui est un aspect de cet h\u00e9ritage historique, les entreprises d\u00e9pendent \u00e9galement des \u00c9tats. Quelles pressions peuvent-ils exercer ?<\/h3>\n\n\n\n

Les entreprises ne d\u00e9tiennent pas tout le pouvoir. Les travailleurs peuvent s’organiser et faire gr\u00e8ve, les communaut\u00e9s peuvent se mobiliser, la soci\u00e9t\u00e9 civile peut exercer des pressions et les r\u00e9gulateurs peuvent modifier les r\u00e8gles.<\/p>\n\n\n\n

Les entreprises extractives sont \u00e9galement vuln\u00e9rables car elles d\u00e9pendent de territoires sp\u00e9cifiques. Leur ancrage physique et politique est profond \u2014 avec les infrastructures et les routes construites, les permis l\u00e9gaux obtenus \u2014 ce qui constitue \u00e9galement leur vuln\u00e9rabilit\u00e9 : on ne peut pas d\u00e9placer une mine comme on d\u00e9place une usine. Leurs investissements sont des co\u00fbts irr\u00e9cup\u00e9rables.<\/p>\n\n\n\n

Si les protestations, les r\u00e9glementations ou les conflits rendent l’extraction trop risqu\u00e9e, les entreprises risquent de se retrouver avec des actifs immobilis\u00e9s. Les communaut\u00e9s le comprennent d’ailleurs tr\u00e8s bien. Les protestations, manifestations, ou blocages ont forc\u00e9 des n\u00e9gociations ou entra\u00een\u00e9 l’arr\u00eat complet de certaines mines. Dans certains cas en Am\u00e9rique latine, des mines n’ont jamais \u00e9t\u00e9 construites parce que la r\u00e9sistance les rendait trop risqu\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

Les entreprises ont donc du pouvoir \u2014 mais elles sont \u00e9galement vuln\u00e9rables, ce qui fa\u00e7onne leurs relations avec les \u00c9tats et les communaut\u00e9s locales.<\/p>\n\n\n\n

Il faut envisager la cha\u00eene d’approvisionnement de mani\u00e8re circulaire, dans le sens o\u00f9 les causes et les effets sont interd\u00e9pendants.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Qu’il s’agisse de l’Union, des \u00c9tats-Unis ou de la Chine, la tendance actuelle semble \u00eatre \u00e0 la relocalisation des cha\u00eenes d\u2019approvisionnement. Les min\u00e9raux et les terres rares sont-ils \u00e0 l’avant-garde d’une nouvelle forme de capitalisme, d’une rupture entre le lib\u00e9ralisme classique et ce que vous appelez la \u00ab g\u00e9o\u00e9conomie \u00bb <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span> ?<\/h3>\n\n\n\n

Nous assistons aujourd\u2019hui \u00e0 un d\u00e9veloppement de la g\u00e9o\u00e9conomie et, plus largement, \u00e0 une intensification des interventions g\u00e9opolitiques dans les cha\u00eenes d’approvisionnement.<\/p>\n\n\n\n

Entre autres minerais, le lithium et le cuivre attirent l\u2019attention, mais aussi les terres rares \u2014 un ensemble de dix-sept \u00e9l\u00e9ments sp\u00e9cifiques constituant un point n\u00e9vralgique de cette g\u00e9o\u00e9conomie.<\/p>\n\n\n\n

Au cours des quinze derni\u00e8res ann\u00e9es, nous avons assist\u00e9 \u00e0 une escalade des tensions g\u00e9opolitiques autour des cha\u00eenes d’approvisionnement en min\u00e9raux utilis\u00e9s dans les technologies de pointe : technologies \u00e9nerg\u00e9tiques, informatiques, semi-conducteurs, mais aussi technologies militaires. Ces technologies sont au c\u0153ur de la g\u00e9opolitique actuelle, et leurs cha\u00eenes d’approvisionnement ont pris une importance strat\u00e9gique.<\/p>\n\n\n\n

Si l’on examine les conflits qui ont oppos\u00e9 la Chine, les \u00c9tats-Unis et l’Europe au cours des quinze \u00e0 dix-sept derni\u00e8res ann\u00e9es au sujet de ces cha\u00eenes d’approvisionnement, les terres rares apparaissent \u00e0 plusieurs reprises comme un sujet central. <\/p>\n\n\n\n

Il y a quelques semaines, Trump et Xi ont finalement conclu un accord<\/a> pour d\u00e9samorcer le conflit sur les terres rares et les semi-conducteurs.<\/p>\n\n\n\n

Il \u00e9tait ancien : en 2010, il y avait d\u00e9j\u00e0 eu un \u00e9pisode g\u00e9opolitique autour des exportations chinoises de terres rares. Aujourd’hui, la majeure partie de la production se fait en Chine<\/a>. C’est pourquoi les \u00c9tats-Unis, en particulier, ont tent\u00e9 d’augmenter leur extraction nationale afin de contrer cette domination.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 quand remonte cette prise de conscience d\u2019une d\u00e9pendance envers les terres rares produites en Chine ? <\/h3>\n\n\n\n

Il ne s’agit pas seulement des terres rares, mais plus largement des \u00ab min\u00e9raux critiques \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Tout se passe comme si, un jour en 2008 ou 2010, certains d\u00e9cideurs politiques occidentaux avaient soudainement pris conscience que la d\u00e9pendance d’un certain nombre de technologies critiques pour leur pays, comme les drones, aux min\u00e9raux extraits en grande partie en Chine, posait un probl\u00e8me.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 partir de 2008-2010, les d\u00e9cideurs politiques, en particulier les fonctionnaires europ\u00e9ens et am\u00e9ricains, non les \u00e9lus, ont en effet commenc\u00e9 \u00e0 avertir que la Chine \u00ab contr\u00f4lait \u00bb ces min\u00e9raux, ce qui allait poser un probl\u00e8me pour la s\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique et nationale.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 l’\u00e9poque, peu de gens y ont pr\u00eat\u00e9 attention, avant que ne surviennent la pand\u00e9mie de Covid, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les progr\u00e8s rapides des technologies informatiques et l’acc\u00e9l\u00e9ration de la transition \u00e9nerg\u00e9tique. Soudain, ce domaine qui alertait les fonctionnaires depuis longtemps est devenu politiquement urgent.<\/p>\n\n\n\n

Depuis le premier mandat de Trump en 2016, puis sous Biden, et maintenant sous le deuxi\u00e8me mandat de Trump, les \u00c9tats-Unis ont multipli\u00e9 les efforts<\/a> pour rapatrier et s\u00e9curiser leurs cha\u00eenes d’approvisionnement. Parall\u00e8lement, l’Union a tent\u00e9 avec plus ou moins de succ\u00e8s de faire de m\u00eame en s\u00e9curisant l’exploitation mini\u00e8re et la fabrication au niveau national.<\/p>\n\n\n\n

Je dis \u00ab plus ou moins \u00bb car l’Europe est loin d’atteindre le niveau de la Chine<\/a> et il n’est pas certain qu’elle dispose de la volont\u00e9 politique, des capacit\u00e9s \u00e9tatiques ou de la coh\u00e9rence strat\u00e9gique n\u00e9cessaires pour l\u2019imiter.<\/p>\n\n\n\n

L’exploitation mini\u00e8re est au c\u0153ur de la g\u00e9opolitique et des cha\u00eenes d’approvisionnement des technologies vertes. Il n’est donc pas surprenant qu’elle devienne un sujet majeur de la COP.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Que pourraient faire l\u2019Europe et les \u00c9tats-Unis pour lib\u00e9rer leurs cha\u00eenes d\u2019approvisionnement de la Chine ?<\/h3>\n\n\n\n

Sans que l\u2019Union ne rattrape compl\u00e8tement son retard, de r\u00e9els changements y sont en cours.<\/p>\n\n\n\n

Aux \u00c9tats-Unis, des mines extrayant des min\u00e9raux critiques sont construites \u2014 davantage qu’il n’y en aurait eu sans les crises pass\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

D’\u00e9normes subventions publiques ont \u00e9t\u00e9 accord\u00e9es \u00e0 travers le monde, en particulier aux \u00c9tats-Unis, rendant les projets miniers plus rentables et moins risqu\u00e9s pour les investisseurs. Cela fonctionne : de nouvelles mines de lithium et de cuivre sont en cours de construction et, en Californie, une mine de terres rares a rouvert il y a plusieurs ann\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

En Europe, des tentatives similaires sont en cours, bien que cela ait \u00e9t\u00e9 plus difficile pour diverses raisons, notamment les contraintes budg\u00e9taires, qu’elles soient auto-impos\u00e9es ou inscrites dans la l\u00e9gislation europ\u00e9enne.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019Union ne peut pas subventionner les industries aussi agressivement que les \u00c9tats-Unis ; malgr\u00e9 cela, Ursula von der Leyen a r\u00e9cemment annonc\u00e9 que le fonds de comp\u00e9titivit\u00e9 de 400 milliards d’euros devrait \u00eatre consacr\u00e9 \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 de la cha\u00eene d’approvisionnement, \u00e0 l’exploitation mini\u00e8re, au stockage, au soutien des prix et \u00e0 des mesures connexes, faisant \u00e9cho aux outils politiques am\u00e9ricains.<\/p>\n\n\n\n

Cela cr\u00e9e un sc\u00e9nario int\u00e9ressant : le secteur le plus toxique, le plus conflictuel sur le plan social, le plus controvers\u00e9 sur le plan politique, le plus instable sur le plan \u00e9conomique et le moins cr\u00e9ateur de valeur ajout\u00e9e \u2014 \u00e0 savoir l’exploitation mini\u00e8re que les pays occidentaux ont volontiers d\u00e9localis\u00e9e pendant un si\u00e8cle \u2014 est d\u00e9sormais devenu si important sur le plan strat\u00e9gique qu’ils souhaitent le rapatrier sur leur territoire.<\/p>\n\n\n\n

Les pays occidentaux ne font plus confiance au libre-\u00e9change ni \u00e0 la simple d\u00e9pendance vis-\u00e0-vis des importations en provenance d’Afrique ou d’Am\u00e9rique latine ; ils continueront \u00e0 s’approvisionner dans ces r\u00e9gions, mais souhaitent \u00e9galement que la production soit plus proche de chez eux.<\/p>\n\n\n\n

De la mine au consommateur, il existe une cha\u00eene d\u2019approvisionnement ; est-elle \u00e0 sens unique ?<\/h3>\n\n\n\n

Il semble souvent logique d’imaginer une cha\u00eene d’approvisionnement comme une s\u00e9quence, un ordre d’op\u00e9rations. D’abord, nous exploitons les mines, puis nous raffinons les minerais. Ensuite, nous transformons les minerais raffin\u00e9s en produits chimiques ou directement en produits manufactur\u00e9s ; puis ceux-ci sont consomm\u00e9s et finissent finalement dans des d\u00e9charges. C’est l\u00e0 une vision lin\u00e9aire de la cha\u00eene d’approvisionnement, qui a bien s\u00fbr sa validit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Ce point de vue n\u00e9glige cependant le fait que c’est en r\u00e9alit\u00e9 la fin de la cha\u00eene d’approvisionnement \u2014 en particulier l’ampleur de la production et de la consommation \u2014 qui d\u00e9termine en premier lieu le volume d’exploitation mini\u00e8re. L’exploitation mini\u00e8re est autant une cause qu’un effet.<\/p>\n\n\n\n

Pour comprendre pourquoi celle-ci est si importante, quels types d’exploitation ont lieu et o\u00f9 apparaissent les nouvelles fronti\u00e8res en mati\u00e8re de ressources, il faut consid\u00e9rer l’exploitation mini\u00e8re comme le r\u00e9sultat \u00e0 la fois des modes de production et de consommation capitalistes et des d\u00e9cisions g\u00e9opolitiques concernant les min\u00e9raux strat\u00e9giquement importants et les lieux d’extraction.<\/p>\n\n\n\n

On peut envisager la cha\u00eene d’approvisionnement de mani\u00e8re circulaire, non pas dans le sens d’une \u00ab \u00e9conomie circulaire \u00bb parfaitement efficace, mais plut\u00f4t dans le sens o\u00f9 les causes et les effets sont interd\u00e9pendants. L’exploitation mini\u00e8re est d\u00e9termin\u00e9e par ce qui se passe \u00e0 la fin de la cha\u00eene.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 l’heure actuelle, les communaut\u00e9s l\u00e9s\u00e9es par l’exploitation mini\u00e8re ne sont pas les m\u00eames que celles qui b\u00e9n\u00e9ficient des produits finaux issus des min\u00e9raux extraits.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Qu’est-ce que cela signifie en termes de production, de prix et, en fin de compte, de mesures \u00e0 prendre pour lutter contre les injustices li\u00e9es \u00e0 l’extraction ?<\/h3>\n\n\n\n

Les cha\u00eenes d’approvisionnement ne sont pas seulement des flux de biens et de services (\u00ab extraction ici, raffinage l\u00e0-bas, exp\u00e9dition ailleurs \u00bb).<\/p>\n\n\n\n

C’est l\u00e0 une fa\u00e7on valide mais incompl\u00e8te de les consid\u00e9rer : les cha\u00eenes d’approvisionnement organisent \u00e9galement le pouvoir politique et \u00e9conomique, et elles le font souvent de mani\u00e8re in\u00e9gale et injuste.<\/p>\n\n\n\n

Une grande partie du pouvoir est ainsi accumul\u00e9e par ceux qui poss\u00e8dent les ressources et surtout par ceux qui contr\u00f4lent les technologies de pointe, la fabrication, la propri\u00e9t\u00e9 intellectuelle et les brevets. Si l’on examine la cha\u00eene d’approvisionnement, on constate que la valeur et les profits se concentrent dans certains endroits bien plus que dans d’autres.<\/p>\n\n\n\n

Dans l’ensemble, les flux de ressources ont tendance \u00e0 aller du Sud vers le Nord. Malgr\u00e9 la d\u00e9localisation, le Sud apporte plus \u00e0 l’\u00e9conomie mondiale, en termes de ressources, qu’il n’en utilise lui-m\u00eame. Il est perdant net de ses propres ressources. Cet \u00e9tat de fait est li\u00e9 \u00e0 l’histoire coloniale du capitalisme.<\/p>\n\n\n\n

Les cha\u00eenes d’approvisionnement ne sont pas seulement une question de logistique, c\u2019est aussi une question de relations de pouvoir. Comme il s’agit de relations, celles-ci peuvent \u00eatre contest\u00e9es et transform\u00e9es. Les acteurs moins puissants \u2014 les \u00c9tats du Sud, les travailleurs, les communaut\u00e9s \u2014 peuvent s’organiser de diff\u00e9rentes mani\u00e8res. Ces syst\u00e8mes ne sont pas fig\u00e9s, ils sont dynamiques et peuvent \u00e9voluer.<\/p>\n\n\n\n

Si ce qui motive l’exploitation mini\u00e8re est le volume de mati\u00e8res premi\u00e8res requis par notre mode de production et de consommation actuel, alors, du moins en th\u00e9orie, nous pouvons changer les choses. Nous pouvons d\u00e9velopper des modes de production et de consommation plus efficaces sur le plan mat\u00e9riel et donc moins gourmands en ressources.<\/p>\n\n\n\n

Concr\u00e8tement, comment cela pourrait-il se faire ?<\/h3>\n\n\n\n

Cela peut prendre plusieurs formes.<\/p>\n\n\n\n

L’une d’entre elles est plus technique : comment concevoir une batterie qui n\u00e9cessite moins de mat\u00e9riaux extraits ? Comment la rendre plus \u00e9conome en ressources ? Une autre concerne la taille de la batterie : si nous \u00e9lectrifions un \u00e9norme SUV, nous avons besoin d’une batterie gigantesque au service d’un propri\u00e9taire fortun\u00e9 ; ce n\u2019est pas socialement \u00e9quitable et cette batterie consomme beaucoup de ressources. Un v\u00e9hicule \u00e9lectrique plus petit, plus accessible et plus abordable utilise moins de ressources et convient mieux aux travailleurs et aux classes moyennes.<\/p>\n\n\n\n

Nous pouvons alors nous demander s\u2019il n\u2019est pas possible de changer compl\u00e8tement notre fa\u00e7on de nous d\u00e9placer. <\/p>\n\n\n\n

Un bon exemple est celui de la ville de Paris, qui a encourag\u00e9 les transports publics, la marche et le v\u00e9lo. Certes, ce n’est pas parfait \u2014 mais c’est mieux qu’il y a dix ou vingt ans.<\/p>\n\n\n\n

De nombreuses villes dans le monde ont trouv\u00e9 le moyen de r\u00e9duire la d\u00e9pendance \u00e0 la voiture pour des raisons sociales, environnementales et \u00e9conomiques ; c\u2019est le cas d\u2019Amsterdam, Tokyo, Barcelone ou Mexico. Ces politiques r\u00e9duisent le nombre de voitures, ce qui diminue le nombre de morts et de bless\u00e9s dans les accidents de la route. Toutes ces alternatives de transport n\u00e9cessitent moins de ressources par personne.<\/p>\n\n\n\n

M\u00eame si la batterie d’un bus est aussi grande, voire plus grande, que celle d’une grosse voiture \u00e9lectrique, le bus transporte des centaines, voire des milliers de personnes au fil du temps. Ainsi l’utilisation des ressources par personne est bien moindre. Le volume social total de mat\u00e9riaux n\u00e9cessaires diminue consid\u00e9rablement.<\/p>\n\n\n\n

Avec les chercheurs du Climate and Community Project<\/em>, un groupe r\u00e9fl\u00e9chissant sur la gouvernance et les politiques climatiques et \u00e9nerg\u00e9tiques, nous avons d\u00e9montr\u00e9 empiriquement que nous pouvons parvenir \u00e0 des transports z\u00e9ro \u00e9mission avec beaucoup moins d’exploitation mini\u00e8re, et m\u00eame atteindre plus rapidement les objectifs climatiques <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span> : toutes les politiques qui \u00e9largissent les options de transport \u2014 transports publics, marche, v\u00e9lo \u2014 font en effet \u00e9galement progresser les objectifs climatiques.<\/p>\n\n\n\n

Aujourd\u2019hui, les pays occidentaux ne font plus confiance au libre-\u00e9change ni \u00e0 la simple d\u00e9pendance vis-\u00e0-vis des importations en provenance d’Afrique ou d’Am\u00e9rique latine.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Il est essentiel d’avoir une vision globale de la cha\u00eene d’approvisionnement. Une approche courante est le recyclage, l’id\u00e9e d’une \u00ab \u00e9conomie circulaire \u00bb ; certes, celui-ci est en effet important et nous l’avons inclus dans notre \u00e9tude : les batteries peuvent \u00eatre r\u00e9utilis\u00e9es apr\u00e8s leur premi\u00e8re vie, puis d\u00e9mont\u00e9es afin de r\u00e9cup\u00e9rer 99 % du lithium.<\/p>\n\n\n\n

Au-del\u00e0 du recyclage, on peut cependant modifier \u00e9galement l’environnement b\u00e2ti, comme l’am\u00e9nagement du territoire, les milieux urbains, la politique des transports. <\/p>\n\n\n\n

En remodelant la fa\u00e7on dont les gens se d\u00e9placent et vivent, il est possible de r\u00e9duire consid\u00e9rablement la quantit\u00e9 d’exploitation mini\u00e8re n\u00e9cessaire pour atteindre nos objectifs en mati\u00e8re d’\u00e9missions et de climat.<\/p>\n\n\n\n

Alors que la COP30 se tient en ce moment<\/a>, pouvons-nous imaginer une institution internationale qui donnerait la parole \u00e0 diff\u00e9rents acteurs, pr\u00e9sents \u00e0 diff\u00e9rentes \u00e9chelles ?<\/h3>\n\n\n\n

Plusieurs \u00e9volutions r\u00e9centes peuvent nous inciter \u00e0 le penser, en particulier les discussions en cours au sujet des \u00ab zones d\u2019interdiction mini\u00e8re \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Les \u00ab zones d’interdiction mini\u00e8re \u00bb font partie de la panoplie d’outils disponibles pour les militants. Bien que l\u2019option puisse sembler radicale, il existe des exemples concrets en Am\u00e9rique latine o\u00f9 ce genre de mesures a \u00e9t\u00e9 privil\u00e9gi\u00e9. Au niveau infranational \u2014 c’est-\u00e0-dire dans certaines parties d’un pays, comme la r\u00e9gion amazonienne ou une zone naturelle prot\u00e9g\u00e9e \u2014 et m\u00eame au niveau national, certains pays d’Am\u00e9rique latine ont d\u00e9clar\u00e9 qu’ils n’autoriseraient pas l’exploitation mini\u00e8re. Le Costa Rica en est un exemple, tout comme le Honduras ; jusqu’\u00e0 r\u00e9cemment, le Salvador avait \u00e9galement pos\u00e9 une interdiction, que le pr\u00e9sident conservateur actuel a annul\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

L’id\u00e9e de \u00ab zones interdites \u00bb n’est donc pas seulement th\u00e9orique. Elle consiste \u00e0 mettre fin \u00e0 l’exploitation mini\u00e8re dans une certaine zone ou \u00e0 emp\u00eacher qu’elle ne commence.<\/p>\n\n\n\n

Parfois, l’objectif est de maintenir une interdiction permanente.<\/p>\n\n\n\n

Parfois, il s’agit d’une mesure \u00e0 court ou moyen terme, une pause pour \u00e9valuer plus clairement les impacts.<\/p>\n\n\n\n

Dans le cadre des entreprises qui contr\u00f4lent la plupart des informations sur leurs activit\u00e9s extractives, ce type de pause permet aux gouvernements et aux communaut\u00e9s d’\u00e9valuer les effets de l’extraction et de concevoir de meilleures strat\u00e9gies de gouvernance.<\/p>\n\n\n\n

Le multilat\u00e9ralisme peut-il \u00eatre un moyen efficace d’atteindre des normes de durabilit\u00e9 pour l’extraction des min\u00e9raux critiques ?<\/h3>\n\n\n\n

Il est tr\u00e8s int\u00e9ressant que cette proposition soit pr\u00e9sent\u00e9e \u00e0 la COP30. Dans l’ensemble, je suis bien consciente que les outils multilat\u00e9raux ne sont pas toujours appliqu\u00e9s ou efficaces, et qu’ils sont parfois affaiblis par la diplomatie. Mais sans vouloir para\u00eetre utopiste, je pense qu\u2019il est encore pertinent.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019extraction mini\u00e8re est cependant un probl\u00e8me mondial, tout comme il est un probl\u00e8me transfrontalier : les impacts environnementaux li\u00e9s \u00e0 l’exploitation mini\u00e8re ne se bornent pas \u00e0 un seul pays.<\/p>\n\n\n\n

Les ressources de la Terre sont partag\u00e9es, et nous devons r\u00e9fl\u00e9chir collectivement \u00e0 la mani\u00e8re de les g\u00e9rer et de les distribuer de mani\u00e8re plus \u00e9quitable.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 l’heure actuelle, les communaut\u00e9s l\u00e9s\u00e9es par l’exploitation mini\u00e8re ne sont pas les m\u00eames que celles qui b\u00e9n\u00e9ficient des produits finaux issus des min\u00e9raux extraits ; c’est un fait empirique.<\/p>\n\n\n\n

Il existe une profonde in\u00e9galit\u00e9 dans la r\u00e9partition des dommages et des avantages. Le multilat\u00e9ralisme, qui rassemble les pays dont les populations sont touch\u00e9es et les pays qui sont principalement importateurs, est donc essentiel.<\/p>\n\n\n\n

Une autre raison est d’ordre environnemental : les cons\u00e9quences environnementales de l’extraction ne respectent pas les fronti\u00e8res nationales. L’Union europ\u00e9enne a pour tradition de traiter ces impacts transfrontaliers : nous pourrions \u00e9tendre cette approche \u00e0 l’\u00e9chelle mondiale.<\/p>\n\n\n\n

La COP30 est donc tr\u00e8s int\u00e9ressante car, comme cette demande de r\u00e9flexion sur les zones interdites, de multiples propositions sur les min\u00e9raux critiques y seront pr\u00e9sent\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

D’apr\u00e8s mes derni\u00e8res lectures, les gouvernements colombien et br\u00e9silien pr\u00e9voient de proposer un pacte mondial pour la gouvernance des min\u00e9raux critiques, ax\u00e9 dans un premier temps sur la transparence \u2014 pour rem\u00e9dier au manque d’informations fiables dans les cha\u00eenes d’approvisionnement \u2014 et sur la normalisation des r\u00e9glementations environnementales afin d’\u00e9viter un nivellement par le bas.<\/p>\n\n\n\n

Il existe de multiples propositions car la communaut\u00e9 climatique \u2014 qu’on l’appelle mouvement, communaut\u00e9 d’experts ou appareil bureaucratique \u2014 ne peut plus ignorer la question mini\u00e8re. L’exploitation mini\u00e8re est au c\u0153ur de la g\u00e9opolitique et des cha\u00eenes d’approvisionnement des technologies vertes. Il n’est donc pas surprenant qu’elle devienne un sujet majeur de la COP.<\/p>\n\n\n\n

Est-ce \u00e0 la COP que se conclura cette r\u00e9flexion ? <\/h3>\n\n\n\n

La situation me rend optimiste, non pas parce que je pense que la COP r\u00e9soudra tous les probl\u00e8mes \u2014 ses r\u00e9sultats sont limit\u00e9s \u2014, mais parce qu\u2019on ne peut que b\u00e9n\u00e9ficier de la multiplication des discussions multilat\u00e9rales. Plus il y a d’ar\u00e8nes dans lesquelles les gouvernements, les soci\u00e9t\u00e9s et, esp\u00e9rons-le, les militants de la soci\u00e9t\u00e9 civile du Sud peuvent participer, mieux nous nous portons.<\/p>\n\n\n\n

Le projet de \u00ab capitalisme vert \u00bb est une strat\u00e9gie politique de pr\u00e9servation du statu quo.\u00a0<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La COP30 se tient au Br\u00e9sil, o\u00f9 les militants jouissent d’une libert\u00e9 d’expression bien plus grande que ceux des pays ayant h\u00e9berg\u00e9 les deux COP pr\u00e9c\u00e9dentes <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. On peut donc esp\u00e9rer des discussions plus honn\u00eates et la prise en compte de voix souvent exclues des n\u00e9gociations de haut niveau, comme celles des communaut\u00e9s autochtones.<\/p>\n\n\n\n

Peu importe ce qui est adopt\u00e9 ou rejet\u00e9 lors de la COP, que les accords soient \u00e9dulcor\u00e9s ou bloqu\u00e9s : ce n’est jamais la fin de l’histoire. Ces discussions peuvent inspirer l’\u00e9laboration de politiques r\u00e9gionales, par exemple en Am\u00e9rique latine ou en Afrique.<\/p>\n\n\n\n

Vous vous \u00eates rendue au Chili, au Portugal et aux \u00c9tats-Unis pour \u00e9tudier la r\u00e9sistance contre les projets miniers. Comment avez-vous choisi ces terrains de recherche et quelles similitudes y avez-vous constat\u00e9es ?<\/h3>\n\n\n\n

Je me suis rendue dans de nombreux endroits pour cette recherche, plus que pour tout autre projet pr\u00e9c\u00e9dent, et je ne m’attendais pas \u00e0 faire du travail de terrain en Europe ou aux \u00c9tats-Unis, o\u00f9 je vis mais o\u00f9 je n’avais jamais men\u00e9 de recherches.<\/p>\n\n\n\n

Tous mes travaux ant\u00e9rieurs concernaient l’Am\u00e9rique latine ; \u00e0 la suite de divers \u00e9v\u00e9nements inattendus dans ma vie, mais aussi de changements politiques tels que la tendance \u00e0 la relocalisation, j’ai fini par \u00e9tudier l’extraction des ressources dans les pays du Nord en m’int\u00e9ressant \u00e0 de nouveaux projets miniers critiques, notamment autour du lithium, au Nevada, dans le sud-ouest des \u00c9tats-Unis, au nord du Portugal et, bien s\u00fbr, au nord du Chili.<\/p>\n\n\n\n

J’ai appris une chose qui peut sembler \u00e9vidente, bien que le contraire aurait pu \u00eatre constat\u00e9 : les communaut\u00e9s de ces pays tr\u00e8s diff\u00e9rents avaient des plaintes tr\u00e8s similaires \u00e0 propos de l’exploitation mini\u00e8re. <\/p>\n\n\n\n

Cette identit\u00e9 t\u00e9moigne en partie des pratiques de l’industrie mini\u00e8re qui, \u00e0 des degr\u00e9s divers, sont similaires dans le monde entier et dont les impacts sociaux et environnementaux sont souvent semblables d’un pays \u00e0 l’autre ; elle t\u00e9moigne \u00e9galement des r\u00e9seaux et des discours communs aux militants.<\/p>\n\n\n\n

Cette identit\u00e9 dans les r\u00e9pertoires d\u2019action militants est-elle une simple co\u00efncidence ?<\/h3>\n\n\n\n

Ce n’est pas parce que deux industries sont toutes deux nuisibles \u00e0 l’environnement que ceux qui s\u2019y opposent d\u00e9veloppent le m\u00eame cadre analytique ou le m\u00eame r\u00e9pertoire de r\u00e9sistance. Ces cadres sont appris et diffus\u00e9s ; ils se propagent \u00e0 travers les mouvements.<\/p>\n\n\n\n

C’est une telle diffusion que j\u2019ai constat\u00e9e sur mes terrains d\u2019enqu\u00eate : les communaut\u00e9s confront\u00e9es \u00e0 ces projets \u2014 lorsqu’elles choisissent de r\u00e9sister, ce qui n’est pas toujours le cas \u2014 apprennent souvent de la m\u00eame mani\u00e8re les m\u00e9faits de l’exploitation mini\u00e8re et commencent \u00e0 identifier des tactiques similaires. Doivent-elles intenter des poursuites judiciaires ? Doivent-elles bloquer la mine ? Doivent-elles faire appel \u00e0 des scientifiques pour mener des \u00e9tudes ind\u00e9pendantes sur les effets environnementaux ?<\/p>\n\n\n\n

Ces strat\u00e9gies sont courantes, mais elles ne sont pas apparues spontan\u00e9ment en ces diff\u00e9rents lieux : elles viennent d\u2019ailleurs et ont circul\u00e9 \u00e0 l’\u00e9chelle mondiale. J’ai parfois entendu des personnes de diff\u00e9rents pays prononcer presque la m\u00eame phrase, non pas parce qu’elles suivaient un script, mais parce que toute personne active dans les mouvements sociaux apprend des autres.<\/p>\n\n\n\n

Ce que nous observons, c’est cette dynamique \u00e0 l’\u00e9chelle mondiale.<\/p>\n\n\n\n

Fonctionnaires, politiciens, industriels, militants, populations locales : vous avez \u00e9t\u00e9 confront\u00e9e \u00e0 de nombreux int\u00e9r\u00eats diff\u00e9rents, \u00e0 des discours potentiellement contradictoires, et m\u00eame \u00e0 des langages diff\u00e9rents \u2014 le langage et la logique du capitalisme, le langage de la justice climatique ou celui de la fraternit\u00e9 avec les autres \u00eatres vivants. Existe-t-il une possibilit\u00e9 de concilier ces logiques ?<\/h3>\n\n\n\n

Se demander si ces logiques sont compatibles, c\u2019est en somme se demander si le capitalisme peut \u00eatre vert ; dit autrement, il s\u2019agit de savoir si nous pouvons concilier la protection de l’environnement, la protection de la nature non humaine, la pr\u00e9occupation pour la crise de la biodiversit\u00e9, la crise de l’eau et, bien s\u00fbr, la crise climatique \u2014 toutes choses li\u00e9es entre elles \u2014 avec le mode de production capitaliste. <\/p>\n\n\n\n

Je me suis beaucoup demand\u00e9e si le concept de \u00ab capitalisme vert \u00bb avait un sens : j’ai jug\u00e9 n\u00e9cessaire de l’aborder directement d\u00e8s le d\u00e9but de mon livre.<\/p>\n\n\n\n

Lorsque j’utilise le terme \u00ab capitalisme vert \u00bb, je ne veux pas dire que le capitalisme devient soutenable.<\/p>\n\n\n\n

Je fais plut\u00f4t r\u00e9f\u00e9rence aux cha\u00eenes d’approvisionnement et aux secteurs \u00e9conomiques qui se pr\u00e9tendent verts parce qu’ils sont li\u00e9s \u00e0 la transition \u00e9nerg\u00e9tique, \u00e0 l’adaptation au changement climatique ou \u00e0 l’att\u00e9nuation de ses effets ; je fais aussi r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 ceux li\u00e9s \u00e0 la r\u00e9solution de probl\u00e8mes environnementaux.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019usage du mot de \u00ab capitalisme vert \u00bb est-il donc un paravent pour des int\u00e9r\u00eats peu li\u00e9s \u00e0 la lutte contre le changement climatique ?<\/h3>\n\n\n\n

Parfois, ce terme de \u00ab capitalisme vert \u00bb est employ\u00e9 par des entreprises qui vantent une nouvelle technologie \u00ab verte \u00bb ; parfois, il est utilis\u00e9 par l’Union europ\u00e9enne, qui dispose de taxonomies d\u00e9finissant ce qui constitue une industrie verte.<\/p>\n\n\n\n

Parfois aussi, le lien entre les deux termes de l\u2019expression est scientifiquement fond\u00e9 : par exemple, il est empiriquement vrai qu’une batterie au lithium peut stocker de l’\u00e9nergie renouvelable et permettre le transport sans br\u00fbler de combustibles fossiles.<\/p>\n\n\n\n

D’autres utilisations du terme touchent \u00e0 des technologies telles que la g\u00e9o-ing\u00e9nierie ou le captage du carbone, qui ne sont pas encore pleinement d\u00e9velopp\u00e9es et peuvent avoir des implications dangereuses.<\/p>\n\n\n\n

Le label \u00ab vert \u00bb ne garantit donc pas que quelque chose est durable ou soutenable ; il indique seulement que quelqu’un revendique un lien avec l’action climatique ou un avantage environnemental.<\/p>\n\n\n\n

Le concept de capitalisme vert me permet d’examiner ce que font tant les entreprises que les gouvernements et ce \u00e0 quoi ressemblent ces cha\u00eenes d’approvisionnement ; si je le rejetais compl\u00e8tement, il y aurait moins de raisons d’\u00e9tudier ces secteurs particuliers. Ceux-ci sont pourtant int\u00e9ressants, pr\u00e9cis\u00e9ment parce qu’ils pr\u00e9tendent contribuer \u00e0 \u00ab sauver la plan\u00e8te \u00bb ; cela nous am\u00e8ne \u00e0 nous demander s\u2019ils le font r\u00e9ellement. Dans de nombreux cas, ce n’est peut-\u00eatre pas le cas, ou du moins pas de la mani\u00e8re la plus \u00e9cologique ou la plus juste socialement.<\/p>\n\n\n\n

Quelle alternative peut \u00e9merger face \u00e0 cette d\u00e9fense du statu quo<\/em> ?<\/h3>\n\n\n\n

Ce que j\u2019affirme dans mon livre, c\u2019est que le capitalisme vert est un projet politique ; il est politique parce qu’il promeut l’id\u00e9e que nous n’avons pas besoin de changer le capitalisme pour atteindre les objectifs environnementaux.<\/p>\n\n\n\n

Selon ce projet, nous pouvons conserver intacte la majeure partie du syst\u00e8me \u00e9conomique existant, changer la source d’\u00e9nergie, ajuster certains mat\u00e9riaux, modifier les pratiques agricoles et r\u00e9duire ainsi les \u00e9missions. Il s’agit donc bien d’une strat\u00e9gie politique de pr\u00e9servation du statu quo qui vise \u00e0 lutter contre la crise climatique sans transformer fondamentalement l’\u00e9conomie politique du capitalisme ou des \u00c9tats lib\u00e9raux.<\/p>\n\n\n\n

On peut ainsi se demander s\u2019il est possible d\u2019atteindre les objectifs climatiques sans modifier les structures profondes de nos syst\u00e8mes \u00e9conomiques et politiques.<\/p>\n\n\n\n

Je ne crois pas \u2014 pour aller \u00e0 l’extr\u00eame oppos\u00e9 \u2014 que nous ayons besoin d’une r\u00e9volution aujourd’hui pour lutter contre le changement climatique demain ; plusieurs processus peuvent se d\u00e9rouler simultan\u00e9ment et les transitions sont in\u00e9vitables.<\/p>\n\n\n\n

M\u00eame si l’objectif \u00e9tait de construire une \u00e9conomie post-capitaliste \u2014 ce qui est un objectif valable \u2014, cela ne se ferait pas du jour au lendemain.<\/p>\n\n\n\n

Le \u00ab capitalisme vert \u00bb est un projet politique : il promeut l’id\u00e9e que nous n’avons pas besoin de changer le capitalisme pour atteindre les objectifs environnementaux.<\/p>Thea Riofrancos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

S\u2019il est souhaitable d\u2019\u00e9chelonner, quels seraient les jalons pour atteindre les objectifs climatiques ? <\/h3>\n\n\n\n

Pour la gauche, il s\u2019agit plut\u00f4t de chercher comment rendre l’\u00e9conomie plus verte, les technologies plus accessibles, moins gourmandes en ressources, plus abordables et plus \u00e9quitables ; de chercher encore comment introduire de nouveaux cadres \u00e9conomiques qui r\u00e9pondent \u00e0 la crise multiforme \u2014 climat, biodiversit\u00e9, eau, sant\u00e9 publique, co\u00fbt de la vie \u2014 de mani\u00e8re \u00e0 cr\u00e9er une dynamique en faveur d’un changement syst\u00e9mique. Nous devons \u00e9galement \u00eatre coh\u00e9rents avec nous-m\u00eames en reconnaissant qu’il s’agit l\u00e0 d’\u00e9tapes transitoires.<\/p>\n\n\n\n

M\u00eame si la gauche gouverne un pays, elle continuera \u00e0 gouverner une \u00e9conomie capitaliste ; elle peut appr\u00e9hender cette situation en \u00e9tendant la propri\u00e9t\u00e9 publique, en r\u00e9glementant plus efficacement et en essayant d’orienter les investissements priv\u00e9s vers des r\u00e9sultats socialement b\u00e9n\u00e9fiques.<\/p>\n\n\n\n

Il faut agir sur plusieurs fronts \u00e0 la fois, car la crise climatique, les crises \u00e9cologiques et les crises de sant\u00e9 publique sont urgentes. Nous ne pouvons pas attendre un mod\u00e8le \u00e9conomique parfait pour y rem\u00e9dier.<\/p>\n\n\n\n

Nous devons lutter contre ces crises avec les outils dont nous disposons, tout en en fabriquant de mani\u00e8re cr\u00e9ative de nouveaux \u2014 et composer avec le contexte imparfait du pr\u00e9sent.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

L\u2019\u00e9conomie de l\u2019extraction est en train de muter.<\/p>\n

Dans une enqu\u00eate men\u00e9e entre le Chili, le \u00c9tats-Unis, le Portugal et l\u2019Espagne, la chercheuse Thea Riofrancos m\u00e8ne une r\u00e9flexion cruciale sur les r\u00f4le des mines comme nouveaux n\u0153uds strat\u00e9giques dans la g\u00e9opolitique de l\u2019\u00e8re post-carbone.<\/p>\n

Nous la rencontrons.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":305205,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-reviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":true,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1730],"tags":[],"geo":[525],"class_list":["post-305204","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-energie-et-environnement","staff-clement-fontanarava","geo-ameriques"],"acf":[],"yoast_head":"\nExtractivisme : la guerre cach\u00e9e de la transition \u00e9cologique<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/11\/14\/extractivisme-la-guerre-cachee-de-la-transition-ecologique-une-conversation-avec-thea-riofrancos\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Extractivisme : la guerre cach\u00e9e de la transition \u00e9cologique\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"L\u2019\u00e9conomie de l\u2019extraction est en train de muter. 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