{"id":304377,"date":"2025-11-06T16:03:37","date_gmt":"2025-11-06T15:03:37","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=304377"},"modified":"2025-11-06T16:06:50","modified_gmt":"2025-11-06T15:06:50","slug":"adrian-vermeule-contre-revolution-trump","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/11\/06\/adrian-vermeule-contre-revolution-trump\/","title":{"rendered":"Les fondements juridiques de la contre-r\u00e9volution trumpiste, une conversation avec Adrian Vermeule"},"content":{"rendered":"\n
Adrian Vermeule est professeur de droit constitutionnel \u00e0 l\u2019universit\u00e9 d\u2019Harvard. Il a \u00e9crit sur un large \u00e9ventail de sujets qui vont de la l\u00e9gitimit\u00e9 du droit administratif aux th\u00e9ories du constitutionnalisme. Converti au catholicisme, il est aussi l\u2019un des principaux penseurs de la droite chr\u00e9tienne am\u00e9ricaine d\u00e9fendant une transformation programmatique de la relation entre l\u00e9galit\u00e9 et politique dans le sillage de la crise du lib\u00e9ralisme juridique.<\/em><\/p>\n\n\n\n En janvier 2025, alors que Trump consolidait son pouvoir pr\u00e9sidentiel \u2014 passage en force devant le Congr\u00e8s, contournement de la Constitution et du fonctionnement institutionnels, limogeage d\u2019inspecteurs g\u00e9n\u00e9raux \u2014 Adrian Vermeule \u00e9crivait : \u00ab Compte tenu de la situation politique aux \u00c9tats-Unis, le moment est particuli\u00e8rement opportun pour r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la mani\u00e8re dont l\u2019infrastructure de l\u2019administration pr\u00e9sidentielle peut \u00eatre orient\u00e9e vers le bien commun. \u00bb<\/em> <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n Contrairement \u00e0 d\u2019autres penseurs issus de la <\/em>mouvance n\u00e9o-r\u00e9actionnaire<\/em><\/a> ou <\/em>post-lib\u00e9rale<\/em><\/a>, Vermeule articule une pens\u00e9e du \u00ab l\u00e9galisme illib\u00e9ral \u00bb, cherchant \u00e0 trouver des fondements juridiques \u00e0 la transformation radicale en cours \u00e0 Washington.<\/em><\/p>\n\n\n\n Je ne d\u00e9crirais pas cela en des termes aussi dramatiques. Pour moi, c\u2019est plut\u00f4t la poursuite d’une tendance qui a commenc\u00e9 il y a plusieurs ann\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 la fin du premier mandat d’Obama, j’ai co\u00e9crit un livre, intitul\u00e9 The Executive Unbound<\/em> <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>, dans lequel je traitais de l’utilisation du pouvoir pr\u00e9sidentiel dans le syst\u00e8me constitutionnel am\u00e9ricain. Il traitait de l’utilisation intensive du pouvoir ex\u00e9cutif par Obama, qui est rest\u00e9e une caract\u00e9ristique des administrations suivantes : sous Trump, sous Biden et aujourd\u2019hui sous la seconde pr\u00e9sidence de Trump. Pour l\u2019essentiel, je consid\u00e8re que c’est plus ou moins la m\u00eame chose.<\/p>\n\n\n\n Je ne pense pas qu’il y ait eu beaucoup de contestations juridiques au niveau de la Cour supr\u00eame, contrairement aux tribunaux inf\u00e9rieurs.<\/p>\n\n\n\n Si l’on examine la mani\u00e8re dont la Cour a trait\u00e9 les recours d’urgence des tribunaux f\u00e9d\u00e9raux inf\u00e9rieurs \u2014 la principale ar\u00e8ne des litiges juridiques \u2014, Trump a remport\u00e9 17 des 23 affaires. L’administration en a perdu trois, et certaines sont encore en cours <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Trump a remarquablement r\u00e9ussi \u00e0 affirmer son autorit\u00e9 ex\u00e9cutive<\/a>, et la Cour supr\u00eame consid\u00e8re clairement que la plupart de ses actions sont l\u00e9gales. Si les m\u00e9dias en font grand cas, ce n’est pas nouveau. Les m\u00e9dias conservateurs tenaient des propos similaires pendant l’administration Biden ; c’est simplement plus visible aujourd’hui.<\/p>\n\n\n\n Dans l’ensemble, je ne vois pas de r\u00e9sistance significative \u00e0 la pr\u00e9sidence Trump de la part de la Cour supr\u00eame, bien qu’il y ait une forte r\u00e9sistance de la part des tribunaux inf\u00e9rieurs <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Je ne pense pas qu’il s’agisse vraiment d’une strat\u00e9gie : c’est plut\u00f4t une n\u00e9cessit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Ces derni\u00e8res ann\u00e9es, un nombre croissant de tribunaux f\u00e9d\u00e9raux inf\u00e9rieurs ont ouvertement d\u00e9fi\u00e9 les pr\u00e9c\u00e9dents de la Cour supr\u00eame, voire les d\u00e9cisions de justice de celle-ci.<\/p>\n\n\n\n On peut citer l’exemple du juge Brian Murphy, dans le Massachusetts. Il a rendu une ordonnance emp\u00eachant l’administration d’expulser certaines personnes vers des pays tiers, alors que la loi l’y autorise si certaines conditions sont remplies.<\/p>\n\n\n\n La Cour supr\u00eame a annul\u00e9 son ordonnance. Mais dans la m\u00eame affaire, le juge Murphy en avait rendu une autre, pratiquement identique. La seule autorit\u00e9 qu’il citait \u00e9tait une opinion dissidente de la juge Sotomayor. La Cour supr\u00eame a alors d\u00fb l’annuler \u00e0 nouveau.<\/p>\n\n\n\n De nombreuses grandes initiatives politiques de l’administration visent \u00e0 r\u00e9affirmer ou \u00e0 r\u00e9tablir l’\u00e9tat de droit, notamment en appliquant des lois f\u00e9d\u00e9rales longtemps ignor\u00e9es.<\/p>Adrian Vermeule<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Ce type de d\u00e9fiance de la part des tribunaux inf\u00e9rieurs est donc devenu plus fr\u00e9quent, et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles il y a actuellement autant de recours d’urgence devant la Cour supr\u00eame.<\/p>\n\n\n\n Ce n\u2019est pas sain, certes. L’augmentation des recours d’urgence n’est pas un bon signe, m\u00eame si de tels cas existaient \u00e9galement sous les pr\u00e9c\u00e9dentes administrations.<\/p>\n\n\n\n La diff\u00e9rence aujourd’hui, c’est que nous voyons davantage de tribunaux f\u00e9d\u00e9raux inf\u00e9rieurs ignorer ou d\u00e9fier ouvertement les ordonnances de la Cour supr\u00eame, parfois dans le cadre d’une m\u00eame affaire. C’est ce qui a cr\u00e9\u00e9 ce probl\u00e8me, avec de nombreux recours d\u2019urgence aupr\u00e8s de la Cour.<\/p>\n\n\n\n Le probl\u00e8me ne concerne pas principalement les actions de l’administration actuelle, mais plut\u00f4t ce que font certaines cours inf\u00e9rieures ; pour \u00eatre clair, ce ph\u00e9nom\u00e8ne n’est pas propre \u00e0 l’administration Trump.<\/p>\n\n\n\n Sous les administrations r\u00e9publicaines, on observe g\u00e9n\u00e9ralement ce comportement chez les juges des \u00c9tats d\u00e9mocrates. Sous les administrations d\u00e9mocrates, ce sont les juges des \u00c9tats rouges qui agissent ainsi. <\/p>\n\n\n\n Ce ph\u00e9nom\u00e8ne est malsain, mais il n’est pas nouveau : c\u2019est l\u2019intensification d’une tendance qui se d\u00e9veloppe depuis un certain temps.<\/p>\n\n\n\n Je ne peux pas me prononcer \u00e0 ce sujet. <\/p>\n\n\n\n Je ne sais pas qui lit quoi ni si mes id\u00e9es ont influenc\u00e9 qui que ce soit.<\/p>\n\n\n\n Si c’est le cas, c\u2019est une bonne chose. Mais c’est aux autres d’en juger. Je me concentre simplement sur l\u2019\u00e9criture et ma contribution au d\u00e9bat, du mieux que je peux <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Je formulerais les choses diff\u00e9remment.<\/p>\n\n\n\n Selon moi, de nombreuses grandes initiatives politiques de l’administration actuelle visent \u00e0 r\u00e9affirmer ou \u00e0 r\u00e9tablir l’\u00c9tat de droit \u2014 notamment en appliquant des lois f\u00e9d\u00e9rales longtemps ignor\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n L’immigration en est l’exemple le plus flagrant.<\/p>\n\n\n\n Le programme d’application de la loi de l’administration actuelle soutient l’\u00c9tat de droit, car il applique les lois existantes qui restreignent l’entr\u00e9e aux \u00c9tats-Unis ou font de l’entr\u00e9e ill\u00e9gale un motif d’expulsion. Dans de nombreuses administrations pr\u00e9c\u00e9dentes, ces lois n’\u00e9taient tout simplement pas appliqu\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n Je trouve donc une grande partie du d\u00e9bat actuel d\u00e9routante.<\/p>\n\n\n\n Le pr\u00e9sident applique des lois adopt\u00e9es par le Congr\u00e8s qui restent des lois f\u00e9d\u00e9rales en vigueur. Nous n\u2019assistons pas \u00e0 une extension du pouvoir pr\u00e9sidentiel, mais \u00e0 un ex\u00e9cutif qui fait ce que la loi exige.<\/p>\n\n\n\n Historiquement, en particulier depuis la Seconde Guerre mondiale, le Congr\u00e8s a d\u00e9l\u00e9gu\u00e9 de vastes pouvoirs \u00e0 la pr\u00e9sidence par le biais de lois. Cela s’est produit sous les pr\u00e9sidents des deux partis.<\/p>\n\n\n\n Dans certains de mes travaux, j’appelle cela la \u00ab lex regia<\/em> am\u00e9ricaine \u00bb \u2014 en r\u00e9f\u00e9rence aux lois romaines qui conf\u00e9raient le pouvoir de gouverner. \u00c0 travers une s\u00e9rie de d\u00e9l\u00e9gations \u00e9tendues, le Congr\u00e8s a effectivement donn\u00e9 au pr\u00e9sident des pouvoirs importants.<\/p>\n\n\n\n La question de savoir si cela repr\u00e9sente une abdication du pouvoir par le Congr\u00e8s<\/a> ou si c\u2019est un choix d\u00e9lib\u00e9r\u00e9 fait d\u00e9bat. <\/p>\n\n\n\n Le monde change rapidement, les probl\u00e8mes sont complexes et le Congr\u00e8s peut avoir besoin de d\u00e9l\u00e9guer des pouvoirs \u00e0 l’ex\u00e9cutif pour mettre en \u0153uvre des politiques efficaces \u2014 comme on ferait appel \u00e0 un courtier sp\u00e9cialis\u00e9 pour vendre une maison.<\/p>\n\n\n\n Cette tendance \u00e0 long terme n’est pas sp\u00e9cifique \u00e0 Trump, mais elle s’est v\u00e9rifi\u00e9e sous toutes les administrations <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Il existe \u00e0 la fois des diff\u00e9rences et des similitudes. Contrairement \u00e0 la lex regia<\/em>, le pr\u00e9sident am\u00e9ricain est \u00e9lu pour quatre ans et ne peut exercer plus de deux mandats \u2014 il n’y a donc pas de pr\u00e9sidence \u00e0 vie.<\/p>\n\n\n\n La comparaison que je fais concerne surtout l’\u00e9tendue des pouvoirs.<\/p>\n\n\n\n Les pouvoirs statutaires du pr\u00e9sident, combin\u00e9s \u00e0 l’autorit\u00e9 constitutionnelle, sont tr\u00e8s \u00e9tendus. Ces pouvoirs ont certes des limites, et les tribunaux les font g\u00e9n\u00e9ralement respecter \u2014 l’ex\u00e9cutif se tenant largement dans le cadre circonscrit par ces limites.<\/p>\n\n\n\n N\u00e9anmoins, au fil du temps, le syst\u00e8me a \u00e9volu\u00e9 vers une forme de gouvernance pr\u00e9sidentielle. Dans la pratique, la Constitution am\u00e9ricaine op\u00e9rationnelle \u2014 au-del\u00e0 du texte \u00e9crit \u2014 est centr\u00e9e sur la pr\u00e9sidence. C’est le cas depuis longtemps.<\/p>\n\n\n\n Pour \u00eatre honn\u00eate, je n’ai pas beaucoup lu Curtis Yarvin.<\/p>\n\n\n\n J’ai lu l’un de ses \u00e9crits sur la monarchie. J\u2019ai trouv\u00e9 que cela manquait de contexte historique. Il confondait notamment les \u00ab deux corps du roi \u00bb, ses r\u00f4les public et priv\u00e9 ; ceux de Louis XIV, par exemple.<\/p>\n\n\n\n L’id\u00e9e que certains pr\u00e9sidents seraient \u00e0 l\u2019origine de grandes transformations n’est pas nouvelle. Des universitaires tels qu\u2019Arthur Schlesinger et Bruce Ackerman en d\u00e9battent depuis longtemps <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il est trop t\u00f4t pour dire si un second mandat de Trump aura un effet vraiment transformationnel sur la pr\u00e9sidence.<\/p>\n\n\n\n En g\u00e9n\u00e9ral, les pr\u00e9sidents changent la donne en affirmant les pouvoirs qu’ils d\u00e9tiennent d\u00e9j\u00e0 en vertu de la loi \u2014 pas en d\u00e9fiant ou r\u00e9\u00e9crivant celle-ci. Cela semble \u00e9galement s’appliquer \u00e0 la pr\u00e9sidence Trump.<\/p>\n\n\n\n C’est une vaste question ; cela d\u00e9pend des cas.<\/p>\n\n\n\n Dans certains d\u2019entre eux, comme celui de Lincoln, les limites ont \u00e9t\u00e9 repouss\u00e9es ; pour le second mandat de Trump, je n’ai rien vu de similaire.<\/p>\n\n\n\n Ce qui est remarquable, cependant, c’est que le simple fait d’appliquer les lois existantes peut perturber le statu quo<\/em>.<\/p>\n\n\n\n Par exemple, l’administration applique les lois sur les droits civiques dans l’enseignement sup\u00e9rieur, conform\u00e9ment \u00e0 une d\u00e9cision de la Cour supr\u00eame de 2023, garantissant que les universit\u00e9s ne pratiquent pas de discrimination raciale ou d\u2019autre forme de discrimination dans leurs proc\u00e9dures d\u2019admission. Cette application utilise les pouvoirs d\u00e9j\u00e0 accord\u00e9s par la loi <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Oui, tout \u00e0 fait.<\/p>\n\n\n\n J’ai d\u00e9j\u00e0 abord\u00e9 ce sujet \u2014 j\u2019ai m\u00eame \u00e9crit une critique du livre de Deneen, que je trouve remarquable. Son diagnostic est correct et perspicace.<\/p>\n\n\n\n Lorsqu’il l’a \u00e9crit pour la premi\u00e8re fois, la solution qu’il proposait \u2014 une approche localiste dite du \u00ab front porch<\/em> \u00bb <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span> \u2014 ne d\u00e9coulait pas naturellement de sa critique de l’\u00c9tat lib\u00e9ral. Mais dans ses travaux ult\u00e9rieurs sur l’\u00ab aristopopulisme \u00bb et le changement de r\u00e9gime, il a affin\u00e9 son approche.<\/p>\n\n\n\n J’ai des opinions complexes \u00e0 ce sujet. Mais dans l’ensemble, je trouve que son travail soul\u00e8ve les bonnes questions. Selon moi, le d\u00e9bat sur le post-lib\u00e9ralisme est en grande partie d\u00e9j\u00e0 clos : nous vivons d\u00e9j\u00e0 dans un r\u00e9gime post-lib\u00e9ral.<\/p>\n\n\n\n Tr\u00e8s peu de gens \u2014 et ils n’ont pratiquement aucune influence \u2014 croient r\u00e9ellement que le gouvernement ne devrait pas promouvoir une conception globale du bien public.<\/p>\n\n\n\n Dans l\u2019ensemble du monde occidental, les gouvernements adoptent d\u00e9j\u00e0 des valeurs morales substantielles, qu\u2019ils mettent en application.<\/p>\n\n\n\n La question n’est pas de savoir si le post-lib\u00e9ralisme existe, mais quelle forme il prendra.<\/p>\n\n\n\n Je n’accepte pas le point de vue libertaire selon lequel les gens devraient toujours pouvoir \u00eatre libres de faire ce qu’ils veulent pourvu qu’ils ne nuisent \u00e0 personne.<\/p>Adrian Vermeule<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Un exemple clair est celui du Royaume-Uni, o\u00f9 les politologues d\u00e9crivent un \u00ab lib\u00e9ralisme autoritaire \u00bb \u2014 un syst\u00e8me qui impose le respect d’un code lib\u00e9ral substantiel et global. <\/p>\n\n\n\n Pour moi, c’est d\u00e9j\u00e0 une forme de post-lib\u00e9ralisme.<\/p>\n\n\n\n Je n’ai aucun r\u00f4le au sein de l’administration et je me concentre sur mon travail d\u2019\u00e9criture depuis Harvard. Il appartient \u00e0 d\u2019autres de mettre ces id\u00e9es en pratique.<\/p>\n\n\n\n L’administration Trump, comme toutes les pr\u00e9sidences de l’histoire des \u00c9tats-Unis, est une coalition de forces et de points de vue diff\u00e9rents.<\/p>\n\n\n\n Seules les personnes directement impliqu\u00e9es peuvent d\u00e9terminer si elle sert de vecteur \u00e0 l’\u00ab int\u00e9gration de l’int\u00e9rieur \u00bb.<\/p>\n\n\n\n J’ai effectivement des opinions, mais elles concernent des principes tir\u00e9s de l’histoire des institutions. Leur application dans la r\u00e9alit\u00e9 est une autre question, et je ne dispose pas d’informations suffisantes pour me prononcer de mani\u00e8re d\u00e9finitive.<\/p>\n\n\n\n D’un point de vue philosophique, je suis globalement d’accord avec certaines des mesures prises par l’administration Trump. Pas avec toutes.<\/p>\n\n\n\n Par exemple, je ne partage pas sa position sur la f\u00e9condation in vitro<\/em>, que je consid\u00e8re comme moralement probl\u00e9matique.<\/p>\n\n\n\n En revanche, je soutiens l\u2019application des lois sur l’immigration <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span> \u2014 qui ont longtemps \u00e9t\u00e9 n\u00e9glig\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n En r\u00e9sum\u00e9, je suis d’accord avec certaines politiques de Donald Trump et en d\u00e9saccord avec d’autres.<\/p>\n\n\n\n Je laisse \u00e0 d’autres le soin d\u2019\u00e9valuer l’administration dans son ensemble.<\/p>\n\n\n\n Je le situerais autour de la transition entre le premier et le deuxi\u00e8me mandat du pr\u00e9sident Obama.<\/p>\n\n\n\n L’administration a alors commenc\u00e9 \u00e0 appliquer, en particulier dans les \u00e9coles locales, une vision controvers\u00e9e de la nature humaine ax\u00e9e sur l\u2019identit\u00e9 trans et l’identit\u00e9 de genre <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Cette approche consid\u00e9rait la nature humaine comme enti\u00e8rement mall\u00e9able, dans le cadre d\u2019un projet sans fin d’auto-lib\u00e9ration, y compris des contraintes biologiques <\/span>13<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Selon moi, cette mise en \u0153uvre a d\u00e9clench\u00e9 un important retour de b\u00e2ton politique (backlash<\/em>) et a contribu\u00e9 \u00e0 propulser Trump \u00e0 la pr\u00e9sidence : j\u2019estime que c’est \u00e0 ce moment que l’\u00e9chec du lib\u00e9ralisme est devenu patent.<\/p>\n\n\n\n Oui. Je pense qu’il y a eu un changement clair dans l’opinion publique. Timur Kuran, de l’universit\u00e9 Duke, l’explique bien dans son livre Private Truths, Public Lies : The Social Consequences of Preference Falsification<\/em> <\/span>14<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Selon l\u2019auteur, beaucoup de gens ont des opinions qu’ils n’osent pas exprimer publiquement. <\/p>\n\n\n\n Une fois qu’ils voient suffisamment d’autres personnes exprimer le m\u00eame point de vue, une r\u00e9action en cha\u00eene se produit et les gens commencent \u00e0 partager ouvertement ce qu’ils pensaient d\u00e9j\u00e0.<\/p>\n\n\n\n Je pense que c’est exactement ce qui s’est pass\u00e9 aux \u00c9tats-Unis concernant des questions telles que l’identit\u00e9 de genre.<\/p>\n\n\n\n De nombreux Am\u00e9ricains, y compris par les \u00e9lites, \u00e9taient en d\u00e9saccord avec les opinions lib\u00e9rales dominantes mais \u00e9taient r\u00e9ticents \u00e0 s’exprimer publiquement.<\/p>\n\n\n\n Les \u00e9lections de 2024, au cours desquelles cette question est devenue centrale, ont modifi\u00e9 le climat public, permettant \u00e0 ces opinions priv\u00e9es d’\u00eatre exprim\u00e9es plus ouvertement.<\/p>\n\n\n\n C’est une question int\u00e9ressante.<\/p>\n\n\n\n Au Royaume-Uni, l’\u00e9lection de Trump a peut-\u00eatre renforc\u00e9 les critiques existantes \u00e0 l’\u00e9gard de certaines \u00e9volutions sociales, mais il existait d\u00e9j\u00e0 un solide r\u00e9seau d’universitaires et de personnalit\u00e9s publiques \u2014 comme J. K. Rowling par exemple <\/span>15<\/sup><\/a><\/span><\/span> \u2014 qui exprimaient leurs pr\u00e9occupations. Cela a donc surtout renforc\u00e9 une tendance en cours.<\/p>\n\n\n\n Quant \u00e0 la France, beaucoup aux \u00c9tats-Unis se souviennent qu\u2019elle a \u00e9t\u00e9 notre premier alli\u00e9. Je suis convaincu qu\u2019il y a une volont\u00e9 de renforcer ces liens ; mais les partis politiques am\u00e9ricains sont des coalitions tr\u00e8s larges.<\/p>\n\n\n\n L’administration Trump et le Parti r\u00e9publicain, par exemple, regroupent des \u00e9l\u00e9ments qui, en France, correspondraient \u00e0 diff\u00e9rents mouvements \u2014 certains rel\u00e8veraient plut\u00f4t du Rassemblement national, d’autres de la droite plus traditionnelle. Il s’agit d’une large coalition plut\u00f4t que d’un bloc id\u00e9ologique unique.<\/p>\n\n\n\n De nombreux post-lib\u00e9raux am\u00e9ricains se sont inspir\u00e9s d’une s\u00e9rie d’intellectuels fran\u00e7ais. On peut citer par exemple Louis Veuillot et Louis de Bonald, ainsi que des figures contemporaines comme Pierre Manent et R\u00e9mi Brague. Cette influence remonte au XIXe si\u00e8cle et se poursuit aujourd’hui.<\/p>\n\n\n\n Elle est coh\u00e9rente avec l’histoire des \u00c9tats-Unis \u2014 notre fondation a \u00e9t\u00e9 en partie fa\u00e7onn\u00e9e par des juristes fran\u00e7ais comme Jean Domat et Montesquieu \u2014, de sorte que les id\u00e9es politiques et philosophiques fran\u00e7aises ont longtemps influenc\u00e9 la pens\u00e9e am\u00e9ricaine.<\/p>\n\n\n\n C\u2019est une id\u00e9e extr\u00eamement importante.<\/p>\n\n\n\n Elle permet de corriger une erreur que je constate chez certains membres de la nouvelle droite am\u00e9ricaine : l\u2019id\u00e9e que pour renverser une r\u00e9volution de gauche, il faudrait exercer le pouvoir sans tenir compte de la loi, en reproduisant ainsi les m\u00e9thodes de la gauche.<\/p>\n\n\n\n Selon de Maistre, le r\u00e9tablissement d’un ordre juridique conforme \u00e0 la loi naturelle et divine peut se faire avec une facilit\u00e9 surprenante \u2014 car les \u00eatres humains aspirent naturellement \u00e0 vivre dans une soci\u00e9t\u00e9 r\u00e9gie par une loi authentique.<\/p>\n\n\n\n En revanche, les r\u00e9volutions contraires \u00e0 la nature humaine sont difficiles \u2014 et n\u00e9cessitent souvent le recours \u00e0 la violence. Ce th\u00e8me est central dans son ouvrage Consid\u00e9rations sur la France<\/em>, et je partage enti\u00e8rement son analyse.<\/p>\n\n\n\n Nos lois font cela sans arr\u00eat ! On peut citer par exemple les d\u00e9lais d’attente pour l’achat d’une arme de poing ou pour l’obtention d’une licence de mariage, les taxes et les r\u00e9glementations d\u00e9courageant le tabagisme ou la consommation d’alcool, etc. Ces mesures vont \u00e0 l’encontre des pr\u00e9f\u00e9rences imm\u00e9diates, mais visent \u00e0 prot\u00e9ger l’individu et la soci\u00e9t\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Je n’accepte pas le point de vue libertaire, souvent associ\u00e9 \u00e0 John Stuart Mill, selon lequel les gens devraient toujours pouvoir \u00eatre libres de faire ce qu’ils veulent pourvu qu’ils ne nuisent \u00e0 personne. Presque toutes nos actions ont un impact sur les autres \u2014 et la soci\u00e9t\u00e9 fonctionne comme un tout interconnect\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Cela ne signifie pas pour autant que l’\u00c9tat doit tout d\u00e9cider \u00e0 la place des gens. Comme le soulignent des penseurs tels que James Fitzjames Stephen <\/span>17<\/sup><\/a><\/span><\/span> ou Thomas d’Aquin, la loi est un instrument approximatif qui doit \u00eatre appliqu\u00e9 avec prudence.<\/p>\n\n\n\n L’autorit\u00e9 en soi est naturelle et positive. Ce qui doit nous pr\u00e9occuper, c’est la tyrannie.<\/p>Adrian Vermeule<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Nous ne devrions pas chercher \u00e0 interdire tous les vices ou \u00e0 imposer toutes les vertus. Je rejette par principe le cadre binaire qui oppose la licence libertaire \u00e0 l’autoritarisme.<\/p>\n\n\n\n Un exemple est celui des parents et des m\u00e9decins qui fournissent des m\u00e9dicaments ou pratiquent des interventions chirurgicales sur des mineurs qui affirment temporairement une identit\u00e9 de genre diff\u00e9rente. Je trouve cela profond\u00e9ment troublant. Cela peut causer des dommages permanents sur la base d’une pr\u00e9f\u00e9rence qui dispara\u00eet souvent \u00e0 mesure que l’enfant m\u00fbrit.<\/p>\n\n\n\n Sur le plan juridique et moral, je pense que cela devrait \u00eatre limit\u00e9. Des lois qui limitent plus strictement l’autorit\u00e9 parentale et m\u00e9dicale dans de tels cas pourraient pr\u00e9venir des dommages graves. Nous assistons d\u00e9j\u00e0 \u00e0 des proc\u00e8s aux \u00c9tats-Unis qui traitent de cette question.<\/p>\n\n\n\n Je d\u00e9finis l’autoritarisme diff\u00e9remment de la tradition lib\u00e9rale.<\/p>\n\n\n\n L’autorit\u00e9 en soi est naturelle et positive.<\/p>\n\n\n\n Ce qui doit nous pr\u00e9occuper, c’est la tyrannie, c’est-\u00e0-dire une gouvernance qui ne respecte pas la loi naturelle et divine, qui sert les int\u00e9r\u00eats personnels des dirigeants plut\u00f4t que le bien commun de la communaut\u00e9.<\/p>\n\n\n\n C’est l\u00e0 que je trace la ligne. J’ai beaucoup \u00e9crit sur ce sujet et je travaille actuellement sur un projet consacr\u00e9 \u00e0 la tyrannie et au despotisme chez Bodin et Montesquieu.<\/p>\n\n\n\n Non, absolument pas. La Constitution am\u00e9ricaine ne le permet pas. Le pr\u00e9sident ne peut tout simplement pas exercer un troisi\u00e8me mandat.<\/p>\n\n\n\n Je pense que Donald Trump aime taquiner ses adversaires politiques avec des blagues \u00e0 ce sujet.<\/p>\n\n\n\n Il a un humour espi\u00e8gle \u2014 mais personne ne le prend au s\u00e9rieux.<\/p>\n\n\n\n Pour moi, c\u2019est du th\u00e9\u00e2tre politique.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" \u00ab Les r\u00e9volutions contraires \u00e0 la nature humaine sont difficiles \u2014 et n\u00e9cessitent souvent le recours \u00e0 la violence. \u00bb<\/p>\n Dans l\u2019Am\u00e9rique de Trump, une contre-r\u00e9volution se d\u00e9ploie avec chaos mais d\u00e9termination.<\/p>\n Constitutionnaliste de Harvard, Adrian Vermeule est l\u2019un des principaux th\u00e9oriciens de cette transformation.<\/p>\n Pour lui, \u00ab l\u2019autorit\u00e9 est naturelle et positive \u00bb.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":285558,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-interviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":true,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[4079],"tags":[],"geo":[525],"class_list":["post-304377","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-sources-intellectuelles-de-la-revolution-culturelle-trumpiste","staff-marin-saillofest","geo-ameriques"],"acf":[],"yoast_head":"\nComment qualifiez-vous ce \u00e0 quoi on assiste depuis le retour de Trump au pouvoir ? Du point de vue du droit, s\u2019agit-il d’une r\u00e9volution, d’une contre-r\u00e9volution ?<\/h3>\n\n\n\n
Voyez-vous une strat\u00e9gie derri\u00e8re le fait de demander \u00e0 la Cour supr\u00eame de rendre autant de d\u00e9cisions rapides dans ces affaires ?<\/h3>\n\n\n\n
Consid\u00e9rez-vous cet activisme judiciaire comme le signe d’un syst\u00e8me en bonne sant\u00e9 ? D’autres y voient plut\u00f4t une tentative de l’administration Trump de tester les limites de l’interpr\u00e9tation de la loi, telle qu’elle a \u00e9t\u00e9 pratiqu\u00e9e jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent.<\/h3>\n\n\n\n
Votre travail de constitutionnaliste est-il en train d\u2019influencer ce qui se passe aux \u00c9tats-Unis depuis le retour de Trump ?<\/h3>\n\n\n\n
Assistons-nous aujourd\u2019hui \u00e0 une tentative de red\u00e9finir l’\u00e9quilibre des pouvoirs en faveur de la Maison-Blanche ?<\/h3>\n\n\n\n
Pourquoi ce rapprochement entre la lex regia<\/em> romaine et les pouvoirs ex\u00e9cutifs accord\u00e9s au pr\u00e9sident am\u00e9ricain ? <\/h3>\n\n\n\n
Partagez-vous l\u2019avis de penseurs comme Curtis Yarvin<\/a>, qui affirment que certains pr\u00e9sidents am\u00e9ricains comme Franklin D. Roosevelt, Lincoln ou George Washington auraient exerc\u00e9 leurs pouvoirs de mani\u00e8re plus affirm\u00e9e \u2014 et que Trump pourrait suivre un tel mod\u00e8le en faisant usage, d\u2019une fa\u00e7on plus marqu\u00e9e, de son autorit\u00e9 constitutionnelle ?<\/h3>\n\n\n\n
Voyez-vous des situations o\u00f9 un pr\u00e9sident aurait tent\u00e9 d\u2019outrepasser les pouvoirs qui lui \u00e9taient conf\u00e9r\u00e9s ?<\/h3>\n\n\n\n
Partagez-vous le diagnostic des penseurs \u00ab post-lib\u00e9raux \u00bb comme Patrick Deneen<\/a>, qui estiment que le lib\u00e9ralisme aurait \u00e9chou\u00e9 aux \u00c9tats-Unis ?<\/h3>\n\n\n\n
En quel sens ?<\/h3>\n\n\n\n
C\u2019est-\u00e0-dire ?<\/h3>\n\n\n\n
Dans votre critique du livre de Deneen, vous mentionnez qu’il se trompe sur une question d\u2019\u00e9chelle : celle \u00e0 laquelle devrait se faire la transition du lib\u00e9ralisme au post-lib\u00e9ralisme. Consid\u00e9rez-vous l’administration Trump comme un vecteur cr\u00e9dible de l’\u00ab int\u00e9gration de l’int\u00e9rieur \u00bb \u2014 celle que vous opposez \u00e0 la conclusion de l\u2019auteur <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span> ?<\/h3>\n\n\n\n
Si vous ne jouez aucun r\u00f4le au sein de l’administration, vous participez toutefois activement \u00e0 ce d\u00e9bat\u2026<\/h3>\n\n\n\n
Lesquelles ?<\/h3>\n\n\n\n
Vous \u00eates convaincu de l\u2019\u00e9chec de \u00ab l\u2019ordre lib\u00e9ral \u00bb aux \u00c9tats-Unis. \u00c0 votre avis, quel a \u00e9t\u00e9 le point de bascule ?<\/h3>\n\n\n\n
Diriez-vous que l\u2019opinion publique a \u00e9volu\u00e9 sur ces questions ? Y a-t-il eu un \u00ab vibe shift<\/em> \u00bb ?<\/h3>\n\n\n\n
Pensez-vous que ce changement aux \u00c9tats-Unis ait une influence sur d’autres pays \u2014 en Europe par exemple ?<\/h3>\n\n\n\n
Comment voyez-vous les circulations entre cette nouvelle droite am\u00e9ricaine<\/a> et les partis politiques fran\u00e7ais ?<\/h3>\n\n\n\n
Vous n’avez pas mentionn\u00e9 Joseph de Maistre, qui \u00e9crivait en 1796 : \u00ab le r\u00e9tablissement de la monarchie, qu’on appelle contre-r\u00e9volution, ne sera point une r\u00e9volution contraire, mais le contraire de la r\u00e9volution \u00bb\u2026<\/h3>\n\n\n\n
En 2020, vous avez \u00e9crit que la loi devait parfois permettre l’exercice du pouvoir ex\u00e9cutif \u00ab m\u00eame contre la perception qu’ont les sujets de ce qui est le mieux pour eux \u00bb <\/span>16<\/sup><\/a><\/span><\/span>. N’y a-t-il pas un risque de d\u00e9rive autoritaire inh\u00e9rent \u00e0 cette approche ?<\/h3>\n\n\n\n
Voyez-vous des domaines sp\u00e9cifiques dans lesquels l’\u00c9tat pourrait exercer son pouvoir de mani\u00e8re plus affirm\u00e9e \u2014 non pas n\u00e9cessairement en interdisant, mais en d\u00e9courageant certaines actions ?<\/h3>\n\n\n\n
O\u00f9 et comment tracez-vous la ligne entre l’\u00c9tat agissant pour le bien commun et pour ses propres int\u00e9r\u00eats ?<\/h3>\n\n\n\n
Nous n\u2019imaginions pas devoir poser cette question il y a quelques mois, mais elle est devenue trop centrale dans le d\u00e9bat am\u00e9ricain pour \u00eatre ignor\u00e9e : Donald Trump pourrait-il r\u00e9ussir l\u00e9galement \u00e0 se pr\u00e9senter pour un troisi\u00e8me mandat<\/a> ?<\/h3>\n\n\n\n