{"id":303381,"date":"2025-10-30T19:33:35","date_gmt":"2025-10-30T18:33:35","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=303381"},"modified":"2025-10-30T19:33:37","modified_gmt":"2025-10-30T18:33:37","slug":"terreur-nucleaire-poutine-europeens","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/10\/30\/terreur-nucleaire-poutine-europeens\/","title":{"rendered":"\u00ab Instiller la terreur aux Europ\u00e9ens \u00bb : Poutine et la strat\u00e9gie de la peur nucl\u00e9aire"},"content":{"rendered":"\n
Le fait que Sergue\u00ef Karaganov<\/a> appelle \u00e0 instiller \u00ab la terreur et la crainte de Dieu \u00bb aux Europ\u00e9ens pourrait surprendre.<\/p>\n\n\n\n Cette formulation s\u2019inscrit pourtant dans la droite ligne de sa prose mill\u00e9nariste et belliciste<\/a> que nous avons plusieurs fois traduite et contextualis\u00e9e dans la revue ; elle s\u2019inscrit surtout dans le contexte d’une nouvelle escalade sur le terrain du spectacle nucl\u00e9aire<\/a> avec Donald Trump.<\/p>\n\n\n\n Il est plus \u00e9tonnant que le ma\u00eetre d\u2019\u0153uvre de la g\u00e9opolitique poutinienne ne trouve pas d\u2019autre terme pour d\u00e9signer les \u00e9lites europ\u00e9ennes que celui de \u00ab d\u00e9biles \u00bb, r\u00e9p\u00e9t\u00e9 trois fois.<\/p>\n\n\n\n Le contexte se pr\u00eate assez peu \u00e0 de telles sorties \u2014 surtout depuis que Donald Trump a appel\u00e9, le 23 octobre, \u00e0 un cessez-le-feu imm\u00e9diat en Ukraine et r\u00e9pliqu\u00e9 par des menaces \u00e0 la derni\u00e8re d\u00e9monstration de force russe.<\/p>\n\n\n\n La diplomatie russe se d\u00e9m\u00e8ne : Sergue\u00ef Lavrov d\u00e9nonce les pressions des \u00ab faucons europ\u00e9ens \u00bb et de Kiev qui expliqueraient le revirement des \u00c9tats-Unis ; Iouri Ouchakov confirme que la Russie reste dispos\u00e9e \u00e0 organiser la rencontre entre Trump et Poutine qui devait se tenir \u00e0 Budapest ; Dmitri Peskov mart\u00e8le que la Russie est ouverte au dialogue et \u00e0 la coop\u00e9ration avec les \u00c9tats-Unis.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019\u00e9vidence, il n\u2019en est rien.<\/p>\n\n\n\n Comme nous l\u2019avons soulign\u00e9 plus d\u2019une fois, la position russe n\u2019a pas boug\u00e9 depuis le d\u00e9but de la guerre et n\u2019est pas, pour l\u2019heure, amen\u00e9e \u00e0 changer. Toutes ces \u00ab rencontres au sommet \u00bb n\u2019ont d\u2019autre fonction que d\u2019alimenter des effets de cycles m\u00e9diatiques et de faire gagner du temps \u00e0 Vladimir Poutine.<\/p>\n\n\n\n Le renseignement am\u00e9ricain l\u2019a encore confirm\u00e9 ce 29 octobre en communiquant qu\u2019il ne d\u00e9celait aucun signe de compromis de la part de la Russie et que le pr\u00e9sident Poutine semblait, au contraire, plus d\u00e9termin\u00e9 que jamais \u00e0 remporter une victoire militaire en Ukraine.\u00a0<\/p>\n\n\n\n En cela, la position de Karaganov \u2014 exprim\u00e9e de mani\u00e8re particuli\u00e8rement radicale et outranci\u00e8re sur le plateau de l\u2019\u00e9mission \u00ab Le droit de savoir \u00bb de Dmitri Koulikov \u2014 tient en un mot d\u2019ordre : \u00ab Grimper plus vite et plus haut les marches de l\u2019escalade militaire. \u00bb<\/p>\n\n\n\n Il s\u2019agit de terroriser le reste du monde \u2014 par exemple en annon\u00e7ant de nouvelles armes, comme l\u2019a fait Poutine en confirmant que le missile Burevestnik avait \u00e9t\u00e9 test\u00e9 le 21 octobre dernier \u2014, mais avec une diff\u00e9rence notable selon qu\u2019on s\u2019adresse \u00e0 l\u2019Europe ou aux \u00c9tats-Unis.\u00a0<\/p>\n\n\n\n Si Karaganov juge ces derniers capables de retenue, les Europ\u00e9ens sont d\u00e9shumanis\u00e9s ; ils deviennent des animaux \u00e0 qui il faut faire peur : \u00ab Les \u00e9lites occidentales voient bien que leur fin approche, mais elles n\u2019iront pas jusqu\u2019au bout. Du moins pour les Am\u00e9ricains. Les Europ\u00e9ens, c\u2019est une autre histoire. Nous sommes confront\u00e9s \u00e0 des d\u00e9biles qui ont perdu la raison. Pardonnez-moi ce terme d\u00e9sagr\u00e9able, mais il s\u2019agit bien de d\u00e9biles enrag\u00e9s. Ce sont, purement et simplement, des d\u00e9biles. Des \u00e9lites europ\u00e9ennes d\u00e9g\u00e9n\u00e9r\u00e9es qui ont perdu toute crainte de Dieu et, pour l\u2019instant du moins, toute crainte de la mort. C\u2019est ce sentiment animal qu\u2019il nous faut r\u00e9veiller en eux, puisqu\u2019ils n\u2019en ont pas d\u2019autres. Ils n\u2019ont plus de fonctions intellectuelles. \u00bb<\/p>\n\n\n\n Tous nos espoirs que Trump irait, d\u2019une mani\u00e8re ou d\u2019une autre, \u00e0 l\u2019encontre de cet int\u00e9r\u00eat am\u00e9ricain aujourd\u2019hui si profond\u00e9ment ancr\u00e9 se sont r\u00e9v\u00e9l\u00e9s vains. M\u00eame si le camarade Joseph Vissarionovitch Staline esp\u00e9rait, lui aussi, qu\u2019il soit possible de temporiser, de ne pas brusquer les choses, il faut bien comprendre ici \u00e0 qui nous avons affaire. Nous avons affaire \u00e0 des gens qui n\u2019ont ni honneur, ni conscience, ni raison. C\u2019est pourquoi les espoirs de trouver un accord avec Trump se sont r\u00e9v\u00e9l\u00e9s \u00e9ph\u00e9m\u00e8res. Certes, il fallait tirer parti de cette possibilit\u00e9, qu\u2019on ne pouvait pas balayer d\u2019un revers de la main, mais je pense que les huit ou neuf mois pendant lesquels nous avons plac\u00e9 nos espoirs en Trump ont \u00e9t\u00e9 perdus. Perdus, au sens o\u00f9 nous savons d\u00e9sormais avec certitude qu\u2019il est impossible d\u2019obtenir le moindre accord avec Trump. Du moins, un accord qui satisfasse la Russie. D\u00e8s lors, nous devons agir d\u2019apr\u00e8s notre propre sc\u00e9nario, clairement d\u00e9fini, avec Trump ou sans Trump, et c\u2019est tout.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019\u00e9vidence, il est temps d\u2019adopter une autre tactique et strat\u00e9gie [sic<\/em>].<\/p>\n\n\n\n Ce dont il s\u2019agit \u00e0 pr\u00e9sent, c\u2019est d\u2019instiller la terreur et la crainte de Dieu chez les alli\u00e9s europ\u00e9ens des \u00c9tats-Unis et de d\u00e9montrer aux \u00e9lites am\u00e9ricaines que, si elles persistent \u00e0 soutenir la guerre contre la Russie, comme elles le font aujourd\u2019hui par un programme d\u00e9di\u00e9, alors nous expliquerons aux Am\u00e9ricains que notre patience a des limites, qu\u2019elle les atteindra rapidement et que nous agirons par la suite de mani\u00e8re d\u00e9cid\u00e9e, d\u2019abord contre leurs alli\u00e9s, puis contre leurs bases et leurs autres actifs.<\/p>\n\n\n\n Jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent, nous avons laiss\u00e9 relativement en marge de notre grand jeu ce qui est notre principal atout : l\u2019arme nucl\u00e9aire. Il faut grimper plus vite et plus haut les marches de l\u2019escalade militaire. Nous avons vu r\u00e9cemment les premiers pas en ce sens, avec une d\u00e9monstration strat\u00e9gique, mais ce n\u2019est que le premier pas, il y en a eu d\u2019autres auparavant [sic<\/em>].<\/p>\n\n\n\n Depuis plusieurs ann\u00e9es, l\u2019ancien pr\u00e9sident russe Dimitri Medvedev porte, sur les r\u00e9seaux sociaux russophones, le surnom de \u00ab Dmitri Alkogoli\u00e9vitch Medvedev \u00bb \u2014 on dirait en fran\u00e7ais : \u00ab Alcoolikovitch \u00bb.<\/p>\n\n\n\n Les humiliations publiques et la rel\u00e9gation politique dont il fut victime au moment du retour de Vladimir Poutine sur le tr\u00f4ne de toutes les Russies ont souvent \u00e9t\u00e9 une explication avanc\u00e9e par le public sur sa pr\u00e9tendue consommation d\u2019alcool excessive \u2014 plusieurs interventions confuses, absurdes, \u00e0 l\u2019\u00e9locution difficile, n\u2019ont fait qu\u2019aviver ces rumeurs.\u00a0<\/p>\n\n\n\n