{"id":30152,"date":"2019-04-11T12:17:19","date_gmt":"2019-04-11T10:17:19","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=30152"},"modified":"2023-09-14T22:36:39","modified_gmt":"2023-09-14T20:36:39","slug":"la-startup-india-na-pas-decolle-5-ans-de-modinomics-en-echec","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/04\/11\/la-startup-india-na-pas-decolle-5-ans-de-modinomics-en-echec\/","title":{"rendered":"La Startup India n\u2019a pas d\u00e9coll\u00e9 : 5 ans de Modinomics en \u00e9chec"},"content":{"rendered":"\n
New Delhi. <\/em>En 2014, les indiens ont choisi Narendra Modi pour poursuivre l\u2019\u00e9mergence \u00e9conomique de l\u2019Inde. L\u2019ancien Chief Minister<\/em> de l\u2019\u00c9tat du Gujarat promettait alors de \u00ab lib\u00e9rer \u00bb la croissance indienne \u00e0 travers un ensemble de r\u00e9formes lib\u00e9rales surnomm\u00e9es \u00ab Modinomics<\/em> \u00bb <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il lan\u00e7ait tr\u00e8s vite de nombreux programmes : \u00ab Make in India<\/em> \u00bb pour attirer les capitaux en Inde, \u00ab Smart Cities<\/em> \u00bb pour construire des villes globales, \u00ab Skill India<\/em> \u00bb pour d\u00e9velopper une main d\u2019\u0153uvre qualifi\u00e9e et \u00ab Startup India<\/em> \u00bb afin d\u2019encourager la cr\u00e9ation d\u2019entreprises innovantes. Cinq ans apr\u00e8s, l\u2019\u00e9conomie indienne a bien pris la place de la France au 5e<\/sup> rang mondial. Mais malgr\u00e9 une population d\u2019un milliard 339 millions d\u2019habitants en 2019, elle se situe toujours tr\u00e8s loin d’\u00e9conomies comme l\u2019Union europ\u00e9enne, dont le PIB par habitant reste huit fois plus \u00e9lev\u00e9. La croissance \u00e9conomique sous Modi n\u2019a pas non plus particip\u00e9 \u00e0 l\u2019am\u00e9lioration du bien-\u00eatre g\u00e9n\u00e9ral, comme le montre un Indice de D\u00e9veloppement Humain en stagnation, pla\u00e7ant toujours l\u2019Inde \u00e0 la 130e<\/sup> place <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La politique \u00e9conomique de Narendra Modi lui a pourtant valu les honneurs de mener la conf\u00e9rence inaugurale du forum de Davos en 2018. Il en a alors profit\u00e9 pour souligner ses mesures afin d\u2019ouvrir l\u2019Inde aux \u00e9changes, se targuant d\u2019avoir \u00ab aboli environ 1 400 lois archa\u00efques \u00bb, \u00ab \u00e9limin\u00e9 les formalit\u00e9s administratives \u00bb, et \u00ab d\u00e9roul\u00e9 le tapis rouge \u00bb aux capitaux \u00e9trangers. Il est vrai que le pays a grimp\u00e9 dans le classement \u00ab Doing Business<\/em> \u00bb de la Banque Mondiale. Alors que, en 2014, l\u2019Inde se pla\u00e7ait au 142e<\/sup> rang des 189 pays o\u00f9 il est le plus facile de faire des affaires, elle a saut\u00e9 65 places pour se classer en 77e<\/sup> position en 2019 <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cette progression vient r\u00e9compenser la mise en place de r\u00e9formes r\u00e9clam\u00e9es de longue date. C\u2019est le cas de la Goods and Services Tax <\/em>(GST<\/em>), qui est parvenue \u00e0 unifier un syst\u00e8me de taxation des entreprises auparavant complexe et disparate. Une douzaine de secteurs ont \u00e9galement \u00e9t\u00e9 ouverts \u00e0 des prises de participation par des groupes \u00e9trangers, notamment dans le commerce, la d\u00e9fense, l\u2019aviation civile ou encore la pharmacie. Lors de son lancement, le programme \u00ab Make in India<\/em> \u00bb pr\u00e9voyait de faire remonter la part de l\u2019industrie manufacturi\u00e8re dans le PIB de 16 % \u00e0 25 % en 2022, tout en cr\u00e9ant 100 millions d\u2019emploi. L\u2019initiative a bien attir\u00e9 certaines entreprises \u00e9trang\u00e8res comme Huawei,<\/em> qui a lanc\u00e9 la production d\u2019un de ses mod\u00e8les de smartphones \u00e0 Chennai. Pourtant l\u2019investissement accuse une forte baisse : alors qu\u2019il repr\u00e9sentait 31,2 % du PIB en 2014, elle n\u2019en repr\u00e9sentait plus que 26,3 % en 2017. Les d\u00e9penses publiques tardent en fait \u00e0 suivre les annonces gouvernementales. Si le gouvernement a pr\u00e9vu en 2016 la cr\u00e9ation d\u2019un fonds de de 1,5 milliards de dollars pour financer l\u2019innovation en Inde dans le cadre du plan \u00ab Startup India<\/em> \u00bb, on ne d\u00e9nombre pas plus d\u2019une centaine de startups \u00e0 en avoir b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 en 2019. Pour b\u00e9n\u00e9ficier du fonds, les jeunes entreprises doivent \u00eatre certifi\u00e9es comme innovantes par le gouvernement, ce qui ralentit fortement l\u2019efficacit\u00e9 du programme. Le plan de privatisations d\u2019entreprises publiques n\u2019a d\u2019ailleurs permis de d\u00e9gager suffisamment de fonds, leurs actifs \u00e9tant si d\u00e9ficitaires qu\u2019elles ne trouvent pas de repreneurs : la compagnie a\u00e9rienne Air India<\/em> est officiellement \u00e0 vendre depuis mai 2018. Les possibilit\u00e9s financi\u00e8res du gouvernement central restent donc limit\u00e9es. La dette publique de l\u2019Inde \u00e0 la fin de l\u2019ann\u00e9e 2018 atteignait 70 % du PIB. Cette situation a contraint le gouvernement central \u00e0 confier plus d\u2019autonomie aux \u00c9tats f\u00e9d\u00e9r\u00e9s : leur endettement a ainsi explos\u00e9 sous le mandat de Narendra Modi. La d\u00e9mon\u00e9tisation de la roupie, dont un des objectifs annonc\u00e9s \u00e9tait d\u2019accroitre les recettes fiscales de l\u2019\u00c9tat, est d\u2019ailleurs loin d\u2019avoir rempli ses objectifs, quand 99,3 % des billets concern\u00e9s furent finalement d\u00e9pos\u00e9s dans les banques. La d\u00e9mon\u00e9tisation aura toutefois heurt\u00e9 les petites et moyennes entreprises, en particulier dans le secteur informel qui emploie pr\u00e8s de 93 % des travailleurs indiens, qui ont \u00e9t\u00e9 emp\u00each\u00e9es d\u2019effectuer des transactions en esp\u00e8ces pendant plusieurs semaines. Les PME sont pourtant d\u00e9j\u00e0 marginalis\u00e9es par un syst\u00e8me bancaire qui favorise les grands groupes, qui ont profit\u00e9 de 41 visites de Modi dans 52 pays diff\u00e9rents signer de juteux contrats <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En m\u00eame temps, le gouvernement s\u2019est refus\u00e9 \u00e0 augmenter la taxation des Indiens les plus riches : seuls 2,3 % des recettes fiscales proviennent de l\u2019imp\u00f4t sur les revenus et la richesse. Ces exemples illustrent la mont\u00e9e d\u2019une forme de \u00ab crony capitalism<\/em> \u00bb (\u00ab capitalisme de connivence \u00bb) sous le gouvernement Modi, illustr\u00e9e par l\u2019opacit\u00e9 du contrat des Rafales donn\u00e9 \u00e0 Reliance<\/em>, un conglom\u00e9rat indien sans aucune exp\u00e9rience dans l\u2019aviation militaire <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ces contrats ne semblent en tout cas pas avoir encourag\u00e9 la cr\u00e9ation d\u2019emplois en Inde. D\u00e9but f\u00e9vrier, l\u2019ex\u00e9cutif tentait m\u00eame de cacher les chiffres du ch\u00f4mage, des statistiques records t\u00e9moignant d\u2019une situation de sous-emploi grandissant <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cette \u00ab jobless growth <\/em> \u00bb (\u00ab croissance sans emploi \u00bb) est probablement une des cons\u00e9quences d\u2019une vision gouvernementale court-termiste peinant \u00e0 r\u00e9soudre de graves probl\u00e8mes structuraux, qui font de l\u2019Inde l\u2019un des pays les plus in\u00e9galitaires au monde <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le monde paysan se retrouve ainsi englu\u00e9 dans une crise profonde li\u00e9e \u00e0 la hausse des co\u00fbts de production, au morcellement des parcelles et au d\u00e9r\u00e8glement climatique, encourageant un mouvement social sans pr\u00e9c\u00e9dent des travailleurs agricoles <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le premier ministre, qui avait promis aux paysans le doublement de leurs revenus d\u2019ici 2022 \u00e0 travers le prix minimal d\u2019achat de certaines denr\u00e9es agricoles, a d\u00fb revoir cette promesse \u00e0 la baisse en juillet dernier. Les plus d\u00e9favoris\u00e9s peinent \u00e0 se retrouver dans les Modinomics<\/em>, qui semblent plus favorables aux classes moyennes urbaines <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cependant, \u00e0 l\u2019approche des \u00e9lections g\u00e9n\u00e9rales, les classes moyennes ne sont plus le c\u0153ur de cibles des politiques publiques. <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span> En Inde, les pauvres votent plus que les riches, et la grande majorit\u00e9 d\u2019entre eux se trouvent dans les zones rurales. Le dernier budget pr\u00e9voit ainsi une allocation de 6 000 roupies (73 euros) pour 120 millions de paysans, pour un montant total de 9,3 milliards d\u2019euros <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Reste \u00e0 savoir si cette mesure sera \u00e0 m\u00eame de convaincre le monde rural de continuer \u00e0 croire en Modi. Mais quand on sait que dans les quatre premi\u00e8res ann\u00e9es de son mandat, l\u2019administration Modi avait d\u00e9pens\u00e9 en communication gouvernementale autant que le Parti du Congr\u00e8s lors de ses deux quinquennats pr\u00e9c\u00e9dents, il est permis de le croire <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n
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<\/p>\n\n\n\nPas de retard sur un agenda lib\u00e9ral charg\u00e9<\/strong>
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<\/p>\n\n\n\nEffets d\u2019annonce, irr\u00e9alisme budg\u00e9taire, et mesures hasardeuses<\/strong>
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<\/p>\n\n\n\nCapitalisme de connivence, croissance sans emplois et mont\u00e9e des in\u00e9galit\u00e9s<\/strong>
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