{"id":299327,"date":"2025-09-28T18:43:11","date_gmt":"2025-09-28T16:43:11","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=299327"},"modified":"2025-09-29T00:03:55","modified_gmt":"2025-09-28T22:03:55","slug":"gagner-la-guerre-dukraine-pour-eviter-la-guerre-deurope","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/09\/28\/gagner-la-guerre-dukraine-pour-eviter-la-guerre-deurope\/","title":{"rendered":"Gagner la guerre d\u2019Ukraine pour \u00e9viter la guerre d\u2019Europe"},"content":{"rendered":"\n
Demain matin, \u00e0 partir de 9 heures, s\u2019ouvre en Pologne un rendez-vous europ\u00e9en clef : le Warsaw Security Forum. Avec plus de 2500 participants de haut niveau, <\/em>la revue en est partenaire<\/em><\/a> et nous serons pr\u00e9sents pour mener des tables rondes et des entretiens de fond.<\/em><\/p>\n\n\n\n English version available at this link<\/a><\/em><\/p>\n\n\n\n L’Europe se trouve aujourd’hui \u00e0 un point de bascule. D\u2019un c\u00f4t\u00e9, une action d\u00e9cisive, une strat\u00e9gie claire et un continent s\u00fbr. De l’autre l’h\u00e9sitation, l\u2019errance et le risque final d’affronter une Russie plus forte et plus t\u00e9m\u00e9raire dans des conditions bien pires.<\/p>\n\n\n\n La guerre en Ukraine est dans sa quatri\u00e8me ann\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n Ce qui avait commenc\u00e9 comme une invasion \u00e0 grande \u00e9chelle s’est transform\u00e9 en une guerre d\u2019attrition \u00e9puisante. La r\u00e9silience de l’Ukraine a \u00e9t\u00e9 extraordinaire ; dans une situation qui lui \u00e9tait tr\u00e8s d\u00e9favorable, la r\u00e9sistance ukrainienne a arr\u00eat\u00e9 la premi\u00e8re charge de l\u2019arm\u00e9e russe, repris des territoires et prot\u00e9g\u00e9 sa capitale. <\/p>\n\n\n\n Mais l’h\u00e9ro\u00efsme seul ne suffit pas pour gagner une guerre. Il doit s’accompagner d’une strat\u00e9gie et de ressources qui rendent la victoire in\u00e9vitable \u2014 et non simplement possible.<\/p>\n\n\n\n L\u2019Europe est loin, aujourd\u2019hui, d\u2019avoir r\u00e9uni ces conditions. Elle refuse \u00e0 juste titre de n\u00e9gocier avec le Kremlin, qui ne respecte pas la loi des trait\u00e9s ; elle est cependant toujours h\u00e9sitante \u00e0 prendre les mesures militaires n\u00e9cessaires pour mettre fin \u00e0 la guerre. Elle promet sa solidarit\u00e9, mais dans une sorte de demi-mesure : des aides retard\u00e9es, des livraisons d’armes au compte-gouttes et des d\u00e9bats qui s’\u00e9ternisent pendant des mois, tandis que les soldats ukrainiens rationnent leurs munitions.<\/p>\n\n\n\n Le paradoxe est flagrant : l’Europe insiste sur le fait que la Russie ne doit pas gagner, mais elle n\u2019arrive pas \u00e0 d\u00e9finir clairement ce que serait une victoire ukrainienne \u2014 ni ce qu\u2019elle serait pr\u00eate \u00e0 faire ou \u00e0 risquer pour la garantir.<\/p>\n\n\n\n Si l’Europe veut vraiment gagner cette guerre avant d\u2019avoir \u00e0 mener la prochaine, elle doit comprendre que l’aide militaire seule ne suffit pas.<\/p>Katarzyna Pisarska<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Ce manque de clart\u00e9 est co\u00fbteux, sur le champ de bataille comme ailleurs.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 Washington, l’h\u00e9sitation europ\u00e9enne a fini par \u00e9roder sa cr\u00e9dibilit\u00e9. Les votes aux Nations unies \u2014 en particulier ceux du Sud \u2014 dessinent une nouvelle carte du monde. De plus en plus de pays s’abstiennent ou votent contre les r\u00e9solutions condamnant l’agression russe, non parce que les arguments de la Russie sont convaincants \u2014 les revendications de \u00ab pr\u00e9occupations l\u00e9gitimes concernant la s\u00e9curit\u00e9 \u00bb sonnent creux lorsqu’elles masquent une agression imp\u00e9riale \u2014 mais parce que le message de l’Europe est confus. Faute pour elle de proposer une mani\u00e8re de clore le conflit, la ligne morale entre l’agresseur et la victime devient pour d\u2019autres plus facile \u00e0 brouiller. Plus important encore, le temps ne joue pas en faveur de l’Europe.<\/p>\n\n\n\n Le Kremlin sait tourner les guerres longues \u00e0 son avantage. Il \u00e9change de l’espace contre du temps. Il encaisse les sanctions, il les absorbe \u2014 jusqu\u2019\u00e0 ce que ses adversaires se lassent. De la retraite de Napol\u00e9on en 1812 \u00e0 la normalisation post-Crim\u00e9e en 2014, en passant par la longue \u00e9preuve de la Seconde Guerre mondiale, la strat\u00e9gie de la Russie a toujours \u00e9t\u00e9 de tenir dans le temps. C\u2019est la m\u00eame chose aujourd\u2019hui. Cela importe au fond assez peu qu\u2019elle ne remporte pas de succ\u00e8s militaire \u00e9clatant en Ukraine : elle ne perd pas non plus. Pour Moscou, un gel \u00e0 son avantage est tout aussi pr\u00e9cieux qu’une victoire sur le champ de bataille.<\/p>\n\n\n\n L\u2019Ukraine est dans une autre temporalit\u00e9. Chaque mois de guerre signifie plus d’infrastructures d\u00e9truites, plus de citoyens d\u00e9plac\u00e9s, plus de tensions \u00e9conomiques et plus de soldats \u00e9puis\u00e9s. L\u2019\u00e9conomie du pays ne survit que gr\u00e2ce \u00e0 l’aide ext\u00e9rieure ; sa population diminue. Le danger n’est pas que l\u2019Ukraine s\u2019effondre soudainement, mais que sa r\u00e9silience faiblisse jusqu’\u00e0 ce que les moyens ou la volont\u00e9 de r\u00e9sister disparaissent<\/a>.<\/p>\n\n\n\n L’Europe ne peut se permettre de laisser la guerre d\u00e9river vers une telle situation.<\/p>\n\n\n\n Plus elle attend, plus la facture sera \u00e9lev\u00e9e en termes d’argent, de capital politique et de vies humaines.<\/p>\n\n\n\n Si l’Europe veut vraiment gagner cette guerre avant d\u2019avoir \u00e0 mener la prochaine, elle doit comprendre que l’aide militaire seule ne suffit pas.<\/p>\n\n\n\n L’Ukraine doit \u00eatre ancr\u00e9e de mani\u00e8re irr\u00e9versible dans le projet europ\u00e9en \u2014 et le plus t\u00f4t possible. Car l\u2019outil le plus puissant de l’Union n’a jamais \u00e9t\u00e9 le char ou le missile mais la promesse de l\u2019int\u00e9gration : l’\u00e9largissement est le plus important des engagements strat\u00e9giques. Il indique aux amis comme aux ennemis que l\u2019avenir du pays candidat est, sans aucun doute possible, de trouver sa place au sein de la famille europ\u00e9enne.<\/p>\n\n\n\n Il est aussi vital de garantir cela \u00e0 l\u2019Ukraine que de lui fournir de l’artillerie. <\/p>\n\n\n\nL’\u00e9largissement de l\u2019Union comme moyen de victoire<\/h2>\n\n\n\n