{"id":294534,"date":"2025-08-23T18:21:15","date_gmt":"2025-08-23T16:21:15","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=294534"},"modified":"2025-08-23T18:21:26","modified_gmt":"2025-08-23T16:21:26","slug":"vivre-en-ukraine-une-enquete-au-front","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/08\/23\/vivre-en-ukraine-une-enquete-au-front\/","title":{"rendered":"Vivre en Ukraine : une enqu\u00eate au front"},"content":{"rendered":"\n

Pour sortir du spectacle, nous avons d\u00e9cid\u00e9 de vous proposer une plong\u00e9e in\u00e9dite dans la soci\u00e9t\u00e9 ukrainienne.<\/em><\/p>\n\n\n\n

\u00c0 partir d\u2019aujourd\u2019hui nous publierons une longue enqu\u00eate en quatre volets sign\u00e9e Fabrice Deprez, qui a \u00e9t\u00e9 jusqu\u2019au front en Ukraine, et qui revient avec un portrait d\u2019un pays d\u00e9chir\u00e9 \u2014 qui r\u00e9siste.<\/em><\/p>\n\n\n\n

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Parcourir l’Ukraine ces derni\u00e8res semaines est une exp\u00e9rience d\u00e9routante. Dans le reste de l\u2019Europe et peut-\u00eatre encore dans certains cercles de pouvoir \u00e0 Washington, on conna\u00eet ces noms par c\u0153ur : vivre \u00e0 Kyiv, conduire jusqu’\u00e0 Poltava puis \u00e0 Kharkiv, croiser en descendant vers Zaporijia des v\u00e9hicules blind\u00e9s enserr\u00e9s de cages anti-drones ou envelopp\u00e9s de filets de camouflage qui claquent au vent, \u00e9changer avec les soldats, les \u00e9tudiants, les volontaires \u2014 c’est faire l’exp\u00e9rience d’un pays en apn\u00e9e prolong\u00e9e. <\/p>\n\n\n\n

Car nous sommes, d\u00e9j\u00e0, au quatri\u00e8me \u00e9t\u00e9 de la guerre.<\/p>\n\n\n\n

Dans la soci\u00e9t\u00e9 ukrainienne, l\u2019\u00e9puisement, le d\u00e9tachement et la force de la r\u00e9sistance s\u2019affrontent et se m\u00e9langent. L’Ukraine n\u2019est pas seulement rong\u00e9e par la guerre : elle est aussi, souvent, min\u00e9e par l’impossibilit\u00e9 de penser l’avenir.<\/p>\n\n\n\n

Car il faudrait pour cela pouvoir s\u2019arr\u00eater. Et l’invasion russe a fait de l\u2019Ukraine un pays en mouvement constant.<\/p>\n\n\n\n

Le spectre d\u2019un \u00ab peuple sans terre \u00bb<\/h2>\n\n\n\n

Il y a eu d\u2019abord, en 2022, la fuite de millions d’Ukrainiens vers l’Europe et au-del\u00e0 \u2014 et depuis trois ans l’exil int\u00e9rieur de plus de trois millions d’autres personnes ayant voulu fuir l’occupation russe ou l’apocalyptique destruction qui accompagne l’avanc\u00e9e de l\u2019arm\u00e9e de Poutine.<\/p>\n\n\n\n

Depuis, le mouvement ne s\u2019est jamais arr\u00eat\u00e9. <\/p>\n\n\n\n

En juillet, une enseignante de la capitale prend une d\u00e9cision. Comme tant d\u2019autres, elle change ses plans au gr\u00e9 de la r\u00e9alit\u00e9 militaire, va prolonger avec son fils leur s\u00e9jour estival dans la datcha familiale de la r\u00e9gion de Kyiv. Je l\u2019interroge : leur quartier de Sviatochine \u2014 m\u00e9lange \u00e9clectique de vieux immeubles r\u00e9sidentiels sovi\u00e9tiques, d’universit\u00e9s et de zones industrielles \u00e0 l’Ouest de la capitale \u2014 est depuis quelques semaines soumis au matraquage des drones et des missiles russes, il est plus prudent de ne pas revenir tout de suite. <\/p>\n\n\n\n

Dans les r\u00e9gions plus proches de la ligne de front, ils sont nombreux \u00e0 s’\u00eatre r\u00e9fugi\u00e9s dans de grandes agglom\u00e9rations tout en continuant \u00e0 se rendre r\u00e9guli\u00e8rement dans leur village natal \u2014 trop proche des combats pour y vivre en permanence, pas encore assez loin pour l’abandonner compl\u00e8tement.<\/p>\n\n\n\n

Mouvement aussi d’\u00e9tranges cort\u00e8ges devenus routiniers : c\u2019est un ballet de tanks, de camions, de 4×4 tractant un autre 4×4 aux porti\u00e8res explos\u00e9es par un drone, d’hommes en arme ; c\u2019est un soldat arriv\u00e9 de l’Ouest de l’Ukraine dans un village du Donbass qui s’avoue \u00e9tonn\u00e9 d’entendre des locaux parler ukrainien.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est une conversation tranquille entre Pavlo et Natalia, deux cinquantenaires qui ne se connaissaient pas avant de s’installer dans leur compartiment du \u00ab 102-D \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Tous les deux jours, ce train entame un extraordinaire p\u00e9riple entre Kramatorsk, forteresse du Donbass dont Vladimir Poutine r\u00e9clame aujourd’hui l’abandon par les forces ukrainiennes, et Kherson, ville-martyre au bord du Dniepr vid\u00e9e de l’\u00e9crasante majorit\u00e9 de sa population par les frappes d’artillerie et la chasse constante des drones russes.<\/p>\n\n\n\n\n

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Des secouristes d\u00e9blaient les d\u00e9combres d’un immeuble d\u00e9truit par une frappe de missile \u00e0 Kyiv dans la nuit du 23 au 24 avril 2025.<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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Un panache de fum\u00e9e se l\u00e8ve dans la quartier du Podil de Kyiv apr\u00e8s une nuit de frappes de drones, le 10 juin 2025.<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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Des secouristes d\u00e9blaient les d\u00e9combres d’un immeuble d\u00e9truit par une frappe de missile \u00e0 Kyiv dans la nuit du 23 au 24 avril 2025.<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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Un panache de fum\u00e9e se l\u00e8ve dans la quartier du Podil de Kyiv apr\u00e8s une nuit de frappes de drones, le 10 juin 2025.<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Pavlo vient de Rivne, dans l’Ouest du pays ; Natalia a fui Marioupol au d\u00e9but de l’invasion.<\/p>\n\n\n\n

Avant le retour \u00e0 son poste de d\u00e9mineur dans la r\u00e9gion de Mykola\u00efv, l\u2019un se l\u00e8ve avec des grognements de douleur \u2014 cela fait trois ans qu\u2019il porte sur le dos ce lourd gilet pare-balle. L’autre va rejoindre son mari, militaire, pour quelques jours.<\/p>\n\n\n\n

La rame du train 102-D est sortie d\u2019un autre temps : rideaux blanch\u00e2tres effiloch\u00e9s, lumi\u00e8res orang\u00e9es blafardes, panneaux de bois qui se d\u00e9tachent parfois. Leur conversation est marqu\u00e9e d’une tranquille familiarit\u00e9, le langage entendu entre deux Ukrainiens d’une m\u00eame g\u00e9n\u00e9ration bouscul\u00e9e par la guerre.<\/p>\n\n\n\n

Si l\u2019on sait bien regarder, cette impression de mouvement constant \u00e0 la surface en cache une autre \u2014 invisible et marqu\u00e9e par l’angoisse d’un conflit qui se prolonge : l’errance de l’esprit. En quatre \u00e9t\u00e9s, la guerre est entr\u00e9e dans les vies, dans les m\u00e9moires : avoir vu tant d’amis et de parents partir ailleurs, cela rend songeur. On envisage, parfois vaguement, parfois tr\u00e8s concr\u00e8tement, de faire la m\u00eame chose, peut-\u00eatre, un jour, si les choses empirent, si les frappes deviennent trop intenables.<\/p>\n\n\n\n

Apr\u00e8s le choc et la r\u00e9sistance fervente de 2022, apr\u00e8s la r\u00e9signation d\u00e9termin\u00e9e de 2023 \u2014 et d’une partie de 2024 \u2014 une longue angoisse a saisi la soci\u00e9t\u00e9 ukrainienne. C\u2019est celle d’une situation qui para\u00eet sans issue claire, parfois sans issue du tout.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 la radio publique, o\u00f9 une \u00e9mission quotidienne laisse la parole aux soldats ukrainiens, la voix chaude du colonel Serhiy Douplyak se fait sombre. Nous sommes un matin de juillet et il souligne l’importance de l’engagement : \u00ab soit nous d\u00e9fendons notre terre, soit nous serons un peuple sans terre, sans patrie. On peut fuir \u00e0 l\u2019\u00e9tranger. Mais qui nous y attend ? Nos maisons, nos biens, on ne peut pas tout emporter l\u00e0-bas. Tout le monde ne partira pas. Et si une partie de la population veut fuir \u00e0 l\u2019\u00e9tranger, vivre toute sa vie comme r\u00e9fugi\u00e9, sans patrie, sans \u00c9tat, recommencer sa vie \u00e0 z\u00e9ro\u2026 \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Moscou r\u00e9clame la capitulation pure et simple de l’Ukraine.<\/p>\n\n\n\n

Volodymyr Zelensky a depuis longtemps reconnu que l’arm\u00e9e ukrainienne ne pourrait pas, dans l’\u00e9tat actuel des choses, reprendre les territoires ukrainiens perdus. <\/p>\n\n\n\n

Si l’arm\u00e9e russe continue de subir des pertes effroyables, elle continue aussi inlassablement d’avancer, d\u00e9fiant depuis deux ans les espoirs d’un \u00e9puisement et d’une stabilisation du front. \u00c0 l’arri\u00e8re, les drones russes frappent de plus en plus souvent, de plus en plus violemment.<\/p>\n\n\n\n

L’atmosph\u00e8re est pesante toujours, parfois surr\u00e9aliste \u2014 car elle n’emp\u00eache pas toujours une vie normale \u00e0 laquelle s’accrochent des millions d’Ukrainiens.<\/p>\n\n\n\n

C’est ce monde en suspens qui a accueilli d\u00e9but ao\u00fbt le tourbillon soulev\u00e9 par Donald Trump. <\/p>\n\n\n\n

Le choc des annonces successives \u2014 la visite de Steve Witkoff \u00e0 Washington, le sommet en Alaska, la rencontre pr\u00e9cipit\u00e9e de Volodymyr Zelensky et Donald Trump \u00e0 Washington avec les Europ\u00e9ens\u2026 \u2014 ne se fait pas encore profond\u00e9ment ressentir. Les Ukrainiens ne sont pas dupes du spectacle trumpiste : cette s\u00e9quence les effraie surtout parce que Vladimir Poutine r\u00e9clame d\u00e9sormais que l’Ukraine abandonne la partie de la r\u00e9gion de Donetsk qu’elle contr\u00f4le d\u00e9j\u00e0.<\/p>\n\n\n\n

Le moment diplomatique destructeur de cet \u00e9t\u00e9 rappelle aussi une douleur connue : celle des espoirs bris\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

Car l’Ukraine est d\u00e9j\u00e0 pass\u00e9e par l\u00e0. L’\u00e9lection puis l’arriv\u00e9e au pouvoir de Donald Trump furent dans la population la source d’une v\u00e9ritable esp\u00e9rance puis, rapidement, d’une d\u00e9ception tout aussi forte.<\/p>\n\n\n\n

Le pr\u00e9sident am\u00e9ricain n’avait pourtant jamais fait myst\u00e8re de son m\u00e9pris pour le pr\u00e9sident ukrainien et de son affinit\u00e9 pour son homologue russe.<\/p>\n\n\n\n

Personne n’ignorait en Ukraine ni ce m\u00e9pris ni cette affinit\u00e9, des simples habitants jusqu’au pr\u00e9sident ukrainien.<\/p>\n\n\n\n

L’espoir \u00e9tait d’abord guid\u00e9 par la perception d’une trajectoire intenable, par l’id\u00e9e que l’administration Biden n’allait sans doute jamais revoir son soutien \u00e0 la hausse alors m\u00eame que la situation continuait lentement d’empirer.<\/p>\n\n\n\n

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\u00ab Nous vivions l\u2019\u00e9poque de la grande illusion \u00bb<\/h2>\n\n\n\n

Peut-\u00eatre les choses allaient-elles alors changer.<\/p>\n\n\n\n

Pour certains Ukrainiens, c’\u00e9tait l’espoir d’un Trump ouvertement d\u00e9fi\u00e9 par Vladimir Poutine qui aurait en r\u00e9ponse d\u00e9cupl\u00e9 son soutien financier et militaire \u00e0 l’Ukraine. Pour beaucoup d’autres, c’\u00e9tait l’espoir d’un cessez-le-feu et de garanties de s\u00e9curit\u00e9s qui auraient enfin permis de retrouver la possibilit\u00e9 de penser son avenir au-del\u00e0 de l’imm\u00e9diat. Espoir un temps nourri par les premi\u00e8res v\u00e9ritables n\u00e9gociations depuis le d\u00e9but de l’invasion et la demande am\u00e9ricaine d’un cessez-le-feu, puis douch\u00e9 lorsque Vladimir Poutine a clairement fait comprendre son d\u00e9sint\u00e9r\u00eat \u00e0 la mise en place de tout cessez-le-feu qui ne s’accompagnerait pas de la vassalisation de l’Ukraine.<\/p>\n\n\n\n

Dans un caf\u00e9 du centre-ville de Poltava, le journaliste Viktor Tkatchenko \u00e9voque l’atmosph\u00e8re d’alors : \u00ab au d\u00e9but de l’ann\u00e9e, il y avait ce sentiment, cet espoir que l’on verrait au printemps un dogovornitchok<\/em>, une sorte de mini-accord ; qu’il y aurait au moins un gel des combats. Mais ce n’est pas arriv\u00e9, et on voit maintenant une nouvelle chute du moral, avec cette compr\u00e9hension, \u00e0 nouveau, que la guerre va durer. \u00bb<\/p>\n\n\n\n\n

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Cons\u00e9quences d’une frappe dans le quartier de Sviatochine \u00e0 Kyiv le 5 juillet 2025<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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Cons\u00e9quences d’une frappe dans le quartier de Sviatochine \u00e0 Kyiv le 5 juillet 2025.<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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Cons\u00e9quences d’une frappe dans le quartier de Sviatochine \u00e0 Kyiv le 5 juillet 2025<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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Cons\u00e9quences d’une frappe dans le quartier de Sviatochine \u00e0 Kyiv le 5 juillet 2025.<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Cet assombrissement g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9 n\u2019est pas qu\u2019une impression superficielle : il se retrouve tr\u00e8s clairement lorsqu\u2019on regarde les donn\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

Un sondage r\u00e9alis\u00e9 en d\u00e9cembre 2024 et juin 2025 par le tr\u00e8s s\u00e9rieux Institut International de Sociologie de Kyiv sur l’optimisme des Ukrainiens est sans appel :  en six mois, la part des Ukrainiens consid\u00e9rant que \u00ab dans 10 ans l’Ukraine sera un pays d\u00e9truit et frapp\u00e9 par un exode de population \u00bb a bondi de 28 % \u00e0 47 % <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La part des optimistes chute quant \u00e0 elle de 57 % \u00e0 43 %. 69 % des Ukrainiens consid\u00e8rent d\u00e9sormais que l’Ukraine devrait n\u00e9gocier une fin de la guerre aussi vite que possible, d’apr\u00e8s un sondage de l’agence Gallup <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La popularit\u00e9 de Donald Trump aupr\u00e8s des Ukrainiens est, entre novembre 2024 et avril 2025, pass\u00e9e de 44,6 % \u00e0 7,4 % <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

La relation des Ukrainiens \u00e0 Donald Trump a quelque chose d\u2019une mal\u00e9diction. Les espoirs d’une volte-face du pr\u00e9sident am\u00e9ricain ont \u00e9t\u00e9 douch\u00e9s, encore et encore, mais ils ne se sont jamais compl\u00e8tement \u00e9teints. Car il y a toujours quelque chose \u00e0 esp\u00e9rer. Ainsi des sanctions d\u00e9cid\u00e9es par Donald Trump contre l’Inde, qui ont fait rena\u00eetre, un temps, la perspective d’un alignement du pr\u00e9sident am\u00e9ricain sur l’Ukraine.<\/p>\n\n\n\n

Le choc de la rencontre de Vladimir Poutine avec son homologue am\u00e9ricain en Alaska a \u00e9t\u00e9 d\u2019autant plus renforc\u00e9 par la demande russe d’un retrait des troupes ukrainiennes des r\u00e9gions de Donetsk et Lougansk. Car si la soci\u00e9t\u00e9 ukrainienne est \u00e9puis\u00e9e et d\u00e9sireuse d’une paix qu’elle sait synonyme de compromis douloureux, elle n’est pas pr\u00eate \u00e0 la capitulation r\u00e9clam\u00e9e par le pr\u00e9sident russe. Et elle craint que le pr\u00e9sident am\u00e9ricain ne le comprenne pas.<\/p>\n\n\n\n

Bien souvent, ce n\u2019est pas qu’une question de patriotisme \u2014 ou un rejet n\u00e9 de la crainte de voir souill\u00e9 le sacrifice de parents ou d’amis tomb\u00e9s au front. <\/p>\n\n\n\n

C’est aussi et surtout la conscience aigu\u00eb qu’une fin des combats incertaine et fragile, sans garanties de s\u00e9curit\u00e9 pour l’Ukraine, ne les ferait pas sortir de l\u2019apn\u00e9e. Une tr\u00eave sans paix ou sans d\u00e9faite russe emp\u00eacherait les Ukrainiens de pouvoir \u00e0 nouveau envisager un futur : car comment, au juste, reconstruire un pays lorsqu’on craint en permanence que la guerre recommence ?<\/p>\n\n\n\n

Sur sa page Facebook, l’analyste militaire ukrainien Mykola Bielieskov a d\u00e9j\u00e0 trouv\u00e9 une formule pour qualifier le monde d\u2019avant Anchorage : \u00ab Il nous semblait alors que Trump avait fait un 180 degr\u00e9s radical sur la mani\u00e8re de parvenir \u00e0 la fin de la guerre. On se rappellera de l’\u00e9t\u00e9 2025 comme l’\u00e9poque de la grande illusion. \u00bb <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n

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Des cafards dans la t\u00eate de Trump et des missiles au-dessus de nous<\/h2>\n\n\n\n

Dans une p\u00e9riode de fr\u00e9n\u00e9sie diplomatique, le flux d’informations contradictoires laisse toujours de l’espoir aux espoirs.<\/p>\n\n\n\n

Sur sa page Telegram, un blogueur politique a depuis le d\u00e9but de la guerre pris l’habitude de r\u00e9aliser aupr\u00e8s de ses 40 000 lecteurs un sondage mensuel posant toujours la m\u00eame question : \u00ab combien de temps pensez-vous que la guerre va encore durer ? \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Avec l’arriv\u00e9e de Trump au pouvoir, la courbe en hausse stable de la r\u00e9ponse \u00ab plus d’un an \u00bb s’est soudain mise \u00e0 prendre des airs de dents de scie <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il nous dit : \u00ab on voit l’humeur des lecteurs changer graduellement avant la victoire de Trump en novembre 2024\u2026 \u00c7a va, \u00e7a vient, en fonction de quels cafards dans la t\u00eate de Trump sont aux commandes au moment du sondage. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

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