{"id":263298,"date":"2025-02-21T06:01:00","date_gmt":"2025-02-21T05:01:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=263298"},"modified":"2025-02-20T23:11:08","modified_gmt":"2025-02-20T22:11:08","slug":"que-veut-trump-en-arctique-geopolitique-des-ambitions-imperiales-au-groenland","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/02\/21\/que-veut-trump-en-arctique-geopolitique-des-ambitions-imperiales-au-groenland\/","title":{"rendered":"Que veut Trump en Arctique ? G\u00e9opolitique des ambitions imp\u00e9riales au Groenland"},"content":{"rendered":"\n

English version available at this link<\/a><\/em><\/p>\n\n\n\n

En d\u00e9cembre 2024, Donald Trump postait le message suivant sur son r\u00e9seau social TruthSocial <\/em> :<\/p>\n\n\n\n

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\u00ab Pour des raisons de s\u00e9curit\u00e9 nationale et de libert\u00e9 dans le monde, les \u00c9tats-Unis d’Am\u00e9rique estiment que la propri\u00e9t\u00e9 et le contr\u00f4le du Groenland sont une n\u00e9cessit\u00e9 absolue.<\/em> \u00bb <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Dans une s\u00e9rie d’observations publi\u00e9es le jour de No\u00ebl, Trump \u00e9voquait l’achat potentiel du Groenland, la reprise du contr\u00f4le du canal de Panama et l’encouragement du Canada \u00e0 devenir le 51e \u00c9tat des \u00c9tats-Unis. \u00c0 premi\u00e8re vue, les messages de TruthSocial <\/em>pouvaient sembler \u00e0 la fois fantaisistes et tout \u00e0 fait conformes \u00e0 l’image d’un pr\u00e9sident qui prend plaisir \u00e0 \u00eatre un \u00ab perturbateur en chef \u00bb. L’offre d’achat du Groenland rappelle un pr\u00e9c\u00e9dent commentaire de 2019, qui avait \u00e0 l’\u00e9poque amen\u00e9 la Premi\u00e8re ministre danoise Mette Frederiksen \u00e0 le qualifier de \u00ab discussion absurde \u00bb <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En r\u00e9ponse directe \u00e0 cette rebuffade, Trump avait retir\u00e9 son accord pour une visite d’\u00c9tat au Danemark, m\u00eame si la dirigeante danoise s’\u00e9tait efforc\u00e9e de mettre l\u2019accent l’importance des relations entre le Danemark et les \u00c9tats-Unis, y compris les pr\u00e9occupations communes en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9 au Groenland.<\/p>\n\n\n\n

Mais comme sur d’autres questions d’\u00e9conomie et de s\u00e9curit\u00e9 \u00e9trang\u00e8res, Donald Trump a une fa\u00e7on de formuler les probl\u00e8mes qui capte l’attention du public. S’il peut sembler un peu hasardeux de lier le canal de Panama, le Groenland et le Canada, il existe en r\u00e9alit\u00e9 une logique g\u00e9opolitique sous-jacente \u00e0 ces revendications. <\/p>\n\n\n\n

\"\"<\/a>T\u00e9l\u00e9charger la version anglaise<\/a><\/div>\n\n\n\n

Le canal de Panama, ouvert en 1914, est confront\u00e9 \u00e0 la s\u00e9cheresse et a connu une baisse des transits de navires. Les usagers se sont plaints de retards et de restrictions. Donald Trump a accus\u00e9 le gouvernement panam\u00e9en \u00ab d’arnaquer \u00bb les op\u00e9rateurs am\u00e9ricains et a m\u00eame sugg\u00e9r\u00e9 que des militaires chinois pourraient y \u00eatre stationn\u00e9s. Le Panama a r\u00e9fut\u00e9 toutes ces all\u00e9gations. Mais cela donne lieu \u00e0 une r\u00e9flexion assez troublante. Trump pense-t-il \u2014 comme Poutine dans le cas de la Crim\u00e9e et du transfert de la Russie \u00e0 l’Ukraine dans les ann\u00e9es 1950 \u2014 que la fin de la zone du canal de Panama contr\u00f4l\u00e9e par les \u00c9tats-Unis en 1979 \u00e9tait une erreur monumentale qui devait \u00eatre corrig\u00e9e ? <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span> La d\u00e9claration qu’il a faite en janvier lors de sa conf\u00e9rence de presse \u00e0 Mar-a-Lago<\/a> \u00e9tait claire quant \u00e0 l’ampleur de l’erreur elle-m\u00eame <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Trump s’est \u00e9galement plaint par le pass\u00e9 que le Canada ne d\u00e9pensait pas suffisamment pour la s\u00e9curit\u00e9 et la d\u00e9fense nationales. Le Canada n’est toutefois pas le seul partenaire de l’OTAN \u00e0 faire l’objet de telles critiques : comme le Danemark, il aurait, selon les termes de Trump, \u00e9t\u00e9 \u00ab d\u00e9linquant \u00bb lorsqu’il s’est agi d’engager au moins 2 % de son PIB dans les d\u00e9penses de d\u00e9fense.<\/p>\n\n\n\n

Pris ensemble, il est donc parfaitement possible de construire l’id\u00e9e selon laquelle une voie navigable strat\u00e9gique (le canal de Panama) pourrait devenir moins fiable au fil du temps et que les options alternatives dans et autour de l’Arctique pourraient devenir de plus en plus importantes. Comme l’a expliqu\u00e9 l’ancien conseiller \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 nationale de la premi\u00e8re administration Trump, Robert O’Brien, sur Fox News en d\u00e9cembre 2024, le Groenland est \u00ab une autoroute de l’Arctique jusqu’\u00e0 l’Am\u00e9rique du Nord \u00bb <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>. O’Brien a \u00e9galement \u00e9mis l’hypoth\u00e8se que la deuxi\u00e8me administration Trump s’attendrait \u00e0 b\u00e9n\u00e9ficier d’avantages \u00e9conomiques et de ressources suppl\u00e9mentaires si elle devait intervenir pour \u00ab d\u00e9fendre \u00bb le Groenland contre des tiers tels que la Chine. Comme l’a fait remarquer O’Brien, toujours sur le th\u00e8me de l’importance strat\u00e9gique de l\u2019\u00eele, \u00ab le Groenland n’est pas un pays comme les autres \u00bb :<\/p>\n\n\n\n

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\u00ab Les Danois doivent mettre en place les fr\u00e9gates n\u00e9cessaires, les escadres a\u00e9riennes et les missiles au Groenland, ainsi que l’infanterie n\u00e9cessaire pour d\u00e9fendre l\u2019\u00eele. …. S’ils ne veulent pas faire l’une ou l’autre de ces choses, ils peuvent nous laisser acheter le Groenland, qui fera alors partie de l’Alaska. Les autochtones du Groenland sont tr\u00e8s proches des habitants de l’Alaska. \u00bb<\/em> <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

La r\u00e9gion arctique est tr\u00e8s diff\u00e9rente de celle sur laquelle Trump et son \u00e9quipe avaient pu \u00eatre brief\u00e9s \u00e0 partir de janvier 2017.<\/p>\n\n\n\n

Cinq \u00e9l\u00e9ments ressortent de ce qui a chang\u00e9 entre la premi\u00e8re et la deuxi\u00e8me administration Trump. Le premier est tout simplement le retour du projet g\u00e9opolitique du pr\u00e9sident Trump \u2014 \u00ab L’Am\u00e9rique d’abord \u00bb. Deuxi\u00e8mement, dans un contexte plus li\u00e9 \u00e0 l’Arctique, la forme de la gouvernance de la r\u00e9gion s\u2019est transform\u00e9e en profondeur au cours des ann\u00e9es Biden. Le troisi\u00e8me point est l’intensification de l’alliance strat\u00e9gique entre la Chine et la Russie, avec des ramifications polaires et ultra-polaires significatives. Le quatri\u00e8me aspect est la relation dynamique et tr\u00e8s sensible entre le Danemark et le Groenland, et la question de savoir si Trump a raison de soup\u00e7onner qu’il y aurait un deal<\/em> \u00e0 passer \u00e0 un moment donn\u00e9 \u2014 en notant que les \u00c9tats-Unis sont un important fournisseur de s\u00e9curit\u00e9 pour le Groenland et le Danemark depuis 1951. Enfin, l’importance strat\u00e9gique et en termes de ressources du Groenland s’est accrue, et de nouveaux acteurs tels que Starlink, le r\u00e9seau de satellites d\u2019Elon Musk, contribuent sans doute \u00e0 mieux connecter la plus grande \u00eele du monde au reste du globe.<\/p>\n\n\n\n\n

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\n \n \"\u00c9quipage\n <\/picture>\n
\u00c9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au Camp Rvaen sur la calotte glaciaire du Groenland pour une formation \u00e0 la survie dans l’Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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\n \n \"Des\n <\/picture>\n
Des membres d’\u00e9quipage de l’USAF montent \u00e0 bord d’un avion de transport C-130 \u00e9quip\u00e9 de skis de la Garde nationale a\u00e9rienne de New York apr\u00e8s avoir suivi une formation de survie en Arctique sur la calotte glaciaire du Groenland. L’avion est exploit\u00e9 par la 109e escadre de transport a\u00e9rien, sp\u00e9cialis\u00e9e dans les missions polaires. Une structure recouverte de neige sur la calotte glaciaire du Groenland. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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\u00c9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au Camp Rvaen sur la calotte glaciaire du Groenland pour une formation \u00e0 la survie dans l’Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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Des membres d’\u00e9quipage de l’USAF montent \u00e0 bord d’un avion de transport C-130 \u00e9quip\u00e9 de skis de la Garde nationale a\u00e9rienne de New York apr\u00e8s avoir suivi une formation de survie en Arctique sur la calotte glaciaire du Groenland. L’avion est exploit\u00e9 par la 109e escadre de transport a\u00e9rien, sp\u00e9cialis\u00e9e dans les missions polaires. Une structure recouverte de neige sur la calotte glaciaire du Groenland. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Trump et la s\u00e9curit\u00e9 h\u00e9misph\u00e9rique<\/h2>\n\n\n\n

Du point de vue de la poursuite des int\u00e9r\u00eats strat\u00e9giques des \u00c9tats-Unis, la premi\u00e8re administration Trump s’\u00e9tait concentr\u00e9e sur trois domaines principaux : la domination \u00e9nerg\u00e9tique, la confrontation avec la Chine comme principal d\u00e9fi g\u00e9o\u00e9conomique et g\u00e9opolitique pour Washington et la critique \u00e0 l\u2019encontre des alli\u00e9s de l’OTAN qui ne d\u00e9penseraient pas suffisamment pour la d\u00e9fense et la s\u00e9curit\u00e9. Comme l’ont not\u00e9 de nombreux observateurs, la premi\u00e8re administration a \u00e9galement \u00e9t\u00e9 caract\u00e9ris\u00e9e par une impr\u00e9visibilit\u00e9 r\u00e9currente et une politique de la corde raide, conduisant les \u00c9tats-Unis \u00e0 revenir sur des engagements ant\u00e9rieurs tels que l’Accord de Paris et le trait\u00e9 Ciel ouvert, au profit d’un engagement plus g\u00e9n\u00e9ral visant \u00e0 faire passer \u00ab l’Am\u00e9rique d’abord \u00bb sous tous les pr\u00e9textes <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Pour le deuxi\u00e8me mandat Trump, il est tr\u00e8s probable que des r\u00e9gions sp\u00e9cifiques telles que l’Arctique soient comprises dans une matrice plus large de pr\u00e9occupations alors que les \u00c9tats-Unis \u00e9voluent dans un monde o\u00f9 la Chine, la Russie et une multitude d’autres pays tels que l’Iran, la Cor\u00e9e du Nord, le Br\u00e9sil et l’Afrique du Sud travaillent les uns avec les autres sur une gamme de projets commerciaux, de ressources et de s\u00e9curit\u00e9. La Chine, l’Indon\u00e9sie et le Br\u00e9sil sont par exemple tous trois d’importants producteurs et raffineurs de min\u00e9raux essentiels tels que le cobalt, le nickel et le lithium.<\/p>\n\n\n\n

Mais lorsque Trump parle d’acqu\u00e9rir le Groenland, rebaptise le golfe du Mexique \u00ab golfe d’Am\u00e9rique \u00bb et r\u00eave de prendre le contr\u00f4le du canal de Panama, il parle directement d’une pr\u00e9occupation pour la s\u00e9curit\u00e9 de \u00ab l’h\u00e9misph\u00e8re occidental \u00bb <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

L’acquisition du Groenland pourrait avoir pour but d’emp\u00eacher d\u00e9finitivement la Chine de prendre pied dans l’Arctique nord-am\u00e9ricain. <\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Le fondement de la puissance am\u00e9ricaine actuelle et future d\u00e9pend donc du maintien de la domination \u00e9nerg\u00e9tique, de l’investissement dans la d\u00e9fense et du maintien d’une forme de bastion dans l’h\u00e9misph\u00e8re occidental. En effet, l’offre d’achat du Groenland r\u00e9v\u00e8le fondamentalement la crainte que les \u00c9tats-Unis ne soient pas en mesure de contenir la Chine et ses projets d’accro\u00eetre sa domination en Asie de l’Est (y compris \u00e0 Ta\u00efwan) et au-del\u00e0. Si cela se concr\u00e9tise, les \u00c9tats-Unis ne devraient pas compter sur des alli\u00e9s plus petits et plus faibles comme le Danemark et le Canada \u2014 et d’autres comme le Panama \u2014 pour d\u00e9fendre les int\u00e9r\u00eats de Washington et de l’OTAN. Trump a \u00e9t\u00e9 direct dans son \u00e9valuation des deux, et continuera \u00e0 l’\u00eatre pendant son mandat. Si tout cela se v\u00e9rifie, il semblerait alors \u00ab logique \u00bb que l’on se penche \u00e0 nouveau sur la s\u00e9curit\u00e9 op\u00e9rationnelle des voies de navigation et des passages maritimes essentiels \u2014 le passage du Nord-Ouest, le canal de Panama et, plus au sud, le passage de Drake.<\/p>\n\n\n\n

Si l’on ne peut pas compter sur certains alli\u00e9s r\u00e9gionaux \u2014 qui ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 menac\u00e9s sur le plan \u00e9conomique \u2014 d’autres, comme les partenaires des Five Eyes dont l’Australie et le Royaume-Uni, prendront une importance accrue eu \u00e9gard \u00e0 ce qu’ils peuvent offrir dans l’Arctique europ\u00e9en, le Pacifique occidental et l’Atlantique Sud. <\/p>\n\n\n\n

Dans l’Arctique nord-am\u00e9ricain, Donald Trump h\u00e9rite d’une situation o\u00f9 la position des \u00c9tats-Unis en tant qu’\u00c9tat c\u00f4tier est incontest\u00e9e. Bien qu’ils ne soient pas officiellement parties \u00e0 la CNUDM, les \u00c9tats-Unis ont \u00e9tabli ce qu’ils estiment \u00eatre leurs droits souverains sur le plateau continental \u00e9tendu de l’Alaska. L’acquisition du Groenland pourrait ainsi avoir pour but d’emp\u00eacher d\u00e9finitivement la Chine de prendre pied dans l’Arctique nord-am\u00e9ricain. Cette d\u00e9marche semblerait d’autant plus opportune que la qu\u00eate de puissance de P\u00e9kin ne se d\u00e9ment pas. Donald Trump a sans doute entendu que l’Arctique \u00ab fond \u00bb, inexorablement \u2014 y compris la calotte glaciaire du Groenland. Bien qu’il n’y ait pas de corr\u00e9lation simple entre la fonte, l’acc\u00e8s et l’exploitation, cela alimente l’id\u00e9e que d’autres chercheront \u00e0 tirer parti de cette situation. L’acc\u00e8s potentiel aux terres rares au Groenland offrirait par ailleurs des avantages suppl\u00e9mentaires compte tenu de la d\u00e9cision de la Chine, \u00e0 partir de 2023, de restreindre l’exportation de ces min\u00e9raux face aux tensions commerciales croissantes avec les \u00c9tats-Unis <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Ce que tout cela signifie pour la question arctique \u2014 et le Groenland en particulier \u2014 doit \u00eatre soigneusement \u00e9lucid\u00e9 par les \u00c9tats-Unis.<\/p>\n\n\n\n

Une lecture provocatrice de la saga groenlandaise de Trump consisterait \u00e0 dire qu\u2019il s\u2019agit l\u00e0 tout simplement de ce que font les grandes puissances. Les commentaires de Donald Trump sur le Panama sont intervenus \u00e0 un moment o\u00f9 les commentaires russes sur la vente \u00ab malencontreuse \u00bb de l’Alaska en 1867 n’avaient pas non plus manqu\u00e9. Certains propagandistes de Poutine demandent que l’Alaska soit restitu\u00e9 \u00e0 la F\u00e9d\u00e9ration de Russie, ainsi que d’autres territoires, dont la Finlande et les \u00c9tats baltes <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n

L’achat et la vente de territoires arctiques ont d’ailleurs une longue histoire au XXe si\u00e8cle : \u00e0 la fin des ann\u00e9es 1920, une soci\u00e9t\u00e9 mini\u00e8re sovi\u00e9tique a achet\u00e9 Barentsburg et Pyramiden \u00e0 d’autres soci\u00e9t\u00e9s mini\u00e8res europ\u00e9ennes. Au XXIe si\u00e8cle, des investisseurs chinois ont tent\u00e9 \u00e0 deux reprises d’acheter des terres priv\u00e9es au Svalbard <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ces deux tentatives ont \u00e9t\u00e9 bloqu\u00e9es par la Norv\u00e8ge, puissance souveraine, de m\u00eame que d’autres projets d’achat et d’investissement impliquant des entreprises chinoises ont \u00e9t\u00e9 bloqu\u00e9s en Islande et en Finlande. Si l’offre de Trump d’acheter le Groenland suscite un certain \u00e9moi, le marchandage de territoires dans l’Arctique n\u2019est pas une nouveaut\u00e9 en soi.<\/p>\n\n\n\n

Toujours est-il que les gouvernements du Danemark et du Groenland vont se trouver dans une position tr\u00e8s difficile dans un avenir proche.<\/p>\n\n\n\n

Ce que Trump a fait jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent s\u2019aligne avec les int\u00e9r\u00eats de Poutine : il a creus\u00e9 un foss\u00e9 entre les alli\u00e9s de l’OTAN et a m\u00eame pouss\u00e9 la France \u00e0 d\u00e9clarer publiquement que les fronti\u00e8res du Groenland seraient d\u00e9fendues si Trump proc\u00e9dait \u00e0 une action militaire <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Une option imm\u00e9diate pour le Groenland serait de demander \u00e0 r\u00e9int\u00e9grer l’Union et de rechercher des mesures suppl\u00e9mentaires de s\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique et politique collective. Copenhague ne dispose manifestement pas de ressources suffisantes pour rivaliser avec des \u00c9tats-Unis voraces qui, comme nous l’avons vu, souhaitent s’assurer qu’un Groenland ind\u00e9pendant ne tombe pas sous le charme \u00e9conomique de la Chine. Au moment m\u00eame o\u00f9 le roi du Danemark modifiait les armoiries royales pour faire signe vers le Groenland, Donald Trump Jr. se rendait \u00e0 Nuuk quelques jours avant l’investiture pr\u00e9sidentielle de son p\u00e8re<\/a>. Quoi de plus provocateur que de poser avec son entourage devant la statue du premier colonisateur du Groenland, le missionnaire dano-norv\u00e9gien Hans Egede, \u00e0 Nuuk ? <\/span>13<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n

Le pr\u00e9sident Trump ne s’inqui\u00e9tera pas outre mesure de contrarier les dirigeants politiques groenlandais et danois. Il esp\u00e8re peut-\u00eatre m\u00eame creuser un foss\u00e9 entre les Groenlandais \u00ab m\u00e9contents \u00bb et les Danois \u00ab rancuniers \u00bb qui contribuent \u00e0 la dotation globale annuelle de 500 millions d’euros accord\u00e9e au Groenland.<\/p>\n\n\n\n

Trump a creus\u00e9 un foss\u00e9 entre les alli\u00e9s de l’OTAN et a m\u00eame pouss\u00e9 la France \u00e0 d\u00e9clarer publiquement que les fronti\u00e8res du Groenland seraient d\u00e9fendues si Trump proc\u00e9dait \u00e0 une action militaire.<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La gouvernance de l’Arctique apr\u00e8s l’invasion massive de l’Ukraine<\/h2>\n\n\n\n

En 2024, des publications telles que le New Yorker<\/em>, Spiked<\/em>, le Pulitzer Center, Forbes <\/em>et The Economist <\/em>ont toutes mis en garde contre une escalade, un conflit et une crise dans la r\u00e9gion arctique. Pour ne prendre qu’un seul exemple, Politico<\/em> affirmait en septembre 2024 que \u00ab La Russie est \u2018tout \u00e0 fait pr\u00eate\u2019 pour une guerre avec l’OTAN dans l’Arctique \u00bb <\/span>14<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Comment en sommes-nous arriv\u00e9s l\u00e0 ? <\/p>\n\n\n\n

Il s’agit d’une cons\u00e9quence directe mais involontaire de l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie. Peu apr\u00e8s le d\u00e9but de l’invasion, sept \u00c9tats de l’Arctique (Canada, Danemark\/Groenland, Finlande, Islande, Norv\u00e8ge, Su\u00e8de et \u00c9tats-Unis) ont en effet d\u00e9cid\u00e9 de \u00ab mettre en pause \u00bb le Conseil de l’Arctique.<\/p>\n\n\n\n

Cr\u00e9\u00e9 en 1996, il s’agit du principal forum intergouvernemental pour les affaires arctiques, dont la Russie, le plus grand \u00c9tat de l’Arctique, est l’un des principaux participants. Entre f\u00e9vrier 2022 et mai 2023, la diplomatie arctique et les relations inter\u00e9tatiques ont donc \u00e9t\u00e9 gravement perturb\u00e9es par les cons\u00e9quences de la guerre men\u00e9e par la Russie de Poutine en Ukraine. Bien qu’elle ne soit pas directement li\u00e9e \u00e0 l’Arctique, la d\u00e9cision de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie de lancer une invasion \u00e0 grande \u00e9chelle a entra\u00een\u00e9 une rupture spectaculaire et presque imm\u00e9diate de la confiance politique. L’invasion a co\u00efncid\u00e9 avec la pr\u00e9sidence russe du Conseil de l’Arctique (2021-2023)<\/a>, et le dialogue et l’engagement partiels avec la Russie n’ont pas repris avant que la Norv\u00e8ge ne prenne la pr\u00e9sidence en mai 2023.<\/p>\n\n\n\n\n

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Un avion C-130 de la Garde nationale a\u00e9rienne de New York \u00e9quip\u00e9 de skis a transport\u00e9 un contingent de membres d’\u00e9quipage de l’USAF vers la calotte glaciaire du Groenland pour un entra\u00eenement \u00e0 la survie dans l’Arctique. L’avion est exploit\u00e9 par la 109e escadre de transport a\u00e9rien, sp\u00e9cialis\u00e9e dans les missions polaires. \u00c0 plusieurs kilom\u00e8tres \u00e0 l’arri\u00e8re-plan se trouve l’\u00e9norme station radar DYE-2 de l’\u00e9poque de la guerre froide. Elle est devenue op\u00e9rationnelle en 1958 dans le cadre d’une cha\u00eene de stations radar d’alerte pr\u00e9coce exploit\u00e9es par le NORAD. Elle a \u00e9t\u00e9 ferm\u00e9e dans les ann\u00e9es 1980 lorsque les satellites de surveillance l’ont rendue obsol\u00e8te. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janv. 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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Des membres d’\u00e9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au camp Rvaen sur la calotte glaciaire du Groenland d\u00e9coupent des blocs de glace \u00e0 partir desquels ils construiront un abri. Ils sont sur la calotte glaciaire du Groenland pour s’entra\u00eener \u00e0 la survie dans l’Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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Un avion C-130 de la Garde nationale a\u00e9rienne de New York \u00e9quip\u00e9 de skis a transport\u00e9 un contingent de membres d’\u00e9quipage de l’USAF vers la calotte glaciaire du Groenland pour un entra\u00eenement \u00e0 la survie dans l’Arctique. L’avion est exploit\u00e9 par la 109e escadre de transport a\u00e9rien, sp\u00e9cialis\u00e9e dans les missions polaires. \u00c0 plusieurs kilom\u00e8tres \u00e0 l’arri\u00e8re-plan se trouve l’\u00e9norme station radar DYE-2 de l’\u00e9poque de la guerre froide. Elle est devenue op\u00e9rationnelle en 1958 dans le cadre d’une cha\u00eene de stations radar d’alerte pr\u00e9coce exploit\u00e9es par le NORAD. Elle a \u00e9t\u00e9 ferm\u00e9e dans les ann\u00e9es 1980 lorsque les satellites de surveillance l’ont rendue obsol\u00e8te. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janv. 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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Des membres d’\u00e9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au camp Rvaen sur la calotte glaciaire du Groenland d\u00e9coupent des blocs de glace \u00e0 partir desquels ils construiront un abri. Ils sont sur la calotte glaciaire du Groenland pour s’entra\u00eener \u00e0 la survie dans l’Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Pour beaucoup, cette interruption des activit\u00e9s signifiait la fin de l’exceptionnalisme arctique <\/span>15<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

L’Arctique \u00e9tait en effet consid\u00e9r\u00e9 jusque l\u00e0 comme une zone de coop\u00e9ration circumpolaire dans des domaines d’int\u00e9r\u00eat commun tels que le d\u00e9veloppement durable et la protection de l’environnement, avec la conviction partag\u00e9e que ces pr\u00e9occupations communes permettraient de tenir \u00e0 distance les questions de s\u00e9curit\u00e9 et de d\u00e9fense nationales qui s\u00e8ment la discorde. D\u00e8s le d\u00e9part, le Conseil de l’Arctique a d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment exclu les affaires militaires et de s\u00e9curit\u00e9. Avant l’invasion de 2022, il n’y avait pas de diff\u00e9rends territoriaux en suspens dans l’Arctique et les \u00c9tats de la r\u00e9gion respectaient les cadres juridiques internationaux \u00e9tablis, tels que la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. L’accord conclu en 2010 entre la Norv\u00e8ge et la Russie sur leur fronti\u00e8re maritime commune dans la mer de Barents a constitu\u00e9 un point d’orgue diplomatique. Ailleurs, le Canada, le Danemark\/Groenland et la Russie ont tous poursuivi leurs propres engagements en mati\u00e8re de d\u00e9limitation du plateau continental externe. <\/p>\n\n\n\n

L’extension de ces droits souverains sur les fonds marins de l’oc\u00e9an Arctique \u00e9tant l’objectif ultime, le pr\u00e9sident \u00e9lu Trump a sans doute \u00e9t\u00e9 inform\u00e9 que la Russie \u00e9tait en bonne position pour \u00e9tendre, en toute l\u00e9gitimit\u00e9, ces droits souverains sur la base des \u00ab recommandations \u00bb officielles de l’organe officiel des Nations unies charg\u00e9 de ces questions, la Commission des limites du plateau continental, en f\u00e9vrier 2023 <\/span>16<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Mais la d\u00e9limitation finale du plateau continental russe devra attendre que la Commission fasse des recommandations au Canada et au Groenland\/Danemark, et les trois parties devront alors n\u00e9gocier entre elles pour finaliser leurs revendications mutuelles sur les fonds marins. Ce processus de diplomatie et de n\u00e9gociation intergouvernementales est important car la Commission n’est qu’un organe scientifique et technique. Elle n’a pas de personnalit\u00e9 juridique.<\/p>\n\n\n\n

Avant l’invasion de 2022, il n’y avait pas de diff\u00e9rends territoriaux en suspens dans l’Arctique et les \u00c9tats de la r\u00e9gion respectaient les cadres juridiques internationaux \u00e9tablis<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Malgr\u00e9 l’engagement formel de la Russie en faveur de la Convention sur le droit de la mer, les \u00c9tats-Unis ont commenc\u00e9 \u00e0 s’inqui\u00e9ter apr\u00e8s l’invasion et l’imposition de sanctions \u00e0 l’encontre de la Russie. En mars 2024, un repr\u00e9sentant russe aupr\u00e8s de l’Autorit\u00e9 internationale des fonds marins, un autre organe des Nations unies, a annonc\u00e9 que Moscou ne reconna\u00eetrait pas la d\u00e9claration am\u00e9ricaine de d\u00e9cembre 2023 concernant son plateau continental \u00e9tendu. La Russie, qui n’est pas partie \u00e0 la CNUDM, a quant \u00e0 elle fait valoir que les \u00c9tats-Unis ne pouvaient pas choisir les \u00e9l\u00e9ments de la CNUDM qu’ils approuveraient en tant que droit international coutumier. La d\u00e9claration sur le plateau continental \u00e9tendu comprenait des d\u00e9tails concernant l’Alaska et, bien qu’elle ne recouvre pas le plateau continental arctique de la Russie, la d\u00e9cision de rejeter publiquement la position des \u00c9tats-Unis intervient \u00e0 un moment o\u00f9 des appels ont \u00e9t\u00e9 lanc\u00e9s en Russie pour que Moscou abandonne la convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Alors que la Russie a \u00e9galement exhort\u00e9 les \u00c9tats-Unis \u00e0 adopter la CNUDM au S\u00e9nat, plus Washington tardera \u00e0 la ratifier officiellement, plus Moscou pourra d\u00e9noncer la politique de deux poids deux mesures des \u00c9tats-Unis lorsqu’il s’agit de s’engager dans des cadres juridiques internationaux <\/span>17<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

La gouvernance de l’Arctique se trouve donc \u00e0 la crois\u00e9e des chemins. Lorsque la Norv\u00e8ge a pris la pr\u00e9sidence du Conseil de l’Arctique en mai 2023, elle a insist\u00e9 sur le fait que les parties devraient trouver des moyens de garantir que l’arr\u00eat du dialogue politique ne conduise pas \u00e0 une rupture totale des relations entre la Russie et les sept autres \u00c9tats de l’Arctique (A7). L’arr\u00eat des r\u00e9unions au niveau des hauts fonctionnaires de l’Arctique a \u00e9t\u00e9 vivement ressenti, car il s’agissait d’une plateforme r\u00e9guli\u00e8re pour un engagement politique de haut niveau avec les huit \u00c9tats de l’Arctique. En guise de contre-mesure, la Norv\u00e8ge a organis\u00e9 de nombreux \u00e9v\u00e9nements pour dialoguer avec les repr\u00e9sentants russes, les peuples autochtones et les observateurs du Conseil de l’Arctique, y compris des \u00c9tats europ\u00e9ens et asiatiques tels que l’Allemagne, la Chine et le Royaume-Uni. Les conf\u00e9rences annuelles telles que l’Assembl\u00e9e de l’Arctique et Arctic Frontiers ont pris une importance exag\u00e9r\u00e9e, en l’absence de r\u00e9unions au niveau politique avec la Russie. Plus g\u00e9n\u00e9ralement, 2024 a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 une remise en question plus critique du fonctionnement des forums internationaux tels que le Conseil de l’Arctique et a permis de d\u00e9terminer si sa structure tripartite \u2014 \u00c9tat de l’Arctique, participants permanents (organisations de peuples autochtones) et observateurs (\u00e9tatiques et non \u00e9tatiques) \u2014 refl\u00e9tait de mani\u00e8re ad\u00e9quate l’\u00e9volution des circonstances. En d’autres termes, la rupture des relations avec la Russie au niveau politique et diplomatique a offert \u00e0 d’autres une opportunit\u00e9 de mobiliser des visions alternatives. En juillet 2024, le Conseil circumpolaire inuit (CCI), participant permanent, a publi\u00e9 une d\u00e9claration appelant toutes les parties \u00e0 sauvegarder le Conseil de l’Arctique :<\/p>\n\n\n\n

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\u00ab Remplacer le symbolisme par une participation pleine et effective et un engagement significatif des peuples autochtones dans l’ensemble du Conseil de l’Arctique. \u00bb<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

La participation d’un ou deux experts autochtones \u00ab symboliques \u00bb \u00e0 un processus scientifique essentiellement occidental ne fonctionne pas. Dans un groupe de travail, par exemple, apr\u00e8s quatre ans d’engagement et de participation, deux experts autochtones ont mis fin \u00e0 leur participation parce que leurs points de vue et leurs connaissances \u00e9taient syst\u00e9matiquement ignor\u00e9s <\/span>18<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

En effet, la d\u00e9claration et les recommandations affirment que le Conseil de l’Arctique a la possibilit\u00e9 de se r\u00e9orienter apr\u00e8s l’impasse avec la Russie, et que des changements sont n\u00e9cessaires pour r\u00e9aliser son ambition initiale. L’observation ci-dessus concernant un groupe de travail est particuli\u00e8rement poignante : jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent, les d\u00e9fenseurs du Conseil de l’Arctique avaient fait l’\u00e9loge des r\u00e9alisations et de la culture d’engagement qui pr\u00e9vaut au sein des six principaux groupes de travail scientifiques <\/span>19<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Si le CCI a \u00e9t\u00e9 assez habile pour comprendre qu’il ne faut jamais gaspiller une crise, la Russie l’a \u00e9t\u00e9 tout autant. Le ministre russe des affaires \u00e9trang\u00e8res, Sergue\u00ef Lavrov, a affirm\u00e9 que ce qui \u00e9tait n\u00e9cessaire dans l’\u00e8re post-2022 \u00e9tait un \u00ab dialogue civilis\u00e9 \u00bb sur l’avenir de l’Arctique. <\/p>\n\n\n\n

En mai 2023, Lavrov a prononc\u00e9 un discours vid\u00e9o lors de la phase finale de la pr\u00e9sidence de la F\u00e9d\u00e9ration au Conseil de l’Arctique (2021-2023), dans lequel il a affirm\u00e9 que l’efficacit\u00e9 des travaux futurs d\u00e9pendrait de la volont\u00e9 de toutes les parties de \u00ab poursuivre un dialogue civilis\u00e9 afin de pr\u00e9server l’Arctique en tant que territoire de paix, de stabilit\u00e9 et de coop\u00e9ration constructive \u00bb <\/span>20<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il affirmait notamment que le blocage affectant le Conseil de l’Arctique \u00e9tait enti\u00e8rement d\u00fb au fait que d’autres \u00c9tats de l’Arctique avaient r\u00e9agi de mani\u00e8re excessive \u00e0 la \u00ab situation en Ukraine \u00bb et s’\u00e9taient empress\u00e9s de politiser les affaires du Conseil de l’Arctique. L’ambassadeur russe pour l’Arctique de l’\u00e9poque, Nikolay Korshunov, a confirm\u00e9 cette approche qui semblait rejeter la responsabilit\u00e9 sur les autres \u00c9tats de l’Arctique pour avoir utilis\u00e9 l’invasion russe \u00e0 grande \u00e9chelle de l’Ukraine comme une occasion de suspendre les travaux \u00ab normaux \u00bb du Conseil <\/span>21<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La r\u00e9action russe a clairement montr\u00e9 que Moscou a exerc\u00e9 de nouvelles pressions sur la Norv\u00e8ge, qui exerce d\u00e9sormais la pr\u00e9sidence, pour qu’elle r\u00e9tablisse le Conseil de l’Arctique d’ici mai 2025. Si cela ne se concr\u00e9tisait pas, Moscou se r\u00e9servait le droit de d\u00e9velopper d’autres opportunit\u00e9s avec des tiers, en particulier les BRICS. Une d\u00e9cision fondamentalement prise apr\u00e8s 2014 \u00e0 la suite des sanctions impos\u00e9es par l’Union et les \u00c9tats-Unis apr\u00e8s l’annexion ill\u00e9gale de la Crim\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

La Russie s’est montr\u00e9e tr\u00e8s critique \u00e0 l’\u00e9gard de la mani\u00e8re dont les autres \u00c9tats de l’Arctique ont rapidement utilis\u00e9 les cons\u00e9quences de \u00ab l’op\u00e9ration militaire sp\u00e9ciale \u00bb pour rompre tout engagement politique avec la Russie et le Conseil de l’Arctique. Sergue\u00ef Lavrov n’a pas m\u00e2ch\u00e9 ses mots lorsqu’il s’est agi de d\u00e9terminer qui \u00e9tait responsable du malaise actuel, exacerb\u00e9 par le fait que la Finlande (2023) et la Su\u00e8de (2024) sont d\u00e9sormais membres de l’OTAN. Comme il l’a indiqu\u00e9 dans un entretien publi\u00e9 par le minist\u00e8re russe des Affaires \u00e9trang\u00e8res en septembre 2024 :<\/p>\n\n\n\n

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\u00ab Dans la pratique, cependant, nos coll\u00e8gues de l’OTAN tournent de plus en plus souvent leur regard vers la r\u00e9gion arctique (cela a commenc\u00e9 bien avant l’op\u00e9ration militaire sp\u00e9ciale), d\u00e9clarant que l’Alliance de l’Atlantique Nord a \u00e9galement des int\u00e9r\u00eats dans cette r\u00e9gion en raison de sa situation g\u00e9ographique. Ils affirment que la Norv\u00e8ge est membre de l’OTAN depuis sa cr\u00e9ation et que, par cons\u00e9quent, ils doivent \u00e9galement garder un \u0153il sur les d\u00e9veloppements dans la r\u00e9gion. Actuellement, cette attitude se manifeste \u00e9galement dans d’autres r\u00e9gions. Les affirmations du bloc selon lesquelles il s’agirait d’une alliance purement d\u00e9fensive, pr\u00e9occup\u00e9e uniquement par la d\u00e9fense du territoire des pays membres, viennent tout droit du diable<\/em>. \u00bb <\/span>22<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Bien que Sergue\u00ef Lavrov n’ait pas d\u00e9fini ce qu\u2019il entent par \u00ab dialogue civilis\u00e9 \u00bb, il semblerait raisonnable de conclure qu’il inclurait la liste des \u00ab pays amis \u00bb de Moscou \u2014 des alli\u00e9s et des neutres qui n’ont pas critiqu\u00e9 publiquement l’invasion \u00e0 grande \u00e9chelle de l’Ukraine par la Russie <\/span>23<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n\n

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Des aviateurs de l’USAF au Camp Raven sur la calotte glaciaire du Groenland, suivent une formation de survie en Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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Des membres d’\u00e9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au camp Raven sur la calotte glaciaire du Groenland coupent des blocs de glace \u00e0 partir desquels ils construiront un abri. Ils sont sur la calotte glaciaire du Groenland pour s’entra\u00eener \u00e0 la survie dans l’Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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Des aviateurs de l’USAF au Camp Raven sur la calotte glaciaire du Groenland, suivent une formation de survie en Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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Des membres d’\u00e9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au camp Raven sur la calotte glaciaire du Groenland coupent des blocs de glace \u00e0 partir desquels ils construiront un abri. Ils sont sur la calotte glaciaire du Groenland pour s’entra\u00eener \u00e0 la survie dans l’Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Dans l’\u00e8re post-Crim\u00e9e, on avait assist\u00e9 \u00e0 une tentative concert\u00e9e de d\u00e9velopper un r\u00e9seau de \u00ab pays connecteurs \u00bb pr\u00eats \u00e0 faire des affaires \u00e9conomiques et diplomatiques avec la F\u00e9d\u00e9ration de Russie \u2014 inaugurant une nouvelle \u00e8re de \u00ab g\u00e9opolitique des \u00c9tats pivots \u00bb <\/span>24<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ces pays ont aid\u00e9 la Russie \u00e0 contourner certains des effets directs des sanctions et de la position de paria de Moscou. Surtout, ils ont contribu\u00e9 en partie \u00e0 la d\u00e9termination de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie \u00e0 normaliser l’annexion et l’invasion ill\u00e9gale. Lors d’une conf\u00e9rence de presse de fin d’ann\u00e9e \u00e0 Moscou, un journaliste de la BBC de d\u00e9cembre 2024 notait que \u00ab Poutine est apparu devant un grand \u00e9cran bleu arborant une carte de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie, avec les parties annex\u00e9es de l’Ukraine \u00bb <\/span>25<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les \u00c9tats de l’Arctique savent qu’il n’y a aucune chance que la Russie renonce aux territoires annex\u00e9s de Crim\u00e9e et \u00e0 tout ce qui a \u00e9t\u00e9 captur\u00e9 et occup\u00e9 dans l’est de l’Ukraine. Quelle que soit l’issue du conflit ukrainien et les dommages caus\u00e9s \u00e0 la Russie, il y aura plus qu’un soup\u00e7on persistant que la Russie pourrait orienter ses forces militaires ailleurs dans la r\u00e9gion Baltique-Arctique au sens large. <\/p>\n\n\n\n

Ce malaise post-invasion a \u00e9galement affect\u00e9 les organisations r\u00e9gionales au-del\u00e0 du Conseil de l’Arctique.<\/p>\n\n\n\n

En septembre 2023, la Russie a annonc\u00e9 son retrait du Conseil euro-arctique de Barents (BEAC) <\/span>26<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cr\u00e9\u00e9 en 1993, le BEAC a jou\u00e9 un r\u00f4le important en cultivant la collaboration transfrontali\u00e8re sur des questions d’importance commune, notamment l’\u00e9ducation, la collaboration avec les peuples autochtones, les \u00e9changes culturels et l’engagement commercial. En r\u00e8gle g\u00e9n\u00e9rale, la d\u00e9claration russe annon\u00e7ant son d\u00e9sengagement reproche aux autres partenaires, dont la Finlande, le Danemark, la Norv\u00e8ge et l’Union, d’\u00eatre \u00e0 l’origine de la rupture des relations. La Russie poursuivra un \u00ab dialogue civilis\u00e9 \u00bb avec les autres. Il est probable qu\u2019elle cherchera \u00e0 intensifier ses relations avec les partenaires des BRICS+. Le projet de la Russie de cr\u00e9er une opportunit\u00e9 \u00e9quivalente \u2014 un complexe scientifique \u2014 pour les partenaires BRICS+ dans le Pyramidien au Svalbard n’est qu’une illustration de cette strat\u00e9gie <\/span>27<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cette \u00e9volution devrait restreindre davantage l’acc\u00e8s \u00e0 l’Arctique russe pour les scientifiques occidentaux d\u00e9sireux de continuer \u00e0 travailler avec leurs homologues sur la surveillance environnementale \u00e0 long terme et le partage d’informations avec la moiti\u00e9 russe de la r\u00e9gion arctique.<\/p>\n\n\n\n

Tel est le contexte complexe et enchev\u00eatr\u00e9 auquel la seconde administration Trump doit faire face.<\/p>\n\n\n\n

Elle ne se soucie probablement pas du Conseil de l’Arctique. Et m\u00eame pour ceux qui s’int\u00e9ressent au Conseil, la r\u00e9alit\u00e9 est que les questions de d\u00e9fense et de s\u00e9curit\u00e9 l’emportent sur la science, la protection de l’environnement et le d\u00e9veloppement durable. Pour les partenaires europ\u00e9ens de l’OTAN, les semaines et les mois \u00e0 venir devraient charrier de nouveaux d\u00e9fis dans un arc de crises potentielles qui s’\u00e9tend du Svalbard, dans le Grand Nord, \u00e0 la r\u00e9gion de l’Atlantique Nord et de la mer Baltique. Des rapports ont r\u00e9cemment fait \u00e9tat d’une s\u00e9rie d’incidents allant du sabotage de c\u00e2bles sous-marins aux violations de zones a\u00e9riennes, en passant par le brouillage de GPS et les conflits li\u00e9s \u00e0 la p\u00eache. Les infrastructures \u00e9nerg\u00e9tiques offshore<\/em> pourraient bient\u00f4t faire l’objet d’une ing\u00e9rence agressive de la part de tiers. La Russie redouble d’efforts pour d\u00e9finir les \u00ab \u00c9tats inamicaux \u00bb, parmi lesquels figurent la plupart des membres fondateurs du Conseil de l’Arctique. Le commandant en chef de la marine russe, l’amiral Aleksandr Moiseev, a d\u00e9clar\u00e9 en d\u00e9cembre 2024 : \u00ab Outre les mesures politiques et \u00e9conomiques visant \u00e0 contenir la Russie dans l’Arctique, les \u00c9tats inamicaux renforcent leur pr\u00e9sence militaire dans la r\u00e9gion… La situation politico-militaire dans la r\u00e9gion se caract\u00e9rise par une augmentation du potentiel de conflit li\u00e9e \u00e0 l’intensification de la rivalit\u00e9 entre les principaux \u00c9tats pour l’acc\u00e8s aux ressources de l’oc\u00e9an Arctique, ainsi qu’\u00e0 l’\u00e9tablissement d’un contr\u00f4le sur les communications maritimes et a\u00e9riennes strat\u00e9giques \u00bb <\/span>28<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les commentaires de l’amiral, notamment, n’ont pas r\u00e9fl\u00e9chi \u00e0 comment ni pourquoi la Russie aurait pu contribuer \u00e0 ce potentiel de conflit et \u00e0 cette rivalit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Les semaines et les mois \u00e0 venir devraient charrier de nouveaux d\u00e9fis dans un arc de crises potentielles qui s’\u00e9tend du Svalbard, dans le Grand Nord, \u00e0 la r\u00e9gion de l’Atlantique Nord et de la mer Baltique.<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La connexion polaire Chine-Russie<\/h2>\n\n\n\n

La Chine se consid\u00e8re elle aussi comme une puissance polaire.<\/p>\n\n\n\n

En 2013, elle a \u00e9t\u00e9 reconnue comme \u00c9tat observateur au sein du Conseil de l’Arctique, aux c\u00f4t\u00e9s d’autres \u00c9tats asiatiques tels que le Japon et la Cor\u00e9e du Sud. Depuis 2018, P\u00e9kin se d\u00e9finit comme un \u00c9tat \u00ab proche de l’Arctique \u00bb, ce qui avait alors suscit\u00e9 l’ire de l’ancien secr\u00e9taire d’\u00c9tat, Mike Pompeo. <\/p>\n\n\n\n

En mai 2019, Pompeo avait publiquement rejet\u00e9 cette cat\u00e9gorisation et clairement indiqu\u00e9 que l’administration Trump \u00e9tait pr\u00eate \u00e0 \u00ab fortifier la pr\u00e9sence de l’Am\u00e9rique \u00bb \u00bb dans la r\u00e9gion arctique <\/span>29<\/sup><\/a><\/span><\/span>. \u00c0 l’\u00e9poque, des inqui\u00e9tudes avaient \u00e9t\u00e9 exprim\u00e9es sur le fait que le Groenland pourrait \u00eatre vuln\u00e9rable \u00e0 l’int\u00e9r\u00eat croissant de la Chine pour l’\u00eele. En juin 2019, la soci\u00e9t\u00e9 chinoise China Communications Construction Company a retir\u00e9 son offre d’investissement et de d\u00e9veloppement de deux a\u00e9roports groenlandais <\/span>30<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En 2024, une nouvelle piste d’atterrissage de l’a\u00e9roport de Nuuk a \u00e9t\u00e9 inaugur\u00e9e et, gr\u00e2ce \u00e0 l’investissement dans un nouveau terminal, l’a\u00e9roport peut d\u00e9sormais accueillir des vols transatlantiques directs en provenance des \u00c9tats-Unis et de l’Europe. En janvier 2025, c\u2019est cette piste qui a permis \u00e0 Donald Trump Jr. et \u00e0 son entourage de prendre un avion \u00ab Trump \u00bb et de faire une visite impromptue \u00e0 Nuuk<\/a>. Il est important de noter que ce projet a \u00e9t\u00e9 financ\u00e9 par un accord de pr\u00eat avec la Banque nordique d’investissement (NIB), ce qui garantit l’ind\u00e9pendance par rapport aux pr\u00eats et aux investissements chinois. Le financement de la NIB devrait permettre de moderniser deux autres a\u00e9roports sur l’\u00eele d’ici 2026 <\/span>31<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Enfin, United Airlines pr\u00e9voit de lancer un nouveau service direct \u00e0 partir de Newark en juin 2025.<\/p>\n\n\n\n

On ne saurait trop insister sur le calendrier et l’importance de cet investissement a\u00e9roportuaire.<\/p>\n\n\n\n

Alors que les investissements chinois dans les infrastructures groenlandaises ont \u00e9t\u00e9 bloqu\u00e9s \u00e0 la fois par Copenhague et Washington, la Chine continue de jouer un r\u00f4le central en tant qu’investisseur et connecteur en Russie. Elle est devenue un investisseur majeur dans les projets \u00e9nerg\u00e9tiques et maritimes russes dans la zone arctique de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie (AZRF). Sous la banni\u00e8re d’une amiti\u00e9 \u00ab sans limites \u00bb, cette relation entre Moscou et P\u00e9kin existait avant l’annexion ill\u00e9gale de la Crim\u00e9e. Depuis 2013, la China National Petroleum Corporation a achet\u00e9 20 % du projet russe de traitement du GNL Yamal. Le changement strat\u00e9gique de l’orientation de Moscou \u00e9tait une progression logique apr\u00e8s que les pr\u00e9c\u00e9dentes ouvertures d’investissement chinois au Canada, au Groenland et dans les pays nordiques ont \u00e9chou\u00e9 ou ont \u00e9t\u00e9 bloqu\u00e9es pour des raisons de s\u00e9curit\u00e9 nationale. En 2017, la soci\u00e9t\u00e9 mini\u00e8re chinoise General Nice Group a abandonn\u00e9 son projet d’achat d’une base navale d\u00e9saffect\u00e9e au Groenland apr\u00e8s que le Danemark et les \u00c9tats-Unis ont invoqu\u00e9 des probl\u00e8mes de s\u00e9curit\u00e9 nationale <\/span>32<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

La Chine est en passe d’\u00eatre consid\u00e9r\u00e9e \u00e0 juste titre comme une \u00ab grande puissance polaire \u00bb.<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Les projets d’investissement de la Chine en Russie ont pris de l’importance au fur et \u00e0 mesure que les sanctions contre la Russie s’intensifiaient.<\/p>\n\n\n\n

Alors que les pays nordiques et le Canada se m\u00e9fiaient des ambitions d’investissement de la Chine dans le Nord, la Russie s’est montr\u00e9e plus conciliante. En r\u00e9ponse aux sanctions impos\u00e9es par les \u00c9tats-Unis et l’Union, la Chine a d\u00fb veiller \u00e0 ce que ces opportunit\u00e9s d’investissement produisent des dividendes \u00e9conomiques \u2014 tels que le gaz naturel \u00e0 prix r\u00e9duit et l’acc\u00e8s aux voies maritimes \u2014 tout en \u00e9vitant de cr\u00e9er de nouvelles frictions avec les \u00c9tats-Unis. La Chine s’est engag\u00e9e dans une s\u00e9rie d’activit\u00e9s secr\u00e8tes destin\u00e9es \u00e0 contourner les sanctions, et tout porte \u00e0 croire que l’engagement chinois dans des projets tels que LNG 2 se poursuivra. La Chine a \u00e9galement collabor\u00e9 avec la Russie par d’autres moyens. En juillet 2024, les deux pays ont men\u00e9 des exercices a\u00e9riens conjoints dans la zone d’identification de la d\u00e9fense a\u00e9rienne de l’Alaska (ADIZ). C’est la premi\u00e8re fois que les deux pays effectuent une patrouille a\u00e9rienne conjointe \u00e0 proximit\u00e9 de l’Alaska. En 2023, il avaient \u00e9galement effectu\u00e9 des patrouilles navales au large des c\u00f4tes de l’Alaska <\/span>33<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n\n

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Un signal de d\u00e9tresse fabriqu\u00e9 \u00e0 partir de glace, color\u00e9 avec le colorant orange d’une fus\u00e9e de d\u00e9tresse, fabriqu\u00e9 par des aviateurs de l’USAF au Camp Raven sur la calotte glaciaire du Groenland, en cours de formation \u00e0 la survie en Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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Des aviateurs de l’USAF au Camp Raven sur la calotte glaciaire du Groenland, suivent une formation de survie en Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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Un signal de d\u00e9tresse fabriqu\u00e9 \u00e0 partir de glace, color\u00e9 avec le colorant orange d’une fus\u00e9e de d\u00e9tresse, fabriqu\u00e9 par des aviateurs de l’USAF au Camp Raven sur la calotte glaciaire du Groenland, en cours de formation \u00e0 la survie en Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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Des aviateurs de l’USAF au Camp Raven sur la calotte glaciaire du Groenland, suivent une formation de survie en Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

La Chine est en passe d’\u00eatre consid\u00e9r\u00e9e \u00e0 juste titre comme une \u00ab grande puissance polaire \u00bb. En octobre 2024, P\u00e9kin a annonc\u00e9 que ses garde-c\u00f4tes avaient p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 pour la premi\u00e8re fois dans l’oc\u00e9an Arctique <\/span>34<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le pays jouit d’une r\u00e9putation scientifique croissante en mati\u00e8re de recherche polaire et dispose d’une infrastructure polaire qui comprend d\u00e9sormais trois brise-glaces pleinement op\u00e9rationnels. Un quatri\u00e8me brise-glace sera d\u00e9voil\u00e9 en 2025 ou 2026 et, en d\u00e9cembre 2024, la Chine a pris possession d’un nouveau navire de recherche et d’arch\u00e9ologie multifonctionnel en haute mer appel\u00e9 Tan Suo San Haow<\/em> <\/span>35<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

La flotte chinoise de p\u00eache lointaine est la plus importante au monde et elle sera probablement l’une des premi\u00e8res \u00e0 explorer le potentiel de p\u00eache dans l’oc\u00e9an Arctique central. Dans les commentaires en langue chinoise, l’Arctique est pr\u00e9sent\u00e9 comme une \u00ab fronti\u00e8re strat\u00e9gique \u00bb plut\u00f4t que comme une r\u00e9gion compos\u00e9e de territoires autochtones et de huit \u00c9tats arctiques. La Chine restera un investisseur majeur dans les projets russes d’\u00e9nergie et d’infrastructure et a travaill\u00e9 avec les diff\u00e9rentes parties de l’Arctique pour cr\u00e9er des entit\u00e9s r\u00e9gionales, telles que le Forum arctique Chine-Russie. Un dilemme strat\u00e9gique majeur pour une Russie \u00e9conomiquement affaiblie est de savoir comment cultiver ces liens avec les partenaires des BRICS et les pays asiatiques voisins sans nourrir une inqui\u00e9tude g\u00e9opolitique de longue date quant \u00e0 la vuln\u00e9rabilit\u00e9 des espaces peu peupl\u00e9s de la Sib\u00e9rie et de l’Extr\u00eame-Orient russe. Le pivot \u00e9conomique et g\u00e9opolitique de la Russie vers l’est et le sud, bien que strat\u00e9giquement compr\u00e9hensible, fa\u00e7onnera in\u00e9vitablement la capacit\u00e9 du pays \u00e0 n\u00e9gocier et \u00e0 g\u00e9rer une s\u00e9rie de parties prenantes externes.<\/p>\n\n\n\n

Dans la qu\u00eate de P\u00e9kin d’une grande puissance polaire, il n’est pas certain que le d\u00e9sir de la Russie d’un \u00ab dialogue civilis\u00e9 \u00bb reste possible si les ambitions \u00e9conomiques et commerciales maritimes de la Chine franchissent les lignes rouges russes. L’une d’entre elles serait de continuer \u00e0 consid\u00e9rer de vastes zones de l’oc\u00e9an Arctique comme une fronti\u00e8re commune ou strat\u00e9gique \u00e0 l’\u00e9chelle mondiale. Le fait que la Chine consid\u00e8re la r\u00e9gion arctique comme un \u00ab commun mondial \u00bb provoquera des frictions avec la Russie. Cela pourrait potentiellement conduire \u00e0 une rupture de ce partenariat \u00e0 l’avenir, en particulier si l’on s’inqui\u00e8te \u00e0 nouveau du resserrement de l’emprise \u00e9conomique de la Chine sur l’AZRF. Si Poutine et Xi affichent pour l\u2019instant une amiti\u00e9 \u00e0 toute \u00e9preuve, il n’en reste pas moins que Poutine et d’autres \u00e0 Moscou sont profond\u00e9ment perturb\u00e9s par le spectre d’un d\u00e9clin \u00e0 long terme provoqu\u00e9 par la diminution de la population, avec des d\u00e9penses croissantes aggrav\u00e9es par des perturbations \u00e9cologiques de plus en plus graves telles que d’immenses incendies de for\u00eat et le d\u00e9gel du permafrost. Ailleurs, les limites internationales de la Russie sont consid\u00e9r\u00e9es comme des fronti\u00e8res susceptibles d’\u00eatre \u00e9largies en fonction des nouvelles opportunit\u00e9s strat\u00e9giques qui se pr\u00e9sentent. Pour l’instant, l’accent est mis sur l’Ukraine. Demain, il pourrait \u00eatre d\u00e9plac\u00e9 vers les \u00c9tats baltes, la Finlande, la Norv\u00e8ge et d’autres r\u00e9gions de l’ex-Union sovi\u00e9tique.<\/p>\n\n\n\n

Le Danemark, le Groenland et les \u00c9tats-Unis<\/h2>\n\n\n\n

En juin 2020, la statue du missionnaire dano-norv\u00e9gien et colonisateur Hans Egede (1686-1758) a \u00e9t\u00e9 vandalis\u00e9e par des manifestants dans la capitale groenlandaise de Nuuk. La statue et son socle ont \u00e9t\u00e9 \u00e9clabouss\u00e9s de peinture rouge et le mot \u00ab d\u00e9coloniser \u00bb a \u00e9t\u00e9 \u00e9crit \u00e0 la peinture blanche. L’incident s’est produit le jour de la f\u00eate nationale du Groenland, le 21 juin. La f\u00eate nationale a \u00e9t\u00e9 c\u00e9l\u00e9br\u00e9e pour la toute premi\u00e8re fois en 1983, mais en 2020, c’\u00e9tait la premi\u00e8re fois que la statue, \u00e9rig\u00e9e en 1921, \u00e9tait prise pour cible de mani\u00e8re aussi directe. La tache rouge sur la statue rappelle \u00e0 quel point le sentiment politique anticolonial influence la culture politique contemporaine de l’\u00eele. <\/p>\n\n\n\n

Les jeunes Groenlandais ont plus d’affinit\u00e9s avec la Norv\u00e8ge qu’avec la m\u00e9tropole de Copenhague et les m\u0153urs danoises. Si les habitants de Nuuk sont g\u00e9n\u00e9ralement divis\u00e9s au sujet de la statue, la jeune g\u00e9n\u00e9ration est d\u00e9termin\u00e9e \u00e0 ce que la relation du Groenland avec le Danemark soit \u00ab d\u00e9colonis\u00e9e \u00bb \u00e0 un moment ou \u00e0 un autre. Il convient de rappeler que ce n’est que depuis tr\u00e8s r\u00e9cemment que les jeunes Groenlandais peuvent terminer leur scolarit\u00e9 sur l\u2019\u00eele au lieu d’\u00eatre envoy\u00e9s dans des lyc\u00e9es au Danemark.<\/p>\n\n\n\n

La connectivit\u00e9 et la r\u00e9silience de l’Internet au Groenland seront une source d’int\u00e9r\u00eat permanent pour l’administration Trump. L’une des raisons en est que l’acc\u00e8s au service Starlink d’Elon Musk est actuellement ill\u00e9gal au Groenland<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Toutes ces raisons font que l’image de Donald Trump Jr. devant cette statue en janvier 2025 a \u00e9t\u00e9 plus que troublante. Mais la statue d\u00e9grad\u00e9e de Hans Egede rappelle aussi que le peuple groenlandais est intimement conscient des calculs g\u00e9opolitiques des autres. <\/p>\n\n\n\n

Un an plus t\u00f4t, comme nous l’avons vu, le Groenland avait fait la une des journaux lorsque l’ancien pr\u00e9sident Donald Trump a fait quelques remarques sur l’achat de la plus grande \u00eele du monde. Ce n’\u00e9tait pas la premi\u00e8re fois que les \u00c9tats-Unis proposaient d’en devenir propri\u00e9taires. En 1946, le pr\u00e9sident Harry Truman en avait offert 100 millions de dollars en or. La raison de cette offre \u00e9tait tout simplement \u00e9conomique et g\u00e9ostrat\u00e9gique. En 1946, le Danemark avait d\u00e9clin\u00e9 l’offre de Truman. Cette ann\u00e9e, la Premi\u00e8re ministre danoise, Mette Frederiksen, a tr\u00e8s publiquement rejet\u00e9 l’offre de Trump. En 2019, le gouvernement du Groenland avait \u00e9galement rejet\u00e9 l’approche pr\u00e9sidentielle. C\u2019est un rappel que le Groenland est un endroit tr\u00e8s diff\u00e9rent de ce que Truman et ses conseillers pensaient conna\u00eetre et consid\u00e9raient comme un \u00ab porte-avions insubmersible \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

En 2009, \u00e0 la suite d’un r\u00e9f\u00e9rendum historique, le groenlandais a remplac\u00e9 le danois comme langue officielle. Le peuple groenlandais peut d\u00e9sormais acc\u00e9der \u00e0 tout moment \u00e0 l’ind\u00e9pendance s’il le souhaite, sous r\u00e9serve d’un nouveau r\u00e9f\u00e9rendum<\/a>. Le gouvernement du Groenland a des repr\u00e9sentants dans plusieurs capitales europ\u00e9ennes ainsi qu’\u00e0 Washington. L’ind\u00e9pendance n’est pas une priorit\u00e9 imm\u00e9diate pour la plupart ses 56 000 habitants, mais les \u00e9lecteurs du pays savent que les ressources de l’\u00eele, le poisson, les crevettes et les min\u00e9raux tels que l’uranium, les rubis et les terres rares suscitent un int\u00e9r\u00eat consid\u00e9rable. Lors des \u00e9lections groenlandaises de 2021, le parti vainqueur \u2014 le parti d\u00e9mocratique-socialiste Inuit Ataqatigiit \u2014 s’est pr\u00e9sent\u00e9 avec le mandat de mettre fin \u00e0 un projet minier controvers\u00e9 dans le sud du pays.<\/p>\n\n\n\n

L’exploitation mini\u00e8re continue de diviser : alors que certains consid\u00e8rent l’extraction mini\u00e8re \u2014 y compris d’\u00e9ventuels forages p\u00e9troliers et gaziers en mer \u2014 comme faisant partie int\u00e9grante de l’ind\u00e9pendance future, d’autres craignent que les co\u00fbts environnementaux soient trop \u00e9lev\u00e9s pour un pays qui souhaite \u00e9galement se promouvoir sur la sc\u00e8ne mondiale comme une destination touristique de \u00ab pleine nature \u00bb. Pour l’instant, sur le plan financier, la dotation globale annuelle \u2014 d’une valeur d’environ 530 millions d’euros \u2014 accord\u00e9e par le gouvernement danois permet de financer la gouvernance civique et les services publics tels que l’\u00e9ducation, la sant\u00e9 et la protection sociale.<\/p>\n\n\n\n

En f\u00e9vrier 2024, le gouvernement a publi\u00e9 un document de politique \u00e9trang\u00e8re, de s\u00e9curit\u00e9 et de d\u00e9fense. Cette doctrine est intitul\u00e9e \u00ab Le Groenland dans le monde : rien sur nous sans nous \u00bb et exprime clairement les aspirations et les attentes du Groenland en mati\u00e8re de consultation et d’engagement. Elle renforce \u00e9galement une demande \u00e0 long terme visant \u00e0 garantir une marge de man\u0153uvre toujours plus grande pour op\u00e9rer ind\u00e9pendamment de Copenhague. D’un point de vue g\u00e9ographique, le Danemark ne serait pas un \u00c9tat arctique sans le Groenland : dans le cadre des accords de d\u00e9centralisation au sein du Royaume du Danemark, le Groenland et les \u00eeles F\u00e9ro\u00e9 ont d\u00e9sormais la possibilit\u00e9, en vertu de ce que l’on appelle des \u00ab accords d’autorisation \u00bb, de s’engager dans des questions de politique \u00e9trang\u00e8re, les implications de ces accords \u00e9tant principalement ax\u00e9es sur ces parties sp\u00e9cifiques du Royaume danois. Le Danemark conserve toutefois des pouvoirs g\u00e9n\u00e9raux pour mener la politique \u00e9trang\u00e8re et de s\u00e9curit\u00e9 dans l’ensemble du Royaume. Ces derni\u00e8res ann\u00e9es, les hommes politiques groenlandais se sont montr\u00e9s de plus en plus d\u00e9termin\u00e9s \u00e0 remettre en question la camisole de force constitutionnelle \u00e0 laquelle de nombreux habitants de Nuuk estiment que le Groenland est soumis.<\/p>\n\n\n\n\n

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Des pilotes dans le cockpit d’un avion de transport C-130 exploit\u00e9 par la New York Air National Guard. L’avion est en route vers Kangerlussuaq, dans le sud du Groenland, avec un contingent de membres d’\u00e9quipage de l’USAF, la calotte glaciaire du Groenland pour une formation \u00e0 la survie dans l’Arctique. L’avion est exploit\u00e9 par la 109e escadre de transport a\u00e9rien, sp\u00e9cialis\u00e9e dans les missions polaires. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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L’\u00e9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au Camp Rvaen sur la calotte glaciaire du Groenland pour une formation \u00e0 la survie dans l’Arctique s’engage dans un match impromptu de football arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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Des pilotes dans le cockpit d’un avion de transport C-130 exploit\u00e9 par la New York Air National Guard. L’avion est en route vers Kangerlussuaq, dans le sud du Groenland, avec un contingent de membres d’\u00e9quipage de l’USAF, la calotte glaciaire du Groenland pour une formation \u00e0 la survie dans l’Arctique. L’avion est exploit\u00e9 par la 109e escadre de transport a\u00e9rien, sp\u00e9cialis\u00e9e dans les missions polaires. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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L’\u00e9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au Camp Rvaen sur la calotte glaciaire du Groenland pour une formation \u00e0 la survie dans l’Arctique s’engage dans un match impromptu de football arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

La strat\u00e9gie 2024 contient \u00e9galement des observations importantes en mati\u00e8re de d\u00e9fense. <\/p>\n\n\n\n

\u00c0 la suite de l’invasion de l’Ukraine en 2022, les dirigeants politiques du Groenland ont exprim\u00e9 leur soutien aux sanctions contre Moscou. Alors que les gouvernements groenlandais pr\u00e9c\u00e9dents avaient exprim\u00e9 des r\u00e9serves quant \u00e0 une militarisation accrue de l’\u00eele \u2014 un point qui a \u00e9t\u00e9 utilis\u00e9 par les gouvernements danois pr\u00e9c\u00e9dents pour justifier leur investissement relativement modeste dans les capacit\u00e9s militaires de l’Arctique \u2014, dans le contexte post-invasion, il a \u00e9t\u00e9 reconnu publiquement qu’un investissement suppl\u00e9mentaire dans la s\u00e9curit\u00e9 et la surveillance \u00e9tait n\u00e9cessaire. La strat\u00e9gie indique que \u00ab le Groenland continuera \u00e0 coop\u00e9rer avec les autorit\u00e9s de d\u00e9fense du Danemark et des \u00c9tats-Unis, en partie de la mani\u00e8re la plus b\u00e9n\u00e9fique pour maintenir une pr\u00e9sence et des installations militaires au Groenland \u00bb <\/span>36<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Elle propose \u00e9galement la cr\u00e9ation d’un nouveau forum politique appel\u00e9 Forum nord-am\u00e9ricain de l’Arctique et \u00e9voque la n\u00e9cessit\u00e9 d’un engagement plus important avec l’Alaska et le Canada arctique en g\u00e9n\u00e9ral. L’Union europ\u00e9enne est \u00e0 peine mentionn\u00e9e. La strat\u00e9gie souligne \u00e0 plusieurs reprises que toutes ces actions doivent \u00eatre men\u00e9es en tenant compte de la mani\u00e8re dont une pr\u00e9sence militaire et \u00e9conomique renforc\u00e9e pourrait b\u00e9n\u00e9ficier au peuple groenlandais.<\/p>\n\n\n\n

Bien que l’actuel Premier ministre groenlandais, M\u00fate Egede<\/a>, ait clairement indiqu\u00e9 que le Groenland n’\u00e9tait pas \u00ab \u00e0 vendre \u00bb, les relations avec Copenhague sont difficiles. La langue, la culture et le statut de la famille royale pourraient devenir des sources de friction \u00e0 l’avenir. Bien que la famille royale soit populaire, certains signes indiquent que les jeunes Groenlandais ne sont pas aussi \u00e9pris d’elle que les habitants plus \u00e2g\u00e9s <\/span>37<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En mai 2023, il a d’ailleurs \u00e9t\u00e9 largement rapport\u00e9 que la d\u00e9put\u00e9e groenlandaise Aki-Matilda Hoegh-Dam avait refus\u00e9 de s’exprimer en danois lors d’un d\u00e9bat au parlement national \u00e0 Copenhague, ce qui a suscit\u00e9 l’indignation de la ville. Un an plus t\u00f4t, l’ambassade des \u00c9tats-Unis \u00e0 Copenhague avait lanc\u00e9 un appel \u00e0 financement pour des recherches sur \u00ab l’identification du \u2018symposium de d\u00e9sinformation\u2019 au Groenland \u00bb. Cela pourrait \u00eatre consid\u00e9r\u00e9 comme un rappel pr\u00e9monitoire du fait que les divisions sociales au sein du Royaume danois pourraient attirer des campagnes de d\u00e9sinformation de la part de tiers hostiles <\/span>38<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La langue groenlandaise a rendu plus difficile l’infiltration par des tiers d’une interaction de r\u00e9seau social groenlandais sur Facebook, mais une \u00e9tude de 2024 a conclu que cela pourrait changer rapidement avec des mod\u00e8les de langage d’IA am\u00e9lior\u00e9s. Les relations entre le Groenland et le Danemark sont les questions les plus susceptibles d’\u00eatre exploit\u00e9es \u00e0 l’avenir par des acteurs malveillants, compte tenu des griefs historiques tels que l’assimilation forc\u00e9e des enfants groenlandais dans les ann\u00e9es 1950, et des travaux actuels sur un projet de constitution pour le Groenland <\/span>39<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Le message de Donald Trump concernant \u00ab l’achat \u00bb du Groenland intervient \u00e0 un moment o\u00f9 le Danemark et le Groenland sont encore en train de chercher comment construire une relation respectueuse l’un avec l’autre.<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

En d\u00e9cembre 2024, le gouvernement danois a confirm\u00e9 un nouveau programme de d\u00e9fense pour le Groenland d’une valeur de 1,5 milliard de dollars <\/span>40<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Une partie de l’investissement sera consacr\u00e9e \u00e0 la modernisation du Commandement de l’Arctique \u00e0 Nuuk ainsi qu’\u00e0 l’achat de nouveaux \u00e9quipements \u2014 y compris des drones. Bien que le gouvernement danois ait tenu \u00e0 souligner que le message du pr\u00e9sident Trump n’\u00e9tait qu’une co\u00efncidence de calendrier, il a n\u00e9anmoins mis en \u00e9vidence la reconnaissance publique du fait que l’investissement historique de Copenhague dans la d\u00e9fense avait \u00e9t\u00e9 trop faible. Le gouvernement danois actuel s’est efforc\u00e9 d’exprimer non seulement sa solidarit\u00e9 avec le peuple ukrainien mais aussi de souligner la d\u00e9t\u00e9rioration de la situation en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9 dans la mer Baltique, en Ukraine et dans la r\u00e9gion arctique. En novembre 2024, le ministre danois de la d\u00e9fense s’est rendu au Groenland et s’est de nouveau entretenu avec son homologue groenlandais sur des questions d’int\u00e9r\u00eat mutuel <\/span>41<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Le message de Donald Trump concernant \u00ab l’achat \u00bb du Groenland intervient \u00e0 un moment o\u00f9 le Danemark et le Groenland sont encore en train de chercher comment construire une relation respectueuse l’un avec l’autre. Le professeur Ebbe Volquardsen de l’Ilisimatusarfik, l’universit\u00e9 du Groenland, a r\u00e9cemment expliqu\u00e9 que le Danemark se consid\u00e9rait comme un partenaire bienveillant, quoique dominant :<\/p>\n\n\n\n

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\u00ab Le Groenland, la derni\u00e8re colonie restante, a \u00e9t\u00e9 incorpor\u00e9 \u00e0 l’\u00c9tat en tant que comt\u00e9 formellement \u00e9gal en 1953. Paradoxalement, cependant, de nombreux Groenlandais ont v\u00e9cu l’\u00e9volution suivante comme le v\u00e9ritable d\u00e9but de la domination coloniale : La politique danoise du Groenland dans les d\u00e9cennies d’apr\u00e8s-guerre visait \u00e0 assimiler la population indig\u00e8ne \u00e0 un mode de vie europ\u00e9en et, comme on le disait parfois, \u00e0 en faire des \u00ab Danois du Nord… \u00bb. La subvention annuelle d’un demi-milliard de dollars vers\u00e9e par le Danemark au budget du Groenland, qui maintient le pays dans la d\u00e9pendance, a souvent \u00e9t\u00e9 consid\u00e9r\u00e9e comme un don altruiste. Ainsi, les demandes croissantes d’autonomie et de r\u00e9paration des injustices subies par le Groenland pendant et apr\u00e8s la p\u00e9riode coloniale ont \u00e9t\u00e9 interpr\u00e9t\u00e9es au Danemark comme un manque de gratitude, ce qui a permis d’\u00e9touffer dans l’\u0153uf de nombreuses discussions d\u00e9sagr\u00e9ables. \u00bb<\/em> <\/span>42<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

La fa\u00e7on dont Nuuk et Copenhague s’engagent avec les \u00c9tats-Unis de Donald Trump pourrait r\u00e9v\u00e9ler d’autres \u00e9l\u00e9ments sur l’avenir d’une \u00eele de 56 000 habitants \u2014 dont la grande majorit\u00e9 s’identifie comme Inuit. La strat\u00e9gie 2024 du Groenland indique clairement que l’\u00eele fait partie de la masse continentale nord-am\u00e9ricaine et qu’il y a un int\u00e9r\u00eat \u00e9vident \u00e0 assurer de bonnes relations \u00e9conomiques, culturelles et s\u00e9curitaires avec les voisins proches. Si la strat\u00e9gie indique clairement que le peuple groenlandais souhaite un Arctique \u00ab \u00e0 faible tension \u00bb, il est conscient que le monde est aujourd’hui beaucoup moins s\u00fbr qu’il ne l’\u00e9tait au moment de la publication de la politique arctique du Royaume du Danemark (2011-2020) <\/span>43<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les Groenlandais, en particulier, reconnaissent que leur \u00eele suscite d\u00e9sormais beaucoup plus d’int\u00e9r\u00eat, car les \u00ab points chauds \u00bb de l’Arctique et les \u00ab batailles pour les territoires et les ressources \u00bb sont de plus en plus au centre des d\u00e9bats.<\/p>\n\n\n\n

Que se passerait-il si Trump offrait \u00e0 Nuuk l’\u00e9quivalent d’un milliard d’euros par an ?<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

En 2023, un diplomate groenlandais a accompagn\u00e9 la d\u00e9l\u00e9gation danoise au quartier g\u00e9n\u00e9ral de l’OTAN \u00e0 Bruxelles <\/span>44<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Comme l’a fait remarquer \u00e0 l’\u00e9poque Vivian Motzfeldt, ministre des affaires \u00e9trang\u00e8res, des affaires et du commerce du Groenland, \u00ab il est \u00e9galement important que l’OTAN comprenne mieux les conditions particuli\u00e8res de notre r\u00e9gion et de notre soci\u00e9t\u00e9, et se familiarise avec nos int\u00e9r\u00eats, nos valeurs et nos priorit\u00e9s \u00bb. La m\u00eame ann\u00e9e, les \u00c9tats-Unis ont accept\u00e9 que le nom officiel de la base am\u00e9ricaine au nord du Groenland soit chang\u00e9 de Thule Air Base \u00e0 Pituffik Space Base. Au-del\u00e0 du Groenland proprement dit, les \u00c9tats-Unis ont men\u00e9 un exercice militaire appel\u00e9 Northern Viking au cours de l’\u00e9t\u00e9 2024 \u2014 avec l’Islande et d’autres partenaires de l’OTAN, dont le Danemark et la Norv\u00e8ge \u2014, dont l’objectif explicite \u00e9tait de se concentrer sur la d\u00e9fense des lignes de communication maritimes autour du \u00ab GIUK \u00bb <\/span>45<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Tout cela met en \u00e9vidence une demande clef du gouvernement du Groenland, \u00e0 savoir que le Danemark et l’OTAN s’engagent directement avec eux, qu’il s’agisse des int\u00e9r\u00eats du Groenland sur terre, en mer ou dans l’espace.<\/p>\n\n\n\n\n

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Un panneau indiquant les temps de trajet en avion vers les villes, \u00e0 Kangerlussuaq, une ville du sud du Groenland qui poss\u00e8de un a\u00e9roport \u00e9galement utilis\u00e9 par l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine. La mince bande de terre qui longe la c\u00f4te est la seule partie du grand sous-continent du Groenland qui n’est pas recouverte d’une immense calotte glaciaire. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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Des membres d’\u00e9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au camp Rvaen sur la calotte glaciaire du Groenland pour s’entra\u00eener \u00e0 la survie dans l’Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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Un panneau indiquant les temps de trajet en avion vers les villes, \u00e0 Kangerlussuaq, une ville du sud du Groenland qui poss\u00e8de un a\u00e9roport \u00e9galement utilis\u00e9 par l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine. La mince bande de terre qui longe la c\u00f4te est la seule partie du grand sous-continent du Groenland qui n’est pas recouverte d’une immense calotte glaciaire. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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Des membres d’\u00e9quipage de l’arm\u00e9e de l’air am\u00e9ricaine au camp Rvaen sur la calotte glaciaire du Groenland pour s’entra\u00eener \u00e0 la survie dans l’Arctique. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Alors que l’administration Trump pourrait chercher \u00e0 assouplir davantage l’accord de 1951, il est possible que les \u00c9tats-Unis exigent des droits et des responsabilit\u00e9s suppl\u00e9mentaires pour la d\u00e9fense et la s\u00e9curit\u00e9 mutuelles de l’\u00eele. Rien de tout cela ne serait incompatible avec cet accord, qui a lui-m\u00eame \u00e9t\u00e9 modifi\u00e9 au cours de la p\u00e9riode \u00e9coul\u00e9e (\u00e0 partir de 1951) \u2014 tout cela sera d\u00e9sormais temp\u00e9r\u00e9 par l’obsession apparente du pr\u00e9sident Trump \u00e0 l’\u00e9gard du Groenland en tant que partie int\u00e9grante des \u00c9tats-Unis. Le journaliste am\u00e9ricain Peter Baker, coauteur d’un livre sur la premi\u00e8re pr\u00e9sidence Trump intitul\u00e9 The Divider<\/em>, a \u00e9crit que :<\/p>\n\n\n\n

\n

\u00ab Trump a par la suite affirm\u00e9 que l’id\u00e9e lui avait \u00e9t\u00e9 personnellement inspir\u00e9e. J’ai dit : \u2018Pourquoi n’avons-nous pas cela ?\u2019, s’est-il souvenu lors d’un entretien accord\u00e9 l’ann\u00e9e derni\u00e8re pour le livre. \u2018Vous regardez une carte. Je suis promoteur immobilier. Je regarde un coin de rue et je me dis : \u2018Il faut que je trouve ce magasin pour l’immeuble que je construis\u2019, etc. Ce n’est pas si diff\u00e9rent\u2019. Il ajoutait : \u2018J’adore les cartes. Et j’ai toujours dit : Regardez la taille de ceci. C’est \u00e9norme. Cela devrait faire partie des \u00c9tats-Unis\u2019. Mais en fait, M. Lauder en a discut\u00e9 avec lui d\u00e8s les premiers jours de la pr\u00e9sidence et s’est propos\u00e9 comme interm\u00e9diaire pour n\u00e9gocier avec le gouvernement danois. John R. Bolton, le conseiller \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 nationale, a charg\u00e9 son assistante Fiona Hill de constituer une petite \u00e9quipe charg\u00e9e de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 des id\u00e9es. Ils ont engag\u00e9 des discussions secr\u00e8tes avec l’ambassadeur du Danemark et ont produit un m\u00e9mo sur les options. \u00bb<\/em> <\/span>46<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Quelle que soit l’inspiration d’origine, il est certain que Trump est susceptible de causer des contrari\u00e9t\u00e9s r\u00e9p\u00e9t\u00e9es \u00e0 Copenhague aussi bien qu\u2019\u00e0 Nuuk. Si le Groenland ne sera peut-\u00eatre pas vendu aux \u00c9tats-Unis au cours de la deuxi\u00e8me administration, l’attrait de nouvelles opportunit\u00e9s d’investissement et de commerce am\u00e9ricaines ne manquera pas d\u2019\u00eatre une proposition attrayante pour Nuuk. La menace de tarifs douaniers \u00e0 l’encontre du Danemark et de l’Union europ\u00e9enne ayant d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 formul\u00e9e avant m\u00eame l’entr\u00e9e en fonction de Donald Trump, l’inqui\u00e9tude de tout gouvernement du Groenland sera d’\u00eatre pris dans le tourbillon de la politique des grandes puissances. Si Nuuk veut s’\u00e9loigner d’une d\u00e9pendance excessive \u00e0 l’\u00e9gard de la dotation globale danoise, le d\u00e9fi consistera \u00e0 \u00e9galer, voire \u00e0 d\u00e9passer, l’engagement danois actuel d’ann\u00e9e en ann\u00e9e. Et ce que Trump et son \u00e9quipe pourraient faire dans le cadre d\u2019une pratique de son proverbial art of the deal<\/em> consisterait proposer non seulement d’\u00e9galer cette \u00ab subvention \u00bb mais de la d\u00e9passer de mani\u00e8re substantielle. <\/p>\n\n\n\n

Que se passerait-il si Trump offrait \u00e0 Nuuk l’\u00e9quivalent d’un milliard d’euros par an ?<\/p>\n\n\n\n

L’importance g\u00e9ostrat\u00e9gique du Groenland<\/h2>\n\n\n\n

Quoi qu’il en soit, les quatre ou cinq prochaines ann\u00e9es seront d\u00e9terminantes pour la g\u00e9opolitique de l’Arctique. Le Groenland y occupera une place de choix pour plusieurs raisons. Le premier facteur est tout simplement la question qui restera d’actualit\u00e9 ind\u00e9pendamment de ce qui se passe ailleurs dans la r\u00e9gion arctique : la qu\u00eate d’ind\u00e9pendance de l\u2019\u00eele. Les relations entre le Danemark et le Groenland \u2014 quoi que fasse ou dise Trump \u2014 resteront tendues. Si la plupart des Groenlandais sont favorables \u00e0 l’ind\u00e9pendance, la pierre d’achoppement est la cr\u00e9ation de richesses et la crainte qu’une int\u00e9gration \u00e9conomique plus \u00e9troite avec les \u00c9tats-Unis ne cr\u00e9e une nouvelle relation \u00ab coloniale \u00bb avec Washington plut\u00f4t qu’avec Copenhague. Bruxelles s’int\u00e9resse \u00e9galement au Groenland : en mars 2024, l’Union a inaugur\u00e9 un bureau officiel \u00e0 Nuuk et la pr\u00e9sidente Ursula von der Leyen a d\u00e9clar\u00e9 \u00e0 l’\u00e9poque :<\/p>\n\n\n\n

\n

\u00ab Notre nouveau bureau \u00e0 Nuuk marque le d\u00e9but d’une nouvelle \u00e8re du partenariat UE-Groenland, avec une pr\u00e9sence concr\u00e8te de l’Europe au Groenland et dans la r\u00e9gion arctique au sens large. Gr\u00e2ce \u00e0 nos deux nouveaux accords, nous investirons dans les \u00e9nergies propres, les mati\u00e8res premi\u00e8res essentielles et les comp\u00e9tences au Groenland. De nouveaux emplois au Groenland, une meilleure s\u00e9curit\u00e9 d’approvisionnement pour l’Europe : nous pouvons tous deux b\u00e9n\u00e9ficier d’une plus grande coop\u00e9ration dans ces domaines. \u00bb<\/em> <\/span>47<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Le potentiel des ressources du Groenland suscite un int\u00e9r\u00eat consid\u00e9rable, en particulier les min\u00e9raux, dont les terres rares. Les \u00c9tats-Unis s’int\u00e9ressent de pr\u00e8s \u00e0 l’approvisionnement de 50 \u00ab min\u00e9raux critiques \u00bb, largement reconnus comme essentiels aux technologies vertes telles que les voitures \u00e9lectriques et les \u00e9oliennes, ainsi qu’\u00e0 la production de syst\u00e8mes d’armes militaires. La domination de la Chine sur les cha\u00eenes d’approvisionnement en terres rares est une source d’inqui\u00e9tude pour d’autres pays, et les \u00c9tats-Unis comme l’Union europ\u00e9enne cherchent \u00e0 diversifier leurs sources et \u00e0 d\u00e9velopper leurs propres capacit\u00e9s de raffinage. Les investisseurs am\u00e9ricains comprennent des personnes \u00e0 haute fortune telles que Jeff Bezos et Bill Gates par l’interm\u00e9diaire de KoBold Metals, ainsi que d’autres figures comme Michael Bloomberg <\/span>48<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Au Groenland, il y a deux mines en activit\u00e9 sur l’\u00eele et cinq autres en cours de d\u00e9veloppement. Les progr\u00e8s ont \u00e9t\u00e9 lents, en partie \u00e0 cause des conditions d’exploitation difficiles, mais la mine la plus prometteuse est celle de Tanbreez, dans le sud de l’\u00eele. Elle devrait \u00eatre op\u00e9rationnelle en 2028 <\/span>49<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Elle est largement consid\u00e9r\u00e9e comme le plus grand projet minier de ce type au monde et promet d’offrir un approvisionnement s\u00fbr et s\u00e9curis\u00e9 aux consommateurs de l’Union et d’Am\u00e9rique du Nord. D’autres min\u00e9raux tels que le plomb, le zinc, l’uranium et le minerai de fer ont tous \u00e9t\u00e9 cit\u00e9s comme \u00e9tant commercialement importants. Un autre projet minier, appel\u00e9 Malmberg, devrait \u00eatre op\u00e9rationnel apr\u00e8s Tanbreez. La loi sur les mati\u00e8res premi\u00e8res critiques de l’Union a fix\u00e9 des crit\u00e8res pour la capacit\u00e9 nationale de l’Union \u00e0 atteindre d’ici 2030 : 10 % des besoins annuels de l’Union pour l’extraction, 40 % pour la transformation et 25 % pour le recyclage <\/span>50<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le Groenland et l’Europe du Nord ont tous \u00e9t\u00e9 identifi\u00e9s comme des zones critiques pour l’exploration et l’extraction. Pour le gouvernement du Groenland, les terres rares offrent la possibilit\u00e9 de diversifier l’\u00e9conomie de l’\u00eele au-del\u00e0 de la p\u00eache et du tourisme, mais la participation locale au march\u00e9 du travail minier est tr\u00e8s modeste. Le d\u00e9veloppement de projets miniers n\u00e9cessiterait l’introduction de centaines de travailleurs \u00e9trangers et, dans le pass\u00e9, on a pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 promouvoir la p\u00eache et le tourisme.<\/p>\n\n\n\n

Le troisi\u00e8me \u00e9l\u00e9ment qui sous-tend la position g\u00e9ostrat\u00e9gique du Groenland est l’accessibilit\u00e9. Depuis la Seconde Guerre mondiale, l\u2019\u00eele a suscit\u00e9 l’int\u00e9r\u00eat en tant qu’escale pour les vols transatlantiques et\/ou en tant qu’autoroute maritime reliant l’Arctique, le passage du Nord-Ouest du Canada et l’Atlantique Nord via la baie de Baffin. La mer du Groenland serait l’\u00e9tendue d’eau que tout navire traverserait s’il se dirigeait vers le p\u00f4le Nord. Jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent, la demande a \u00e9t\u00e9 modeste par rapport au trafic maritime le long de la route maritime du Nord de la Russie, mais on s’attend g\u00e9n\u00e9ralement \u00e0 ce que l’activit\u00e9 continue de cro\u00eetre. En 2024, Blue Water Shipping a annonc\u00e9 de nouveaux investissements dans les installations portuaires de Nuuk afin de traiter des volumes plus importants de marchandises commerciales <\/span>51<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Des commentateurs am\u00e9ricains et d’anciens conseillers du pr\u00e9sident Trump ont attir\u00e9 l’attention sur l’importance du potentiel de ressources offshore<\/em> de l’\u00eele et de sa proximit\u00e9 avec des zones d’int\u00e9r\u00eat pour les \u00c9tats-Unis et d’autres parties, dont la Chine.<\/p>\n\n\n\n

Pendant la guerre froide, le Groenland est devenu une partie int\u00e9grante de la surveillance militaire, en particulier de l’activit\u00e9 maritime et a\u00e9rienne sovi\u00e9tique \u2014 et plus tard russe. La base a\u00e9rienne de Thul\u00e9 faisait \u00e9galement partie d’un syst\u00e8me d’alerte pr\u00e9coce pour les missiles balistiques, con\u00e7u pour d\u00e9tecter les missiles sovi\u00e9tiques traversant l’oc\u00e9an Arctique et se dirigeant vers des cibles nord-am\u00e9ricaines. Le Groenland \u00e9tait consid\u00e9r\u00e9 comme id\u00e9al pour le suivi de ces missiles \u2014 et plus tard pour le suivi par satellite \u2014 en raison de son \u00e9loignement relatif. En juin 2024, le personnel militaire am\u00e9ricain stationn\u00e9 \u00e0 Pituffik a accueilli le roi du Danemark et le premier ministre du Groenland. Le commandant am\u00e9ricain, le colonel Jason Terry, a expliqu\u00e9 pourquoi la base \u00e9tait strat\u00e9giquement importante :<\/p>\n\n\n\n

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\u00ab La base spatiale de Pituffik permet \u00e9galement aux partenaires de l’OTAN de transborder et de r\u00e9approvisionner les bases danoises et canadiennes isol\u00e9es, et d’assurer occasionnellement des vols d’entra\u00eenement sur de longues distances ainsi qu’un soutien m\u00e9dical d’urgence essentiel pour le nord-ouest du Groenland, les voies maritimes voisines et les a\u00e9ronefs civils en vol<\/em>. \u00bb <\/span>52<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n\n

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\n \n \"Un\n <\/picture>\n
Un avion C-130 de la Garde nationale a\u00e9rienne de New York \u00e9quip\u00e9 de skis transporte un contingent de membres d’\u00e9quipage de l’USAF vers la calotte glaciaire du Groenland pour un entra\u00eenement \u00e0 la survie dans l’Arctique. L’avion est exploit\u00e9 par la 109e escadre de transport a\u00e9rien, sp\u00e9cialis\u00e9e dans les missions polaires. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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\n \n \"La\n <\/picture>\n
La calotte glaciaire du Groenland vue d’un avion C-130 de l’US Air Force. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock <\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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Un avion C-130 de la Garde nationale a\u00e9rienne de New York \u00e9quip\u00e9 de skis transporte un contingent de membres d’\u00e9quipage de l’USAF vers la calotte glaciaire du Groenland pour un entra\u00eenement \u00e0 la survie dans l’Arctique. L’avion est exploit\u00e9 par la 109e escadre de transport a\u00e9rien, sp\u00e9cialis\u00e9e dans les missions polaires. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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La calotte glaciaire du Groenland vue d’un avion C-130 de l’US Air Force. Groenland, Kangerlussuaq, 19 janvier 2025. \u00a9 Rob Schoenbaum\/ZUMA Press Wire\/Shutterstock <\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

La strat\u00e9gie arctique des \u00c9tats-Unis, publi\u00e9e par le Pentagone en juillet 2024, met fortement l’accent sur le fait qu’un environnement strat\u00e9gique difficile n\u00e9cessitera un engagement et une collaboration toujours plus importants avec les partenaires de l’OTAN. La strat\u00e9gie reconna\u00eet \u00e9galement qu’il est n\u00e9cessaire d’investir davantage et de d\u00e9velopper ces capacit\u00e9s de surveillance au-dessus du Groenland, afin d’assurer un meilleur suivi des missiles balistiques intercontinentaux et des satellites en orbite basse <\/span>53<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

La mer du Groenland serait l’\u00e9tendue d’eau que tout navire traverserait s’il se dirigeait vers le p\u00f4le Nord. <\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Enfin, la connectivit\u00e9 et la r\u00e9silience de l’Internet au Groenland seront une source d’int\u00e9r\u00eat permanent pour l’administration Trump. L’une des raisons en est que l’acc\u00e8s au service Starlink d’Elon Musk est actuellement ill\u00e9gal au Groenland <\/span>54<\/sup><\/a><\/span><\/span>. L’Autorit\u00e9 des t\u00e9l\u00e9communications du Groenland s’est engag\u00e9e dans un mod\u00e8le de co\u00fbts partag\u00e9s pour les utilisateurs, quelle que soit leur localisation sur l’\u00eele. Starlink pourrait en principe offrir une r\u00e9duction des co\u00fbts et il est prouv\u00e9 que ce service satellitaire est d\u00e9j\u00e0 utilis\u00e9 au Groenland. La question de la connectivit\u00e9 \u00e0 l’internet et de son accessibilit\u00e9 financi\u00e8re est d\u00e9licate, car le fournisseur public d’acc\u00e8s \u00e0 l’internet de l’\u00eele, Tusass, jouit d’un monopole commercial. Cette situation est aujourd’hui remise en question, car des articles de presse ont cit\u00e9 des sources groenlandaises qui ont plaid\u00e9 en faveur de l’autorisation de Starlink et d’autres fournisseurs d’acc\u00e8s \u00e0 offrir leurs services. <\/p>\n\n\n\n

Par ailleurs, des mises en garde ont \u00e9t\u00e9 \u00e9mises sur le fait qu’une d\u00e9pendance \u00e0 l’\u00e9gard de Starlink pourrait compromettre l’autonomie du Groenland (et la position op\u00e9rationnelle privil\u00e9gi\u00e9e de Tusass), m\u00eame si ce dernier offre une meilleure connectivit\u00e9 dans les r\u00e9gions les plus recul\u00e9es. En 2023, Tusass a confirm\u00e9 qu’elle mettait \u00e0 niveau l’infrastructure des stations terrestres sur deux sites \u00e0 Ittoqqortoormiit et Tasiilaq pour prendre en charge le nouveau satellite GreenSAT GEO qui sera lanc\u00e9 en f\u00e9vrier 2023. L’objectif de cet investissement \u00e9tait d’am\u00e9liorer la connectivit\u00e9 dans le nord et l’est du Groenland. Quel que soit le r\u00f4le futur de Starlink, l’infrastructure critique de l’\u00eele \u2014 y compris le c\u00e2ble sous-marin Greenland Connect reliant le Canada, le Groenland et l’Islande \u2014 sera une source de pr\u00e9occupation constante pour le gouvernement du Groenland, ainsi que pour d’autres pays, notamment le Danemark, l’Islande et les \u00c9tats-Unis <\/span>55<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Comme on l’a vu r\u00e9cemment au Svalbard et autour de la mer Baltique, le sabotage sous-marin a \u00e9t\u00e9 largement document\u00e9, les navires chinois et russes \u00e9tant soup\u00e7onn\u00e9s d’en \u00eatre les auteurs. Il est bien connu que le Groenland et l’Islande sont expos\u00e9s \u00e0 des perturbations importantes si ces c\u00e2bles \u00e9taient sectionn\u00e9s accidentellement ou d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment <\/span>56<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Tout cela nous rappelle une fois de plus que le Danemark va devoir faire face \u00e0 des pressions r\u00e9p\u00e9t\u00e9es pour investir davantage dans la surveillance maritime et la protection des infrastructures critiques au Groenland.<\/p>\n\n\n\n

Conclusion<\/h2>\n\n\n\n

Les \u00eeles vont prendre une importance d\u00e9mesur\u00e9e dans la deuxi\u00e8me administration du pr\u00e9sident Trump. Ta\u00efwan, Diego Garcia et le Groenland sont celles qui occuperont le plus de temps pr\u00e9sidentiel. Ta\u00efwan est confront\u00e9e \u00e0 la perspective d’un blocus chinois et d’une \u00e9ventuelle invasion avant 2027. La base militaire am\u00e9ricaine de Diego Garcia, sur le territoire britannique de l’oc\u00e9an Indien (BIOT), fait \u00e0 ce jour partie des n\u00e9gociations en cours entre le Royaume-Uni et l’\u00eele Maurice. Certains craignent que si le Royaume-Uni renonce \u00e0 sa souverainet\u00e9 sur le territoire, la s\u00e9curit\u00e9 op\u00e9rationnelle de Diego Garcia soit compromise, \u00e9tant donn\u00e9 que Maurice est un alli\u00e9 strat\u00e9gique de la Chine <\/span>57<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Enfin, l’avenir du Groenland continuera d’int\u00e9resser l’administration Trump. Gr\u00e2ce \u00e0 l’am\u00e9lioration des a\u00e9roports et de la connectivit\u00e9 satellitaire, l\u2019\u00eele accueille des moyens de surveillance am\u00e9ricains particuli\u00e8rement sensibles qui font partie int\u00e9grante des syst\u00e8mes d’alerte pr\u00e9coce et de la d\u00e9fense antimissile. Les installations a\u00e9riennes et navales du Groenland offrent \u00e9galement une connectivit\u00e9 importante entre l’Am\u00e9rique du Nord, l’Atlantique Nord et les r\u00e9gions arctiques au sens large. Avec le d\u00e9veloppement des activit\u00e9s polaires de la Chine, parfois en alliance avec la Russie, la pression restera forte pour que les \u00c9tats-Unis b\u00e9n\u00e9ficient d’un niveau \u00e9lev\u00e9 de connaissance op\u00e9rationnelle et d’une infrastructure de communication critique s\u00e9curis\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

La plus grande \u00eele du monde est la pierre angulaire de la d\u00e9fense et de la s\u00e9curit\u00e9 des r\u00e9gions de l’Arctique et de l’Atlantique Nord. Et le pr\u00e9sident Trump est susceptible de continuer \u00e0 attirer l’attention sur tout ce qui pr\u00e9c\u00e8de, m\u00eame si cela cause une g\u00eane consid\u00e9rable pour d’autres  \u2014 y compris les Danois. Rien de tout cela ne causera des nuits blanches \u00e0 un pr\u00e9sident qui pense que les \u00c9tats-Unis sont confront\u00e9s \u00e0 une menace existentielle de la part de la Chine et que ni l’ordre lib\u00e9ral international ni les petits alli\u00e9s r\u00e9gionaux de l’OTAN ne peuvent fournir le niveau d’investissement en mati\u00e8re de d\u00e9fense et de s\u00e9curit\u00e9 que les \u00c9tats-Unis attendent.<\/p>\n\n\n\n

S’assurer que le Groenland ne tombe pas dans l’orbite \u00e9conomique et s\u00e9curitaire de la Chine est une consid\u00e9ration importante \u2014 tout comme le fait d’emp\u00eacher le gouvernement du Groenland de chercher \u00e0 adh\u00e9rer \u00e0 l’Union. <\/p>\n\n\n\n

Quoi qu’il en soit, United Airlines commencera \u00e0 proposer des vols directs entre Newark et Nuuk \u00e0 l’\u00e9t\u00e9 2025, et les jeunes Groenlandais adoptent l’anglais comme deuxi\u00e8me langue.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Y aura-t-il un partage de l\u2019Arctique  ?<\/p>\n

Convoit\u00e9e par la Chine de Xi, revendiqu\u00e9e par la Russie de Poutine, la pression sur la r\u00e9gion est remont\u00e9e d\u2019un cran depuis l\u2019investiture du pr\u00e9sident am\u00e9ricain.<\/p>\n

Dans une \u00e9tude extr\u00eamement fouill\u00e9e, Klaus Dodds revient sur les raisons qui pourraient pousser l\u2019administration Trump \u00e0 consacrer une part importante de sa politique \u00e9trang\u00e8re au Groenland.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":263319,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-studies.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":true,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[4217],"tags":[],"geo":[525],"class_list":["post-263298","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-geopolitique-de-donald-trump","staff-klaus-dodds","geo-ameriques"],"acf":[],"yoast_head":"\nQue veut Trump en Arctique ? 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