{"id":263298,"date":"2025-02-21T06:01:00","date_gmt":"2025-02-21T05:01:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=263298"},"modified":"2025-02-20T23:11:08","modified_gmt":"2025-02-20T22:11:08","slug":"que-veut-trump-en-arctique-geopolitique-des-ambitions-imperiales-au-groenland","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/02\/21\/que-veut-trump-en-arctique-geopolitique-des-ambitions-imperiales-au-groenland\/","title":{"rendered":"Que veut Trump en Arctique ? G\u00e9opolitique des ambitions imp\u00e9riales au Groenland"},"content":{"rendered":"\n
English version available at this link<\/a><\/em><\/p>\n\n\n\n En d\u00e9cembre 2024, Donald Trump postait le message suivant sur son r\u00e9seau social TruthSocial <\/em> :<\/p>\n\n\n\n \u00ab Pour des raisons de s\u00e9curit\u00e9 nationale et de libert\u00e9 dans le monde, les \u00c9tats-Unis d’Am\u00e9rique estiment que la propri\u00e9t\u00e9 et le contr\u00f4le du Groenland sont une n\u00e9cessit\u00e9 absolue.<\/em> \u00bb <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n Dans une s\u00e9rie d’observations publi\u00e9es le jour de No\u00ebl, Trump \u00e9voquait l’achat potentiel du Groenland, la reprise du contr\u00f4le du canal de Panama et l’encouragement du Canada \u00e0 devenir le 51e \u00c9tat des \u00c9tats-Unis. \u00c0 premi\u00e8re vue, les messages de TruthSocial <\/em>pouvaient sembler \u00e0 la fois fantaisistes et tout \u00e0 fait conformes \u00e0 l’image d’un pr\u00e9sident qui prend plaisir \u00e0 \u00eatre un \u00ab perturbateur en chef \u00bb. L’offre d’achat du Groenland rappelle un pr\u00e9c\u00e9dent commentaire de 2019, qui avait \u00e0 l’\u00e9poque amen\u00e9 la Premi\u00e8re ministre danoise Mette Frederiksen \u00e0 le qualifier de \u00ab discussion absurde \u00bb <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En r\u00e9ponse directe \u00e0 cette rebuffade, Trump avait retir\u00e9 son accord pour une visite d’\u00c9tat au Danemark, m\u00eame si la dirigeante danoise s’\u00e9tait efforc\u00e9e de mettre l\u2019accent l’importance des relations entre le Danemark et les \u00c9tats-Unis, y compris les pr\u00e9occupations communes en mati\u00e8re de s\u00e9curit\u00e9 au Groenland.<\/p>\n\n\n\n Mais comme sur d’autres questions d’\u00e9conomie et de s\u00e9curit\u00e9 \u00e9trang\u00e8res, Donald Trump a une fa\u00e7on de formuler les probl\u00e8mes qui capte l’attention du public. S’il peut sembler un peu hasardeux de lier le canal de Panama, le Groenland et le Canada, il existe en r\u00e9alit\u00e9 une logique g\u00e9opolitique sous-jacente \u00e0 ces revendications. <\/p>\n\n\n\n Le canal de Panama, ouvert en 1914, est confront\u00e9 \u00e0 la s\u00e9cheresse et a connu une baisse des transits de navires. Les usagers se sont plaints de retards et de restrictions. Donald Trump a accus\u00e9 le gouvernement panam\u00e9en \u00ab d’arnaquer \u00bb les op\u00e9rateurs am\u00e9ricains et a m\u00eame sugg\u00e9r\u00e9 que des militaires chinois pourraient y \u00eatre stationn\u00e9s. Le Panama a r\u00e9fut\u00e9 toutes ces all\u00e9gations. Mais cela donne lieu \u00e0 une r\u00e9flexion assez troublante. Trump pense-t-il \u2014 comme Poutine dans le cas de la Crim\u00e9e et du transfert de la Russie \u00e0 l’Ukraine dans les ann\u00e9es 1950 \u2014 que la fin de la zone du canal de Panama contr\u00f4l\u00e9e par les \u00c9tats-Unis en 1979 \u00e9tait une erreur monumentale qui devait \u00eatre corrig\u00e9e ? <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span> La d\u00e9claration qu’il a faite en janvier lors de sa conf\u00e9rence de presse \u00e0 Mar-a-Lago<\/a> \u00e9tait claire quant \u00e0 l’ampleur de l’erreur elle-m\u00eame <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Trump s’est \u00e9galement plaint par le pass\u00e9 que le Canada ne d\u00e9pensait pas suffisamment pour la s\u00e9curit\u00e9 et la d\u00e9fense nationales. Le Canada n’est toutefois pas le seul partenaire de l’OTAN \u00e0 faire l’objet de telles critiques : comme le Danemark, il aurait, selon les termes de Trump, \u00e9t\u00e9 \u00ab d\u00e9linquant \u00bb lorsqu’il s’est agi d’engager au moins 2 % de son PIB dans les d\u00e9penses de d\u00e9fense.<\/p>\n\n\n\n Pris ensemble, il est donc parfaitement possible de construire l’id\u00e9e selon laquelle une voie navigable strat\u00e9gique (le canal de Panama) pourrait devenir moins fiable au fil du temps et que les options alternatives dans et autour de l’Arctique pourraient devenir de plus en plus importantes. Comme l’a expliqu\u00e9 l’ancien conseiller \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 nationale de la premi\u00e8re administration Trump, Robert O’Brien, sur Fox News en d\u00e9cembre 2024, le Groenland est \u00ab une autoroute de l’Arctique jusqu’\u00e0 l’Am\u00e9rique du Nord \u00bb <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>. O’Brien a \u00e9galement \u00e9mis l’hypoth\u00e8se que la deuxi\u00e8me administration Trump s’attendrait \u00e0 b\u00e9n\u00e9ficier d’avantages \u00e9conomiques et de ressources suppl\u00e9mentaires si elle devait intervenir pour \u00ab d\u00e9fendre \u00bb le Groenland contre des tiers tels que la Chine. Comme l’a fait remarquer O’Brien, toujours sur le th\u00e8me de l’importance strat\u00e9gique de l\u2019\u00eele, \u00ab le Groenland n’est pas un pays comme les autres \u00bb :<\/p>\n\n\n\n \u00ab Les Danois doivent mettre en place les fr\u00e9gates n\u00e9cessaires, les escadres a\u00e9riennes et les missiles au Groenland, ainsi que l’infanterie n\u00e9cessaire pour d\u00e9fendre l\u2019\u00eele. …. S’ils ne veulent pas faire l’une ou l’autre de ces choses, ils peuvent nous laisser acheter le Groenland, qui fera alors partie de l’Alaska. Les autochtones du Groenland sont tr\u00e8s proches des habitants de l’Alaska. \u00bb<\/em> <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n La r\u00e9gion arctique est tr\u00e8s diff\u00e9rente de celle sur laquelle Trump et son \u00e9quipe avaient pu \u00eatre brief\u00e9s \u00e0 partir de janvier 2017.<\/p>\n\n\n\n Cinq \u00e9l\u00e9ments ressortent de ce qui a chang\u00e9 entre la premi\u00e8re et la deuxi\u00e8me administration Trump. Le premier est tout simplement le retour du projet g\u00e9opolitique du pr\u00e9sident Trump \u2014 \u00ab L’Am\u00e9rique d’abord \u00bb. Deuxi\u00e8mement, dans un contexte plus li\u00e9 \u00e0 l’Arctique, la forme de la gouvernance de la r\u00e9gion s\u2019est transform\u00e9e en profondeur au cours des ann\u00e9es Biden. Le troisi\u00e8me point est l’intensification de l’alliance strat\u00e9gique entre la Chine et la Russie, avec des ramifications polaires et ultra-polaires significatives. Le quatri\u00e8me aspect est la relation dynamique et tr\u00e8s sensible entre le Danemark et le Groenland, et la question de savoir si Trump a raison de soup\u00e7onner qu’il y aurait un deal<\/em> \u00e0 passer \u00e0 un moment donn\u00e9 \u2014 en notant que les \u00c9tats-Unis sont un important fournisseur de s\u00e9curit\u00e9 pour le Groenland et le Danemark depuis 1951. Enfin, l’importance strat\u00e9gique et en termes de ressources du Groenland s’est accrue, et de nouveaux acteurs tels que Starlink, le r\u00e9seau de satellites d\u2019Elon Musk, contribuent sans doute \u00e0 mieux connecter la plus grande \u00eele du monde au reste du globe.<\/p>\n\n\n\n\n Du point de vue de la poursuite des int\u00e9r\u00eats strat\u00e9giques des \u00c9tats-Unis, la premi\u00e8re administration Trump s’\u00e9tait concentr\u00e9e sur trois domaines principaux : la domination \u00e9nerg\u00e9tique, la confrontation avec la Chine comme principal d\u00e9fi g\u00e9o\u00e9conomique et g\u00e9opolitique pour Washington et la critique \u00e0 l\u2019encontre des alli\u00e9s de l’OTAN qui ne d\u00e9penseraient pas suffisamment pour la d\u00e9fense et la s\u00e9curit\u00e9. Comme l’ont not\u00e9 de nombreux observateurs, la premi\u00e8re administration a \u00e9galement \u00e9t\u00e9 caract\u00e9ris\u00e9e par une impr\u00e9visibilit\u00e9 r\u00e9currente et une politique de la corde raide, conduisant les \u00c9tats-Unis \u00e0 revenir sur des engagements ant\u00e9rieurs tels que l’Accord de Paris et le trait\u00e9 Ciel ouvert, au profit d’un engagement plus g\u00e9n\u00e9ral visant \u00e0 faire passer \u00ab l’Am\u00e9rique d’abord \u00bb sous tous les pr\u00e9textes <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Pour le deuxi\u00e8me mandat Trump, il est tr\u00e8s probable que des r\u00e9gions sp\u00e9cifiques telles que l’Arctique soient comprises dans une matrice plus large de pr\u00e9occupations alors que les \u00c9tats-Unis \u00e9voluent dans un monde o\u00f9 la Chine, la Russie et une multitude d’autres pays tels que l’Iran, la Cor\u00e9e du Nord, le Br\u00e9sil et l’Afrique du Sud travaillent les uns avec les autres sur une gamme de projets commerciaux, de ressources et de s\u00e9curit\u00e9. La Chine, l’Indon\u00e9sie et le Br\u00e9sil sont par exemple tous trois d’importants producteurs et raffineurs de min\u00e9raux essentiels tels que le cobalt, le nickel et le lithium.<\/p>\n\n\n\n Mais lorsque Trump parle d’acqu\u00e9rir le Groenland, rebaptise le golfe du Mexique \u00ab golfe d’Am\u00e9rique \u00bb et r\u00eave de prendre le contr\u00f4le du canal de Panama, il parle directement d’une pr\u00e9occupation pour la s\u00e9curit\u00e9 de \u00ab l’h\u00e9misph\u00e8re occidental \u00bb <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n L’acquisition du Groenland pourrait avoir pour but d’emp\u00eacher d\u00e9finitivement la Chine de prendre pied dans l’Arctique nord-am\u00e9ricain. <\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Le fondement de la puissance am\u00e9ricaine actuelle et future d\u00e9pend donc du maintien de la domination \u00e9nerg\u00e9tique, de l’investissement dans la d\u00e9fense et du maintien d’une forme de bastion dans l’h\u00e9misph\u00e8re occidental. En effet, l’offre d’achat du Groenland r\u00e9v\u00e8le fondamentalement la crainte que les \u00c9tats-Unis ne soient pas en mesure de contenir la Chine et ses projets d’accro\u00eetre sa domination en Asie de l’Est (y compris \u00e0 Ta\u00efwan) et au-del\u00e0. Si cela se concr\u00e9tise, les \u00c9tats-Unis ne devraient pas compter sur des alli\u00e9s plus petits et plus faibles comme le Danemark et le Canada \u2014 et d’autres comme le Panama \u2014 pour d\u00e9fendre les int\u00e9r\u00eats de Washington et de l’OTAN. Trump a \u00e9t\u00e9 direct dans son \u00e9valuation des deux, et continuera \u00e0 l’\u00eatre pendant son mandat. Si tout cela se v\u00e9rifie, il semblerait alors \u00ab logique \u00bb que l’on se penche \u00e0 nouveau sur la s\u00e9curit\u00e9 op\u00e9rationnelle des voies de navigation et des passages maritimes essentiels \u2014 le passage du Nord-Ouest, le canal de Panama et, plus au sud, le passage de Drake.<\/p>\n\n\n\n Si l’on ne peut pas compter sur certains alli\u00e9s r\u00e9gionaux \u2014 qui ont d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 menac\u00e9s sur le plan \u00e9conomique \u2014 d’autres, comme les partenaires des Five Eyes dont l’Australie et le Royaume-Uni, prendront une importance accrue eu \u00e9gard \u00e0 ce qu’ils peuvent offrir dans l’Arctique europ\u00e9en, le Pacifique occidental et l’Atlantique Sud. <\/p>\n\n\n\n Dans l’Arctique nord-am\u00e9ricain, Donald Trump h\u00e9rite d’une situation o\u00f9 la position des \u00c9tats-Unis en tant qu’\u00c9tat c\u00f4tier est incontest\u00e9e. Bien qu’ils ne soient pas officiellement parties \u00e0 la CNUDM, les \u00c9tats-Unis ont \u00e9tabli ce qu’ils estiment \u00eatre leurs droits souverains sur le plateau continental \u00e9tendu de l’Alaska. L’acquisition du Groenland pourrait ainsi avoir pour but d’emp\u00eacher d\u00e9finitivement la Chine de prendre pied dans l’Arctique nord-am\u00e9ricain. Cette d\u00e9marche semblerait d’autant plus opportune que la qu\u00eate de puissance de P\u00e9kin ne se d\u00e9ment pas. Donald Trump a sans doute entendu que l’Arctique \u00ab fond \u00bb, inexorablement \u2014 y compris la calotte glaciaire du Groenland. Bien qu’il n’y ait pas de corr\u00e9lation simple entre la fonte, l’acc\u00e8s et l’exploitation, cela alimente l’id\u00e9e que d’autres chercheront \u00e0 tirer parti de cette situation. L’acc\u00e8s potentiel aux terres rares au Groenland offrirait par ailleurs des avantages suppl\u00e9mentaires compte tenu de la d\u00e9cision de la Chine, \u00e0 partir de 2023, de restreindre l’exportation de ces min\u00e9raux face aux tensions commerciales croissantes avec les \u00c9tats-Unis <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Ce que tout cela signifie pour la question arctique \u2014 et le Groenland en particulier \u2014 doit \u00eatre soigneusement \u00e9lucid\u00e9 par les \u00c9tats-Unis.<\/p>\n\n\n\n Une lecture provocatrice de la saga groenlandaise de Trump consisterait \u00e0 dire qu\u2019il s\u2019agit l\u00e0 tout simplement de ce que font les grandes puissances. Les commentaires de Donald Trump sur le Panama sont intervenus \u00e0 un moment o\u00f9 les commentaires russes sur la vente \u00ab malencontreuse \u00bb de l’Alaska en 1867 n’avaient pas non plus manqu\u00e9. Certains propagandistes de Poutine demandent que l’Alaska soit restitu\u00e9 \u00e0 la F\u00e9d\u00e9ration de Russie, ainsi que d’autres territoires, dont la Finlande et les \u00c9tats baltes <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n L’achat et la vente de territoires arctiques ont d’ailleurs une longue histoire au XXe si\u00e8cle : \u00e0 la fin des ann\u00e9es 1920, une soci\u00e9t\u00e9 mini\u00e8re sovi\u00e9tique a achet\u00e9 Barentsburg et Pyramiden \u00e0 d’autres soci\u00e9t\u00e9s mini\u00e8res europ\u00e9ennes. Au XXIe si\u00e8cle, des investisseurs chinois ont tent\u00e9 \u00e0 deux reprises d’acheter des terres priv\u00e9es au Svalbard <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ces deux tentatives ont \u00e9t\u00e9 bloqu\u00e9es par la Norv\u00e8ge, puissance souveraine, de m\u00eame que d’autres projets d’achat et d’investissement impliquant des entreprises chinoises ont \u00e9t\u00e9 bloqu\u00e9s en Islande et en Finlande. Si l’offre de Trump d’acheter le Groenland suscite un certain \u00e9moi, le marchandage de territoires dans l’Arctique n\u2019est pas une nouveaut\u00e9 en soi.<\/p>\n\n\n\n Toujours est-il que les gouvernements du Danemark et du Groenland vont se trouver dans une position tr\u00e8s difficile dans un avenir proche.<\/p>\n\n\n\n Ce que Trump a fait jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent s\u2019aligne avec les int\u00e9r\u00eats de Poutine : il a creus\u00e9 un foss\u00e9 entre les alli\u00e9s de l’OTAN et a m\u00eame pouss\u00e9 la France \u00e0 d\u00e9clarer publiquement que les fronti\u00e8res du Groenland seraient d\u00e9fendues si Trump proc\u00e9dait \u00e0 une action militaire <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Une option imm\u00e9diate pour le Groenland serait de demander \u00e0 r\u00e9int\u00e9grer l’Union et de rechercher des mesures suppl\u00e9mentaires de s\u00e9curit\u00e9 \u00e9conomique et politique collective. Copenhague ne dispose manifestement pas de ressources suffisantes pour rivaliser avec des \u00c9tats-Unis voraces qui, comme nous l’avons vu, souhaitent s’assurer qu’un Groenland ind\u00e9pendant ne tombe pas sous le charme \u00e9conomique de la Chine. Au moment m\u00eame o\u00f9 le roi du Danemark modifiait les armoiries royales pour faire signe vers le Groenland, Donald Trump Jr. se rendait \u00e0 Nuuk quelques jours avant l’investiture pr\u00e9sidentielle de son p\u00e8re<\/a>. Quoi de plus provocateur que de poser avec son entourage devant la statue du premier colonisateur du Groenland, le missionnaire dano-norv\u00e9gien Hans Egede, \u00e0 Nuuk ? <\/span>13<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n Le pr\u00e9sident Trump ne s’inqui\u00e9tera pas outre mesure de contrarier les dirigeants politiques groenlandais et danois. Il esp\u00e8re peut-\u00eatre m\u00eame creuser un foss\u00e9 entre les Groenlandais \u00ab m\u00e9contents \u00bb et les Danois \u00ab rancuniers \u00bb qui contribuent \u00e0 la dotation globale annuelle de 500 millions d’euros accord\u00e9e au Groenland.<\/p>\n\n\n\n Trump a creus\u00e9 un foss\u00e9 entre les alli\u00e9s de l’OTAN et a m\u00eame pouss\u00e9 la France \u00e0 d\u00e9clarer publiquement que les fronti\u00e8res du Groenland seraient d\u00e9fendues si Trump proc\u00e9dait \u00e0 une action militaire.<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n En 2024, des publications telles que le New Yorker<\/em>, Spiked<\/em>, le Pulitzer Center, Forbes <\/em>et The Economist <\/em>ont toutes mis en garde contre une escalade, un conflit et une crise dans la r\u00e9gion arctique. Pour ne prendre qu’un seul exemple, Politico<\/em> affirmait en septembre 2024 que \u00ab La Russie est \u2018tout \u00e0 fait pr\u00eate\u2019 pour une guerre avec l’OTAN dans l’Arctique \u00bb <\/span>14<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Comment en sommes-nous arriv\u00e9s l\u00e0 ? <\/p>\n\n\n\n Il s’agit d’une cons\u00e9quence directe mais involontaire de l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie. Peu apr\u00e8s le d\u00e9but de l’invasion, sept \u00c9tats de l’Arctique (Canada, Danemark\/Groenland, Finlande, Islande, Norv\u00e8ge, Su\u00e8de et \u00c9tats-Unis) ont en effet d\u00e9cid\u00e9 de \u00ab mettre en pause \u00bb le Conseil de l’Arctique.<\/p>\n\n\n\n Cr\u00e9\u00e9 en 1996, il s’agit du principal forum intergouvernemental pour les affaires arctiques, dont la Russie, le plus grand \u00c9tat de l’Arctique, est l’un des principaux participants. Entre f\u00e9vrier 2022 et mai 2023, la diplomatie arctique et les relations inter\u00e9tatiques ont donc \u00e9t\u00e9 gravement perturb\u00e9es par les cons\u00e9quences de la guerre men\u00e9e par la Russie de Poutine en Ukraine. Bien qu’elle ne soit pas directement li\u00e9e \u00e0 l’Arctique, la d\u00e9cision de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie de lancer une invasion \u00e0 grande \u00e9chelle a entra\u00een\u00e9 une rupture spectaculaire et presque imm\u00e9diate de la confiance politique. L’invasion a co\u00efncid\u00e9 avec la pr\u00e9sidence russe du Conseil de l’Arctique (2021-2023)<\/a>, et le dialogue et l’engagement partiels avec la Russie n’ont pas repris avant que la Norv\u00e8ge ne prenne la pr\u00e9sidence en mai 2023.<\/p>\n\n\n\n\n Pour beaucoup, cette interruption des activit\u00e9s signifiait la fin de l’exceptionnalisme arctique <\/span>15<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n L’Arctique \u00e9tait en effet consid\u00e9r\u00e9 jusque l\u00e0 comme une zone de coop\u00e9ration circumpolaire dans des domaines d’int\u00e9r\u00eat commun tels que le d\u00e9veloppement durable et la protection de l’environnement, avec la conviction partag\u00e9e que ces pr\u00e9occupations communes permettraient de tenir \u00e0 distance les questions de s\u00e9curit\u00e9 et de d\u00e9fense nationales qui s\u00e8ment la discorde. D\u00e8s le d\u00e9part, le Conseil de l’Arctique a d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment exclu les affaires militaires et de s\u00e9curit\u00e9. Avant l’invasion de 2022, il n’y avait pas de diff\u00e9rends territoriaux en suspens dans l’Arctique et les \u00c9tats de la r\u00e9gion respectaient les cadres juridiques internationaux \u00e9tablis, tels que la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. L’accord conclu en 2010 entre la Norv\u00e8ge et la Russie sur leur fronti\u00e8re maritime commune dans la mer de Barents a constitu\u00e9 un point d’orgue diplomatique. Ailleurs, le Canada, le Danemark\/Groenland et la Russie ont tous poursuivi leurs propres engagements en mati\u00e8re de d\u00e9limitation du plateau continental externe. <\/p>\n\n\n\n L’extension de ces droits souverains sur les fonds marins de l’oc\u00e9an Arctique \u00e9tant l’objectif ultime, le pr\u00e9sident \u00e9lu Trump a sans doute \u00e9t\u00e9 inform\u00e9 que la Russie \u00e9tait en bonne position pour \u00e9tendre, en toute l\u00e9gitimit\u00e9, ces droits souverains sur la base des \u00ab recommandations \u00bb officielles de l’organe officiel des Nations unies charg\u00e9 de ces questions, la Commission des limites du plateau continental, en f\u00e9vrier 2023 <\/span>16<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Mais la d\u00e9limitation finale du plateau continental russe devra attendre que la Commission fasse des recommandations au Canada et au Groenland\/Danemark, et les trois parties devront alors n\u00e9gocier entre elles pour finaliser leurs revendications mutuelles sur les fonds marins. Ce processus de diplomatie et de n\u00e9gociation intergouvernementales est important car la Commission n’est qu’un organe scientifique et technique. Elle n’a pas de personnalit\u00e9 juridique.<\/p>\n\n\n\n Avant l’invasion de 2022, il n’y avait pas de diff\u00e9rends territoriaux en suspens dans l’Arctique et les \u00c9tats de la r\u00e9gion respectaient les cadres juridiques internationaux \u00e9tablis<\/p>Klaus Dodds<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Malgr\u00e9 l’engagement formel de la Russie en faveur de la Convention sur le droit de la mer, les \u00c9tats-Unis ont commenc\u00e9 \u00e0 s’inqui\u00e9ter apr\u00e8s l’invasion et l’imposition de sanctions \u00e0 l’encontre de la Russie. En mars 2024, un repr\u00e9sentant russe aupr\u00e8s de l’Autorit\u00e9 internationale des fonds marins, un autre organe des Nations unies, a annonc\u00e9 que Moscou ne reconna\u00eetrait pas la d\u00e9claration am\u00e9ricaine de d\u00e9cembre 2023 concernant son plateau continental \u00e9tendu. La Russie, qui n’est pas partie \u00e0 la CNUDM, a quant \u00e0 elle fait valoir que les \u00c9tats-Unis ne pouvaient pas choisir les \u00e9l\u00e9ments de la CNUDM qu’ils approuveraient en tant que droit international coutumier. La d\u00e9claration sur le plateau continental \u00e9tendu comprenait des d\u00e9tails concernant l’Alaska et, bien qu’elle ne recouvre pas le plateau continental arctique de la Russie, la d\u00e9cision de rejeter publiquement la position des \u00c9tats-Unis intervient \u00e0 un moment o\u00f9 des appels ont \u00e9t\u00e9 lanc\u00e9s en Russie pour que Moscou abandonne la convention sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille. Alors que la Russie a \u00e9galement exhort\u00e9 les \u00c9tats-Unis \u00e0 adopter la CNUDM au S\u00e9nat, plus Washington tardera \u00e0 la ratifier officiellement, plus Moscou pourra d\u00e9noncer la politique de deux poids deux mesures des \u00c9tats-Unis lorsqu’il s’agit de s’engager dans des cadres juridiques internationaux <\/span>17<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n La gouvernance de l’Arctique se trouve donc \u00e0 la crois\u00e9e des chemins. Lorsque la Norv\u00e8ge a pris la pr\u00e9sidence du Conseil de l’Arctique en mai 2023, elle a insist\u00e9 sur le fait que les parties devraient trouver des moyens de garantir que l’arr\u00eat du dialogue politique ne conduise pas \u00e0 une rupture totale des relations entre la Russie et les sept autres \u00c9tats de l’Arctique (A7). L’arr\u00eat des r\u00e9unions au niveau des hauts fonctionnaires de l’Arctique a \u00e9t\u00e9 vivement ressenti, car il s’agissait d’une plateforme r\u00e9guli\u00e8re pour un engagement politique de haut niveau avec les huit \u00c9tats de l’Arctique. En guise de contre-mesure, la Norv\u00e8ge a organis\u00e9 de nombreux \u00e9v\u00e9nements pour dialoguer avec les repr\u00e9sentants russes, les peuples autochtones et les observateurs du Conseil de l’Arctique, y compris des \u00c9tats europ\u00e9ens et asiatiques tels que l’Allemagne, la Chine et le Royaume-Uni. Les conf\u00e9rences annuelles telles que l’Assembl\u00e9e de l’Arctique et Arctic Frontiers ont pris une importance exag\u00e9r\u00e9e, en l’absence de r\u00e9unions au niveau politique avec la Russie. Plus g\u00e9n\u00e9ralement, 2024 a r\u00e9v\u00e9l\u00e9 une remise en question plus critique du fonctionnement des forums internationaux tels que le Conseil de l’Arctique et a permis de d\u00e9terminer si sa structure tripartite \u2014 \u00c9tat de l’Arctique, participants permanents (organisations de peuples autochtones) et observateurs (\u00e9tatiques et non \u00e9tatiques) \u2014 refl\u00e9tait de mani\u00e8re ad\u00e9quate l’\u00e9volution des circonstances. En d’autres termes, la rupture des relations avec la Russie au niveau politique et diplomatique a offert \u00e0 d’autres une opportunit\u00e9 de mobiliser des visions alternatives. En juillet 2024, le Conseil circumpolaire inuit (CCI), participant permanent, a publi\u00e9 une d\u00e9claration appelant toutes les parties \u00e0 sauvegarder le Conseil de l’Arctique :<\/p>\n\n\n\n \u00ab Remplacer le symbolisme par une participation pleine et effective et un engagement significatif des peuples autochtones dans l’ensemble du Conseil de l’Arctique. \u00bb<\/em><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n La participation d’un ou deux experts autochtones \u00ab symboliques \u00bb \u00e0 un processus scientifique essentiellement occidental ne fonctionne pas. Dans un groupe de travail, par exemple, apr\u00e8s quatre ans d’engagement et de participation, deux experts autochtones ont mis fin \u00e0 leur participation parce que leurs points de vue et leurs connaissances \u00e9taient syst\u00e9matiquement ignor\u00e9s <\/span>18<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n En effet, la d\u00e9claration et les recommandations affirment que le Conseil de l’Arctique a la possibilit\u00e9 de se r\u00e9orienter apr\u00e8s l’impasse avec la Russie, et que des changements sont n\u00e9cessaires pour r\u00e9aliser son ambition initiale. L’observation ci-dessus concernant un groupe de travail est particuli\u00e8rement poignante : jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent, les d\u00e9fenseurs du Conseil de l’Arctique avaient fait l’\u00e9loge des r\u00e9alisations et de la culture d’engagement qui pr\u00e9vaut au sein des six principaux groupes de travail scientifiques <\/span>19<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Si le CCI a \u00e9t\u00e9 assez habile pour comprendre qu’il ne faut jamais gaspiller une crise, la Russie l’a \u00e9t\u00e9 tout autant. Le ministre russe des affaires \u00e9trang\u00e8res, Sergue\u00ef Lavrov, a affirm\u00e9 que ce qui \u00e9tait n\u00e9cessaire dans l’\u00e8re post-2022 \u00e9tait un \u00ab dialogue civilis\u00e9 \u00bb sur l’avenir de l’Arctique. <\/p>\n\n\n\n En mai 2023, Lavrov a prononc\u00e9 un discours vid\u00e9o lors de la phase finale de la pr\u00e9sidence de la F\u00e9d\u00e9ration au Conseil de l’Arctique (2021-2023), dans lequel il a affirm\u00e9 que l’efficacit\u00e9 des travaux futurs d\u00e9pendrait de la volont\u00e9 de toutes les parties de \u00ab poursuivre un dialogue civilis\u00e9 afin de pr\u00e9server l’Arctique en tant que territoire de paix, de stabilit\u00e9 et de coop\u00e9ration constructive \u00bb <\/span>20<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il affirmait notamment que le blocage affectant le Conseil de l’Arctique \u00e9tait enti\u00e8rement d\u00fb au fait que d’autres \u00c9tats de l’Arctique avaient r\u00e9agi de mani\u00e8re excessive \u00e0 la \u00ab situation en Ukraine \u00bb et s’\u00e9taient empress\u00e9s de politiser les affaires du Conseil de l’Arctique. L’ambassadeur russe pour l’Arctique de l’\u00e9poque, Nikolay Korshunov, a confirm\u00e9 cette approche qui semblait rejeter la responsabilit\u00e9 sur les autres \u00c9tats de l’Arctique pour avoir utilis\u00e9 l’invasion russe \u00e0 grande \u00e9chelle de l’Ukraine comme une occasion de suspendre les travaux \u00ab normaux \u00bb du Conseil <\/span>21<\/sup><\/a><\/span><\/span>. La r\u00e9action russe a clairement montr\u00e9 que Moscou a exerc\u00e9 de nouvelles pressions sur la Norv\u00e8ge, qui exerce d\u00e9sormais la pr\u00e9sidence, pour qu’elle r\u00e9tablisse le Conseil de l’Arctique d’ici mai 2025. Si cela ne se concr\u00e9tisait pas, Moscou se r\u00e9servait le droit de d\u00e9velopper d’autres opportunit\u00e9s avec des tiers, en particulier les BRICS. Une d\u00e9cision fondamentalement prise apr\u00e8s 2014 \u00e0 la suite des sanctions impos\u00e9es par l’Union et les \u00c9tats-Unis apr\u00e8s l’annexion ill\u00e9gale de la Crim\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n La Russie s’est montr\u00e9e tr\u00e8s critique \u00e0 l’\u00e9gard de la mani\u00e8re dont les autres \u00c9tats de l’Arctique ont rapidement utilis\u00e9 les cons\u00e9quences de \u00ab l’op\u00e9ration militaire sp\u00e9ciale \u00bb pour rompre tout engagement politique avec la Russie et le Conseil de l’Arctique. Sergue\u00ef Lavrov n’a pas m\u00e2ch\u00e9 ses mots lorsqu’il s’est agi de d\u00e9terminer qui \u00e9tait responsable du malaise actuel, exacerb\u00e9 par le fait que la Finlande (2023) et la Su\u00e8de (2024) sont d\u00e9sormais membres de l’OTAN. Comme il l’a indiqu\u00e9 dans un entretien publi\u00e9 par le minist\u00e8re russe des Affaires \u00e9trang\u00e8res en septembre 2024 :<\/p>\n\n\n\n \u00ab Dans la pratique, cependant, nos coll\u00e8gues de l’OTAN tournent de plus en plus souvent leur regard vers la r\u00e9gion arctique (cela a commenc\u00e9 bien avant l’op\u00e9ration militaire sp\u00e9ciale), d\u00e9clarant que l’Alliance de l’Atlantique Nord a \u00e9galement des int\u00e9r\u00eats dans cette r\u00e9gion en raison de sa situation g\u00e9ographique. Ils affirment que la Norv\u00e8ge est membre de l’OTAN depuis sa cr\u00e9ation et que, par cons\u00e9quent, ils doivent \u00e9galement garder un \u0153il sur les d\u00e9veloppements dans la r\u00e9gion. Actuellement, cette attitude se manifeste \u00e9galement dans d’autres r\u00e9gions. Les affirmations du bloc selon lesquelles il s’agirait d’une alliance purement d\u00e9fensive, pr\u00e9occup\u00e9e uniquement par la d\u00e9fense du territoire des pays membres, viennent tout droit du diable<\/em>. \u00bb <\/span>22<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n Bien que Sergue\u00ef Lavrov n’ait pas d\u00e9fini ce qu\u2019il entent par \u00ab dialogue civilis\u00e9 \u00bb, il semblerait raisonnable de conclure qu’il inclurait la liste des \u00ab pays amis \u00bb de Moscou \u2014 des alli\u00e9s et des neutres qui n’ont pas critiqu\u00e9 publiquement l’invasion \u00e0 grande \u00e9chelle de l’Ukraine par la Russie <\/span>23<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n\n Dans l’\u00e8re post-Crim\u00e9e, on avait assist\u00e9 \u00e0 une tentative concert\u00e9e de d\u00e9velopper un r\u00e9seau de \u00ab pays connecteurs \u00bb pr\u00eats \u00e0 faire des affaires \u00e9conomiques et diplomatiques avec la F\u00e9d\u00e9ration de Russie \u2014 inaugurant une nouvelle \u00e8re de \u00ab g\u00e9opolitique des \u00c9tats pivots \u00bb <\/span>24<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ces pays ont aid\u00e9 la Russie \u00e0 contourner certains des effets directs des sanctions et de la position de paria de Moscou. Surtout, ils ont contribu\u00e9 en partie \u00e0 la d\u00e9termination de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie \u00e0 normaliser l’annexion et l’invasion ill\u00e9gale. Lors d’une conf\u00e9rence de presse de fin d’ann\u00e9e \u00e0 Moscou, un journaliste de la BBC de d\u00e9cembre 2024 notait que \u00ab Poutine est apparu devant un grand \u00e9cran bleu arborant une carte de la F\u00e9d\u00e9ration de Russie, avec les parties annex\u00e9es de l’Ukraine \u00bb <\/span>25<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les \u00c9tats de l’Arctique savent qu’il n’y a aucune chance que la Russie renonce aux territoires annex\u00e9s de Crim\u00e9e et \u00e0 tout ce qui a \u00e9t\u00e9 captur\u00e9 et occup\u00e9 dans l’est de l’Ukraine. Quelle que soit l’issue du conflit ukrainien et les dommages caus\u00e9s \u00e0 la Russie, il y aura plus qu’un soup\u00e7on persistant que la Russie pourrait orienter ses forces militaires ailleurs dans la r\u00e9gion Baltique-Arctique au sens large. <\/p>\n\n\n\n Ce malaise post-invasion a \u00e9galement affect\u00e9 les organisations r\u00e9gionales au-del\u00e0 du Conseil de l’Arctique.<\/p>\n\n\n\n En septembre 2023, la Russie a annonc\u00e9 son retrait du Conseil euro-arctique de Barents (BEAC) <\/span>26<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cr\u00e9\u00e9 en 1993, le BEAC a jou\u00e9 un r\u00f4le important en cultivant la collaboration transfrontali\u00e8re sur des questions d’importance commune, notamment l’\u00e9ducation, la collaboration avec les peuples autochtones, les \u00e9changes culturels et l’engagement commercial. En r\u00e8gle g\u00e9n\u00e9rale, la d\u00e9claration russe annon\u00e7ant son d\u00e9sengagement reproche aux autres partenaires, dont la Finlande, le Danemark, la Norv\u00e8ge et l’Union, d’\u00eatre \u00e0 l’origine de la rupture des relations. La Russie poursuivra un \u00ab dialogue civilis\u00e9 \u00bb avec les autres. Il est probable qu\u2019elle cherchera \u00e0 intensifier ses relations avec les partenaires des BRICS+. Le projet de la Russie de cr\u00e9er une opportunit\u00e9 \u00e9quivalente \u2014 un complexe scientifique \u2014 pour les partenaires BRICS+ dans le Pyramidien au Svalbard n’est qu’une illustration de cette strat\u00e9gie <\/span>27<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Cette \u00e9volution devrait restreindre davantage l’acc\u00e8s \u00e0 l’Arctique russe pour les scientifiques occidentaux d\u00e9sireux de continuer \u00e0 travailler avec leurs homologues sur la surveillance environnementale \u00e0 long terme et le partage d’informations avec la moiti\u00e9 russe de la r\u00e9gion arctique.<\/p>\n\n\n\n\n
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Trump et la s\u00e9curit\u00e9 h\u00e9misph\u00e9rique<\/h2>\n\n\n\n
La gouvernance de l’Arctique apr\u00e8s l’invasion massive de l’Ukraine<\/h2>\n\n\n\n
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