\u00e0<\/em> : ce qui est important maintenant, c’est que nous arr\u00eations de parler de ce que la nouvelle administration pourrait faire et que nous lui parlions r\u00e9ellement.<\/p>\n\n\n\nEn ce qui concerne la s\u00e9curit\u00e9, mais aussi nos int\u00e9r\u00eats \u00e9conomiques, nous sommes \u00e9troitement li\u00e9s et nous devrons travailler ensemble.<\/p>\n\n\n\n
N\u00e9anmoins, pendant la campagne \u00e9lectorale, de s\u00e9rieuses inqui\u00e9tudes ont \u00e9t\u00e9 exprim\u00e9es quant \u00e0 la possibilit\u00e9 que le pr\u00e9sident Trump revienne sur la position politique de soutien de Joe Biden \u00e0 l’\u00e9gard de l’Ukraine. Ces premiers signaux vous ont-ils rassur\u00e9 sur ce point ?<\/h3>\n\n\n\n Rien n’indique \u00e0 ce stade que le pr\u00e9sident Trump changera radicalement de cap sur l’Ukraine. Nous devons cesser de sp\u00e9culer sur ce que les \u00c9tats-Unis pourraient faire ou ne pas faire et commencer \u00e0 parler directement \u00e0 la nouvelle administration. C’est ce que fait le secr\u00e9taire g\u00e9n\u00e9ral de l’OTAN et je pense que c’est la bonne approche. <\/p>\n\n\n\n
Nous devons examiner nos int\u00e9r\u00eats communs et les d\u00e9fis communs auxquels nous sommes confront\u00e9s. Je suis convaincu que c’est la meilleure fa\u00e7on de trouver des solutions ensemble.<\/p>\n\n\n\n
Volodymyr Zelensky a r\u00e9cemment affirm\u00e9 que l’Europe toute seule ne pouvait pas assurer la s\u00e9curit\u00e9 de l\u2019Ukraine. Pouvez-vous comprendre sa frustration ? Avez-vous \u00e9t\u00e9 surpris par son ton ?<\/h3>\n\n\n\n Il est clair que nous devons renforcer notre arm\u00e9e. <\/p>\n\n\n\n
Du point de vue de nos capacit\u00e9s, nous sommes bien conscients de nos d\u00e9pendances strat\u00e9giques. Nous devrions faire plus, non seulement en termes de quantit\u00e9, mais aussi en termes de qualit\u00e9, en d\u00e9terminant les capacit\u00e9s dont nous voulons \u00eatre en mesure de nous doter en tant qu’Europ\u00e9ens.<\/p>\n\n\n\n
Zelensky est tr\u00e8s r\u00e9aliste. L’Ukraine se trouve dans une situation difficile sur le champ de bataille. Elle m\u00e8ne une guerre tous les jours et, lorsqu’elle compare ce dont elle a besoin et ce que nous pouvons lui fournir pour le moment, il est logique qu’elle pense que les \u00c9tats-Unis sont encore n\u00e9cessaires. Il est \u00e9galement vrai que nous avons fourni des milliards d’aide \u00e0 l’Ukraine et que nous avons \u00e9t\u00e9 extr\u00eamement clairs sur le fait que nous voulions que l’Ukraine sorte victorieuse de cette guerre.<\/p>\n\n\n\n
Tout comme les discussions sur l’Ukraine doivent inclure les Ukrainiens, l’architecture europ\u00e9enne de s\u00e9curit\u00e9 sera discut\u00e9e avec les Europ\u00e9ens assis \u00e0 la table. La guerre se d\u00e9roule sur le territoire ukrainien, mais elle pose aussi des questions difficiles \u00e0 l’Europe. Il n’est pas facile de r\u00e9unir 27 pays et d’\u00e9tablir une position commune, cela prend du temps.<\/p>\n\n\n\n
Je comprends qu’il y a urgence, mais je ne voudrais pas non plus minimiser la contribution tr\u00e8s importante que l’Europe a apport\u00e9e et continue d’apporter. <\/p>\n\n\n\nTout comme les discussions sur l’Ukraine doivent inclure les Ukrainiens, l’architecture europ\u00e9enne de s\u00e9curit\u00e9 sera discut\u00e9e avec les Europ\u00e9ens assis \u00e0 la table.<\/p>Ruben Brekelmans<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\nQuelles devraient \u00eatre les priorit\u00e9s de l’Europe ?<\/h3>\n\n\n\n Nous avons besoin d’une autonomie strat\u00e9gique ouverte. <\/p>\n\n\n\n
En ce qui concerne la dimension militaire, nous devrions \u00eatre en mesure de produire beaucoup plus et beaucoup plus rapidement en Europe mais nous devons envisager les choses de mani\u00e8re pragmatique : si nous voulons avoir une arm\u00e9e bien \u00e9quip\u00e9e, nous avons besoin des \u00c9tats-Unis, du Royaume-Uni, de la Norv\u00e8ge et d’autres partenaires pour \u00eatre pr\u00eats d\u00e8s maintenant. Notre industrie n’est pas assez grande ; elle ne produit pas assez vite.<\/p>\n\n\n\n
Prenons l’exemple des syst\u00e8mes d’armes dont nous disposons aujourd’hui. Les Patriots, par exemple, sont produits par des fabricants am\u00e9ricains. Si nous voulons plus de syst\u00e8mes Patriot et plus de missiles Patriot pour notre arm\u00e9e parce que nos analystes convergent vers cette demande, nous ne pouvons tout simplement pas le faire sans la participation d’entreprises am\u00e9ricaines. Il en va de m\u00eame pour le NASAMS, par exemple, un syst\u00e8me norv\u00e9gien.<\/p>\n\n\n\n
Un certain nombre de grandes entreprises europ\u00e9ennes de d\u00e9fense ont clairement indiqu\u00e9 qu’elles souhaitaient une pr\u00e9f\u00e9rence europ\u00e9enne en mati\u00e8re d’approvisionnement et de contrats \u00e0 long terme…<\/h3>\n\n\n\n Notre d\u00e9fi est de concilier les besoins des diff\u00e9rents pays. <\/p>\n\n\n\n
Pour les missiles Patriot, nous avons pu r\u00e9unir quatre pays et mettre en place une ligne de production dans le sud de l’Allemagne. Cela a permis de produire 1 000 unit\u00e9s suppl\u00e9mentaires. C’est un excellent exemple de ce que nous devrions faire. Ce qui m’inqui\u00e8te, c’est que nous transformons cette conversation \u2014 qui devrait porter sur la mani\u00e8re de garantir notre s\u00e9curit\u00e9 \u2014 en un d\u00e9bat sur la question de savoir si nous devrions mettre en place un autre grand fonds europ\u00e9en : qui paie ? comment nous le d\u00e9pensons ? qui est \u00e9ligible ? \u2014 et ainsi de suite… Ce sera une longue conversation, qui portera essentiellement sur l’argent. Nous n’avons pas le temps pour ces discussions. En tant que ministre, la chose la plus importante pour moi en ce moment, c\u2019est d’obtenir beaucoup plus de capacit\u00e9s, et rapidement.<\/p>\n\n\n\nJe crains que les d\u00e9bats financiers ne nous d\u00e9tournent de l’objectif que nous partageons tous : produire plus.<\/p>Ruben Brekelmans<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\nJe peux donner des garanties \u00e0 long terme, mais je ne suis pas convaincu qu’un contrat \u00e9manant d’un seul pays suffise \u00e0 un fabricant pour mettre en place une nouvelle ligne de production ou construire un nouveau site. Les Pays-Bas sont un pays relativement petit. \u00c0 mon avis, nous pouvons faire beaucoup plus ensemble, et nous devrions concentrer nos efforts sur l’identification des priorit\u00e9s et la mise en commun de la demande pour cr\u00e9er une \u00e9chelle, plut\u00f4t que de nous enliser dans ces longues conversations sur le financement et sur l’attribution des contrats. Nous n’avons pas le temps pour cela.<\/p>\n\n\n\n
La pr\u00e9f\u00e9rence europ\u00e9enne n’est donc pas une exigence pour vous ?\u00a0<\/h3>\n\n\n\n Je ne suis pas contre en soi. Mais je dois envisager les choses de la mani\u00e8re la plus efficace et la plus pragmatique possible. Nous sommes 27 pays diff\u00e9rents, avec des syst\u00e8mes diff\u00e9rents et des pr\u00e9f\u00e9rences diff\u00e9rentes. Le programme EDIP (European Defence Industry Programme<\/em>) s’\u00e9l\u00e8ve \u00e0 1,5 milliard d’euros. Ce n’est rien par rapport aux besoins auxquels nous sommes confront\u00e9s, et pourtant nous discutons depuis des mois de ce qu’il faut faire. Il y a encore de l’argent dans le Fonds de relance que nous pourrions utiliser plus efficacement. Je crains que ces d\u00e9bats ne nous d\u00e9tournent de l’objectif que nous partageons tous : produire plus.<\/p>\n\n\n\nLes \u00c9tats membres disposent d’une marge de man\u0153uvre budg\u00e9taire limit\u00e9e. Ne craignez-vous pas que si nous ne d\u00e9pensons pas d’argent pour produire davantage en Europe et cr\u00e9er des emplois ici, nous nous retrouvions dans le pire des deux mondes : des conditions budg\u00e9taires extr\u00eamement difficiles et toujours d\u00e9pendant de l’humeur politique outre-Atlantique\u00a0 en l\u2019absence d\u2019industrie de d\u00e9fense ? 80 % de l’aide apport\u00e9e \u00e0 l’Ukraine finance l’industrie de d\u00e9fense am\u00e9ricaine, g\u00e9n\u00e9rant de la croissance et des emplois. Pourquoi ne pas chercher \u00e0 cr\u00e9er les m\u00eames conditions ici ?\u00a0<\/h3>\n\n\n\n Nous sommes bien s\u00fbr tout \u00e0 fait favorables \u00e0 la cr\u00e9ation d’une capacit\u00e9 de production et d’emplois beaucoup plus importante au sein de l’Union, mais la r\u00e9alit\u00e9 est que nous ne pouvons pas r\u00e9aliser cela sans partenaires ext\u00e9rieurs \u2014 les \u00c9tats-Unis, le Royaume-Uni, la Norv\u00e8ge, etc.<\/p>\n\n\n\n
Si je regarde notre arm\u00e9e n\u00e9erlandaise, par exemple notre arm\u00e9e de l’air, plusieurs syst\u00e8mes d’armes sont produits par des fabricants am\u00e9ricains ou interconnect\u00e9s avec eux. Nous devons les maintenir \u00e0 bord et les encourager \u00e0 investir dans des capacit\u00e9s de production en Europe. Cela cr\u00e9e des situations gagnant-gagnant dans nos relations transatlantiques. Compte tenu de l’augmentation des budgets de d\u00e9fense, il est pr\u00e9f\u00e9rable pour tout le monde d’accro\u00eetre le g\u00e2teau plut\u00f4t que d\u2019augmenter le prix des parts.<\/p>\n\n\n\n
La Commission europ\u00e9enne devrait publier son Livre blanc sur l’avenir de la d\u00e9fense europ\u00e9enne au printemps. Quels sont les \u00e9l\u00e9ments que vous d\u00e9fendez du point de vue n\u00e9erlandais ?<\/h3>\n\n\n\n Notre position est que nous devons stimuler la production europ\u00e9enne, mais qu’elle doit \u00eatre rapide, efficace et ouverte. Nous ne devons pas envoyer \u00e0 nos partenaires \u2014 qu’il s’agisse des \u00c9tats-Unis, du Royaume-Uni ou de la Norv\u00e8ge \u2014 le signal que la d\u00e9fense europ\u00e9enne signifie leur fermer l’Europe. Ce serait un mauvais signal.<\/p>\n\n\n\n
Nous sommes tr\u00e8s forts dans le domaine maritime ; l’espace est important pour nous, tout comme la d\u00e9fense a\u00e9rienne. Nous insisterons sur ces domaines aupr\u00e8s de la Commission.<\/p>\n\n\n\nAux Pays-Bas, l’arm\u00e9e est tr\u00e8s populaire. Pour nous, le d\u00e9fi consiste \u00e0 absorber les nouvelles recrues plut\u00f4t qu’\u00e0 en trouver.<\/p>Ruben Brekelmans<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\nLorsque nous d\u00e9veloppons nos forces arm\u00e9es, un certain nombre de r\u00e9glementations environnementales nous barrent la route. Les Pays-Bas sont un petit pays et lorsque nous essayons d’\u00e9tendre nos sites, que ce soit pour la d\u00e9fense ou la construction de maisons dans de nouvelles zones, nous nous heurtons \u00e0 des directives environnementales.<\/p>\n\n\n\n
Lorsque nous cherchons \u00e0 introduire des exemptions, nous constatons souvent que les directives europ\u00e9ennes sont les normes qui posent le plus grand d\u00e9fi.<\/p>\n\n\n\n
C’est une question qui doit \u00eatre abord\u00e9e. Une option consisterait \u00e0 introduire des d\u00e9rogations au niveau europ\u00e9en \u00e0 certaines de ces directives environnementales dans le but particulier de la planification de la d\u00e9fense.<\/p>\n\n\n\n
Pour d\u00e9velopper une arm\u00e9e, il faut pouvoir recruter. Un d\u00e9bat est en cours sur la r\u00e9introduction du service militaire \u2014 un changement culturel important provoqu\u00e9 par la guerre en Ukraine. Que vous a appris l’exp\u00e9rience n\u00e9erlandaise ?<\/h3>\n\n\n\n Aux Pays-Bas, l’arm\u00e9e est tr\u00e8s populaire. Pour nous, le d\u00e9fi consiste \u00e0 absorber les nouvelles recrues plut\u00f4t qu’\u00e0 en trouver.<\/p>\n\n\n\n
Nous avons mis en place un programme de volontariat appel\u00e9 \u00ab Ann\u00e9e de service \u00bb. L’objectif est que pendant un an, vous appreniez \u00e0 conna\u00eetre le m\u00e9tier et qu’\u00e0 la fin de l’ann\u00e9e, on vous propose de rester dans l’arm\u00e9e. Notre objectif \u00e9tait qu’un tiers des jeunes qui participaient au programme choisissent de rester. \u00c0 la fin de l’ann\u00e9e, nous avons constat\u00e9 que 80 % d’entre eux avaient d\u00e9cid\u00e9 de s\u2019engager. Environ 60 % d’entre eux travaillent \u00e0 temps plein et les 20 % restants sont des r\u00e9servistes. Si vous regardez le nombre de postes vacants, ils sont de l’ordre de quelques centaines et nous avons cinq \u00e0 dix fois plus de candidats pour certains postes. <\/p>\n\n\n\n
Nous devons d\u00e9velopper notre arm\u00e9e, mais nous voulons aussi le faire de mani\u00e8re efficace. Cela signifie qu’il faut examiner les co\u00fbts. Nous devons \u00eatre plus innovants et travailler avec le secteur priv\u00e9. Globalement, il s’agit de moderniser notre arm\u00e9e en termes d’effectifs, mais aussi en termes de technologie et de formation. <\/p>\n\n\n\n
Cro\u00eetre, changer, former : tels sont les trois piliers. En fin de compte, nous construisons des arm\u00e9es pour une nouvelle \u00e8re.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
\u00ab La production europ\u00e9enne doit \u00eatre rapide, efficace et ouverte. \u00bb<\/p>\n
Face \u00e0 une Russie de plus en plus mena\u00e7ante et alors que les \u00c9tats-Unis de Donald Trump mettent la pression sur l’Europe, comment construire sans tarder les arm\u00e9es qui pourront d\u00e9fendre le continent demain ? Les r\u00e9ponses pragmatiques de Ruben Brekelmans, ministre n\u00e9erlandais de la D\u00e9fense.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":261241,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-interviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1732],"tags":[],"geo":[1917],"class_list":["post-261234","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-guerre","staff-maria-tadeo-gc","geo-europe"],"acf":[],"yoast_head":"\n
\u00abNous construisons des arm\u00e9es pour une nouvelle \u00e8re\u00bb, une conversation avec Ruben Brekelmans, ministre de la D\u00e9fense des Pays-Bas | Le Grand Continent<\/title>\n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n \n \n \n \n\t \n\t \n\t \n