{"id":260388,"date":"2025-01-28T17:51:48","date_gmt":"2025-01-28T16:51:48","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=260388"},"modified":"2025-01-29T10:37:15","modified_gmt":"2025-01-29T09:37:15","slug":"la-revolution-est-terminee-il-faut-construire-un-etat-ahmad-al-sharaa-et-lavenir-de-la-syrie-x","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2025\/01\/28\/la-revolution-est-terminee-il-faut-construire-un-etat-ahmad-al-sharaa-et-lavenir-de-la-syrie-x\/","title":{"rendered":"\u00ab La r\u00e9volution est termin\u00e9e, il faut construire un \u00c9tat \u00bb : Ahmad al-Charaa et l\u2019avenir de la Syrie"},"content":{"rendered":"\n
Dans un entretien avec le r\u00e9alisateur Joe Hattab, Ahmad al-Charaa a prononc\u00e9 un discours qui permet de comprendre sa vision de la Syrie de demain.\u00a0<\/p>\n\n\n\n
Sur un ton chaleureux et enthousiaste, il se positionne comme le parfait oppos\u00e9 de Bachar el-Assad : aussi empathique que Bachar \u00e9tait cruel, ouvert aux minorit\u00e9s contre le nationalisme ethnique du r\u00e9gime pr\u00e9c\u00e9dent, favorable \u00e0 la justice contre l\u2019arbitraire du pouvoir oppressif, d\u00e9sireux d\u2019un retour des r\u00e9fugi\u00e9s syriens quand Bachar el-Assad se r\u00e9jouissait de leur d\u00e9part qui rendait le pays plus homog\u00e8ne… <\/p>\n\n\n\n
Ce contre-portrait a pour objectif de rassurer \u00e0 la fois la population syrienne et la communaut\u00e9 internationale des intentions positives de ce leader pourtant issu des rangs djihadistes de l\u2019organisation meurtri\u00e8re Front al-Nostra. Dans un r\u00e9cit triomphant, il exprime la fiert\u00e9 d\u2019un peuple syrien redevenu libre : \u00ab je vois des gens qui, apr\u00e8s avoir plant\u00e9 des tentes sur leurs terres, ont l’impression d’avoir le monde entre leurs mains \u00bb. Surtout, il d\u00e9veloppe l\u2019id\u00e9e que la r\u00e9volution syrienne est termin\u00e9e et qu\u2019il est d\u00e9sormais n\u00e9cessaire de d\u00e9velopper une \u00ab mentalit\u00e9 d\u2019\u00e9tat \u00bb qu\u2019il inscrit dans le temps tr\u00e8s long de l’historien syrienne : \u00ab la Syrie a \u00e9t\u00e9 construite pendant 7 000 ans \u00bb, int\u00e9grant le pass\u00e9 pr\u00e9-islamique dans sa d\u00e9finition de la nation syrienne \u00e0 venir. <\/p>\n\n\n\n
Enfin, il pr\u00e9conise le refus de la vengeance contre ceux qui ont travaill\u00e9 au sein du pouvoir de Bachar el-Assad, \u00e0 l\u2019exception des bourreaux et tortionnaires, et plaide pour une amnistie g\u00e9n\u00e9rale. Les difficult\u00e9s nombreuses qui attendent le nouveau pouvoir syrien \u2014 les forces pro-r\u00e9gimes alaouites encore actives, la gestion des institutions pr\u00e9existantes de l\u2019\u00c9tat qui font l’objet d’une d\u00e9fiance, les dissensions internes \u00e0 la population, les difficult\u00e9s \u00e9conomiques, le retour potentiel de millions de r\u00e9fugi\u00e9s \u2014 n’apparaissent dans ce discours dont l\u2019optimisme d\u00e9tonne dans le contexte r\u00e9gional et international.<\/p>\n\n\n\n
Apr\u00e8s une longue lutte, 14 ans de r\u00e9volution, ou 21 ans pour moi personnellement, le sentiment le plus fort qui efface toute la fatigue de ces ann\u00e9es est de voir un homme retrouver sa m\u00e8re apr\u00e8s 14 ans, ou quelqu’un qui retrouve son fr\u00e8re apr\u00e8s 10 ans, ou d’autres qui se retrouvent apr\u00e8s 8 ans. Beaucoup de vid\u00e9os circulent, o\u00f9 l\u2019on voit des gens pleurer de joie. Les familles ont \u00e9t\u00e9 d\u00e9chir\u00e9es, mais aujourd’hui, elles se retrouvent. C’est pour cela que les gens sont heureux. C’est comme s’ils \u00e9taient sortis d\u2019une prison o\u00f9 les visites n\u2019existaient pas. Les rues sont une f\u00eate. Tout le monde est heureux, tout le monde se prom\u00e8ne. <\/p>\n\n\n\n
Ces premi\u00e8res lignes font bien ressortir la teneur du discours d’Ahmad al-Charaa \u00e0 l’\u00e9gard des Syriens, empreint d’empathie. Il mentionne bien s\u00fbr les images bouleversantes de la lib\u00e9ration des prisons du r\u00e9gime, en particulier la redoutable prison de Sednaya, symbole de la chute du r\u00e9gime des Assad le 8 d\u00e9cembre. Il marque ici un diff\u00e9rentiel tr\u00e8s fort avec Bachar al-Assad, dont il dessine le contre-portrait autant sur le fond, lorsqu’il d\u00e9nonce l’arbitraire et la violence du r\u00e9gime, que dans l’attitude. Le ton pos\u00e9 et bienveillant tranchant compl\u00e8tement avec, par exemple, les images d’un Bachar al-Assad souriant et d\u00e9connect\u00e9 au milieu des victimes et des d\u00e9combres du tremblement de terre de f\u00e9vrier 2023. Cette apparente bienveillance est critique pour l’image du leader islamiste, autour duquel de fortes interrogations demeurent en Syrie, compte tenu notamment de son parcours djihadiste, qui l’avait notamment men\u00e9 jusqu’\u00e0 la t\u00eate du tr\u00e8s meurtrier Front al-Nosra, affili\u00e9 \u00e0 al Qaeda, en 2012.<\/p>\n\n\n\n
Savez-vous \u00e0 quel point il est difficile d’\u00eatre chass\u00e9 de chez soi par la force ? Par nature, l’homme a un instinct de possession. L’\u00eatre humain a un d\u00e9sir inn\u00e9 de propri\u00e9t\u00e9. Mais ils ont pris les maisons des gens, les ont forc\u00e9s \u00e0 partir avec rien d’autre que leurs v\u00eatements et les ont envoy\u00e9s \u00e0 Idlib ou dans un camp de r\u00e9fugi\u00e9s en Jordanie ou au Liban \u2014 des pays d\u00e9j\u00e0 en proie \u00e0 des difficult\u00e9s \u00e9conomiques, et qui sont encore plus accabl\u00e9s par ces crises. Puis un demi-million a \u00e9t\u00e9 envoy\u00e9 en Turquie, d’autres ont travers\u00e9 la mer, se sont noy\u00e9s, y compris des femmes et des enfants. Ils sont arriv\u00e9s dans des pays o\u00f9 les gens peuvent ou non les accueillir, les enfermer dans des camps, leur donner des cartes d’identit\u00e9 et recueillir leurs empreintes digitales. Et \u00e7a ne s’arr\u00eate pas l\u00e0. Dans certains pays, leurs camps ont \u00e9t\u00e9 incendi\u00e9s \u2014 ces images sont d\u00e9chirantes. <\/p>\n\n\n\n
Ahmad al-Charaa nourrit son r\u00e9cit de mani\u00e8re empathique, \u00e9voquant cette fois-ci le drame des r\u00e9fugi\u00e9s, fuyant la r\u00e9pression et la guerre d\u00e8s l’\u00e9t\u00e9 2011, principalement vers la Turquie, le Liban et la Jordanie.\u00a0 L\u00e0-encore, le d\u00e9calage avec Bachar al-Assad est flagrant, lui qui, dans un discours de 2017, vantait une soci\u00e9t\u00e9 syrienne \u00ab plus homog\u00e8ne \u00bb, remarque particuli\u00e8rement cynique dans le contexte d’une guerre aux 6 millions de r\u00e9fugi\u00e9s \u00e0 l’ext\u00e9rieur du pays, 6 \u00e0 7 millions de d\u00e9plac\u00e9s int\u00e9rieurs et 500\u00a0000 morts.<\/p>\n\n\n\n
Vous pouvez d\u00e9sormais dire \u00e0 ces gens : \u00ab vos terres ont \u00e9t\u00e9 restaur\u00e9es, votre pays vous est rendu \u00bb. C’est vrai qu’il est d\u00e9truit, mais je vois des gens qui, apr\u00e8s avoir plant\u00e9 des tentes sur leurs terres, ont l’impression d’avoir le monde entre leurs mains. Je suis certain que d’ici deux ans, les Syriens en exil, les 15 millions de Syriens d\u00e9plac\u00e9s, reviendront. Je pense que seulement un million ou 1,5 million d’entre eux resteront \u00e0 l’\u00e9tranger. Les gens reviendront. <\/p>\n\n\n\n
L’enjeu du retour des r\u00e9fugi\u00e9s est central, d’un point tant humanitaire que politique. Dans la Syrie post-guerre de Bachar el-Assad, les r\u00e9fugi\u00e9s \u00e9taient inexistants, tant mat\u00e9riellement que symboliquement. Le narratif dominant \u00e0 leur \u00e9gard \u00e9tait celui de la tra\u00eetrise et de la d\u00e9fection.\u00a0 Bachar avait fait de leur non-retour une question de survie pour son r\u00e9gime, au point de refuser la main tendue de la Turquie \u00e0 l’\u00e9t\u00e9 de 2024. \u00c0 ce sujet, Ahmad al-Charaa rencontre, lui, les exigences du pouvoir turc et du pr\u00e9sident Recep Tayyip Erdogan, qui souhaite renvoyer des r\u00e9fugi\u00e9s vers la Syrie pour y \u00e9tendre son influence mais aussi pour satisfaire le sentiment anti-r\u00e9fugi\u00e9s syriens grandissant en Turquie.<\/p>\n\n\n\n
Ce qui est encore mieux, c’est que, lorsque nous avons pris le contr\u00f4le de zones militaires, leurs habitants n’ont pas fui. Au contraire, les gens s’y sont install\u00e9s. Personne n’a fui ces zones. Pas un seul musulman, chr\u00e9tien, kurde, alaouite ou druze. Les habitants sont rest\u00e9s. Notre lutte a \u00e9t\u00e9 marqu\u00e9e par la mis\u00e9ricorde et la r\u00e9unification des familles, alors comment les gens pourraient-ils ne pas \u00eatre heureux ? <\/p>\n\n\n\n
Certaines organisations et personnes \u00e0 Idlib nous demandaient de commencer les efforts de reconstruction sur place alors qu\u2019un tiers des habitants d’Idlib vivaient dans des tentes, un autre tiers dans des maisons lou\u00e9es, et seulement le dernier tiers \u00e9tait compos\u00e9 de locaux. Je leur disais que la Syrie a \u00e9t\u00e9 construite sur 7 000 ans et que la construction est un processus cumulatif. <\/strong>Lorsque vous enlevez quelqu’un, vous le ramenez \u00e0 la case d\u00e9part. Ils n’ont rien d’autre que leurs v\u00eatements. Ils doivent donc reconstruire leur vie \u00e0 partir de z\u00e9ro, si tant est qu’ils aient suffisamment de force pour recommencer. <\/p>\n\n\n\n Ahmad al-Charaa loue ici la pluralit\u00e9 des civilisations traversant l’histoire syrienne, remontant au-del\u00e0 de la p\u00e9riode islamique. Ce propos n’est pas anodin, il nourrit le narratif d’inclusion qu’Ahmad al-Charaa tente de construire, dirig\u00e9 notamment vers les minorit\u00e9s. Ce sujet est l’un des plus critiques dans la transition en cours. S’il est vrai qu’une majorit\u00e9 des populations, y compris chr\u00e9tiennes, druzes ou alaouites, est rest\u00e9e \u00e0 Alep, Hama ou Homs apr\u00e8s leur conqu\u00eate par HTC, les t\u00e9moignages font \u00e9tat de d\u00e9bordements par les factions sur le terrain. L’un des exemples les plus r\u00e9cents : une intervention violente des hommes d’HTC dans la ville alaouite de Demsarkho, dans le Nord-Ouest, faisant deux bless\u00e9s le 18 janvier. Le cas des alaouites est particuli\u00e8rement sensible compte tenu de leur association suppos\u00e9e avec le r\u00e9gime des Assad, de la r\u00e9sistance de certains anciens responsables du r\u00e9gime, et de la nuisance des milices pro-Assad toujours actives. Les revendications d’autonomie des populations kurdes sont un autre sujet, surtout au vu de l’opposition \u00e0 celles-ci de l’allier turc d’al-Charaa.<\/p>\n\n\n\n Le probl\u00e8me, c’est que le r\u00e9gime pr\u00e9c\u00e9dent a fait du peuple son ennemi. Il avait constamment peur du peuple. Ils ont donc con\u00e7u toutes leurs institutions pour pi\u00e9ger le peuple. Leur conception de l’autorit\u00e9 impliquait de contr\u00f4ler tous les aspects de la vie d’une personne, puis l\u2019utiliser \u00e0 leur profit. Dans certains pays, les gouvernements contr\u00f4lent leur population, mais de mani\u00e8re intelligente. Ils fournissent des outils pour les guider, \u00e9duquent le public et fa\u00e7onnent une id\u00e9ologie pour cr\u00e9er des convictions sp\u00e9cifiques. Ainsi, l’opinion publique est parfois guid\u00e9e, dans les pays modernes et d\u00e9velopp\u00e9s \u00e9galement. <\/p>\n\n\n\n Mais ici, le r\u00e9gime contr\u00f4lait la vie quotidienne des gens, en utilisant les forces de s\u00e9curit\u00e9, la torture, les meurtres et l’intimidation. Cette m\u00e9thode de contr\u00f4le est efficace, mais les gens suivent les r\u00e8gles par peur et non par conviction. C’est la raison pour laquelle ils se r\u00e9jouissent de la chute du r\u00e9gime.<\/p>\n\n\n\n Ahmad al-Charaa fait r\u00e9f\u00e9rence aux instruments de contr\u00f4le construits par le r\u00e9gime des Assad, d’abord par le p\u00e8re Hafez, puis le fils Bachar. Parmi ces outils, l’appareil de s\u00e9curit\u00e9, tenu notamment, historiquement, par des membres de la famille Assad, \u00e0 l’image de Rifaat, fr\u00e8re de Hafez, ou Maher, fr\u00e8re de Bachar. Les sections de la s\u00e9curit\u00e9 (‘amn<\/em>) politique et militaire, et bien s\u00fbr les tr\u00e8s larges services de renseignement (mukhabarat<\/em>) sont particuli\u00e8rement redout\u00e9s. Le r\u00e9gime contr\u00f4le \u00e9galement des segments entiers de population par leur enr\u00f4lement dans le parti Baas, dans l’arm\u00e9e, ou encore dans l’\u00e9norme bureaucratie syrienne.<\/p>\n\n\n\n Bien s\u00fbr, je ne soutiens pas ceux qui disent \u00ab ces gens ne sont que des suiveurs \u00bb (rires). <\/p>\n\n\n\n Cette remarque et les rires qu’elle suscite font r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 l’\u00e9tonnement de certains face au revirement apparent de position au sein de la population, du soutien des Assad vers la c\u00e9l\u00e9bration du nouveau pouvoir. \u00c0 ceux qui d\u00e9noncent des \u00ab suiveurs \u00bb, Ahmad al-Charaa r\u00e9pond qu’il s’agit plut\u00f4t d’un contexte d’oppression qui se l\u00e8ve, et laisse enfin les gens s’exprimer librement sur leur ressentiment \u00e0 l’\u00e9gard des Assad.<\/p>\n\n\n\n J’essaie de rester de bonne foi et de me dire que certaines personnes ont \u00e9t\u00e9 expos\u00e9es \u00e0 la propagande antir\u00e9volutionnaire pendant des ann\u00e9es, pendant pr\u00e8s de 35 ans. Ils ont \u00e9t\u00e9 soumis \u00e0 une propagande contre certaines sectes. On leur a dit que si ces gens gouvernaient, ils les tueraient. Cette propagande, largement financ\u00e9e par le r\u00e9gime, s’est effondr\u00e9e en 11 jours seulement. Elle s’est effondr\u00e9e parce que les gens sont plus influenc\u00e9s par la r\u00e9alit\u00e9 et les faits que par les mots, n’est-ce pas ? <\/p>\n\n\n\n En plus des m\u00e9canismes de contr\u00f4le, de r\u00e9pression et de client\u00e8le, le r\u00e9gime des Assad a beaucoup us\u00e9 de narratifs de peur, pour aligner derri\u00e8re lui les minorit\u00e9s \u2014 alaouite, chr\u00e9tiennes ou encore druze \u2014 et plus g\u00e9n\u00e9ralement la population urbanis\u00e9e et s\u00e9cularis\u00e9e, contre la menace islamiste. Ces discours sont particuli\u00e8rement performants durant le conflit des ann\u00e9es 1978-1982, qui oppose le r\u00e9gime aux militants fr\u00e8res musulmans, jusqu’au massacre de Hama en 1982. En 2011, Bachar el-Assad tente \u00e9galement de disqualifier les soul\u00e8vements en brandissant d\u00e8s le d\u00e9part la menace islamiste.<\/p>\n\n\n\n C’est ce qu’on appelle transmettre des id\u00e9es par des actions. <\/p>\n\n\n\n Lorsque vous mettez en pratique vos convictions morales, vous pouvez influencer les gens davantage qu’en les pr\u00eachant. Si vous pr\u00eachez la morale sans la mettre en pratique, vos mots seront vides de sens. Les bonnes actions affectent les gens bien plus que les discours. Les bonnes actions sont pratiques et tangibles \u2014 pas les mots.<\/p>\n\n\n\n Depuis l’assaut vers Damas et la chute du pouvoir des Assad, Ahmad al-Charaa utilise des d\u00e9cisions fortes, marquantes, pour affirmer son passage d’une logique r\u00e9volutionnaire \u00e0 celle d’une transition pacifique. Parmi ces d\u00e9cisions, celles de pr\u00e9server le Premier ministre de l’ancien r\u00e9gime durant les premi\u00e8res 48h suivant sa chute, ou encore celle d’accorder l’amnistie aux conscrits de l’arm\u00e9e syrienne.<\/p>\n\n\n\n Si nous voulons maintenir ce succ\u00e8s il nous faut rester prudent et vigilant. Il ne faut pas se sentir trop en s\u00e9curit\u00e9, car le danger \u00e9merge souvent d\u2019une situation s\u00e9curis\u00e9e. Les personnes qui travaillent dans les affaires publiques et les dirigeants en g\u00e9n\u00e9ral doivent toujours \u00eatre prudents. Bien s\u00fbr, il ne s’agit pas d’une prudence excessive qui conduirait au doute et \u00e0 la remise en question, mais d’une prudence qui encourage \u00e0 travailler plus dur et \u00e0 donner davantage. Nous sommes aujourd’hui confront\u00e9s \u00e0 de nombreux d\u00e9fis \u00e0 l’int\u00e9rieur du pays. Nous devons \u00e9tablir des relations politiques stables. Nous devons accorder une attention particuli\u00e8re aux affaires int\u00e9rieures afin que les gens puissent vivre ensemble en paix, s’aimer et se faire confiance. C\u2019est un d\u00e9fi extr\u00eamement important.<\/p>\n\n\n\n Heureusement, la mentalit\u00e9 revancharde ne fait pas partie du caract\u00e8re syrien. Tout au long de cette grande bataille, la devise \u00e9tait : \u00ab Seigneur, accorde-nous une victoire sans vengeance \u00bb,<\/strong> parce qu’un esprit de vengeance ne peut pas construire. <\/p>\n\n\n\n Plusieurs s\u00e9quences ont, depuis la chute de Bachar el-Assad, laiss\u00e9 entrevoir des risques d’embrasement. Un exemple est celui de la d\u00e9couverte le 25 d\u00e9cembre de l’incendie criminel du sanctuaire d’al-Khasibi, principale figure historique alaouite, au moment de la prise d’Alep par HTC quelques semaines plus t\u00f4t. \u00c0 la suite de fortes mobilisations, des appels au calme et \u00e0 l’unit\u00e9 contre la s\u00e9dition (fitna<\/em>) \u00e9mergent sur les r\u00e9seaux sociaux, venant de toutes les communaut\u00e9s. Il existe une forme de disjonction entre le discours d’al-Charaa, tr\u00e8s conciliant, et les attitudes de certaines factions islamistes sur le terrain, multipliant abus et humiliations contre les alaouites, tant du fait de leur statut \u00ab d’apostats \u00bb dans l’id\u00e9ologie islamiste, que de leur complicit\u00e9 suppos\u00e9e avec le r\u00e9gime des Assad.<\/p>\n\n\n\n Nous avons rencontr\u00e9 de nombreux probl\u00e8mes. Il y a une crise g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e. Il n’est pas possible d’obtenir une justice imm\u00e9diate, sauf dans les cas \u00e9vidents et graves. Dans les grandes batailles, le droit \u00e0 la vengeance a \u00e9t\u00e9 abandonn\u00e9, sauf dans des cas comme ceux des responsables de la prison de Sednaya, les chefs des services de s\u00e9curit\u00e9 qui ont tortur\u00e9 des gens, les pilotes qui ont effectu\u00e9 des raids, ceux qui ont largu\u00e9 des bombes sur des civils et ceux qui ont commis des massacres. N\u00e9anmoins, la justice doit \u00eatre rendue par le syst\u00e8me judiciaire et selon la loi, devant les tribunaux, et non par des individus. Nous devons respecter la loi. Si nous ne la respectons pas, c’est la loi de la jungle qui pr\u00e9vaudra. Si la justice est rendue selon la loi, le droit de chacun est pr\u00e9serv\u00e9. Car lorsque l’auteur de l’infraction est emprisonn\u00e9, il conserve tout de m\u00eame certains droits. Mais si on laisse la place \u00e0 la vengeance, c’est la loi de la jungle qui pr\u00e9vaut. Bien s\u00fbr, la vie r\u00e9elle n’est pas parfaite, quelques incidents se sont produits en marge, mais ils sont minimes et leur nombre se r\u00e9duit de jour en jour, au fur et \u00e0 mesure que le contr\u00f4le de s\u00e9curit\u00e9 s’am\u00e9liore. <\/p>\n\n\n\n Nous comptons \u00e9galement sur la prise de conscience et le bon jugement de la communaut\u00e9. Je les comprends profond\u00e9ment en raison de la pression qu’ils ont subie pendant plus de cinquante ans. Les gens sont influenc\u00e9s par la mani\u00e8re dont ils sont gouvern\u00e9s. Nous parlons de g\u00e9n\u00e9rations enti\u00e8res \u2014 environ six g\u00e9n\u00e9rations ont v\u00e9cu sous ce r\u00e9gime. Il n’y a donc pas de baguette magique pour r\u00e9soudre ces probl\u00e8mes. La situation exige de la patience et une strat\u00e9gie \u00e0 long terme dans les domaines de l’\u00e9ducation, de l’enseignement sup\u00e9rieur, des relations sociales, du discours religieux, des plateformes culturelles et des m\u00e9dias, \u00e0 tous les niveaux. Les gens avaient l’habitude de vivre dans la m\u00e9fiance et la peur les uns des autres. Ils disaient : \u00ab Fais attention, quelqu’un pourrait t’entendre et te d\u00e9noncer \u00bb. Voil\u00e0 \u00e0 quoi ressemblait la vie d’un citoyen syrien, sans compter la corruption. <\/p>\n\n\n\n Les sujets religieux et culturels, y compris dans l’\u00e9ducation, sont parmi les premiers \u00e0 avoir \u00e9t\u00e9 abord\u00e9s par le nouveau pouvoir. D’une part, il s’agit de r\u00e9pondre \u00e0 une urgence symbolique : que faire d’un programme scolaire construit autour de la glorification de l’ancien r\u00e9gime, en particulier au sein des cours d’histoire et de \u00ab nationalisme \u00bb d\u00e8s l’\u00e9cole primaire ? D’autre part, le nouveau gouvernement, \u00e0 travers certaines positions pol\u00e9miques \u2014 par exemple \u00e0 propos de la pr\u00e9sence de la th\u00e9orie de l’\u00e9volution dans les programmes scolaires \u2014 poursuit des d\u00e9bats d\u00e9j\u00e0 engag\u00e9s avant la chute du r\u00e9gime, entre les \u00e9lites politiques s\u00e9culaires et les \u00e9lites musulmanes conservatrices. La question des droits des femmes est \u00e9galement au c\u0153ur des controverses, tant du fait des d\u00e9cisions prises par le pouvoir, que dans les interactions quotidiennes avec des hommes d’HTC sur le terrain.<\/p>\n\n\n\n Aujourd’hui, les gens peuvent \u00e0 nouveau se faire confiance. Chacun peut exprimer librement son opinion, \u00e0 condition de ne pas enfreindre la loi, de ne pas endommager les biens publics et de ne pas perturber la vie sociale. Aujourd’hui, la Syrie conna\u00eet une grande harmonie sociale, susceptible de cr\u00e9er une nouvelle vie, que les gens n’ont pas connue depuis pr\u00e8s de 50 ans. Ils en feront l’exp\u00e9rience pour la premi\u00e8re fois, en vivant ensemble avec amour. <\/p>\n\n\n\n La premi\u00e8re chose que nous avons faite, c’est d’annoncer l’amnistie depuis le d\u00e9but de la r\u00e9volution et cette amnistie a beaucoup aid\u00e9 les gens. Maintenant que nous avons gagn\u00e9, nous ne pouvons pas arr\u00eater les gens de fa\u00e7on arbitraire, parce que nous devons maintenir notre cr\u00e9dibilit\u00e9. Nous avons donn\u00e9 notre parole aux gens et nous ne pouvons pas revenir dessus. Si nous ne l’avions pas respect\u00e9e, les gens auraient \u00e9t\u00e9 accabl\u00e9s. La politique d’amnistie pendant la bataille a eu un impact positif et a permis d’\u00e9viter de nombreuses effusions de sang. Maintenant que Dieu nous a donn\u00e9 la victoire, nous ne pouvons pas commencer \u00e0 verser du sang et \u00e0 arr\u00eater des gens, car cela d\u00e9truirait notre cr\u00e9dibilit\u00e9. Nous devons trouver un \u00e9quilibre entre les droits individuels et l’amnistie g\u00e9n\u00e9rale. L’amnistie doit \u00eatre globale. <\/p>\n\n\n\n Dieu merci, il nous a accord\u00e9 la victoire \u00e0 moindre co\u00fbt et c’est la plus grande forme de victoire. Qu’aurions-nous gagn\u00e9 si nous avions gagn\u00e9 mais que Damas et Alep avaient \u00e9t\u00e9 d\u00e9truites ? Le r\u00e9gime est entr\u00e9 dans Khan Shaykhoun et Maarat al-Numan, mais elles sont rest\u00e9es vides apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 compl\u00e8tement d\u00e9truites, les transformant en villes inhabitables. Peut-on appeler cela une victoire ? Non, ils se sont content\u00e9s de s’emparer de terres, tandis que nous avons conquis la population \u2014 et c’est cela la vraie victoire. La victoire consiste \u00e0 obtenir de grands r\u00e9sultats avec un minimum de pertes. Il est donc inacceptable de tromper les gens en annon\u00e7ant une amnistie puis leur faire rendre compte.<\/p>\n\n\n\n Nous devons reconna\u00eetre que Dieu nous a honor\u00e9s et que nous devons maintenir notre int\u00e9grit\u00e9 morale. Un autre point important est que nous devons avoir des priorit\u00e9s claires lors de la construction du nouveau pays. Quelles sont ces priorit\u00e9s ? La priorit\u00e9 est de construire des institutions qui permettent d’atteindre un niveau de justice \u00e9l\u00e9mentaire entre les gens et d’emp\u00eacher que les erreurs ne se r\u00e9p\u00e8tent. Nous devons construire le pays correctement. Si les revendications de droits personnels entravent ce processus, je dirais que la construction du pays est prioritaire. <\/strong>Nous devons laisser les gens respirer pendant un certain temps, reconstruire le pays ensemble et donner la priorit\u00e9 au pardon, sauf pour ceux qui ont commis des crimes syst\u00e9matiques et organis\u00e9s, comme ceux qui ont perp\u00e9tr\u00e9 le massacre de Houla, ceux qui ont viol\u00e9 des femmes, tortur\u00e9 des d\u00e9tenus ou commis d’autres crimes encore. Ces personnes-l\u00e0 sont exclues. Par ailleurs, ces individus ne sont pas rentr\u00e9s chez eux, ils n’ont pas accept\u00e9 l’amnistie. Ils se sont enfuis d\u00e8s que nous les avons trouv\u00e9s. Je ne me consid\u00e8re donc pas moralement tenu envers eux. Quant aux autres, ils ne peuvent pas se faire justice eux-m\u00eames. Il existe des tribunaux, un pouvoir judiciaire et des lois. Des plaintes peuvent \u00eatre d\u00e9pos\u00e9es. Si l’accus\u00e9 faisait partie des personnes incluses dans la guerre, notre devoir moral, religieux et logique est de dire que nous n’avons plus rien \u00e0 r\u00e9clamer \u00e0 cette personne. Lorsque les gens disent que nous avons n\u00e9glig\u00e9 le droit \u00e0 la vengeance, je r\u00e9ponds : \u00ab Nous vous avons rendu toute la Syrie. Nous vous avons rendu le plus grand des droits \u00bb.<\/p>\n\n\n\n Cette partie du discours touche \u00e0 la justice transitionnelle. Au moment de prendre Damas et la c\u00f4te syrienne \u2014 ancien \u00ab bastion \u00bb du r\u00e9gime \u2014 les soldats d’HTC et de ses groupes alli\u00e9s recherchaient les complices du r\u00e9gime des Assad, fouillant les maisons et, du fait d’informations parfois inexactes ou approximatives, commettaient certains abus. Dans les jours suivants la chute du r\u00e9gime, Ahmad al-Charaa et les troupes d’HTC ont d\u00fb faire face aux personnalit\u00e9s de l’ancien r\u00e9gime refusant de se rendre, \u00e0 l’image de Mohamed Kanjo Hassan, chef de la justice militaire, dont l’arrestation pr\u00e8s de Tartous le 26 d\u00e9cembre a caus\u00e9 21 morts. Le procureur de la Cour p\u00e9nale internationale, Karim Khan, a \u00e9t\u00e9 re\u00e7u par Ahmad al-Charaa le 17 janvier \u00e0 Damas.\u00a0<\/p>\n\n\n\n Le nom de Damas est revenu au premier plan. Aujourd’hui, les m\u00e9dias disent \u00ab la Syrie dit ceci et cela \u00bb, Damas est revenue sur la sc\u00e8ne internationale. Nous avons repositionn\u00e9 un pays qui, autrefois, \u00e9tait une nuisance pour le monde entier. Mais aujourd’hui, nous avons restaur\u00e9 les fondements de cette civilisation et lui avons redonn\u00e9 sa place strat\u00e9gique, politique, \u00e9conomique et sociale. Il ne faut donc pas g\u00e2cher cette grande opportunit\u00e9 pour se venger. Je dois prot\u00e9ger les droits de chacun, m\u00eame si cela doit me co\u00fbter la vie. Je n’ai jamais \u00e9vit\u00e9 de rendre justice \u00e0 qui que ce soit au cours de ma vie \u2014 parfois \u00e0 mes d\u00e9pens.<\/p>\n\n\n\n Mais aujourd’hui, notre priorit\u00e9 doit \u00eatre d’adopter une mentalit\u00e9 d’\u00c9tat. La mentalit\u00e9 de l’\u00c9tat doit pr\u00e9valoir. Une mentalit\u00e9 r\u00e9volutionnaire ne peut pas construire un pays. La r\u00e9volution est caract\u00e9ris\u00e9e par l’agitation et le comportement r\u00e9actionnaire, ce qui peut fonctionner pour renverser un r\u00e9gime, mais ne convient pas pour en construire un.<\/p>\n\n\n\n Ce passage a retenu l’attention de l’opinion sur les r\u00e9seaux sociaux. La transition politique qui doit durer 4 ann\u00e9es d’apr\u00e8s Ahmad al-Charaa, pose plusieurs d\u00e9fis. L’un des d\u00e9fis principaux consiste dans la gestion des institutions pr\u00e9existantes de l’\u00c9tat qui font l’objet d’une d\u00e9fiance, au vu de leur imbrication avec le parti Baas. Aujourd’hui, Ahmad al-Charaa gouverne principalement avec ses proches, d\u00e9j\u00e0 avec lui \u00e0 Idleb, et construit progressivement des relais de l’\u00c9tat, avec des personnalit\u00e9s issues des \u00e9lites locales.<\/p>\n\n\n\n C’est pourquoi je dis aujourd’hui que, pour nous, la r\u00e9volution est termin\u00e9e. C’est une partie de notre histoire que nous ch\u00e9rissons et c\u00e9l\u00e9brons, mais nous ne devrions pas conserver cette mentalit\u00e9 dans la phase suivante. Imaginez que vous essayiez de construire le pays en pensant en termes de factions. Cela ne fonctionnerait pas. Le pays doit donc se doter d’institutions, d’un pr\u00e9sident, d’un parlement, d’un gouvernement ex\u00e9cutif et de plans strat\u00e9giques. Nous devons avoir des strat\u00e9gies \u00e0 court terme, \u00e0 moyen terme et \u00e0 long terme. Nous devons nous fixer des objectifs et d\u00e9terminer comment les atteindre, par exemple en d\u00e9veloppant l’infrastructure \u00e9conomique, l’\u00e9ducation, les soins de sant\u00e9, les t\u00e9l\u00e9communications et l’innovation. Nous devons rattraper le monde en quelques ann\u00e9es. Si Dieu le veut, le passeport syrien aura de nouveau une valeur dans quelques ann\u00e9es. <\/p>\n\n\n\n Voir des gens se bousculer pour obtenir un passeport et constater \u00e0 quel point ils \u00e9taient mal trait\u00e9s dans les a\u00e9roports \u00e9tait l\u2019une des choses qui me peinait le plus. Les Syriens se sentaient inf\u00e9rieurs aux autres nationalit\u00e9s, car la force d’un citoyen est celle de son pays. Or notre pays \u00e9tait gangren\u00e9 par la corruption et l’oppression. C’\u00e9tait un pays sans poids dans le monde. Pour la premi\u00e8re fois, je sens que le monde nous respecte. Les Syriens du monde entier sont fiers aujourd\u2019hui.<\/p>\n\n\n\n D’apr\u00e8s l’indice de passeport Henley, le passeport syrien est aujourd’hui l’un des moins avantag\u00e9s, donnant acc\u00e8s \u00e0 seulement 9 pays sans visa. Le nouveau commandement syrien continue de recevoir les d\u00e9l\u00e9gations internationales \u00e0 Damas, tandis que le ministre des Affaires \u00e9trang\u00e8res, Asaad al-Shibani, se trouvait la semaine derni\u00e8re \u00e0 Davos pour le Forum \u00e9conomique mondial.<\/p>\n\n\n\n Ces cent derni\u00e8res ann\u00e9es, les guerres d\u2019opprim\u00e9s avaient rarement abouti. La solidarit\u00e9 arabe est aujourd’hui largement r\u00e9pandue. Nous avons \u00e9crit un nouveau chapitre de l’histoire. Nous avons men\u00e9 une guerre d’opprim\u00e9s sans ressources, et pourtant nous avons r\u00e9ussi \u00e0 r\u00e9cup\u00e9rer nos droits, parce que le droit est bien plus fort que le mensonge. La justice elle-m\u00eame est une force qui vous pousse \u00e0 aller de l’avant. Il suffit de travailler correctement sur soi, de prendre les bonnes mesures et de faire confiance \u00e0 Dieu, \u00e0 condition d’\u00eatre du c\u00f4t\u00e9 de la v\u00e9rit\u00e9. Et il faut \u00eatre sage, car parfois, m\u00eame les personnes justes peuvent \u00eatre imprudentes. Nous devons \u00eatre justes et sages. Vous devez \u00e9galement comprendre le sens du leadership<\/em>, qui consiste \u00e0 savoir quand agir et quand s’abstenir.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" \u00ab Ils se sont content\u00e9s de s’emparer de terres ; nous avons conquis la population \u2014 c’est cela la vraie victoire. \u00bb<\/p>\n Le nouveau ma\u00eetre de Damas veut \u00eatre un anti-Bachar. 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