{"id":256142,"date":"2024-12-30T10:52:41","date_gmt":"2024-12-30T09:52:41","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=256142"},"modified":"2024-12-31T12:22:56","modified_gmt":"2024-12-31T11:22:56","slug":"dans-un-monde-grand-et-terrible-antonio-gramsci-face-au-fascisme","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2024\/12\/30\/dans-un-monde-grand-et-terrible-antonio-gramsci-face-au-fascisme\/","title":{"rendered":"Dans \u00ab un monde grand et terrible \u00bb : Antonio Gramsci face au fascisme"},"content":{"rendered":"\n

De l\u2019acc\u00e9l\u00e9ration r\u00e9actionnaire<\/a> dans l\u2019Am\u00e9rique de Trump \u00e0 la mont\u00e9e du r\u00e9visionnisme de l\u2019AfD en Allemagne, soutenu par Elon Musk \u2014 l\u2019extr\u00eame droite progresse.<\/em> L\u2019histoire ne se r\u00e9p\u00e8te jamais, mais on gagne toujours \u00e0 l\u2019\u00e9tudier \u2014 et \u00e0 \u00e9tudier ces figures intellectuelles qui ont v\u00e9cu dans \u00ab \u00a0un monde grand et terrible\u00a0 \u00bb (Antonio Gramsci), souvent au risque de leur vie, en construisant des \u0153uvres qui peuvent encore nous \u00e9clairer.<\/em> Pour recevoir par e-mail les nouveaux \u00e9pisodes de cette s\u00e9rie, abonnez-vous<\/a><\/em><\/p>\n\n\n\n

Antonio Gramsci est partout. Il a v\u00e9cu (1891-1937) dans \u00ab un monde grand et terrible \u00bb, selon l\u2019expression qu\u2019il r\u00e9p\u00e9tait fr\u00e9quemment et avait emprunt\u00e9 \u00e0 Kim <\/em>de <\/em>Rudyard Kipling. Le fascisme fut un des \u00e9l\u00e9ments de ce monde terrible, de sa fondation en mars 1919 \u00e0 sa victoire apr\u00e8s la marche sur Rome d\u2019octobre 1922 puis \u00e0 sa transformation en r\u00e9gime. Gramsci fut le t\u00e9moin de cette ascension violente et de la d\u00e9faite des mouvements populaires puis l\u2019une des victimes de la dictature puisqu\u2019il fut arr\u00eat\u00e9 en novembre 1926 et condamn\u00e9 par le tribunal sp\u00e9cial \u00e0 vingt ans de prison.<\/p>\n\n\n\n

Dans un premier temps, nous suivrons \u00e0 grands traits sa lecture du ph\u00e9nom\u00e8ne fasciste, d\u2019abord dans les articles militants qu\u2019il \u00e9crit jusqu\u2019\u00e0 son arrestation puis dans ses Quaderni del carcere<\/em> (Cahiers de prison<\/em>), r\u00e9dig\u00e9s \u00e0 partir de f\u00e9vrier 1929, dans lesquels il tente, entre autres questions, de comprendre la d\u00e9faite des ouvriers et des groupes subalternes italiens face au fascisme. Ensuite, nous aborderons la fa\u00e7on dont, dans l\u2019Italie et la France du second XXe<\/sup> si\u00e8cle, l\u2019extr\u00eame droite \u2014 en une sorte d\u2019hommage du vice \u00e0 la vertu \u2014 a fait \u00e9merger l\u2019id\u00e9e qu\u2019il pouvait exister un \u00ab gramscisme de droite \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Pour Gramsci, le fascisme est au d\u00e9but un pur instrument dans les mains des forces \u00e9conomiques dominantes, <\/em>un mouvement de petits-bourgeois.<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La lecture gramscienne du fascisme<\/h2>\n\n\n\n

Antonio Gramsci, d\u00e8s les premi\u00e8res offensives militaires des squadre<\/em> fascistes qui commencent en 1919, se montre conscient du danger qu\u2019ils repr\u00e9sentent. Dans l\u2019Ordine Nuovo<\/em> du 8 mai 1920 il \u00e9crit  :<\/p>\n\n\n\n

\n

La phase actuelle de la lutte de classe en Italie est la phase qui pr\u00e9voit  : ou la conqu\u00eate du pouvoir politique par le prol\u00e9tariat r\u00e9volutionnaire [\u2026]  ; ou une terrible r\u00e9action de la classe propri\u00e9taire et de la caste gouvernementale. Aucune violence ne sera n\u00e9glig\u00e9e pour soumettre le prol\u00e9tariat industriel et agricole \u00e0 un travail servile  : on cherchera \u00e0 briser inexorablement les organismes de lutte politique de la classe ouvri\u00e8re (Parti socialiste) et \u00e0 incorporer les organismes de r\u00e9sistance \u00e9conomique (les syndicats et les coop\u00e9ratives) dans les engrenages de l\u2019\u00c9tat bourgeois.<\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Il y a l\u00e0 une intuition \u00e0 la fois sur l\u2019extr\u00eame violence qui va s\u2019exercer sur les ouvriers et les paysans mais aussi, \u00e0 plus long terme, sur les effets de cette violence qui visera \u00e0 d\u00e9truire les organismes politiques des ouvriers mais aussi \u00e0 \u00ab incorporer \u00bb syndicats et coop\u00e9ratives dans \u00ab les engrenages de l\u2019\u00c9tat \u00bb, ce qui de fait sera un des enjeux du r\u00e9gime fasciste. Or au moment o\u00f9 Gramsci \u00e9crit cet article, nous n\u2019en sommes qu\u2019au tout d\u00e9but du processus et ce sont les ouvriers et les paysans qui sont \u00e0 l\u2019offensive depuis la fin de la guerre. Le mouvement fasciste n\u2019en est qu\u2019\u00e0 ses d\u00e9buts  : Mussolini a fond\u00e9 \u00e0 Milan les Fasci di combattimento<\/em>, le 23 mars 1919. D\u00e8s le 15 avril, les fascistes attaquent et d\u00e9vastent le si\u00e8ge d\u2019Avanti !<\/em> journal du parti socialiste \u00e0 Milan. Mais c\u2019est surtout \u00e0 partir de l\u2019automne 1920 que les actions des squadre<\/em> fascistes se d\u00e9veloppent dans les zones agricoles de la vall\u00e9e du P\u00f4, de la Toscane et des Pouilles. Les propri\u00e9taires fonciers financent et arment les fascistes et les attaques des squadristes se multiplient contre les Maisons du peuple, les Bourses du travail, les coop\u00e9ratives et les municipalit\u00e9s socialistes. C\u2019est le d\u00e9but d\u2019une longue offensive militaire, qui convaincra non seulement les grands propri\u00e9taires terriens mais aussi les industriels, la monarchie italienne et l\u2019arm\u00e9e de l\u2019efficacit\u00e9 des fascistes contre les rouges et qui aboutira \u00e0 la Marche sur Rome d\u2019octobre 1922 et au premier gouvernement Mussolini.<\/p>\n\n\n\n

Il faut cependant bien voir que les premi\u00e8res interventions de Gramsci portent la marque d\u2019un marxisme rigoureusement classiste qui l\u2019emp\u00eache de d\u00e9velopper ses intuitions pourtant \u00e9clairantes \u00a0 ; <\/em>pour lui, le fascisme est un pur instrument dans les mains des forces \u00e9conomiques dominantes, <\/em>un mouvement de petits-bourgeois qui, apr\u00e8s l\u2019exp\u00e9rience de la guerre, croient pouvoir jouer un r\u00f4le historique alors qu\u2019ils ne sont qu\u2019une force d\u2019appoint au service des forces \u00e9conomiques dominantes, entrepreneurs capitalistes et grands propri\u00e9taires fonciers. Cette analyse \u2014 qui est aussi une mani\u00e8re de reconna\u00eetre l\u2019activit\u00e9 historique autonome de la petite-bourgeoisie, ce qui en soi est assez original dans le marxisme de l\u2019\u00e9poque \u2014, il la d\u00e9veloppe dans \u00ab Le\u00a0peuple des singes \u00bb <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span> et elle ne va pas vraiment \u00e9voluer jusqu\u2019\u00e0 la marche sur Rome d\u2019octobre 1922.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Au moment o\u00f9 le fascisme lance la marche sur Rome, Gramsci est \u00e0 Moscou<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

\u00ab La petite bourgeoisie [\u2026] cherche par tous les moyens \u00e0 conserver une position d\u2019initiative historique  : elle singe la classe ouvri\u00e8re, elle descend dans la rue. \u00bb C\u2019est en 1915, dans les manifestations pour l\u2019entr\u00e9e en guerre de l\u2019Italie que cette \u00ab classe de bavards, de sceptiques, de corrompus \u00bb a inaugur\u00e9 cette \u00ab tactique \u00bb qui est \u00ab comme la projection dans la r\u00e9alit\u00e9 d\u2019une nouvelle de la jungle de Kipling  : la nouvelle des Bandar-Log, le peuple des singes, qui croit \u00eatre sup\u00e9rieur \u00e0 tous les autres peuples de la jungle, poss\u00e9der toute l\u2019intelligence, toute l\u2019intuition historique, tout l\u2019esprit r\u00e9volutionnaire, toute la sagesse de gouvernement, etc., etc. [\u2026] Avec la fin de la guerre, la petite bourgeoisie, y compris dans son ultime incarnation politique du \u00ab fascisme \u00bb, s\u2019est d\u00e9finitivement montr\u00e9e dans sa vraie nature de serviteur du capitalisme et de la propri\u00e9t\u00e9 fonci\u00e8re, d\u2019agent de la contre-r\u00e9volution. Mais elle a aussi d\u00e9montr\u00e9 qu\u2019elle est fondamentalement incapable de r\u00e9aliser une quelconque fonction historique  : le peuple des singes remplit la chronique, il ne cr\u00e9e pas d\u2019histoire. Il laisse des traces dans les journaux, il n\u2019offre pas de mat\u00e9riau pour \u00e9crire des livres \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Au moment o\u00f9 le fascisme lance la marche sur Rome, Gramsci est \u00e0 Moscou, o\u00f9 il repr\u00e9sente le Parti communiste d\u2019Italie [PCd\u2019I] \u2014 fond\u00e9 en janvier 1921 \u2014 dans les instances dirigeantes de l\u2019Internationale communiste [IC]. En 1924, apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 \u00e9lu d\u00e9put\u00e9 lors des derni\u00e8res \u00e9lections libres, il revient en Italie. C\u2019est alors que le fascisme conna\u00eet une crise profonde, cons\u00e9cutive \u00e0 l\u2019assassinat du d\u00e9put\u00e9 socialiste Giacomo Matteotti. Les communistes se joignent \u00e0 l\u2019ensemble des opposants au fascisme qui d\u00e9cident de se retirer du parlement. On pense alors que la parenth\u00e8se du gouvernement Mussolini va se refermer et que l\u2019Italie va retrouver les gouvernements lib\u00e9raux d\u2019avant octobre 1922. Mais les forces \u2014 les classes dirigeantes, la monarchie, l\u2019arm\u00e9e \u2014 qui avaient permis l\u2019accession au pouvoir du fascisme continuent de le soutenir et le discours de Mussolini de janvier 1925 marque la fin de la crise et le d\u00e9but d\u2019une dictature qui va durer jusqu\u2019\u00e0 la Seconde Guerre mondiale. Gramsci se rend alors compte que le fascisme n\u2019est pas seulement la \u00ab mouche du coche \u00bb <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span> des classes dirigeantes mais qu\u2019il fait preuve d\u2019une r\u00e9elle autonomie politique qui va provoquer des effets de long terme sur le pays. C\u2019est en prison \u2014 arr\u00eat\u00e9 en novembre 1926, il est condamn\u00e9 \u00e0 20 ans de prison avec d\u2019autres dirigeants communistes \u2014 qu\u2019il va \u00e9laborer ses analyses du fascisme et expliquer les raisons de la d\u00e9faite du mouvement populaire.<\/p>\n\n\n\n

Le fascisme na\u00eet pour Gramsci de la crise d\u2019h\u00e9g\u00e9monie qui a suivi la guerre et au cours de laquelle le mouvement socialiste n\u2019a pas su l\u2019emporter.\u00a0<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Ce travail de r\u00e9flexion doit \u00eatre mis en relation avec un \u00ab tournant \u00bb important dans la ligne de l\u2019Internationale communiste et la prise de pouvoir par Staline dans le Parti communiste de l\u2019Union sovi\u00e9tique. \u00c0 l\u2019\u00e9t\u00e9 1928, le VIe<\/sup> congr\u00e8s de l\u2019IC adopte une ligne d\u2019offensive g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e, dite \u00ab classe contre classe \u00bb qui assimile les socialistes au fascisme (le \u00ab social-fascisme \u00bb). Gramsci est en d\u00e9saccord profond avec cette nouvelle ligne politique. Il va par exemple le dire \u00e0 son fr\u00e8re Gennaro quand celui-ci, envoy\u00e9 par le PCd\u2019I, vient le voir dans le p\u00e9nitencier de Turin en juin 1930  : quand Gennaro lui exprime son espoir que la ligne d\u2019offensive g\u00e9n\u00e9rale du prol\u00e9tariat entra\u00eene une fin proche du fascisme, Antonio r\u00e9pond  : \u00ab Tu te trompes [\u2026] je ne crois pas que la fin soit si proche. Je te dirai m\u00eame que nous n\u2019avons encore rien vu, le pire est \u00e0 venir. \u00bb Et \u00e0 ses camarades de prison il pr\u00e9sente une ligne alternative \u00e0 celle pr\u00f4n\u00e9e par l\u2019IC  : le mot d\u2019ordre qui peut unifier les grandes masses du peuple-nation contre le fascisme est la revendication d\u00e9mocratique d\u2019une Constituante r\u00e9publicaine\u2026 ce qui implique l\u2019alliance de toutes les forces antifascistes. C\u2019est en lien avec ce moment d\u00e9termin\u00e9 qu\u2019il faut comprendre l\u2019effort th\u00e9orique de Gramsci dans ses Cahiers de prison<\/em>  : il pense, en liant les concepts les uns aux autres, sans jamais les disjoindre, la guerre de position dont la traduction politique est la lutte pour l\u2019h\u00e9g\u00e9monie, la crise d\u2019h\u00e9g\u00e9monie, la r\u00e9volution passive. Le fascisme na\u00eet de la crise d\u2019h\u00e9g\u00e9monie qui a suivi la guerre et au cours de laquelle le mouvement socialiste n\u2019a pas su l\u2019emporter. <\/p>\n\n\n\n

Dans le cadre de l\u2019\u00c9tat lib\u00e9ral, \u00ab l\u2019exercice \u2018normal\u2019 de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie sur le terrain devenu classique du r\u00e9gime parlementaire, est caract\u00e9ris\u00e9 par une combinaison de la force et du consentement-consensus (consenso<\/em>) qui s\u2019\u00e9quilibrent, sans que la force ne l\u2019emporte trop sur le consensus\u2026 \u00bb <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Gramsci estime que ce fonctionnement \u00ab normal \u00bb cesse dans l\u2019apr\u00e8s-guerre : \u00ab Dans la p\u00e9riode de l\u2019apr\u00e8s-guerre, l\u2019appareil h\u00e9g\u00e9monique se fissure et l\u2019exercice de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie devient toujours plus difficile. \u00bb <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n

Au seuil des ann\u00e9es 1930, Gramsci rel\u00e8ve surtout dans le fascisme \u00ab le pur exercice de la force qui interdit \u00e0 de nouvelles id\u00e9ologies de s\u2019imposer \u00bb.<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Gramsci revient quelques mois plus tard, en juin-juillet 1930, sur la d\u00e9sagr\u00e9gation produite par la guerre sur l\u2019appareil h\u00e9g\u00e9monique, sous la rubrique \u00ab Pass\u00e9 et pr\u00e9sent \u00bb qui lui sert le plus souvent \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir sur l\u2019histoire imm\u00e9diate de son propre pr\u00e9sent  :<\/p>\n\n\n\n

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L\u2019aspect de la crise moderne que l\u2019on d\u00e9plore comme une \u00ab vague de mat\u00e9rialisme \u00bb <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span> est li\u00e9 avec ce que l\u2019on appelle \u00ab crise d\u2019autorit\u00e9 \u00bb. Si la classe dominante a perdu le consensus, c\u2019est-\u00e0-dire qu\u2019elle n\u2019est plus \u00ab dirigeante \u00bb mais uniquement \u00ab dominante \u00bb, d\u00e9tentrice de la pure force coercitive, cela signifie justement que les grandes masses se sont d\u00e9tach\u00e9es des id\u00e9ologies traditionnelles, ne croient plus \u00e0 ce \u00e0 quoi elles croyaient avant,\u00a0etc. La crise consiste justement dans le fait que le vieux meurt et que le nouveau ne peut pas na\u00eetre ; dans cet interr\u00e8gne, se v\u00e9rifient les ph\u00e9nom\u00e8nes morbides <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span> les plus vari\u00e9s <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Il met donc en \u00e9vidence les \u00ab ph\u00e9nom\u00e8nes morbides \u00bb (nette allusion au fascisme) qui apparaissent au cours de cette crise. \u00c0 ce stade, il rel\u00e8ve surtout dans le fascisme \u00ab le pur exercice de la force qui interdit \u00e0 de nouvelles id\u00e9ologies de s\u2019imposer \u00bb. En 1932-1933, dans le cahier 13, \u00a7 23, Gramsci donne son nom conceptuel, \u00ab crise d\u2019h\u00e9g\u00e9monie \u00bb, \u00e0 \u00ab ce que l\u2019on appelle \u2018crise d\u2019autorit\u00e9\u2019 \u00bb. Il pr\u00e9cise ce qu\u2019elle signifie d\u2019un point de vue social et politique  :<\/p>\n\n\n\n

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Observations sur certains aspects de la structure des partis politiques dans les p\u00e9riodes de crise organique<\/em>. \u00c0 un certain point de leur vie historique, les groupes sociaux se d\u00e9tachent de leurs partis traditionnels [\u2026]. Quand ces crises adviennent, la situation imm\u00e9diate devient d\u00e9licate et menace de s\u2019\u00e9crouler, <\/em>parce que le champ est ouvert aux solutions de force, \u00e0 l\u2019activit\u00e9 de puissances obscures repr\u00e9sent\u00e9es par des hommes providentiels ou charismatiques. [\u2026] Dans chaque pays, le processus est diff\u00e9rent, bien que le contenu soit le m\u00eame. Et ce contenu, c\u2019est la crise d\u2019h\u00e9g\u00e9monie de la classe dirigeante, qui advient soit parce que la classe dirigeante a failli dans quelque grande entreprise politique pour laquelle elle a demand\u00e9 ou impos\u00e9 par la force le consentement (consenso<\/em>) des grandes masses (comme la guerre), soit parce que de vastes masses (en particulier de paysans et de petits-bourgeois intellectuels) sont pass\u00e9es d\u2019un coup de la passivit\u00e9 politique \u00e0 une certaine activit\u00e9 et posent des revendications qui, dans leur ensemble inorganique, constituent une r\u00e9volution. On parle de \u00ab crise d\u2019autorit\u00e9 \u00bb et c\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment cela, la crise d\u2019h\u00e9g\u00e9monie, ou crise de l\u2019\u00c9tat dans son ensemble <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

La crise d\u2019h\u00e9g\u00e9monie peut d\u00e9boucher sur la victoire du \u00ab vieux \u00bb ou du \u00ab nouveau \u00bb, ce sont la lutte politique et l\u2019habilet\u00e9 des combattants de part et d\u2019autre qui vont en d\u00e9terminer l\u2019issue. Gramsci fait une lecture sans concession des erreurs de son camp dans l\u2019imm\u00e9diat apr\u00e8s-guerre, en prenant en compte sa propre exp\u00e9rience, celle du \u00ab mouvement turinois \u00bb de 1919-1920. Deux notes de juin-juillet 1930 sont \u00e9loquentes \u00e0 cet \u00e9gard. Dans l\u2019une <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>, il part de \u00ab la fable du castor \u00bb, qu\u2019il r\u00e9sume ainsi : \u00ab le castor, poursuivi par les chasseurs qui veulent lui arracher les testicules dont on extrait des m\u00e9dicaments, pour se sauver la vie, s\u2019arrache lui-m\u00eame les testicules \u00bb et qu\u2019il fait suivre par une question sans appel : \u00ab Pourquoi n\u2019y a-t-il pas eu de d\u00e9fense ? \u00bb L\u2019image parle d\u2019elle-m\u00eame : le mouvement socialiste s\u2019est lui-m\u00eame d\u00e9sarm\u00e9 face aux initiatives militaires des fascistes, il n\u2019a pas su se d\u00e9fendre. Parmi les r\u00e9ponses qu\u2019il donne, \u00ab une conception fataliste et m\u00e9canique de l\u2019histoire \u00bb, une incapacit\u00e9 \u00e0 sentir de l\u2019int\u00e9rieur les besoins des classes populaires, une m\u00e9fiance permanente vis-\u00e0-vis des initiatives spontan\u00e9es des masses :<\/p>\n\n\n\n

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[\u2026] ce qui \u00e9tait \u2018spontan\u00e9\u2019 \u00e9tait une chose inf\u00e9rieure, indigne de consid\u00e9ration, indigne m\u00eame d\u2019\u00eatre analys\u00e9e. En r\u00e9alit\u00e9, le \u2018spontan\u00e9\u2019 \u00e9tait la preuve la plus \u00e9crasante de l\u2019incapacit\u00e9 du parti, parce qu\u2019il d\u00e9montrait la scission entre les programmes sonores et les faits mis\u00e9rables. Mais en attendant les faits spontan\u00e9s advenaient (1919-1920), l\u00e9saient des int\u00e9r\u00eats, d\u00e9rangeaient des positions acquises, suscitaient des haines terribles m\u00eame parmi des gens pacifiques, faisaient sortir de la passivit\u00e9 des groupes sociaux stagnant dans la pourriture  : ils cr\u00e9aient, du fait justement de leur spontan\u00e9it\u00e9 et du fait qu\u2019ils \u00e9taient d\u00e9savou\u00e9s, la panique \u2018g\u00e9n\u00e9rique\u2019, la \u2018grande peur\u2019 qui ne pouvait que concentrer des forces r\u00e9pressives impitoyables pour les \u00e9touffer.<\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

C\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment \u00e0 propos de cette incapacit\u00e9 \u00e0 se situer vis-\u00e0-vis de la spontan\u00e9it\u00e9 populaire que Gramsci renvoie, dans une note de la m\u00eame p\u00e9riode <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>, \u00e0 l\u2019exp\u00e9rience des luttes turinoises dans lesquelles l\u2019Ordine nuovo <\/em>a jou\u00e9 un r\u00f4le important :\u00a0<\/p>\n\n\n\n

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N\u00e9gliger, et, ce qui est pire, m\u00e9priser les mouvements dits \u2018spontan\u00e9s\u2019, c’est-\u00e0-dire renoncer \u00e0 leur donner une direction consciente, \u00e0 les hausser sur un plan sup\u00e9rieur en les ins\u00e9rant dans la politique, peut avoir souvent des cons\u00e9quences tr\u00e8s s\u00e9rieuses, tr\u00e8s graves. Il arrive presque toujours qu’un mouvement \u2018spontan\u00e9\u2019 des classes subalternes soit accompagn\u00e9 d’un mouvement r\u00e9actionnaire de la droite de la classe dominante, pour des motifs concomitants : une crise \u00e9conomique, par exemple, d\u00e9termine d’une part un m\u00e9contentement des classes subalternes et des mouvements spontan\u00e9s des masses, et de l’autre elle d\u00e9termine des complots de la part de groupes r\u00e9actionnaires qui profitent de l’affaiblissement objectif du gouvernement pour tenter des coups d’\u00c9tat. Parmi les causes efficientes de ces coups d’\u00c9tat il faut placer le refus des groupes responsables de donner une direction consciente aux mouvements spontan\u00e9s et \u00e0 les faire donc devenir un facteur politique positif.<\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

L\u2019incapacit\u00e9 des forces socialistes \u00e0 \u00ab ins\u00e9rer dans la politique \u00bb les mouvements spontan\u00e9s du biennio rosso<\/em> a permis la victoire des fascistes soutenus par les classes dirigeantes et la monarchie. Avec l\u2019arriv\u00e9e au gouvernement de Mussolini, une nouvelle phase s\u2019ouvre. Pour reconstituer une h\u00e9g\u00e9monie des classes dirigeantes le fascisme devra passer par \u00ab une phase objectivement r\u00e9gressive et r\u00e9actionnaire \u00bb <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Le c\u00e9sarisme moderne sert \u00e0 Gramsci pour penser la premi\u00e8re phase du fascisme, la prise du pouvoir. La r\u00e9volution passive lui sert \u00e0 comprendre le fascisme comme r\u00e9gime, son rapport avec les masses, la transformation de la soci\u00e9t\u00e9 italienne.<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Cependant, le fascisme ne pourra pas se contenter du pur usage de la force ; il devra tenir compte de l\u2019existence et des aspirations de cette \u00ab nouvelle force \u00bb (les ouvriers, les paysans) qui a \u00e9merg\u00e9 apr\u00e8s la guerre et qu\u2019il lui faudra essayer d\u2019int\u00e9grer\u2026 pour cela le fascisme va \u00ab incorporer \u00bb les masses dans l\u2019activit\u00e9 \u00e9tatique (et Gramsci va penser le fascisme comme la forme de \u00ab r\u00e9volution passive \u00bb propre au XXe si\u00e8cle) et il va d\u00e9velopper des formes de \u00ab politique totalitaire \u00bb, avec un parti unique et la suppression du parlementarisme (c\u2019est ce que Gramsci nomme le c\u00e9sarisme moderne). Le c\u00e9sarisme moderne<\/a> lui sert pour penser la premi\u00e8re phase du fascisme, la prise du pouvoir. La r\u00e9volution passive lui sert \u00e0 comprendre le fascisme comme r\u00e9gime, son rapport avec les masses, la transformation de la soci\u00e9t\u00e9 italienne.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Pour d\u00e9crire la premi\u00e8re phase cons\u00e9cutive \u00e0 la crise de l\u2019apr\u00e8s-guerre, Gramsci utilise donc le concept de c\u00e9sarisme (\u00ab l\u2019homme providentiel \u00bb)  : <\/p>\n\n\n\n

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Quand la crise ne trouve pas cette solution organique [= \u00abla fusion d\u2019une classe sous une seule direction pour r\u00e9soudre un probl\u00e8me dominant et existentiel\u00bb] mais celle de l\u2019homme providentiel, cela signifie qu\u2019il existe un \u00e9quilibre statique, qu\u2019aucune classe, ni la conservatrice ni la progressiste, n\u2019a la force de vaincre mais aussi que la classe conservatrice a besoin d\u2019un patron. <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Pour r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la construction du r\u00e9gime dans les ann\u00e9es qui suivent, Gramsci a recours \u00e0 une double conceptualisation  : la p\u00e9riode qui s\u2019ouvre apr\u00e8s la premi\u00e8re guerre mondiale est une p\u00e9riode de guerre de position (et non plus de guerre de mouvement) et de r\u00e9volution passive (pour le dire tr\u00e8s simplement, il y a \u00ab r\u00e9volution passive \u00bb quand les classes dominantes gardent la direction de la vie \u00e9conomique et politique, mais doivent tenir compte des masses et de leurs aspirations). <\/p>\n\n\n\n

Le corporatisme fasciste tend \u00e0 faire \u00e9merger un d\u00e9veloppement des forces productives de l\u2019industrie gr\u00e2ce \u00e0 une \u00ab \u00e9conomie moyenne \u00bb ou \u00ab dirig\u00e9e \u00bb <\/span>13<\/sup><\/a><\/span><\/span> (interm\u00e9diaire donc entre la libre initiative des entrepreneurs capitalistes et l\u2019\u00e9conomie planifi\u00e9e). L\u2019affirmation d\u2019une telle politique, ind\u00e9pendamment de sa r\u00e9alisation effective, a pour fonction de cr\u00e9er \u00ab une p\u00e9riode d\u2019attente et d\u2019espoir \u00bb pour \u00ab la grande masse des petits-bourgeois urbains et ruraux \u00bb, la base sociale du fascisme, et \u00ab \u00e0 maintenir le syst\u00e8me h\u00e9g\u00e9monique et les forces de coercition militaire et civile \u00e0 la disposition des classes dirigeantes traditionnelles \u00bb. Parall\u00e8lement, Gramsci \u00e9bauche ce qui serait pour lui une v\u00e9ritable histoire politique de l\u2019Europe :<\/p>\n\n\n\n

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En Europe, de 1789 \u00e0 1870, on a eu une guerre de mouvement (politique) dans la R\u00e9volution fran\u00e7aise et une longue guerre de position de 1815 \u00e0 1870 ; \u00e0 l\u2019\u00e9poque actuelle, on a eu politiquement la guerre de mouvement de mars\u00a01917 \u00e0 mars\u00a01921 et s\u2019en est suivie une guerre de position dont le repr\u00e9sentant, non seulement pratique (pour l\u2019Italie), mais id\u00e9ologique, pour l\u2019Europe, est le fascisme. <\/span>14<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Gramsci \u00e9tablit ainsi un parall\u00e8le entre le processus du xixe<\/sup> si\u00e8cle et celui de l\u2019apr\u00e8s-premi\u00e8re Guerre mondiale. Dans les deux cas, \u00e0 une p\u00e9riode de guerre de mouvement et d\u2019expansion politique et militaire succ\u00e8de une longue p\u00e9riode de guerre de position et de r\u00e9volution passive, pendant laquelle les classes dirigeantes traditionnelles reprennent le pouvoir mais doivent tenir compte des exigences des masses. La fa\u00e7on dont Gramsci date la guerre de mouvement men\u00e9e par les bolcheviks fait sens  : il la situe de la r\u00e9volution de f\u00e9vrier 1917 (mars 1917 dans le style nouveau, c\u2019est-\u00e0-dire le calendrier gr\u00e9gorien) \u00e0 mars 1921, une borne qui renvoie tr\u00e8s probablement au lancement de la NEP, que L\u00e9nine d\u00e9signait clairement comme une \u00ab retraite \u00bb n\u00e9cessaire pour ne pas se couper de la masse des paysans.<\/p>\n\n\n\n

Avec l\u2019\u00e9chec en Pologne, en Allemagne et le choix de la NEP, la p\u00e9riode expansive qui allait de pair avec la guerre de mouvement prend fin. L\u2019URSS a \u00e9chou\u00e9 \u00e0 \u00ab briser le syst\u00e8me h\u00e9g\u00e9monique \u00bb capitaliste, chose que Gramsci croyait possible en ao\u00fbt\u00a01919, au moment o\u00f9 l\u2019Arm\u00e9e rouge semblait sur le point de prendre Varsovie, avant la contre-offensive polonaise <\/span>15<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Durant la p\u00e9riode de r\u00e9volution passive et de guerre de position qui suit, le fascisme joue un r\u00f4le d\u00e9terminant ; il est \u00e0 la pointe de la guerre de position que le capitalisme m\u00e8ne, en Europe, contre l\u2019URSS et les aspirations des masses populaires, dans une situation mondiale marqu\u00e9e par l\u2019h\u00e9g\u00e9monie du capitalisme \u00e9tats-unien.<\/p>\n\n\n\n

Gramsci analyse la situation italienne de 1931 comme marqu\u00e9e par la \u00ab concentration inou\u00efe de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie \u00bb. Mais il estime \u00e9galement que la \u00ab guerre de si\u00e8ge \u00bb se d\u00e9roule aussi \u00e0 l\u2019\u00e9chelle mondiale, entre le bloc bourgeois et le bloc communiste.<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Une derni\u00e8re remarque qui montre que l\u2019\u00e9laboration th\u00e9orique de Gramsci est \u00e0 prendre \u00ab en bloc \u00bb : ce n\u2019est que par souci p\u00e9dagogique qu\u2019on envisage tour \u00e0 tour les concepts qu\u2019il utilise (guerre de position, lutte pour l\u2019h\u00e9g\u00e9monie, r\u00e9volution passive) pour penser le fascisme mais aussi l\u2019\u00e9tat du monde et les actions politiques ayant pour but de le changer. Gramsci pense, et \u00e9crit que \u00ab la guerre de position, en politique, c\u2019est le concept d\u2019h\u00e9g\u00e9monie \u00bb <\/span>16<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Et il a \u00e9tabli ce lien entre h\u00e9g\u00e9monie et guerre de position d\u00e8s le cahier\u00a06, \u00a7\u00a0138, en ao\u00fbt\u00a01931 :<\/p>\n\n\n\n

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Pass\u00e9 et pr\u00e9sent.<\/em> Passage de la guerre de man\u0153uvre (et de l\u2019attaque frontale) \u00e0 la guerre de position dans le champ politique \u00e9galement. Cela me para\u00eet \u00eatre la plus importante question de th\u00e9orie politique pos\u00e9e par la p\u00e9riode de l\u2019apr\u00e8s-guerre, et la plus difficile \u00e0 r\u00e9soudre correctement. Elle est li\u00e9e aux questions soulev\u00e9es par Bronstein [= Trotski] qui, d\u2019une fa\u00e7on ou d\u2019une autre, peut \u00eatre tenu pour le th\u00e9oricien politique de l\u2019attaque frontale dans une p\u00e9riode o\u00f9 elle ne peut qu\u2019\u00eatre cause de d\u00e9faite. [\u2026]\u00a0 La guerre de position demande d\u2019\u00e9normes sacrifices \u00e0 des masses innombrables de population ; c\u2019est pourquoi une concentration inou\u00efe de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie est n\u00e9cessaire et donc une forme de gouvernement plus \u00ab interventionniste \u00bb, qui prenne plus ouvertement l\u2019offensive contre les opposants et organise en permanence l\u2019\u00ab impossibilit\u00e9 \u00bb d\u2019une d\u00e9sagr\u00e9gation interne : contr\u00f4les en tous genres, politiques, administratifs,\u00a0etc., renforcement des \u00ab positions \u00bb h\u00e9g\u00e9moniques du groupe dominant,\u00a0etc. Tout cela indique qu\u2019on est entr\u00e9 dans une phase culminante de la situation politico-historique, puisque, dans la politique, la \u00ab guerre de position \u00bb, une fois gagn\u00e9e, est d\u00e9cisive d\u00e9finitivement. C\u2019est-\u00e0-dire qu\u2019en politique, la guerre de mouvement subsiste tant qu\u2019il s\u2019agit de conqu\u00e9rir des positions non d\u00e9cisives et donc que toutes les ressources de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie et de l\u2019\u00c9tat ne sont pas mobilisables, mais quand, pour une raison ou pour une autre, ces positions ont perdu leur valeur et que seules les positions d\u00e9cisives ont de l\u2019importance, alors on passe \u00e0 la guerre de si\u00e8ge, dense (compressa<\/em>), difficile, qui requiert des qualit\u00e9s exceptionnelles de patience et d\u2019esprit inventif. En politique, le si\u00e8ge est r\u00e9ciproque, en d\u00e9pit de toutes les apparences, et le seul fait que le dominant doive faire \u00e9talage de toutes ses ressources, montre \u00e0 quel point il prend en consid\u00e9ration son adversaire. <\/span>17<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n<\/blockquote>\n\n\n\n

Ce passage fait r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 la situation sp\u00e9cifiquement italienne cr\u00e9\u00e9e par le fascisme. Dans le contexte de l\u2019apr\u00e8s-guerre et, en Italie, apr\u00e8s la victoire du fascisme, la guerre de position est particuli\u00e8rement exacerb\u00e9e et signifie une mise en place de toutes les ressources de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie, un contr\u00f4le complet de la soci\u00e9t\u00e9 civile par l\u2019\u00c9tat. Gramsci analyse donc la situation italienne de 1931 comme \u00e9tant marqu\u00e9e par la \u00ab concentration inou\u00efe de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie \u00bb. Mais il estime \u00e9galement que la \u00ab guerre de si\u00e8ge \u00bb se d\u00e9roule aussi \u00e0 l\u2019\u00e9chelle mondiale, entre le bloc bourgeois et le bloc communiste. Dans cette situation, l\u2019attaque frontale ne peut qu\u2019\u00e9chouer. La seule modalit\u00e9 de la lutte de classe est la guerre de position, le \u00ab si\u00e8ge r\u00e9ciproque \u00bb  : que ce si\u00e8ge soit r\u00e9ciproque, y compris en Italie o\u00f9 la situation des forces antifascistes et en particulier du PCd\u2019I est \u00ab d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9e \u00bb, montre bien que l\u2019optimisme de la volont\u00e9 est toujours pr\u00e9sent\u2026 Et ce n\u2019est pas le moindre legs de l\u2019\u0153uvre-vie d\u2019Antonio Gramsci.<\/p>\n\n\n\n

Une g\u00e9n\u00e9alogie du \u00ab gramscisme de droite \u00bb<\/h2>\n\n\n\n

Ce cadrage historique, clef pour comprendre la pens\u00e9e de l\u2019auteur des Quaderni<\/em>, peut \u00e9galement \u00eatre l\u2019occasion d\u2019exposer sommairement l\u2019histoire de l\u2019appropriation indue de Gramsci par l\u2019extr\u00eame droite, entre l\u2019Italie et la France, en insistant sur sa double origine, italienne \u2014 via <\/em>le groupe (n\u00e9o)fasciste italien Ordine nuovo<\/em> \u2014 et fran\u00e7aise \u2014 via <\/em>Fabrice Laroche, alias<\/em> Alain de Benoist, inventeur fran\u00e7ais de l\u2019expression \u00ab gramscisme de droite \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Pino Rauti (1926-2012) fut \u2014 malgr\u00e9 son jeune \u00e2ge \u00e0 l\u2019\u00e9poque \u2014 un ancien combattant de la R\u00e9publique sociale italienne, le dernier avatar du fascisme italien. Il fonde en 1950 une revue dont le titre est tout un programme  : Imperium<\/em>. Il incite Julius Evola (1898-1974) \u00e0 \u00e9crire un texte qui puisse donner des \u00ab orientations \u00bb aux \u00ab hommes debout \u00bb, fid\u00e8les \u00e0 \u00ab l\u2019esprit l\u00e9gionnaire \u00bb qui errent dans un \u00ab monde en ruines \u00bb  : Orientamenti<\/em> (1950). En d\u00e9saccord avec la ligne qu\u2019il estime parlementariste et mod\u00e9r\u00e9e de la direction du MSI, Pino Rauti organise en 1954 un groupe \u00ab spiritualiste \u00bb, tr\u00e8s li\u00e9 \u00e0 la pens\u00e9e de Julius Evola. D\u00e8s lors, le journal du groupe, Ordine nuovo. Mensile di politica rivoluzionaria<\/em> s\u2019occupe de politique et de culture, avec pour but la formation id\u00e9ologique de militants plus que d\u2019\u00e9ventuels r\u00e9sultats \u00e9lectoraux. Dans le sous-titre \u00ab politique r\u00e9volutionnaire \u00bb est \u00e0 lire comme une allusion assez claire \u00e0 la \u00ab r\u00e9volution fasciste \u00bb : le mot d\u2019ordre des SS, \u00ab mon honneur se nomme fid\u00e9lit\u00e9 \u00bb figure en exergue de la revue\u2026 et des membres du groupe sont impliqu\u00e9s dans les attentats de la strat\u00e9gie de la tension, dans les ann\u00e9es 1970  : ainsi, Franco Freda et Gianni Ventura, qui animent le groupe de Padoue d\u2019Ordine nuovo, sont certainement parmi les responsables du premier de ces attentats, la bombe \u00e0 la Banque de l\u2019Agriculture de Milan, en d\u00e9cembre 1969. <\/p>\n\n\n\n

Le nom de la revue s\u2019inspire de \u00ab l\u2019ordre nouveau europ\u00e9en \u00bb des nazis et de l\u2019id\u00e9e d\u2019Ordre, bien pr\u00e9sente dans les textes d\u2019Evola. Mais c\u2019est aussi une tentative de captation de Gramsci, puisqu\u2019il reprend le nom de la \u00ab revue hebdomadaire de culture socialiste \u00bb, Ordine nuovo,<\/em> fond\u00e9e \u00e0 Turin, le 1er<\/sup> mai 1919 par Antonio Gramsci et ses jeunes camarades. Pour un Italien de ces ann\u00e9es-l\u00e0, le titre Ordine nuovo<\/em> renvoyait d\u2019abord, sinon uniquement, \u00e0 Gramsci et au communisme. La double r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 Evola et \u00e0 Gramsci est p\u00e9renne dans les rangs des partisans de Rauti, surnomm\u00e9 le \u00ab Gramsci nero<\/em> \u00bb, ce dont il se disait fier. Pino Rauti lance, de 1977 \u00e0 1981, les \u00ab Campi Hobbit<\/em> \u00bb, r\u00e9unions annuelles, \u00e0 la fois festives et politiques, qui font office de lieu de formation des jeunes militants (la fille de Pino, Isabella, aujourd\u2019hui membre du gouvernement de Giorgia Meloni, y a connu \u2014 tout en lisant les textes de Gramsci et d\u2019Evola \u2014 son mari, Gianni Alemanno, militant muscl\u00e9 du Front de la Jeunesse du MSI qui fut maire de Rome de 2008 \u00e0 2013).<\/p>\n\n\n\n

Le titre Ordine nuovo<\/em> renvoyait d\u2019abord, sinon uniquement, \u00e0 Gramsci et au communisme. La double r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 Evola et \u00e0 Gramsci est p\u00e9renne dans les rangs des partisans de Rauti, surnomm\u00e9 le \u00ab Gramsci\u00a0nero<\/em> \u00bb, ce dont il se disait fier.<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Dans les ann\u00e9es 1960, Alain de Benoist milite au sein de la F\u00e9d\u00e9ration des \u00e9tudiants nationalistes, fond\u00e9e au printemps 1960, et assure le secr\u00e9tariat de la r\u00e9daction des\u00a0Cahiers universitaires\u00a0<\/em>sous le pseudonyme de Fabrice Laroche <\/span>18<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En 1963, il participe \u00e0 la cr\u00e9ation d\u2019Europe-Action<\/em>\u00a0qui rassemble des militants issus de Jeune Nation, de la F\u00e9d\u00e9ration des \u00e9tudiants nationalistes et d\u2019anciens activistes OAS. C\u2019est \u00e0 ce moment-l\u00e0 qu\u2019on a le premier indice de ses liens avec l\u2019Italie et les n\u00e9o-fascistes italiens. D\u00e8s la fin de l\u2019ann\u00e9e 1963, Fabrice Laroche publie dans les colonnes d\u2019Europe-Action\u00a0<\/em>un long article sur le Mouvement social italien (MSI), le parti d\u2019extr\u00eame droite se r\u00e9clamant ouvertement du fascisme, en particulier de la p\u00e9riode de la R\u00e9publique sociale italienne (R\u00e9publique de Sal\u00f2, septembre 1943\u00a0\u2014\u00a0avril 1945). Le MSI est, pour lui, le parti \u00ab le plus important de tous ceux qui se consid\u00e8rent h\u00e9ritiers d\u2019une politique \u00e9cras\u00e9e en 1945, mais aussi l\u2019un des plus mal connus d\u2019Europe. \u00bb Il pr\u00e9sente les deux \u00e2mes id\u00e9ologiques du n\u00e9o-fascisme, \u00ab les doctrinaires les plus s\u00e9rieux qu\u2019eut le fascisme \u00bb : Giovanni Gentile et Julius Evola. Il critique la ligne de participation au syst\u00e8me parlementaire des dirigeants du MSI et pr\u00e9sente favorablement le groupe Ordine nuovo, qui \u00ab rassemble, sous l\u2019autorit\u00e9 de Pino Rauti, tous les responsables de la tendance \u2018evolienne\u2019 \u00bb et \u00ab se r\u00e9clame d\u2019une philosophie et d\u2019une \u00e9thique politique europ\u00e9enne \u00bb avec \u00ab des positions nationalistes r\u00e9volutionnaires \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Apr\u00e8s ce premier article de fond, Fabrice Laroche engage une collaboration directe avec Ordine nuovo<\/em>. D\u00e8s avril 1964, une note des renseignements italiens signale la collaboration active entre le Mouvement Ordine Nuovo de Pino Rauti et les groupes n\u00e9ofascistes fran\u00e7ais autour de la revue Europe-Action<\/em>. Une autre note sans date, mais sans doute autour de 1964, annonce que \u00ab le chef de la FEN, Fabrice Laroche, en accord avec les dirigeants d\u2019Ordine Nuovo, a propos\u00e9 la constitution d\u2019un \u2018Bureau europ\u00e9en d\u2019\u00e9tudes\u2019 dont devront faire exclusivement partie les repr\u00e9sentants des groupes et des revues n\u00e9o-fascistes \u2018les plus s\u00e9rieuses et les plus qualifi\u00e9es\u2019 au niveau europ\u00e9en \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Il n\u2019est donc pas tr\u00e8s hasardeux d\u2019estimer que sa connaissance de Gramsci vient directement des rapports qu\u2019il a \u00e9tabli \u00e0 ce moment-l\u00e0 avec les camerati<\/em> italiens d\u2019Ordine nuovo\u2026 et non d\u2019un vague int\u00e9r\u00eat pour le bureau \u00ab italien \u00bb de l\u2019UEC et des lectures faites un peu au hasard, comme il le d\u00e9clare \u00e0 Anthony Cr\u00e9z\u00e9gut qui l\u2019interroge pour sa th\u00e8se sur \u00ab l\u2019invention \u00bb de Gramsci en France <\/span>19<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Toujours est-il qu\u2019apr\u00e8s avoir \u00e9crit quelques pages sur Gramsci dans ses deux livres de la fin des ann\u00e9es 1970, Vu de droite<\/em> (1977) et Les<\/em>\u00a0Id\u00e9es \u00e0 l\u2019endroit<\/em> (1979) <\/span>20<\/sup><\/a><\/span><\/span>, il d\u00e9cide, apr\u00e8s la victoire de Fran\u00e7ois Mitterrand en mai 1981, de tenir avec ses amis du GRECE (Groupement de recherche et d\u2019\u00e9tudes pour la civilisation europ\u00e9enne cr\u00e9\u00e9 en 1968) un colloque intitul\u00e9 \u00ab Pour un ‘gramscisme de droite’ \u00bb, dont les actes ont \u00e9t\u00e9 publi\u00e9s en avril 1982 <\/span>21<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

La connaissance de Gramsci d\u2019Alain de Benoist vient directement des rapports qu\u2019il a \u00e9tabli \u00e0 ce moment-l\u00e0 avec les camerati<\/em> italiens d\u2019Ordine nuovo.<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Il s\u2019agit pour le GRECE de d\u00e9finir une strat\u00e9gie de reconqu\u00eate apr\u00e8s la victoire de la gauche. Les textes des intervenants font allusion \u00e0 Gramsci sans le citer ni entrer dans une quelconque analyse. \u00ab Pour nous, \u00e9nonce d\u2019embl\u00e9e Michel Wayoff qui ouvre le colloque, \u00eatre \u2018gramscistes\u2019, c\u2019est reconna\u00eetre l\u2019importance de la th\u00e9orie du \u00ab pouvoir culturel \u00bb  : il ne s\u2019agit pas de pr\u00e9parer l\u2019accession au pouvoir d\u2019un parti politique, mais de transformer les mentalit\u00e9s pour promouvoir un nouveau syst\u00e8me de valeurs, dont la traduction politique n\u2019est aucunement de notre ressort. \u00bb Pierre Vial, dans une intervention consacr\u00e9e aux intellectuels, ne cite pas Gramsci mais Alain de Benoist  : \u00ab faire r\u00e9f\u00e9rence au \u2018gramscisme\u2019 pour d\u00e9finir notre action, c\u2019est d\u2019abord et avant tout reprendre \u00e0 notre compte, et essayer d\u2019incarner, la d\u00e9finition que donne Gramsci des \u2018intellectuels organiques\u2019. En utilisant cette expression \u2014 ajoute Vial \u2014 Gramsci \u00ab assigne aux intellectuels un r\u00f4le pr\u00e9cis. Il leur demande de gagner la guerre culturelle \u00bb. Dans sa propre intervention, Alain de Benoist explicite le lien assez t\u00e9nu avec le penseur sarde  : \u00ab Citant Gramsci, nous n\u2019avons cess\u00e9 de dire que dans les soci\u00e9t\u00e9s d\u00e9velopp\u00e9es, la conqu\u00eate du pouvoir politique <\/em>passe par celle du pouvoir culturel \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Dans l\u2019entretien qu\u2019il donne \u00e0 Anthony Cr\u00e9z\u00e9gut, Alain de Benoist revient sur ce moment. Il d\u00e9clare avec franchise  : \u00ab Je ne suis pas du tout un sp\u00e9cialiste de Gramsci \u00bb \u2014 sur lequel, de fait, il n\u2019a \u00e9crit qu\u2019une dizaine de pages. Quant \u00e0 ses amis, il rapporte que la plupart se disaient : \u00ab Il faut faire du \u2018gramscisme\u2019, on doit \u00eatre gramsciens, mais ils n\u2019avaient pas lu Gramsci \u00e0 vrai dire, m\u00eame pas une ligne. [\u2026] Dans le Figaro magazine<\/em>, j\u2019ai essay\u00e9 de d\u00e9velopper ce th\u00e8me-l\u00e0 [\u2026] ce \u2018gramscisme de droite\u2019, c\u2019\u00e9tait dire aux gens  : vous \u00eates des cons, vous n\u2019avez pas d\u2019id\u00e9es, vous ne r\u00e9pondez pas \u00e0 l\u2019h\u00e9g\u00e9monie de la gauche. Tout cela est rest\u00e9 lettre morte. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Depuis 2007, la famille Le Pen a maintenu la r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 Gramsci sans que soit \u00e9labor\u00e9e une pens\u00e9e qui aille plus loin que celle de la n\u00e9cessit\u00e9 de gagner la bataille des id\u00e9es.<\/p>Jean-Claude Zancarini<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La suite, c\u2019est le retour \u00e0 droite de cette r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 Gramsci qui se r\u00e9sume \u00e0 l\u2019id\u00e9e simpliste qu\u2019il est n\u00e9cessaire de gagner la bataille des id\u00e9es si l\u2019on veut gagner des \u00e9lections. L\u2019ann\u00e9e 2007 marque ce retour : successivement Nicolas Sarkozy (\u00ab au fond, j\u2019ai fait mienne l\u2019analyse de Gramsci : le pouvoir se gagne par les id\u00e9es \u00bb <\/span>22<\/sup><\/a><\/span><\/span>) et Jean-Marie Le Pen (\u00ab c\u2019est l\u2019\u00e9crivain communiste italien Gramsqui [sic<\/em>] qui \u00e9crit : les victoires id\u00e9ologiques pr\u00e9c\u00e8dent les victoires \u00e9lectorales \u00bb <\/span>23<\/sup><\/a><\/span><\/span>) font r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 Gramsci. Alain de Benoist se gausse de Sarkozy (\u00ab les bras m\u2019en tombent \u00bb) et sugg\u00e8re l\u2019influence de quelque conseiller, en laissant entendre qu\u2019il pourrait s\u2019agir de Patrick Buisson. Quant \u00e0 Le Pen, le fait qu\u2019il prononce Gramsqui<\/em> est un indice assez net de sa m\u00e9connaissance de \u00ab l\u2019\u00e9crivain communiste italien \u00bb. Depuis 2007, la famille Le Pen a maintenu la r\u00e9f\u00e9rence, sans que soit \u00e9labor\u00e9e une pens\u00e9e qui aille plus loin que celle de la n\u00e9cessit\u00e9 de gagner la bataille des id\u00e9es. En Italie, un tr\u00e8s r\u00e9cent colloque (24 septembre 2024) organis\u00e9 par la fondation d\u2019extr\u00eame droite Alleanza Nazionale, \u00ab Da Gramsci a Gentile \u00bb entendait poser la question \u00ab existe-t-il une h\u00e9g\u00e9monie culturelle ? \u00bb. Lui non plus, donc, ne va pas plus loin.<\/p>\n\n\n\n

Le \u00ab gramscisme de droite \u00bb semble donc au total une expression vide de sens, utilis\u00e9e par des gens qui, comme l\u2019\u00e2ne de la fable de La Fontaine, rev\u00eatent la peau du lion pour se montrer plus intelligents, plus forts, plus redoutables qu\u2019ils ne le sont. Ils se revendiquent de Gramsci parce qu\u2019il est sans doute encore un peu risqu\u00e9 pour eux de mettre en avant leurs vrais ma\u00eetres \u00e0 penser, par exemple Charles Maurras ou Julius Evola \u2014 m\u00eame si ces noms circulent dans les franges les plus radicales de l\u2019extr\u00eame droite internationale. Se pr\u00e9senter comme suffisamment ouverts et non sectaires pour se r\u00e9clamer du communiste Gramsci, consid\u00e9r\u00e9 comme \u00ab l\u2019inventeur de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie culturelle \u00bb, c\u2019est faire une op\u00e9ration de r\u00e9cup\u00e9ration qui montre qu\u2019ils ne savent pas que la pens\u00e9e de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie est toujours \u00e0 mettre en relation avec les autres concepts qu\u2019utilise Gramsci \u2014 comme nous l\u2019avons montr\u00e9 ci-dessus \u00e0 propos de son analyse du fascisme et dans notre livre L\u2019\u0153uvre-vie d\u2019Antonio Gramsci<\/em> <\/span>24<\/sup><\/a><\/span><\/span> \u2014 et qui ne prend sens qu\u2019en lien avec les aspirations d\u2019un homme qui a toujours lutt\u00e9 pour l\u2019\u00e9mancipation des subalternes, pens\u00e9 le national en lien avec une conception internationaliste et d\u00e9sir\u00e9 un communisme synonyme d\u2019\u00e9galit\u00e9 et de d\u00e9mocratie.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

De la \u00ab  r\u00e9volution passive  \u00bb \u00e0 la \u00ab  guerre de si\u00e8ge  \u00bb, depuis le p\u00e9nitencier de Turin, Antonio Gramsci a pens\u00e9 et int\u00e9gr\u00e9 le d\u00e9veloppement du ph\u00e9nom\u00e8ne fasciste aux principales notions de sa philosophie politique. Pourtant, sa th\u00e9orie de l\u2019h\u00e9g\u00e9monie sera r\u00e9cup\u00e9r\u00e9e par l\u2019extr\u00eame droite pour v\u00e9hiculer l\u2019id\u00e9e d\u2019un \u00ab  gramscisme de droite  \u00bb. Dans une \u00e9tude de fond, Jean-Claude Zancarini retrace une g\u00e9n\u00e9alogie et d\u00e9construit un mythe.<\/p>\n

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