{"id":255941,"date":"2024-12-27T16:14:03","date_gmt":"2024-12-27T15:14:03","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=255941"},"modified":"2024-12-27T19:47:41","modified_gmt":"2024-12-27T18:47:41","slug":"lire-la-montagne-magique-dans-un-monde-casse-une-conversation-avec-merve-emre","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2024\/12\/27\/lire-la-montagne-magique-dans-un-monde-casse-une-conversation-avec-merve-emre\/","title":{"rendered":"Lire La Montagne magique<\/em> dans un monde cass\u00e9, une conversation avec Merve Emre"},"content":{"rendered":"\n

La Montagne magique a 100 ans. Pour c\u00e9l\u00e9brer l’anniversaire de chef d’\u0153uvre<\/em> europ\u00e9en, pendant les vacances de No\u00ebl, le Grand Continent publiera une s\u00e9rie d\u2019extraits et d\u2019entretiens pour lire ou relire ce sommet de la litt\u00e9rature europ\u00e9enne. Pour recevoir tous les \u00e9pisodes de cette s\u00e9rie, abonnez-vous<\/a><\/em>.<\/a><\/p>\n\n\n\n

La Montagne magique <\/em>a cent ans<\/strong><\/a>. Comment lire ou relire ce chef-d’\u0153uvre de Thomas Mann  ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Je lis La Montagne magique <\/em>comme l’un des grands contes de f\u00e9es modernistes pour adultes, au m\u00eame titre que les histoires de Kafka. Bien que les critiques l\u2019aient g\u00e9n\u00e9ralement d\u00e9crit comme un roman d\u2019id\u00e9es, Mann l\u2019a d\u2019abord offert \u00e0 ses lecteurs comme une sorte de parabole ou l\u00e9gende \u2014 moderne, m\u00e9lancolique et ironique. Son intrigue est une qu\u00eate, une recherche entreprise par notre h\u00e9ros, Hans Castorp, qui aspire \u00e0 abandonner le monde du travail, des examens et des apprentissages qui le laissent p\u00e2le et tremblant, pour une utopie de repas, de cigarettes, de d\u00e9bats et d\u2019aventures amoureuses. <\/p>\n\n\n\n

Hans Castorp peut nous sembler na\u00eff, mais parmi les ennuyeuses et m\u00e9ticuleuses classes bourgeoises allemandes, cette na\u00efvet\u00e9 lui conf\u00e8re une noblesse paradoxale : il est un chevalier errant moderne, un jeune homme ayant le loisir de chercher son paradis sur terre. Ses errances le m\u00e8nent \u00e0 Clawdia Chauchat, aussi alti\u00e8re que n\u2019importe quelle dame des romances m\u00e9di\u00e9vales. Il fa\u00e7onne son engouement initial en amour, avec un solipsisme aussi scrupuleux qu\u2019enchanteur. Tout autour de lui, des amants et des patients, vivants et mourants, sont envelopp\u00e9s dans leur propre domaine, myst\u00e9rieux, aussi \u00e9tonnamment beau et original que pervers, disproportionn\u00e9, grotesque, irr\u00e9ductiblement contamin\u00e9 par la mort.<\/p>\n\n\n\n

Thomas Mann \u00e9crit dans la pr\u00e9face que l\u2019histoire \u00ab se d\u00e9roule, ou, pour \u00e9viter consciencieusement tout pr\u00e9sent, elle se d\u00e9roula, elle s\u2019est d\u00e9roul\u00e9e jadis, autrefois, en ces jours r\u00e9volus du monde d\u2019avant la Grande Guerre, avec le commencement de laquelle tant de choses ont commenc\u00e9 qui, depuis, ont sans doute \u00e0 peine cess\u00e9 de commencer. C\u2019est donc auparavant qu\u2019elle se d\u00e9roule, sinon tr\u00e8s longtemps auparavant. Mais le caract\u00e8re ancien d\u2019une histoire n\u2019est-il pas d\u2019autant plus profond, plus accompli et plus l\u00e9gendaire qu\u2019elle se d\u00e9roule plus imm\u00e9diatement \u2018auparavant\u2019 ? En outre il se pourrait que la n\u00f4tre, \u00e0 d\u2019autres \u00e9gards encore, et de par sa nature intime, t\u00eent plus ou moins de la l\u00e9gende. \u00bb\u2019 <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Dans le num\u00e9ro de la Neue Rundschau<\/em> consacr\u00e9 au centenaire de La Montagne magique<\/em>, j\u2019ai tent\u00e9 de paraphraser la premi\u00e8re moiti\u00e9 du roman dans le style du conte de f\u00e9es <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. J\u2019ai \u00e9t\u00e9 surprise par le fait qu\u2019ainsi, il est vraiment possible de rendre visibles la structure narrative du roman et son anatomie. La romance forme le squelette du livre, ex\u00e9cutant les mouvements essentiels de l\u2019intrigue. Les id\u00e9es en sont la chair, dissimulant ces mouvements. Elles conf\u00e8rent une respectabilit\u00e9 s\u00e9culi\u00e8re \u00e0 ce qui, autrement, appara\u00eetrait tout simplement comme une histoire d\u2019amour ou de d\u00e9sir non partag\u00e9. Mann \u00e9crivait dans une lettre \u00e0 sa fianc\u00e9e de l\u2019\u00e9poque, Katia Pringsheim : \u00ab Sehnsucht <\/em>(vague \u00e0 l\u2019\u00e2me, langueur, nostalgie) <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span> \u2014 est mon mot pr\u00e9f\u00e9r\u00e9, mon mot sacr\u00e9, ma formule magique, ma clef du myst\u00e8re du monde \u00bb.<\/p>\n\n\n\n\n

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\n \n \"\u00abCela\n <\/picture>\n
\u00ab Cela semble aller de soi, mais il faut rappeler que La Montagne magique est un roman sur la maladie. Au sanatorium Berghof la maladie est omnipr\u00e9sente, bien qu\u2019elle soit presque invisible. \u00bb<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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\n \n \"\u00abElle\n <\/picture>\n
\u00ab Elle lib\u00e8re, dans un sens freudien, l\u2019instinct de mort, aux c\u00f4t\u00e9s d\u2019une force \u00e9rotique incroyablement convaincante, presque irr\u00e9sistible. Ce sont les deux forces que nous voyons coexister dans le sanatorium de Mann. Ces deux forces semblent \u00e9galement d\u00e9finir notre \u00e9poque. \u00bb<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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\u00ab Cela semble aller de soi, mais il faut rappeler que La Montagne magique est un roman sur la maladie. Au sanatorium Berghof la maladie est omnipr\u00e9sente, bien qu\u2019elle soit presque invisible. \u00bb<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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\u00ab Elle lib\u00e8re, dans un sens freudien, l\u2019instinct de mort, aux c\u00f4t\u00e9s d\u2019une force \u00e9rotique incroyablement convaincante, presque irr\u00e9sistible. Ce sont les deux forces que nous voyons coexister dans le sanatorium de Mann. Ces deux forces semblent \u00e9galement d\u00e9finir notre \u00e9poque. \u00bb<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Mais que faire donc de la \u00ab conversation infinie \u00bb qui structure et habite le livre ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

De nombreuses couches sont n\u00e9cessaires pour que cette magie reste cach\u00e9e<\/a>. Nous passons d\u2019un monologue \u00e0 l\u2019autre : Dr Krokowski, le psychanalyste s\u00e9rieux ; Settembrini, le \u00ab joueur d\u2019orgue des Lumi\u00e8res \u00bb ; et Naphta, le j\u00e9suite autoritaire. Leurs discours longs, denses, excessivement \u00e9labor\u00e9s, semblent conf\u00e9rer au roman une fonction \u00e9ducative qui s\u2019inscrit dans la tradition humaniste.<\/p>\n\n\n\n

Cependant, il serait erron\u00e9 de s\u00e9parer les surfaces intellectuelles du roman de ses profondeurs \u00e9motionnelles. Nous devrions lire le roman de mani\u00e8re dialectique, afin de r\u00e9v\u00e9ler comment ses genres distincts luttent entre eux, se m\u00ealent et s\u2019interp\u00e9n\u00e8trent, pour constituer la formule magique de son univers. Ce n\u2019est qu\u2019alors que nous pourrons appr\u00e9cier comment la supr\u00eame virtuosit\u00e9 de la prose de Mann r\u00e9side dans son engagement disciplin\u00e9, presque fanatique, envers l\u2019entrelacement de tout \u2014 m\u00eame des \u00e9l\u00e9ments qui semblent habituellement incompatibles : la maladie et la sant\u00e9, la vie \u00e9veill\u00e9e et le r\u00eave, l\u2019amour et la p\u00e9dagogie.<\/p>\n\n\n\n

Quand avez-vous lu La Montagne magique<\/em> pour la premi\u00e8re fois ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Dans un moment particulier de ma vie, pendant l\u2019hiver de 2011. Je venais de rencontrer mon mari, et je me souviens qu’il m’avait dit avoir suivi, au cours des premi\u00e8res ann\u00e9es de sa formation universitaire, un cours sur La Montagne magique<\/em> qu’il consid\u00e9rait comme le plus influent de sa vie. Il n\u2019est pas sp\u00e9cialement passionn\u00e9 par la litt\u00e9rature, mais je me demande parfois si les conseils de lecture les plus marquants ne viennent pas de personnes qui n\u2019ont pas vraiment l’habitude de lire.<\/p>\n\n\n\n

J\u2019ai lu La Montagne magique<\/em> pendant les vacances d’hiver. C\u2019est le moment id\u00e9al pour lire un roman qui traite de l’exp\u00e9rience de l’immersion dans un climat \u00e9tranger \u2014 un roman qui vous invite \u00e0 plonger dans un autre monde. J’ai eu l’impression d’\u00eatre immerg\u00e9e dans mon film d’hiver pr\u00e9f\u00e9r\u00e9, L’Arche russe<\/em> d’Alexandre Sokourov. Il s’agit d’un plan s\u00e9quence de 86 minutes tourn\u00e9 dans le mus\u00e9e de l’Ermitage \u00e0 Saint-P\u00e9tersbourg. Chaque pi\u00e8ce travers\u00e9e par la cam\u00e9ra est peupl\u00e9e de personnages issus d’\u00e9poques diff\u00e9rentes. C’est l’un des films les plus douloureusement beaux que j’aie jamais vus. Il partage avec La Montagne magique<\/em> cette capacit\u00e9 \u00e0 vous capturer dans un monde qui semble d’abord \u00e9tranger, mais qui devient ensuite, de mani\u00e8re troublante, familier.<\/p>\n\n\n\n

J’ai relu La Montagne magique<\/em> pour son centenaire et, cette fois-ci, je l’ai relue en parall\u00e8le \u00e0 une biographie extraordinaire de Thomas Mann intitul\u00e9e The Mind in Exile : Thomas Mann in Princeton <\/em>par Hermann Kurzke <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. J’ai \u00e9t\u00e9 frapp\u00e9e par la mani\u00e8re dont Thomas Mann, d\u00e8s le plus jeune \u00e2ge, a l\u2019intuition de la relation entre \u00c9ros et la mort. Il consacre tellement de temps \u00e0 travailler cette relation, \u00e0 la tordre, \u00e0 lui tourner autour jusqu’\u00e0 La Montagne magique<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

Ce livre a \u00e9t\u00e9 \u00e9crit dans un temps suspendu entre la maladie et la guerre \u2014 il se lit aujourd\u2019hui dans des conditions qui paraissent jouer d\u2019une mani\u00e8re inqui\u00e9tante cette r\u00e9p\u00e9tition\u2026<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Il a \u00e9t\u00e9 \u00e9crit dans l\u2019interr\u00e8gne entre deux grandes guerres. Il est marqu\u00e9 par les s\u00e9quelles de pertes immenses, tant sur le champ de bataille qu\u2019au sein des grandes villes europ\u00e9ennes, provoqu\u00e9es par une autre pand\u00e9mie : celle de grippe espagnole. Cela semble aller de soi, mais il faut rappeler que La Montagne magique<\/em> est un roman sur la maladie. Au sanatorium Berghof, la maladie est omnipr\u00e9sente, bien qu\u2019elle soit presque invisible. Elle lib\u00e8re, dans un sens freudien, l\u2019instinct de mort, aux c\u00f4t\u00e9s d\u2019une force \u00e9rotique incroyablement convaincante, presque irr\u00e9sistible. Ce sont les deux forces que l’on voit coexister dans le sanatorium de Mann.<\/p>\n\n\n\n

Ces deux forces semblent \u00e9galement d\u00e9finir notre \u00e9poque. La mort est partout pr\u00e9sente \u2014 \u00e0 l\u2019\u00e9chelle plan\u00e9taire et locale : des \u00c9tats-Unis \u00e0 l\u2019Ukraine en passant par le Moyen-Orient. En m\u00eame temps, pendant et surtout apr\u00e8s la pand\u00e9mie, nous avons \u00e9t\u00e9 t\u00e9moins d\u2019un d\u00e9sir \u00e9rotique de connexion, d\u2019une demande diffuse de construction d’autres formes de communaut\u00e9s, de rassemblements qui d\u00e9fient la pulsion de mort.<\/p>\n\n\n\n

Mann est intens\u00e9ment ironique<\/a> dans sa repr\u00e9sentation de ces forces. Ce qui est \u00e0 la fois merveilleux et frustrant, c’est qu’il ne se fixe sur aucun point de vue particulier ni ne propose de prescription pr\u00e9cise face \u00e0 toute cette d\u00e9vastation. Cela semble tr\u00e8s vrai pour notre \u00e9poque, o\u00f9 il n’existe pas de chemin clair \u00e0 suivre pour r\u00e9parer le monde, et o\u00f9 l\u2019on a l’impression qu’il n’y a face \u00e0 nous que la possibilit\u00e9 d’un glissement sans fin vers l\u2019effondrement plan\u00e9taire.<\/p>\n\n\n\n

\n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
\u00ab  L’un des tours du roman, et l’une des raisons pour lesquelles je le consid\u00e8re en partie comme un conte de f\u00e9es, est qu’il nous fait croire que des personnages comme ceux-ci peuvent \u00eatre r\u00e9els, et qu’ils peuvent incarner des positions adopt\u00e9es par des personnes que nous pourrions conna\u00eetre et c\u00f4toyer au quotidien.  \u00bb<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

On dit souvent que notre g\u00e9n\u00e9ration a une faible capacit\u00e9 d\u2019attention. Les longues conversations et dialogues qui, pour reprendre votre m\u00e9taphore, forment \u00ab la peau \u00bb de La Montagne magique<\/em>, semblent totalement anachroniques \u2014 et il est vrai que peu d\u2019auteurs \u00e9crivent encore de cette mani\u00e8re aujourd\u2019hui. <\/strong><\/h3>\n\n\n\n

La meilleure illustration de ce point nous est offerte par le livre d\u2019Olga Tokarczuk, Le Banquet des Empouses<\/em> <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>, qui est une parodie de La Montagne magique<\/em>. L\u2019histoire se d\u00e9roule dans un sanatorium plus modeste, qui n\u2019est ni aussi beau ni aussi luxueux que le Berghof. Le personnage principal n\u2019est pas un bourgeois allemand, mais un jeune hermaphrodite polonais issu de la classe ouvri\u00e8re. On nous dit que les patients du sanatorium ont les grands d\u00e9bats historiques \u00e0 la Settembrini et \u00e0 la Naphta, mais le protagoniste, qui n’a ni le capital culturel ni la sensibilit\u00e9 nationale pour en saisir la port\u00e9e, n\u2019y participe pas. Toutes ces id\u00e9es sont balay\u00e9es par des phrases savoureuses telles que : \u00ab Et puis ils ont parl\u00e9 de progr\u00e8s, mais il n’\u00e9coutait pas vraiment \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

On peut n\u00e9anmoins se demander si la culture des podcasts, malgr\u00e9 sa superficialit\u00e9, ne montre pas qu\u2019il reste une force narrative et contemporaine dans cette caract\u00e9ristique particuli\u00e8re de La Montagne magique <\/em>\u2014 l\u2019id\u00e9e d\u2019une conversation infinie. Ne faudrait-il pas voir, d\u2019une mani\u00e8re certes un peu provocatrice, dans Joe Rogan un Naphta travesti ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

J\u2019essaie d\u2019imaginer \u00e0 quoi ressembleraient ces personnages dans le monde des r\u00e9seaux sociaux \u2014 mais ce n\u2019est pas un exercice facile. La fa\u00e7on dont Naphta et Settembrini parlent ne correspond \u00e0 aucune mani\u00e8re de s’exprimer dans la vie r\u00e9elle \u2014 non seulement \u00e0 notre \u00e9poque, mais \u00e9galement \u00e0 la leur. La fonction de leur discours est profond\u00e9ment litt\u00e9raire : \u00e0 travers leurs \u00e9changes, le roman nous permet d’habiter le pur temps de loisir des intellectuels, \u00e9loign\u00e9s du monde du travail quotidien. Aucun personnage politique, podcasteur ou m\u00eame l’intellectuel le plus brillant et \u00e9l\u00e9gant ne pourrait accomplir cela dans la r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

L’un des tours du roman, et l’une des raisons pour lesquelles je le consid\u00e8re en partie comme un conte de f\u00e9es, est qu’il nous fait croire que des personnages comme ceux-ci peuvent \u00eatre r\u00e9els, et qu’ils peuvent incarner des positions adopt\u00e9es par des personnes que nous pourrions conna\u00eetre et c\u00f4toyer au quotidien. Mais cela est absurde. Personne ne parle comme Naphta ou Settembrini et, par cons\u00e9quent, aucun discours n’est vuln\u00e9rable \u00e0 des lectures ironiques de cette nature. Ce qui m’int\u00e9resse dans leur extr\u00e9misme, c’est qu’il est difficile de d\u00e9terminer s’il s’agit d’un pur ballet intellectuel ou s’il y a un v\u00e9ritable sentiment derri\u00e8re les id\u00e9es qu’ils d\u00e9fendent.<\/p>\n\n\n\n

La lecture d’un roman comme La Montagne magique<\/em> exige une certaine discipline.<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Ce roman est pleinement conscient de la discipline qu\u2019il demande \u00e0 ses lecteurs. Par exemple, la premi\u00e8re partie du livre \u2014 le premier \u00ab livre \u00bb, si je puis l\u2019appeler ainsi \u2014 nous fait traverser les trois premi\u00e8res semaines de Hans au sanatorium. Elle est relativement courte par rapport au reste du roman, et les chapitres qu\u2019elle contient sont \u00e9galement plus courts. Mais \u00e0 mesure que le roman avance, le livre s\u2019\u00e9tend. Les chapitres s\u2019allongent, et le contenu devient plus exigeant et complexe, avec de longs discours d\u00e9clamatoires et des sections \u00e9tendues des pens\u00e9es de Hans et de ses r\u00e9cits ph\u00e9nom\u00e9nologiques sur son propre corps et le corps de Clawdia Chauchat.<\/p>\n\n\n\n

Ce faisant, le roman reconfigure notre perception du temps de lecture. Il nous apprend \u00e0 le lire \u00e0 son propre rythme, \u00e0 son propre tempo, plut\u00f4t qu’\u00e0 celui de l’horloge, de la semaine de travail ou, aujourd’hui, de nos smartphones. Je pense que Mann \u00e9tait tr\u00e8s conscient qu\u2019il demandait \u00e0 ses lecteurs d\u2019ajuster leur compr\u00e9hension de la temporalit\u00e9 litt\u00e9raire, ce qui constitue une exigence extraordinaire \u00e0 imposer \u00e0 son public.<\/p>\n\n\n\n

Quel est le temps de La Montagne magique<\/em> ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Le roman mesure le temps de diff\u00e9rentes mani\u00e8res. Au d\u00e9but, il enregistre son passage de mani\u00e8re tr\u00e8s pr\u00e9cise, presque calendaire. Chaque jour, chaque heure est compt\u00e9e. Le temps est marqu\u00e9 par un cycle de vingt-quatre heures, de sept jours, par le passage du mardi au mercredi, ou encore par l\u2019arriv\u00e9e du week-end. Cela ressemble beaucoup \u00e0 la mani\u00e8re dont nous mesurons le temps dans notre vie quotidienne : le temps de la journ\u00e9e ou de la semaine de travail.<\/p>\n\n\n\n

Puis, peu \u00e0 peu, cela s\u2019estompe. Le roman s\u2019oriente vers une temporalit\u00e9 plus sociale, rythm\u00e9e par les personnages et leurs dynamiques. Le temps est marqu\u00e9 par ceux qui arrivent, ceux qui partent, et la dur\u00e9e de leur s\u00e9jour. Nous suivons le temps des diagnostics : combien de mois il reste \u00e0 un patient dans son traitement, ou quand il commence activement \u00e0 mourir. Le roman suit aussi, par exemple, la longueur et la fr\u00e9quence des d\u00e9bats entre Settembrini et Naphta. Ou encore, il compte les moments o\u00f9 Hans Castorp aper\u00e7oit Clawdia Chauchat et les jours ou semaines qui s\u2019\u00e9coulent entre ces rencontres.<\/p>\n\n\n\n

Enfin, le roman adopte le temps de l\u2019Histoire. \u00c0 un certain moment, peut-\u00eatre dans le troisi\u00e8me ou quatri\u00e8me livre, nous commen\u00e7ons \u00e0 remarquer les saisons, mais soudain, ces saisons deviennent ambigu\u00ebs : nous savons que c\u2019est l\u2019hiver, mais nous ne savons pas quel hiver. \u00c0 la fin des sept ann\u00e9es de s\u00e9jour de Hans Castorp, nous nous retrouvons au c\u0153ur de la Premi\u00e8re Guerre mondiale, qui \u00e9clate comme un coup de tonnerre, titre du dernier chapitre. Nous sentons que la guerre se pr\u00e9parait depuis longtemps, mais nous \u00e9tions dans le temps du sanatorium, et ainsi l\u2019Histoire ne devient visible pour nous qu\u2019en tant que rupture monumentale dans le roman.<\/p>\n\n\n\n

\n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
\u00ab  Il ne faut jamais oublier que ces visions se d\u00e9roulent sur un fond de blancheur totalisante \u2014 un \u00e9clat, comme celui des bombes, qui menace d\u2019engloutir tout, y compris lui-m\u00eame.  \u00bb<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Faut-il un roman de cette ampleur pour provoquer une telle transformation chez le lecteur  ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Quand je pense \u00e0 d’autres romans capables de provoquer ce type de m\u00e9tamorphose chez le lecteur, je pense \u00e0 Ulysse<\/em> de James Joyce ou \u00e0 Middlemarch<\/em> de George Eliot. Ce sont des \u0153uvres vastes et foisonnantes, profond\u00e9ment conscientes de la mani\u00e8re dont elles demandent aux lecteurs d\u2019interagir avec le temps. Elles sont souvent divis\u00e9es en chapitres ou sections qui refl\u00e8tent cette tentative de recalibrage.<\/p>\n\n\n\n

Pensez-vous qu\u2019il y ait encore des personnes pr\u00eates \u00e0 subir ce type de \u00ab recalibrage \u00bb aujourd\u2019hui ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Absolument, mais de moins en moins.<\/p>\n\n\n\n

Qu\u2019est-ce que cela signifie ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Cela signifie que la communaut\u00e9 de personnes dispos\u00e9es et capables d\u2019avoir des conversations comme celle que nous avons actuellement deviendra de plus en plus restreinte. Elle deviendra plus \u00e9litiste \u2014 davantage marqu\u00e9e par les in\u00e9galit\u00e9s de classe et d\u2019\u00e9ducation. Nous devrons travailler d\u2019une mani\u00e8re encore plus intense pour convaincre tous ceux qui restent en dehors que ce type d\u2019engagement avec la litt\u00e9rature vaut l\u2019effort.<\/p>\n\n\n\n

Nous devrons \u00e9galement les convaincre d\u2019investir du temps dans un projet litt\u00e9raire qui n\u2019a ni morale politique ni issue d\u00e9finie. Les personnages de Mann parlent longuement des avantages de l\u2019humanisme lib\u00e9ral et du progr\u00e8s, ou encore de l\u2019in\u00e9vitable pouss\u00e9e vers le nihilisme et la destruction. Mann place Hans Castorp au milieu de ces p\u00e9dagogues prolifiques. Et Castorp apprend \u00e0 \u00e9couter, \u00e0 r\u00e9pondre et \u00e0 ne rien accepter comme v\u00e9rit\u00e9 incontestable. Mais \u00e0 la fin du livre, ce n\u2019est pas comme si l\u2019une ou l\u2019autre de ces voies, l\u2019humanisme lib\u00e9ral ou l\u2019anarchisme nihiliste, repr\u00e9sentait la voie \u00e0 suivre.<\/p>\n\n\n\n

La mort de Naphta n\u2019est donc pas la fin de l\u2019extr\u00eame crise de la rationalit\u00e9 \u2014 refl\u00e9tant l\u2019\u00e9volution personnelle de Mann pendant l\u2019\u00e9criture du livre ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

J\u2019ai du mal \u00e0 croire que la mort de Naphta r\u00e9solve quoi que ce soit. Il se suicide au milieu du duel qu\u2019il est cens\u00e9 livrer contre Settembrini. Le duel nourrit l\u2019illusion d\u2019une conclusion : en permettant \u00e0 une personne de triompher de l\u2019autre \u2013 que ce soit Settembrini ou Naphta \u2013 nous, en tant que lecteurs, croyons que les d\u00e9bats sans fin mis en sc\u00e8ne dans La Montagne magique<\/em> seront enfin tranch\u00e9s. Mais le suicide brise cette illusion.<\/p>\n\n\n\n

Il vaut la peine de r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la mani\u00e8re dont le suicide se d\u00e9roule. Settembrini refuse de tirer sur Naphta, et Naphta se tire une balle lui-m\u00eame. L\u2019inaction de Settembrini, suivie de l\u2019action violente et de la mort de Naphta, semble refl\u00e9ter parfaitement les id\u00e9ologies qu\u2019ils ont incarn\u00e9es. D\u00e9sormais, cependant, ils ne peuvent plus dialoguer. Ils sont fig\u00e9s dans leurs postures respectives : la l\u00e2chet\u00e9 lib\u00e9rale d\u2019un c\u00f4t\u00e9 et l\u2019autodestruction violente et l\u2019an\u00e9antissement de soi de l\u2019autre. Ce spectacle d\u2019autodestruction fig\u00e9e trouve un \u00e9cho dans \u00ab Le coup de tonnerre \u00bb, le dernier chapitre, o\u00f9 nous sommes soudainement plong\u00e9s dans les tranch\u00e9es de la Premi\u00e8re Guerre mondiale. Nous voyons des hommes paralys\u00e9s, leurs bottes coinc\u00e9es dans la boue et la terre, tandis que les bombes terrifiantes s\u2019abattent sur eux.<\/p>\n\n\n\n

Si aucun argument intellectuel ne l\u2019emporte sur un autre, que reste-t-il au fond de cette conversation ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Je pense \u00e0 un autre chapitre, \u00ab Neige \u00bb<\/a>, dans lequel Hans Castorp, perdu lors d’une excursion \u00e0 ski, per\u00e7oit dans le vide blanc qui l’entoure des images arch\u00e9typales du paradis et de l’enfer. La montagne devient le th\u00e9\u00e2tre de profondes visions philosophiques sur le bien et le mal, le progr\u00e8s pacifique contre l’annihilation et l’anarchisme, qui se disputent la domination de sa conscience. Pourtant, il ne faut jamais oublier que ces visions se d\u00e9roulent sur un fond de blancheur totalisante \u2014 un \u00e9clat, comme celui des bombes, qui menace d\u2019engloutir tout, y compris lui-m\u00eame. Si, dans le sanatorium, les d\u00e9bats entre Settembrini et Naphta mettent en lumi\u00e8re de profondes questions philosophiques, une fois que Hans Castorp est pris dans la neige ou coinc\u00e9 dans les tranch\u00e9es, ces d\u00e9bats semblent perdre leur force. Ils deviennent les activit\u00e9s hallucinatoires d\u2019hommes mourants, impuissants, comme ceux qui r\u00e9arrangent les chaises longues sur le Titanic.<\/p>\n\n\n\n

Cela soul\u00e8ve la question de la relation entre l\u2019activit\u00e9 esth\u00e9tique et l\u2019activit\u00e9 politique. Ces personnages parlent-ils uniquement pour le plaisir de s\u2019entendre parler ? Luttent-ils r\u00e9ellement l\u2019un contre l\u2019autre pour l\u2019\u00e2me de l\u2019homme bourgeois ? Ou bien les mouvements de l\u2019Histoire sont-ils si in\u00e9vitables, si d\u00e9vorants, que les arguments des personnages ne sont rien de plus que les fantasmes d\u2019individus pris au milieu d\u2019une \u00e9poque qu\u2019ils ne peuvent contr\u00f4ler, fa\u00e7onnant des discours aussi insubstantiels que les images de paradis et d\u2019enfer qui traversent l\u2019esprit de Hans Castorp perdu dans la neige ?<\/p>\n\n\n\n\n

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\n \n \"\u00abCette\n <\/picture>\n
\u00ab Cette rencontre non repr\u00e9sent\u00e9e avec \u00c9ros sugg\u00e8re que le sanatorium lui-m\u00eame est ce ‘broken middle’, cet entre-deux bris\u00e9 dans un monde cass\u00e9, o\u00f9 la force m\u00eame du d\u00e9sir et l\u2019in\u00e9vitabilit\u00e9 de la mort reconfigurent notre h\u00e9ros petit-bourgeois, l\u2019ouvrant \u00e0 l\u2019art, \u00e0 l\u2019\u00e9motion, \u00e0 la souffrance et \u00e0 la mort des autres \u00bb.<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n \n <\/div>\n
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\n \n \"\u00abC\u2019est\n <\/picture>\n
\u00ab C\u2019est le changement qui se produit dans ce milieu, ce changement invisible, inexprimable, qui me semble \u00eatre le point le plus important de La Montagne magique.\u00a0C\u2019est son point de gravit\u00e9, c\u2019est le centre de son orbite. Et tout tourne autour de ce point. \u00bb<\/figcaption> <\/figure>\n <\/a>\n <\/div>\n <\/div>\n \n
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\u00ab Cette rencontre non repr\u00e9sent\u00e9e avec \u00c9ros sugg\u00e8re que le sanatorium lui-m\u00eame est ce ‘broken middle’, cet entre-deux bris\u00e9 dans un monde cass\u00e9, o\u00f9 la force m\u00eame du d\u00e9sir et l\u2019in\u00e9vitabilit\u00e9 de la mort reconfigurent notre h\u00e9ros petit-bourgeois, l\u2019ouvrant \u00e0 l\u2019art, \u00e0 l\u2019\u00e9motion, \u00e0 la souffrance et \u00e0 la mort des autres \u00bb.<\/figcaption> <\/figure>\n \n <\/div>\n
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\u00ab C\u2019est le changement qui se produit dans ce milieu, ce changement invisible, inexprimable, qui me semble \u00eatre le point le plus important de La Montagne magique.\u00a0C\u2019est son point de gravit\u00e9, c\u2019est le centre de son orbite. Et tout tourne autour de ce point. \u00bb<\/figcaption> <\/figure>\n <\/div>\n <\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Le livre s\u2019ach\u00e8ve avec l\u2019Europe en guerre, Hans Castorp devient l\u2019un des millions de soldats de la Grande Guerre \u2014 \u00e0 quoi bon parler et \u00e9crire si le feu, la maladie et la mort gagnent ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

La Montagne magique<\/em> est souvent lue comme un roman de formation, un Bildungsroman<\/em>, mais je n\u2019ai jamais \u00e9t\u00e9 satisfaite de cette interpr\u00e9tation, pr\u00e9cis\u00e9ment \u00e0 cause de la guerre. C\u2019est la guerre qui interrompt la possibilit\u00e9 de voir o\u00f9 aboutit la formation de Hans Castorp. Contrairement au Bildungsroman<\/em> classique, le roman ne propose pas un point final de maturation. Il pr\u00e9sente plut\u00f4t une crise existentielle pr\u00e9matur\u00e9e, projet\u00e9e r\u00e9trospectivement sur un jeune homme de vingt ans qui n\u2019aura jamais l\u2019occasion de vivre pleinement l\u2019\u00e2ge adulte.<\/p>\n\n\n\n

Cependant, tout au long du roman, il y a une tentative d\u2019affirmer les exp\u00e9riences transformatrices de la vie, m\u00eame si elles ne m\u00e8nent nulle part ou ne se traduisent par aucune forme de progr\u00e8s tangible. L\u2019un des grands myst\u00e8res du roman se trouve \u00e0 la fin du chapitre intitul\u00e9 \u00ab Nuit de Walpurgis \u00bb, lorsque Clawdia sugg\u00e8re \u00e0 Hans qu\u2019il pourrait venir dans sa chambre. Au d\u00e9but du chapitre suivant \u2014 qui marque le milieu exact du roman \u2014, nous lisons qu\u2019il a quitt\u00e9 sa chambre t\u00f4t le lendemain matin. Quelque chose manque au milieu : le temps qu\u2019il a pass\u00e9 avec elle, vraisemblablement en ayant un rapport sexuel. Cette sc\u00e8ne ne sera jamais repr\u00e9sent\u00e9e, et nous ne saurons jamais exactement ce qui s\u2019est pass\u00e9. Mais nous voyons tout ce qui pr\u00e9c\u00e8de, et nous voyons les cons\u00e9quences. En particulier, nous prenons conscience de la mani\u00e8re dont son cousin, Joachim, se sent abandonn\u00e9 et trahi par cette chute morale de Hans.<\/p>\n\n\n\n

Il s\u2019est pass\u00e9 quelque chose d\u2019essentiel dans cet espace non articul\u00e9, cach\u00e9, cet \u00ab milieu bris\u00e9 \u00bb (broken middle<\/em>), selon l\u2019expression de la philosophe h\u00e9g\u00e9lienne Gillian Rose <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>. L\u2019une des raisons pour lesquelles nous poursuivons, comme Hans, les exp\u00e9riences bris\u00e9es et douloureuses du d\u00e9sir et de l\u2019amour est que, plong\u00e9s dans l\u2019incertitude, nous avons la capacit\u00e9 de voir, de penser et de r\u00e9fl\u00e9chir diff\u00e9remment au monde qui nous entoure. Nous devenons soudainement ouverts \u00e0 \u00eatre \u00ab reconfigur\u00e9s \u00bb ou \u00ab recalibr\u00e9s \u00bb, pour reprendre mon terme pr\u00e9c\u00e9dent, en tant qu\u2019\u00eatres pensants et sensibles. Le monde se r\u00e9organise soudainement autour de nous.<\/p>\n\n\n\n

Il est tr\u00e8s difficile de savoir comment repr\u00e9senter cela. Cela ne peut pas \u00eatre fig\u00e9 dans le temps. En tant que lecteurs, nous n\u2019avons pas acc\u00e8s au rapprochement exp\u00e9rientiel entre l\u2019intellectuel et l\u2019\u00e9rotique, entre la vie et la mort. Mais Hans en ressort transform\u00e9. Il est chang\u00e9. Il est capable de penser diff\u00e9remment. Il devient plus perceptif, en particulier envers l\u2019art et la musique. Il est plus r\u00e9ceptif \u00e0 la pr\u00e9sence des autres, voire \u00e0 leur pr\u00e9sence spectrale, comme lorsqu\u2019il aper\u00e7oit l\u2019esprit de Joachim lors d\u2019une s\u00e9ance spiritique.<\/p>\n\n\n\n

Cette rencontre non repr\u00e9sent\u00e9e avec \u00c9ros sugg\u00e8re que le sanatorium lui-m\u00eame est ce \u00ab broken middle<\/em> \u00bb, cet entre-deux bris\u00e9 dans un monde cass\u00e9, o\u00f9 la force m\u00eame du d\u00e9sir et l\u2019in\u00e9vitabilit\u00e9 de la mort reconfigurent notre h\u00e9ros petit-bourgeois, l\u2019ouvrant \u00e0 l\u2019art, \u00e0 l\u2019\u00e9motion, \u00e0 la souffrance et \u00e0 la mort des autres.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est le changement qui se produit dans ce milieu, ce changement invisible, inexprimable, qui me semble \u00eatre le point le plus important de La Montagne magique<\/em>. C\u2019est son point de gravit\u00e9, c\u2019est le centre de son orbite. Et tout tourne autour de ce point.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Comment lire aujourd’hui ce livre \u00e9crit entre la maladie et la guerre, l’humanisme et le nihilisme  ? La v\u00e9rit\u00e9 d\u2019Hans Castorp se situe-t-elle dans une nuit non \u00e9crite, comme un point aveugle, \u00ab  un milieu bris\u00e9  \u00bb autour duquel s\u2019organiserait tout le roman  ? Joe Rogan est-il Naphta travesti  ? <\/p>\n

Pour tenter de comprendre, cent ans apr\u00e8s sa parution, le rayonnement myst\u00e9rieux du chef-d\u2019\u0153uvre cr\u00e9\u00e9 par Thomas Mann en 1924, nous avons rencontr\u00e9 la critique litt\u00e9raire Merve Emre.<\/p>\n","protected":false},"author":7,"featured_media":255956,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-interviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[4186],"tags":[],"geo":[],"class_list":["post-255941","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-la-montagne-magique-de-thomas-mann-cent-ans-apres"],"acf":[],"yoast_head":"\nLire La Montagne magique dans un monde cass\u00e9, une conversation avec Merve Emre | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2024\/12\/27\/lire-la-montagne-magique-dans-un-monde-casse-une-conversation-avec-merve-emre\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Lire La Montagne magique dans un monde cass\u00e9, une conversation avec Merve Emre | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Comment lire aujourd'hui ce livre \u00e9crit entre la maladie et la guerre, l'humanisme et le nihilisme ? 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