{"id":240966,"date":"2024-08-02T06:30:00","date_gmt":"2024-08-02T04:30:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=240966"},"modified":"2024-08-02T17:46:50","modified_gmt":"2024-08-02T15:46:50","slug":"jaccomplis-mon-devoir-de-monarque-la-reponse-divan-le-terrible-au-prince-kourbski-troisieme-partie","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2024\/08\/02\/jaccomplis-mon-devoir-de-monarque-la-reponse-divan-le-terrible-au-prince-kourbski-troisieme-partie\/","title":{"rendered":"\u00ab J’accomplis mon devoir de monarque \u00bb : la r\u00e9ponse d\u2019Ivan le Terrible au prince Kourbski (troisi\u00e8me partie)"},"content":{"rendered":"\n

En s’engageant dans la bataille \u00e9pistolaire contre le prince Andre\u00ef Kourbski<\/a>, Ivan le Terrible compose une missive monumentale. Dans la premi\u00e8re section, le tsar lance une s\u00e9rie d’accusations virulentes contre son ancien compagnon d’armes. Dans la deuxi\u00e8me partie, Ivan plonge dans les \u00e9v\u00e9nements pass\u00e9s, r\u00e9interpr\u00e9tant l’histoire pour justifier sa politique de terreur. Il cherche \u00e0 prouver que sa tyrannie est non seulement n\u00e9cessaire mais aussi l\u00e9gitime.<\/p>\n\n\n\n

Ivan \u00e9tait un bon th\u00e9ologien, qui connaissait tr\u00e8s bien les \u00c9critures (y compris les apocryphes), qu’il utilisait g\u00e9n\u00e9reusement dans ses lettres. Il connaissait \u00e9galement bien les vies des saints, la patristique, la liturgie et le chant monastique. Il composa d’ailleurs, sous le pseudonyme de \u00ab Parfeni le Fol-en-Christ \u00bb, une Pri\u00e8re \u00e0 l’ange de la mort, ou Canon \u00e0 l’archange archistrat\u00e8ge tr\u00e8s redout\u00e9 saint Michel. \u00ab Parfeni \u00bb vient de parphenos qui, en grec, signifie \u00ab vierge \u00bb. Ivan, lui, eut sept \u00e9pouses et trois mille ma\u00eetresses. Avec lui, la bouffonnerie n’est jamais bien loin. Bon musicien, il mit en musique les stich\u00e8res de l’office du m\u00e9tropolite saint Pierre de Moscou.<\/p>\n\n\n\n

En revanche, on ne sait s’il avait lu ou s’\u00e9tait fait lire la l\u00e9gende de Dracula, tr\u00e8s r\u00e9pandue en ce temps dans toute l’Europe et en Russie, ni dans quelle mesure il aurait pu en \u00eatre marqu\u00e9. On trouve en effet dans les r\u00e9cits consacr\u00e9s \u00e0 Vlad l’Empaleur dit \u00ab Dracula \u00bb (souverain de Valachie de la seconde moiti\u00e9 du XV si\u00e8cle) plusieurs traits qui annoncent Ivan, notamment la doctrine selon laquelle le prince doit \u00eatre cruel pour le bien de ses sujets (lesquels doivent tous \u00eatre ch\u00e2ti\u00e9s avec la m\u00eame s\u00e9v\u00e9rit\u00e9, qu’ils soient riches ou pauvres, nobles ou manants), et le choix de l’empalement comme m\u00e9thode de torture (qu’Ivan fut le seul tsar russe \u00e0 appliquer). Les r\u00e9cits populaires qui circul\u00e8rent apr\u00e8s sa mort attribu\u00e8rent r\u00e9trospectivement \u00e0 Ivan des cruaut\u00e9s rapport\u00e9es par la l\u00e9gende : ainsi l’\u00e9pisode o\u00f9 l’on voit Dracula ordonner \u00e0 ses gardes de clouer sur la t\u00eate des \u00e9missaires turcs les bonnets qu’ils refusaient d’\u00f4ter en sa pr\u00e9sence.<\/p>\n\n\n\n

Je ne me consid\u00e8re pas comme immortel, car la mort est le lot de tous depuis le p\u00e9ch\u00e9 d’Adam. Bien que je porte la pourpre, je me sais aussi infirme de nature que tout autre homme. Contrairement \u00e0 ce que vous pr\u00e9tendez dans vos ratiocinations, je ne suis pas au-dessus des lois de la nature : c’est l\u00e0 pure h\u00e9r\u00e9sie. Comme je l’ai d\u00e9j\u00e0 dit, je rends gr\u00e2ce au Seigneur d’avoir su, \u00e0 la mesure de mes forces, consolider ma foi. Il est ridicule de m’accuser de ne pas croire au jugement apr\u00e8s la mort, comme si les hommes \u00e9taient des b\u00eates.<\/p>\n\n\n\n

S’il en \u00e9tait ainsi, leur \u00e2me ne serait que vapeur, et ce serait soutenir l’h\u00e9r\u00e9sie des sadduc\u00e9ens. Telles sont les d\u00e9lirantes absurdit\u00e9s dans lesquelles tu tombes \u00e0 force d’\u00e9crire sans r\u00e9fl\u00e9chir. Moi, je crois au Jugement dernier de notre Sauveur, lorsque seront rassembl\u00e9es les \u00e2mes des humains en m\u00eame temps que les corps auxquels elles \u00e9taient unies. Tous ensemble – les rois comme les derniers des serviteurs, tels des fr\u00e8res – seront alors jug\u00e9s et s\u00e9par\u00e9s selon leurs \u0153uvres et il sera demand\u00e9 \u00e0 chacun ce qu’il aura fait. Quand donc tu \u00e9cris que je ne veux pas \u00ab compara\u00eetre devant le Juge incorruptible \u00bb, c’est \u00e0 d’autres que tu imputes l’h\u00e9r\u00e9sie, tombant toi-m\u00eame dans l’immonde h\u00e9r\u00e9sie des manich\u00e9ens. En effet, de m\u00eame que ces derniers poussent l’obsc\u00e9nit\u00e9 jusqu’\u00e0 pr\u00e9tendre qu’au Christ revient le ciel, \u00e0 l’homme libre la terre et au diable les enfers, de m\u00eame, toi, tu pr\u00eaches le jugement \u00e0 venir tout en m\u00e9prisant les ch\u00e2timents que Dieu impose ici-bas pour les p\u00e9ch\u00e9s des hommes. <\/p>\n\n\n\n

Quant \u00e0 moi, je confesse et sais que ceux qui vivent dans le mal et transgressent les commandements divins non seulement connaissent l\u00e0-haut les tourments mais aussi sont condamn\u00e9s d\u00e8s ici-bas \u00e0 boire \u00e0 la coupe de l’ire du Seigneur, de la juste col\u00e8re de Dieu, et subissent divers ch\u00e2timents. Quand ils quittent ce monde, dans l’attente de la juste sentence du tribunal du Sauveur ils re\u00e7oivent la plus dure des sentences et, apr\u00e8s le Jugement, sont condamn\u00e9s aux peines \u00e9ternelles. Telle est ma foi dans le Jugement dernier. Je sais \u00e9galement que le Christ est ma\u00eetre du ciel, de la terre et des enfers, des morts et des vivants, et que toutes choses dans le ciel, sur la terre et aux enfers existent par sa volont\u00e9, par le conseil du P\u00e8re et la bonne volont\u00e9 du Saint-Esprit. Ceux qui n’agiront pas comme il convient seront punis, et il n’est pas vrai que \u2013 comme tu le soutiens en vrai manich\u00e9en et comme tu oses l’affirmer avec obsc\u00e9nit\u00e9 \u00e0 propos de l’incorruptible tribunal du Sauveur \u2013 nous r\u00e9pugnerions \u00e0 compara\u00eetre devant le Christ notre Dieu et \u00e0 r\u00e9pondre de nos p\u00e9ch\u00e9 devant celui qui conna\u00eet tous les secrets cach\u00e9s. Je crois donc que moi, esclave, je serai jug\u00e9 non seulement pour mes p\u00e9ch\u00e9s, volontaires et involontaires, mais pour les p\u00e9ch\u00e9s que mes sujets auront commis du fait de ma n\u00e9gligence. Que tes raisonnements sont ridicules ! Si en effet des chefs mortels peuvent tra\u00eener des hommes en justice, comment ne pas se soumettre au Roi des rois, au Seigneur des seigneurs qui r\u00e8gne sur tout ? M\u00eame si un homme est assez sot pour vouloir se soustraire \u00e0 la col\u00e8re divine, il ne trouvera pas o\u00f9 se cacher. Car la Sagesse divine maintient les hauteurs que nul ne peut maintenir et tient ce qui est dans les airs, elle retient les eaux et les enferme dans les mers<\/span>1<\/sup><\/a><\/span>. \u00ab Il tient en son pouvoir l’\u00e2me de tout vivant et le souffle de toute chair d’homme<\/span>2<\/sup><\/a><\/span> \u00bb et, comme le dit le proph\u00e8te : \u00ab Si j’escalade les cieux, tu es l\u00e0, qu’aux enfers je me couche, te voici. Je prends les ailes de l’aurore, je me loge au plus loin de la mer, m\u00eame l\u00e0, ta main me conduit, ta droite me saisit. Mes os n’\u00e9taient point cach\u00e9s de toi quand je fus fa\u00e7onn\u00e9 dans le secret et brod\u00e9 au profond de la terre<\/span>3<\/sup><\/a><\/span>. \u00bb Voil\u00e0 comment je crois dans le jugement impartial du Sauveur. Qui donc – vivant ou mort – pourrait \u00e9chapper \u00e0 la dextre du Tout-Puissant ? Devant lui, tout est d\u00e9couvert et mis \u00e0 nu.<\/p>\n\n\n\n

Je sais que le Christ notre Dieu est l’ennemi des \u00ab orgueilleux pers\u00e9cuteurs<\/span>4<\/sup><\/a><\/span> \u00bb ; comme le dit l’\u00c9criture : \u00ab Dieu r\u00e9siste aux orgueilleux, mais il donne sa gr\u00e2ce aux humbles<\/span>5<\/sup><\/a><\/span>. \u00bb Mais voyons d’abord, qui est orgueilleux ? Serait-ce moi, qui exige ob\u00e9issance des esclaves que Dieu m’a donn\u00e9s ? Ou vous, qui rejetez l’autorit\u00e9 que Dieu m’a conf\u00e9r\u00e9e et refusez de porter votre joug de servitude, exigeant, comme si vous \u00e9tiez des ma\u00eetres, que je fasse votre volont\u00e9, vous qui enseignez et d\u00e9noncez comme si vous aviez \u00e9t\u00e9 rev\u00eatus de la dignit\u00e9 de docteur ? Comme le disait le bienheureux Gr\u00e9goire \u00e0 ceux qui pr\u00e9sumaient de leur jeunesse et qui \u00e0 tout moment se permettaient d’enseigner : \u00ab Toi, avant d’avoir de la barbe, tu enseignes les vieillards, ou tu crois enseigner sans avoir peut-\u00eatre l’autorit\u00e9 que conf\u00e8rent l’\u00e2ge et les m\u0153urs ? Ensuite, on all\u00e8gue ici Daniel et tel ou tel qui furent juges malgr\u00e9 leur jeunesse, et on a ces exemples sur la langue, car le coupable est toujours pr\u00eat \u00e0 se d\u00e9fendre. Mais ce n’est pas l’exception qui est la loi de l’\u00c9glise, aussi vrai qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, ni une ligne le g\u00e9om\u00e8tre, ni un bateau la mer<\/span>6<\/sup><\/a><\/span>. \u00bb Toi aussi, bien que nul ne t’ait consacr\u00e9, tu t’arroges la dignit\u00e9 de docteur. De quel c\u00f4t\u00e9 se trouve l’orgueil : quand le ma\u00eetre enseigne son esclave, ou quand l’esclave donne des ordres \u00e0 son ma\u00eetre ? M\u00eame un ignorant peut comprendre ces choses. N’as-tu pas song\u00e9, chien que tu es, que lorsque les trois patriarches se r\u00e9unirent avec une multitude d’\u00e9v\u00eaques pour adresser une longue admonestation \u00e0 l’empereur impie Th\u00e9ophile, ils se gard\u00e8rent des injures dont tu m’accables, bien que l’empereur e\u00fbt \u00e9t\u00e9 impie ? D’autant plus faut-il \u00e9crire \u00e0 un empereur pieux avec humilit\u00e9 si l’on veut m\u00e9riter les gr\u00e2ces divines. Moi, je crois au Christ notre Dieu, et m\u00eame dans le secret de mon c\u0153ur je n’ai jamais commis de p\u00e9ch\u00e9 comme Th\u00e9ophile. Si donc ceux qui en avaient l’autorit\u00e9 n’ont pas injuri\u00e9 un impie, quel docteur es-tu pour m’injurier avec tant de fureur ? Vous voulez imposer la loi de Dieu par la force et vous vous permettez, dans votre sc\u00e9l\u00e9ratesse, d’enfreindre les traditions des ap\u00f4tres. Saint Pierre ne dit-il pas : \u00ab Paissez le troupeau non pas en faisant les seigneurs mais en devenant les mod\u00e8les du troupeau, veillant sur lui non par contrainte mais de bon gr\u00e9 et non pour un gain sordide<\/span>7<\/sup><\/a><\/span> \u00bb ? Mais tout cela, vous le m\u00e9prisez.<\/p>\n\n\n\n

Vous nous accusez de pers\u00e9cutions. Mais vous, avec le pope et Alexe\u00ef, vous n’avez pers\u00e9cut\u00e9 personne ? N’avez-vous pas ordonn\u00e9 aux habitants de Kolomna de lapider leur \u00e9v\u00eaque Th\u00e9odose, notre conseiller ? Dieu le prot\u00e9gea, et vous le jet\u00e2tes \u00e0 bas de sa chaire. Que dire aussi de notre Grand Argentier Nikita Afanassievitch ? Pourquoi avez-vous pill\u00e9 tous ses biens, et l’avez-vous gard\u00e9 captif en des terres lointaines pendant de nombreuses ann\u00e9es, affam\u00e9 et nu ? <\/p>\n\n\n\n

La lapidation de l\u2019\u00e9v\u00eaque Th\u00e9odose n\u2019a laiss\u00e9 aucune trace historique. <\/p>\n\n\n\n

Nikita Afanassievitch Founikov fut parmi les derniers \u00e0 pr\u00eater serment au tsar\u00e9vitch pendant la maladie d’Ivan en 1553. Il restera pourtant en faveur jusqu’en 1570, o\u00f9 il sera ex\u00e9cut\u00e9 pour avoir particip\u00e9 \u00e0 un complot visant \u00e0 donner Novgorod et Pskov \u00e0 la Lituanie.<\/p>\n\n\n\n

Qui saurait d\u00e9nombrer toutes vos pers\u00e9cutions contre des eccl\u00e9siastiques aussi bien que contre des la\u00efcs ? Tous ceux qui nous \u00e9taient ne f\u00fbt-ce qu’un peu d\u00e9vou\u00e9s, vous les pers\u00e9cutiez. Est-ce la votre justice que de tisser et tendre des filets comme des d\u00e9mons ? Vos transgressions sont d’autant plus iniques que vous vous vantez comme des pharisiens, \u00ab justes en apparence mais au-dedans pleins d’hypocrisie et d’iniquit\u00e9<\/span>8<\/sup><\/a><\/span> \u00bb. Devant les hommes, vous faites comme si vous punissiez pour redresser, mais au-dedans, vous vous abandonnez \u00e0 une injuste col\u00e8re. Personne n’ignore la nature de vos pers\u00e9cutions. Au jour du Jugement dernier, ce n’est pas seulement \u00ab jusqu’\u00e0 la racine de nos cheveux \u00bb que nous serons examin\u00e9s, c\u2019est \u00e0 l’int\u00e9rieur m\u00eame de nos c\u0153urs. Comme le dit le proph\u00e8te : \u00ab Mon embryon, tes yeux le voyaient ; sur ton livre, toutes choses sont inscrites<\/span>9<\/sup><\/a><\/span> \u00bb ; seulement, ce jour-l\u00e0, ce n\u2019est pas toi qui seras juge. Comme on peut le lire dans les Faits et dits<\/em> des saints ermites, Jean Kolobos avait jug\u00e9 s\u00e9v\u00e8rement un fr\u00e8re moine d’un grand monast\u00e8re, qui se livrait \u00e0 l’ivrognerie, \u00e0 la fornication et \u00e0 d’autres p\u00e9ch\u00e9s et \u00e9tait mort dans cet \u00e9tat. Jean soupirait sur son sort quand il eut une vision : il se vit emport\u00e9 jusque devant une grande cit\u00e9. Notre Seigneur J\u00e9sus-Christ y \u00e9tait assis sur un tr\u00f4ne, entour\u00e9 d’une multitude innombrable d’anges. Et voici que les anges apport\u00e8rent \u00e0 Jean l’\u00e2me du d\u00e9funt et le pri\u00e8rent de d\u00e9signer l’endroit o\u00f9 il fallait la mettre. Il ne r\u00e9pondit pas. Quand on mena Jean aux portes du paradis, il lui fut interdit d’entrer, et il entendit au loin la voix de J\u00e9sus qui demandait : \u00ab N’est-ce pas l\u00e0 l’Ant\u00e9christ, qui s’arroge le droit de juger \u00e0 ma place ? \u00bb Sur ces mots, on le chassa, le portail se referma et son manteau, marque de la protection divine, lui fut enlev\u00e9. Quand il revint \u00e0 lui, son manteau avait disparu, ce qui le conforta dans l’id\u00e9e qu’il avait bien re\u00e7u un avertissement. Pendant les quinze ann\u00e9es qui suivirent, il souffrit dans le d\u00e9sert, ne voyant ni homme ni b\u00eate. Enfin, apr\u00e8s cette \u00e9preuve, il eut de nouveau une vision et re\u00e7ut \u00e0 la fois son manteau et le pardon. Comprends bien, mis\u00e9rable, qu’il n’avait pas condamn\u00e9 son fr\u00e8re, mais s’\u00e9tait content\u00e9 de soupirer. Il n’en a pas moins terriblement souffert, tout juste qu’il \u00e9tait. A combien plus forte raison souffriront-ils, ceux qui, coupables de maintes iniquit\u00e9s, usurpent le droit de juger \u00e0 la place de Dieu, et qui, dans leur orgueil, terrorisent et menacent au lieu de reprendre avec charit\u00e9. Si cet homme eut tant \u00e0 souffrir pour avoir \u00e9mis un simple soupir de regret, combien plus devra p\u00e2tir celui qui condamne !<\/p>\n\n\n\n

Tu veux que le Christ notre Dieu soit juge entre moi et toi<\/span>10<\/sup><\/a><\/span> ; soit, je ne recule pas devant ce jugement. Car notre Seigneur et Dieu J\u00e9sus-Christ est un juste juge \u00ab qui scrute les reins et les c\u0153urs \u00bb et tout ce qu’un homme pense ne serait-ce que le temps d’un clin d’\u0153il lui est d\u00e9voil\u00e9 et connu. Rien n’\u00e9chappe au feu du regard de Celui qui conna\u00eet les myst\u00e8res les plus cach\u00e9s. Il sait pourquoi vous vous \u00eates lev\u00e9s contre moi, pourquoi vous me ha\u00efssez, pourquoi vous avez d’abord souffert \u00e0 cause de moi, m\u00eame si, par la suite, prenant en compte votre folie, je vous ai punis sans rigueur. Vous au contraire, vous \u00eates la corruption de toute chose et le principe de tout p\u00e9ch\u00e9 car, pour parler comme le proph\u00e8te, vous m’avez consid\u00e9r\u00e9 \u00ab comme un ver et non comme un homme<\/span>11<\/sup><\/a><\/span> \u00bb et avez fait de moi \u00ab le conte des gens assis \u00e0 la porte, la chanson des buveurs de boissons fortes<\/span>12<\/sup><\/a><\/span> \u00bb. Que le Christ notre Dieu soit le juste juge de tous vos perfides conseils et mauvais desseins. Tu veux que le Christ soit juge mais tu rejettes ses \u0153uvres, car il dit : \u00ab que le soleil ne se couche pas sur votre col\u00e8re<\/span>13<\/sup><\/a><\/span> \u00bb. Toi, tu es pr\u00eat \u00e0 aller jusqu’au Jugement dernier sans avoir pardonn\u00e9 et tu rejettes ceux qui t’ont offens\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

De ma part, tu n’as souffert ni vaines pers\u00e9cution ni maux, et nous n’avons appel\u00e9 sur toi ni malheurs ni peines<\/span>14<\/sup><\/a><\/span>. Si tu as subi quelque peine l\u00e9g\u00e8re, c’\u00e9tait pour ton crime, car tu \u00e9tais de m\u00e8che avec ceux qui nous trahissaient. Nous ne t’avons pas imput\u00e9 les mensonges et les trahisons que tu n’a pas commis. Mais pour tous tes m\u00e9faits r\u00e9els, nous t’avons impos\u00e9 des ch\u00e2timents appropri\u00e9s. Et si tu ne peux, en raison de leur multitude, \u00e9num\u00e9rer les disgr\u00e2ces que nous t’avons inflig\u00e9es<\/span>15<\/sup><\/a><\/span>, comment l’univers entier pourra-t-il d\u00e9nombrer les trahisons et man\u0153uvres d’intimidation que vous avez perfidement ourdies contre moi dans les affaires publiques comme dans les affaires priv\u00e9es ? Nous ne t’avons spoli\u00e9 en rien ni ne t’avons chass\u00e9 sans raison de la terre de Dieu<\/span>16<\/sup><\/a><\/span> ; c’est toi qui t’es priv\u00e9 de tout et qui t’es lev\u00e9 contre l’Eglise comme l’eunuque Eutrope (car ce n’est pas l’\u00c9glise qui l’a livr\u00e9, c’est lui qui s’\u00e9tait d\u00e9tach\u00e9 de l’\u00c9glise).<\/p>\n\n\n\n

L’eunuque Eutrope \u00e9tait ministre de l’empereur Arcadius (fin du IVe si\u00e8cle). Ayant encouru la haine de l’imp\u00e9ratrice Eudoxie, il demanda asile \u00e0 l’Eglise. Mais comme, du temps de sa puissance, il refusait de reconna\u00eetre \u00e0 l’\u00c9glise le privil\u00e8ge du droit d’asile, saint Jean Chrysostome resta sourd \u00e0 sa demande et le livra \u00e0 ses ennemis.<\/p>\n\n\n\n

Toi, de m\u00eame, ce n’est pas la terre de Dieu qui t’a chass\u00e9, c’est toi qui t’en es arrach\u00e9 et qui t’es lev\u00e9 pour \u0153uvrer \u00e0 sa destruction. Quelle haine mauvaise et inexpiable t’ai-je vou\u00e9 ? Nous t\u2019avons vu \u00e0 notre cour et \u00e0 notre conseil d\u00e8s ta jeunesse ; m\u00eame avant ta pr\u00e9sente trahison, ce qui respirait en toi, c’\u00e9tait l’envie de nous d\u00e9truire. Pourtant, nous ne t’avons pas inflig\u00e9 les tourments que ta malveillance aurait d\u00fb te valoir. Serait-ce par malice ou par haine inexpiable que, tout en connaissant tes mauvais desseins \u00e0 notre endroit, je t’ai gard\u00e9 \u00e0 mon c\u00f4t\u00e9 et t’ai combl\u00e9 d’honneurs et de richesses comme jamais tes p\u00e8res n’en avaient connus ? Car tout le monde sait quels honneurs et richesses \u00e9taient le lot de tes a\u00efeux, et de quelle estime, richesse et honneurs jouissait ton p\u00e8re, le prince Milkha\u00eflo. Nul n’ignore ce que tu es, compar\u00e9 \u00e0 lui, ni combien il avait de r\u00e9gisseurs dans ses villages, et combien tu en as eu. Ton p\u00e8re \u00e9tait le vassal du prince Koubenski, mais toi tu es notre boyard, nous t’avions conf\u00e9r\u00e9 cet honneur. N’avais-tu pas ainsi suffisamment d’honneurs, de biens et de r\u00e9compenses ? Par les faveurs que nous t’avions prodigu\u00e9es tu d\u00e9passais ton p\u00e8re, mais en bravoure tu lui as \u00e9t\u00e9 inf\u00e9rieur puisque c’est seulement en traitrise que tu l’as d\u00e9pass\u00e9. S’il en est ainsi, de quoi te plains-tu ? Est-ce parce que tu nous veux du bien et nous aimes que tu t’es toujours ing\u00e9ni\u00e9 \u00e0 tendre des filets et des obstacles contre nous et que, tel Judas, tu t’es vou\u00e9 \u00e0 la perte de mon \u00e2me ?<\/p>\n\n\n\n

Et si, selon tes paroles insens\u00e9es, le sang que tu \u00ab versas \u00e0 flots \u00bb sous les coups des \u00e9trangers \u00ab demande justice \u00e0 Dieu \u00bb, puisque ce sang n’a pas \u00e9t\u00e9 vers\u00e9 par nous tes pr\u00e9tentions sont risibles. Le sang crie vengeance contre celui qui l’a r\u00e9pandu, et toi tu n’as fait qu’accomplir ton devoir envers ta patrie, et nous n’y sommes pour rien. Si tu ne l’avais pas fait, tu serais un barbare, pas un chr\u00e9tien. Par contre, on peut dire que crie fortement vengeance devant Dieu le sang que nous vers\u00e2mes \u00e0 cause de vous, non ce flot sanglant qui coule des plaies mais cette sueur abondante que j’ai vers\u00e9e dans les nombreux travaux \u00e9reintants et peines inutiles que j’ai connus par votre faute. \u00c0 cause de votre animosit\u00e9, de vos outrages et vexations j’ai vers\u00e9 non pas du sang, mais bien des larmes, j’ai soupir\u00e9, g\u00e9mi, l’ai endur\u00e9 pour cette raison bien des d\u00e9nigrements, car vous ne me jugiez pas digne d’\u00eatre aim\u00e9 et vous n’avez pas d\u00e9plor\u00e9 avec moi le tr\u00e9pas de notre tsarine et de nos enfants. Cette souffrance-l\u00e0 en appelle \u00e0 Dieu contre vous. Il n’y a pas de comparaison possible avec votre folie, car une chose est de verser son sang pour l’orthodoxie, et autre chose de le verser parce qu’on a soif d’honneurs et de richesses. Pareil sacrifice ne pla\u00eet pas \u00e0 Dieu : il pardonnera plus facilement \u00e0 celui qui se pend qu’\u00e0 celui qui meurt pour la gloire. Les vexations que j’ai subies, ainsi que toutes les insultes et marques d’animosit\u00e9s que j’ai re\u00e7ues de vous en guise de sang vers\u00e9, cour ce que votre haineuse insubordination a sem\u00e9, tout cela ne cesse de vivre en moi, et sans r\u00e9pit en appelle \u00e0 Dieu contre vous. Ce n’est pas avec sinc\u00e9rit\u00e9 que tu as interrog\u00e9 ta conscience, mais mensong\u00e8rement. C’est pourquoi tu n’as pas trouv\u00e9 la v\u00e9rit\u00e9, n’ayant en t\u00eate que tes faits d’armes et refusant de te souvenir du d\u00e9shonneur que tu as attir\u00e9 sur notre t\u00eate. C’est pourquoi tu te crois innocent.<\/p>\n\n\n\n

Quelles \u00ab \u00e9clatantes victoires \u00bb as-tu remport\u00e9es, quels \u00ab glorieux hauts faits \u00bb<\/span>17<\/sup><\/a><\/span> as-tu accomplis contre nos ennemis ? Quand nous t\u2019envoy\u00e2mes sur nos terres patrimoniales de Kazan pour mater les rebelles, tu nous ramenas non pas les coupables mais les innocents, que tu accusais de trahison. Mais ceux contre qui tu avais \u00e9t\u00e9 envoy\u00e9, tu ne leur infligeas aucune perte.<\/p>\n\n\n\n

Ivan \u00e9voque l\u2019exp\u00e9dition de l\u2019automne 1553, qui fut un succ\u00e8s pour les arm\u00e9es moscovites. L\u2019histoire n\u2019a pas retenu de faits confirmant ses all\u00e9gations. <\/p>\n\n\n\n

Quand notre ennemi le tsar de Crim\u00e9e s’approcha de notre bonne ville de Toula, nous vous d\u00e9pech\u00e2mes \u00e0 sa rencontre. Mais il prit peur et d\u00e9guerpit. Seul son chef d’arm\u00e9e, Ak-Mahmet Oulan, resta avec quelques hommes. Vous, vous all\u00e2tes boire et manger chez le commandant de nos troupes, le prince Grigori Temkine, et c’est seulement apr\u00e8s avoir festoy\u00e9 que vous entrepr\u00eetes de courir sus \u00e0 l’ennemi, qui s’enfuit sain et sauf. <\/p>\n\n\n\n

Cet \u00e9pisode se situe en 1552, au d\u00e9but de la troisi\u00e8me et derni\u00e8re campagne d\u2019Ivan contre Kazan qui fut prise le 4 octobre 1552 apr\u00e8s un si\u00e8ge d\u00e9but\u00e9 le 23 ao\u00fbt 1552. De premi\u00e8res exp\u00e9ditions avaient eu lieu d\u00e8s 1545 soit deux ans avant le couronnement d\u2019Ivan IV en 1547. <\/p>\n\n\n\n

M\u00eame si vous re\u00e7\u00fbtes maintes blessures, vous ne remport\u00e2tes pas une \u00e9clatante victoire. Et comment se fait-il que, sous Nevel notre bonne ville, vous vous montr\u00e2tes incapables, avec les quinze mille hommes dont vous disposiez, de venir \u00e0 bout de quatre mille, et que non seulement vous n’en f\u00fbtes pas vainqueurs mais, toi, couvert de blessures, tu leur \u00e9chappas \u00e0 grand-peine sans avoir rien obtenu ? Fut-ce une \u00ab \u00e9clatante victoire \u00bb digne de louanges et d’honneurs ? Quant au reste, il fut accompli sans que tu y prisses part, et je ne l\u2019imputerai pas \u00e0 ta renomm\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

Selon le chroniqueur polonais Marcin Bielski (seule source \u00e0 mentionner la bataille de Nevel, \u00e0 une vingtaine de lieues au nord de Vitebsk), quarante mille Russes sous le commandement de Kourbski furent d\u00e9faits par un d\u00e9tachement de mille cing cents Polonais. Bielski affirme que Kourbski se serait enfui en Lituanie en 1564 par crainte des repr\u00e9sailles d’Ivan \u00e0 la suite de cette d\u00e9route.<\/p>\n\n\n\n

Tu dis n’avoir \u00ab gu\u00e8re pu voir tes p\u00e8re et m\u00e8re ni connaitre a femme \u00bb, avoir \u00ab quitt\u00e9 ta patrie \u00bb, toujours en campagne contre le ennemis dans les \u00ab villes les plus \u00e9loign\u00e9es \u00bb, avoir \u00ab souffert en ton corps \u00bb des maux naturels \u00ab et surtout des blessures inflig\u00e9es par le mains des barbares et dont ton corps est couvert \u00bb<\/span>18<\/sup><\/a><\/span>. Or tout cela t\u2019est advenu du temps que le pope Sylvestre, Adachev et toi aviez la haute main sur tout. Si cela ne vous plaisait pas, pourquoi agissiez-vous ainsi ? Et si vous agissiez ainsi, pourquoi, apr\u00e8s en avoir fait de votre guise, nous en rendre responsable en ces termes ? L’eussions-nous ordonn\u00e9, il n’y e\u00fbt rien eu l\u00e0 de surprenant, parce qu’il est de votre devoir de nous ob\u00e9ir. Si tu avais \u00e9t\u00e9 un v\u00e9ritable soldat, tu n’aurais pas \u00e9num\u00e9r\u00e9 tes faits d’armes anciens : tu aurais cherch\u00e9 \u00e0 en accomplir de nouveaux. Mais tu ne les cites que parce que tu es un d\u00e9serteur, que tu ne veux plus t’illustrer par les armes et aspires au repos. N’avons-nous pas appr\u00e9ci\u00e9 comme il convient tes pauvres exploits militaires, nous qui, passant outre \u00e0 tes trahisons et r\u00e9bellions notoires, t’avions conserv\u00e9 au rang de nos fid\u00e8les serviteurs dans la gloire, l’honneur et l’opulence ? Sans cela, quels ch\u00e2timents n’aurais-tu pas m\u00e9rit\u00e9s pour ta vilenie ! Si nous ne nous \u00e9tions pas montr\u00e9 cl\u00e9ment et si – comme tu l’\u00e9cris dans ta lettre sc\u00e9l\u00e9rate – tu avais \u00e9t\u00e9 soumis \u00e0 la pers\u00e9cution, jamais tu n’aurais pu t’enfuir chez notre ennemi. Tous tes faits d’armes, nous les connaissons bien. Ne pense pas que je sois d\u00e9bile ou pu\u00e9rile d’esprit comme l’affirmaient insolemment ceux qui vous dirigeaient, le pope Sylvestre et Adachev. N’esp\u00e9rez pas me faire peur avec des croque-mitaines, comme on fait pour les petits. Si vous n’y \u00eates pas parvenus autrefois, n’esp\u00e9rez pas r\u00e9ussir maintenant. Comme on dit : \u00ab N’essaie pas de poss\u00e9der ce que tu ne peux attraper. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Tu invoques Dieu, qui r\u00e9compense chacun selon ses \u0153uvres. En v\u00e9rit\u00e9, il rend \u00e0 chacun son juste d\u00fb, selon que l’on a bien ou mal agi. Mais il convient que chacun s’interroge sur le type de r\u00e9compense qu’il m\u00e9rite, et pour quelles \u0153uvres. Tu dis que je ne reverrai pas ton visage avant le Jugement dernier<\/span>19<\/sup><\/a><\/span>. Mais qui donc voudrait le voir, ton visage d’\u00c9thiopien ? A-t-on jamais vu un homme honn\u00eate avec des yeux pers ? M\u00eame ton aspect ext\u00e9rieur trahit ta perfidie.<\/p>\n\n\n\n

Dans le Secretum secretorum<\/em>, ouvrage apocryphe bien connu \u00e0 l’\u00e9poque d’lvan, Aristote enjoint \u00e0 son \u00e9l\u00e8ve Alexandre de Mac\u00e9doine de \u00ab se d\u00e9fier des conseillers aux yeux pers \u00bb. Ivan, lui, avait les yeux gris.<\/p>\n\n\n\n

Si tu n’as pas l’intention de te taire et comptes invoquer contre nous la Trinit\u00e9 sans commencement, la tr\u00e8s pure M\u00e8re de Dieu et tous les saints \u2013 m\u00eame si tes pri\u00e8res sont justes \u2014, souviens-toi de ce qui est dit dans l’\u00e9p\u00eetre du divin Denys concernant l’\u00e9v\u00eaque Polycarpe : \u00ab Mais il faut que je te fasse part de la vision divine que Dieu envoya \u00e0 un saint personnage. Ne raille pas, car ce que je dirai est vrai. \u00c9rant un jour en Cr\u00e8te, je re\u00e7us l’hospitalit\u00e9 chez le v\u00e9n\u00e9rable Carpus, personnage, s’il en fut, \u00e9minent, propre aux contemplations divines \u00e0 cause de la grande puret\u00e9 de son esprit. Il n’abordait jamais la c\u00e9l\u00e9bration des saints myst\u00e8res sans qu’auparavant, dans ses d\u00e9votes pri\u00e8res pr\u00e9paratoires, il n’ait \u00e9t\u00e9 consol\u00e9 par quelque douce vision. Or, il me racontait qu’il con\u00e7ut un jour une tristesse profonde parce qu’un infid\u00e8le avait ravi \u00e0 l’Eglise et ramen\u00e9 au paganisme un nouveau chr\u00e9tien, dans le temps m\u00eame des pieuses f\u00eates qui avaient suivi son bapt\u00eame. Il devait prier avec amour pour tous les deux et invoquer le secours de Dieu Sauveur \u00e0 dessein de convertir le pa\u00efen. Il devait passer sa vie enti\u00e8re \u00e0 les exhorter. Mais, ce qui auparavant ne lui \u00e9tait jamais arriv\u00e9, il fut violemment saisi d’une am\u00e8re indignation. C’\u00e9tait le soir ; il se couche et s’endort avec ces haineux sentiments. Il avait coutume d’interrompre son repos et de s’\u00e9veiller la nuit pour la pri\u00e8re : l’heure \u00e0 peu pr\u00e8s venue, apr\u00e8s un sommeil p\u00e9nible et entrecoup\u00e9, il se l\u00e8ve plein de troubles. Mais en entrant en commerce avec la Divinit\u00e9, il se livre \u00e0 un chagrin peu religieux, il s’indigne, il trouve injuste que des hommes impies et qui traversent les voies du Seigneur vivent plus longtemps. L\u00e0-dessus il prie Dieu d’envoyer la foudre et de d\u00e9truire sans piti\u00e9 ces deux p\u00e9cheurs \u00e0 la fois. \u00c0 ces mots, il croit voir soudain la maison o\u00f9 il \u00e9tait, \u00e9branl\u00e9e d’abord, puis se divisant en deux dans toute sa hauteur. Devant lui se dressait une flamme d’un \u00e9clat immense qui, du haut des cieux, \u00e0 travers le fa\u00eete d\u00e9chir\u00e9, semblait descendre jusqu’\u00e0 ses pieds. Dans la profondeur du firmament entrouvert apparaissait J\u00e9sus environn\u00e9 de la multitude des anges qui avaient rev\u00eatu une forme humaine. Carpus, les yeux \u00e9lev\u00e9s, contemple cette merveille et s’\u00e9tonne. Ensuite, abaissant ses regards, il voit au-dessous du sol boulevers\u00e9 un vaste et t\u00e9n\u00e9breux ab\u00eeme. Les deux p\u00e9cheurs qu’il avait maudits se tenaient sur le bord du pr\u00e9cipice, tremblants, mis\u00e9rables, se soutenant \u00e0 peine, pr\u00e8s de tomber. Du fond du gouffre, d’affreux serpents rampaient vers eux et s’entortillaient autour de leurs pieds, et tant\u00f4t les saisissaient, les enveloppaient, les entra\u00eenaient tant\u00f4t de la dent et de la queue les d\u00e9chirant ou les caressant, essayaient en toute mani\u00e8re de les renverser dans l’ab\u00eeme. Bien plus, des hommes se joignaient \u00e0 ces serpents pour assaillir en m\u00eame temps le couple infortun\u00e9, lui imprimer des secousses, le pousser, le frapper de coups. Enfin le moment vint o\u00f9 ces deux hommes semblaient pr\u00e8s de p\u00e9rir, moiti\u00e9 de plein gr\u00e9, moiti\u00e9 par force, contraints pour ainsi dire et tout \u00e0 la fois s\u00e9duits par le mal. Cependant, Carpus triomphe d\u2019aise en contemplant ce spectacle et en oublie celui du ciel ; il s’irrite et s’indigne de ce que leur ruine ne s’accomplissait pas assez vite ; il essaie plusieurs fois, mais en vain, de la consommer lui-m\u00eame ; il redouble de col\u00e8re ; il les maudit. Mais son regard se d\u00e9cide enfin \u00e0 interroger encore les cieux. Le prodige y continuait mais J\u00e9sus, \u00e9mu de compassion, se levait de son tr\u00f4ne. Il descendait vers les malheureux, leur tendait une main secourable. Et les anges leur venaient aussi en aide et les soutenaient chacun de son c\u00f4t\u00e9. Et le Seigneur J\u00e9sus disait \u00e0 Carpus : \u00ab L\u00e8ve la main et frappe-moi d\u00e9sormais ; car je suis pr\u00eat \u00e0 mourir encore une fois pour le salut des hommes, et cela serait doux si l’on pouvait me crucifier sans crime. Vois donc si tu aimes mieux \u00eatre pr\u00e9cipit\u00e9 dans ce gouffre avec les serpents, que d’habiter avec Dieu et avec les anges si bons et si amis de la v\u00e9rit\u00e9. \u00bb Voil\u00e0 le r\u00e9cit que me fit Carpus, et j’y crois volontiers<\/span>20<\/sup><\/a><\/span>. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Or, si le Seigneur des anges n’a pas \u00e9cout\u00e9 les pri\u00e8res d’un homme juste et saint qui demandait avec raison l’extermination de p\u00e9cheurs, \u00e0 plus forte raison il n’\u00e9coutera pas le chien puant, le tra\u00eetre sc\u00e9l\u00e9rat que tu es lorsque tu demandes injustement que ton inf\u00e2me volont\u00e9 soit faite ! Comme le dit le divin ap\u00f4tre saint Jacques : \u00ab Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de d\u00e9penser pour vos passions.<\/span>21<\/sup><\/a><\/span> \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Consid\u00e8re aussi la vision du grand martyr Polycarpe, qui priait pour la destruction d’h\u00e9r\u00e9tiques qui avaient jet\u00e9 le trouble dans la liturgie. Alors qu’il priait, il vit \u2013 non comme dans le sommeil mais clairement \u2013 le Seigneur des anges tr\u00f4nant sur les \u00e9paules des ch\u00e9rubins et un immense gouffre b\u00e9ant o\u00f9, de mani\u00e8re effrayante, un \u00e9norme serpent soufflait affreusement. Ces hommes, tels des condamn\u00e9s, \u00e9taient men\u00e9s les mains li\u00e9es vers ce gouffre qui les attirait. Saint Polycarpe \u00e9tait si plein de fureur qu’il se d\u00e9tourna de la vision du doux J\u00e9sus et attendait avec passion le ch\u00e2timent de ces hommes. Alors le Seigneur des anges descendit des \u00e9paules des ch\u00e9rubins, prit ces hommes par la main et, pr\u00e9sentant ses \u00e9paules \u00e0 Polycarpe, lui dit : \u00ab Si cela te pla\u00eet, bats-moi car d\u00e9j\u00e0 j’ai donn\u00e9 mes \u00e9paules \u00e0 lac\u00e9rer, pour appeler tous les hommes au repentir. \u00bb Si le Seigneur des anges n’\u00e9couta pas un homme aussi juste et saint qui priait pieusement pour la destruction de p\u00e9cheurs, \u00e0 plus forte raison il n’\u00e9coutera pas le chien puant et l’inf\u00e2me tra\u00eetre que tu es et qui lui demande le mal. Comme le disait le divin ap\u00f4tre Jacques, \u00ab Vous demandez et ne recevez pas parce que vous demandez mal, afin de d\u00e9penser pour vos passions. \u00bb Je crois cependant \u00e0 mon Dieu : \u00ab Ta violence te retombera sur le cr\u00e2ne<\/span>22<\/sup><\/a><\/span>. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Ce r\u00e9cit, qui appara\u00eet comme une variante abr\u00e9g\u00e9e de l’histoire de Carpus, ne se trouve pas dans l’ouvrage \u00e9voqu\u00e9 ci-dessus de Denys l’Ar\u00e9opagite. Peut-\u00eatre la confusion est-elle due \u00e0 l\u2019homophonie des noms \u00ab Polycarpe \u00bb et \u00ab Carpus \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Pour ce qui est du saint prince Fiodor Rostislavitch, que tu \u00e9voques<\/a><\/span>23<\/sup><\/a><\/span>, je l’accepte volontiers pour juge, bien qu’il soit de vos parents. En effet, les saints voient ce qui s’est pass\u00e9 entre vous et nous depuis le d\u00e9but jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent et savent porter un juste jugement. Rappelle-toi comment, d\u00e9jouant vos m\u00e9chantes et impitoyables intrigues et aspirations, saint Fiodor Rostislavitch, agissant avec l’aide du Saint-Esprit, arracha aux portes de la mort notre tsarine Anastasia, que vous compariez \u00e0 Eudoxie. Ce qui prouve qu’il ne vous aide pas, et que c’est sur nous, tout indigne que nous soyons, qu’il r\u00e9pand sa mis\u00e9ricorde.<\/p>\n\n\n\n

Eudoxie, femme de l’empereur byzantin Arcadius, \u00e9tait l’ennemie jur\u00e9e de l’archev\u00eaque de Constantinople saint Jean Chrysostome, qui d\u00e9non\u00e7ait ses turpitudes du haut de la chaire de Sainte-Sophie. On se rappellera que, plus haut, Ivan a compar\u00e9 Kourbski \u00e0 l’eunuque Eutrope, lui aussi farouchement oppos\u00e9 \u00e0 Eudoxie.<\/p>\n\n\n\n

Selon Ivan, la tsarine Anastasia aurait donc \u00e9t\u00e9 gu\u00e9rie d’une maladie par les reliques de saint Fiodor.<\/p>\n\n\n\n

Aujourd’hui encore nous esp\u00e9rons qu’il nous portera davantage de secours qu\u2019\u00e0 vous, car \u00ab Si vous \u00e9tiez enfants d’Abraham, vous feriez les \u0153uvres d’Abraham<\/span>24<\/sup><\/a><\/span> \u00bb et \u00ab Dieu peut, des pierres que voici, faire des enfants d’Abraham<\/span>25<\/sup><\/a><\/span> \u00bb. En effet, ce ne sont pas tous ceux qui descendent d’Abraham qui peuvent se dire ses fils, mais seulement ceux qui le sont par la foi<\/span>26<\/sup><\/a><\/span>. Nous ne d\u00e9cidons ni ne faisons rien sur la base d’une quelconque \u00ab sophistique<\/span>27<\/sup><\/a><\/span> \u00bb et n’appuyons point nos pas sur des pierres branlantes. Mais, dans la mesure de nos forces, nous t\u00e2chons d’aboutir \u00e0 des d\u00e9cisions fermes et, les pieds bien pos\u00e9s sur un fondement solide, nous demeurons in\u00e9branlable.<\/p>\n\n\n\n

Nous n’avons jamais \u00ab exil\u00e9<\/span>28<\/sup><\/a><\/span> \u00bb personne, sauf ceux qui s’\u00e9taient d’eux-m\u00eames d\u00e9tach\u00e9s de l’orthodoxie. Quant \u00e0 ceux qui furent ex\u00e9cut\u00e9s et incarc\u00e9r\u00e9s, ils le furent, comme je l’ai dit, en ch\u00e2timent de leurs fautes. En vous pr\u00e9tendant innocents, vous aggravez votre p\u00e9ch\u00e9 car, ayant commis le mal, vous ne cherchez pas \u00e0 recevoir le pardon. En effet, ce n’est pas quand on le commet que le p\u00e9ch\u00e9 est grave, c’est quand, l’ayant commis, on ne le reconnait pas et ne s’en repent point. Le p\u00e9ch\u00e9 est alors encore plus grave car on fait passer la transgression de la loi pour la loi. En ce qui concerne notre \u00ab victoire<\/span>29<\/sup><\/a><\/span> \u00bb sur vous, il n’y a pas \u00e0 s’en r\u00e9jouir, car ce n’est pas de gaiet\u00e9 de c\u0153ur que l’on apprend la trahison de ses sujets ni que l’on d\u00e9cide de les ch\u00e2tier en cons\u00e9quence. J’aurais d’autant plus \u00e0 m’en affliger que vous avez con\u00e7u le perfide dessein de vous opposer en tout au souverain que Dieu vous a donn\u00e9. Comment se peut-il que ceux qui auront \u00e9t\u00e9 ex\u00e9cut\u00e9s pour f\u00e9lonie se tiennent \u00ab devant le tr\u00f4ne du Seigneur<\/span>30<\/sup><\/a><\/span> \u00bb ? Personne ne peut le savoir. Vous, les tra\u00eetres, vous clamez sans v\u00e9rit\u00e9 et n’obtenez rien car, comme il est dit plus haut, vous demandez pour vos passions<\/span>31<\/sup><\/a><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Je ne m’enorgueillis ni ne me targue de rien. Je n’ai du reste pas \u00e0 m’enorgueillir de rien puisque j’accomplis mon devoir de monarque et ne fais rien au-del\u00e0 de mes forces. C’est plut\u00f4t vous qui vous gonflez d’orgueil car, tout esclaves que vous \u00eates, vous usurpez la dignit\u00e9 \u00e9piscopale et royale et vous vous permettez d’enseigner, d’interdire et de commander. Il n’est pas vrai que nous ayons invent\u00e9 de nouveaux instruments de torture pour supplicier les chr\u00e9tiens<\/span>32<\/sup><\/a><\/span> ; au contraire, nous sommes pr\u00eat \u00e0 souffrir pour eux dans la lutte contre les ennemis, non seulement jusqu’\u00e0 verser notre sang, mais jusqu’\u00e0 mourir. Nous rendons \u00e0 nos sujets le bien pour le bien et punissons le mal par le mal, non que cela nous plaise, mais par n\u00e9cessit\u00e9. Ce sont leurs crimes inf\u00e2mes qui appellent le ch\u00e2timent, car il est dit dans l’\u00c9vangile : \u00ab Quand tu auras vieilli, tu \u00e9tendras les mains et un autre te ceindra et te m\u00e8nera l\u00e0 o\u00f9 tu ne voudras pas aller.<\/span>33<\/sup><\/a><\/span> \u00bb Tu le vois, il arrive souvent que l’on soit amen\u00e9, m\u00eame si on ne le souhaite pas, \u00e0 punir les auteurs de transgressions. Avons-nous \u00ab outrag\u00e9 et bafou\u00e9 l’ordre ang\u00e9lique \u00bb pour plaire \u00e0 nos \u00ab courtisans \u00bb<\/span>34<\/sup><\/a><\/span> ? J’ignore qui tu d\u00e9signes par l\u00e0, \u00e0 moins que ce ne soient les derniers membres de votre inf\u00e2me conseil. Il n’y a pas de boyards qui nous \u00ab querellent \u00bb, \u00e0 la seule exception de vos amis et alli\u00e9s qui, \u00e0 l’heure qu’il est, \u0153uvrent sans rel\u00e2che, tels des d\u00e9mons, \u00e0 leurs perfides desseins. Comme le dit le proph\u00e8te : \u00ab Malheur \u00e0 celui qui avant le matin ourdit ses intrigues et chasse la lumi\u00e8re pour perdre le juste par ses machinations.<\/span>35<\/sup><\/a><\/span> \u00bb Ou comme le dit J\u00e9sus \u00e0 ceux qui venaient le prendre : \u00ab Suis-je un brigand, que vous vous soyez mis en campagne avec des glaives et des b\u00e2tons ? Alors que chaque jour j\u2019\u00e9tais avec vous, enseignant dans le Temple, vous n’avez pas port\u00e9 les mains sur moi. Mais c’est votre heure, et le pouvoir des t\u00e9n\u00e8bres.<\/span>36<\/sup><\/a><\/span> \u00bb Quant \u00e0 ceux qui \u0153uvreraient \u00ab \u00e0 la perte de notre \u00e2me et de notre corps<\/a><\/span>37<\/sup><\/a><\/span> \u00bb, nous n’avons pas pareilles gens \u00e0 notre cour. Encore une fois, tu essaies de me traiter en enfant. Vous criez \u00e0 la pers\u00e9cution parce que je ne veux pas me plier \u00e0 votre volont\u00e9 comme si j’\u00e9tais rest\u00e9 dans l’enfance. Vous voulez toujours me dominer et m’enseigner tel un petit gar\u00e7on. Mais nous nous confions \u00e0 la mis\u00e9ricorde divine car nous avons atteint l’\u00e2ge du Christ<\/span>38<\/sup><\/a><\/span>. En dehors de la mis\u00e9ricorde de Dieu, de la tr\u00e8s pure M\u00e8re de Dieu et de tous les saints, nous n’avons pas de le\u00e7on \u00e0 recevoir des hommes car il ne convient pas \u00e0 celui qui r\u00e8gne sur une multitude de demander l’avis d’autres personnes. Pour ce qui est des \u00ab pr\u00eatres de Cronos<\/a><\/span>39<\/sup><\/a><\/span> \u00bb, ce que tu \u00e9cris est inepte : comme le chien, tu aboies, comme l’aspic tu craches le venin. Si des parents ne sauraient infliger \u00e0 leurs enfants pareilles souffrances, comment nous, souverains dou\u00e9s de raison, pourrions-nous nous livrer \u00e0 pareille folie ? Ce sont tes immondes manigances de chien qui t’ont dict\u00e9 ces choses. Si tu veux mettre ta lettre dans ton cercueil<\/span>40<\/sup><\/a><\/span>, c’est que tu as perdu tout reste de religion chr\u00e9tienne. Le Seigneur nous a appris \u00e0 ne pas r\u00e9sister au mal, et toi tu refuses avant ta mort de pardonner \u00e0 tes ennemis, comme m\u00eame les plus ignorants savent qu’il faut faire. C’est pourquoi il ne faudra m\u00eame pas c\u00e9l\u00e9brer de service fun\u00e8bre sur ta d\u00e9pouille.<\/p>\n\n\n\n

Tu dis de la ville de Vladimirets, qui se trouve sur nos terres patrimoniales de Livonie, qu’elle appartient \u00e0 notre ennemi le roi Sigismond, mettant ainsi le comble \u00e0 ton immonde trahison de chien. <\/p>\n\n\n\n

Ivan donne \u00e0 la ville d’o\u00f9 lui \u00e9crit Kourbski son nom russe : \u00ab Vladimirets \u00bb et non \u00ab Wolmar \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Tu dis esp\u00e9rer recevoir de lui \u00ab maints b\u00e9n\u00e9fices et consolations<\/a><\/span>41<\/sup><\/a><\/span> \u00bb, et c’est ce qui convient, car vous n’avez pas voulu vivre sous la dextre du Tout-Puissant et des souverains que Dieu vous avait donn\u00e9s, pour pouvoir en faire \u00e0 votre guise. C’est pourquoi tu t’es trouv\u00e9 un roi qui, r\u00e9pondant \u00e0 ton inf\u00e2me d\u00e9sir de chien, ne gouverne rien par lui-m\u00eame et qui, inf\u00e9rieur au dernier des esclaves, re\u00e7oit des ordres de chacun sans commander \u00e0 personne. Mais ne compte pas trouver l\u00e0-bas de consolations, car chacun n’y est occup\u00e9 que de soi-m\u00eame. Qui te prot\u00e9gera de la violence et te d\u00e9livrera de la main de l’oppresseur si m\u00eame le tribunal est insensible \u00e0 la cause des orphelins et des veuves<\/span>42<\/sup><\/a><\/span> ? Or ce tribunal, c’est vous, les ennemis de la chr\u00e9tient\u00e9, qui le constituez.<\/p>\n\n\n\n

Pour ce qui est de l’Ant\u00e9christ, nous le connaissons : c’est vous, qui agissez comme lui et tramez le mal contre l’\u00c9glise de Dieu. Sur les \u00ab forts en Isra\u00ebl \u00bb et sur le sang vers\u00e9, je renvoie \u00e0 ce que j’ai \u00e9crit plus haut. Mais pour ce qui est de \u00ab chercher \u00e0 plaire<\/a> \u00bb \u00e0 quiconque<\/span>43<\/sup><\/a><\/span>, c’est faux. C\u2019est vous qui ne supportez pas les objections et qui aimez qu’on cherche \u00e0 vous plaire. Je ne connais aucun conseiller \u00ab n\u00e9 d’un adult\u00e8re<\/a><\/span>44<\/sup><\/a><\/span> \u00bb ; sans doute est-ce l’un d’entre vous. \u00ab L\u2019Ammonite et le Moabite \u00bb, c’est toi. De m\u00eame que ces derniers \u2013 qui descendaient de Loth, neveu d’Abraham \u2013 ne cessaient de combattre Isra\u00ebl, toi aussi, rejeton d’une lign\u00e9e princi\u00e8re, tu ne cesses d’\u0153uvrer \u00e0 notre perte.<\/p>\n\n\n\n

Qu’as-tu donc \u00e9crit ? Qui t’a nomm\u00e9 juge ou pr\u00e9cepteur ? Vaine est ton autorit\u00e9 car tu commandes en mena\u00e7ant, semblable au Malin dans ta perfidie ! Tant\u00f4t il s\u00e9duit et flatte, tant\u00f4t il prend de grands airs et menace. Tu fais de m\u00eame : tant\u00f4t, tombant dans un orgueil sans mesure, tu t’imagines \u00e0 la t\u00eate de l’\u00c9tat et lances des accusations contre nous, tant\u00f4t tu pr\u00e9tends \u00eatre l’esclave le plus mis\u00e9rable et le plus pauvre d’esprit. Comme tous ceux qui nous ont fui et qui, tels des chiens, clabaudent pour rien, tu as \u00e9crit conform\u00e9ment \u00e0 ton d\u00e9sir et \u00e0 tes desseins inf\u00e2mes et immondes, hors d’esprit, fr\u00e9n\u00e9tiquement secou\u00e9 comme un poss\u00e9d\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Ici il convient de se rappeler les paroles du proph\u00e8te : \u00ab Voici que le Seigneur Sabaot va \u00f4ter de J\u00e9rusalem et de Juda tout soutien \u2013 toute r\u00e9serve de pain et toute r\u00e9serve d’eau \u2014, h\u00e9ros et homme de guerre, juge et proph\u00e8te, esprit p\u00e9n\u00e9trant et vieillard, capitaine et conseiller, habile artisan et homme avis\u00e9 qui sait \u00e9couter. Je leur donnerai comme prince un enfant et de grossiers orgueilleux feront la loi chez eux. Les gens se molesteront l’un l’autre et entre voisins ; le jeune gar\u00e7on se vantera devant le vieillard, l’homme de peu devant le notable. Un homme saisira son fr\u00e8re ou un ami de son p\u00e8re, disant : \u00ab Tu as un manteau, sois notre chef, que mes biens te soient confi\u00e9s. \u00bb Et l’autre, en ce jour-l\u00e0, lui r\u00e9pondra : \u00ab Je ne serai pas chef car il n’y a chez moi ni pain ni manteau, ne me faites pas chef de ces gens ! \u00bb Ainsi J\u00e9rusalem sera abandonn\u00e9e et Juda ruin\u00e9 car leurs habitants auront ren\u00e2cl\u00e9 contre le Seigneur. Car leur gloire a \u00e9t\u00e9 rabaiss\u00e9e et la honte de leur visage t\u00e9moigne contre eux. Comme les habitants de Sodome, ils d\u00e9clarent ouvertement leur p\u00e9ch\u00e9 et ne s’en cachent pas. Malheur \u00e0 leurs \u00e2mes, car ils ont ourdi entre eux leur f\u00e9lonie, disant : \u00ab Attachons le juste car il ne nous sert \u00e0 rien. \u00bb Ils mangeront le fruit de leurs \u0153uvres. Malheur \u00e0 l’impie, car sa souffrance sera \u00e0 la mesure de l’\u0153uvre de ses mains ! \u00d4 mon peuple, tes chefs t\u2019oppriment, tes ma\u00eetres te tourmentent ! \u00d4 mon peuple, par leurs basses flatteries ils t’\u00e9garent et ont entrav\u00e9 tes jambes. Mais le Seigneur lui-m\u00eame s’est lev\u00e9 pour accuser, il jugera ses gens avec les anciens et les princes de son peuple.<\/span>45<\/sup><\/a><\/span> \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Et comme l’Ar\u00e9opagite l’a \u00e9crit au moine D\u00e9mophile : \u00ab Si D\u00e9mophile, ou quelque autre, trouve la cl\u00e9mence odieuse, on lui adresse de l\u00e9gitimes reproches ; on lui apprend ce qu’est le bien et \u00e0 se convertir \u00e0 la bont\u00e9. Ne fallait-il pas, lui dit-on, que celui qui est bon se r\u00e9jou\u00eet du salut de ceux qui \u00e9taient perdus et de la vie de ceux qui \u00e9taient morts ? Pour cette raison le Seigneur prend sur ses \u00e9paules ceux qui se sont arrach\u00e9s aux errements et invite \u00e0 la joie les bons anges ; il est g\u00e9n\u00e9reux envers les ingrats, fait lever son soleil sur les m\u00e9chants comme sur les bons et donne sa vie m\u00eame pour ceux qui le fuient. Mais toi, comme il appara\u00eet dans tes lettres, tu as odieusement repouss\u00e9, en vertu de je ne sais quel droit, celui que tu nommes un impie et un p\u00e9cheur et qui se jetait aux pieds du pr\u00eatre ; puis, comme il te suppliait et confessait n’\u00eatre venu que pour chercher la gu\u00e9rison de ses maux, tu ne t’es pas laiss\u00e9 \u00e9branler et tu as eu la cruaut\u00e9 d’attrister par d’injurieuses paroles le bon pr\u00eatre au motif qu’il accueillait le repentir et jugeait un p\u00e9cheur digne de mis\u00e9ricorde. Enfin tu as dit au pr\u00eatre : \u00ab Sors d’ici ! \u00bb, et avec tes pareils tu as fait invasion dans le sanctuaire et souill\u00e9 le Saint des Saints. Et tu oses nous \u00e9crire que tu as sauv\u00e9 les choses saintes de la profanation et que tu prends soin de les conserver dans leur puret\u00e9 ! Voici donc notre jugement sur ce point : Il n’appartient pas aux diacres qui sont de rang sup\u00e9rieur au tien dans le service ou qui sont tes \u00e9gaux de censurer un pr\u00eatre, lors m\u00eame qu’il semblerait ne pas traiter les saints myst\u00e8res avec respect, ou m\u00eame s’il est \u00e9vident qu’il est sorti de la ligne du devoir. Car si le non-respect de l’ordre et de la loi est une transgression des lois et d\u00e9crets divins, ce n’est pas une raison pour renverser par amour de Dieu l’ordre institu\u00e9 par la Parole divine. Car Dieu n’est pas divis\u00e9 en lui-m\u00eame. Sinon, comment son Royaume pourrait-il subsister ? Si, comme disent les Ecritures, le jugement appartient au Seigneur, et si les pr\u00eatres sont les messagers et proph\u00e8tes et, apr\u00e8s les \u00e9v\u00eaques, les interpr\u00e8tes des jugements divins, c’est d’eux, par la m\u00e9diation des diacres, que tu dois apprendre en temps opportun les v\u00e9rit\u00e9s d’en-haut, comme c’est d’eux que tu as re\u00e7u la cons\u00e9cration monastique. N’est-ce pas ce que proclament les symboles sacr\u00e9s ? Car tous ne sont pas \u00e9galement admis \u00e0 s’approcher du Saint des Saints : les plus proches sont les \u00c9v\u00eaques, puis viennent les pr\u00eatres et ensuite les diacres. Hors de l’enceinte r\u00e9serv\u00e9e aux clercs se trouvent les moines ; c’est l\u00e0, pr\u00e8s des portes du sanctuaire, qu’ils sont initi\u00e9s, c’est l\u00e0 qu’ils se tiennent, non qu’ils en soient les gardiens, mais parce que telle est leur place et pour qu’ils sachent qu’ils font plut\u00f4t partie du peuple que des ordres sacr\u00e9s. C’est pourquoi, d’apr\u00e8s les sages constitutions de l’\u00c9glise, si les moines sont appel\u00e9s \u00e0 recevoir les choses saintes, le soin de les administrer est confi\u00e9 \u00e0 ceux qui sont dans le sanctuaire. Car ceux qui se tiennent autour de l’autel voient et entendent les myst\u00e8res augustes et en ont une claire r\u00e9v\u00e9lation. Sortant dignement de l’enceinte voil\u00e9e, ils pr\u00e9sentent aux moine dociles, au peuple initi\u00e9, aux p\u00e9nitents, \u00e0 chacun selon ses m\u00e9rites les choses saintes qui avaient \u00e9t\u00e9 gard\u00e9es hors de toute pollution jusqu’\u00e0 ce que tu te pr\u00e9cipites dessus et n’obliges \u00e0 r\u00e9v\u00e9ler \u00e0 l’ext\u00e9rieur le Saint des Saints. Et tu oses encore te dire gardien des choses saintes, toi qui ne peux les voir ni les entendre et qui n’as rien de ce qui appartient aux pr\u00eatres car tu ignores le vrai sens des \u00c9critures bien que tu les interpr\u00e8tes chaque jour pour la perdition de ceux qui t\u2019\u00e9coutent. On punirait assur\u00e9ment celui qui, sans ordre du monarque, s’emparerait du gouvernement d’une province ou qui, soumis \u00e0 la juridiction d’un prince, aurait la pr\u00e9tention de casser ses sentences d’acquittement ou de condamnation, l’accablerait d’injures et le d\u00e9pouillerait de ses fonctions. Or toi, tu t’es permis de te moquer du Seigneur bon et cl\u00e9ment et de violer les r\u00e8gles de sa hi\u00e9rarchie. Il faut le dire : quand un homme s’arroge ce qui est au-dessus de son rang, m\u00eame s’il fait le bien il n’en fait pas moins ce qui n’est permis \u00e0 personne. Ozias fit-il mal d’offrir de l’encens au Seigneur ? Ou Sa\u00fcl de sacrifier ? Ou les f\u00e9roces d\u00e9mons de confesser la divinit\u00e9 de J\u00e9sus ? Mais l’\u00c9criture r\u00e9prouve toute personne qui s’ing\u00e8re dans la charge d’autrui. Chacun doit rester fid\u00e8lement dans les fonctions de son minist\u00e8re. Seul le grand-pr\u00eatre entrera dans le Saint des Saints une fois par an et avec toute la puret\u00e9 que la loi exige d’un pontife. Les pr\u00eatres prennent soin des choses saintes mais les l\u00e9vites n’y touchent pas de peur de mourir.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Le Seigneur s’indigna de la t\u00e9m\u00e9rit\u00e9 d’Ozias, et Myriam fut frapp\u00e9e de la l\u00e8pre pour avoir essay\u00e9 de fixer des lois au souverain l\u00e9gislateur. Les d\u00e9mons s’empar\u00e8rent des fils de Sc\u00e9va, et il est dit : \u00ab Je ne les ai pas envoy\u00e9s, et ils courent ; je ne leur ai rien dit, et ils proph\u00e9tisent \u00bb, et \u00ab l’impie qui me sacrifie un veau est \u00e0 mes yeux comme celui qui tue un chien \u00bb. En un mot, la parfaite justice de Dieu ne saurait tol\u00e9rer les transgresseurs de la loi, et quand ils disent \u00ab Nous avons fait beaucoup de miracles en ton nom \u00bb, il r\u00e9pond : \u00ab Je ne vous connais pas, retirez-vous de moi, vous tous ouvriers d’iniquit\u00e9. \u00bb Ainsi ne convient-il pas, conform\u00e9ment aux \u00c9critures, d’accomplir ill\u00e9gitimement ce qui, par ailleurs, est juste. Il importe que chacun reste attentif \u00e0 soi-m\u00eame et, sans s’attacher \u00e0 m\u00e9diter sur ce qui est trop \u00e9lev\u00e9, qu’il s’occupe seulement de ce qui lui est prescrit par son rang. Eh quoi, diras-tu, on ne saurait reprendre les pr\u00eatres qui manquent de pi\u00e9t\u00e9 ou commettent quelque autre faute ? \u00c0 ceux qui se glorifient dans la Loi il serait permis de d\u00e9shonorer Dieu par la transgression de la Loi ? Les pr\u00eatres ne seraient-ils pas les interpr\u00e8tes de Dieu ? Et comment iraient-ils annoncer au peuple les vertus divines s’ils n’en connaissent pas la force ? Comment pourra illuminer celui qui est envelopp\u00e9 de t\u00e9n\u00e8bres ? Comment pourra-t-il donner l’Esprit divin, celui qui montre, par sa conduite, qu’il n’est pas certain de l’existence du Saint-Esprit ? Je te r\u00e9pondrai sans d\u00e9tour car je ne hais pas D\u00e9mophile et ne voudrais pas que tu fusses s\u00e9duit par Satan. Chacun des ordres qui environnent imm\u00e9diatement Dieu lui est plus semblable que ceux qui en sont plus \u00e9loign\u00e9s, et les choses qui sont plus proches de la vraie lumi\u00e8re sont aussi mieux \u00e9clair\u00e9es et plus lumineuses. Il ne faut pas comprendre la proximit\u00e9 comme affaire de lieu mais comme aptitude \u00e0 recevoir Dieu. Si donc le privil\u00e8ge d’illuminer est d\u00e9volu aux pr\u00eatres, il n’appartient pas au sacerdoce celui qui n’illumine pas, et encore moins celui qui n’est pas illumin\u00e9. Je trouve donc fort t\u00e9m\u00e9raire quiconque usurpe les fonctions sacerdotales sans \u00e9prouver ni honte ni crainte \u00e0 se m\u00ealer du service divin, dans l’id\u00e9e que Dieu ignore ce que sa propre conscience sait, qui essaie d’abuser Celui qu’il nomme hypocritement son P\u00e8re et qui ose enfin, au nom du Christ, prononcer sur le pain et le vin mystiques ses impures et blasph\u00e9matoires formules (car je ne les nommerai pas pri\u00e8res). Non, assur\u00e9ment, celui-l\u00e0 n’est pas un pr\u00eatre, c’est un fourbe, un menteur qui se fait lui-m\u00eame illusion, c’est un loup v\u00eatu d’une peau de brebis qui se l\u00e8ve contre le troupeau du Seigneur. Ce n’est pas \u00e0 D\u00e9mophile de r\u00e9primer ces d\u00e9sordres. Si la Parole divine nous ordonne d’accomplir justement ce qui est juste (la justice consistant \u00e0 rendre \u00e0 chacun ce qui lui revient), tous doivent assur\u00e9ment agir selon la justice, car m\u00eame les anges ont des fonctions qui leur sont r\u00e9parties selon ce qui leur revient, mais ce n’est pas \u00e0 nous qu’il appartient d’effectuer ce discernement, \u00f4 D\u00e9mophile : c’est Dieu qui conf\u00e8re les attributions, \u00e0 nous par le minist\u00e8re des anges et \u00e0 ceux-ci par des anges plus \u00e9lev\u00e9s. En un mot, c’est toujours par le moyen d’\u00eatres sup\u00e9rieurs que la Providence universelle, dans sa sagesse et son \u00e9quit\u00e9, d\u00e9cerne aux \u00eatres inf\u00e9rieurs ce qui leur \u00e9choit. Ainsi quiconque est appel\u00e9 par Dieu \u00e0 gouverner les autres doit, dans l’exercice du commandement, conf\u00e9rer \u00e0 chacun de ses subordonn\u00e9s ce qui lui revient. Que D\u00e9mophile traite donc avec cette discr\u00e8te \u00e9quit\u00e9 la partie raisonnable de son \u00e2me, la col\u00e8re et la concupiscence, qu’il n’intervertisse pas en lui l’ordre voulu et que la raison, qui est plus noble, commande aux puissances inf\u00e9rieures.<\/p>\n\n\n\n

\u00bbCar si nous voyions sur la place publique le serviteur quereller son ma\u00eetre, le jeune homme outrager le vieillard, le fils injurier son p\u00e8re, se pr\u00e9cipiter sur lui, le frapper indignement, n’est-il pas vrai que nous serions en conscience dignes d’un bl\u00e2me s\u00e9v\u00e8re pour n’\u00eatre pas venus en aide \u00e0 l’autorit\u00e9 compromise, m\u00eame si c’est elle qui a les premiers torts ? Comment donc n’aurions-nous pas honte de souffrir que la raison f\u00fbt vaincue par la col\u00e8re et la concupiscence et d\u00e9pouill\u00e9e de l’empire que Dieu lui a d\u00e9cern\u00e9, et par l\u00e0 d’exciter en nous un trouble, une r\u00e9volte, une confusion grosse d’injustice et d’impi\u00e9t\u00e9 ? Aussi notre divin ap\u00f4tre et bienheureux l\u00e9gislateur a-t-il dit qu’il exclurait du gouvernement de l’\u00c9glise de Dieu celui qui n’aurait pas su gouverner comme il convient sa propre maison : quiconque en effet r\u00e8gle sa conduite r\u00e8glera celle d’autrui, qui dirige autrui dirigera une famille, qui r\u00e9git une famille r\u00e9gira une cit\u00e9 et qui commande \u00e0 une ville commandera \u00e0 une nation. En somme, et pour parler comme l’\u00c9criture, \u00ab qui est fid\u00e8le dans les petites choses l’est \u00e9galement dans les grandes \u00bb. Vous donc, faites une part l\u00e9gitime \u00e0 la concupiscence, \u00e0 la col\u00e8re, \u00e0 la raison ; mais aussi que les diacres vous commandent, et \u00e0 ceux-ci les pr\u00eatres, et aux pr\u00eatres les \u00e9v\u00eaques, et aux \u00e9v\u00eaques les ap\u00f4tres et les successeurs des ap\u00f4tres. Si par hasard quelqu’un d’entre eux s’\u00e9carte de la ligne du devoir, les pieux personnages de son rang le redresseront ; de la sorte, les rangs ne seront pas confondus, et chacun restera dans son rang et minist\u00e8re. Voil\u00e0 ce que nous avions \u00e0 te dire touchant ce que vous devez savoir et faire en votre charge. Quant \u00e0 ta duret\u00e9 brutale envers cet homme que tu dis impie et souill\u00e9 de crimes, je ne saurais assez d\u00e9plorer la ruine o\u00f9 fut pr\u00e9cipit\u00e9e ton \u00e2me qui me reste ch\u00e8re. De qui t’avons-nous ordonn\u00e9 serviteur ? Si ce n’est pas du Dieu bon, nous ne te sommes pas n\u00e9cessaires et si notre culte t’est \u00e9tranger, cherche-toi un autre Dieu et d’autres pr\u00eatres qui t’initieront \u00e0 la brutalit\u00e9 plut\u00f4t qu’\u00e0 la perfection et deviens l’implacable serviteur de ta propre inhumanit\u00e9 ! Sommes-nous donc \u00e9lev\u00e9s \u00e0 une si parfaite saintet\u00e9 et n’avons-nous plus besoin de la cl\u00e9mence infinie ? Gardons-nous plut\u00f4t de commettre le double p\u00e9ch\u00e9 des impies dont parle l’\u00c9criture, faisant le mal sans comprendre en quoi nous sommes mauvais mais nous justifiant et croyant voir alors que nous sommes aveugles. Le Ciel s’en est \u00e9tonn\u00e9 et moi j’en ai fr\u00e9mi et ne pouvais m’en croire. Si je n’avais pas lu tes lettres (et pl\u00fbt \u00e0 Dieu qu’elles ne me fussent pas parvenues !), jamais je n’aurais cru, et nul n’aurait pu me persuader, que D\u00e9mophile n’admet pas que Dieu, si bon envers tous les hommes, soit compatissant, ni que lui-m\u00eame ait besoin de mis\u00e9ricorde et de salut. Bien plus, il d\u00e9grade les pr\u00eatres qui inclinent avec tendresse \u00e0 supporter les fautes de la multitude ignorante et qui savent tr\u00e8s bien combien eux-m\u00eames sont infirmes ! Or le supr\u00eame et divin Grand Pr\u00eatre suivit une autre voie \u2013 tout s\u00e9par\u00e9 qu’il f\u00fbt, selon l’\u00c9criture, des p\u00e9cheurs \u2013 lui qui fit du soin tr\u00e8s affectueux des brebis une preuve de notre amour pour lui. Inversement, il nomme m\u00e9chant le serviteur qui refuse de remettre la dette de son compagnon et de lui appliquer un peu de cette indulgence qu’il avait lui-m\u00eame si largement \u00e9prouv\u00e9e, et il le condamne \u00e0 des ch\u00e2timents m\u00e9rit\u00e9s. Ce que D\u00e9mophile et moi devrions craindre. Nous voyons encore qu’en sa Passion le Seigneur demanda qu’il f\u00fbt pardonn\u00e9 \u00e0 ses impies bourreaux. Enfin il r\u00e9primanda ses disciples parce qu’ils r\u00e9clamaient une trop cruelle vengeance des Samaritains qui l’avaient chass\u00e9. Pourtant ta folle lettre r\u00e9p\u00e8te cent fois, ce dont tu tires gloire \u00e0 tort et \u00e0 travers, que tu soutiens la cause de Dieu et non pas la n\u00f4tre ! Dis-moi, trouves-tu beau de d\u00e9fendre avec m\u00e9chancet\u00e9 les int\u00e9r\u00eats de Celui qui est la Bont\u00e9 ? Allons donc ! Nous n’avons pas un Grand Pr\u00eatre incapable de compatir \u00e0 nos infirmit\u00e9s. Au contraire, il est bon et mis\u00e9ricordieux ; il ne disputera ni ne poussera des cris ; il est la mansu\u00e9tude m\u00eame ; il est la propitiation pour nos p\u00e9ch\u00e9s. Nous ne saurions donc approuver les exc\u00e8s de ton z\u00e8le indiscret, m\u00eame si tu invoques mille fois Pinhas et \u00c9li. Le Seigneur J\u00e9sus n’agr\u00e9a pas semblables pr\u00e9textes quand il les entendit dans la bouche de ses disciples, qui, \u00e0 l’\u00e9poque, n’avaient pas encore l’esprit de douceur et de bont\u00e9. Car c’est en toute charit\u00e9 que notre divin Ma\u00eetre instruit ceux qui r\u00e9sistent \u00e0 la doctrine de Dieu. Il faut en effet \u00e9clairer les ignorants et non les punir, de m\u00eame qu’ont les tient par la main. Mais toi tu as soufflet\u00e9 et d\u00e9courag\u00e9 l’homme qui essayait d’ouvrir les yeux \u00e0 la lumi\u00e8re, et tandis qu’il s’approchait avec timidit\u00e9 et confusion tu l’as \u2013 c’est horrible \u00e0 dire \u2013 outrageusement chass\u00e9, alors que le Seigneur plein de cl\u00e9mence recherche la brebis \u00e9gar\u00e9e dans les montagnes, il l’appelle dans sa fuite et, l’ayant retrouv\u00e9e, il la rapporte sur ses \u00e9paules ! Je t’en conjure, soyons mieux avis\u00e9s en ce qui nous concerne et ne nous plongeons pas l’\u00e9p\u00e9e dans le sein. Car ceux qui ont le d\u00e9sir de commettre l’injustice ou, inversement, de faire le bien, lors m\u00eame qu’il devient impossible d’ex\u00e9cuter leurs intentions, amassent sur leur t\u00eate des tr\u00e9sors de malice ou de bont\u00e9, et ils seront emplis de vertus divines ou de f\u00e9roces passions. Les uns, fraternellement admis en la compagnie des bons anges et affranchis de tout mal, jouiront, ici-bas et dans les cieux, d’une paix parfaite, entreront par droit d’h\u00e9ritage dans la douceur d’un \u00e9ternel repos et, ce qui d\u00e9passe tous les biens, habiteront toujours avec Dieu. Les autres, au contraire, n’auront jamais la paix ni avec Dieu ni avec eux-m\u00eames et sur terre comme apr\u00e8s la mort seront condamn\u00e9s \u00e0 vivre avec les cruels d\u00e9mons. Que toute notre ardeur soit donc de nous attacher au Dieu bon, de rester \u00e0 jamais avec le Seigneur, de n’\u00eatre pas plac\u00e9s par le souverain Juge dans les rangs des r\u00e9prouv\u00e9s pour y endurer des peines m\u00e9rit\u00e9es. Tel est l’objet de mes plus grandes alarmes, et je demande la gr\u00e2ce de n’\u00eatre pas pr\u00e9cipit\u00e9 dans tous ces maux. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Cette longue citation reprend les cinq premi\u00e8res parties (sauf l’introduction) de la \u00ab Lettre de saint Denys l’Ar\u00e9opagite au moine D\u00e9mophile \u00bb. Ivan en a cit\u00e9 la conclusion ci-dessus p. 97-99.<\/p>\n\n\n\n

Ces paroles s’appliquent aussi \u00e0 toi, qui t’appropries la dignit\u00e9 de ma\u00eetre et, comme l’\u00e9crit l’ap\u00f4tre Paul : \u00ab Si toi qui arbores le nom de Juif, qui te reposes sur la Loi, qui te glorifies en Dieu, qui connais sa volont\u00e9, qui discernes le meilleur, instruit par la Loi, et ainsi te flattes d’\u00eatre toi-m\u00eame le guide des aveugles, la lumi\u00e8re de qui marche dans les t\u00e9n\u00e8bres, l’\u00e9ducateur des ignorants, le ma\u00eetre des simples, parce que tu poss\u00e8des dans la Loi l’expression m\u00eame de la science et de la v\u00e9rit\u00e9… toi qui enseignes autrui, tu ne t’instruis pas toi-m\u00eame ? Toi qui pr\u00eaches de ne pas d\u00e9rober, ne d\u00e9robes-tu pas ? Toi qui interdis l’adult\u00e8re, ne commets-tu pas l’adult\u00e8re ? Toi qui abhorres les idoles, ne commets-tu pas des sacril\u00e8ges ? Toi qui te glorifies dans la Loi, ne d\u00e9shonores-tu pas Dieu en transgressant cette Loi ? Car le nom de Dieu, \u00e0 cause de vous, est blasph\u00e9m\u00e9 parmi les nations.<\/span>46<\/sup><\/a><\/span> \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Comme le dit le divin Gr\u00e9goire : \u00ab Pour moi – car je suis homme, je l’avoue, c’est-\u00e0-dire un animal mobile et d’une nature p\u00e9rissable \u2014, j’accepte de grand c\u0153ur ce bapt\u00eame, j’adore celui qui me l’a donn\u00e9, je le transmets aux autres et je leur fais l’avance de la mis\u00e9ricorde pour obtenir mis\u00e9ricorde. Car je sais que je suis moi-m\u00eame envelopp\u00e9 de faiblesse et que je serai mesur\u00e9 avec la mesure dont je me serai servi. Mais que dis-tu ? Quelle loi \u00e9tablis-tu, nouveau pharisien qui es pur de nom mais nullement de conduite, et qui fais parade devant nous des principes de Novatien, avec la m\u00eame faiblesse ? Tu n’admets pas la p\u00e9nitence ? Tu ne donnes pas de place aux g\u00e9missements ? Tu ne pleures pas sur les larmes ? Puisses-tu ne pas trouver un juge tel que toi ! Tu ne respectes pas la bont\u00e9 de J\u00e9sus qui a pris nos faiblesses et qui a port\u00e9 nos maladies, qui est venu non pour les justes, mais pour les p\u00e9cheurs, afin de les appeler \u00e0 la p\u00e9nitence, qui veut la mis\u00e9ricorde plut\u00f4t que le sacrifice, qui pardonne les p\u00e9ch\u00e9s soixante-dix fois sept fois ? Qu’elle serait bienheureuse ta hauteur si elle \u00e9tait puret\u00e9 et non pas orgueil, \u00e9tablissant des lois au-dessus de l’homme et emp\u00eachant la conversion par le d\u00e9sespoir ! Ce sont des maux semblables que l’indulgence imprudente et la s\u00e9v\u00e9rit\u00e9 implacable. La premi\u00e8re l\u00e2che compl\u00e8tement la bride, la seconde \u00e9trangle par sa violence. Montre-moi ta puret\u00e9 et j’accepterai ton audace. Mais en fait je crains que ce soit parce que tu es couvert d’ulc\u00e8res que tu proposes l’impossibilit\u00e9 de gu\u00e9rir. Tu n’acceptes m\u00eame pas le repentir de David, lui \u00e0 qui la p\u00e9nitence conserve la gr\u00e2ce proph\u00e9tique. Et Pierre, le grand Ap\u00f4tre qui \u00e9prouva une faiblesse humaine lors de la Passion du Sauveur ? Or J\u00e9sus l\u2019accepta et, par la triple question et la triple confession, rem\u00e9dia au triple reniement. Est-ce que tu ne l’acceptes m\u00eame pas quand il a \u00e9t\u00e9 rendu parfait par l’effusion du sang ? Voil\u00e0 bien l’effet de ta d\u00e9raison. Tu n’acceptes pas non plus le transgresseur de Corinthe ? Mais m\u00eame envers lui Paul fit pr\u00e9valoir la charit\u00e9 lorsqu’il vit qu’il s’\u00e9tait amend\u00e9. Et en voici la raison : \u00ab afin qu’un tel homme ne soit pas submerg\u00e9 par un chagrin excessif \u00bb, \u00e9cras\u00e9 par la d\u00e9mesure de la r\u00e9probation. Tu ne permets pas non plus aux jeunes veuves de se remarier \u00e0 cause des risques de chute li\u00e9es \u00e0 leur \u00e2ge ? Paul a os\u00e9 le permettre, Paul \u00e0 qui \u00e9videmment tu en remontres, toi qui as, para\u00eet-il, p\u00e9n\u00e9tr\u00e9 jusqu’\u00e0 un quatri\u00e8me ciel et jusqu’\u00e0 un autre paradis, qui as entendu des choses plus secr\u00e8tes et qui as embrass\u00e9 un plus vaste cercle pour pr\u00eacher l’Evangile ! \u00ab Mais que cette p\u00e9nitence ne soit pas possible apr\u00e8s le bapt\u00eame \u00bb, dis-tu. Quelle preuve en donnes-tu ? D\u00e9montre-le, ou bien ne le condamne pas. Et s’il y a doute, que la victoire soit \u00e0 la bont\u00e9 ! […] Et quelle loi est pour moi l’inhumanit\u00e9 de Novatien qui n’a jamais ch\u00e2ti\u00e9 la cupidit\u00e9 – cette seconde idol\u00e2trie \u2014, mais a condamn\u00e9 la fornication si am\u00e8rement, comme s’il n’avait ni chair ni corps ?<\/span>47<\/sup><\/a><\/span> \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Rappelons que Novatien \u00e9tait un h\u00e9r\u00e9tique du III\u00e8<\/sup> si\u00e8cle, qui consid\u00e9rait qu\u2019un chr\u00e9tien devait \u00eatre au-dessus de la nature humaine et refusait en cons\u00e9quence toute possibilit\u00e9 de r\u00e9conciliation aux apostats et auteurs de p\u00e9ch\u00e9s graves, m\u00eame \u00e0 l’article de la mort. <\/p>\n\n\n\n

Or le proph\u00e8te David dit : \u00ab L’impie, Dieu lui d\u00e9clare : \u2018Que viens-tu r\u00e9citer mes commandements, qu’as-tu mon alliance \u00e0 la bouche, toi qui d\u00e9testes la r\u00e8gle et rejettes mes paroles derri\u00e8re toi ? Si tu vois un voleur, tu fraternises, tu es chez toi parmi les adult\u00e8res.\u2019<\/span>48<\/sup><\/a><\/span> \u00bb Tu n’es pas un adult\u00e8re selon la chair mais un adult\u00e8re selon la trahison, ce qui revient au m\u00eame. C’est ainsi que tu as eu partie li\u00e9e avec des tra\u00eetres. \u00ab Tu livres ta bouche au mal et ta langue trame la tromperie. Tu t’assieds, tu accuses ton fr\u00e8re, tu d\u00e9shonores le fils de ta m\u00e8re.<\/span>49<\/sup><\/a><\/span> \u00bb Ton fr\u00e8re et le fils de ta m\u00e8re, tous sont chr\u00e9tiens, car tous nous avons \u00e9t\u00e9 baptis\u00e9s dans les m\u00eames fonts et sommes ren\u00e9s d’en-haut. \u00ab Voil\u00e0 ce que tu as fait, et je me suis tu, et tu as eu l’impudence de penser que j’\u00e9tais comme toi. Je te d\u00e9noncerai et mettrai tes p\u00e9ch\u00e9s sous tes yeux. Prenez bien garde, vous qui oubliez Dieu, que je ne vous emporte sans personne pour vous d\u00e9livrer !<\/span>50<\/sup><\/a><\/span> \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Admonition donn\u00e9e \u00e0 Moscou, capitale orthodoxe de toute la Russie et degr\u00e9 de notre saint parvis, en l’an 7072<\/span>51<\/sup><\/a><\/span> de la Cr\u00e9ation du monde, le cinqui\u00e8me jour de juillet.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Dans la derni\u00e8re partie de sa premi\u00e8re lettre, Ivan le Terrible est encore d\u00e9chir\u00e9 entre ses deux hypostases  : le souverain invincible et le bon chr\u00e9tien. Apr\u00e8s avoir tonn\u00e9 et fulmin\u00e9 dans les sections pr\u00e9c\u00e9dentes, le tsar s’acharne d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment \u00e0 blanchir son nom et \u00e0 d\u00e9valoriser tous les faits d\u2019armes de Kourbski. Il d\u00e9fend ardemment son autorit\u00e9 l\u00e9gitime, justifiant les ch\u00e2timents inflig\u00e9s comme n\u00e9cessaires pour maintenir l’ordre et la justice. 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