{"id":238752,"date":"2024-07-21T06:00:00","date_gmt":"2024-07-21T04:00:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=238752"},"modified":"2024-07-20T23:17:16","modified_gmt":"2024-07-20T21:17:16","slug":"litteratures-europeennes-la-selection-dete-du-grand-continent","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2024\/07\/21\/litteratures-europeennes-la-selection-dete-du-grand-continent\/","title":{"rendered":"Litt\u00e9rature europ\u00e9enne : la s\u00e9lection d’\u00e9t\u00e9 du Grand Continent"},"content":{"rendered":"\n

Lire \u00e0 l’\u00e9chelle pertinente. Que ce soit avec nos s\u00e9lections mensuelles d’essais<\/a> ou notre Prix Grand Continent<\/a>, les derni\u00e8res parutions sont au c\u0153ur de la revue, dans les principales langues du d\u00e9bat europ\u00e9en. Pour ne rien rater, abonnez-vous<\/a><\/em><\/p>\n\n\n\n

Arno Geiger, Reise nach Laredo (Hanser Verlag)<\/em>, Hanser, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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\u00ab En chaque homme se cache un roi d\u00e9missionnaire \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Le roman raconte les derniers jours de la vie de Charles Quint. Ayant abdiqu\u00e9, retir\u00e9 dans un monast\u00e8re \u00e0 Yuste, en Castille, l’empereur v\u00e9g\u00e8te tristement entour\u00e9 d\u2019une Cour d\u00e9f\u00e9rente, mais qui l\u2019indiff\u00e8re. Arno Geiger imagine sa rencontre avec un petit gar\u00e7on de onze ans, qui est en fait un fils naturel ignorant tout de sa noble ascendance. Les deux conviennent de s\u2019enfuir \u00e0 dos de mulet et de cheval (l\u2019empereur prenant le mulet, le seul animal qu\u2019il arrive encore \u00e0 monter). Le roman est le r\u00e9cit de ce voyage improbable d\u2019un empereur d\u00e9chu, et dont les gens qu\u2019il croise ignorent l\u2019identit\u00e9, et d’un gamin qui, peu \u00e0 peu, parvient \u00e0 le ramener \u00e0 la vie. Un r\u00e9cit tr\u00e8s prenant, d’une \u00e9criture singuli\u00e8re et tr\u00e8s soign\u00e9e. (Anne Weber)<\/p>\n\n\n\n

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Martina Hefter, Hey, Guten Morgen, wie geht es dir ?<\/em>, Klett Cotta, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Le dernier roman de Martina Hefter (laur\u00e9ate du prix Ingeborg Bachmann 2005) a pour narratrice une femme entre deux \u00e2ges qui s\u2019occupe de son compagnon, tr\u00e8s malade et handicap\u00e9. La nuit, elle se met \u00e0 fr\u00e9quenter des forums de rencontre o\u00f9 s\u00e9vissent des love scammers<\/em>, des escrocs, r\u00e9sidant le plus souvent en Afrique, qui essaient d\u2019extorquer de l\u2019argent \u00e0 des Europ\u00e9ennes en mal d\u2019amour. Elle n’est pas dupe et leur raconte \u00e0 son tour des mensonges sur sa vie. Elle tombe un jour sur un certain Benu qui n\u2019a pas l\u2019air d’\u00eatre qu’un escroc. Entre les deux, une vraie histoire d\u2019amour (virtuelle) commence, mais pleine de d\u00e9fiance et d\u2019h\u00e9sitations des deux c\u00f4t\u00e9s. <\/p>\n\n\n\n

Le roman fait donc appara\u00eetre aussi l\u2019Europe telle qu\u2019elle est vue, esp\u00e9r\u00e9e, r\u00eav\u00e9e de loin, une Europe vue de l\u2019ext\u00e9rieur. Il a un aspect politique, qui reste cependant discret, ni d\u00e9monstratif ni th\u00e9orique. L\u2019\u00e9criture \u00e9meut, dans une esth\u00e9tique r\u00e9solument contemporaine (la transcription de chats<\/em>, par exemple, y compris d\u2019\u00e9mojis qui ne sont pas reproduits tels quels, mais qui, par les noms qu\u2019ils re\u00e7oivent, gagnent un aspect po\u00e9tique inattendu). Un livre \u00e0 la fois profond, inventif et tr\u00e8s actuel. (Anne Weber)<\/p>\n\n\n\n

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Durs Gr\u00fcnbein, Der Komet<\/em>, Suhrkamp, novembre 2023<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Le personnage principal est une femme issue d’un milieu modeste. Le r\u00e9cit narre la vie de Dora W., qui arrive de Sil\u00e9sie \u00e0 Dresde. Elle devient m\u00e8re \u00e0 seize ans et assiste \u00e0 la destruction de la ville sous les bombes \u00e0 vingt-cinq ans. \u00catre gardienne de ch\u00e8vres \u00e0 la campagne, puis vendeuse et aide-jardini\u00e8re dans une petite ville de Basse-Sil\u00e9sie sont les premi\u00e8res \u00e9tapes de sa vie avant qu’elle ne trouve l’homme de sa vie en Oskar, un compagnon boucher. Elle le suit \u00e0 Dresde pour y fonder une famille. Elle y passe une courte p\u00e9riode ; ce sont ses ann\u00e9es d’or, semble-t-il, mais ensuite, la guerre la frappe et ses perspectives s’effondrent, comme tous les autres. Avec elle, c\u2019est la fin de Dresde dans une soci\u00e9t\u00e9 empoisonn\u00e9e par la volont\u00e9 de puissance et l’illusion raciale.<\/p>\n\n\n\n

Avec son histoire, Dors Gr\u00fcnbein (laur\u00e9at du Prix Georg B\u00fcchner) suit un destin dans le contexte historique, avant et apr\u00e8s l’invasion du national-socialisme dans chaque vie individuelle<\/strong>. Que fait la dictature de ces personnes qui ne sont gu\u00e8re \u00e0 la hauteur de ses exigences et qui se d\u00e9brouillent tant bien que mal ? Dans ce contexte, l’apparition de la com\u00e8te de Halley en 1910, qui a aliment\u00e9 les fantasmes de fin du monde, prend une signification symbolique pour l’an\u00e9antissement de la m\u00e9tropole saxonne dans la temp\u00eate de feu de f\u00e9vrier 1945.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 travers l’exemple de Dora W., l\u2019auteur raconte comment l’histoire arrive \u00e0 ceux qui n’ont pas d’histoire, comme une horreur et une prise de conscience trop tardive.<\/p>\n\n\n\n

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Nora Bossong, Reichskanzlerplatz<\/em>, Suhrkamp, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Dans son nouveau roman, Nora Bossong brosse le portrait de la femme qu’est devenue Magda Goebbels et celui de son jeune amant. Deux personnes prises dans les rouages des \u00e9v\u00e9nements historiques, impliqu\u00e9es diff\u00e9remment, coupables diff\u00e9remment. Y compris contre eux-m\u00eames.<\/p>\n\n\n\n

Lorsque Hans fait la connaissance de la jeune et belle belle-m\u00e8re de son ami d’\u00e9cole Hellmut Quandt, il ne se doute pas encore du r\u00f4le que Magda va jouer dans sa vie, pour lui personnellement, mais aussi des ann\u00e9es plus tard en tant que fanatique du national-socialisme et en tnat que m\u00e8re mod\u00e8le du Troisi\u00e8me Reich. La R\u00e9publique de Weimar est encore en plein essor et Hans est aussi violemment que d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment amoureux de Hellmut. Mais apr\u00e8s un accident, Hans et Magda entament une liaison dont ils esp\u00e8rent tirer r\u00e9confort et avantages : elle veut \u00e9chapper \u00e0 son mariage, il veut cacher son homosexualit\u00e9. Ce n’est que lorsque Magda fait la connaissance de Joseph Goebbels et adh\u00e8re au parti national-socialiste que Hans et elle se s\u00e9parent. Alors que Magda appara\u00eet bient\u00f4t avec ses enfants dans les actualit\u00e9s hebdomadaires, Hans se retrouve de plus en plus en danger. Un roman qui raconte sur vingt ans le parcours de deux personnes et celui d’un pays qui, l\u2019un comme l\u2019autre, n’\u00e9taient pas in\u00e9luctables.<\/p>\n\n\n\n

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Juan Manuel de Prada, Mil ojos esconde la noche. La ciudad sin luz<\/em>, Espasa, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Prada s’int\u00e9resse \u00e0 la communaut\u00e9 d’artistes espagnols qui, apr\u00e8s la guerre civile, se sont install\u00e9s dans le Paris occup\u00e9 par les Allemands, o\u00f9 les conditions de vie \u00e9taient particuli\u00e8rement difficiles. Ils devaient donc utiliser toutes les ressources \u00e0 leur disposition pour survivre, m\u00eame si cela les mettait face \u00e0 de grands dilemmes moraux.<\/p>\n\n\n\n

Le redoutable commissaire Urraca, attach\u00e9 de police \u00e0 l’ambassade d’Espagne \u00e0 Paris, confie \u00e0 Navales une mission qui lui va comme un gant : faire adh\u00e9rer des artistes espagnols du Paris occup\u00e9 aux postulats phalangistes. Dans les pages de ce roman, nous retrouvons des personnalit\u00e9s aussi connues que Picasso, C\u00e9sar Gonz\u00e1lez Ruano et Gregorio Mara\u00f1\u00f3n, ainsi que d’autres personnages secondaires int\u00e9ressants comme Serrano Su\u00f1er, Ana de Pombo et Mar\u00eda Casares. Une s\u00e9rie de personnages dont les vicissitudes oscillent entre la trag\u00e9die, le portrait naturel des ab\u00eemes les plus profonds de l’abjection et le roman picaresque le plus pur.<\/p>\n\n\n\n

Juan Manuel de Prada allie son immense talent narratif \u00e0 sa connaissance approfondie du panorama intellectuel, artistique et surtout litt\u00e9raire de l’Espagne de la premi\u00e8re moiti\u00e9 du XXe si\u00e8cle. Le r\u00e9sultat est un projet litt\u00e9raire m\u00e9morable et d’une qualit\u00e9 extraordinaire dans la grande tradition baroque espagnole : Quevedo, Valle-Incl\u00e1n et Ram\u00f3n G\u00f3mez de la Serna.<\/p>\n\n\n\n

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Anna Pacheco, Estuve aqu\u00ed y me acord\u00e9 de nosotros<\/em>, Anagrama, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Le tourisme a chang\u00e9 le visage de nombreuses villes. S’il a \u00e9t\u00e9 un moteur \u00e9conomique, il a aussi g\u00e9n\u00e9r\u00e9 des effets ind\u00e9sirables et est aujourd’hui clairement insoutenable. Ce livre explore la contradiction entre le luxe que les h\u00f4tels haut de gamme vendent \u00e0 leurs clients et la r\u00e9alit\u00e9 sociale, \u00e9conomique et professionnelle de ceux qui y travaillent.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 mi-chemin entre le travail anthropologique de terrain, la chronique et l’essai, Anna Pacheco construit un r\u00e9cit magistral sur le tourisme de luxe \u00e0 Barcelone et r\u00e9fl\u00e9chit au repos dans un avenir post-capitaliste. Par une incursion dans le monde du tourisme pour examiner la dynamique du travail qu’il cache, ce livre incisif met le doigt sur un probl\u00e8me br\u00fblant \u2014 et l\u2019explore en profondeur. Il s’agit sans aucun doute d’un ouvrage essentiel pour mieux comprendre les grands d\u00e9fis auxquels l’Europe est confront\u00e9e en mati\u00e8re urbaine, \u00e9conomique et sociale. (Pablo Cerezo)<\/p>\n\n\n\n

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Eduardo Manzano, Espa\u00f1a diversa, <\/em>Cr\u00edtica, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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L’histoire de l’Espagne est l’histoire d’un pass\u00e9 changeant, paradoxal qui ne peut pas tomber dans la simplification. La richesse et la complexit\u00e9 de cette histoire retrouvent leur centralit\u00e9 dans ce livre. Face aux lectures essentialistes int\u00e9ress\u00e9es et aux batailles id\u00e9ologiques pour le r\u00e9cit qui abondent aujourd’hui, Eduardo Manzano propose un voyage passionnant pour red\u00e9couvrir cet h\u00e9ritage sous la forme d’une mosa\u00efque d’identit\u00e9s, de cultures, de territoires, de langues et de civilisations \u2014 qui n\u2019est pas sans faire penser \u00e0 l\u2019histoire de l\u2019Europe en g\u00e9n\u00e9ral. De l’Hispanie romaine \u00e0 la course aux Indes, de l’Al-Andalus musulman \u00e0 la Transition et de la S\u00e9pharade juive \u00e0 l’unification bourbonienne, on y trouve les cl\u00e9s d’une histoire plurielle, provocante, document\u00e9e et ironique.<\/p>\n\n\n\n

Avec un r\u00e9cit puissant, loin du langage acad\u00e9mique et non d\u00e9pourvu d’ironie, Espa\u00f1a diversa<\/em> ne se contente pas de d\u00e9barrasser l\u2019histoire espagnole de ses clich\u00e9s, mais nous apprend que c’est le changement, et non le maintien des essences, qui nous caract\u00e9rise.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab C’est un livre tr\u00e8s important parce qu’il montre que l\u2019Espagne, \u00e0 travers son histoire, a toujours \u00e9t\u00e9 un pays diversifi\u00e9, avec des identit\u00e9s multiples, ce qui est exactement le cas de l’Europe. Pour moi, c’est le livre le plus important qui a \u00e9t\u00e9 publi\u00e9 cette ann\u00e9e en Espagne \u00bb. (Guillermo Altares)<\/p>\n\n\n\n

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Eduardo Halfon, Tar\u00e1ntula<\/em>, Libros del Asteroide, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Fin 1984, deux jeunes fr\u00e8res guat\u00e9malt\u00e8ques, exil\u00e9s depuis des ann\u00e9es aux \u00c9tats-Unis, reviennent au Guatemala pour partir dans une colonie d’enfants juifs dans une for\u00eat perdue des hautes montagnes. Ils connaissent peu leur pays d’origine et parlent \u00e0 peine l’espagnol. Leurs parents ont insist\u00e9 pour qu’ils viennent passer quelques jours au campement afin d’apprendre non seulement les techniques de survie en milieu sauvage, mais aussi les techniques de survie en milieu sauvage pour les enfants juifs, ce qui n’est pas la m\u00eame chose, leur a-t-on dit. Mais un matin, les enfants d\u00e9couvrent que le camp a \u00e9t\u00e9 transform\u00e9 en quelque chose de bien plus sinistre : d\u00e9sormais, chacun devra trouver son propre moyen de survie. <\/p>\n\n\n\n

Dans ce livre, l’auteur revient sur un \u00e9v\u00e9nement de son enfance dans le Guatemala complexe et violent des ann\u00e9es 1980, dont les motifs et les ramifications ne commenceront \u00e0 \u00eatre \u00e9lucid\u00e9s que des d\u00e9cennies plus tard, lors de rencontres fortuites \u00e0 Paris et \u00e0 Berlin avec certains de ses protagonistes \u00e9nigmatiques. Une nouvelle pi\u00e8ce dans le grand roman en marche qu’est l’\u0153uvre d’Eduardo Halfon, l’un des projets litt\u00e9raires les plus importants de la sc\u00e8ne litt\u00e9raire actuelle.<\/p>\n\n\n\n

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Laura Casielles, Arena en los ojos<\/em>, Libros del KO, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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M\u00e9moire et silence de la colonisation espagnole du Maroc et du Sahara occidental<\/p>\n\n\n\n

Depuis des d\u00e9cennies, le regard espagnol qui se pose sur le Maroc et le Sahara occidental se nourrit de malentendus, de pirouettes rh\u00e9toriques, de m\u00e9fiance, de patriotisme et de nostalgie. Dans ce livre, Laura Casielles bouscule les discours les plus r\u00e9p\u00e9t\u00e9s et les confronte \u00e0 des t\u00e9moignages plus humbles en s\u2019appuyant sur des sc\u00e9narios historiques pour d\u00e9monter les fantasmes orientalistes et les sophismes belliqueux. Cette approche permet de comprendre que les relations que l’Espagne a entretenues avec le Maroc et le Sahara occidental au cours des XIX et XX si\u00e8cles \u00e9taient, effectivement, des rapports coloniaux. Dans cet ouvrage, qui associe le meilleur de la chronique et de la litt\u00e9rature de voyage aux outils les plus r\u00e9cents des \u00e9tudes post-coloniales, l’autrice lib\u00e8re le pass\u00e9 et le pr\u00e9sent des carcans discursifs pour nous permettre d’imaginer de nouvelles fa\u00e7ons de nous relier les uns aux autres. Car, comme elle le dit elle-m\u00eame dans un passage de ce livre, \u00ab il faut voir plus de choses, de plus en plus de choses \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

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Stefano Massini, Mein Kampf da Adolf Hitler<\/em>, Einaudi, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Apr\u00e8s de nombreuses ann\u00e9es de recherche et d’\u00e9criture, reprenant mot pour mot le texte original, en y greffant des centaines de discours et de d\u00e9clarations d’Hitler lui-m\u00eame, Stefano Massini nous livre sa biopsie du texte maudit, une distillation f\u00e9roce o\u00f9 la religion nazie de la rage et de la peur, le culte de l’ego et l’exaltation des masses nous apparaissent dans toute leur force de puissant d\u00e9j\u00e0-vu.<\/p>\n\n\n\n

Primo Levi a \u00e9crit que rien n’est plus n\u00e9cessaire que la connaissance pour \u00e9viter que la trag\u00e9die ne se reproduise, surtout si elle prend lentement forme dans la s\u00e9duction progressive des masses. Un si\u00e8cle apr\u00e8s qu’Adolf Hitler a dict\u00e9 son manifeste politique dans une cellule de Landsberg am Lech, ces pages sont devenues l’un des symboles du mal absolu, et \u00e0 ce titre soumises \u00e0 l’anath\u00e8me s\u00e9culaire qui en a fait un livre interdit. Mais ce c\u00f4ne d’ombre, fils d’un retrait freudien, a contribu\u00e9 \u00e0 accro\u00eetre sa mythologie jusqu’\u00e0 ce qu\u2019en 2016, l’Allemagne d\u00e9cide d’autoriser \u00e0 nouveau sa diffusion en librairie, pr\u00e9cis\u00e9ment pour d\u00e9monter sa l\u00e9gende et percevoir ses \u00e9chos dans le pr\u00e9sent, avec la conscience que rien ne peut plus d\u00e9truire l’horreur que le sens critique, et donc la reconversion du monstre dans les p\u00e9rim\u00e8tres de la r\u00e9alit\u00e9. Oui, car Mein Kampf<\/em> n’est au fond que l’autobiographie d’un trentenaire d\u00e9lirant en qu\u00eate de boucs \u00e9missaires et de d\u00e9bordements existentiels, avec la circonstance aggravante toutefois d’une propension marqu\u00e9e \u00e0 l’empathie, \u00e0 l’aube d’un vingti\u00e8me si\u00e8cle qui allait \u00e9lire son apoth\u00e9ose dans le charisme. De cette formule, r\u00e9p\u00e9t\u00e9e et encore \u00e9mul\u00e9e sous toutes les latitudes, d\u00e9coule l’urgence de nous confronter plus que jamais \u00e0 un texte qui n’est jamais mort, capable de se re-proposer sous d’autres marques et d’autres couleurs, surtout \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 la propagande s’est ramifi\u00e9e en ligne, et nous atteint d\u00e9sormais par capillarit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

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Paolo Giordano, Il corpo umano<\/em>, Einaudi, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Un roman de guerre, ou plut\u00f4t un roman sur la guerre, dans ses multiples incarnations : la guerre proprement dite, celle d’Afghanistan ; celle, plus insaisissable mais tout aussi douloureuse, des relations intimes, affectives et familiales ; et celle, invisible et tr\u00e8s dangereuse, de la rage contre soi-m\u00eame. Un roman qui nous rappelle ce que signifie \u00eatre humain.<\/p>\n\n\n\n

Dans la vie d’un soldat, le \u00ab corps militaire \u00bb est une seconde maison, l’uniforme une seconde peau qui unifie celui qui le porte. Mais sous l’uniforme, les \u00ab corps humains \u00bb sont tous diff\u00e9rents, souvent de jeunes c\u0153urs qui battent, chacun avec ses contradictions, ses fragilit\u00e9s. Le lieutenant Alessandro Egitto, en Afghanistan depuis cent quatre-vingt-onze jours, le sait bien. Les vingt-sept jeunes hommes de la troisi\u00e8me section de la compagnie Charlie command\u00e9e par le mar\u00e9chal Antonio Ren\u00e9 le savent bien. Roberto Ietri, le dernier arriv\u00e9, qui a \u00e0 peine vingt ans et se sent inexp\u00e9riment\u00e9 en tout, le sait tr\u00e8s bien.Pour eux, la mission dans la vall\u00e9e du Gulistan est la premi\u00e8re grande \u00e9preuve de leur vie. Au moment de partir, ils ignorent que la r\u00e9gion \u00e0 laquelle ils sont destin\u00e9s est l’une des plus dangereuses de toute la zone de conflit. C\u2019est l\u00e0 o\u00f9 l’ennemi est, mais ne se voit pas, \u00e0 l’abri d’une montagne qui domine la base militaire \u00ab Ice \u00bb et semble vouloir \u00e0 tout prix montrer son innocence. Difficile de croire qu’elle abrite une myriade de ravins d’o\u00f9 les talibans \u00e9pient le moindre mouvement, tandis qu’au camp de base, les soldats, \u00e9puis\u00e9s par la chaleur et la conviction rampante que la menace est irr\u00e9elle, passent leurs journ\u00e9es entre tours de garde et distractions en tout genre. Jusqu’\u00e0 ce que la guerre explose sous leurs pieds et gr\u00eale au-dessus de leurs t\u00eates. Le corps militaire \u00e9clate alors en plusieurs corps humains : certains agissent, d’autres sont paralys\u00e9s ; certains font de bons choix, d’autres de mauvais ; certains vivent, d’autres meurent. Pour ceux qui restent, la vie change en un instant. Et lorsqu’ils rentreront chez eux, ils auront irr\u00e9m\u00e9diablement franchi la ligne d’ombre qui s\u00e9pare la jeunesse de l’\u00e2ge adulte.<\/p>\n\n\n\n

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Michele Masneri, Paradiso<\/em>, Gli Adelphi, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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\u00ab Le jour le plus chaud d’un des \u00e9t\u00e9s les plus chauds de m\u00e9moire d’homme \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Federico Desideri, jeune journaliste plein d’espoir mais peu satisfait, est charg\u00e9, par le r\u00e9dacteur en chef du magazine \u00ab de niche \u00bb avec lequel il collabore, de se rendre \u00e0 Rome pour interviewer un c\u00e9l\u00e8bre r\u00e9alisateur, auteur d’un film au succ\u00e8s foudroyant, au centre duquel se trouve un charmeur m\u00e9morable. Federico d\u00e9couvre rapidement que le r\u00e9alisateur est un fugitif, mais en contrepartie, lors d’une soir\u00e9e mondaine, il se voit pr\u00e9senter l’homme qui aurait servi de mod\u00e8le \u00e0 ce personnage : Barry Volpicelli. Sorte de psychopompe \u00e0 mi-chemin entre le joueur de fl\u00fbte et le Bruno Cortona du Fanfaron<\/em> de Dino Risi, Barry conduira Federico dans un lieu enchanteur : Paradiso, un immense ensemble de villas et de bungalows d\u00e9labr\u00e9s sur la c\u00f4te du Latium, o\u00f9 il vit en compagnie d’un petit groupe de vieux fous attachants et farfelus. Un ambassadeur qui accumule les produits discount, un gyn\u00e9cologue \u00e0 la retraite qui \u00e9l\u00e8ve des poulets d’ornement, le prince Gelasio Aldobrandi qui, en proie \u00e0 une perp\u00e9tuelle angoisse \u00ab mystico-h\u00e9raldique \u00bb, poursuit le r\u00eave irr\u00e9alisable d’un h\u00e9ritier, un couple de lesbiennes qui regrette l’\u00e9poque glorieuse o\u00f9 elles \u00e9taient invit\u00e9es au Vatican par le pape Ratzinger, une ancienne bellone qui accuse tout le cin\u00e9ma italien de lui avoir vol\u00e9 ses id\u00e9es et, enfin, la premi\u00e8re et la deuxi\u00e8me Madame Volpicelli. Entre des conversations interminables d’une futilit\u00e9 d\u00e9lirante et une nuit o\u00f9 l’on menace de tuer l’un des invit\u00e9s, entre l’arriv\u00e9e d’un c\u00e9l\u00e8bre influenceur et une mort suspecte, le jeune Federico verra et apprendra beaucoup de choses pendant son s\u00e9jour au Paradiso. Jusqu’au moment o\u00f9 il se rend compte qu’il ne peut pas, ou ne veut pas, partir.<\/p>\n\n\n\n

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Alain Damasio, Vall\u00e9e du silicium<\/em>, Seuil, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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\u00ab Ce qui manque furieusement \u00e0 notre \u00e9poque, c\u2019est un art de vivre avec les technologies. Une facult\u00e9 d\u2019accueil et de filtre, d\u2019empuissantement choisi et de d\u00e9connexion assum\u00e9e. Des pratiques qui nous ouvrent le monde chaque fois que l\u2019addiction r\u00f4de, un rythme d\u2019utilisation qui ne soit pas algorithm\u00e9, une \u00e9cologie de l\u2019attention qui nous d\u00e9cadre et une relation aux IA qui ne soit ni brute ni soumise \u00bb. \u00c0 San Francisco, au c\u0153ur de la Silicon Valley, Alain Damasio met \u00e0 l\u2019\u00e9preuve sa pens\u00e9e technocritique, dans l\u2019id\u00e9e de changer d\u2019axe et de regard. Il arpente \u00ab le centre du monde \u00bb et se laisse traverser par un r\u00e9el qui le bouleverse. Compos\u00e9 de sept chroniques litt\u00e9raires et d\u2019une nouvelle de science-fiction in\u00e9dite, Vall\u00e9e du silicium d\u00e9ploie un essai technopo\u00e9tique trou\u00e9 par des visions qui entrelacent fascination, nostalgie et espoir. Du si\u00e8ge d\u2019Apple aux quartiers d\u00e9vast\u00e9s par la drogue, de rencontres en portraits, l\u2019auteur interroge tour \u00e0 tour la prolif\u00e9ration des IA, l\u2019art de coder et les m\u00e9tavers, les voitures autonomes ou l\u2019avenir de nos corps, pour en d\u00e9gager une lecture politique de l\u2019\u00e9poque et nous faire pressentir ces vies \u00e9tranges qui nous attendent.<\/p>\n\n\n\n

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Marie Cosnay, Des \u00celes, III. Mer d\u2019Alb\u00f3ran, 2023<\/em>, L\u2019Ogre, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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\u00ab Comment meurt-on ? En faisant beaucoup d\u2019histoires. La vie des morts est un r\u00e9cit sans fin. Les vivants ne font pas le poids, m\u00eame quand ils font tout pour se faire remarquer. Le silence et l\u2019invisibilit\u00e9 sont des leurres. La mer d\u2019Albor\u00e1n, l\u2019entre deux mers, selon son nom arabe, puisqu\u2019outre qu\u2019elle joint ce que les temps ont voulu s\u00e9parer \u00e0 tout prix, lie aussi la M\u00e9diterran\u00e9e et l\u2019Atlantique, nous attendait. Ainsi que l\u2019archipel des Bal\u00e9ares \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Que fait la politique d\u2019immigration europ\u00e9enne aux liens, aux familles et aux corps ? Que faire des corps des disparus de l\u2019exil et comment leur rendre la dignit\u00e9 humaine qui leur a \u00e9t\u00e9 ni\u00e9e jusque dans la mort ? Sur les c\u00f4tes de la mer d\u2019Albor\u00e1n, Marie Cosnay explore la question des morts sur les routes de l\u2019exil, le refus europ\u00e9en de leur accorder une inhumation ou un rapatriement dignes. Elle d\u00e9masque les meneurs d\u2019un commerce sordide, les vautours qui s\u2019enrichissent du d\u00e9sespoir des familles de disparus, autour de la recherche de ces corps, de leur identification et cherche inlassablement le fr\u00e8re de son ami Ryad, disparu en mer d\u2019Albor\u00e1n, en tentant de voir les bateaux, de mod\u00e9liser les naufrages, pour comprendre ces drames. <\/p>\n\n\n\n

Des \u00eeles (mer d\u2019Albor\u00e1n 2023)<\/em> est le dernier volume d\u2019une trilogie qui restera, comme un t\u00e9moignage au pr\u00e9sent de la p\u00e9riode que nous traversons, \u00e0 la fois \u00ab l\u2019instruction d\u2019un proc\u00e8s \u00e0 venir \u00bb et le r\u00e9cit d\u2019une catastrophe humanitaire. <\/p>\n\n\n\n

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Xavier Bouvet, Le Bateau blanc<\/em>, <\/em>Le Bruit du monde, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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\u00ab \u00c0 dix heures, Tallinn est vide, en suspension entre deux occupants. Ce silence d\u2019une heure, une heure pr\u00e9cis\u00e9ment, marque la c\u00e9sure entre quatre ann\u00e9es de guerre et une nouvelle occupation sovi\u00e9tique de cinquante ans. Dans la partition estonienne, ce n\u2019est m\u00eame pas une pause : un simple soupir \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

En septembre 1944, les Allemands fuient l’Estonie qu’ils occupaient depuis trois ans, tandis que l’Union sovi\u00e9tique s’appr\u00eate \u00e0 envahir de nouveau le petit \u00c9tat balte. Quelques Estoniens vont tenter de s\u2019infiltrer dans cet interstice pour former un gouvernement ind\u00e9pendant et restaurer la R\u00e9publique. Ils n\u2019ont que quelques jours pour r\u00e9aliser cette mission ; un navire envoy\u00e9 par la r\u00e9sistance en exil doit les sauver de la descente du rideau de fer. \u00c0 leur t\u00eate, l\u2019avocat Otto Tief, retir\u00e9 de la vie politique depuis dix ans, soucieux d\u2019accomplir son devoir et de retrouver sa famille \u00e0 Stockholm. Tief s\u2019engage aux c\u00f4t\u00e9s de son ami J\u00fcri Uluots, dernier Premier ministre d\u2019une R\u00e9publique condamn\u00e9e par l\u2019Union sovi\u00e9tique de Molotov et de Staline. Autour d\u2019eux cheminent la po\u00e9tesse Marie Under, prise au pi\u00e8ge d\u2019une capitale assi\u00e9g\u00e9e, et tous les destins soumis aux d\u00e9cisions impossibles, aux renoncements et au d\u00e9racinement. Captiv\u00e9 par le silence entourant ces \u00e9v\u00e9nements, Xavier Bouvet a souhait\u00e9 raconter le sursaut des individus face \u00e0 l’irruption de la violence et de l’inexorable, et d\u00e9crire les r\u00e9sonances intimes du fracas de l’Histoire. Il compose une fresque haletante, dont on ach\u00e8ve la lecture le c\u0153ur serr\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

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Sergue\u00ef Shikalov, Esp\u00e8ces dangereuses<\/em>, Seuil, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Un soir d’automne, un trentenaire russe est visit\u00e9 par des fant\u00f4mes. Fant\u00f4mes de sa jeunesse et de toutes les autres : celles et ceux qui crurent un temps que leur pays ne les rangeait plus dans la cat\u00e9gorie des esp\u00e8ces dangereuses, des \u00ab pervers sexuels \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

Il d\u00e9crit une Russie peu connue des Occidentaux, une Russie progressiste qui, le temps d’une d\u00e9cennie, a cru aux droits de l’homme et \u00e0 l’amour libre. Il \u00e9voque l’espoir fr\u00e9missant des jeunes Russes de ne plus faire semblant, d’\u00eatre enfin accept\u00e9s par leur famille et par la \u00ab patrie \u00bb. Pouvoir se tenir la main dans les rues de Moscou, oser embrasser son amoureux lors du premier concert de Myl\u00e8ne Farmer \u00e0 Saint-P\u00e9tersbourg, s’\u00e9blouir de l’Europe et des \u00c9tats-Unis, ouvrir grand les yeux sur les opportunit\u00e9s d’un monde nouveau. <\/p>\n\n\n\n

Esp\u00e8ces dangereuses<\/em> est le r\u00e9cit polyphonique d’un r\u00eave auquel \u00ab on \u00bb a cru ensemble. \u00ab On \u00bb, ce pronom qui n’existait pas dans sa jeunesse russe mais qui lui permet aujourd’hui d’y retourner en y emmenant tous les autres : les disparus, les oubli\u00e9s, les gomm\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Sergue\u00ef Shikalov s\u2019est install\u00e9 en France en 2016, apr\u00e8s l\u2019adoption de lois liberticides et discriminatoires visant les homosexuels en Russie. Il a \u00e9crit, directement en fran\u00e7ais, un premier roman fort sur cet exil, les ann\u00e9es de libert\u00e9 que sa g\u00e9n\u00e9ration a v\u00e9cues sans voir le pire arriver. R\u00e9cit d\u2019une m\u00e9moire qui exc\u00e8de la sienne, texte sociologique \u00e9mouvant, interrogation sur une communaut\u00e9 impossible, Esp\u00e8ces dangereuses d\u00e9passe ses enjeux propres par une pens\u00e9e de l\u2019usage de la langue et des formes du r\u00e9cit \u00bb. (Hugo Pradelle, En attendant Nadeau<\/em>)<\/p>\n\n\n\n

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Fatima Ouassak, Rue du passage<\/em>, JC Latt\u00e8s, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Au d\u00e9but des ann\u00e9es 1980, pour \u00e9chapper \u00e0 l\u2019\u00e9troitesse de son appartement, une enfant explore avec curiosit\u00e9 ce qui l\u2019entoure : son quartier, l\u2019\u00e9cole au bout de la rue, et l\u2019usine aux trois chemin\u00e9es o\u00f9 son p\u00e8re travaille. L\u2019enfant habite rue du Passage, au c\u0153ur d\u2019une communaut\u00e9 d\u2019habitants venus de l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 de la M\u00e9diterran\u00e9e. Pour la guider dans cet immense terrain de jeu, elle s\u2019est mis en t\u00eate de trouver son ange-gardien : serait-ce le passeur de cassettes, qui fait transiter des enregistrements audio d\u2019un continent \u00e0 l\u2019autre ? La doseuse d\u2019\u00e9pices, cette diva capricieuse ? Ou la caftani\u00e8re, dont le talent de couturi\u00e8re rach\u00e8te la mauvaise r\u00e9putation ? Au fil des aventures joyeuses de l\u2019enfant, ces m\u00e9tiers pr\u00e9cieux, et d\u2019autres encore, sont pour la premi\u00e8re fois nomm\u00e9s, et racont\u00e9s. Car sinon, qui s\u2019en souviendra ?<\/p>\n\n\n\n

Dans ce r\u00e9cit saisissant, \u00e0 la puissance \u00e9vocatrice, Fatima Ouassak restitue un monde rest\u00e9 aux marges de l\u2019Histoire et de la sociologie : la classe ouvri\u00e8re immigr\u00e9e. Rue du Passage<\/em> c\u00e9l\u00e8bre ces passeurs et passeuses, dont le travail a permis aux exil\u00e9s de faire communaut\u00e9, de survivre et de transmettre savoirs et r\u00e9sistance.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Convaincue de la force de l\u2019imagination, dans le sillage de Castoriadis, Ric\u0153ur ou Glissant \u2014 pour ne citer que des hommes \u2014, Fatima Ouassak travaille farouchement \u00e0 transmettre ce qu\u2019elle voit de merveilleux dans le monde, sans jamais dissoudre dans le conte l\u2019exp\u00e9rience r\u00e9elle de ceux qui le peuplent. La vie du quartier se d\u00e9roule, au rythme des naissances et des morts, des douleurs de l\u2019exil, des joies des retrouvailles \u00e0 la mosqu\u00e9e, dans le square de l\u2019\u00eele aux oiseaux \u2014 non sans lutte contre la municipalit\u00e9 \u2014 ou au moyen de cassettes qui dressent des ponts invisibles sur la M\u00e9diterran\u00e9e gr\u00e2ce \u00e0 un facteur boiteux qui n\u2019est pas sans rappeler le colosse de Rhodes, un pied sur chaque rive (ou presque) \u00bb. (Sir\u00eene Poirier, En attendant Nadeau<\/em>)<\/p>\n\n\n\n

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Guillaume Marie, Je vais entrer<\/em>, Jos\u00e9 Corti, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Il ne saisissait pas tellement l\u2019int\u00e9r\u00eat de vivre avec les gens. Il a su assez t\u00f4t qu\u2019il n\u2019y arriverait pas. Il n\u2019avait pas envie d\u2019apprendre un m\u00e9tier, de gagner de l\u2019argent, d\u2019avoir un savoir-faire ou m\u00eame de la beaut\u00e9. Il ne voyait pas pourquoi il aurait d\u00fb s\u00e9duire, les femmes ou bien les hommes, faire le beau, \u00eatre fort. Il s\u2019en fichait vraiment. C\u2019\u00e9tait quelqu\u2019un de tr\u00e8s doux. Vivre lui suffisait. Regarder le ciel, les rochers, les oiseaux. Le reste n\u2019\u00e9tait rien. Il n\u2019avait pas envie de s\u2019extraire de sa condition. Il n\u2019avait pas envie de conqu\u00e9rir quoi que ce soit.<\/p>\n\n\n\n

Sa vie durant, Beno\u00eet Labre parcourt l\u2019Europe \u00e0 pied, jusqu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9puisement. Dans Je vais entrer dans un pays<\/em>, Guillaume Marie retraverse avec justesse et d\u00e9pouillement son histoire, celle d\u2019une solitude au milieu du XVIIIe si\u00e8cle, qui se confronte d\u2019abord au rejet de tous puis devient, \u00e0 l\u2019encontre de ce qu\u2019il cherche, un objet de fascination.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Peut-on encore composer des \u201cvies de saints\u201d, comme il y a mille ans ? Apr\u00e8s Christian Bobin, Pascal Quignard, Pierre Michon et quelques autres, Guillaume Marie se confronte \u00e0 ce d\u00e9fi, et le r\u00e9sultat est plus que convaincant : extr\u00eamement touchant. Ici, pas de miracles hautement glorifi\u00e9s, ni de pieuses exag\u00e9rations destin\u00e9es \u00e0 l\u2019\u00e9dification des fid\u00e8les. Pour cette hagiographie contemporaine, l\u2019auteur se place au ras du sol, l\u00e0 o\u00f9 avancent p\u00e9niblement les pieds noirs de crasse de son personnage, ce jeune homme roux et maigre en rupture de ban […] : Beno\u00eet-Joseph Labre (1748-1783), le saint patron des vagabonds et des d\u00e9labr\u00e9s en tout genre, canonis\u00e9 en 1881. Un c\u0153ur pur en qui l\u2019auteur semble vouloir trouver un fr\u00e8re \u00bb. (Denis Cosnard, Le Monde des Livres<\/em>)<\/p>\n\n\n\n

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Ma\u0142gorzata I. Niemczy\u0144ska, Borys<\/em>, Mando, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Lorsqu’Isaac retourne dans son appartement encombr\u00e9, il le trouve inopin\u00e9ment compl\u00e8tement vide. Que s’est-il pass\u00e9 ici ? Dans une ville \u00e9trange, sans nom, soumise \u00e0 l’\u00e9tat d’urgence depuis des temps imm\u00e9moriaux, les gens sont porteurs d’un grand myst\u00e8re. Tout le monde parle de Boris, tout le monde le cherche. Qui est cet homme insaisissable ? Un premier roman courageux de l’auteur de Mro\u017cek. Le strip-tease d’un n\u00e9vros\u00e9<\/em>.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab Boris ou un jour d’\u00e9t\u00e9<\/em> de Ma\u0142gorzata I. Niemczy\u0144ska est un roman sur une ville baln\u00e9aire gouvern\u00e9e par l’omnipr\u00e9sent Boris et dans laquelle l’\u00e9tat d’urgence pr\u00e9vaut depuis des ann\u00e9es. \u00c0 l’instar de Tomasz R\u00f3\u017cycki dans Les voleurs d’ampoules<\/em> et de Georgi Gospodinov dans L’abri du temps<\/em>, l’auteur recr\u00e9e avec succ\u00e8s le climat et les sp\u00e9cificit\u00e9s de la d\u00e9pression d’Europe centrale \u00bb. (Karolina Felberg, Kultura Liberalna<\/em>)<\/p>\n\n\n\n

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Maciej Jakubowiak, Hanka<\/em>, Czarne, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
\n \n \t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\r\n\t<\/picture>\r\n \n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n\n\n

Il y a d’abord eu Albina. Elle a suivi quelques cours \u00e0 l’\u00e9cole du village, mais son p\u00e8re ne lui a pas permis d’aller plus loin. Ensuite, il y a eu Hanka, d\u00e9j\u00e0 titulaire d’un dipl\u00f4me d’\u00e9tudes secondaires, employ\u00e9e de bureau \u00e0 la mine, et m\u00eame sportive dans sa jeunesse. Et apr\u00e8s Hanka, il y a Maciek, qui a fait de bonnes \u00e9tudes et qui fait partie de l’intelligentsia urbaine. \u00c0 premi\u00e8re vue, il s’agit d’une histoire exemplaire de promotion dans le contexte du XXe si\u00e8cle. Cependant, une question troublante traverse les pages de cet essai autobiographique : s’agit-il vraiment d’une promotion ? Car, apr\u00e8s tout, pour parler d\u2019une vie meilleure, il faut supposer que la pr\u00e9c\u00e9dente \u00e9tait pire. Et quand on reconna\u00eet qu’on est enfin devenu quelqu’un, on suppose tacitement que ses pr\u00e9d\u00e9cesseurs dans le relais des g\u00e9n\u00e9rations \u00e9taient des moins que rien. <\/p>\n\n\n\n

Maciej Jakubowiak prend sa propre famille comme un cas d\u2019\u00e9tude, mais il utilise sa propre histoire comme point de d\u00e9part d’une r\u00e9flexion plus large sur la promotion sociale. Quel r\u00f4le l’\u00e9ducation, l’\u00c9tat et le travail jouent-ils r\u00e9ellement ? Que nous laisse-t-il : les histoires des parents et des grands-parents, l’attitude face \u00e0 l’argent et aux voyages, ou peut-\u00eatre le ventre ? Et comment d\u00e9crire le fait que, bien que les choses aillent mieux, elles n’ont peut-\u00eatre pas tout \u00e0 fait fonctionn\u00e9 ? <\/p>\n\n\n\n

\u00ab Si, comme moi, vous attendiez un Eribon polonais, le voici. Cet essai magnifiquement \u00e9crit raconte l’histoire d’une famille ordinaire et explique comment la pauvret\u00e9 et l’exclusion ont frapp\u00e9 plusieurs g\u00e9n\u00e9rations de Polonais. Hanka, qui se sentait nulle, a eu de la chance : un fils talentueux qui voyait en elle une grande h\u00e9ro\u00efne litt\u00e9raire. Mais c’est lui qui a une dette envers elle, et c’est aussi ce dont parle ce livre. Plein d’esprit, \u00e9mouvant et important \u00bb. (Joanna Kuciel-Frydryszak)<\/p>\n\n\n\n

Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n

Wit Szostak, Rumowiska<\/em>, Powergraph, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
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Les \u00ab d\u00e9bris \u00bb (Rumowiska<\/em>) sont des ruisseaux nombreux, avec chacun sa propre source. Il y a l’histoire du grand-p\u00e8re Tomasz, opposant clandestin et d\u00e9put\u00e9, les secrets de la grand-m\u00e8re Helena et de leur petit-fils. C’est l’histoire d’une maison pleine de souvenirs, d’objets m\u00e9morables, de secrets cach\u00e9s et de locataires myst\u00e9rieux. C’est l’histoire de ceux dont on n’a jamais parl\u00e9 \u00e0 voix haute dans la famille. Ces histoires peuvent-elles se rencontrer et se croiser, se fondre en une seule rivi\u00e8re ? Ou resteront-elles \u00e0 jamais s\u00e9par\u00e9es ?<\/p>\n\n\n\n

Se fondant dans le courant du roman, Rumowiska <\/em>est un essai sur la rivi\u00e8re \u00e0 la fa\u00e7on d\u2019un \u00c9lis\u00e9e Reclus autant qu’une histoire sur les petites gens, pleine de m\u00e9andres et d’embranchements que l’on d\u00e9couvre \u00e0 la vol\u00e9e. Faut-il voir dans ces histoires des formes illustr\u00e9es de l\u2019essai ? Qui raconte vraiment ces vies minuscules, et d\u2019o\u00f9 nous viennent-elles ?<\/p>\n\n\n\n

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Marta Hermanowicz, Koniec<\/em>, Artrage, 2024<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
\n \n \t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\r\n\t<\/picture>\r\n \n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n\n\n

Un roman m\u00e9taphysique et blasph\u00e9matoire sur la trag\u00e9die de la guerre, qui ne se termine pas avec la signature des trait\u00e9s de paix, mais reste dans ses victimes et se transmet aux g\u00e9n\u00e9rations suivantes. Malwina, une jeune fille dot\u00e9e d’une sensibilit\u00e9 extraordinaire, fait des r\u00eaves de guerre \u2014 souvenirs de sa grand-m\u00e8re \u2014 ce qui la fait vivre simultan\u00e9ment dans deux r\u00e9alit\u00e9s, celle de la guerre (principalement celle du Kresy et de Sib\u00e9rie) et celle de la Pologne des ann\u00e9es 1990. <\/p>\n\n\n\n

Les r\u00e9alit\u00e9s s’interp\u00e9n\u00e8trent, se chevauchent. Malwina, l’attrape-r\u00eaves de sa grand-m\u00e8re, qui a surv\u00e9cu \u00e0 la tourmente de la guerre, devient une sorte de dibbouk<\/em> qui donne la parole aux morts. Pour elle, la guerre continue sur les fronts de la nuit et du jour. Une prose puissante, \u00e9mouvante et brillamment construite.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Lire plus<\/a><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Charles Quint prend le large. Tallinn se vide. On intrigue \u00e0 Paris.<\/p>\n

Pour accompagner votre \u00e9t\u00e9, nous avons s\u00e9lectionn\u00e9 22 r\u00e9cits curieux et nouveaux parus en allemand, espagnol, italien, fran\u00e7ais et polonais.<\/p>\n

La s\u00e9lection des candidats en lice pour le Prix Grand Continent sera annonc\u00e9e \u00e0 l’automne.<\/p>\n","protected":false},"author":18253,"featured_media":238843,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":true,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1734],"tags":[],"geo":[1917],"person":[],"acf":[],"yoast_head":"\nLitt\u00e9rature europ\u00e9enne: la s\u00e9lection d'\u00e9t\u00e9 du Grand Continent | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2024\/07\/21\/litteratures-europeennes-la-selection-dete-du-grand-continent\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Litt\u00e9rature europ\u00e9enne: la s\u00e9lection d'\u00e9t\u00e9 du Grand Continent | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Charles Quint prend le large. 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