Romano Prodi<\/strong><\/h4>\n\n\n\nC’\u00e9tait un moment agr\u00e9able. Michel Barnier a bien d\u00e9crit le fonctionnement de notre Commission. Il n’y a eu aucun probl\u00e8me, m\u00eame avec les Britanniques. La Grande-Bretagne \u00e9tait diff\u00e9rente, mais nos commissaires britanniques collaboraient \u00e9troitement avec nous.<\/p>\n\n\n\n
C’\u00e9tait une situation incroyable. Je dois vous dire qu’\u00e0 mon avis, la fin de tout cela a \u00e9t\u00e9 le vote fran\u00e7ais de 2005 sur la Constitution europ\u00e9enne, parce qu’il s’agissait d’un message politique fort. Je me souviens de la fa\u00e7on dont nous avons travaill\u00e9 pour avoir un pr\u00e9sident fran\u00e7ais de la Commission, de la fa\u00e7on dont nous avons travaill\u00e9 pendant des ann\u00e9es pour essayer d’arrondir les angles. Et puis, pour moi, le r\u00e9f\u00e9rendum a \u00e9t\u00e9 une douche froide.<\/p>\n\n\n\n
C’\u00e9tait un peu comme un signal d’arr\u00eat. La crise financi\u00e8re a \u00e9t\u00e9 l’\u00e9tape d’apr\u00e8s. Et il est clair qu’au cours de la deuxi\u00e8me p\u00e9riode de cinq ans, il y a eu le changement dans l\u2019\u00e9quilibre de pouvoir entre la Commission et le Conseil, ce qui a constitu\u00e9 un autre message.<\/p>\n\n\n\n
Aujourd’hui, je dois vous dire franchement que nous vivons un moment difficile parce que les gens aiment l’Europe lorsque l’Europe fait quelque chose de fort. Lorsque l’euro a \u00e9t\u00e9 discut\u00e9, il a \u00e9t\u00e9 bl\u00e2m\u00e9, mais il a donn\u00e9 l’impression que l’Europe comptait. Avec l’institution que nous avons actuellement, il n’y a aucun moyen de le faire. Et les gens en auront assez. Contrairement \u00e0 Michel Barnier, je pense qu’apr\u00e8s le Brexit, aucun pays ne sortira de l’Europe et je fais le pari que dans vingt ans, le Royaume-Uni y reviendra.<\/p>\n\n\n\n
Viktor Orb\u00e1n a tout fait sauf les d\u00e9marches pour \u00eatre oblig\u00e9 de sortir de l\u2019Union. On ne peut pas continuer dans cette situation o\u00f9 l’Europe est un bon pain mais seulement \u00e0 moiti\u00e9 cuit. Le pain \u00e0 moiti\u00e9 cuit, c\u2019est horrible. Il faut tout cuire ! Et cela, je pense, est entre les mains des Fran\u00e7ais.<\/p>\n\n\n\nViktor Orb\u00e1n a tout fait sauf les d\u00e9marches pour \u00eatre oblig\u00e9 de sortir de l\u2019Union.<\/p>Romano Prodi<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\nLes raisons en sont tr\u00e8s simples. Nous avons besoin d’une politique \u00e9trang\u00e8re et d’une politique militaire, puis d’une politique industrielle, comme Pascal l’a d\u00e9j\u00e0 dit, et l’arm\u00e9e et l’union politique sont entre les mains des Fran\u00e7ais. Vous avez mentionn\u00e9 le Conseil de s\u00e9curit\u00e9. Si l’Europe pouvait faire partie du Conseil de s\u00e9curit\u00e9, nous pourrions avoir une position tr\u00e8s forte dans la guerre en Ukraine. Et l’arme nucl\u00e9aire est entre les mains des Fran\u00e7ais. Si la France transf\u00e8re ces deux pouvoirs \u00e0 l’Europe, l’Europe sera imm\u00e9diatement transform\u00e9e et la France sera plus puissante, beaucoup plus puissante. Pouvez-vous croire que la Turquie a jou\u00e9 un r\u00f4le de m\u00e9diateur dans la guerre en Ukraine et que l’Europe ne l’a jamais fait ? Regardez la Libye : la Sardaigne est plus proche de l’Afrique que de l’Italie continentale et en Libye, le pouvoir est partag\u00e9 entre la Russie qui repr\u00e9sente 80 % du PIB italien et la Turquie qui repr\u00e9sente 80 % du PIB espagnol.\u00a0<\/p>\n\n\n\n
Nous sommes idiots et nous avons besoin d’un changement politique : c’est entre les mains des Fran\u00e7ais.<\/p>\n\n\n\n
La France devrait-elle c\u00e9der son si\u00e8ge au Conseil de s\u00e9curit\u00e9 \u00e0 l’Union ? La Grande-Bretagne devrait-elle r\u00e9int\u00e9grer l’Union ? Quelles sont vos conclusions ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\nMichel Barnier<\/strong><\/h4>\n\n\n\nJe souhaite simplement rappeler un fait concernant l’\u00e9largissement : il doit demeurer acceptable par les peuples. Cependant, nous suivons la voie qui a \u00e9t\u00e9 confirm\u00e9e par le Conseil europ\u00e9en concernant le processus d’adh\u00e9sion de l’Ukraine et d’autres pays. Je souligne que dans le trait\u00e9 de l’Union, il existe des clauses de solidarit\u00e9, notamment l’article 4 et d’autres dispositions qui ne sont pas simplement th\u00e9oriques ou virtuelles.<\/p>\n\n\n\n
Cela ne signifie pas qu’il faut acc\u00e9l\u00e9rer ou prendre des raccourcis, mais pour revenir \u00e0 ma conclusion, \u00ab make the proof of Europe again<\/em> \u00bb, \u00e0 travers cet exercice, non pas dans une perspective d’auto-flagellation, ce en quoi je suis d’accord avec Pascal, mais d’auto-critique objective et de lucidit\u00e9, dans le but de reprendre un conseil de Jean-Claude Juncker : \u00ab qu\u2019on s\u2019occupe davantage des grands sujets et un tout petit moins des tout petits sujets. \u00bb<\/p>\n\n\n\nLes grands sujets, ce sont d\u2019abord la s\u00e9curit\u00e9. Nous devons assurer notre d\u00e9fense pour nous-m\u00eames, surtout dans la perspective o\u00f9 un changement \u00e0 Washington remettrait en question l\u2019OTAN telle que nous la connaissons. Je recommande d\u2019anticiper cette situation. Ensuite, il y a le changement climatique, le march\u00e9 unique, et puis le contr\u00f4le de l\u2019immigration. Il y a de grands sujets o\u00f9 nous devons faire la preuve que nous sommes mieux ensemble que chacun chez soi \u2014\u00a0ou chacun pour soi. C\u2019est cela qui doit \u00eatre fait dans les trois ans qui viennent.\u00a0<\/p>\n\n\n\n
Romano Prodi, bien \u00e9videmment un autre Brexit n\u2019est pas probable aujourd\u2019hui. Mais je ne sais pas comment on appellera l\u2019\u00e9lection de Marine Le Pen comme pr\u00e9sidente de la France. Il faut anticiper cette situation, qui para\u00eet improbable aujourd\u2019hui, comme le Brexit \u00e9tait improbable. Il ne suffira pas de dire que Marine Le Pen est d\u2019extr\u00eame droite pour la battre. Cette rh\u00e9torique ne marche plus. Il faut d\u00e9montrer la valeur ajout\u00e9e de l\u2019Europe. <\/p>\n\n\n\n