{"id":214765,"date":"2024-01-11T18:00:00","date_gmt":"2024-01-11T17:00:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=214765"},"modified":"2024-03-17T18:36:22","modified_gmt":"2024-03-17T17:36:22","slug":"lautonomie-strategie-par-lunion-des-marches-de-capitaux","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2024\/01\/11\/lautonomie-strategie-par-lunion-des-marches-de-capitaux\/","title":{"rendered":"L\u2019autonomie strat\u00e9gique passe par l\u2019Union des march\u00e9s de capitaux"},"content":{"rendered":"\n

Les d\u00e9clarations du Conseil des chefs d\u2019\u00c9tats et de gouvernement de Versailles et de Grenade donnent comme objectif \u00e0 l\u2019Union europ\u00e9enne d\u2019accro\u00eetre son autonomie strat\u00e9gique dans de nombreux secteurs cl\u00e9s (d\u00e9fense, \u00e9nergie, sant\u00e9, cha\u00eenes logistiques\u2026) en renfor\u00e7ant sa base \u00e9conomique propre au moyen d\u2019une \u00e9conomie d\u00e9carbon\u00e9e et digitale tir\u00e9e par l\u2019innovation. En fixant ce cap, les d\u00e9cideurs politiques europ\u00e9ens replacent le March\u00e9 unique au c\u0153ur de l\u2019avenir de l\u2019Union en lui donnant une dimension nouvelle. <\/p>\n\n\n\n

Apr\u00e8s s\u2019\u00eatre initialement constitu\u00e9 comme un March\u00e9 int\u00e9rieur<\/a>, en supprimant des barri\u00e8res douani\u00e8res et administratives pour permettre la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes, ce dernier est devenu un March\u00e9 unique pour progressivement int\u00e9grer ses march\u00e9s. Il aspire aujourd\u2019hui \u00e0 devenir un tissu industriel et de services plus comp\u00e9titif, durable et digital. Mais, tout en poursuivant ces objectifs en restant ouvert, il lui faut d\u00e9sormais int\u00e9grer le besoin de se d\u00e9velopper en r\u00e9duisant ses d\u00e9pendances ext\u00e9rieures afin de devenir un bloc \u00e9conomique autosuffisant. C\u2019est l\u00e0 l\u2019\u00e9tape indispensable pour pouvoir affirmer sa souverainet\u00e9 voire pour, un jour, d\u00e9ployer une puissance<\/a> <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n

Cette ambition exige de planifier l\u2019\u00e9volution de multiples \u00e9cosyst\u00e8mes qui composent le March\u00e9 unique et d\u2019assurer le financement d\u2019une triple transition vers une \u00e9conomie plus durable, digitale et souveraine. Or \u00e0 ce jour, les Institutions de l\u2019Union n\u2019ont pas int\u00e9gr\u00e9 cette double exigence dans leurs modes de fonctionnement.  Trop souvent encore, l\u2019Union l\u00e9gif\u00e8re sans s\u2019interroger sur l\u2019\u00e9cosyst\u00e8me qui sous-tend ses objectifs et retarde toujours \u00e0 demain le moment de doter la monnaie unique d\u2019une v\u00e9ritable Union bancaire et d\u2019une Union des march\u00e9s de capitaux (UMC) efficiente. Ces deux unions sont d\u00e9sormais des conditions n\u00e9cessaires \u00e0 l\u2019autonomie strat\u00e9gique de l\u2019Union.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019Union l\u00e9gif\u00e8re sans s\u2019interroger sur l\u2019\u00e9cosyst\u00e8me qui sous-tend ses objectifs et retarde toujours \u00e0 demain le moment de doter la monnaie unique d\u2019une v\u00e9ritable Union bancaire et d\u2019une Union des march\u00e9s de capitaux efficiente.<\/p>Fabrice Demarigny<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Au vrai, ces deux piliers de financement ont \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9s (ou renforc\u00e9s) plus pour r\u00e9pondre \u00e0 des crises financi\u00e8res que pour \u00eatre les axes financiers d\u2019une strat\u00e9gie d\u2019autosuffisance \u00e9conomique. L\u2019UMC a \u00e9t\u00e9 politiquement mise en avant pour r\u00e9duire la d\u00e9pendance du financement des \u00e9conomies et des entreprises au cr\u00e9dit bancaire et pour inclure les capitaux priv\u00e9s dans une meilleure r\u00e9partition des risques. Autrement dit, pour que le prix des crises ne p\u00e8se plus exclusivement sur les contribuables venant au secours des banques d\u00e9faillantes au d\u00e9triment d\u2019autres d\u00e9penses publiques \u2014 le tout n\u2019\u00e9tant plus d\u00e9mocratiquement acceptable. M\u00eame le Brexit, qui a fait sortir du March\u00e9 unique son principal centre financier, n\u2019a pas conduit les dirigeants de l\u2019Union \u00e0 hisser l\u2019Union bancaire et l\u2019UMC parmi leurs priorit\u00e9s phares \u2014 celles pour lesquelles les \u00c9tats membres sont capables de d\u00e9passer la d\u00e9fense de leurs int\u00e9r\u00eats propres pour b\u00e2tir des outils communs \u00e0 chacun b\u00e9n\u00e9fiques. <\/p>\n\n\n\n

Limit\u00e9e \u00e0 l\u2019ambition d\u2019une libre circulation des services financiers et du capital, l\u2019UMC a connu deux cycles l\u00e9gislatifs qui se sont traduits par l\u2019actualisation r\u00e9p\u00e9t\u00e9e \u2014 et souvent r\u00e9p\u00e9titive\u2026 \u2014 de textes existants, par l\u2019\u00e9mergence d\u2019une finance verte orientant l\u2019\u00e9pargne et les financements vers des objectifs de durabilit\u00e9 (environnementaux, sociaux et de gouvernance, ESG) et enfin, par un d\u00e9saccord pour confier \u00e0 un superviseur unique de march\u00e9s financiers des comp\u00e9tences cl\u00e9s. Ainsi, les \u00c9tats membres pr\u00e9f\u00e8rent laisser s\u2019installer une concurrence bas\u00e9e sur l\u2019intensit\u00e9 de supervision de leurs places financi\u00e8res nationales. <\/p>\n\n\n\n

De ces efforts l\u00e9gislatifs intenses, il ne r\u00e9sulte malheureusement que peu de r\u00e9alit\u00e9s tangibles sur le terrain. La part du financement des \u00e9conomies par les march\u00e9s stagne dans l\u2019Union, et l\u2019\u00e9pargne des m\u00e9nages ne finance toujours pas ses grandes ambitions de long terme.<\/p>\n\n\n\n

La taille relative de l\u2019Union dans les march\u00e9s de capitaux globaux s\u2019est r\u00e9duite \u2014 passant de 18 % \u00e0 10 % en 16 ans.<\/p>Fabrice Demarigny<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Pire, la taille relative de l\u2019Union dans les march\u00e9s de capitaux globaux s\u2019est r\u00e9duite \u2014 passant de 18 % \u00e0 10 % en 16 ans \u2014 et la part des entreprises europ\u00e9ennes dans la capitalisation boursi\u00e8re des 100 plus grandes entreprises mondiales est pass\u00e9e de 11 % \u00e0 5 % en 7 ans.<\/p>\n\n\n\n

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