{"id":208301,"date":"2023-11-15T12:30:00","date_gmt":"2023-11-15T11:30:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=208301"},"modified":"2023-11-16T11:43:53","modified_gmt":"2023-11-16T10:43:53","slug":"recension-de-louvrage-de-xiaohong-xiao-planes-revolution-socialiste-en-chine-gouvernance-et-discordances-peter-lang-2023","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2023\/11\/15\/recension-de-louvrage-de-xiaohong-xiao-planes-revolution-socialiste-en-chine-gouvernance-et-discordances-peter-lang-2023\/","title":{"rendered":"La \u00ab R\u00e9volution socialiste \u00bb en Chine. Une lecture"},"content":{"rendered":"\n

Pour les historiens de la Chine contemporaine, la parution discr\u00e8te \u00e0 l\u2019automne 2023 du dernier ouvrage de Xiaohong Xiao-Planes est un outil pr\u00e9cieux pour appr\u00e9hender les m\u00e9andres des politiques mao\u00efstes men\u00e9es depuis la fondation de la RPC en 1949. Intitul\u00e9 \u00ab R\u00e9volution socialiste \u00bb en Chine : Gouvernance et discordances,<\/em> l\u2019ouvrage de la sinologue qui fut Professeur d\u2019histoire contemporaine \u00e0 l\u2019INALCO et membre associ\u00e9 du Centre de recherche sur la Chine moderne et contemporaine de l\u2019EHESS, est \u00e0 coup s\u00fbr d\u2019un int\u00e9r\u00eat majeur. S\u2019il se conclut sur le mandat inachev\u00e9 de Xi Jinping dont les m\u00e9thodes de gouvernance autoritaires sont clairement \u00e9tablies, les chapitres les plus novateurs concernent l\u2019\u00e9poque mao\u00efste (1949-1976) dont se r\u00e9clame largement le pouvoir actuel. Pour l\u2019auteure, l\u2019ouvrage s\u2019inscrit un peu comme l\u2019aboutissement d\u2019un long parcours de recherche en histoire de la Chine contemporaine en d\u00e9pit de travaux ant\u00e9rieurs en histoire sociale sur Jaur\u00e8s face aux mouvements des gr\u00e8ves (1885-1914)<\/em>, th\u00e8se soutenue \u00e0 Toulouse en 1990 sous la direction de Rolande Tremp\u00e9. Par la suite, Xiaohong Xiao-Planes a surtout consacr\u00e9 ses travaux \u00e0 l\u2019histoire de la Chine dont une th\u00e8se soutenue en 1997 : La Soci\u00e9t\u00e9 G\u00e9n\u00e9rale d’\u00c9ducation du Jiangsu et son r\u00f4le dans l’\u00e9volution socio-politique chinoise de 1905 \u00e0 1914<\/em>. Par ses nombreuses \u00e9tudes minutieuses d\u2019histoire sociale, urbaine et politique en collaboration parfois avec d\u2019autres grands noms de la sinologie fran\u00e7aise, l\u2019historienne est devenue l\u2019une des figures les plus talentueuses en mati\u00e8re de recherche sur la Chine moderne. Son ouvrage co-sign\u00e9 avec Alain Roux Histoire de la R\u00e9publique Populaire de Chine – De Mao Zedong \u00e0 Xi Jinping<\/em> (Armand Colin) est aujourd\u2019hui un manuel de r\u00e9f\u00e9rence incontournable pour quiconque s\u2019int\u00e9resse \u00e0 l\u2019histoire de ce pays.<\/p>\n\n\n\n

Alors que l\u2019historiographie sur la Chine communiste est aujourd\u2019hui domin\u00e9e outrageusement par la production anglo-saxonne, il faut saluer le travail remarquable effectu\u00e9 par la recherche en langue fran\u00e7aise dans le renouvellement des connaissances et des probl\u00e9matiques sur une puissance majeure du XXIe si\u00e8cle que l\u2019actualit\u00e9 met en lumi\u00e8re constamment, mais dont l\u2019histoire fine est finalement mal connue du grand public. Les deux volumes monumentaux de l\u2019Empire terrestre<\/em> d\u2019Yves Chevrier (le pr\u00e9facier du livre) l\u2019ont rappel\u00e9 magistralement r\u00e9cemment. L\u2019ouvrage de Xiaohong Xiao-Planes se pr\u00e9sente avant tout comme un recueil choisi d\u2019un ensemble de travaux de recherche r\u00e9alis\u00e9s depuis plusieurs ann\u00e9es et publi\u00e9s dans des revues ou ouvrages plus ou moins diss\u00e9min\u00e9s et faciles d\u2019acc\u00e8s pour le grand public. La publication de recueils d\u2019articles de recherche acad\u00e9mique n\u2019est pas toujours une r\u00e9ussite quand l\u2019ensemble manque de coh\u00e9rence et s\u2019apparente davantage \u00e0 un agr\u00e9gat de varia.  Xiaohong Xiao-Planes r\u00e9ussit le pari au contraire de fixer un fil directeur clair et original  : proposer une histoire de la premi\u00e8re Chine populaire par des th\u00e9matiques en apparence diverses, mais qui donnent \u00e0 comprendre et \u00e0 penser le fonctionnement de la gouvernance, des r\u00e9sistances et des luttes de pouvoir (discordances) dans la Chine mao\u00efste. <\/p>\n\n\n\n

Xiaohong Xiao-Planes r\u00e9ussit le pari au contraire de fixer un fil directeur clair et original  : proposer une histoire de la premi\u00e8re Chine populaire par des th\u00e9matiques en apparence diverses, mais qui donnent \u00e0 comprendre et \u00e0 penser le fonctionnement de la gouvernance, des r\u00e9sistances et des luttes de pouvoir (discordances) dans la Chine mao\u00efste.<\/p>St\u00e9phane Malsagne<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La conclusion de l\u2019ouvrage qui s\u2019ach\u00e8ve sous la pr\u00e9sidence de Xi Jinping (2012\u2026) qualifi\u00e9 de \u00ab  leader ambitieux, redoutable et redout\u00e9  \u00bb, appara\u00eet comme un jeu de miroirs avec l\u2019\u00e9poque mao\u00efste. Dans la Chine de Xi o\u00f9 le chef et le parti sont tout puissants et l\u2019opinion publique r\u00e9duite au silence, il est inimaginable d\u2019apr\u00e8s l\u2019auteure que \u00ab  tout ce monde se soumettre \u00e0 la ligne \u00e9dict\u00e9e par le parti sans manifester de m\u00e9contentement ni de sourdes r\u00e9sistances  \u00bb. La gestion calamiteuse de l\u2019\u00e9pid\u00e9mie de Covid 19 fut \u00e0 ce titre r\u00e9v\u00e9latrice.  L\u2019\u00e9tude des r\u00e9sistances multiples dans la Chine de Xi reste \u00e0 \u00e9crire, mais l\u2019historienne s\u2019appuie sur les nombreux pr\u00e9c\u00e9dents de l\u2019\u00e8re mao\u00efste pour affirmer, telle une proph\u00e9tie, que l\u2019on aurait tort de croire que l\u2019exceptionnel pouvoir cumul\u00e9 par Xi sera \u00e9pargn\u00e9 par les discordances et les luttes de lignes et de clans. <\/p>\n\n\n\n

Afin d\u2019\u00e9tayer cette hypoth\u00e8se, le retour vers l\u2019histoire de l\u2019\u00e8re mao\u00efste sert de r\u00e9f\u00e9rent.  Pour cela, l\u2019historienne parvient \u00e0 mobiliser et \u00e0 croiser l\u2019ensemble des facettes de la discipline  : le politique, le social, l\u2019\u00e9conomie, la sociologie, l\u2019histoire urbaine et l\u2019approche prosopographique et autobiographique. L\u2019ouvrage n\u2019est pas con\u00e7u de fa\u00e7on strictement chronologique (la dimension th\u00e9matique l\u2019emporte), mais les chapitres peuvent se lire ais\u00e9ment et ind\u00e9pendamment les uns des autres. <\/p>\n\n\n\n

Tout en partant des origines de la RPC en 1949, l\u2019historienne revisite l\u2019histoire de son pays d\u2019origine jusqu\u2019\u00e0 nos jours. Si l\u2019\u00e8re des r\u00e9formes et de l\u2019ouverture (inaugur\u00e9e par le 3e<\/sup> pl\u00e9num du XIe congr\u00e8s du PCC en d\u00e9cembre 1978 qui voit le triomphe de Deng Xiaoping) est bien pr\u00e9sent\u00e9e, l\u2019auteure s\u2019attarde particuli\u00e8rement sur des moments saillants des premi\u00e8res d\u00e9cennies de l\u2019histoire de la Chine communiste  : la prise de pouvoir par le PCC en 1949 et ses modalit\u00e9s, les premi\u00e8res grandes purges politiques du d\u00e9but des ann\u00e9es 1950, le Grand Bond en avant (1958-1961) et la R\u00e9volution culturelle (1966-1976). Ces p\u00e9riodisations scand\u00e9es dans les chapitres successifs servent de toiles de fond pour aborder des sujets novateurs. Loin d\u2019\u00eatre une histoire politique classique de la RPC, l\u2019auteure propose une approche originale par les gens ordinaires et les  acteurs politiques, \u00e9conomiques et sociaux qui n\u2019ont pas toujours jusque-l\u00e0 attir\u00e9 une attention suffisante  : des cadres du parti moins expos\u00e9s aux projecteurs que les plus hauts dirigeants, \u00e0 travers l\u2019exemple de Deng Zihui (1896-1972), les milieux urbains industriels, via l\u2019exemple de Li Kangnian (1898-1964), les milieux marchands et commer\u00e7ants \u00e0 partir de la remarquable \u00e9tude sur les commer\u00e7ants-artisans de nouilles et de sauce de soja \u00e0 Shanghai dans les ann\u00e9es 1950. <\/p>\n\n\n\n

Loin d\u2019\u00eatre une histoire politique classique de la RPC, l\u2019auteure propose une approche originale par les gens ordinaires et les  acteurs politiques, \u00e9conomiques et sociaux qui n\u2019ont pas toujours jusque-l\u00e0 attir\u00e9 une attention suffisante<\/p>St\u00e9phane Malsagne<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La cat\u00e9gorie des victimes du r\u00e9gime mao\u00efste est \u00e9galement omnipr\u00e9sente. Elle appara\u00eet notamment dans l\u2019essai d\u2019\u00e9go-histoire fascinant et \u00e9mouvant que propose l\u2019auteure en fin d\u2019ouvrage au moment de la R\u00e9volution culturelle. Celle-ci co\u00fbta la vie \u00e0 pr\u00e8s de 20 millions de chinois et entra\u00eena des cons\u00e9quences \u00e9conomiques et sociales dramatiques. Shangha\u00efenne, Xiaohong-Xiao-Planes fut embrigad\u00e9e parmi les gardes rouges et fut t\u00e9moin et victime du d\u00e9cha\u00eenement de violences et de souffrances qui s\u2019abattit sur des pans entiers de la soci\u00e9t\u00e9.  Emprisonn\u00e9e un court moment au d\u00e9but de l\u2019ann\u00e9e 1967, elle fut envoy\u00e9e par la suite comme des millions de jeunes instruits en camp de r\u00e9\u00e9ducation rurale, d\u2019abord en Mandchourie puis dans la province du Zhejiang qu\u2019elle ne quitta qu\u2019en 1978. Si l\u2019auteure \u00ab  ne garde pas un trop mauvais souvenir  \u00bb de sa vie carc\u00e9rale et parvint \u00e0 sortir relativement indemne de son exp\u00e9rience de jeune instruite, tel ne fut pas le cas de millions de jeunes Chinois \u00e0 cette \u00e9poque, comme l\u2019ont si bien montr\u00e9 les travaux de Michel Bonnin et plus r\u00e9cemment de Jiawen Sun. Apr\u00e8s ces ann\u00e9es d\u2019\u00e9preuves individuelles et de d\u00e9sastre collectif, le parcours universitaire brillant que Xiaohong-Xiao entama par la suite comme historienne en France ne peut que susciter l\u2019admiration.<\/p>\n\n\n\n

Bastion des radicaux de la future Bande des Quatre et lieu de formation d\u2019une Commune r\u00e9volutionnaire en janvier 1967, Shanghai est un v\u00e9ritable personnage du livre au c\u0153ur des \u00e9tudes de cas pr\u00e9sent\u00e9es par l\u2019historienne. La monographie tr\u00e8s d\u00e9taill\u00e9e sur \u00ab  Shanghai dans l\u2019exp\u00e9rience socialiste  \u00bb (1949-1978) (chapitre 5) vient compl\u00e9ter avec bonheur les \u00e9tudes que Christian Henriot, Fran\u00e7oise Ged et Marie-Claire Berg\u00e8re (Histoire de Shanghai<\/em>, Fayard, 2002) ont consacr\u00e9 jadis \u00e0 la plus internationale des villes chinoises. L\u2019auteure rappelle qu\u2019apr\u00e8s une passation du pouvoir civil pacifique \u00e0 partir de 1949, l\u2019ordre communiste a fini par s\u2019imposer avec brutalit\u00e9 dans la ville (\u00e9limination de l\u2019influence occidentale, r\u00e9pression contre-r\u00e9volutionnaire, \u00ab  campagne de r\u00e9forme de la pens\u00e9e d\u00e8s l\u2019\u00e9t\u00e9 1950 pour transformer la soci\u00e9t\u00e9). Le passage de l\u2019\u00e9conomie de march\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9conomie planifi\u00e9e s\u2019\u00e9chelonna de 1949 \u00e0 1957. Lors du Grand Bond en avant, le d\u00e9veloppement de l\u2019industrie lourde et la production d\u2019acier devinrent la premi\u00e8re priorit\u00e9 \u00e0 Shanghai. Face au d\u00e9s\u00e9quilibre des investissements, \u00e0 l\u2019inflation et au d\u00e9ficit budg\u00e9taire, la cit\u00e9 c\u00f4ti\u00e8re subit comme ailleurs un rajustement \u00e9conomique entre 1961 et 1965 visant \u00e0 r\u00e9\u00e9quilibrer les secteurs productifs. Par la suite, l\u2019\u00e9conomie shanghaienne paya un lourd tribut \u00e0 la R\u00e9volution culturelle, m\u00eame si, rappelle l\u2019auteure, entre 1952 et 1978, l\u2019\u00e9conomie de la ville connut finalement une croissance importante (plus de 8 % en moyenne annuelle) dans un contexte de d\u00e9croissance d\u00e9mographique urbaine amorc\u00e9e \u00e0 la fin des ann\u00e9es 60 (6,41M d\u2019habitants en 1960 contre 5,47M en 1977). Cette croissance \u00e9conomique de Shanghai s\u2019effectua cependant largement aux d\u00e9pens du niveau de vie de la population.<\/p>\n\n\n\n

Au-del\u00e0 des analyses sur les transformations \u00e9conomiques, sociales et urbaines de la Chine apr\u00e8s 1949, l\u2019ouvrage est un v\u00e9ritable mode d\u2019emploi de la gouvernance tyrannique de l\u2019\u00e9poque mao\u00efste et des r\u00e9sistances qu\u2019elle engendra. Ce qui fut pr\u00e9sent\u00e9 d\u00e8s 1949 par l\u2019\u00e9quipe dirigeante (Mao le premier) comme une \u00ab  r\u00e9volution socialiste  \u00bb au service du peuple fut jalonn\u00e9 de d\u00e9cisions arbitraires et mal ajust\u00e9es avec leur lot d\u2019incoh\u00e9rences, d\u2019humiliations et de r\u00e9pressions brutales \u00e0 l\u2019origine de souffrances indescriptibles au sein de la soci\u00e9t\u00e9 chinoise. La R\u00e9volution culturelle (1966-1976) fut sans conteste le point d\u2019orgue du d\u00e9r\u00e8glement de la r\u00e9volution mao\u00efste, mais ce dernier trouve ses origines bien avant, d\u00e8s les premi\u00e8res ann\u00e9es qui suivent la fondation du r\u00e9gime communiste.<\/p>\n\n\n\n

Au-del\u00e0 des analyses sur les transformations \u00e9conomiques, sociales et urbaines de la Chine apr\u00e8s 1949, l\u2019ouvrage est un v\u00e9ritable mode d\u2019emploi de la gouvernance tyrannique de l\u2019\u00e9poque mao\u00efste et des r\u00e9sistances qu\u2019elle engendra.<\/p>St\u00e9phane Malsagne<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

En raison du probl\u00e8me de l\u2019acc\u00e8s aux sources, \u00e9crire une histoire sociale et populaire globale de la Chine depuis 1949 demeure l\u2019un des plus importants d\u00e9fis des sinologues. Des historiens se sont d\u00e9j\u00e0 courageusement attel\u00e9s \u00e0 cette entreprise dans des  travaux divers (Bianco, Chevrier, Roux, Berg\u00e8re, Waldner, Wemheuer pour n\u2019en citer que quelques-uns). L\u2019ouvrage de Xiaohong Xiao-Planes apporte lui aussi une pi\u00e8ce majeure \u00e0 l\u2019\u00e9difice.<\/p>\n\n\n\n

Les acteurs \u00e9tudi\u00e9s par l\u2019historienne illustrent \u00e0 l\u2019\u00e9chelle locale les incompr\u00e9hensions et les frustrations multiples \u00e0 l\u2019\u00e9gard des d\u00e9cisions prises par Mao, le \u00ab  diviseur  \u00bb (Chevrier). Ces individus issus du monde politique et \u00e9conomique ont contribu\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9dification du projet communiste tout en en subissant de plein fouet les cons\u00e9quences. Alors que l\u2019historiographie dominante a eu tendance \u00e0 privil\u00e9gier les \u00e9lites politiques les plus en vue, l\u2019auteure propose en premi\u00e8re partie une histoire alternative par le milieu et par le bas de la premi\u00e8re Chine populaire, celle de ces grands oubli\u00e9s de l\u2019histoire que furent les strates politico-administratives interm\u00e9diaires et les diff\u00e9rentes couches populaires urbaines. Dans son ouvrage, les figures connues de Peng Dehuai (\u00e9cart\u00e9 en 1959 apr\u00e8s ses critiques du Grand Bond) ou de Liu Shaoqi (mort tortur\u00e9 en 1968) passent au second plan au profit de personnalit\u00e9s longtemps rest\u00e9es dans l\u2019ombre, mais dont le r\u00f4le fut non moins d\u00e9cisif voire avant-gardiste, tant elles furent lucides sur les incoh\u00e9rences des politiques mao\u00efstes.  Les deux premi\u00e8res \u00e9tudes biographiques portent ainsi sur deux figures \u00ab  discordantes  \u00bb (premi\u00e8re partie) dont les r\u00e9sistances au mao\u00efsme furent tr\u00e8s \u00e9clairantes  : Deng Zihui et Li Kangnian. <\/p>\n\n\n\n

Deng Zihui qui fut l\u2019ancien directeur du d\u00e9partement du Travail rural au sein du PCC, contesta la politique agricole de Mao entre 1953 et 1962. Pionnier des id\u00e9es r\u00e9formistes en mati\u00e8re agricole, Deng s\u2019est oppos\u00e9 \u00e0 trois reprises \u00e0 Mao (1953, 1955 et 1962), particuli\u00e8rement lors du Grand Bond en avant (1958-1962) dont le bilan dramatique (pr\u00e8s de 36 millions de morts) n\u2019est plus \u00e0 rappeler. Partisan avant l\u2019heure du syst\u00e8me de contrat familial (baochan daohui<\/em>) qui aurait permis de responsabiliser le travail et d\u2019augmenter la production et les revenus du paysans, il se heurta \u00e0 Mao qui avan\u00e7a l\u2019argument de la lutte des classes pour le marginaliser au sein du parti. La responsabilisation du travail rattach\u00e9e aux r\u00e9sultats de la production fut pourtant ratifi\u00e9e par le parti d\u00e8s 1957. Les id\u00e9es de Deng Zihui finirent pourtant par triompher \u00e0 la fin des ann\u00e9es 1970, port\u00e9es par le courant r\u00e9formiste de Deng Xiaoping d\u00e9sireux de tourner la page du mao\u00efsme. Comme le souligne l\u2019auteure, le cas Deng Zihui illustre \u00e0 merveille le mode de gouvernance despotique adopt\u00e9 le plus souvent par Mao pour se d\u00e9fausser de ses responsabilit\u00e9s et imposer sa domination absolue sur le parti-Etat. Il s\u2019agit d\u2019une strat\u00e9gie faite de choix impos\u00e9s, puis de reculs tactiques tout en posant des limites (p. 70). L\u2019\u00e9tude sur Deng Zihui s\u2019appuie sur une riche documentation en chinois, ainsi que sur les travaux fondamentaux de Frederick C. Teiwes et Warren Sun sur la politique agricole de la Chine mao\u00efste. <\/p>\n\n\n\n

Le deuxi\u00e8me exemple \u00e9tudi\u00e9 par Xiaohong Xiao-Planes dans une belle \u00e9tude de cas d\u2019histoire \u00e9conomique et financi\u00e8re est celui de Li Kangnian, un entrepreneur et repr\u00e9sentant du secteur industriel et commercial \u00e0 Shanghai. Li a jou\u00e9 un r\u00f4le important lors de la controverse de 1957 sur la socialisation de l\u2019industrie et du commerce priv\u00e9 par les communistes d\u00e9sireux d\u2019imposer une \u00e9conomie planifi\u00e9e. La socialisation s\u2019est accompagn\u00e9e de la cr\u00e9ation d\u2019entreprises mixtes et d\u2019une politique de rachats par le PCC des moyens de production des entreprises priv\u00e9es. L\u2019auteure montre avec brio que les rachats furent synonymes le plus souvent de spoliations dont la bourgeoisie nationale avec laquelle le r\u00e9gime communiste a fait alliance depuis sa fondation, fut la principale victime. En 1956, le gouvernement promit aux marchands le paiement pendant 7 ans d\u2019un int\u00e9r\u00eat fixe de 5 % calcul\u00e9 sur le montant global des valeurs du capital. Consid\u00e9rant la mesure insuffisante, Li Kangnian, proposa en 1957 un rachat en 20 ans afin de ne pas l\u00e9ser les int\u00e9r\u00eats de la bourgeoisie. Loin des discours de Mao promettant un v\u00e9ritable rachat des entreprises priv\u00e9es et loin du mythe v\u00e9hicul\u00e9 par le PCC d\u2019une socialisation des entreprises suscitant l\u2019adh\u00e9sion des marchands-industriels, l\u2019auteure montre \u00e0 quel point les mesures impos\u00e9es par le haut furent ressenties par cette couche sociale comme un vol, une injustice et une tromperie insupportables. La socialisation autoritaire brisa finalement l\u2019\u00e9lan des forces productives (industriels et milieux d\u2019affaires) dont le pays aurait eu besoin pour se d\u00e9velopper.  En outre, le groupe des marchands-industriels \u00e0 qui le parti avait promis une collaboration constructive en 1949, continu\u00e8rent pendant des ann\u00e9es \u00e0 souffrir des diff\u00e9rentes campagnes politiques lanc\u00e9es par Mao (dont celle des \u00ab  Cinq Antis  \u00bb en 1952). Leur statut de \u00ab  bourgeois-capitalistes  \u00bb dont ils ne purent s\u2019extraire \u00e0 leur grand d\u00e9sespoir (jusqu\u2019\u00e0 l\u2019abolition des statuts en 1979) devint un fardeau discriminatoire souvent fatal aux heures sombres de la R\u00e9volution culturelle. La belle \u00e9tude que consacre l\u2019auteure aux marchands de nouilles et de sauce de soja \u00e0 Shanghai ne dit pas autre chose. Apr\u00e8s la socialisation de leurs petites entreprises priv\u00e9es, ces marchands subirent moult humiliations (dont celle d\u2019\u00eatre d\u00e9sormais dirig\u00e9s par leurs anciens apprentis) et souffrirent de leur statut de \u00ab  bourgeois  \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

 Comme pour Deng Zihui, le cas de l\u2019industriel Kangnian illustre les discordances entre la gouvernance du parti et la r\u00e9ception des mesures par une soci\u00e9t\u00e9 qui, loin de conna\u00eetre les bienfaits de la \u00ab  R\u00e9volution socialiste  \u00bb, en subit au contraire de plein fouet les effets destructeurs. Leurs r\u00e9actions face aux politiques mao\u00efstes ont en r\u00e9alit\u00e9 souvent beaucoup \u00e0 nous apprendre sur les disfonctionnements du processus de d\u00e9cision au plus haut niveau et sur la gouvernance tyrannique de Mao lui-m\u00eame, briseur de vies et v\u00e9ritable faiseur et d\u00e9faiseur de carri\u00e8res. En historienne rigoureuse, l\u2019auteure contribue \u00e0 travers l\u2019approche biographique \u00e0 mettre en lumi\u00e8re le r\u00f4le d\u2019individus qui incarnent \u00e0 leur \u00e9poque des id\u00e9es nouvelles et diff\u00e9rentes, mais qui furent le plus souvent stigmatis\u00e9s, isol\u00e9s voire an\u00e9antis par le r\u00e9gime. Leur tort  ? Avoir propos\u00e9 des inflexions politiques afin de corriger les erreurs funestes du mao\u00efsme, avoir r\u00e9clam\u00e9 justice ou encore avoir accompli des actes valid\u00e9s par le parti mais que Mao a fini par renier ult\u00e9rieurement pour son propre b\u00e9n\u00e9fice politique. Dans les deux cas, c\u2019est la m\u00e9thode de Mao faite de fausses promesses, de mensonges et de reculs qui en fut responsable. Mao sut habilement utiliser leur statut de \u00ab  bourgeois  \u00bb et utiliser l\u2019\u00e9tiquette de \u00ab  droitiste  \u00bb (finalement associ\u00e9e \u00e0 Li Kangnian) pour \u00e9touffer dans l\u2019\u0153uf les revendications des marchands-industriels et renforcer son autorit\u00e9 au sein du parti. Ce groupe social devint ainsi une cible facile dont les membres furent livr\u00e9s plus tard \u00e0 la vindicte des gardes rouges fanatis\u00e9s lors de la R\u00e9volution culturelle.<\/p>\n\n\n\n

En historienne rigoureuse, l\u2019auteure contribue \u00e0 travers l\u2019approche biographique \u00e0 mettre en lumi\u00e8re le r\u00f4le d\u2019individus qui incarnent \u00e0 leur \u00e9poque des id\u00e9es nouvelles et diff\u00e9rentes, mais qui furent le plus souvent stigmatis\u00e9s, isol\u00e9s voire an\u00e9antis par le r\u00e9gime.<\/p>St\u00e9phane Malsagne<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

L\u2019histoire de la RPC fut cependant jalonn\u00e9e de luttes politiques sans merci pour le contr\u00f4le du pouvoir. Ces discordances sont constitutives m\u00eames de l\u2019histoire du parti depuis sa fondation en 1921. Dans sa troisi\u00e8me \u00e9tude de cas biographique, l\u2019auteure revisite \u00e0 l\u2019aide d\u2019un corpus de sources impressionnant l\u2019affaire Pan Hannian (1906-1977), symbole des luttes politiques (2e<\/sup> partie de l\u2019ouvrage) au sein du PCC entre 1953 et 1955. Ancien agent secret du parti et ancien maire-adjoint de Shanghai entre 1949 et 1955, Pan fut emport\u00e9 au moment de l\u2019une des plus importantes et c\u00e9l\u00e8bres purges politiques mao\u00efstes de la premi\u00e8re moiti\u00e9 des ann\u00e9es 1950  : celle qui mit fin en 1954-1955 \u00e0 la carri\u00e8re de Gao Gang et Rao Shushi, deux hauts dirigeants du parti accus\u00e9s d\u2019avoir mis en place une \u00ab  clique contre-r\u00e9volutionnaire  \u00bb. Le cas de Pan Hannian s\u2019est aggrav\u00e9 quand fut r\u00e9v\u00e9l\u00e9e sa rencontre confidentielle en 1943 avec le chef du gouvernement fantoche pro-japonais Wang Jingwei.  Pan fut pourtant f\u00e9licit\u00e9 par Mao \u00e0 Yan\u2019an en 1945 pour son travail de renseignements, mais le premier omis \u00e0 l\u2019\u00e9poque d\u2019informer le chef du PCC de sa rencontre avec Wang Jingwei.  L\u2019affaire revint \u00e0 la surface des ann\u00e9es plus tard au plus fort de l\u2019affaire Gao Gang- Rao Shushi avec laquelle Pan n\u2019avait pourtant aucun lien direct. Cet homme qui s\u2019\u00e9tait pourtant acquitt\u00e9 avec z\u00e8le de ses t\u00e2ches de dirigeant au service du parti, fut accus\u00e9 de trahison, de conduite contre-r\u00e9volutionnaire et de collaboration avec le Guomindang. Avec sa femme, il fut condamn\u00e9 pour le restant de ses jours au laogai<\/em> (goulag chinois), mourut dans un camp du Hunan avant d\u2019\u00eatre finalement r\u00e9habilit\u00e9 en 1982 \u00e0 l\u2019\u00e8re post-mao\u00efste des r\u00e9formes et de l\u2019ouverture. L\u2019affaire Pan Hannian illustre selon Xiaohong Xiao-Planes, la capacit\u00e9 de Mao \u00e0 fabriquer des affaires de toutes pi\u00e8ces afin d\u2019\u00ab \u00e9veiller au sein du parti une conscience plus aigu\u00eb de la lutte des classes et une crainte plus constante de l\u2019infiltration des \u00e9l\u00e9ments camoufl\u00e9s de l\u2019ennemi  \u00bb. Pour mener ses luttes politiques et imposer sa domination, Mao avait en somme besoin pour des raisons p\u00e9dagogiques de fabriquer des boucs-\u00e9missaires. Pan Hannian est l\u2019exemple tragique d\u2019une longue liste de victimes de cette strat\u00e9gie politique.<\/p>\n\n\n\n

Un autre \u00e9l\u00e9ment tr\u00e8s \u00e9clairant de la gouvernance de l\u2019\u00e9poque mao\u00efste mis en lumi\u00e8re par l\u2019ouvrage est le d\u00e9veloppement consacr\u00e9 par l\u2019auteure \u00e0 la th\u00e9matique des origines du \u00ab  statut politique  \u00bb \u00e0 travers une \u00e9tude des clans familiaux et des factions de hauts lieux du PCC pendant la R\u00e9volution culturelle (1966-1976). A partir d\u2019un corpus d\u2019archives familiales tr\u00e8s fourni, Xiaohong-Xiao Planes poursuit en d\u00e9tail (dans la lign\u00e9e des travaux de Jean-Luc Domenach) une \u00e9tude prosopographique sur les \u00e9pouses servant souvent de secr\u00e9taires de leurs maris, sur les enfants ou neveux des grands dirigeants et hauts fonctionnaires, ainsi que sur leurs personnels. En s\u2019appuyant notamment sur les cas de Mao et de Lin Biao, l\u2019auteure montre \u00e0 quel point le statut politique dont sont rev\u00eatus les membres de ces clans familiaux est pour eux un facteur de protection, d\u2019influence, de promotion et de passe-droits en tout genre. Il permet aux hauts dirigeants et aux officiers de placer leurs rejetons dans des institutions de prestige (Arm\u00e9e, universit\u00e9) afin de leur \u00e9pargner l\u2019\u00e9preuve de \u00ab  mont\u00e9e \u00e0 la montagne et descente \u00e0 la campagne  \u00bb lanc\u00e9e en 1968. Hormis le cas de Jiang Qing dont le r\u00f4le majeur n\u2019est plus \u00e0 d\u00e9montrer durant la R\u00e9volution culturelle, Mao sut accorder des faveurs et des promotions particuli\u00e8res \u00e0 sa fille Li Na ou son neveu Mao Yuanxin. <\/p>\n\n\n\n

L\u2019auteure montre bien qu\u2019elle fut l\u2019importance des relations familiales et des r\u00e9seaux de connaissance pour survivre et se faire une place dans la Chine de Mao. L\u2019histoire de la Chine communiste n’est pas seulement celle des \u00e9v\u00e8nements politiques. C\u2019est aussi celle bien moins connue des r\u00e9seaux proches du Timonier qui illustrent les contradictions flagrantes d\u2019un syst\u00e8me profond\u00e9ment in\u00e9galitaire. L\u2019\u00e9galitarisme dont se pr\u00e9vaut l\u2019id\u00e9ologie mao\u00efste ne s\u2019applique pas aux enfants des plus hauts dirigeants et \u00e0 ceux des hauts cadres militaires. En utilisant les termes de \u00ab  clan  \u00bb et de \u00ab  faction  \u00bb, Xiaohong-Xiao Planes illustre les rivalit\u00e9s de pouvoir sous-jacentes au sein du parti pendant la R\u00e9volution culturelle, mais fait usage aussi de cat\u00e9gories aujourd\u2019hui contest\u00e9es par certains historiens am\u00e9ricains (Torigian) qui insistent sur la capacit\u00e9 des \u00e9lites politiques \u00e0 transcender les factions par opportunisme en adaptant leurs discours et leurs attitudes aux n\u00e9cessit\u00e9 du temps afin de servir leurs propres int\u00e9r\u00eats. <\/p>\n\n\n\n

L\u2019histoire de la Chine communiste n’est pas seulement celle des \u00e9v\u00e8nements politiques. C\u2019est aussi celle bien moins connue des r\u00e9seaux proches du Timonier qui illustrent les contradictions flagrantes d\u2019un syst\u00e8me profond\u00e9ment in\u00e9galitaire.<\/p>St\u00e9phane Malsagne<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Face au r\u00e9cit officiel d\u2019un mao\u00efsme qui aurait suscit\u00e9 l\u2019adh\u00e9sion des masses, l\u2019ouvrage se pr\u00e9sente de fa\u00e7on salutaire comme une v\u00e9ritable contre-histoire politique, \u00e9conomique et sociale de la Chine contemporaine. Dans la continuit\u00e9 de travaux existants mais \u00e0 partir de sujets originaux, l\u2019historienne approfondit en privil\u00e9giant l\u2019\u00e9chelle locale la d\u00e9construction des mythes du mao\u00efsme triomphant et f\u00e9d\u00e9rateur. Elle scrute en d\u00e9tail et avec bonheur les r\u00e9actions d\u2019une soci\u00e9t\u00e9 rendue atone face aux r\u00e9formes souvent arbitraires impos\u00e9es par le haut de mani\u00e8re autoritaire et sans discernement. Les modes de gouvernance mao\u00efstes furent en eux-m\u00eames producteurs de discordances \u00e0 r\u00e9p\u00e9tition. Comment pourrait-il en \u00eatre autrement aujourd\u2019hui dans la Chine de Xi  ? Comme le souligne Yves Chevrier sans sa pr\u00e9face, \u00ab  Xiaohong Xiao livre les \u00e9l\u00e9ments de ce qu\u2019un autre temps e\u00fbt appel\u00e9 une \u00ab  histoire totale  \u00bb du social-et du politique  \u00bb. Faute de sources primaires disponibles, les r\u00e9ponses de la soci\u00e9t\u00e9 aux d\u00e9cisions venues d\u2019en haut a longtemps \u00e9t\u00e9 le parent pauvre de l\u2019historiographie.  Gr\u00e2ce notamment aux travaux des chercheurs anglo-saxons sur le Grand Bond en avant et la R\u00e9volution culturelle, cette histoire de la Chine communiste par le prisme de la soci\u00e9t\u00e9 (ouvriers, paysans, artisans, vendeurs de rues, marchands, cadres interm\u00e9diaires) a commenc\u00e9 \u00e0 prendre une ampleur nouvelle, mais c\u2019est un champ qui reste encore largement \u00e0 exploiter. Xiaohong Xiao-Planes contribue \u00e0 combler une lacune majeure en langue fran\u00e7aise tout en ouvrant la voie aux jeunes g\u00e9n\u00e9rations de chercheurs en qu\u00eate de sujets. <\/p>\n\n\n\n

Par son parcours personnel, sa connaissance approfondie du pays et ses liens \u00e9troits avec les milieux acad\u00e9miques chinois, l\u2019auteure est parvenue \u00e0 contourner l\u2019obstacle redoutable des sources en puisant dans une masse consid\u00e9rable d\u2019archives in\u00e9dites, notamment priv\u00e9es (M\u00e9moires, papiers, documents familiaux et personnels). Agr\u00e9ment\u00e9 de probl\u00e9matiques tout aussi foisonnantes que stimulantes, \u00ab  R\u00e9volution socialiste  \u00bb en Chine  : Gouvernance et discordances <\/em>s\u2019impose comme une lecture incontournable pour l\u2019amateur d\u2019histoire chinoise et pour le sp\u00e9cialiste.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

La discr\u00e8te parution cet automne de l\u2019ouvrage de Xiaohong Xiao-Planes renouvelle l\u2019histoire sociale et populaire globale de la Chine depuis 1949. Abordant les r\u00e9sistances et les luttes de pouvoir qui agitent les premiers temps de la R\u00e9publique populaire \u00e0 partir d\u2019acteurs jusque-l\u00e0 peu \u00e9tudi\u00e9s (industriels, commer\u00e7ants, cadres du Parti de second plan), la sinologue signe l\u2019un des rares ouvrages en langue fran\u00e7aise sur le sujet et apporte un \u00e9clairage remarquable sur la gouvernance contemporaine de la Chine de Xi.<\/p>\n","protected":false},"author":13603,"featured_media":208407,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-reviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1734],"tags":[],"geo":[531],"acf":[],"yoast_head":"\nLa \u00abR\u00e9volution socialiste\u00a0\u00bb en Chine. 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