{"id":198912,"date":"2023-09-19T14:30:00","date_gmt":"2023-09-19T12:30:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=198912"},"modified":"2023-09-19T14:46:50","modified_gmt":"2023-09-19T12:46:50","slug":"politiser-la-reforme-des-regles-budgetaires-de-lunion","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2023\/09\/19\/politiser-la-reforme-des-regles-budgetaires-de-lunion\/","title":{"rendered":"Politiser la r\u00e9forme des r\u00e8gles budg\u00e9taires de l\u2019Union"},"content":{"rendered":"\n
\u00c9tonnamment, lors du discours sur l’\u00e9tat de l’Union d\u2019Ursula von der Leyen<\/a>, la r\u00e9forme des r\u00e8gles budg\u00e9taires et de la gouvernance \u00e9conomique de la zone euro n’a pas \u00e9t\u00e9 abord\u00e9e. Il nous semble qu’elle a eu raison de laisser ce point de c\u00f4t\u00e9 : cette r\u00e9forme s’ins\u00e8rerait dans une refonte bien plus large du f\u00e9d\u00e9ralisme budg\u00e9taire europ\u00e9en. <\/p>\n\n\n\n Il y a presque un an jour pour jour, l’Allemagne relan\u00e7ait les n\u00e9gociations sur la r\u00e9forme de la gouvernance \u00e9conomique europ\u00e9enne en pr\u00e9sentant un document officiel. Ce dernier dessinait les contours d\u2019une r\u00e9forme ambitieuse des r\u00e8gles budg\u00e9taires europ\u00e9ennes. Apr\u00e8s des ann\u00e9es pendant lesquelles les r\u00e8gles limitant les d\u00e9ficits \u00e0 3 % du PIB, la dette \u00e0 60 %, et l\u2019ajustement structurel \u00e0 0,5 %, ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9guli\u00e8rement contourn\u00e9es par des exceptions ponctuelles ou totalement suspendues en p\u00e9riodes de crise, une opportunit\u00e9 d\u2019optimiser le cadre r\u00e9gissant les finances publiques en Europe s\u2019est enfin pr\u00e9sent\u00e9e. Au fil des ann\u00e9es, le consensus intellectuel parmi les \u00e9conomistes a \u00e9volu\u00e9<\/a> et la pertinence et l’efficacit\u00e9 des r\u00e8gles actuelles ont \u00e9t\u00e9 remises en question, poussant vers un nouvel ensemble de directives. Ces derni\u00e8res seraient plus simples, transparentes, moins sensibles aux cycles \u00e9conomiques, et surtout, elles favoriseraient davantage l’investissement public.<\/p>\n\n\n\n Des pays autrefois radicalement oppos\u00e9s paraissent aujourd\u2019hui capables de compromis. Du moins, c’\u00e9tait l’espoir que suscitait un document conjointement publi\u00e9 par les gouvernements n\u00e9erlandais et espagnol en avril 2022. Ce document remettait en question les alliances historiques entre les pays r\u00e9put\u00e9s frugaux et ceux du Sud. Il rel\u00e9guait aussi la France et l’Allemagne \u00e0 un r\u00f4le plus p\u00e9riph\u00e9rique dans la fabrique du compromis et de l’int\u00e9gration europ\u00e9ens, du moins sur ce dossier pr\u00e9cis. En novembre 2022, pouss\u00e9e par le soutien politique de La Haye et de Madrid, la Commission europ\u00e9enne a sugg\u00e9r\u00e9 de remplacer le cadre actuel par un nouveau syst\u00e8me. Celui-ci permettrait d’ajuster le budget de chaque \u00c9tat membre en fonction de ses niveaux d’endettement sp\u00e9cifiques et des d\u00e9fis li\u00e9s \u00e0 la p\u00e9rennit\u00e9 budg\u00e9taire.<\/p>\n\n\n\n L’Espagne et les Pays-Bas, qui \u00e9taient les v\u00e9ritables moteurs initiaux des n\u00e9gociations budg\u00e9taires, sont frein\u00e9s par des incertitudes politiques internes.<\/p>Philippe Lamberts, Shahin Vall\u00e9e<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Presque un an plus tard, les avanc\u00e9es sont minimes dans les n\u00e9gociations men\u00e9es par les ministres des Finances. D\u2019un c\u00f4t\u00e9, le ministre allemand des Finances a tent\u00e9 de ranimer une vieille coalition conservatrice frugale, connue sous le nom de Ligue hans\u00e9atique. La France et l’Italie, quant \u00e0 elles, semblent d\u00e9tach\u00e9es de ces d\u00e9bats, parfaitement \u00e0 l’aise avec l’ensemble des r\u00e8gles actuelles \u2014 sachant qu’elles peuvent manipuler le syst\u00e8me \u00e0 leur avantage si besoin. L’Espagne et les Pays-Bas, qui \u00e9taient les v\u00e9ritables moteurs initiaux des n\u00e9gociations, sont actuellement frein\u00e9s par des incertitudes politiques internes. Dans le contexte actuel, faute de perc\u00e9e au sein de l’Eurogroupe, les dirigeants europ\u00e9ens semblent pr\u00eats \u00e0 tenter d’imposer un compromis lors du Conseil europ\u00e9en de d\u00e9cembre.<\/p>\n\n\n\n Mais le probl\u00e8me des n\u00e9gociations actuelles est bien plus profond. La Commission europ\u00e9enne a fait le choix strat\u00e9gique de dissocier les n\u00e9gociations qui portent sur les r\u00e8gles budg\u00e9taires nationales de celles concernant le budget commun de l’Union et sa capacit\u00e9 d’emprunt. S’il semble judicieux de s\u00e9parer les n\u00e9gociations en segments plus digestes, la r\u00e9alit\u00e9 est que les nouvelles r\u00e8gles budg\u00e9taires, la taille future du budget de l’Union, ses ressources, sa composition, et la capacit\u00e9 \u00e0 long terme de l’Union \u00e0 emprunter sont indissociablement li\u00e9es. Il est quasiment impossible de les s\u00e9parer, d’autant plus que le traitement des d\u00e9penses de l’Union dans les d\u00e9penses publiques nationales serait diff\u00e9rent sous le nouveau cadre propos\u00e9. Il est essentiel de comprendre l’ampleur de ces d\u00e9penses \u00e0 l’avenir pour \u00e9valuer la rigueur, le r\u00e9alisme et l’efficacit\u00e9 des nouvelles r\u00e8gles.<\/p>\n\n\n\n\r\n <\/picture>\r\n \n