{"id":194467,"date":"2023-08-16T09:33:31","date_gmt":"2023-08-16T07:33:31","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=194467"},"modified":"2023-08-16T15:45:06","modified_gmt":"2023-08-16T13:45:06","slug":"dans-mon-livre-tous-les-corps-des-femmes-sont-blesses-par-la-guerre-une-conversation-avec-aliyeh-ataei","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2023\/08\/16\/dans-mon-livre-tous-les-corps-des-femmes-sont-blesses-par-la-guerre-une-conversation-avec-aliyeh-ataei\/","title":{"rendered":"\u00ab Dans mon livre, tous les corps des femmes sont bless\u00e9s par la guerre \u00bb, une conversation avec Aliyeh Ataei"},"content":{"rendered":"\n

Aliyeh Ataei est une autrice et sc\u00e9nariste irano-afghane dont les livres ont remport\u00e9 d’importants prix litt\u00e9raires en Iran, notamment le Mehregan-e-Adab du meilleur roman. Elle est n\u00e9e en 1981 en Iran et a grandi \u00e0 Darmian, une r\u00e9gion frontali\u00e8re situ\u00e9e entre la province du Khorasan du Sud en Iran et la province de Farah en Afghanistan.\u00a0<\/em><\/p>\n\n\n\n

Les nouvelles et les essais d\u2019Aliyeh Ataei ont \u00e9t\u00e9 traduits et publi\u00e9s dans de nombreuses revues am\u00e9ricaines et fran\u00e7aises, dont <\/em>Guernica, <\/em>Words without Borders, <\/em>Michigan Quarterly Review, <\/em>Adi Magazine et <\/em>Kenyon Review. Son livre <\/em>Koorsorkhi, a \u00e9t\u00e9 publi\u00e9 par Gallimard en avril 2023 sous le titre <\/em>La Fronti\u00e8re des Oubli\u00e9s, recueil de r\u00e9cits personnels sur l\u2019exp\u00e9rience de la fronti\u00e8re, les d\u00e9chirements de l\u2019exil et la violence de guerres qui ne s\u2019arr\u00eatent jamais. <\/em><\/p>\n\n\n\n

Nous l\u2019avons rencontr\u00e9e pour revenir sur ce livre dans le cadre de la s\u00e9rie d’\u00e9t\u00e9 \u00ab Kaboul : deux ans apr\u00e8s \u00bb<\/a>.\u00a0<\/em><\/p>\n\n\n\n

Vous \u00e9crivez \u00e0 propos de la mort d\u2019un des personnages de votre livre qu’on \u00ab ne conna\u00eetra pas la v\u00e9rit\u00e9 tant que la guerre durera \u00bb (p. 45). C\u2019est une exp\u00e9rience que les Europ\u00e9ens font avec la guerre en Ukraine : ce qui se passe exactement est structurellement flou, incertain, ind\u00e9termin\u00e9.<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Lorsqu\u2019un feu d\u00e9marre, tout le monde dit qu\u2019il souhaite l\u2019\u00e9teindre, comme si personne n\u2019avait voulu l\u2019allumer. La guerre fonctionne de la m\u00eame fa\u00e7on. Pourtant, pour ceux qui sont \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur de l\u2019incendie, ses causes sont indiff\u00e9rentes : tout ce qui compte est qu\u2019il cesse.<\/p>\n\n\n\n

Pour les Afghans d\u2019aujourd\u2019hui, les causes de l\u2019intervention am\u00e9ricaine puis le d\u00e9part des troupes n\u2019est pas facile \u00e0 comprendre spontan\u00e9ment. Je raconte dans le livre comment une jeune fille afghane a peur \u00e0 Kaboul que des soldats am\u00e9ricains qu\u2019elle croise dans la rue lui tirent dessus. Essayez d\u2019imaginer un peu des soldats lourdement arm\u00e9s, d\u2019un autre pays, se promenant dans les rues de Paris, et qui, si vous les regardez trop longtemps, peuvent vous tirer dessus. Quelle est la premi\u00e8re pens\u00e9e qui vous vient \u00e0 l\u2019esprit ? Pourquoi est-ce qu\u2019on a peur de ce soldat qui dit amener la paix ?<\/p>\n\n\n\n

Malgr\u00e9 tout, au milieu de l\u2019Europe, loin des guerres que j\u2019ai si bien connues, \u00e0 nouveau j\u2019ai \u00e9t\u00e9 boulevers\u00e9e par la violence de la guerre.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Je n\u2019ai jamais cru \u00e0 la capacit\u00e9 de l\u2019Ouest \u00e0 mettre fin \u00e0 une guerre. Je ne dis pas cela en tant qu\u2019analyste mais personnellement, je ne vois pas comment je pourrais y croire. Les Am\u00e9ricains sont rest\u00e9s 20 ans. Pourquoi ? Et avec quels effets ? Ils devaient capturer Ben Laden, ils l\u2019ont fait en 2011, dix ans avant la chute de Kaboul.<\/p>\n\n\n\n

En ce qui concerne l\u2019Ukraine, mon destin a \u00e9t\u00e9 li\u00e9 \u00e0 cette guerre tr\u00e8s r\u00e9cemment. J\u2019avais un projet litt\u00e9raire qui impliquait l\u2019\u00e9crivaine ukrainienne Victoria Amelina, pour lequel nous travaillions ensemble, sur les femmes dans la guerre. Victoria \u00e9tait retourn\u00e9e en Ukraine quand elle a \u00e9t\u00e9 tu\u00e9e par un tir de missile, le 1er<\/sup> juillet. Quand j\u2019ai appris cela, je me suis dit : je suis au milieu de l\u2019Europe, dans un pays s\u00fbr, et pourtant la guerre me poursuit, s\u2019\u00e9tend jusqu\u2019\u00e0 moi. J\u2019\u00e9tais persuad\u00e9e, ayant grandi au milieu des guerres, que je ne pourrais plus \u00eatre boulevers\u00e9e ou surprise par la guerre. Malgr\u00e9 tout, au milieu de l\u2019Europe, loin des guerres que j\u2019ai si bien connues, \u00e0 nouveau j\u2019ai \u00e9t\u00e9 boulevers\u00e9e par la violence de la guerre.<\/p>\n\n\n\n

La Fronti\u00e8re des oubli\u00e9s<\/em> a \u00e9t\u00e9 traduit en anglais sous le titre \u00ab Body of war<\/em> \u00bb, que j\u2019appr\u00e9cie \u00e9galement car si vous faites attention, dans mon livre, tous les corps des femmes sont bless\u00e9s par la guerre.\u00a0 Lorsque ma premi\u00e8re nouvelle a \u00e9t\u00e9 publi\u00e9e en Iran, on m\u2019a beaucoup reproch\u00e9 d\u2019\u00e9crire l\u2019horreur. Mais si aucun de mes personnages ne meurt naturellement \u00e0 90 ans, c\u2019est parce que je ne connais personne qui meure de vieillesse. Toutes mes connaissances meurent brutalement, m\u00eame en Europe. Peut-\u00eatre que ce qui rend mon \u00e9criture particuli\u00e8rement brutale est que je ne m\u2019\u00e9tends pas sur les d\u00e9tails de l\u2019horreur que je laisse imaginer au lecteur. Je tente de reproduire par le style la violence des morts soudaines.<\/p>\n\n\n\n

On essaye de croire que les Talibans peuvent changer, mais quand bien m\u00eame un serpent miaulerait, il n\u2019en deviendrait pas un chat pour autant.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Vous dites lors de votre voyage \u00e0 Kaboul en 2016 que le pays ne peut pas \u00eatre reconstruit par de l\u2019aide \u00e9trang\u00e8re. Vous \u00eates sceptique face au projet de Malala Yousafzai, qui appara\u00eet dans votre livre, de reconstruire le pays avec des femmes afghanes de renom. Pensez-vous que l\u2019Afghanistan pourra \u00eatre un jour reconstruit, et par qui ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

J\u2019avais assez peu d\u2019espoir au moment d\u2019\u00e9crire mon livre. Maintenant que les Talibans ont pris Kaboul, j\u2019en ai encore moins, car il me semble que le pays est retourn\u00e9 des si\u00e8cles en arri\u00e8re. On essaye de croire que les Talibans peuvent changer, mais quand bien m\u00eame un serpent miaulerait, il n\u2019en deviendrait pas un chat pour autant. Je souhaite de tout mon c\u0153ur que les femmes afghanes trouvent la force, la r\u00e9silience de survivre, de r\u00e9sister et de reconqu\u00e9rir leurs droits, comme le droit \u00e0 l\u2019\u00e9ducation qui leur a \u00e9t\u00e9 enlev\u00e9. J\u2019ai n\u00e9anmoins peu d\u2019espoir que cela arrive prochainement.<\/p>\n\n\n\n

J\u2019avais assez peu d\u2019espoir au moment d\u2019\u00e9crire mon livre. Maintenant que les Talibans ont pris Kaboul, j\u2019en ai encore moins, car il me semble que le pays est retourn\u00e9 des si\u00e8cles en arri\u00e8re.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

L\u2019hypoth\u00e8se que vous semblez privil\u00e9gier est celle de la reconstruction des individus, avant d\u2019entreprendre la reconstruction des nations. Vous \u00e9crivez \u00ab l\u2019exil\u00e9, \u00e9gar\u00e9 dans un no man\u2019s land<\/em> entre la vie et la mort, cherche peut-\u00eatre avant tout \u00e0 se reconstruire lui-m\u00eame sans se soucier de l\u2019\u00e9tat de sa maison, que d\u2019autres ont d\u00e9molie brique apr\u00e8s brique \u00bb (p. 75). Est-ce que la reconstruction des pays implique avant tout de \u00ab enterrer les morts et r\u00e9parer les vivants \u00bb, pour reprendre la conclusion de Platonov <\/em> ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Maya Angelou \u00e9crit Each time a woman stands up for herself, without knowing it possibly, without claiming it, she stands up for all women<\/em> (\u00ab \u00c0 chaque fois qu\u2019une femme se bat pour ses droits, sans le revendiquer, sans m\u00eame peut-\u00eatre le savoir, elle se bat aussi pour toutes les femmes \u00bb). Je crois en cela. Je me suis battue pour publier des livres. Je me suis battue pour que ma parole soit entendue dans plusieurs langues. Je me suis battue avant tout pour moi, une femme \u00e9crivaine. Je viens d\u2019un village perdu de la fronti\u00e8re irano-afghane et suis aujourd\u2019hui \u00e0 Paris pour parler de mon roman traduit chez Gallimard. Je me bats aussi indirectement pour que des jeunes filles de ce village sachent que tout est possible.<\/p>\n\n\n\n

Les femmes fran\u00e7aises se sont battues pour obtenir des droits dont je peux profiter aujourd\u2019hui lors de mon s\u00e9jour \u00e0 Paris. Elles ne sont pas battues en pensant \u00e0 moi et pourtant je b\u00e9n\u00e9ficie de leurs victoires. Je travaille en ce moment avec une \u00e9crivaine nig\u00e9rienne qui a fui Boko Haram et qui est r\u00e9fugi\u00e9e en France. \u00c9videmment, elle ne peut pas seule changer le destin de son pays mais si elle se bat pour elle, d\u2019autres femmes en b\u00e9n\u00e9ficieront aussi.<\/p>\n\n\n\n

Je viens d\u2019un village perdu de la fronti\u00e8re irano-afghane et suis aujourd\u2019hui \u00e0 Paris pour parler de mon roman traduit chez Gallimard. Je me bats aussi indirectement pour que des jeunes filles de ce village sachent que tout est possible.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Vous \u00e9crivez un avant-propos \u00e0 la traduction fran\u00e7aise du livre o\u00f9 on peut lire \u00ab le livre que vous tenez entre vos mains est devenu l\u2019\u00e9cho de toutes les femmes des territoires moyen-orientaux de nos jours \u00bb. Vous publiez ce livre en Iran en 2021, il para\u00eet en France en 2023, mais votre r\u00e9cit s\u2019arr\u00eate en 2017. Comment les \u00e9v\u00e9nements des derni\u00e8res ann\u00e9es, comme la prise de Kaboul par les Talibans<\/a> et la r\u00e9volution des femmes iraniennes<\/a> s\u2019inscrivent-ils dans l\u2019histoire que vous racontez ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

M\u00eame si le regard occidental s\u2019est int\u00e9ress\u00e9 \u00e0 la vie des femmes en Iran et en Afghanistan ces derni\u00e8res ann\u00e9es, la guerre que ces femmes vivent et les luttes qu\u2019elles m\u00e8nent pour leurs droits dure depuis des d\u00e9cennies. La guerre et la violence ne sont pas des nouveaut\u00e9s et mon livre ne parle par cons\u00e9quent pas d\u2019une actualit\u00e9 pr\u00e9cise, mais plut\u00f4t de lourdes tendances historiques.\u00a0\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Peu importe quand ces \u00e9v\u00e9nements ont \u00e9clat\u00e9. Si l\u2019on s\u2019y int\u00e9resse soudainement, ce sont pour des raisons ind\u00e9pendantes de nos existences, pour des raisons d\u2019attention m\u00e9diatique internationale. Aujourd\u2019hui, personne ne regarde le sort des femmes palestiniennes, ni celui des femmes y\u00e9m\u00e9nites.<\/p>\n\n\n\n

En revanche, il est juste de dire que les tendances que je d\u00e9cris se r\u00e9p\u00e8tent. Quand je suis arriv\u00e9 \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran \u00e0 18 ans \u00e0 l\u2019\u00e9poque du r\u00e9formisme, \u00e0 la fin des ann\u00e9es 1990, j\u2019\u00e9tais \u00e9videmment enthousiaste \u00e0 l\u2019id\u00e9e d\u2019une soci\u00e9t\u00e9 libre et d\u2019une plus grande \u00e9galit\u00e9 entre les sexes. Rapidement, j\u2019ai entendu le retour des coups de fusil, la r\u00e9apparition des morts, des pleurs sur les corps ensanglant\u00e9s, et tout se r\u00e9p\u00e9tait comme dans mon enfance \u00e0 la fronti\u00e8re avec l\u2019Afghanistan.<\/p>\n\n\n\n

M\u00eame si le regard occidental s\u2019est int\u00e9ress\u00e9 \u00e0 la vie des femmes en Iran et en Afghanistan ces derni\u00e8res ann\u00e9es, la guerre que ces femmes vivent et les luttes qu\u2019elles m\u00e8nent pour leurs droits dure depuis des d\u00e9cennies. <\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Le titre de votre livre en persan est \u00ab koorsorkhi<\/em> \u00bb, ou \u00ab aveugle au rouge \u00bb, qui se trouve dans la derni\u00e8re phrase de votre r\u00e9cit, lorsque vous \u00e9crivez : \u00ab \u00cates-vous aveugles au rouge ? \u00bb. \u00c0 qui cette question s\u2019adresse-t-elle ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Le nom du livre en persan est un jeu de mot litt\u00e9raire \u00e0 partir du mot qui en persan d\u00e9signe le fait d\u2019\u00eatre daltonien (sorkhkouri<\/em>), pour dire \u00ab aveugle au rouge \u00bb \u2014 rouge qui ici d\u00e9signe le sang que les personnes ne sont pas capables de voir.<\/p>\n\n\n\n

La g\u00e9ographie du livre est celle de la fronti\u00e8re entre l\u2019Iran et l\u2019Afghanistan mais aussi, par extension, l\u2019int\u00e9gralit\u00e9 du Moyen Orient, comme lieu o\u00f9 les conflits entre l\u2019Ouest et l\u2019Est se d\u00e9roulent. Le livre raconte l\u2019invasion communiste, l\u2019invasion am\u00e9ricaine, la r\u00e9volution iranienne et ses effets sur l\u2019Afghanistan.<\/p>\n\n\n\n

Aujourd\u2019hui, personne ne regarde le sort des femmes palestiniennes, ni celui des femmes y\u00e9m\u00e9nites.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

J\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 \u00e9crire ce livre quand j\u2019avais 37 ans. Que ce soit \u00e0 la fronti\u00e8re o\u00f9 j\u2019ai grandi ou dans mes deux pays, j\u2019ai connu au cours de cette courte existence le m\u00eame nombre de conflits, de r\u00e9volutions et de guerres qu\u2019un habitant europ\u00e9en qui aurait v\u00e9cu 150 ans.<\/p>\n\n\n\n

Un des th\u00e8mes de votre livre est la capacit\u00e9 \u00e0 supporter la douleur d\u00e8s le plus jeune \u00e2ge. Vous racontez comment votre p\u00e8re qui a des crises de d\u00e9mence et d\u2019\u00e9pilepsie vous mord la main lors d\u2019une crise alors que vous essayez de l\u2019emp\u00eacher d\u2019avaler sa langue. Vous \u00e9crivez \u00ab pour la premi\u00e8re fois de ma vie j\u2019appris \u00e0 supporter la douleur \u00bb (p. 26). Est-ce que votre r\u00e9cit est aussi celui d\u2019un apprentissage de la douleur ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

La premi\u00e8re partie du livre est la partie la plus proche de ma propre vie, \u00e0 90 %. La suite du livre est plus fictive. Aujourd\u2019hui encore, je ressens la blessure de cette main, qui me fait mal, quand je travaille. A chaque fois que je pense \u00e0 mon p\u00e8re, j\u2019embrasse ma main qui souffre. Mon p\u00e8re a souffert de cette guerre \u00e0 laquelle il n\u2019a pas vraiment particip\u00e9 car il est rapidement tomb\u00e9 malade et a \u00e9t\u00e9 r\u00e9form\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

C\u2019est la premi\u00e8re fois que j\u2019\u00e9cris \u00e0 propos de cet \u00e9pisode de ma vie. Quand je dis que mon p\u00e8re m\u2019a cass\u00e9 la main quand j\u2019avais six ans en me mordant, on me r\u00e9pond souvent \u00ab quel p\u00e8re indigne \u00bb. Au contraire, j\u2019aime cette douleur qui est le souvenir le plus vivace de mon p\u00e8re. Je dirais que dans l\u2019ensemble, j\u2019ai appris \u00e0 supporter la souffrance, mais n\u2019ai jamais appris \u00e0 pardonner ceux qui en \u00e9taient la cause.<\/p>\n\n\n\n

Quand vous faites visiter T\u00e9h\u00e9ran \u00e0 Malala Yousafzai apr\u00e8s la projection d\u2019un documentaire qu\u2019elle a film\u00e9 et dans lequel vous intervenez, vous dites \u00ab Je voulais lui faire d\u00e9couvrir ma ville-libert\u00e9 \u00bb (p. 125). Pourquoi appeler T\u00e9h\u00e9ran ainsi ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Par rapport \u00e0 la r\u00e9gion o\u00f9 j\u2019ai grandi, T\u00e9h\u00e9ran repr\u00e9sentait des possibilit\u00e9s infinies. Pour ma famille, une fille qui \u00e9tudiait le th\u00e9\u00e2tre \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran \u00e9tait une fille de mauvaise vie. N\u00e9anmoins, ma famille a accept\u00e9 que je rentre \u00e0 18 ans \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 de T\u00e9h\u00e9ran. La ville de T\u00e9h\u00e9ran a agrandi mon monde. Aujourd\u2019hui, depuis Paris, les grandes autoroutes urbaines de T\u00e9h\u00e9ran me manquent. C\u2019est pourquoi je vis autour de Montparnasse. Tous les Parisiens trouvent la Tour Montparnasse hideuse mais elle me rappelle le paysage urbain de T\u00e9h\u00e9ran.<\/p>\n\n\n\n

Je dirais que dans l\u2019ensemble, j\u2019ai appris \u00e0 supporter la souffrance, mais n\u2019ai jamais appris \u00e0 pardonner ceux qui en \u00e9taient la cause.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Vous demandez \u00e0 un passeur qui vous aide \u00e0 franchir la fronti\u00e8re vers l\u2019Afghanistan \u00ab Qui \u00e9rige les fronti\u00e8res ? \u00bb (p. 144). Qu\u2019est-ce qu\u2019une fronti\u00e8re, \u00e0 quoi servent-elles ? Quelle est la r\u00e9ponse que vous apportez \u00e0 la question que vous posez ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

La fronti\u00e8re entre l\u2019Iran et l\u2019Afghanistan est particuli\u00e8re puisqu\u2019elle est au c\u0153ur d\u2019innombrables crises. Je n\u2019ai jamais connu de v\u00e9ritable temps de paix dans l\u2019un de ces deux pays. En Iran, la guerre contre l\u2019Irak a dur\u00e9 toute mon enfance mais ses cons\u00e9quences se sont ressenties bien apr\u00e8s l\u2019armistice de 1988. En Afghanistan, depuis 1979, la guerre n\u2019a jamais vraiment cess\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Cependant, l\u2019Iran et l\u2019Afghanistan partagent la m\u00eame langue qu\u2019ils sont les seuls \u00e0 parler, \u00e0 l\u2019exception du Tadjikistan aussi, m\u00eame si aujourd\u2019hui les Talibans s\u2019efforcent de faire dispara\u00eetre le plus possible la langue persane au profit du pashto.<\/p>\n\n\n\n

Les fronti\u00e8res culturelles entre les deux pays ne sont pas les m\u00eames que les fronti\u00e8res politiques. Par exemple, quand je dis \u00ab Khorassan \u00bb, je vois une r\u00e9gion qui va jusqu\u2019\u00e0 Balkh, en Afghanistan.<\/p>\n\n\n\n

 Le travail du contrebandier est de vendre la fronti\u00e8re, o\u00f9 qu\u2019elle soit. Mon travail consiste \u00e0 la raconter, \u00e0 vendre les mots qui la d\u00e9crivent.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Vous dites en revanche que T\u00e9h\u00e9ran est \u00ab la capitale des persanophones \u00bb et que c\u2019est pour cela que vous vous y sentez si bien (p. 126). Malgr\u00e9 la complexit\u00e9 de vos identit\u00e9s, la langue persane semble en \u00eatre un pilier fondamental.<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Exactement ! L\u2019identit\u00e9 est un probl\u00e8me qui traverse tous mes livres. J\u2019ai grandi en Iran sans avoir de papier d\u2019identit\u00e9 iranien. Cette complexit\u00e9 fragilise les gens car ils grandissent sans savoir \u00e0 quel c\u00f4t\u00e9 ils appartiennent, et finissent par se dire \u00ab frontaliers \u00bb. Comme si quelqu\u2019un ne savait pas s\u2019il vivait \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran ou \u00e0 Kaboul.<\/p>\n\n\n\n

Aujourd\u2019hui, j\u2019ai d\u00e9pass\u00e9 la situation de crise identitaire dans laquelle la fronti\u00e8re plonge. On pourrait dire aujourd\u2019hui que je suis une \u00e9crivaine sri lankaise, et je dirais \u00ab oui bien s\u00fbr \u00bb. Ma propre identit\u00e9 ne compte pas. Le travail du contrebandier est de vendre la fronti\u00e8re, o\u00f9 qu\u2019elle soit. Mon travail consiste \u00e0 la raconter, \u00e0 vendre les mots qui la d\u00e9crivent.<\/p>\n\n\n\n

 Conna\u00eetre la violence et les blessures de l\u2019exil me permet de savoir qu\u2019il est n\u00e9cessaire pour survivre qu\u2019embrasser le choix contraint du d\u00e9part.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Vous \u00e9crivez \u00ab Je voyais l\u2019exil comme un caf\u00e9 amer dont l\u2019amertume rassure, et l\u2019exil\u00e9 heureux comme celui qui se dissout dans son nouveau pays tel le sucre dans la tasse, lui apportant de la saveur \u00bb (p. 117). Faut-il n\u00e9cessairement oublier son identit\u00e9 pour \u00eatre un exil\u00e9 heureux ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Non je ne veux pas dire \u00e7a ! C\u2019est une question d\u2019harmonie. Il me semble qu\u2019il faut que les personnes qui se trouvent dans un autre pays, par n\u00e9cessit\u00e9 ou par choix, se rapprochent le plus possible de la culture du pays en question, pour se faciliter la vie, pour communiquer, pour apprendre \u00e0 appr\u00e9cier la nourriture qu\u2019on y mange.<\/p>\n\n\n\n

Je pourrais me lever tous les matins en regardant la tour Montparnasse et pleurer en pensant \u00e0 T\u00e9h\u00e9ran qui me manque. Il ne faut pas ajouter des difficult\u00e9s aux difficult\u00e9s ! Beaucoup d\u2019Iraniens sont plong\u00e9s dans une profonde d\u00e9pression car ils ne sont pas en Iran. L\u2019histoire du caf\u00e9 ne signifie pas qu\u2019il faut dispara\u00eetre dans la culture de l\u2019autre, mais qu\u2019on peut rendre plus beau le monde dans lequel on vit d\u00e9sormais. Conna\u00eetre la violence et les blessures de l\u2019exil me permet de savoir qu\u2019il est n\u00e9cessaire pour survivre qu\u2019embrasser le choix contraint du d\u00e9part. Un exil\u00e9 est comme quelqu\u2019un qui a perdu une main : il peut nier qu\u2019il a perdu une main, ou bien accepter qu\u2019il n\u2019a qu\u2019une main et apprendre \u00e0 vivre avec. C\u2019est le seul moyen de survivre, si possible sans col\u00e8re et sans haine.<\/p>\n\n\n\n

Il ne faut pas cumuler la blessure de l\u2019exil avec la haine de sa situation pr\u00e9sente. Bien s\u00fbr, cela doit aussi \u00eatre aid\u00e9 par les autres nations. Il y a des millions d\u2019Afghans, d\u2019Ukrainiens, d\u2019Iraniens hors de leur pays. Nous avons besoin de la bont\u00e9 de tous pour que la peine de leur exil soit comprise, pour que leurs blessures gu\u00e9rissent.<\/p>\n\n\n\n

En \u00e9pigraphe de votre r\u00e9cit, vous citez la po\u00e9tesse afghane Nadia Anjoman \u00ab J\u2019ai fait, comme la pierre, v\u0153u de patience \u00bb. Pourriez-vous revenir sur les \u00e9crits de cette auteure ? Quels sont plus g\u00e9n\u00e9ralement les auteurs qui ont inspir\u00e9 votre \u00e9criture ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Nadia Anjoman a le m\u00eame \u00e2ge que moi. Elle est morte en 2005 sous les coups de son mari. Alors qu\u2019elle ne faisait qu\u2019\u00e9crire sur les femmes et leur lib\u00e9ration, elle est morte tr\u00e8s jeune \u00e0 cause de la violence du patriarcat. Ses \u00e9crits me bouleversent, quand je pense \u00e0 sa vie et \u00e0 son meurtre.<\/p>\n\n\n\n

De fa\u00e7on plus g\u00e9n\u00e9rale, j\u2019ai \u00e9t\u00e9 influenc\u00e9e tout d\u2019abord par les classiques que j\u2019ai lus dans mon enfance : Le Livre des Rois<\/em> de Ferdowsi, les \u00e9crits de Saadi, les po\u00e8mes de H\u00e2f\u00e9z, la po\u00e9sie iranienne classique en g\u00e9n\u00e9ral. Je n\u2019ai d\u00e9couvert la litt\u00e9rature moderne qu\u2019\u00e0 partir de l\u2019universit\u00e9. Je lisais \u00e0 la fois des livres en persan, mais aussi beaucoup de litt\u00e9rature \u00e9trang\u00e8re, notamment Le deuxi\u00e8me sexe<\/em> de Simone de Beauvoir qui \u00e9t\u00e9 mon premier grand bouleversement intellectuel.<\/p>\n\n\n\n

Nous avons besoin de la bont\u00e9 de tous pour que la peine de leur exil soit comprise, pour que leurs blessures gu\u00e9rissent.<\/p>Aliyeh Ataei<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Sinon, ce sont les auteurs russes et les auteurs fran\u00e7ais qui m\u2019ont le plus marqu\u00e9e. Il y avait d\u2019excellents traducteurs de ces litt\u00e9ratures en Iran. J\u2019\u00e9tais tr\u00e8s attach\u00e9e \u00e0 Dosto\u00efevski, \u00e0 Balzac, \u00e0 Flaubert, et enfin \u00e0 Camus qui a \u00e9t\u00e9 une deuxi\u00e8me grande r\u00e9v\u00e9lation, apr\u00e8s Simone de Beauvoir. Je ne dirais pas que ces auteurs ont directement influenc\u00e9 mon style, mais ils ont contribu\u00e9 \u00e0 \u00e9largir mon univers mental.<\/p>\n\n\n\n

Pour ce qui est des auteurs d\u2019aujourd\u2019hui je dirais Annie Ernaux et Margaret Artwood, dont je m\u2019inspire beaucoup du style et de la capacit\u00e9 \u00e0 structurer le r\u00e9cit. Je tente de m\u2019inspirer de la capacit\u00e9 d\u2019Annie Ernaux \u00e0 construire des romans \u00e0 partir d\u2019\u00e9v\u00e9nements assez banals<\/a>, m\u00eame si mon livre est rempli d\u2019histoires exceptionnelles.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Kaboul  : deux ans apr\u00e8s | \u00c9pisode 3<\/p>\n

Se r\u00e9soudre \u00e0 l\u2019exil pour survivre. Face au retour des fusils, \u00e0 la r\u00e9apparition des morts, aux pleurs sur les corps ensanglant\u00e9s, des d\u00e9cennies de violence en Afghanistan ressurgissent. 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