{"id":194347,"date":"2023-08-17T08:30:13","date_gmt":"2023-08-17T06:30:13","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=194347"},"modified":"2023-08-18T10:12:42","modified_gmt":"2023-08-18T08:12:42","slug":"les-mamelouks-dausterlitz-histoire-globale-de-la-grande-armee","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2023\/08\/17\/les-mamelouks-dausterlitz-histoire-globale-de-la-grande-armee\/","title":{"rendered":"Les mamelouks d’Austerlitz : une histoire globale de la Grande Arm\u00e9e"},"content":{"rendered":"\n

Apr\u00e8s la pens\u00e9e strat\u00e9gique de Machiavel<\/a>, l\u2019analyse de la rupture pol\u00e9mologique des guerres d\u2019Italie<\/a> et les pratiques de la guerre dans le monde grec<\/a> et l’\u00e8re strat\u00e9gique de la guerre du Golfe<\/a>, ce nouvel \u00e9pisode de notre s\u00e9rie d\u2019\u00e9t\u00e9 \u00ab Strat\u00e9gies : de Cannes \u00e0 Bakhmout \u00bb<\/a> revient sur l’une des bataille les plus embl\u00e9matiques de l’histoire europ\u00e9enne. En se concentrant sur le r\u00f4le singulier jou\u00e9 par les mamelouks et leur fonction \u00e0 l’int\u00e9rieur du dispositif politique et guerrier de Napol\u00e9on, Alexander Mikaberidze offre un nouveau r\u00e9cit du 2 d\u00e9cembre 1805.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Pour retrouver les autres \u00e9pisodes de la s\u00e9rie, c\u2019est par ici<\/a>.<\/em><\/p>\n\n\n\n

En cette fin de matin\u00e9e d’une froide journ\u00e9e de d\u00e9cembre, alors que la brume qui recouvrait la vaste plaine \u00e0 l’est de la ville morave de Br\u00fcnn dispara\u00eet, le soleil \u00e9claire les collines enneig\u00e9es o\u00f9 fourmillent hommes et chevaux. C\u2019est un moment d’une importance historique. Au cours des derni\u00e8res ann\u00e9es, les nations europ\u00e9ennes ont regard\u00e9 avec \u00e9tonnement et effroi le ph\u00e9nom\u00e8ne que repr\u00e9sentait la France r\u00e9volutionnaire. Tous leurs efforts pour faire face \u00e0 cette menace ont \u00e9chou\u00e9, deux coalitions anti-fran\u00e7aises ayant d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 mises en d\u00e9route ; la Russie et l’Autriche s\u2019\u00e9taient retir\u00e9es de la m\u00eal\u00e9e en 1801, et les inflexibles Britanniques se sont sentis oblig\u00e9s de faire la paix avec Napol\u00e9on l’ann\u00e9e suivante. Pourtant, apr\u00e8s trois ann\u00e9es d’incessante expansion fran\u00e7aise, les Russes, les Prussiens, les Autrichiens et les Su\u00e9dois ont rejoint les Britanniques dans une nouvelle tentative d’endiguement de la France.<\/p>\n\n\n\n

La guerre de la Troisi\u00e8me Coalition a commenc\u00e9 de mani\u00e8re d\u00e9sastreuse pour les Alli\u00e9s. En octobre 1805, Napol\u00e9on a vaincu et d\u00e9truit l’arm\u00e9e autrichienne \u00e0 Ulm et il s’est empar\u00e9 de la capitale autrichienne un mois plus tard. Pourtant, \u00e0 la fin du mois de novembre, les Alli\u00e9s se sentent un peu plus confiants, car les nouvelles commencent \u00e0 dresser un tableau positif d\u2019une situation strat\u00e9gique qui para\u00eet soudain leur \u00eatre favorable. Malgr\u00e9 ses premi\u00e8res victoires, Napol\u00e9on n’est pas en mesure de donner une conclusion rapide \u00e0 la guerre alors que son arm\u00e9e s’affaiblit progressivement, dispers\u00e9e sur de vastes \u00e9tendues et fatigu\u00e9e par les marches p\u00e9nibles de la c\u00f4te atlantique au c\u0153ur de la Moravie ; la consommation strat\u00e9gique et les batailles contre les Autrichiens et les Russes r\u00e9duisent consid\u00e9rablement ses effectifs, qui ne repr\u00e9sentent plus qu’un tiers de la force initiale de l’arm\u00e9e. Les nouvelles en provenance des autres lignes de front sont \u00e9galement d\u00e9courageantes. La flotte franco-espagnole a subi une d\u00e9faite d\u00e9sastreuse \u00e0 Trafalgar en octobre ; un corps exp\u00e9ditionnaire anglo-russo-su\u00e9dois se dirige vers Hanovre et menace d’envahir les territoires contr\u00f4l\u00e9s par la France ; une exp\u00e9dition conjointe anglo-russe prend des dispositions pour envahir le sud de l’Italie ; l’arm\u00e9e principale autrichienne, sous les ordres de l’archiduc Charles, fait route de l’Italie vers l’Autriche o\u00f9, avec l’appui de renforts russes, ce dernier esp\u00e8re affronter Napol\u00e9on dans une bataille d\u00e9cisive. En outre, le tsar Alexandre a r\u00e9ussi \u00e0 convaincre la Prusse de soutenir la coalition si Napol\u00e9on n’acceptait pas la m\u00e9diation prussienne, ce qui semble certain compte tenu des concessions importantes que les Alli\u00e9s attendent des Fran\u00e7ais. \u00c0 la fin du mois de d\u00e9cembre, les Alli\u00e9s sont en mesure de rallier \u00e0 leur cause des dizaines de milliers de soldats prussiens et peuvent ainsi concentrer des forces largement sup\u00e9rieures pour attaquer la Grande Arm\u00e9e affaiblie. Les sombres nuages qui se profilent \u00e0 l’horizon inqui\u00e8tent Napol\u00e9on et ses officiers. En dix ans de combats, se souvient un g\u00e9n\u00e9ral fran\u00e7ais, \u00ab bon nombre d’officiers qui, depuis dix ans de guerres, risquaient leur vie sur tant de champs de bataille, firent leur testament, ce qu’ils n’avaient pas encore song\u00e9 \u00e0 faire. Je fus, comme bien d’autres, le jouet de ce malaise, que je n’ai d’ailleurs \u00e9prouv\u00e9 que l\u00e0, et je me l’explique par le pressentiment de la mort de tant de braves, par celui de l’affreuse blessure qu’Austerlitz me r\u00e9servait. \u00bb <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span><\/p>\n\n\n\n

Le sens commun aurait d\u00fb inciter les membres de la coalition \u00e0 retarder leurs op\u00e9rations jusqu’\u00e0 ce que toutes leurs forces soient entr\u00e9es en action. Mais le sens commun n’est pas si commun, tandis que le tsar Alexandre et Fran\u00e7ois, l\u2019empereur d\u2019Autriche, ignorant les conseils judicieux de report de l’attaque, se sentaient s\u00fbrs de r\u00e9ussir et aspiraient aux lauriers de la victoire. Cela est d\u00fb en partie \u00e0 la t\u00e9m\u00e9rit\u00e9, \u00e0 l’inexp\u00e9rience et \u00e0 la confiance excessive des dirigeants de la coalition, et en partie au talent \u00e9clatant de Napol\u00e9on. Alors que le poids de l’Europe est sur le point de s’abattre sur lui, l’empereur fran\u00e7ais calcule ses options, inspire une fausse confiance aux alli\u00e9s par des ouvertures diplomatiques et met ostensiblement en avant les pr\u00e9paratifs d’une retraite. Pendant ce temps, il observe attentivement les mouvements de l’ennemi et pr\u00e9pare la bataille.<\/p>\n\n\n\n

Alors que le poids de l’Europe est sur le point de s’abattre sur lui, l’empereur fran\u00e7ais calcule ses options, inspire une fausse confiance aux alli\u00e9s par des ouvertures diplomatiques et met ostensiblement en avant les pr\u00e9paratifs d’une retraite. Pendant ce temps, il observe attentivement les mouvements de l’ennemi et pr\u00e9pare la bataille.<\/p>Alexander Mikaberidze<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Fin novembre, les Alli\u00e9s quittent leurs camps  de base et marchent vers Br\u00fcnn, o\u00f9 ils ont l’intention d’enfoncer le flanc droit de Napol\u00e9on, de couper ses lignes de communication, puis de le pousser dans les montagnes de Boh\u00eame, o\u00f9 ils l’an\u00e9antiraient. Mais ils font un mauvais calcul, car pendant que les Alli\u00e9s tergiversent \u00e0 Olmutz, Napol\u00e9on passe des jours \u00e0 reconna\u00eetre la r\u00e9gion pr\u00e8s de Br\u00fcnn, concentrant progressivement son attention sur les hauteurs de Pratzen qui dominent la localit\u00e9. Anticipant l’offensive alli\u00e9e, il d\u00e9cide de permettre aux Alli\u00e9s d’occuper cette position afin de les inciter \u00e0 attaquer son aile droite. Il s\u2019explique aupr\u00e8s de ses g\u00e9n\u00e9raux : \u00ab Si je voulais emp\u00eacher l’ennemi de passer, c’est ici que je me placerais, mais je n’aurais qu’une bataille ordinaire. Si, au contraire, je renforce ma droite, en la retirant vers Br\u00fcnn, et que les Russes abandonnent ces hauteurs, fussent-ils trois cent mille hommes, ils sont pris en flagrant d\u00e9lit et perdus sans ressources. \u00bb <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span> Il suppose qu’en tournant son flanc, les Alli\u00e9s d\u00e9placeront la plupart de leurs forces vers le sud et affaibliront leur centre et leur flanc droit pour renforcer leur pouss\u00e9e principale. Pour encourager cela, Napol\u00e9on maintient son flanc droit apparemment faible, confiant que le IIIe Corps de Davout, le \u00ab Mar\u00e9chal de Fer \u00bb, affaibli et fatigu\u00e9 apr\u00e8s une longue marche depuis Vienne, remplirait tout de m\u00eame sa mission. Les principales forces fran\u00e7aises au centre seraient dissimul\u00e9es sous le brouillard du petit matin, pr\u00e9visible en cette saison, o\u00f9 elles seraient pr\u00eates \u00e0 percer le centre affaibli des Alli\u00e9s par un assaut d\u00e9cisif sur les hauteurs de Pratzen.  <\/p>\n\n\n\n

C’est ainsi que le 2 d\u00e9cembre 1805, Napol\u00e9on, debout sur la colline de Santon pr\u00e8s de Br\u00fcnn, observa un combat mortel qui se d\u00e9roulait dans un paysage enneig\u00e9 de Moravie : le scintillement des armes, les color\u00e9s bleu, blanc et vert des combattants, la fum\u00e9e blanche des canons qui s\u2019\u00e9tirait dans le ciel bleu ou qui s’attardait, telle de la vapeur, sous les arbres, les flammes cr\u00e9pitantes qui s’\u00e9levaient des villages en flammes. Plus t\u00f4t dans la matin\u00e9e, un vif combat s’est engag\u00e9 \u00e0 l’extr\u00eame droite de la position fran\u00e7aise soumise \u00e0 l’assaut de la colonne russo-autrichienne. Le mar\u00e9chal de fer et ses hommes tiennent bon pendant les premi\u00e8res heures de la journ\u00e9e, faisant gagner un temps pr\u00e9cieux au reste de l’arm\u00e9e. \u00c0 huit heures du matin, la canonnade s’intensifie et le brouillard qui se dissipe laisse entrevoir l’aile gauche russo-autrichienne qui part des hauteurs de Pratzen et entame son mouvement d\u00e9cisif pour tourner le flanc droit de l’arm\u00e9e fran\u00e7aise, comme Napol\u00e9on l’avait pr\u00e9vu.<\/p>\n\n\n\n

\u00c0 huit heures du matin, la canonnade s’intensifie et le brouillard qui se dissipe laisse entrevoir l’aile gauche russo-autrichienne qui part des hauteurs de Pratzen et entame son mouvement d\u00e9cisif pour tourner le flanc droit de l’arm\u00e9e fran\u00e7aise, comme Napol\u00e9on l’avait pr\u00e9vu.<\/p>Alexander Mikaberidze<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Ce fut une erreur fatale, car en abandonnant la clef de leur position, les Alli\u00e9s expos\u00e8rent leur centre \u00e0 une contre-attaque d\u00e9vastatrice des v\u00e9t\u00e9rans fran\u00e7ais. Au moment critique, vers 9 heures du matin, alors que l’\u00e9pais brouillard se dissipe et que le soleil d’Austerlitz brille au-dessus du champ de bataille, Napol\u00e9on ordonne une contre-attaque avec les deux divisions du mar\u00e9chal Soult, cherchant \u00e0 diviser l’arm\u00e9e alli\u00e9e en deux. La division la plus \u00e0 gauche, command\u00e9e par le g\u00e9n\u00e9ral Dominique Vandamme, submerge la colonne russo-autrichienne adverse et devient rapidement ma\u00eetresse de sa position ; l’autre, command\u00e9e par le g\u00e9n\u00e9ral Louis-Vincent-Joseph St Hilaire, doit essuyer une violente fusillade qui dure deux heures et met en action chacun de ses bataillons. L’empereur envoie des renforts pour soutenir les hommes de Soult, mais les Alli\u00e9s engagent des forces suppl\u00e9mentaires, dont la Garde imp\u00e9riale russe, pour combler la br\u00e8che qui se creuse au centre des lignes et faire reculer le corps fran\u00e7ais. <\/p>\n\n\n\n

Vers 11 heures, alors que Vandamme red\u00e9ploie sa division en r\u00e9ponse \u00e0 un ordre de Napol\u00e9on, des escadrons de cavalerie de la Garde imp\u00e9riale russe frappent les Fran\u00e7ais avec une efficacit\u00e9 d\u00e9vastatrice. Les r\u00e9giments fran\u00e7ais du 4e de ligne et du 24e l\u00e9ger font de leur mieux pour affronter la masse de cavalerie russe qui d\u00e9ferle, mais deux bataillons du 4e de ligne sont d\u00e9bord\u00e9s ; un porte-drapeau du 4e de ligne a \u00e9t\u00e9 tu\u00e9 et l’Aigle est port\u00e9 en triomphe par un soldat russe. Pour un t\u00e9moin oculaire, les survivants s’enfuirent si rapidement qu\u2019ils pass\u00e8rent \u00ab presque sur nous et sur Napol\u00e9on ; nos efforts pour l’arr\u00eater furent inutiles ; les malheureux \u00e9taient \u00e9perdus, ils n’\u00e9coutaient rien ; ils ne r\u00e9pondirent \u00e0 nos reproches d’abandonner le champ de bataille et leur Empereur, que par le cri de Vive l’Empereur !<\/em> qu’ils poussaient machinalement en fuyant plus vite encore ! \u00bb <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span> Voyant ses hommes reculer face \u00e0 la cavalerie ennemie, Napol\u00e9on se tourna vers le mar\u00e9chal Jean Baptiste Bessi\u00e8res et, faisant un geste en direction de cette zone cruciale du champ de bataille, lui enjoignit de remettre les choses en ordre.<\/p>\n\n\n\n

Bessi\u00e8res ordonne d’abord \u00e0 Fran\u00e7ois Louis de Morland, colonel des Chasseurs \u00e0 cheval de la Garde imp\u00e9riale, r\u00e9put\u00e9 pour ses moustaches et pour \u00eatre l’un des meilleurs cavaliers de l’arm\u00e9e, de mener deux de ses escadrons \u00e0 la rescousse du 4e r\u00e9giment de ligne malmen\u00e9 par la cavalerie et l’infanterie russes. Les chasseurs v\u00eatus de vert d\u00e9bordent l’infanterie fran\u00e7aise en difficult\u00e9 et d\u00e9ferlent comme une vague sur la redoutable infanterie de garde russe, h\u00e9riss\u00e9e de ba\u00efonnettes et de fusils. Pourtant, apr\u00e8s une furieuse m\u00eal\u00e9e, ils sont repouss\u00e9s. Il est \u00e9vident qu’un corps plus important est n\u00e9cessaire pour r\u00e9tablir la situation et contenir la garde russe qui continue \u00e0 avancer. Bessi\u00e8res se tourna alors vers le g\u00e9n\u00e9ral Michel Ordener, connu comme \u00ab grosses-bottes \u00bb, colonel des grenadiers \u00e0 cheval dont les grands panaches rouges flottaient furieusement tandis qu’ils charg\u00e8rent en cette froide matin\u00e9e de d\u00e9cembre. Mais la Garde imp\u00e9riale russe riposta \u00e0 nouveau et Napol\u00e9on, qui avait vu assez de carnage, demanda \u00e0 l’un de ses principaux adjoints, le g\u00e9n\u00e9ral Rapp, de prendre deux nouveaux escadrons de chasseurs et un de mamelouks pour soutenir cette attaque.<\/p>\n\n\n\n

\n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
Cheval mamelouk<\/em>, huile sur toile de Carle Vernet (1758-1836).<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Sur une colline enneig\u00e9e au sud-ouest du village de Blasowitz, les mamelouks \u2014 v\u00eatus d\u2019amples pantalons \u00e0 la mode orientale, de gilets brod\u00e9s rouges, jaunes et verts et de turbans blancs \u2014 offraient un spectacle saisissant et leur pr\u00e9sence m\u00eame \u00e0 Austerlitz soulignait l’internationalisation rapide des guerres d\u00e9clench\u00e9es par la R\u00e9volution fran\u00e7aise. Les mamelouks (le mot signifie \u00ab poss\u00e9d\u00e9 \u00bb en arabe) repr\u00e9sentaient une caste de guerriers qui avait gouvern\u00e9, ou plut\u00f4t mal gouvern\u00e9, l’\u00c9gypte depuis le milieu du XIIIe si\u00e8cle. Ils avaient conserv\u00e9 leur pouvoir m\u00eame apr\u00e8s la conqu\u00eate ottomane de l’\u00c9gypte au XVIe si\u00e8cle et ils \u00e9taient parvenus \u00e0 un certain degr\u00e9 d’autonomie au XVIIIe si\u00e8cle, avant que l’invasion fran\u00e7aise ne vienne briser leur pouvoir en 1798. Cette \u00e9lite guerri\u00e8re avait une fa\u00e7on particuli\u00e8re de reconstituer ses rangs : bien qu’il y ait eu aussi de nombreux Soudanais, Grecs, Arabes et Russes parmi les mamelouks, elle achetait aussi de jeunes gar\u00e7ons n\u00e9s de parents non musulmans dans des r\u00e9gions aussi lointaines que la G\u00e9orgie, la Circassie et l’Arm\u00e9nie. Apr\u00e8s avoir \u00e9t\u00e9 convertis \u00e0 l’islam, ces gar\u00e7ons recevaient une \u00e9ducation et un entra\u00eenement de haut niveau dans les arts de l’\u00e9quitation et de la guerre, avant d\u2019\u00eatre finalement autoris\u00e9s \u00e0 devenir membres de la classe dirigeante qui jouissait de privil\u00e8ges politiques, militaires et \u00e9conomiques en \u00c9gypte. L’islam interdit l’asservissement des musulmans et encourage la manumission des esclaves devenus musulmans, ce qui signifie que les enfants des mamelouks ne pouvaient pas suivre leurs p\u00e8res au pouvoir et devenaient des citoyens ordinaires : leurs rangs \u00e9taient donc continuellement renouvel\u00e9s par l’importation de nouveaux esclaves.<\/p>\n\n\n\n

D\u00e9j\u00e0 en 1802, lors du grand d\u00e9fil\u00e9 et de la revue sur l’immense place du Carrousel, les mamelouks avaient suscit\u00e9 l’enthousiasme de la foule parisienne, captiv\u00e9e \u00ab par la nouveaut\u00e9 du spectacle que pr\u00e9sentaient leur costume et leur tenue singuli\u00e8re \u00bb.<\/p>Alexander Mikaberidze<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Napol\u00e9on, f\u00e9ru d’histoire, connaissait bien les mamelouks, qu’il fustigea comme \u00ab un ramassis d’esclaves achet\u00e9s dans la G\u00e9orgie et le Caucase \u00bb qui tyrannisait depuis longtemps le peuple \u00e9gyptien <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Mais il appr\u00e9ciait aussi leurs talents de cavaliers et leur ardeur martiale. Apr\u00e8s la conqu\u00eate initiale de l’\u00c9gypte \u00e0 l’\u00e9t\u00e9 1798, l’arm\u00e9e fran\u00e7aise commen\u00e7a donc \u00e0 recruter des auxiliaires indig\u00e8nes et, en l’espace de deux ans, elle comprenait plusieurs compagnies de cavalerie indig\u00e8ne : les Mamelouks, les Janissaires syriens, la L\u00e9gion grecque et la L\u00e9gion copte. En 1801, lorsque l’arm\u00e9e fran\u00e7aise \u00e9vacua l\u2019\u00c9gypte, ces auxiliaires locaux choisissent de s’exiler en France plut\u00f4t que de subir les cons\u00e9quences de leur collaboration. \u00c0 leur arriv\u00e9e en France, les exil\u00e9s \u00e9gyptiens s’installent \u00e0 Marseille et un nombre restreint d’entre eux \u2014 environ 150 hommes \u2014 furent enr\u00f4l\u00e9s dans l’escadron mamelouk du Premier Consul qui avait \u00e9t\u00e9 organis\u00e9 en 1801-1802. L’unit\u00e9 est rapidement \u00e9lev\u00e9e au rang de garde consulaire, puis, apr\u00e8s 1804, \u00e0 celui de la c\u00e9l\u00e8bre garde imp\u00e9riale <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span> .<\/p>\n\n\n\n

Il n’est pas difficile de deviner les raisons qui ont pouss\u00e9 Napol\u00e9on \u00e0 faire venir les mamelouks en France et \u00e0 les incorporer dans l’\u00e9lite des unit\u00e9s militaires fran\u00e7aises. Ils repr\u00e9sentaient l’exemple le plus visible et le plus frappant de la gloire imp\u00e9riale de la France, et constituaient des troph\u00e9es de la conqu\u00eate \u00e0 exhiber lors des d\u00e9fil\u00e9s et autres festivit\u00e9s militaires : d\u00e9j\u00e0 en 1802, lors du grand d\u00e9fil\u00e9 et de la revue sur l’immense place du Carrousel, les mamelouks avaient suscit\u00e9 l’enthousiasme de la foule parisienne, captiv\u00e9e \u00ab par la nouveaut\u00e9 du spectacle que pr\u00e9sentaient leur costume et leur tenue singuli\u00e8re \u00bb <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>. C\u2019\u00e9tait une d\u00e9monstration \u00e9blouissante du r\u00eave oriental<\/a>. \u00c0 bien des \u00e9gards, la pr\u00e9sence des Mamelouks d\u00e9finissait la France comme une entit\u00e9 imp\u00e9riale avant m\u00eame la proclamation de l’empire. En cette froide matin\u00e9e de d\u00e9cembre 1805, ces \u00e9trangers se sont \u00e9galement r\u00e9v\u00e9l\u00e9s \u00eatre les guerriers les plus z\u00e9l\u00e9s de la cause imp\u00e9riale, tous pr\u00eats \u00e0 affronter la Garde imp\u00e9riale russe.<\/p>\n\n\n\n

Ignorant les vol\u00e9es concentr\u00e9es de mitraille russe, les mamelouks partirent au galop et arriv\u00e8rent juste \u00e0 temps pour \u00e9viter le d\u00e9sastre, car la cavalerie russe avait d\u00e9j\u00e0 d\u00e9bord\u00e9 l’infanterie fran\u00e7aise et s’affairait \u00e0 sabrer les fuyards. Alors que la plupart des mamelouks connaissaient \u00e0 peine le fran\u00e7ais et devaient comprendre instinctivement ce qu’il voulait dire, Rapp leur cria : \u00ab En avant, mes gars ! Voyez-vous, troupe, nos fr\u00e8res, nos amis qu’on foule aux pieds, vengeons-les, vengeons nos drapeaux \u00bb <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

L’affrontement entre deux corps de cavalerie d’\u00e9lite est particuli\u00e8rement violent. Tr\u00e8s vite, les combats se transforment en d’innombrables corps \u00e0 corps r\u00e9partis dans la plaine, la vall\u00e9e peu profonde au sud du hameau de Blasowitz. \u00ab Ce fut une v\u00e9ritable boucherie \u00bb, se souvient Rapp. Les cavaliers \u00e9taient tellement m\u00e9lang\u00e9s que l’infanterie d’un c\u00f4t\u00e9 comme de l’autre ne pouvait se risquer \u00e0 tirer de peur de tuer ses propres hommes. Jean-Roch Coignet, de la Garde imp\u00e9riale, d\u00e9crivit plus tard la puissance d\u00e9vastatrice des Mamelouks : \u00ab Ces mamelucks \u00e9taient de merveilleux cavaliers ; ils faisaient de leur cheval ce qu\u2019ils voulaient. Avec leur sabre recourb\u00e9, ils enlevaient une t\u00eate d\u2019un seul coup, et avec leurs \u00e9triers tranchants ils coupaient les reins d\u2019un soldat. \u00bb <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span> Dans la m\u00eal\u00e9e furieuse, les Mamelouks, soutenus par les grenadiers \u00e0 cheval de la Garde imp\u00e9riale, combattent les escadrons de la cavalerie de la garde russe et abattent une grande partie de l’infanterie russe. Fort du succ\u00e8s de sa charge, Rapp pousse ses hommes vers l’avant dans l’espoir de s’emparer des canons russes qui se trouvent \u00e0 proximit\u00e9. Il s’aper\u00e7oit rapidement que son \u00e9lan l’a entra\u00een\u00e9 trop loin devant ses hommes. Cette d\u00e9cision faillit lui co\u00fbter la vie, car il se retrouva soudain au milieu des cavaliers russes qui contre-attaquaient. D\u00e9j\u00e0 bless\u00e9 et en sang, Rapp se pr\u00e9parait \u00e0 vendre sa vie le plus cher possible, lorsque il fut sauv\u00e9 par un mamelouk, Jean Chahin, \u00e2g\u00e9 de vingt-neuf ans, dont l’histoire illustre celle de tant d’autres mamelouks.<\/p>\n\n\n\n

Les cavaliers \u00e9taient tellement m\u00e9lang\u00e9s que l’infanterie d’un c\u00f4t\u00e9 comme de l’autre ne pouvait se risquer \u00e0 tirer de peur de tuer ses propres hommes. <\/p>Alexander Mikaberidze<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

N\u00e9 dans une famille chr\u00e9tienne de Tiflis (Tbilissi, G\u00e9orgie), il avait \u00e9t\u00e9 enlev\u00e9 encore enfant et vendu comme esclave avant de gagner l’\u00c9gypte, o\u00f9 il \u00e9tait entr\u00e9 dans la maison d’un des beys mamelouks. L’invasion fran\u00e7aise de l’\u00c9gypte avait marqu\u00e9 un autre tournant dans sa vie. Qu’il ait fait d\u00e9fection ou qu’il ait \u00e9t\u00e9 captur\u00e9 au combat, Chahin avait d\u00e9cid\u00e9 de se ranger du c\u00f4t\u00e9 des Fran\u00e7ais, se forgeant rapidement une r\u00e9putation de bravoure et d’audace t\u00e9m\u00e9raires. Au cours de la bataille d’H\u00e9liopolis entre l’Arm\u00e9e d’Orient fran\u00e7aise et l’arm\u00e9e ottomane soutenue par les Britanniques, Chahin se battit avec une telle f\u00e9rocit\u00e9 qu’il fut bless\u00e9 23 fois ! Et laiss\u00e9 pour mort sur le champ de bataille \u2014 survivant seulement gr\u00e2ce \u00e0 l’intervention opportune et aux soins de Dominique Larrey, futur chirurgien en chef de la garde imp\u00e9riale, puis de la Grande Arm\u00e9e. Malgr\u00e9 ses handicaps physiques, Chahin est rest\u00e9 dans l’arm\u00e9e fran\u00e7aise et l’a suivie en France, o\u00f9 il esp\u00e9rait se cr\u00e9er un avenir meilleur. On ne peut que se demander ce qu’il a d\u00fb ressentir lorsqu’il s’est pr\u00e9sent\u00e9 parmi les tout premiers r\u00e9cipiendaires de la L\u00e9gion d’honneur en juin 1804, s’engageant \u00e0 se d\u00e9vouer \u00ab au service de l’empire, et \u00e0 la conservation de son int\u00e9grit\u00e9 \u00bb, \u00e0 d\u00e9fendre \u00ab les lois de la r\u00e9publique \u00bb et \u00e0 \u00ab faire tout ce qui serait en [son] pouvoir pour maintenir la Libert\u00e9 et l’\u00c9galit\u00e9 \u00bb <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Un an plus tard, Chahin chargeait dans la campagne morave. Constatant le danger imminent qui pesait sur le g\u00e9n\u00e9ral Rapp, il se pr\u00e9cipita et, sabrant \u00e0 droite et \u00e0 gauche, il se fraya un chemin \u00e0 travers l’ennemi pour attraper le g\u00e9n\u00e9ral et l’emmener en lieu s\u00fbr. Bless\u00e9 \u00e0 trois reprises, Chahin se pr\u00e9cipita \u00e0 nouveau au combat, avec une telle violence et une telle d\u00e9termination qu’il parvient \u00e0 s’emparer d’un canon russe <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n

Non loin de Chahin se trouvent ses autres fr\u00e8res mamelouks. Les Arm\u00e9niens Azaria Le Grand et Daniel Mirza sont r\u00e9compens\u00e9s pour leur bravoure lors de cette bataille et re\u00e7oivent la L\u00e9gion d’honneur. Les Arabes Ahmed Quisse, originaire du Caire, et Mustapha Bagdoune, n\u00e9 \u00e0 Bagdad, furent tout aussi h\u00e9ro\u00efques \u2014 le premier, bless\u00e9 \u00e0 cinq reprises, refusa de quitter le champ de bataille et continua \u00e0 se battre, tandis que le second captura un drapeau russe qu’il remit \u00e0 Napol\u00e9on, en promettant de rapporter \u00e9galement la t\u00eate du grand-duc Constantin, l\u2019un des commandants russes, une provocation qui lui valut d’\u00eatre s\u00e9v\u00e8rement trait\u00e9 de \u00ab vilain sauvage \u00bb par Napol\u00e9on <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Daoud Habaibi, originaire d’une petite ville du sud de la Syrie, s\u2019\u00e9tait battu aux c\u00f4t\u00e9s de Chahin pour sauver Rapp et il fut gri\u00e8vement bless\u00e9 \u00e0 l’aine par un coup de ba\u00efonnette ; sa bravoure fut r\u00e9compens\u00e9e par la L\u00e9gion d’honneur. Non loin de lui, il y avait un autre Arabe syrien, Elias Massaad, surnomm\u00e9 \u00ab sabre redoutable \u00bb pour sa bravoure, et S\u00e9raphine, originaire d’Acre, qui avait perdu ses galons de caporal pour un d\u00e9lit commis en juin avant de les r\u00e9cup\u00e9rer pour sa bravoure \u00e0 Austerlitz. \u00c0 leurs c\u00f4t\u00e9s, on trouvait Ali, vingt-sept ans, et Riscalla, vingt ans, tous deux n\u00e9s dans la r\u00e9gion du Darfour au Soudan et vendus comme esclaves en \u00c9gypte, o\u00f9 ils se ralli\u00e8rent \u00e0 la cause fran\u00e7aise, ce qui les conduisit au c\u0153ur de l’Empire autrichien ; Soliman Moscouw\/Mouskoi, probablement un Ukrainien de Crim\u00e9e, avait suivi un parcours similaire, tout comme les Grecs Angely Anastaci, Jouanny Anastaci, Grec Kralii, et Nicole Athanase Magnati.<\/p>\n\n\n\n

Au fil des ann\u00e9es, les mamelouks originaux \u2014 dont les histoires individuelles sont pleines d’h\u00e9ro\u00efsme, de sacrifice, de d\u00e9ception et de lutte pour \u00eatre accept\u00e9s dans leur patrie d’adoption \u2014 se sont transform\u00e9s en une cat\u00e9gorie imaginaire.<\/p>Alexander Mikaberidze<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Issus de r\u00e9gions et d’ethnies diff\u00e9rentes, ces mamelouks, rassembl\u00e9s par leur \u00e9thique martiale, leur loyaut\u00e9 envers l’unit\u00e9 et le sentiment commun d’engagement envers leur nouvelle patrie, se sont battus avec beaucoup de courage et ont contribu\u00e9 au triomphe fran\u00e7ais. Rapp, tenant son sabre bris\u00e9 et couvert de sang, ne peut dissimuler son excitation : \u00ab Enfin l’intr\u00e9pidit\u00e9 de nos troupes triomphe de tous les obstacles ; les Russes fuient et se d\u00e9bandent. Alexandre et l’empereur d’Autriche furent t\u00e9moins de la d\u00e9faite ; plac\u00e9s sur une \u00e9l\u00e9vation \u00e0 peu de distance du champ de bataille, ils virent cette garde qui devait fixer la victoire taill\u00e9e en pi\u00e8ces par une poign\u00e9e de braves. \u00bb <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span> Rapp rentra pr\u00e9cipitamment pour rendre compte de cette affaire \u00e0 Napol\u00e9on, qui avait \u00e9t\u00e9 t\u00e9moin de l\u2019avantage obtenu par une force si r\u00e9duite contre les troupes d\u2019\u00e9lite de l\u2019ennemi. Ce fait d\u2019arme le poussa \u00e0 commander une toile \u00e0 Fran\u00e7ois G\u00e9rard, qui compte parmi les plus embl\u00e9matiques de l\u2019\u00e8re napol\u00e9onienne. On y voit le g\u00e9n\u00e9ral Rapp et de nombreux Mamelouks. Apr\u00e8s la r\u00e9alisation de la toile, Napol\u00e9on recommanda \u00e0 de nombreux interlocuteurs d\u2019aller la voir :  \u00ab Allez voir comme nous \u00e9tions. C’est parfait ! \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Le triomphe d’Austerlitz et la peinture monumentale de G\u00e9rard ont fait des mamelouks un \u00e9l\u00e9ment d\u00e9terminant de l’apparat napol\u00e9onien, leur fonction symbolique \u00e9clipsant leur efficacit\u00e9 militaire. Leur pr\u00e9sence dans l’arm\u00e9e fran\u00e7aise \u2014 et dans la soci\u00e9t\u00e9 \u2014 t\u00e9moigne d’un ph\u00e9nom\u00e8ne complexe de perception social des mamelouks qui sont \u00e0 la fois des troph\u00e9es de conqu\u00eate \u00e0 la mode, des symboles de l’orientalisme romantique et des pi\u00e8ces ma\u00eetresses illustrant l’\u00e9tendue de l’empire napol\u00e9onien. En effet, ils incarnent la transformation de la campagne \u00e9gyptienne rat\u00e9e de Napol\u00e9on en une glorieuse victoire qui, \u00e0 son tour, constitue un levier essentiel de la machine de propagande imp\u00e9riale. Au fil des ann\u00e9es, les mamelouks originaux \u2014 dont les histoires individuelles sont pleines d’h\u00e9ro\u00efsme, de sacrifice, de d\u00e9ception et de lutte pour \u00eatre accept\u00e9s dans leur patrie d’adoption \u2014 se sont transform\u00e9s en une cat\u00e9gorie imaginaire, un vestige d’une institution archa\u00efque qui se caract\u00e9risait ext\u00e9rieurement par son apparence orientale mais qui, en r\u00e9alit\u00e9, servait de mod\u00e8le pour les relations de pouvoir au sein de l’empire et les impulsions modernisatrices de l’imp\u00e9rialisme napol\u00e9onien.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Strat\u00e9gies | \u00c9pisode 5<\/p>\n

Oubliez Fabrice \u00e0 Waterloo. Suivez Jean Chahin \u00e0 Austerlitz. \u00c0 travers l\u2019histoire de ce mamelouk, et d\u2019autres de ses fr\u00e8res d\u2019armes, Alexander Mikaberidze livre un r\u00e9cit haletant de la bataille d’Austerlitz. Il d\u00e9crit la construction de la Grande Arm\u00e9e comme objet imp\u00e9rial tout \u00e0 la fois symbole des ambitions territoriales de Napol\u00e9on et lieu de rencontre de traditions militaires extr\u00eamement diverses. Avec beaucoup de finesse, ce texte permet de red\u00e9couvrir cette bataille \u2014 sans doute la plus c\u00e9l\u00e8bre des guerres napol\u00e9oniennes \u2014 sous un nouveau jour.<\/p>\n","protected":false},"author":2877,"featured_media":194607,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[3549],"tags":[],"geo":[1917],"class_list":["post-194347","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-strategies","staff-alexander-mikaberidze","geo-europe"],"acf":[],"yoast_head":"\nLes mamelouks d'Austerlitz : une histoire globale de la Grande Arm\u00e9e | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2023\/08\/17\/les-mamelouks-dausterlitz-histoire-globale-de-la-grande-armee\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Les mamelouks d'Austerlitz : une histoire globale de la Grande Arm\u00e9e | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Strat\u00e9gies | \u00c9pisode 5 Oubliez Fabrice \u00e0 Waterloo. 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