{"id":18834,"date":"2019-03-24T22:00:04","date_gmt":"2019-03-24T21:00:04","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=13536"},"modified":"2019-04-06T10:18:28","modified_gmt":"2019-04-06T08:18:28","slug":"suspension-du-fidesz-par-le-ppe-une-decision-qui-ne-regle-rien","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/03\/24\/suspension-du-fidesz-par-le-ppe-une-decision-qui-ne-regle-rien\/","title":{"rendered":"Suspension du Fidesz par le PPE : une d\u00e9cision qui ne r\u00e8gle rien"},"content":{"rendered":"\n

Budapest<\/em>. L\u2019instance dirigeante du Parti Populaire Europ\u00e9en (PPE) a vot\u00e9 en faveur de la suspension jusqu\u2019\u00e0 nouvel ordre du parti de Viktor Orban, le Fidesz, par 190 votes pour et 3 votes contre. Il s\u2019agit apparemment d\u2019une d\u00e9cision unanime mais elle cache en r\u00e9alit\u00e9 des fractures profondes. Le parti hongrois n\u2019a plus le droit de vote au sein du PPE, ne peut plus influer sur sa ligne, et ne peut plus proposer des candidats aux postes dirigeants. En outre le PPE met le Fidesz face \u00e0 un ultimatum concernant les attaques injustes contre les institutions de Bruxelles, et exige qu\u2019il garantisse l\u2019existence de la \u00ab Central European University \u00bb fond\u00e9e par Georges Soros. Le parti est donc plac\u00e9 dans un \u00e9tat de sursis, qui pourrait se prolonger, et qui \u00e9vite de trancher le noeud gordien (2<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Il s\u2019agit d\u2019abord d\u2019une victoire tactique pour le candidat du PPE \u00e0 la pr\u00e9sidence de la commission Manfred Weber et la dirigeante de la CDU Annegret Kramp-Karrenbauer. Les partis chr\u00e9tiens d\u00e9mocrates europ\u00e9ens (belges, portugais et su\u00e9dois notamment) qui avaient d\u00e9pos\u00e9 la motion se sont ralli\u00e9s bon gr\u00e9 mal gr\u00e9 \u00e0 la solution de la fraction allemande, la plus puissante au sein du parti. En pleine campagne \u00e9lectorale, les dirigeants de l\u2019Union n\u2019ont pas int\u00e9r\u00eat \u00e0 perdre des votes \u00e0 droite. Les commentateurs allemands s\u2019inqui\u00e8tent cependant de la d\u00e9rive d\u2019une d\u00e9mocratie chr\u00e9tienne qui renoncerait \u00e0 ses valeurs pour conserver le pouvoir. D\u2019ailleurs la CDU n\u2019est pas n\u00e9cessairement la gagnante de march\u00e9 de dupes, car il est probable que le Fidesz se cherche d\u00e9j\u00e0 de nouveaux alli\u00e9s au niveau europ\u00e9en (4<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Viktor Orban a d\u00e9clar\u00e9 accepter la d\u00e9cision et le Fidesz reste pour le moment membre du PPE, contrairement \u00e0 ce qu\u2019annon\u00e7ait Gergely Gulyas, ministre et cadre dirigeant du parti. Apr\u00e8s avoir \u00e0 plusieurs reprises injuri\u00e9s ses partenaires europ\u00e9ens, le ton du premier ministre hongrois s\u2019est fait relativement conciliant. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a lui aussi approuv\u00e9 la suspension, qui lui permet de maintenir sa propre ambigu\u00eft\u00e9 au sein de la droite europ\u00e9enne.<\/p>\n\n\n\n

Les eurod\u00e9put\u00e9s slov\u00e8nes du SDS de l\u2019ancien premier ministre Janez Jan\u0161a avaient annonc\u00e9 le matin du 20 mars qu\u2019ils quitteraient le parti en cas d\u2019exclusion d\u2019Orban (5<\/strong>). La d\u00e9cision pragmatique adopt\u00e9e \u00e0 Bruxelles a permis d\u2019\u00e9viter, ou de reporter, l\u2019\u00e9clatement probable de la plus grande formation au Parlement Europ\u00e9en. Les R\u00e9publicains fran\u00e7ais ont quant \u00e0 eux pr\u00e9sent\u00e9 un front commun et ont soutenu unanimement la suspension.<\/p>\n\n\n\n

En Roumanie, la droite \u00e9tait partie divis\u00e9e sur la question de l\u2019attitude \u00e0 tenir vis-\u00e0-vis du Fidesz. Tandis que le Parti National-Lib\u00e9ral (PNL, principale force d\u2019opposition, duquel est issu le pr\u00e9sident Klaus Iohannis) et le Parti pour un Mouvement Populaire (PMP, parti fond\u00e9 par l\u2019ancien pr\u00e9sident Traian Basescu) soutenaient la ligne de Manfred Weber en faveur d\u2019un durcissement du rapport au Fidesz, le parti de la puissante minorit\u00e9 magyare de Roumanie, l\u2019UDMR (soutien sans participation \u00e0 la coalition gouvernementale PSD-ALDE), affichait quant \u00e0 lui un soutien sans faille au cousin hongrois, \u201cau nom de l\u2019unit\u00e9 du PPE\u201d. Finalement la solution de la suspension semble satisfaire tout le monde. Ludovic Orban, pr\u00e9sident du PNL, en a profit\u00e9 pour rappeler que l\u2019ALDE et le PSE, contrairement au PPE, n\u2019a toujours pas sanctionn\u00e9 l\u2019ALDE Roumanie et le PSD roumain pour la politique illib\u00e9rale de leur coalition gouvernementale (3<\/strong>). La coalition au pouvoir a en effet supprim\u00e9 l\u2019ind\u00e9pendance de la magistrature et d\u00e9criminalis\u00e9 la corruption. Viorica Dancila, premi\u00e8re ministre social-d\u00e9mocrate a d\u2019ailleurs d\u00e9clar\u00e9 le 18 mars dernier devant ses coll\u00e8gues du Parti socialiste europ\u00e9en : \u201cEn Roumanie la corruption n\u2019existe pas. Le pot-de-vin n\u2019est rien de plus qu\u2019une m\u00e9thode pour exprimer sa gratitude\u201d.<\/p>\n\n\n\n

En cas de divorce consomm\u00e9, les d\u00e9put\u00e9s du parti de gouvernement hongrois pourraient \u00eatre accueillis dans l\u2019une des trois formations eurosceptiques actuelles. Le groupe des conservateurs et r\u00e9formistes europ\u00e9ens (CRE) constitu\u00e9 du PiS et des Tories britanniques, l\u2019ELDD (groupe de Nigel Farage et du mouvement 5 \u00e9toiles) ou encore le groupe Europe des nations et des libert\u00e9s (qui rassemble le RN, la ligue du Nord, le FP\u00d6 autrichien et le parti pour la libert\u00e9 n\u00e9erlandais). Si les forces restent en l\u2019\u00e9tat, Orban devrait donc choisir entre Salvini et Kaczy\u0144ski. Vue de Pologne, la d\u00e9cision semble d\u2019ailleurs un pis-aller avant que le Fidesz ne rejoigne le groupe du PiS et des Tories au Parlement Europ\u00e9en.<\/p>\n\n\n\n

Le pr\u00e9sident du PPE, le fran\u00e7ais Joseph Daul, a tenu \u00e0 affirmer la fermet\u00e9 du parti, alors que celui-ci a pourtant choisi une mesure plus cl\u00e9mente qu\u2019attendu. Guy Verhofstadt n\u2019y croit pas et parle d\u2019une \u00ab combine politique qui fait honte \u00e0 l\u2019Europe \u00bb. Emmanuel Macron, bien qu\u2019il ne soit pas imm\u00e9diatement concern\u00e9 par des affaires apparemment internes au PPE, a cependant d\u00e9clar\u00e9 : \u00ab Je suis plut\u00f4t pour la clart\u00e9 et je n’ai pas trouv\u00e9 que c’\u00e9tait tr\u00e8s clair [\u2026] j\u2019ai compris que rien ne changeait  \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Perspectives :<\/strong><\/h4>\n\n\n\n