{"id":18823,"date":"2019-02-24T22:00:39","date_gmt":"2019-02-24T21:00:39","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=12957"},"modified":"2019-04-05T09:28:05","modified_gmt":"2019-04-05T08:28:05","slug":"flintlock-2019-quelles-priorites-pour-lafricom","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/02\/24\/flintlock-2019-quelles-priorites-pour-lafricom\/","title":{"rendered":"Flintlock 2019 : Quelles priorit\u00e9s pour l’Africom ?"},"content":{"rendered":"\n

Ouagadougou.<\/em> Le 18 f\u00e9vrier a d\u00e9but\u00e9 \u00ab Flintlock 2019 \u00bb, un exercice militaire conjoint des forces arm\u00e9es am\u00e9ricaines en Afrique (Africom) et des arm\u00e9es des pays du G5 Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso, Mauritanie), dont les op\u00e9rations ont lieu principalement au Burkina Faso, avec des avant-postes strat\u00e9giques en Mauritanie (2<\/strong>). Ces exercices se d\u00e9roulent chaque ann\u00e9e, avec une participation croissante des pays de la r\u00e9gion et des alli\u00e9s am\u00e9ricains, via un soutien militaire et financier. Cette ann\u00e9e, l\u2019effectif de l\u2019exercice s\u2019\u00e9levait \u00e0 2000 militaires, avec la participation d\u2019une trentaine de pays en comptant les donateurs : il s\u2019agit d\u2019un exercice crucial dans l\u2019histoire de la pr\u00e9sence am\u00e9ricaine sur le continent. Le terrorisme et l\u2019interop\u00e9rabilit\u00e9 en sont les objectifs principaux, si bien la question de la gestion des flux migratoires est rel\u00e9gu\u00e9e \u00e0 une place secondaire (2<\/strong>). Le Sahel Occidental appara\u00eet, avec la Somalie, comme un des pivots de l\u2019action de Washington en Afrique (3<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Les op\u00e9rations \u00ab Flintlock \u00bb ont \u00e9t\u00e9 institu\u00e9es pendant l\u2019apr\u00e8s-guerre pour entra\u00eener les forces arm\u00e9es europ\u00e9ennes. Le nom renvoie \u00e0 une p\u00e9riode historique pendant laquelle de nombreux acteurs jugeaient n\u00e9cessaire d\u2019\u00e9tablir un partenariat solide avec les \u00c9tats-Unis sur le terrain s\u00e9curitaire. La mission Africom (Africa Commando) a \u00e9t\u00e9 d\u00e9ploy\u00e9e par l\u2019administration Bush en 2007, apr\u00e8s des d\u00e9cennies de d\u00e9bats sur la strat\u00e9gie militaire \u00e0 adopter sur le continent (1<\/strong>). Objectif principale de la Maison Blanche sur de nombreux th\u00e9\u00e2tres ext\u00e9rieurs, la \u00ab coop\u00e9ration militaire \u00bb est li\u00e9e \u00e0 la signature d\u2019accords de libre \u00e9change avec les pays int\u00e9ress\u00e9s. Avec Africom, les \u00c9tats-Unis promeuvent la d\u00e9centralisation du pouvoir \u00e9tatique au nom de la bonne gouvernance (1<\/strong>). Le d\u00e9bat sur l\u2019engagement am\u00e9ricain en Afrique s\u2019accompagne d\u2019une s\u00e9rie de pol\u00e9miques selon le dossier en question : l\u2019incapacit\u00e9 de pr\u00e9venir l\u2019effondrement de nombreux r\u00e9gimes, la militarisation sauvage et la hausse des d\u00e9penses militaires ainsi que l\u2019exploitation non durable des ressources du continent. En effet, les priorit\u00e9s de la mission sont localis\u00e9es dans des r\u00e9gions \u00e0 haute densit\u00e9 de ressources mini\u00e8res et p\u00e9troli\u00e8res (Golfe de Guin\u00e9e, Angola et Mozambique), tandis que la lutte contre le terrorisme se concentre sur le Sahel Occidental et la Somalie.<\/p>\n\n\n\n

Flintock est le pilier de la politique am\u00e9ricaine en Afrique, renouvel\u00e9e sous l\u2019administration Trump sous le vocable des \u00ab int\u00e9r\u00eats nationaux \u00bb. Avec cette expression, qui revient souvent dans les documents am\u00e9ricains traitants de la politique africaine, il s\u2019agit de limiter l\u2019influences des concurrents (la France, la Chine et en partie la Russie) dans la gestion des ressources \u00e9conomiques et des programmes de coop\u00e9ration. Dans ce cadre, la centralit\u00e9 du Niger a \u00e9t\u00e9 r\u00e9affirm\u00e9e au c\u0153ur de l\u2019action g\u00e9opolitique am\u00e9ricaine dans le Sahel pour les deux ann\u00e9es \u00e0 venir (3<\/strong>). Outre la gestion de la conflictualit\u00e9 r\u00e9gionale, Niamey est cruciale pour ses ressources d\u2019uranium (par le pass\u00e9, elle fut au centre de pol\u00e9miques sur les programmes nucl\u00e9aires de Saddam Hussein). La formation militaire a \u00e9galement consolid\u00e9 la relation amicale avec le Tchad. Apr\u00e8s une p\u00e9riode de tensions avec Washington, ce pays a r\u00e9ussi \u00e0 atteindre une v\u00e9ritable situation d\u2019h\u00e9g\u00e9monie militaire par l\u2019interm\u00e9diaire du G5 Sahel. Le Mali et le Burkina Faso sont en revanche consid\u00e9r\u00e9s comme des maillons faibles, qu\u2019il s\u2019agisse de la conflictualit\u00e9 latente de Bamako ou de la fragilit\u00e9 des forces arm\u00e9es de Ouagadougou (2<\/strong>). Selon la d\u00e9claration des cadres militaires am\u00e9ricains, Boko Aram et Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) constituent les objectifs principaux, auxquels s\u2019ajoute une coop\u00e9ration plus \u00e9troite avec la force Amisom en Somalie dans la lutte contre Al-Shabaab. Celle-ci m\u00e8nerait \u00e0 un partenariat plus approfondi avec les alli\u00e9s militaires (Burundi, Kenya, Djibouti, Ethipie) et les bailleurs de fonds (Union Europ\u00e9enne). Cependant, la politique am\u00e9ricaine apr\u00e8s le retrait de la mission du territoire n\u2019est pas \u00e9voqu\u00e9e. Un autre th\u00e9\u00e2tre important est la Libye, au coeur des flux de migration li\u00e9s \u00e0 la situation au Sahel Occidental. La crise libyenne est donc subordonn\u00e9e \u00e0 ce qui se joue aujourd\u2019hui au Mali et au Niger (3<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Perspectives :<\/strong><\/h4>\n\n\n\n