{"id":188155,"date":"2023-06-13T15:08:19","date_gmt":"2023-06-13T13:08:19","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=188155"},"modified":"2023-06-14T09:50:40","modified_gmt":"2023-06-14T07:50:40","slug":"quest-ce-quune-contre-offensive","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2023\/06\/13\/quest-ce-quune-contre-offensive\/","title":{"rendered":"Qu’est-ce qu’une contre-offensive ?"},"content":{"rendered":"\n
Une contre-offensive est une suite d\u2019actions offensives men\u00e9es par un acteur au plan op\u00e9ratif \u2014 au plan tactique, il s\u2019agirait d\u2019une contre-attaque \u2014 et faisant suite \u00e0 une progression adverse. Elle \u00ab r\u00e9pond \u00bb donc \u00e0 une suite d\u2019offensives mais c\u2019est surtout sa dynamique profonde qui importe : si elle est le fait, ici, d\u2019un d\u00e9fenseur, toute contre-offensive cherche d\u2019abord \u00e0 reprendre l\u2019initiative, qui en est le v\u00e9ritable enjeu. Elle est donc la concr\u00e9tisation, au plan op\u00e9ratif, de la \u00ab dialectique des volont\u00e9s oppos\u00e9es \u00bb de Beaufre : l\u2019initiative doit \u00eatre captur\u00e9e et nourrie, ce qui g\u00e9n\u00e8re en retour de la libert\u00e9 d\u2019action. Elle doit ensuite \u00eatre conserv\u00e9e, en imposant un rythme \u00e0 l\u2019ennemi, qui n\u2019est pas qu\u2019un d\u00e9cideur, politique ou militaire, mais qui est avant tout un syst\u00e8me. C\u2019est donc bien d\u2019une action op\u00e9rative dont il s\u2019agit : son succ\u00e8s ou son \u00e9chec ne se mesure pas uniquement par des facteurs chiffrables \u2014 superficie et villes reprises, volumes de pertes inflig\u00e9s, etc. \u2014 mais surtout par des effets syst\u00e9miques sur l\u2019ennemi. <\/p>\n\n\n\n
Ces effets syst\u00e9miques portent sur la capacit\u00e9 ennemie \u00e0 poursuivre les op\u00e9rations, \u00e9ventuellement en permettant une reprise, \u00e0 son tour, de l\u2019initiative. Entrent alors en jeu une s\u00e9rie de leviers, syst\u00e9miques, qui sont plus ou moins activ\u00e9s : pertinence et adaptativit\u00e9 des planifications, disponibilit\u00e9 d\u2019une masse utilisable, aptitude du commandement \u00e0 comprendre la situation, r\u00e9articulation des structures de force, voire de la doctrine, etc. S\u2019adapter ne va pas de soi et celui qui conduit une contre-offensive cherche \u00e9videmment \u00e0 rendre la r\u00e9action ennemie plus difficile, en maintenant le flou sur la ou les zones o\u00f9 elle est engag\u00e9e, sur les volumes engag\u00e9s ou encore, par sa planification op\u00e9rative, en anticipant les r\u00e9actions ennemies pour mieux les interdire, etc. <\/p>\n\n\n\n Toute contre-offensive cherche d\u2019abord \u00e0 reprendre l\u2019initiative, qui en est le v\u00e9ritable enjeu. Elle est donc la concr\u00e9tisation, au plan op\u00e9ratif, de la \u00ab dialectique des volont\u00e9s oppos\u00e9es \u00bb de Beaufre : l\u2019initiative doit \u00eatre captur\u00e9e et nourrie, ce qui g\u00e9n\u00e8re en retour de la libert\u00e9 d\u2019action.<\/p>Joseph Henrotin<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n \u00c9pist\u00e9mologiquement, c\u2019est une question tr\u00e8s int\u00e9ressante. Le point de vue du strat\u00e9giste, entendu comme une personne qui \u00e9tudie la strat\u00e9gie, doit prendre en compte celui du strat\u00e8ge \u2014 son praticien. Or pour ce dernier, l\u2019histoire militaire est une gigantesque source d\u2019exp\u00e9riences, mais qui ne sont que par procuration : tout n\u2019est jamais su, alors qu\u2019\u00e0 la guerre tout importe. En d\u2019autres termes, on peut avoir une inspiration \u00e0 travers l\u2019histoire et y trouver des analogies mais il para\u00eet d\u00e9licat d\u2019y trouver des patrons de pr\u00eat \u00e0 porter : la conduite de la guerre ne peut certes pas faire fi de sa nature, qui est invariante, mais elle d\u00e9pend surtout de son caract\u00e8re, variable en fonction des forces et faiblesses des arm\u00e9es, id\u00e9elles (doctrine, entra\u00eenement, etc.) comme mat\u00e9rielles (volumes de forces, niveau technologique, etc.) et bien \u00e9videmment de l\u2019environnement (tactique, mais aussi du soutien international). <\/p>\n\n\n\n En ce sens, le parall\u00e8le que font certains entre les d\u00e9buts de la contre-offensive ukrainienne et la bataille de Koursk (1943) n\u2019op\u00e8re que sur quelques aspects de la bataille (modernit\u00e9 des mat\u00e9riels ukrainiens, usage de la d\u00e9fensive par exemple) mais pas sur d\u2019autres pourtant tr\u00e8s structurants (longueur de la ligne de contact, rapport de force mat\u00e9riel et moral, diff\u00e9rentiels doctrinaux, etc.).<\/p>\n\n\n Les clefs d’un monde cass\u00e9.<\/p>\n Du centre du globe \u00e0 ses fronti\u00e8res les plus lointaines, la guerre est l\u00e0. L\u2019invasion de l\u2019Ukraine par la Russie de Poutine nous a frapp\u00e9s, mais comprendre cet affrontement crucial n’est pas assez.<\/p>\n Notre \u00e8re est travers\u00e9e par un ph\u00e9nom\u00e8ne occulte et structurant, nous proposons de l\u2019appeler : guerre \u00e9tendue.<\/p>\n\t\t\t\t\t\t<\/div>\n\t\t\t\t\t\n\t\t\t\t\t\t\t\t\t\t\tQuels pourraient \u00eatre les mod\u00e8les historiques de l’op\u00e9ration que l\u2019Ukraine vient de lancer ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n
\r\n <\/picture>\r\n \n