{"id":182934,"date":"2023-04-23T12:02:39","date_gmt":"2023-04-23T10:02:39","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=182934"},"modified":"2023-04-24T10:26:19","modified_gmt":"2023-04-24T08:26:19","slug":"meloni-six-mois-de-techno-souverainisme","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2023\/04\/23\/meloni-six-mois-de-techno-souverainisme\/","title":{"rendered":"Meloni : six mois de techno-souverainisme"},"content":{"rendered":"\n

Avec ses diff\u00e9rences territoriales et ses identit\u00e9s, le fort contraste entre le secteur public et le secteur priv\u00e9, les d\u00e9s\u00e9quilibres \u00e9conomiques et sociaux et les relations probl\u00e9matiques entre les diff\u00e9rents niveaux de gouvernement, l\u2019Italie est un pays qui pr\u00e9sente une mosa\u00efque de diff\u00e9rences. Des pics d’excellence et des poches d’inefficacit\u00e9 consid\u00e9rable alternent presque partout, dans l’administration publique, dans l’\u00e9conomie, dans la politique, dans l’\u00e9ducation. L’Italie est peut-\u00eatre le pays le plus d\u00e9centralis\u00e9 et le plus asyst\u00e9matique d’Europe, o\u00f9 le capital confiance de la nation fait bien plus d\u00e9faut que son capital financier. Cette conformation disparate dans tous les secteurs rend le pays difficile \u00e0 r\u00e9former, obligeant toujours \u00e0 une m\u00e9diation laborieuse entre des int\u00e9r\u00eats diff\u00e9rents et divergents.<\/p>\n\n\n\n

L’Italie oscille entre la recherche d’une modernisation, per\u00e7ue comme n’ayant jamais \u00e9t\u00e9 pleinement r\u00e9alis\u00e9e, et une d\u00e9fense pragmatique et maussade de l’existant sans qu’il y ait un fil conducteur dominant \u2014 comme l’\u00c9tat ou le march\u00e9 financier dans d’autres exp\u00e9riences \u2014 capable de tracer certaines lignes prioritaires de d\u00e9veloppement. Les \u00e9quilibres italiens reposent sur des pactes toujours contestables entre corporations, territoires, groupes de pouvoir \u00e9conomiques et politiques. Pour cette raison, plus que pour toute autre probablement, l’Italie n’est pas un pays o\u00f9 les r\u00e9volutions se produisent, o\u00f9 les conflits sociaux sont r\u00e9duits, o\u00f9 les manifestations et la violence politique n’ont pas lieu d’\u00eatre. C’est l’accord pr\u00e9caire, toujours remis en question, qui d\u00e9finit la g\u00e9n\u00e9tique politique de l’Italie, tout comme l’illustrent son parlementarisme extr\u00eame et ses nombreux cas de transformisme. Dans son histoire, m\u00eame les changements de r\u00e9gime ont \u00e9t\u00e9 caract\u00e9ris\u00e9s par la continuit\u00e9 plut\u00f4t que par le changement : le Statuto Albertino a servi quatre r\u00e9gimes diff\u00e9rents (Royaume du Pi\u00e9mont et de Sardaigne ; Italie lib\u00e9rale-oligarchique unie ; Italie lib\u00e9rale-d\u00e9mocratique ; fascisme), l’av\u00e8nement du r\u00e9gime fasciste a \u00e9t\u00e9 ent\u00e9rin\u00e9 avec la complicit\u00e9 fondamentale de la monarchie et de l’\u00e9lite lib\u00e9rale, tandis qu’apr\u00e8s le fascisme, une grande partie de la classe dirigeante bureaucratique, judiciaire et \u00e9conomique est rest\u00e9e en place. Au cours de la R\u00e9publique, l’actuelle Constitution de la R\u00e9publique italienne elle-m\u00eame est pass\u00e9e par trois r\u00e9gimes politiques diff\u00e9rents (R\u00e9publique parlementaire-partisane ; la R\u00e9publique bipolaire du berlusconisme ; la transition actuelle, avec une plus grande centralit\u00e9 du chef de l’\u00c9tat) sans jamais avoir \u00e9t\u00e9 modifi\u00e9e de mani\u00e8re substantielle.<\/p>\n\n\n\n

C’est l’accord pr\u00e9caire, toujours remis en question, qui d\u00e9finit la g\u00e9n\u00e9tique politique de l’Italie, tout comme l’illustrent son parlementarisme extr\u00eame et ses nombreux cas de transformisme.<\/p>Lorenzo Castellani<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

En Italie, nous vivons donc toujours dans le paradoxe : les querelles politiques de ce pays segment\u00e9 v\u00e9hiculent, m\u00eame \u00e0 l’\u00e9tranger, l’id\u00e9e angoissante d’un changement continu et d’une paling\u00e9n\u00e9sie, mais sous la surface, les choses \u00e9voluent extr\u00eamement lentement, le formel et l’informel \u00e9tant souvent en contradiction l’un avec l’autre. Ce n’est pas un hasard si, au cours des trente derni\u00e8res ann\u00e9es, l’opinion publique italienne a consid\u00e9r\u00e9 l’Union europ\u00e9enne comme le principal, voire l’unique moteur de l’introduction de r\u00e9formes structurelles. Ces r\u00e9formes, toutefois, ont souvent \u00e9t\u00e9 combattues par les hommes politiques italiens et par la majorit\u00e9 du pays, et ont toujours \u00e9t\u00e9 affaiblies par la pression des partis, des entreprises et des r\u00e9sistances territoriales. Le fait que l’on continue \u00e0 parler de l’Europe comme d’une \u00ab contrainte ext\u00e9rieure \u00bb (vincolo esterno<\/em>), avec une expression qui fait allusion au carcan et \u00e0 l’action subie par ceux-l\u00e0 m\u00eames qui s’y disent favorables, est symptomatique de la lenteur du changement dans une p\u00e9ninsule \u00ab \u00e0 t\u00e2ches de l\u00e9opard \u00bb ; de m\u00eame que le triomphalisme \u00e0 l’\u00e9gard des nouveaux fonds europ\u00e9ens, largement exag\u00e9r\u00e9 dans la politique italienne par rapport aux autres nations, est imm\u00e9diatement revu \u00e0 la baisse lorsque le pays est contraint de faire face \u00e0 ses propres faiblesses administratives, juridiques et institutionnelles et de se mesurer \u00e0 un changement exig\u00e9 d’en haut.<\/p>\n\n\n\n

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\u00a9 Alessandro Serrano’ \/ AGF\/SIPA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

C’est pourquoi, lorsqu’on analyse la politique italienne, il est toujours bon de ne pas se laisser impressionner par les d\u00e9clarations grandiloquentes, l’alarmisme, les croissances \u00e9lectorales vertigineuses et les effondrements ruineux, la naissance continuelle de nouveaux mouvements, partis et leaders. Si l\u2019on fait une radiographie pr\u00e9cise des rapports de force qui comptent, on constate qu\u2019ils restent beaucoup plus stables qu’on ne veut bien le dire. Ce n’est pas un hasard si l’\u00e9litisme moderne a \u00e9t\u00e9 th\u00e9oris\u00e9 par des Italiens \u2014 Gaetano Mosca, Vilfredo Pareto et Roberto Michels \u2014 qui ont imagin\u00e9 une soci\u00e9t\u00e9 hi\u00e9rarchis\u00e9e s’approchant de la d\u00e9mocratisation sans perdre son axe vertical, mais surtout un mouvement in\u00e9vitable, bien que lent et progressif, des classes dirigeantes \u2014 fait de r\u00e9sistances et de rentes, de petits groupes concurrents pr\u00eats \u00e0 tout pour conqu\u00e9rir ou conserver le pouvoir, plut\u00f4t que de le renverser ou de le r\u00e9former.<\/p>\n\n\n\n

Les querelles politiques de ce pays segment\u00e9 v\u00e9hiculent, m\u00eame \u00e0 l’\u00e9tranger, l’id\u00e9e angoissante d’un changement continu et d’une paling\u00e9n\u00e9sie, mais sous la surface, les choses \u00e9voluent extr\u00eamement lentement.<\/p>Lorenzo Castellani<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Les th\u00e9ories \u00e9litistes sont conservatrices dans leur cadre logique, d\u00e9sabus\u00e9es et r\u00e9alistes ; elles sont le produit du cynisme politique qui a caract\u00e9ris\u00e9 l’histoire de l’Italie unie. Sans ces coordonn\u00e9es fondamentales, il est difficile de comprendre la stabilit\u00e9 et la gradualit\u00e9 du changement dans la politique italienne, qui subit des vagues de plus en plus fortes. Cela ne veut pas dire, bien s\u00fbr, que les crises ne peuvent pas faire dispara\u00eetre des pans entiers de la classe politique \u00e0 l’occasion d’une \u00e9lection, ou qu’elles ouvrent des espaces pour la mont\u00e9e en puissance des leaders et de leur poign\u00e9e d’hommes. Les enqu\u00eates p\u00e9nales de Tangentopoli ont \u00e9t\u00e9 un \u00e9v\u00e9nement exceptionnel qui a d\u00e9coul\u00e9 d’une r\u00e9volution politique globale \u2014 la fin du communisme, les \u00e9quilibres de la guerre froide et le d\u00e9but de l’int\u00e9gration mon\u00e9taire europ\u00e9enne \u2014 et de l’action d’un pouvoir de l’\u00c9tat (le judiciaire) contre un autre (le politique) incapable de se r\u00e9inventer \u00e0 temps et de se d\u00e9fendre de mani\u00e8re ad\u00e9quate. Avant cette conjoncture judiciaire, la soci\u00e9t\u00e9 italienne n’avait pas connu de changements politiques et \u00e9conomiques aussi forts et radicaux. En d’autres termes, les \u00ab chocs ext\u00e9rieurs \u00bb, qui ne sont pas d\u00e9clench\u00e9s par la politique et la soci\u00e9t\u00e9 elles-m\u00eames, semblent \u00eatre les seuls \u00e9v\u00e9nements capables de provoquer des changements substantiels au sein du pouvoir italien qui, en dehors des crises comme celle de 1992, a tendance \u00e0 s’adapter \u00e0 l’instabilit\u00e9 gouvernementale r\u00e9currente en se montrant d\u2019une grande plasticit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

De sa cr\u00e9ation \u00e0 aujourd’hui, le gouvernement Meloni s’inscrit parfaitement dans le sch\u00e9ma d\u2019un pays \u00ab \u00e0 t\u00e2ches de l\u00e9opard \u00bb qui se conserve malgr\u00e9 les crises, d\u00e9montrant bien la capacit\u00e9 de compromis qui existe entre la politique et l’establishment<\/em> d\u00e9centralis\u00e9. Les craintes et les risques d’une d\u00e9rive eurosceptique, que l’on craignait pendant la campagne \u00e9lectorale, se sont r\u00e9v\u00e9l\u00e9s infond\u00e9s \u2014 il n’y a pas eu d’actions militaires de blocus contre le droit international pour arr\u00eater l’immigration, pas de lois budg\u00e9taires imprudentes ou de politiques de d\u00e9penses plus controvers\u00e9es que celles des gouvernements pr\u00e9c\u00e9dents.<\/p>\n\n\n\n

Au cours des cinq derni\u00e8res ann\u00e9es, sont entr\u00e9s au gouvernement : une force anti-politique, anti-establishment<\/em>, \u00e0 l’origine contre l\u2019euro (Movimento 5 Stelle), une force politique nationale-populiste, contre l\u2019euro (Lega), et une force politique de droite, eurosceptique (Fratelli d’Italia). Pourtant, l’Italie, malgr\u00e9 des majorit\u00e9s incluant ces forces, n’a jamais d\u00e9vi\u00e9 de ses contraintes europ\u00e9ennes et internationales. Deux des trois forces (Lega et Movimento 5 Stelle), en raison de leurs propres limites plut\u00f4t que de leur propre volont\u00e9, ont finalement contribu\u00e9 \u00e0 la r\u00e9\u00e9lection du pr\u00e9sident de la R\u00e9publique et soutenu le gouvernement Draghi dans une majorit\u00e9 d’unit\u00e9 nationale, tandis que Fratelli d’Italia a jou\u00e9 le r\u00f4le d’une opposition responsable et collaborative. Tout se passe comme si la politique italienne avait, sous le couvert de la propagande, int\u00e9rioris\u00e9 la contrainte ext\u00e9rieure et s’\u00e9tait pr\u00e9par\u00e9e \u00e0 r\u00e9viser, compl\u00e8tement ou presque, ses positions politiques \u00e0 moyen terme. C’est aussi gr\u00e2ce \u00e0 l’action de la Pr\u00e9sidence de la R\u00e9publique qui, devenue le seul point d’appui de la stabilit\u00e9 politico-institutionnelle de la derni\u00e8re d\u00e9cennie, a pu profiter politiquement du changement brutal de la classe politique pour imposer son influence et son \u00ab cordon sanitaire \u00bb, par rapport aux diktats constitutionnels, aux contraintes europ\u00e9ennes et aux orientations des relations internationales, \u00e0 de nouveaux partis et dirigeants plus radicaux et souvent inexp\u00e9riment\u00e9s enfin.<\/p>\n\n\n\n

Tout se passe comme si la politique italienne avait, sous le couvert de la propagande, int\u00e9rioris\u00e9 la contrainte ext\u00e9rieure et s’\u00e9tait pr\u00e9par\u00e9e \u00e0 r\u00e9viser, compl\u00e8tement ou presque, ses positions politiques \u00e0 moyen terme.<\/p>Lorenzo Castellani<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Le chef de l’\u00c9tat a cependant pay\u00e9 le prix de la fragmentation et de la faiblesse des acteurs nouveaux et anciens en se transformant en m\u00e9diateur et en \u00ab compilateur de gouvernements \u00bb, contraint de favoriser la construction de coalitions in\u00e9dites pour faire durer la derni\u00e8re l\u00e9gislature. La politique \u00e9trang\u00e8re offre d’autres bons exemples de l’incoh\u00e9rence et en m\u00eame temps de la continuit\u00e9 de la politique italienne. Les partis qui avaient men\u00e9 une pol\u00e9mique anti-euro ont cess\u00e9 de soutenir cette position une fois qu’ils sont entr\u00e9s au gouvernement. Les id\u00e9ologues anti-euro, tr\u00e8s pr\u00e9sents dans les m\u00e9dias entre 2013 et 2018, ont \u00e9t\u00e9 mis \u00e0 l’\u00e9cart par les partis et n’ont jamais eu de r\u00f4le gouvernemental de premier plan. En ce sens, la Ligue, avec son \u00e2me bipartite, entre ses racines dans les petites et moyennes industries du Nord et son esprit anti-establishment<\/em> et eurosceptique, \u00e9tait le meilleur exemple d’un minotaure politique toujours pr\u00eat \u00e0 se transformer. Il en va de m\u00eame pour le Mouvement 5 \u00e9toiles, un parti qui, jusqu’aux politiques de 2018, a fait la promotion d’un r\u00e9f\u00e9rendum sur l’euro et qui, en 2019, avec son vote \u00e0 Bruxelles, s’est montr\u00e9 crucial pour l’\u00e9lection d’Ursula von der Leyen \u00e0 la pr\u00e9sidence de la Commission europ\u00e9enne.<\/p>\n\n\n\n

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\u00a9 AP Photo\/Olivier Matthys<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Mais la guerre en Ukraine a \u00e9galement montr\u00e9 une \u00e9tonnante capacit\u00e9 d’adaptation des partis italiens. La Lega et Forza Italia, mais aussi Fratelli d’Italia, ont adopt\u00e9 des positions pro-russes ; ils consid\u00e9raient Vladimir Poutine comme un mod\u00e8le politique, identitaire et conservateur, qu’il ne fallait pas condamner. Meloni a abandonn\u00e9 cette position d’amiti\u00e9 et d’ouverture envers le r\u00e9gime russe avant les autres ; Salvini a \u00e9t\u00e9 contraint \u00e0 un revirement total lorsqu’il a choisi de rejoindre la majorit\u00e9 d’unit\u00e9 nationale dirig\u00e9e par Mario Draghi, et Forza Italia, m\u00eame avec Berlusconi toujours enclin \u00e0 d\u00e9fendre publiquement Poutine, a en fait toujours soutenu la ligne atlantique des gouvernements Draghi et Meloni. M\u00eame en mati\u00e8re d’immigration, il existe un d\u00e9calage entre les promesses et la r\u00e9alit\u00e9 : le blocus naval propos\u00e9 par Fratelli d’Italia ces derni\u00e8res ann\u00e9es a disparu d\u00e8s que le gouvernement est entr\u00e9 en fonction, tandis que les politiques migratoires s’inscrivent en fait dans la continuit\u00e9 de celles des derniers gouvernements et que, \u00e0 droite, plus personne ne nie la n\u00e9cessit\u00e9 d’une plus grande int\u00e9gration europ\u00e9enne dans ce domaine.<\/p>\n\n\n\n

Les politiques migratoires de Meloni s’inscrivent en fait dans la continuit\u00e9 de celles des derniers gouvernements et que, \u00e0 droite, plus personne ne nie la n\u00e9cessit\u00e9 d’une plus grande int\u00e9gration europ\u00e9enne dans ce domaine.<\/p>Lorenzo Castellani<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Il y a donc une grande incoh\u00e9rence politique, mais en m\u00eame temps une volont\u00e9 de c\u00e9der avec un extr\u00eame r\u00e9alisme aux contraintes externes et internes pour se maintenir au pouvoir. La fa\u00e7on dont le gouvernement Meloni a \u00e9t\u00e9 form\u00e9 est un exemple int\u00e9ressant. La \u00ab g\u00e9n\u00e9ration Meloni \u00bb, la classe dirigeante de son parti qui a accompagn\u00e9 son ascension, est totalement exclue des postes gouvernementaux qui comptent. Le Premier ministre n’a choisi que des hommes exp\u00e9riment\u00e9s appartenant \u00e0 l’exp\u00e9rience gouvernementale du berlusconisme. Les ministres de Fratelli d’Italia tels que Fitto, Urso, Crosetto, Mantovano et Fazzolari faisaient d\u00e9j\u00e0 partie de la classe dirigeante en termes d’\u00e2ge et d’exp\u00e9rience, tandis que les compagnons de Meloni ont presque tous \u00e9t\u00e9 laiss\u00e9s dans l\u2019ar\u00e8ne du Parlement. Cela confirme la th\u00e8se selon laquelle, dans la politique italienne, un leader qui esp\u00e8re durer choisit l’exp\u00e9rience et la continuit\u00e9 plut\u00f4t que la rupture, d’autant plus s’il a entre les mains un parti vierge d’exp\u00e9rience gouvernementale et peu au fait des m\u00e9canismes du pouvoir.<\/p>\n\n\n\n

Le programme politique de l’ex\u00e9cutif \u00e0 ce jour est in\u00e9gal. D’une part, il y a une adh\u00e9sion aux processus institutionnels, aux r\u00e8gles \u00e9conomiques et aux positions g\u00e9opolitiques partag\u00e9es avec d’autres pays : sur le plan \u00e9conomique, la voie de l’\u00e9quilibre macro\u00e9conomique et de la continuit\u00e9 avec Draghi a \u00e9t\u00e9 choisie ; il n\u2019y a pas eu de frictions avec les institutions europ\u00e9ennes jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent ; le gouvernement reste ouvert au compromis en ce qui concerne le PNRR, et la politique \u00e9trang\u00e8re est fermement pro-atlantique. D’autre part, le gouvernement continue de cultiver certaines batailles de droite : la protection de certaines corporations face \u00e0 la lib\u00e9ralisation du secteur \u2014 comme dans des concessions baln\u00e9aires \u2014, les tentatives de politiques protectionnistes pour les produits italiens, les batailles d’identit\u00e9 linguistique, juridique et culturelle. Ici encore, nous sommes confront\u00e9s \u00e0 un mod\u00e8le disparate, c’est-\u00e0-dire \u00e0 un gouvernement qui, d’une part, fait d\u00e9sormais partie du courant europ\u00e9en et occidental sur les questions \u00e9conomiques et internationales fondamentales, mais qui, d’autre part, doit payer son tribut, sur le front de la politique int\u00e9rieure, \u00e0 la partie de l’\u00e9lectorat la plus radicale qui, en particulier dans le cas de Fratelli d’Italia, est issue d’ann\u00e9es de promesses et de batailles men\u00e9es par l’opposition.<\/p>\n\n\n\n

Le programme politique de l’ex\u00e9cutif \u00e0 ce jour est in\u00e9gal.<\/p>Lorenzo Castellani<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La r\u00e9cente s\u00e9rie de nominations publiques est un autre signe tr\u00e8s int\u00e9ressant de continuit\u00e9 dans la relation entre la politique et l’\u00c9tat. Beaucoup s’attendaient, avec une majorit\u00e9 dirig\u00e9e par un parti qui n’avait jamais gouvern\u00e9, \u00e0 une sorte d’assaut sur les organismes publics et les entreprises contr\u00f4l\u00e9es par l’\u00c9tat. Au lieu de cela, Claudio Descalzi, un gestionnaire politiquement transversal, est reconduit \u00e0 l’ENI ; Matteo Del Fante, autrefois proche de Renzi, est reconduit \u00e0 la t\u00eate de Poste Italiane ; \u00e0 l’ENEL arrive Flavio Cattaneo, qui a d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 directeur g\u00e9n\u00e9ral de la RAI, PDG de Terna pendant trois mandats, PDG de TIM et de NTV \u2014 en somme, il n\u2019est en rien un outsider<\/em> de l’establishment financier italien. Cattaneo est rejoint par Paolo Scaroni, ancien PDG d’ENI, peut-\u00eatre le plus important gestionnaire public de l’\u00e8re Berlusconi. Comme PDG de Leonardo, dans le secteur de la d\u00e9fense, Meloni a propos\u00e9 Roberto Cingolani, ancien ministre du gouvernement Draghi. Bref, le couple Giorgetti-Meloni, les services du Premier ministre et le minist\u00e8re de l’\u00c9conomie et des Finances, d\u00e9cisifs dans cette dynamique d\u00e9cisionnelle, ont pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 ne pas se d\u00e9chirer et ne pas politiser \u00e0 l’exc\u00e8s le top management<\/em> public<\/a>.<\/p>\n\n\n\n

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\u00a9 Sonu Mehta\/Hindustan Times\/Sipa USA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Ces choix offrent \u00e9galement une piste suppl\u00e9mentaire pour une r\u00e9flexion sur l’establishment <\/em>italien. Comme nous l’avons \u00e9crit au d\u00e9but, l’Italie est un pays h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne, d\u00e9centralis\u00e9 et pluriel, sans noblesse d’\u00c9tat et sans aristocraties industrielles et financi\u00e8res. \u00c0 bien des \u00e9gards, la formation de son establishment ne suit pas la dynamique d’autres pays occidentaux. Il n’y a pas d’universit\u00e9s en situation de monopole dans la formation de l’\u00e9lite, il n’y a pas de centre dominant r\u00e9sidant dans la capitale, les centres politiques et financiers \u00e9tant d\u00e9coupl\u00e9s \u2014 l’un \u00e0 Rome, l’autre Milan \u2014 la richesse \u00e9conomique et productive est encore tr\u00e8s enracin\u00e9e dans les provinces et il n’y a pas d’\u00e9lite administrative l\u00e9gitim\u00e9e et respect\u00e9e. Cela met en doute l’existence m\u00eame de l’establishment <\/em>et plus encore son caract\u00e8re compact. Contrairement \u00e0 d’autres nations, en somme, il n’y a pas de discours commun port\u00e9 par la classe dirigeante, ni d’\u00e9picentre physique et institutionnel de l’\u00e9lite. Ce que l’on voit \u00e0 la t\u00e9l\u00e9vision, ce que l’on lit dans les journaux, dans les livres ou ce que l’on enseigne dans les universit\u00e9s, ce que l’on appelle l’h\u00e9g\u00e9monie culturelle gramscienne qui pr\u00e9domine dans ces secteurs et qui n’exclut certainement pas l’ex\u00e9cutif actuel, n’est que la pointe la plus visible et la plus expos\u00e9e d’un monde bigarr\u00e9 et loin d’\u00eatre compact.<\/p>\n\n\n\n

Contrairement \u00e0 d’autres nations, en somme, il n’y a pas de discours commun port\u00e9 par la classe dirigeante, ni d’\u00e9picentre physique et institutionnel de l’\u00e9lite.<\/p>Lorenzo Castellani<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

On ne sait pas comment ni ce que pense la majorit\u00e9 des cadres sup\u00e9rieurs priv\u00e9s, des grands professionnels, des actionnaires des banques, des industriels moyens et grands, et il est en effet tr\u00e8s plausible que dans ces petits secteurs de la soci\u00e9t\u00e9 pr\u00e9vale un certain pragmatisme dans les \u00e9valuations politiques, une relation avec le pouvoir politique ouverte aux n\u00e9gociations, sans id\u00e9ologies ni missions civilisatrices. C’est ainsi que le gouvernement le plus \u00e0 droite depuis la fondation de la R\u00e9publique, conduit par des partis originellement eurosceptiques et nationaux-populistes, se retrouve \u00e0 reprendre avec d\u00e9sinvolture des \u00e9l\u00e9ments de l’ancien establishment<\/em>, ceux-ci se laissant volontiers louer, en revendiquant m\u00eame une certaine proximit\u00e9 d’id\u00e9es et d’objectifs avec le gouvernement en place. D’autre part, les cas historiques montrant l’adaptation de la classe dirigeante du pays aux changements politiques ne manquent pas, avec un m\u00e9lange d’opportunisme et de sens des responsabilit\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n

Le dirigeant le plus important et le plus c\u00e9l\u00e8bre de l’histoire de l’Italie, Enrico Mattei, fondateur de l’ENI, pr\u00e9tendait utiliser les partis \u00ab comme des taxis \u00bb pour atteindre ses objectifs. \u00c0 l’\u00e9poque fasciste, Alberto Beneduce<\/a>, un franc-ma\u00e7on social-r\u00e9formiste, \u00e9l\u00e8ve du leader radical Francesco Saverio Nitti, fondateur et pl\u00e9nipotentiaire de l’IRI \u2014 un homme de premier plan de l’establishment<\/em> industriel et financier qui avait conclu des pactes avec le dictateur \u2014 a r\u00e9ussi, en tant que technicien, \u00e0 gagner la confiance de Mussolini. \u00c0 tel point qu’il finit par \u00eatre lib\u00e9r\u00e9 de la politique partisane dans la gestion du plus grand holding<\/em> financier public du pays. <\/p>\n\n\n\n

En r\u00e9sum\u00e9, dans un pays o\u00f9, dans presque toutes les phases de l’histoire, la politique est grev\u00e9e de nombreux fardeaux \u2014 dette publique, instabilit\u00e9, r\u00e9formes retard\u00e9es, classe politique peu l\u00e9gitime, modernisation toujours en retard sur les pays les plus avanc\u00e9s \u2014 il est toujours possible de trouver un compromis entre certaines parties de l’establishment<\/em> italien d\u00e9centralis\u00e9 et le parti politique du moment, quel qu’il soit.<\/p>\n\n\n\n

Dans un pays o\u00f9, dans presque toutes les phases de l’histoire, la politique est grev\u00e9e de nombreux fardeaux, il est toujours possible de trouver un compromis entre certaines parties de l’establishment<\/em> italien d\u00e9centralis\u00e9 et le parti politique du moment, quel qu’il soit.<\/p>Lorenzo Castellani<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La somme de deux faiblesses, une politique d\u00e9l\u00e9gitim\u00e9e et un establishment<\/em> fragment\u00e9, anesth\u00e9sie les changements radicaux. C’est surtout parce que l’Italie n’a pas cette civilisation institutionnelle, qui conf\u00e8re \u00e0 l’\u00c9tat la l\u00e9gitimit\u00e9 et le pouvoir \u2014 elle pr\u00e9sente dans d’autres exp\u00e9riences historiques europ\u00e9ennes \u2014 qu\u2019une logique de pactes et de n\u00e9gociations pr\u00e9vaut toujours, plut\u00f4t qu’une logique oppositionnelle ou directive. \u00c0 travers les pactes, les int\u00e9r\u00eats et les ressources sont amalgam\u00e9s et r\u00e9partis selon une logique de veto et de protection des micro-int\u00e9r\u00eats.<\/p>\n\n\n\n

\n \n \r\n \r\n \r\n \r\n \r\n <\/picture>\r\n \n
\u00a9 Rafa Jacinto\/SIPA<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Pour toutes ces raisons, si l’on veut comprendre le contexte du gouvernement Meloni, avec ses contradictions qui semblent inexplicables pour la plupart des autres pays europ\u00e9ens, il faut se pencher sur la relation historique entre la politique, l’\u00c9tat et les \u00e9lites italiennes. En gardant \u00e0 l’esprit la constitution g\u00e9n\u00e9tique en patchwork<\/em> du pays et sa tendance \u00e0 la continuit\u00e9 institutionnelle comme m\u00e9thode de gouvernance, de survie et de r\u00e9solution des crises.<\/p>\n\n\n\n

L’Italie est un pays beaucoup plus immobile en profondeur que ce que l’agitation de la surface peut sugg\u00e9rer.<\/p>Lorenzo Castellani<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Le th\u00e8me de la contrainte ext\u00e9rieure, des liens internationaux et europ\u00e9ens qui conditionnent un pays politiquement faible, oscillant entre l’anxi\u00e9t\u00e9 de prendre toujours de nouveaux engagements \u00e0 l’ext\u00e9rieur pour stimuler le changement interne et le rejet des responsabilit\u00e9s d\u00e9j\u00e0 contract\u00e9es en raison de la r\u00e9sistance des int\u00e9r\u00eats particuliers et d’un niveau \u00e9lev\u00e9 d’incapacit\u00e9 de l’\u00c9tat, est fondamental pour l’analyse de nombreuses dynamiques de la politique italienne. Cependant, la s\u00e9paration entre le moment politico-\u00e9lectoral et le moment du commandement effectif est peut-\u00eatre encore plus importante, dans un pays h\u00e9t\u00e9rog\u00e8ne et enclin \u00e0 l’adaptation politique. C’est au seuil de ces deux environnements que m\u00fbrissent la plupart des changements qui font de l’Italie un pays beaucoup plus immobile en profondeur que ce que l’agitation de la surface peut sugg\u00e9rer. Se dessine un lieu o\u00f9 les vraies trag\u00e9dies et les ruptures politiques se produisent tr\u00e8s rarement, alors que tr\u00e8s souvent, lorsque la sc\u00e8ne change, on s’accorde avec ce qui vient de devenir le pass\u00e9 \u2014 qui ne parvient pas \u00e0 passer.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Entre un ministre qui parle de \u00ab remplacement ethnique \u00bb et des droits humains menac\u00e9s par d\u00e9cret, l’ex\u00e9cutif romain maintient son ambivalence, accompagnant la construction avec ses partenaires europ\u00e9ens d’un agenda conservateur, voire nationaliste, en politique int\u00e9rieure.
\nDans sa derni\u00e8re mutation g\u00e9n\u00e9tique, la politique italienne \u00e0 l’\u00e8re de Giorgia Meloni prouve une fois de plus qu’elle peut s\u00e9parer la rh\u00e9torique des actes concrets \u2014 et que la contrainte ext\u00e9rieure reste motrice.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":182953,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1731],"tags":[],"geo":[543],"class_list":["post-182934","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-politique","staff-lorenzo-castellani","geo-mediterranee"],"acf":[],"yoast_head":"\nMeloni : six mois de techno-souverainisme | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2023\/04\/23\/meloni-six-mois-de-techno-souverainisme\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"Meloni : six mois de techno-souverainisme | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Entre un ministre qui parle de "remplacement ethnique" et des droits humains menac\u00e9s par d\u00e9cret, l'ex\u00e9cutif romain maintient son ambivalence, accompagnant la construction avec ses partenaires europ\u00e9ens d'un agenda conservateur, voire nationaliste, en politique int\u00e9rieure. 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