{"id":167643,"date":"2022-11-15T15:44:10","date_gmt":"2022-11-15T14:44:10","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=167643"},"modified":"2022-11-15T15:44:12","modified_gmt":"2022-11-15T14:44:12","slug":"devenir-soeurs-au-dela-de-la-situation-coloniale","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/11\/15\/devenir-soeurs-au-dela-de-la-situation-coloniale\/","title":{"rendered":"Devenir \u00ab s\u0153urs \u00bb au-del\u00e0 de la situation coloniale"},"content":{"rendered":"\n
Toutes, d\u2019un m\u00eame c\u0153ur, sans distinction de race, de religion ni d\u2019ob\u00e9dience politique, nous sommes s\u0153urs et devons travailler \u00e0 l\u2019am\u00e9lioration des conditions de vie de tous<\/em> <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Que peuvent entendre les femmes qui emploient ce terme de \u00ab s\u0153urs \u00bb pour d\u00e9finir la relation construite entre certaines Fran\u00e7aises, Malgaches, Africaines et Indochinoises ? Rel\u00e8ve-t-il d\u2019une connotation politique \u00e0 l\u2019image des communistes, d\u2019un lien entre chr\u00e9tiennes ou encore d\u2019une connotation affective ? Pascale Barth\u00e9l\u00e9my s\u2019att\u00e8le ici \u00e0 comprendre la sororit\u00e9 \u00e9tablie entre des femmes essentiellement originaires d\u2019Afrique et de France, puis insiste sur une solidarit\u00e9 particuli\u00e8rement forte, empreinte d\u2019une r\u00e9elle connotation affective pour celles qui emploient ici le mot de s\u0153urs.\u00a0<\/p>\n\n\n\n Profitant d\u2019un riche corpus de sources collect\u00e9es \u00e0 Dakar, Bamako, Paris, Rome, Amsterdam et Bruxelles, mais aussi dans les archives d\u00e9partementales \u00e0 Bobigny, puis \u00e0 l\u2019Institut d\u2019histoire sociale de Montreuil, l\u2019historienne r\u00e9fl\u00e9chit au lien \u00e9tabli entre un nombre, certes restreint, de femmes africaines et fran\u00e7aises, dans le cadre colonial mais aussi celui de la guerre froide. Pascale Barth\u00e9l\u00e9my pr\u00e9sente ce corpus et son questionnement dans une sous-partie bienvenue, intitul\u00e9e \u00ab L\u2019atelier de l\u2019historienne \u00bb. Elle y pr\u00e9sente son d\u00e9pouillement guid\u00e9 par trois objectifs, \u00e0 savoir : documenter les mobilisations politiques des Africaines, rep\u00e9rer les Fran\u00e7aises pr\u00e9sentes en Afrique, puis d\u00e9tecter les situations de contact entre les unes et les autres. Au fur et \u00e0 mesure de son enqu\u00eate, l\u2019historienne identifie une r\u00e9elle sororit\u00e9 entre certaines Africaines et Fran\u00e7aises selon des modalit\u00e9s plurielles. L\u2019ouvrage nous renseigne donc autant sur les discours f\u00e9ministes, que les circulations de femmes et d\u2019id\u00e9es, les mobilisations politiques en Afrique de l\u2019Ouest et la capacit\u00e9 de chacune \u00e0 agir en situation coloniale\/d\u00e9coloniale. <\/p>\n\n\n\n L\u2019ouvrage nous renseigne donc autant sur les discours f\u00e9ministes, que les circulations de femmes et d\u2019id\u00e9es, les mobilisations politiques en Afrique de l\u2019Ouest et la capacit\u00e9 de chacune \u00e0 agir en situation coloniale\/d\u00e9coloniale.<\/p>anthony Guyon<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Le terme anglo-saxon de sororit\u00e9 d\u00e9signe en premier lieu la solidarit\u00e9 entre femmes. Il s\u2019est forg\u00e9, en partie, en r\u00e9action \u00e0 la notion de fraternit\u00e9 mais rel\u00e8ve \u00e0 la diff\u00e9rence de cette derni\u00e8re d\u2019une n\u00e9cessit\u00e9. Le livre de Pascale Barth\u00e9l\u00e9my approfondit cette r\u00e9flexion par l\u2019analyse de cette solidarit\u00e9 entre colonis\u00e9es et colonisatrices, sans s\u2019arr\u00eater \u00e0 ce seul paradigme puisqu\u2019au fil du livre, cette barri\u00e8re s\u2019estompe \u00e0 la faveur de combats communs, autres que celui de la d\u00e9colonisation. L\u2019\u00e9tude commence \u00e0 la fin de la Seconde Guerre mondiale alors que les sources de l\u2019historienne t\u00e9moignent d\u2019une surabondance du langage de l\u2019affection autour des termes de \u00ab s\u0153urs \u00bb, \u00ab amies \u00bb, \u00ab amiti\u00e9s \u00bb et \u00ab amour \u00bb. C\u2019est ici l\u2019un des points centraux du livre, l\u2019amiti\u00e9 et l\u2019amour se trouvent au c\u0153ur de la sororit\u00e9 \u00e9tudi\u00e9e par l\u2019historienne. Pourtant, l\u2019entraide entre l\u2019ensemble des femmes n\u2019est pas syst\u00e9matique. Si le contexte co\u00efncide avec l\u2019obtention du droit de vote pour les Fran\u00e7aises vivant dans les colonies, les femmes de m\u00e9tropole et d\u2019autres issues de certaines colonies, cette conqu\u00eate n\u2019est en rien une premi\u00e8re victoire du militantisme f\u00e9minin, puisqu\u2019elle a \u00e9t\u00e9 pens\u00e9e sans elles. Le droit de vote est, en effet, d\u00e9battu et \u00e9tabli par les hommes, puis n\u2019est d\u2019ailleurs inscrit que dans le programme final du CNR (Conseil national de la R\u00e9sistance) alors que certains, tel le d\u00e9put\u00e9 radical Paul Giacobbi, se demandent s\u2019il est bien raisonnable de l\u2019octroyer aux femmes dans une p\u00e9riode si troubl\u00e9e. La seconde barri\u00e8re \u00e0 la sororit\u00e9 est la division entre les mouvements f\u00e9ministes, par exemple des associations rassemblant essentiellement des femmes africaines et afrodescendantes reprochent \u00e0 d\u2019autres d\u2019\u00eatre sous l\u2019emprise de femmes occidentales. Au-del\u00e0 de la classe et de la \u00ab race \u00bb, les femmes au c\u0153ur de l\u2019ouvrage de Pascale Barth\u00e9l\u00e9my \u00e9voluent en plus dans un contexte particulier m\u00ealant l\u2019apr\u00e8s-guerre, la bipolarisation du monde et les luttes pour les ind\u00e9pendances. Sans se fondre dans ces enjeux, les mouvements f\u00e9ministes se les approprient et les m\u00ealent \u00e0 leurs premiers combats, essentiellement sociaux. <\/p>\n\n\n\n La p\u00e9riode ici \u00e9tudi\u00e9e s\u2019ouvre sur une solidarit\u00e9 limit\u00e9e puisque la situation coloniale \u00e9crase la sororit\u00e9 et r\u00e9v\u00e8le de nombreux paradoxes.<\/p>anthony guyon<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n La p\u00e9riode ici \u00e9tudi\u00e9e s\u2019ouvre sur une solidarit\u00e9 limit\u00e9e puisque la situation coloniale \u00e9crase la sororit\u00e9 et r\u00e9v\u00e8le de nombreux paradoxes, \u00e0 l\u2019image des femmes des Quatre Communes du S\u00e9n\u00e9gal (Gor\u00e9e, Dakar Rufisque et Saint-Louis) qui sont alors citoyennes fran\u00e7aises. Celles-ci s\u2019appr\u00eatent donc \u00e0 voter en 1945 tandis que les autres S\u00e9n\u00e9galaises en demeurent exclues. Pourtant, ici la couleur pr\u00e9domine au genre car des Europ\u00e9ennes jugent le vote des S\u00e9n\u00e9galaises des Quatre Communes comme une mesure ridicule et r\u00e9voltante, \u00e0 l\u2019oppos\u00e9 des manifestations populaires qui m\u00ealent des femmes \u00e0 des hommes s\u00e9n\u00e9galais, antillais et fran\u00e7ais pour la g\u00e9n\u00e9ralisation de ce droit \u00e0 toutes les femmes. La sororit\u00e9 s\u2019applique donc, ou non, \u00e0 l\u2019\u00e9chelle locale en fonction des combats et le militantisme f\u00e9minin s\u2019av\u00e8re plus social que politique.<\/p>\n\n\n\n Deux organisations f\u00e9minines, fond\u00e9es par des femmes impr\u00e9gn\u00e9es par la lutte contre le nazisme, occupent le c\u0153ur de l\u2019ouvrage : la FIDF et l\u2019AFUF. La F\u00e9d\u00e9ration internationale d\u00e9mocratique des femmes (FDIF) na\u00eet en novembre-d\u00e9cembre 1945 \u00e0 Paris et est incarn\u00e9e par sa pr\u00e9sidente, la scientifique Eug\u00e9nie Cotton (1887-1967), qui n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 faire l\u2019apologie du r\u00e9gime stalinien et exclure les adh\u00e9rentes yougoslaves apr\u00e8s la rupture du mar\u00e9chal Tito avec Staline. Pendant la guerre froide, la FDIF fustige les \u00c9tats-Unis et le plan Marshall mais glorifie l\u2019URSS et la Chine de Mao. Bien qu\u2019ouverte aux femmes de tous les continents, les Africaines y sont peu pr\u00e9sentes. Le combat pour le droit des femmes n\u2019est pas leur priorit\u00e9 et passe apr\u00e8s la cause pacifiste qui appara\u00eet comme leur fer de lance. Elles exaltent \u00e9galement une certaine maternit\u00e9, qui n\u2019emp\u00eache pas une activit\u00e9 dans l\u2019espace public. Si jusque-l\u00e0 la maternit\u00e9 fut un moyen d\u2019inf\u00e9rioriser et de soumettre les femmes, les membres de la FDIF revendiquent une maternit\u00e9 pacifiste et combattante. L\u2019organisation est aussi r\u00e9solument anticolonialiste et en d\u00e9nonce les m\u00e9faits. <\/p>\n\n\n\n L\u2019AFUF s\u2019av\u00e8re bien diff\u00e9rente par de nombreux aspects. L\u2019Association des femmes de l\u2019Union fran\u00e7aise se pense d\u2019abord comme un trait d\u2019union entre les Fran\u00e7aises et les Africaines, puis entend participer \u00e0 la consolidation de l\u2019Union fran\u00e7aise. Dirig\u00e9e par Jeanne Vialle de 1946 \u00e0 1953, une m\u00e9tisse franco-congolaise ayant rejoint Combat pendant la guerre, l\u2019organisation se veut apolitique, puis cherche \u00e0 rassembler les femmes fran\u00e7aises et d\u2019outre-mer sans distinction de race, de politique ou de religion. Il s\u2019agit donc de repenser la place des femmes dans le cadre d\u2019une nouvelle forme d\u2019imp\u00e9rialisme.<\/p>\n\n\n\n Pascale Barth\u00e9l\u00e9my montre avec beaucoup de justesse que la cause f\u00e9ministe mobilise seulement une minorit\u00e9 d\u2019Africaines instruites.<\/p>anthony guyon<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Bien que fort diff\u00e9rentes dans leurs philosophies, la FDIF et l\u2019AFUF revendiquent la m\u00eame solidarit\u00e9 entre les femmes. Si les Africaines s\u2019affirment dans et hors de ces deux groupes, Pascale Barth\u00e9l\u00e9my montre avec beaucoup de justesse que la cause f\u00e9ministe mobilise seulement une minorit\u00e9 d\u2019Africaines instruites puisqu\u2019en 1960 sur les 8 000 \u00e9tudiants et \u00e9l\u00e8ves africains en m\u00e9tropole, 17 % sont des filles, dont une infime partie est politis\u00e9e. N\u00e9anmoins, la FDIF ne cesse de gagner en visibilit\u00e9 tandis qu\u2019elle d\u00e9nonce les violences coloniales. Alors que les liens entre les peuples d\u2019Afrique et d\u2019Asie se consolident \u00e0 l\u2019occasion de la conf\u00e9rence de Bandung en 1955, une v\u00e9ritable solidarit\u00e9 s\u2019\u00e9tablit \u00e9galement avec les femmes alg\u00e9riennes. <\/p>\n\n\n\n L\u2019autre r\u00e9ussite de l\u2019ouvrage est de placer la sororit\u00e9 autant dans le cadre du syst\u00e8me colonial que dans ceux de la guerre froide et de l\u2019affirmation des pays nouvellement ind\u00e9pendants. Les logiques r\u00e9ticulaires d\u00e9passent les seules connexions entre l\u2019Afrique de l\u2019Ouest et le reste du continent, puis permettent aux femmes de construire des relations au-del\u00e0 des fronti\u00e8res \u00e0 l\u2019image des Ougandaises qui, entre 1945 et 1962, nouent des liens avec des femmes asiatiques, britanniques et africaines <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n \u00a0Les logiques r\u00e9ticulaires d\u00e9passent les seules connexions entre l\u2019Afrique de l\u2019Ouest et le reste du continent, puis permettent aux femmes de construire des relations au-del\u00e0 des fronti\u00e8res.<\/p>anthony guyon<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Quelques Africaines parviennent donc \u00e0 s\u2019ins\u00e9rer dans l\u2019effervescence des id\u00e9es d\u2019apr\u00e8s-guerre, \u00e0 l\u2019image de C\u00e9lestine Ouezzin Coulibaly, membre du Parti d\u00e9mocrate de la C\u00f4te d\u2019Ivoire, qui quitte Abidjan pour le congr\u00e8s de la FDIF \u00e0 P\u00e9kin en novembre 1949. N\u00e9anmoins, son parcours montre que seules les femmes d\u2019une certaine classe sont concern\u00e9es puisqu\u2019elle est la fille d\u2019un chef de canton, monitrice d\u2019enseignement et mari\u00e9e \u00e0 un instituteur dipl\u00f4m\u00e9 de l\u2019\u00c9cole normale William Ponty. Elle appartient donc \u00e0 un \u00ab m\u00e9nage d\u2019\u00e9volu\u00e9s \u00bb<\/em> <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span> et montre que les femmes capables de s\u2019ins\u00e9rer dans ces r\u00e9seaux disposent d\u2019un certain capital social, dans le sens d\u00e9fini par Pierre Bourdieu. <\/p>\n\n\n\n Pascale Barth\u00e9l\u00e9my livre donc un authentique travail d\u2019historienne qui fait la part belle aux sources. Les notes de bas de page, particuli\u00e8rement \u00e9tay\u00e9es, contribuent \u00e0 pleinement saisir le cheminement intellectuel suivi par la chercheuse et appellent \u00e0 une r\u00e9flexion sur les sources, en soulignant que les femmes africaines ont elles-m\u00eames laiss\u00e9 peu de traces. Si le propos est parfois difficile \u00e0 suivre pour le n\u00e9ophyte, le recours constant aux actrices permet d\u2019incarner le propos et participe ainsi \u00e0 une meilleure compr\u00e9hension de l\u2019ensemble <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n L\u2019ouvrage s\u2019inscrit parfaitement dans le cadre d\u2019une histoire connect\u00e9e en donnant une \u00e9paisseur \u00e0 la dialectique entre femmes fran\u00e7aises et africaines. Si l\u2019ambition de d\u00e9passer le seul cadre de la colonisation peut laisser dubitatif en d\u00e9but d\u2019ouvrage, force est de constater en tournant la derni\u00e8re page que le pari est relev\u00e9. En effet, ces femmes, qui restent certes peu nombreuses, parviennent \u00e0 s\u2019ins\u00e9rer dans les grands d\u00e9bats internationaux et leur place dans la soci\u00e9t\u00e9 coloniale, colonis\u00e9es ou colonisatrices, ne d\u00e9finit en rien la position choisie dans le cadre de la guerre froide ou la construction d\u2019un nouveau bloc \u00e0 la recherche d\u2019une troisi\u00e8me voie. Si le droit de vote des femmes est bien d\u00e9limit\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9poque par des hommes, en deux d\u00e9cennies les actrices ici pr\u00e9sent\u00e9es r\u00e9ussissent \u00e0 s\u2019emparer des d\u00e9bats structurants les relations internationales et t\u00e9moignent d\u2019une r\u00e9elle capacit\u00e9 \u00e0 agir. L\u2019analyse de ce chemin sinueux constitue la r\u00e9ussite majeure de l\u2019historienne Pascale Barth\u00e9l\u00e9my, qui enracine avec ce livre l\u2019aboutissement d\u2019un travail de plus d\u2019une d\u00e9cennie. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Que peuvent entendre les femmes qui emploient ce terme de \u00ab s\u0153urs \u00bb pour d\u00e9finir la relation construite entre certaines Fran\u00e7aises, Malgaches, Africaines et Indochinoises ? \u0152uvrant dans le cadre d\u2019une histoire connect\u00e9e en donnant une \u00e9paisseur \u00e0 la dialectique entre femmes fran\u00e7aises et africaines, l\u2019analyse de ce chemin sinueux constitue la r\u00e9ussite majeure de l\u2019historienne Pascale Barth\u00e9l\u00e9my, qui enracine avec ce livre l\u2019aboutissement d\u2019un travail de plus d\u2019une d\u00e9cennie.\u00a0<\/p>\n","protected":false},"author":3041,"featured_media":167655,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-reviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1733,1734],"tags":[],"geo":[522],"class_list":["post-167643","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-genre","category-doctrines","staff-anthony-guyon","geo-afriques-subsahariennes"],"acf":[],"yoast_head":"\nSaisir la sororit\u00e9<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Militer<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Circuler<\/strong><\/h2>\n\n\n\n