{"id":167074,"date":"2022-11-10T16:46:53","date_gmt":"2022-11-10T15:46:53","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=167074"},"modified":"2023-01-08T19:57:08","modified_gmt":"2023-01-08T18:57:08","slug":"la-nouvelle-politique-bresilienne-a-lere-de-la-democratie-menacee","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/11\/10\/la-nouvelle-politique-bresilienne-a-lere-de-la-democratie-menacee\/","title":{"rendered":"La nouvelle politique br\u00e9silienne \u00e0 l’\u00e8re de la d\u00e9mocratie menac\u00e9e"},"content":{"rendered":"\n
Et Lula a fini par l\u2019emporter… Au soir du 30 octobre dernier, apr\u00e8s une campagne \u00e9lectorale d\u2019une rare violence durant laquelle plusieurs militants de gauche et leaders de communaut\u00e9s indiennes ont trouv\u00e9 la mort, la victoire s\u2019est jou\u00e9e \u00e0 un cheveu. Avec une avance d\u2019un peu plus de deux millions de voix sur Jair Bolsonaro \u2014 soit moins de 2 % des suffrages valides \u2014 et un \u00e9cart r\u00e9duit des deux tiers par rapport au premier tour, le chef du Parti des Travailleurs (PT) s\u2019est offert un troisi\u00e8me mandat pr\u00e9sidentiel apr\u00e8s ceux des ann\u00e9es 2003-2006 et 2007-2010, gr\u00e2ce notamment aux \u00e9lecteurs du Nordeste et \u00e0 la bascule du traditionnel swing state<\/em> que repr\u00e9sente le Minas Gerais.<\/p>\n\n\n\n Jusqu\u2019au bout, le suspense aura \u00e9t\u00e9 br\u00fblant tant la soci\u00e9t\u00e9 br\u00e9silienne est polaris\u00e9e. Alors que ses partisans esp\u00e9raient une victoire d\u00e8s le premier tour, Lula a d\u00fb jouer les prolongations dans une campagne sous forme de double pl\u00e9biscite \u2013 pour ou contre Bolsonaro, pour ou contre Lula \u2013, domin\u00e9e par le d\u00e9nigrement virulent de l\u2019adversaire, sans qu\u2019aucun sujet de fond ne puisse \u00eatre v\u00e9ritablement abord\u00e9. La dynamique enclench\u00e9e dans le camp Bolsonaro, dont le parti est arriv\u00e9 en t\u00eate \u00e0 la chambre des d\u00e9put\u00e9s et dont les principaux t\u00e9nors se sont impos\u00e9s au S\u00e9nat lors du scrutin du 2 octobre, a pes\u00e9 sur l\u2019entre-deux-tours, alors que se multipliaient fake news<\/em>, appels de pasteurs \u00e9vang\u00e9liques d\u00e9non\u00e7ant le satanisme de Lula et recours aupr\u00e8s du Tribunal Sup\u00e9rieur \u00c9lectoral (TSE). Le jour m\u00eame du second tour, des op\u00e9rations de contr\u00f4le orchestr\u00e9es par la police f\u00e9d\u00e9rale des routes, parfois avec le renfort de la police militaire et de l\u2019arm\u00e9e, ont emp\u00each\u00e9 de nombreux \u00e9lecteurs d\u2019aller voter dans les \u00c9tats du Nordeste, traditionnellement acquis \u00e0 Lula. Face \u00e0 ces tentatives de d\u00e9stabilisation, dont on sait aujourd\u2019hui qu\u2019elles ont \u00e9t\u00e9 maniganc\u00e9es depuis Bras\u00edlia, le pr\u00e9sident du TSE, Alexandre de Moraes, a jou\u00e9 la carte de l\u2019apaisement, refusant de suspendre ou de reporter l\u2019heure de cl\u00f4ture du scrutin, \u00e9vitant ainsi de donner du grain \u00e0 moudre aux bolsonaristes ou qu\u2019un mouvement de panique ne vienne rompre le processus \u00e9lectoral.<\/p>\n\n\n\n C\u2019est donc un immense soulagement qui s\u2019est exprim\u00e9 \u00e0 l\u2019annonce des r\u00e9sultats pour une moiti\u00e9 des Br\u00e9siliens, aux yeux desquels la d\u00e9mocratie reprend ses droits \u00e0 l\u2019issue de la s\u00e9quence de d\u00e9stabilisation initi\u00e9e par le coup d\u2019\u00c9tat parlementaire contre Dilma Rousseff en 2016 et port\u00e9e \u00e0 son paroxysme sous la pr\u00e9sidence de Bolsonaro, qui a fait des attaques r\u00e9p\u00e9t\u00e9es contre les institutions du pays son principal fonds de commerce. Un soulagement international a \u00e9galement accompagn\u00e9 la victoire de Lula, dont les principaux chefs d\u2019\u00c9tats, en Europe et dans les Am\u00e9riques notamment, ont reconnu la victoire en un temps record, contribuant ainsi \u00e0 renforcer le r\u00e9sultat du scrutin face \u00e0 d\u2019\u00e9ventuelles remises en cause internes. Une r\u00e9action proportionnelle \u00e0 l\u2019int\u00e9r\u00eat suscit\u00e9 par une \u00e9lection dont les enjeux ont largement d\u00e9pass\u00e9 les fronti\u00e8res br\u00e9siliennes. S\u2019y jouait, en effet, l\u2019affrontement entre une grande alliance d\u00e9mocratique et une extr\u00eame-droite porteuse, au nom de Dieu, de la nation et de la libert\u00e9, d\u2019un projet autoritaire, pr\u00e9sentant de nombreux \u00e9chos avec les droites radicales europ\u00e9ennes et nord-am\u00e9ricaines. S\u2019y jouait aussi l\u2019avenir de l\u2019Amazonie, dont le niveau de d\u00e9forestation a atteint un taux record pendant le gouvernement Bolsonaro, avec plus de 40 000 km2 partis en fum\u00e9e, soit l\u2019\u00e9quivalent de la superficie des Pays-Bas. \u00c0 quelques jours de l\u2019ouverture de la COP 27, un second mandat de Bolsonaro faisait craindre une destruction plus massive encore de l\u2019environnement, incitant plusieurs personnalit\u00e9s \u00e0 se prononcer publiquement \u00e0 l\u2019image de Leonardo di Caprio, avec plusieurs tweets devenu viraux : \u00ab Le monde entier d\u00e9pend de l\u2019Amazonie, pour notre biodiversit\u00e9, notre climat et nos vies \u00bb ; \u00ab ce dimanche, tous les Br\u00e9siliens peuvent voter pour prot\u00e9ger l\u2019environnement. \u00bb<\/p>\n\n\n\nUne \u00e9lection sur le fil<\/strong><\/h2>\n\n\n\n