{"id":160893,"date":"2022-09-30T07:19:00","date_gmt":"2022-09-30T05:19:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=160893"},"modified":"2022-09-30T10:26:05","modified_gmt":"2022-09-30T08:26:05","slug":"le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/","title":{"rendered":"\u00ab Le style est une exigence de chaque phrase \u00bb, une conversation avec Gilles Kepel"},"content":{"rendered":"\n

Enfant de Boh\u00eame<\/em> est un ouvrage qui, par sa th\u00e9matique, marque une inflexion dans votre \u0153uvre<\/a>. Il n\u2019y est en effet pas question du monde arabe et de l\u2019islamisme auxquels vous avez consacr\u00e9 votre vie de chercheur, mais de vos racines tch\u00e8ques. Sur la forme toutefois, le ton personnel que vous y d\u00e9ployez avait commenc\u00e9 \u00e0 se faire jour dans vos essais les plus r\u00e9cents, notamment Passion Arabe<\/em> et Passion Fran\u00e7aise.<\/em> C\u2019est donc un livre qui peut tout \u00e0 la fois appara\u00eetre comme \u00e9tant en rupture et en continuit\u00e9 avec le reste de votre \u0153uvre ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Il s\u2019inscrit dans la continuit\u00e9 de ce que j\u2019ai publi\u00e9 depuis une quarantaine d\u2019ann\u00e9es, et dans mon esprit il n\u2019existe nul hiatus entre les ouvrages professionnels que j\u2019ai consacr\u00e9s \u00e0 l\u2019islamisme sous ses diverses formes et Enfant de Boh\u00eame, <\/em>qui est un texte litt\u00e9raire par lequel je tente d\u2019explorer \u00ab  comment j\u2019ai \u00e9crit certains de mes livres  \u00bb \u2014 pour paraphraser Raymond Roussel\u2026 en allant \u00e0 la d\u00e9couverte de ce qui m\u2019a constitu\u00e9 comme arabisant. Je ne suis pas exclusivement fait d\u2019encre et de papier, mais de chair et de sang. En juin 2016, le tueur de Magnanville, Laroussi Abdallah, m\u2019a condamn\u00e9 \u00e0 mort apr\u00e8s avoir assassin\u00e9 le policier Jean-Baptiste Salvaing et sa compagne, dans des circonstances atroces, au nom du jihad. Il ne s\u2019agissait pas dans son esprit de faire un simple autodaf\u00e9 de mes publications, mais de me tuer en tant qu\u2019\u00eatre humain. J\u2019ai pass\u00e9 pr\u00e8s de deux ans sous protection polici\u00e8re, perclus de sciatique. J\u2019en ai tir\u00e9 dans l\u2019imm\u00e9diat un texte intitul\u00e9 Sortir du Chaos <\/em>\u2013 dont le titre \u00e9tait peut-\u00eatre plus subjectif que le contenu\u2026 mais j\u2019ai surtout eu le temps de r\u00e9fl\u00e9chir sur ce qu\u2019\u00e9tait la vie qu\u2019un jihadiste avait incit\u00e9 ses coreligionnaires \u00e0 m\u2019\u00f4ter. D\u2019autant que, si j\u2019en avais \u00ab  plein le dos  \u00bb – comme on dit \u2013 et les nerfs en capilotade, mon ou\u00efe \u00e9tait rest\u00e9e intacte  : je n\u2019ai pas eu le tympan d\u00e9chir\u00e9 par les hurlements de douleur de mes coll\u00e8gues, ni par leurs cris de protestation  ! Je me suis donc distanci\u00e9 de cet autre \u00ab  corps  \u00bb, l\u2019Universit\u00e9, auquel j\u2019avais appartenu toute ma vie, mais pour lequel je n\u2019\u00e9tais plus qu\u2019un mort en sursis, et me suis consacr\u00e9 bien davantage \u00e0 poursuivre des recherches plus personnelles, me permettant de comprendre comment j\u2019en \u00e9tais arriv\u00e9 l\u00e0. D\u2019autant que mon p\u00e8re vivait en m\u00eame temps cette longue agonie de notre temps qu\u2019est la maladie d\u2019Alzheimer. La seule m\u00e9moire qui lui rest\u00e2t \u00e9tait celle des temps anciens et de la figure de son propre p\u00e8re\u2026 venu de Prague en 1908 \u00e0 Paris pour traduire en tch\u00e8que Apollinaire. J\u2019avais commenc\u00e9 \u00e0 me plonger dans ce pass\u00e9 auquel je ne connaissais rien, mais les circonstances que je traversais ont acc\u00e9l\u00e9r\u00e9 le mouvement, et je me suis immerg\u00e9 beaucoup plus profond\u00e9ment dans ce qui deviendrait Enfant de Boh\u00eame<\/em>, auquel j\u2019aurai consacr\u00e9 une d\u00e9cennie de recherches comme d\u2019\u00e9criture.<\/p>\n\n\n\n

Vous \u00e9prouvez une forme de regret de ne pas vous \u00eatre consacr\u00e9 plus t\u00f4t \u00e0 <\/strong>la <\/strong>litt\u00e9rature  ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Non, parce que ce que j’ai fait de ma vie pr\u00e9c\u00e9dente m’a beaucoup plu et, je l\u2019esp\u00e8re, enrichi, et puis on ne peut pas \u00eatre et<\/em> avoir \u00e9t\u00e9. <\/em>J’ai 67 ans, j’ai form\u00e9 des cohortes d’\u00e9tudiants, et j\u2019ai le bonheur d\u2019\u00eatre entour\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00c9cole normale sup\u00e9rieure d\u2019une jeune g\u00e9n\u00e9ration parfaitement apte \u00e0 prendre le relais, en laquelle j\u2019ai toute confiance. C\u2019est ce mat\u00e9riau d\u2019une existence qui a multipli\u00e9 des exp\u00e9riences de passage \u00e0 la limite dans le magma en fusion de l\u2019islamisme contemporain \u2013 outre ma passion pour la lecture depuis un tr\u00e8s jeune \u00e2ge \u2013 qui m\u2019a fourni cette substance litt\u00e9raire dont je vis le fa\u00e7onnement comme un \u00e9panouissement. <\/p>\n\n\n\n

Il n\u2019existe nul hiatus entre les ouvrages professionnels que j\u2019ai consacr\u00e9s \u00e0 l\u2019islamisme sous ses diverses formes et Enfant de Boh\u00eame, <\/em>qui est un texte litt\u00e9raire par lequel je tente d\u2019explorer \u00ab  comment j\u2019ai \u00e9crit certains de mes livres  \u00bb \u2014 pour paraphraser Raymond Roussel\u2026 en allant \u00e0 la d\u00e9couverte de ce qui m\u2019a constitu\u00e9 comme arabisant.<\/p>Gilles Kepel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Quel a \u00e9t\u00e9 le d\u00e9clic qui vous a permis ce passage \u00e0 la litt\u00e9rature  ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Probablement la maladie de mon p\u00e8re. Notre seule conversation possible tournait autour de ses origines, mais j\u2019en ignorais le contexte global. Je ne m’\u00e9tais jamais vraiment int\u00e9ress\u00e9 \u00e0 notre histoire familiale, ayant consacr\u00e9 ma vie \u00e0 investiguer le pr\u00e9sent pour r\u00e9fl\u00e9chir au futur. Afin de demeurer avec lui, de l\u2019accompagner jusqu’au bout, j’ai entrepris d’exhumer tout cela. J\u2019ai appris beaucoup de choses sur moi-m\u00eame, mais aussi ressuscit\u00e9 une histoire de l’Europe qui est \u00e0 peu pr\u00e8s compl\u00e8tement oubli\u00e9e. Je reviens de Prague o\u00f9 j\u2019ai donn\u00e9 une conf\u00e9rence pr\u00e9alable \u00e0 la sortie de ce livre, et quasiment plus personne aujourd’hui, ne parlons pas des gens plus jeunes que moi, mais m\u00eame ceux de ma g\u00e9n\u00e9ration, ne s\u2019y rappelle ce qu’a \u00e9t\u00e9 cette harmonie intellectuelle et sensible entre la France et la Tch\u00e9coslovaquie, l\u2019une des passions de l’Europe de l’entre-deux-guerres, s\u2019achevant dans un drame calamiteux, les accords de Munich de 1938, qui signent la fin de cet amour fou. La saga familiale fournit ainsi le prisme auquel relire cette histoire engloutie, ce que l\u2019on peut qualifier de r\u00e9cit \u00ab  \u00e9mique  \u00bb, ou d’\u00e9go-histoire. <\/p>\n\n\n\n

\n \n \t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\r\n\t<\/picture>\r\n \n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n\n\n

Une anecdote du livre pour vous l\u2019illustrer  : Milan K., le personnage qui tient le r\u00f4le de mon p\u00e8re, arrivant de Boh\u00eame, est scolaris\u00e9 \u00e0 Paris au lyc\u00e9e Montaigne (o\u00f9 je serai aussi \u00e9l\u00e8ve, ainsi que mon fils cadet) \u00e0 la rentr\u00e9e 1938, juste apr\u00e8s les accords de Munich, il est \u00e2g\u00e9 de dix ans. Au premier cours, le professeur de lettres demande aux \u00e9l\u00e8ves de composer des phrases en utilisant un certain vocabulaire. Parmi ces mots impos\u00e9s figure l\u2019adjectif \u00ab  in\u00e9vitable  \u00bb. Incertain de son fran\u00e7ais, il demande conseil \u00e0 Rodolphe K., son propre p\u00e8re qui lui sugg\u00e8re :  \u00bb On dit que la guerre est in\u00e9vitable \u00bb. Tout fier, il l\u00e8ve le lendemain le doigt en classe et \u00e0 peine s\u2019est-il exprim\u00e9 que ses camarades impr\u00e9gn\u00e9s d\u2019esprit munichois l\u2019agressent  : \u00ab  Esp\u00e8ce de sale Tch\u00e8que, c’est \u00e0 cause de toi qu’on va avoir la guerre  ! \u00bb. \u00c0 la r\u00e9cr\u00e9, ils viennent le tabasser. Mais comme il avait pass\u00e9 l\u2019ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente dans les for\u00eats de Boh\u00eame \u00e0 couper du bois, il s’est fait des \u201cbiceps de b\u00fbcheron\u201d, et leur \u00ab casse la gueule \u00bb. Il \u00e9cope d\u2019une colle, mais il a r\u00e9sist\u00e9 aux \u00ab  franchouillards capitulards  \u00bb \u2026 <\/p>\n\n\n\n

S\u2019il faut toutefois que je d\u00e9finisse le \u00ab  genre  \u00bb d\u2019Enfant de Boh\u00eame<\/em>, alors appelons-le une \u00e9pop\u00e9e\u2026 dont Rodolphe K. serait le paladin, et son fils Milan K. l\u2019a\u00e8de  !<\/p>Gilles Kepel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

\u00c0 quel genre appartient cet ouvrage que l\u2019on a un peu de mal \u00e0 situer, ce qui <\/strong>e<\/s><\/strong>st au demeurant peut-\u00eatre, volontaire. Est-ce un essai  ? Un roman  ? Des m\u00e9moires  ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

En exergue, apr\u00e8s les vers d\u2019Apollinaire dans \u00ab  Zone  \u00bb qui constituent ma feuille de route  :\u00ab  Et tu retournes aussi dans ta vie lentement \/ En montant au Hradchin [le ch\u00e2teau de Prague] et le soir en \u00e9coutant\/ Dans les tavernes chanter des chansons tch\u00e8ques \u00bb, j\u2019ai rappel\u00e9 cette citation des Goncourt  : \u00ab L’Histoire est un roman qui a \u00e9t\u00e9, le roman est de l\u2019histoire qui aurait pu \u00eatre \u00bb. Robert Kopp, qui vient de republier, dans la collection \u00ab  Bouquins  \u00bb qu\u2019il dirige, les romans des Goncourt, explique dans une \u00e9blouissante pr\u00e9face comment ils consignaient minutieusement le mat\u00e9riau de l\u2019histoire en train de se faire, dans leur journal, pour ensuite le transcender par la litt\u00e9rature. \u00c0 ma mani\u00e8re, je m\u2019efforce de parcourir cette m\u00eame ligne de cr\u00eate, \u00e0 cela pr\u00e8s que mon mat\u00e9riau n\u2019est pas contemporain, mais consiste principalement en les centaines de lettres dont le personnage de Rodolphe K. a \u00e9t\u00e9 l\u2019exp\u00e9diteur ou le destinataire. La mati\u00e8re en provient de la masse de correspondance priv\u00e9e que j\u2019ai retrouv\u00e9e inopin\u00e9ment, puis prolong\u00e9e par des recherches syst\u00e9matiques dans les archives pragoises. Paradoxalement, le prix litt\u00e9raire remis au nom des Goncourt, arbitre des \u00e9l\u00e9gances et du cash-flow de l\u2019\u00e9dition fran\u00e7aise o\u00f9 les commerciaux font la loi, semble avoir oubli\u00e9 l\u2019esprit m\u00eame de ses \u00e9ponymes pour n\u2019en retenir que la lettre, en primant des \u0153uvres appartenant exclusivement \u00e0 un \u00ab  genre  \u00bb, celui du roman corset\u00e9 par des crit\u00e8res me paraissant aussi \u00e9troits que dat\u00e9s. Cette forme litt\u00e9raire a fleuri avec la bourgeoisie industrielle du XIX\u00e8me<\/sup> si\u00e8cle \u00e0 laquelle elle tendait un miroir, m\u00eame si on se r\u00e9f\u00e8re par anachronisme aux \u00ab  romans grecs et latins  \u00bb ou au Roman de la Rose. <\/em>Je ne suis pas convaincu que ce genre soit \u00e9ternel, ni, surtout, ne corresponde ad\u00e9quatement aux questions qui taraudent le pr\u00e9sent. Il me semble au contraire que notre XXI\u00e8me<\/sup> si\u00e8cle requiert de trouver des modes de construction du r\u00e9cit mieux en phase avec nos pr\u00e9occupations et les outils de connaissance dont nous disposons, \u00e0 travers le monde virtuel notamment. S\u2019il faut toutefois que je d\u00e9finisse le \u00ab  genre  \u00bb d\u2019Enfant de Boh\u00eame<\/em>, alors appelons-le une \u00e9pop\u00e9e\u2026 dont Rodolphe K. serait le paladin, et son fils Milan K. l\u2019a\u00e8de  ! Mais pour complaire \u00e0 l\u2019esprit de notre temps, je me satisferai parfaitement que vous qualifiiez ce livre de\u2026 \u00ab  transgenre  \u00bb  ! <\/p>\n\n\n\n

\n \n \t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\r\n\t<\/picture>\r\n \n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n\n\n

Est-ce que ce passage \u00e0 la litt\u00e9rature, le \u00ab  changement de genre  \u00bb et de style, a \u00e9t\u00e9 difficile voire douloureux pour vous  ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Pas du tout. Au contraire, cela m\u2019a procur\u00e9 un immense plaisir. Pour filer votre m\u00e9taphore, appelons donc ce \u00ab  changement de genre  \u00bb un coming out<\/em>  ! Mais je n\u2019ai pas le sentiment du tout d\u2019avoir chang\u00e9 <\/em>de style, \u00ab  car le style, c’est l’homme m\u00eame  \u00bb, tel que le d\u00e9finit Buffon, notre grand classificateur des esp\u00e8ces\u2026 Pour l\u2019esp\u00e8ce, ou la race<\/em> si vous pr\u00e9f\u00e9rez, des m\u00e9t\u00e8ques, \u00e0 laquelle j\u2019appartiens par cette moiti\u00e9 de mon ascendance qui est slave, le style est \u00e0 la fois un enjeu essentiel, une exigence de chaque phrase et l\u2019objet de la plus grande d\u00e9lectation lorsque l\u2019on parvient \u00e0 approcher enfin l\u2019ad\u00e9quation entre le mot et la chose. Car nous autres m\u00e9t\u00e8ques sommes particuli\u00e8rement sensibles au fait qu\u2019il n\u2019existe pas a priori<\/em> de \u00ab  langue naturelle  \u00bb, il nous faut perp\u00e9tuellement la d\u00e9couvrir, inventer son tr\u00e9sor. J\u2019en ai eu, dans ma carri\u00e8re professionnelle, l\u2019exp\u00e9rience comme arabisant, apprenant incessamment cet idiome dans l\u2019\u00e9merveillement constant d\u2019une exploration sans fin. Or il en va ainsi plus encore pour le fran\u00e7ais, qui m\u2019est certes familier bien davantage, mais l\u2019exigence est d\u2019un autre ordre car il s\u2019agit de la langue dans laquelle j\u2019\u00e9cris \u2014 si j\u2019adore parler arabe, je n\u2019ai pas vocation \u00e0 y devenir auteur. Je me sens tout \u00e0 fait en phase lorsque Proust note que \u00ab les plus beaux livres sont \u00e9crits dans une sorte de langue \u00e9trang\u00e8re \u00bb. Je me suis efforc\u00e9 dans cette \u00ab \u00e9pop\u00e9e slave \u00bb (c\u2019est le titre d\u2019une s\u00e9rie de tableaux de Mucha) d\u2019Enfant de Boh\u00eame<\/em> de recr\u00e9er le style de Rodolphe K. quand il \u00e9crivait en fran\u00e7ais. Je ne disposais que d\u2019un seul mod\u00e8le, car les centaines de lettres et son journal sont exclusivement r\u00e9dig\u00e9s en tch\u00e8que \u2014 dont je ne connais que quelques mots de base tels pivo <\/em>(bi\u00e8re), ou dekuje <\/em>(merci) \u2014 et j\u2019ai donc tout fait traduire, ce qui a pris des ann\u00e9es. Cette unique exception fran\u00e7aise est la lettre qu\u2019il adresse \u00e0 Apollinaire en septembre 1911 depuis la maison de campagne de son p\u00e8re en Boh\u00eame. Il vient tout juste de publier sa traduction de deux nouvelles du recueil l’H\u00e9r\u00e9siarque & Cie. <\/em>Guillaume est incarc\u00e9r\u00e9 \u00e0 la prison de la Sant\u00e9, soup\u00e7onn\u00e9 d’\u00eatre m\u00eal\u00e9 au vol de La Joconde o\u00f9 est impliqu\u00e9 l’un de ses amis interlopes. J’ai reproduit quelques extraits de cette lettre dont le style m’a fascin\u00e9, on y per\u00e7oit le plaisir sensuel, presque charnel, que Rodolphe K. ressent \u00e0 trouver les mots dont il use \u2014 y compris dans une petite faute, involontairement po\u00e9tique, qui souligne justement cette jouissance, jusque dans l\u2019exc\u00e8s, du mot le plus ad\u00e9quat. Francophile passionn\u00e9, il avait constitu\u00e9 pour l\u2019\u00e9dification de son fils Milan K. une sorte d\u2019encyclop\u00e9die par livraison \u00e0 travers des cartes postales envoy\u00e9es \u00e0 un rythme soutenu, comportant au recto des paysages remarquables \u2014 des Falaises d’\u00c9tretat \u00e0 la cath\u00e9drale de Chartres… Au verso, il les commentait en tch\u00e8que afin de lui inculquer le go\u00fbt de la France \u00ab  c\u0153ur et conscience du monde  \u00bb. <\/p>\n\n\n\n

[Si vous trouvez notre travail utile et souhaitez contribuer \u00e0 ce que le Grand Continent reste une publication ouverte, vous pouvez vous abonner par ici<\/a>.]<\/em><\/p>\n\n\n\n

L\u2019\u00e9criture de ce texte a n\u00e9cessit\u00e9 un important travail documentaire, d’autant plus compliqu\u00e9 que vous ne parlez pas le tch\u00e8que. Ce travail pr\u00e9paratoire \u00e9tait-il si diff\u00e9rent de celui qui fut n\u00e9cessaire \u00e0 la r\u00e9daction de vos ouvrages pr\u00e9c\u00e9dents ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Non, car j\u2019en avais acquis la m\u00e9thode \u2014 explorer les sources, r\u00e9aliser des entretiens, c\u2019\u00e9tait mon m\u00e9tier. Je l\u2019ai transpos\u00e9 sans trop de difficult\u00e9s, mais j\u2019ai commenc\u00e9 de z\u00e9ro, je ne connaissais rien au monde tch\u00e8que, il m\u2019a fallu une d\u00e9cennie d\u2019initiation \u2014 alors que mes livres \u00ab  professionnels  \u00bb m\u2019occupaient entre un et trois ans\u2026 J\u2019ai du reste r\u00e9dig\u00e9 les trois derniers pendant que je menais en parall\u00e8le les recherches pour Enfant de Boh\u00eame\u2026<\/em> Malgr\u00e9 la similarit\u00e9 de l\u2019investigation, l\u2019objet est diff\u00e9rent  : c\u2019est un aller-retour perp\u00e9tuel entre la subjectivit\u00e9 et l\u2019\u00e9lucidation d\u2019un monde o\u00f9 celle-ci se d\u00e9ploie comme telle. Le livre est \u00e9crit \u00e0 la deuxi\u00e8me personne, je m\u2019adresse \u00e0 mon p\u00e8re, qui n\u2019a pas compris (et jamais vraiment accept\u00e9) que le fils d’un Tch\u00e8que soit devenu arabisant\u2026 Je me suis rendu compte que j’avais h\u00e9rit\u00e9 d\u2019un ensemble de poteries kabyles, rapport\u00e9es d’un voyage en Alg\u00e9rie de Rodolphe K. en 1924. Moment-charni\u00e8re dans sa vie  : il a d\u00e9sormais d\u00e9cid\u00e9 de demeurer \u00e0 Paris, car il s\u2019est f\u00e2ch\u00e9 avec \u00c9douard B\u00e9n\u00e8s, l\u2019un des fondateurs de la Tch\u00e9coslovaquie, alors que lui-m\u00eame avait jou\u00e9 un r\u00f4le important parmi les nationalistes, il dirigeait la premi\u00e8re revue ind\u00e9pendantiste, en langue fran\u00e7aise, La Nation tch\u00e8que, <\/em>depuis son appartement de la rue Boissonade, \u00e0 Montparnasse. Il choisit donc de faire pr\u00e9valoir la Boh\u00e8me (accent grave) sur la Boh\u00eame (circonflexe). Ces poteries, qui m\u2019accompagnent jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui, elles sont au sommet de ma biblioth\u00e8que, comme des dieux lares, avaient-elles cr\u00e9\u00e9 ma familiarit\u00e9 inconsciente avec l\u2019aire culturelle \u00e0 laquelle j\u2019ai consacr\u00e9 ma carri\u00e8re  ? Je n\u2019ai pu me poser la question qu\u2019en r\u00e9digeant ce livre\u2026 Dans son appartement, o\u00f9 j\u2019ai v\u00e9cu mon enfance lorsque nous l\u2019avons occup\u00e9 avec mes parents apr\u00e8s son d\u00e9c\u00e8s, j\u2019avais vue, de la fen\u00eatre de ma chambrette, sur un arbre immense \u00e0 la ramure bleut\u00e9e : je l\u2019identifierai plus tard comme le c\u00e8dre rapport\u00e9 par Chateaubriand du Liban. Puis je suis venu moi-m\u00eame au monde \u00e0 l\u2019\u00e9t\u00e9 1955 en urgence absolue, car mon p\u00e8re, naturalis\u00e9 fran\u00e7ais en automne 1954, aurait \u00e9t\u00e9 imm\u00e9diatement envoy\u00e9 \u00e0 la guerre en Alg\u00e9rie s\u2019il n’avait pas \u00e9t\u00e9 soutien de famille \u2014 pour tuer des Arabes ou se faire tuer par eux. Peut-\u00eatre ai-je ainsi explicit\u00e9, en devenant arabisant, cette inflexion de notre destin d\u2019\u00e9trangers assimil\u00e9s, ai-je rendu les comptes \u2014 ou rendu compte  ? Apr\u00e8s tout je n’en sais rien, et ces hypoth\u00e8ses constituent justement le \u00ab  pacte fictionnel  \u00bb de l\u2019\u00e9pop\u00e9e\u2026<\/p>\n\n\n\n

\n \n \t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\r\n\t<\/picture>\r\n \n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n\n\n

Vous d\u00e9voilez surtout la partie masculine de votre ascendance avec votre p\u00e8re et votre grand-p\u00e8re. Pourquoi est-ce que la branche f\u00e9minine occupe moins de place dans cet ouvrage ? Peut-\u00eatre r\u00e9servez-vous cela pour un prochain livre ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Le texte d\u2019origine \u00e9tait plus long d\u2019un tiers, mais je me suis convaincu, en \u00e9changeant avec ma lectrice Laurence Brisset, de creuser principalement ce sillon. Le mat\u00e9riau f\u00e9minin, qui demande de longues recherches dans le village d\u2019origine maternel dans l\u2019arri\u00e8re-pays mentonnais, auquel je fais allusion simplement dans le dernier chapitre, sera pour un texte ult\u00e9rieur, qui composera un diptyque avec celui-ci insh\u2019 Allah  !<\/em><\/p>\n\n\n\n

Le livre est \u00e9crit \u00e0 la deuxi\u00e8me personne, je m\u2019adresse \u00e0 mon p\u00e8re, qui n\u2019a pas compris (et jamais vraiment accept\u00e9) que le fils d’un Tch\u00e8que soit devenu arabisant\u2026<\/p>Gilles Kepel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

C’est donc un livre qui nous emm\u00e8ne en R\u00e9publique Tch\u00e8que, mais aussi dans de nombreux autres lieux, au point de prendre la forme d\u2019un r\u00e9cit europ\u00e9en.<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Le titre est polys\u00e9mique. Le syntagme Enfant de Boh\u00eame<\/em>, quand on l\u2019entend sans le lire, \u00e9voque d\u2019embl\u00e9e le vers que chante la cigari\u00e8re Carmen dans l\u2019op\u00e9rette homonyme de Bizet  : \u00ab L’amour est enfant de Boh\u00e8me \u00bb, mais celle-ci porte l\u2019accent grave, elle connote Henry Murger, Puccini, Montparnasse … Or j\u2019emploie l\u2019accent circonflexe, qui r\u00e9f\u00e8re au pays tch\u00e8que d\u2019o\u00f9 nous venons  : et nous nous situons, la lign\u00e9e des K., dans un aller-retour perp\u00e9tuel entre ces accents \u2026 en passant par l\u2019accent-hirondelle (le caron des langues slaves), que vous pouvez d\u00e9couvrir dans le texte\u2026 Ce diacritique que l\u2019on lit mais n\u2019entend pas repr\u00e9sente l\u2019espace qu\u2019ouvre le livre, entre projection de soi et question des origines. <\/p>\n\n\n\n

On y parcourt de ce fait des itin\u00e9raires europ\u00e9ens car notre histoire de d\u00e9plac\u00e9s est issue d\u2019une vie exilique et circulaire, \u00e0 travers le ressac des haines et des passions du Vieux Continent. On voyage en Italie et au Maghreb, \u00e0 Gen\u00e8ve o\u00f9 Rodolphe K. dirigeait le bureau de l\u2019Agence de Presse tch\u00e9coslovaque \u00e0 la Soci\u00e9t\u00e9 des Nations, en Angleterre, tant \u00e0 Londres sous le blitz nazi qu\u2019au lyc\u00e9e fran\u00e7ais d\u00e9localis\u00e9 en Cumbria en Cumbria o\u00f9 Milan K. \u00e9tudie \u2026 <\/p>\n\n\n\n

\n \n \t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\t\r\n\t\t\t\t\r\n\t<\/picture>\r\n \n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n\n\n

Cette lettre K fait imm\u00e9diatement penser \u00e0 Kafka. On songe en premier lieu \u00e0 sa <\/strong>Lettre au p\u00e8re<\/em><\/strong> \u00e0 laquelle votre livre n\u2019est pas sans faire \u00e9cho. Quel rapport entretenez-vous avec l\u2019\u0153uvre de ce totem pragois  ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Kafka est un enfant de Boh\u00eame lui aussi, mais il y a dans son rapport \u00e0 la litt\u00e9rature une dimension juive qui chez moi, contrairement \u00e0 ce que j\u2019ai lu dans la presse arabe tout au long de ma carri\u00e8re\u2026 est absente. Effectivement, j’utilise dans le livre ce glyphe du K comme une sorte de blason de notre lignage improbable, fiction litt\u00e9raire qui constitue ma famille \u00e9pique, et non ma famille r\u00e9elle. Il se trouve que l\u2019anc\u00eatre le plus ancien que j\u2019ai pu identifier, le bisa\u00efeul, capitaine des chasses (titre que portait aussi La Fontaine) du comt\u00e9 de Nadejkov, se nomme Joseph K. Cela \u00e9voque Le Proc\u00e8s, <\/em>sans doute, et j\u2019ai d\u00e9couvert ult\u00e9rieurement que Hermann Kafka, le \u00ab  p\u00e8re  \u00bb \u00e0 qui Franz \u00e9crit la lettre, avait commenc\u00e9 sa vie comme brocanteur dans la bourgade de Pisek, en Boh\u00eame du sud. C\u2019est pr\u00e9cis\u00e9ment l\u00e0 que Rodolphe K., quand il d\u00e9croche sa maturitas <\/em>(son bac) au lyc\u00e9e de Tabor, s’est fait tirer le portrait. Ce sont les premi\u00e8res photos de lui sur lesquelles je suis tomb\u00e9, quand il partit \u00e0 Prague, \u00e2g\u00e9 de 19 ans, pour \u00e9tudier le fran\u00e7ais \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 Charles. Le r\u00e9cit est nourri de multiples co\u00efncidences de cette sorte. Sa parution le 6 octobre 2022, le jour o\u00f9 se tient \u00e0 Prague le sommet des chefs d\u2019\u00c9tat et de gouvernement de l\u2019Union europ\u00e9enne, sous pr\u00e9sidence tch\u00e8que durant ce semestre renforce ma foi de providentialiste ath\u00e9e\u2026<\/p>\n\n\n\n

L\u2019un des m\u00e9rites de votre ouvrage est de faire red\u00e9couvrir l’ampleur des liens entre la France et la R\u00e9publique Tch\u00e8que dont on a oubli\u00e9 \u00e0 quel point elles furent un temps de v\u00e9ritables \u00ab  r\u00e9publiques s\u0153urs  \u00bb. Qu\u2019est-il advenu de ces liens  ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Hier, ces liens \u00e9taient tr\u00e8s resserr\u00e9s. La Tch\u00e9coslovaquie fut la petite s\u0153ur de la France. Du reste elle voit le jour \u00e0 Darney, dans les Vosges. C’est l\u00e0 o\u00f9 Raymond Poincar\u00e9, pr\u00e9sident de la R\u00e9publique, remet le 30 juin 1918 \u2014 je suis aussi n\u00e9 un 30 juin\u2026 \u2014 le drapeau du 22\u00e8me<\/sup> r\u00e9giment de chasseurs tch\u00e9coslovaques, dirig\u00e9 par un \u00e9tat-major fran\u00e7ais, dont les officiers, tel le peintre Franti\u0161ek Kupka, \u00e9taient bilingues. Rodolphe K. y avait le grade d\u2019aspirant. \u00c0 partir de la grande exposition Rodin \u00e0 Prague de 1902, les \u00e9lites intellectuelles tch\u00e8ques ont regard\u00e9 vers Paris pour contrer Vienne. S\u2019est nou\u00e9 un dialogue intime entre la peinture de Boh\u00eame depuis la fin du XIXe<\/sup> si\u00e8cle et le symbolisme, puis le cubisme, les fauves, l\u2019orphisme – que proclame Apollinaire au Salon d\u2019or en 1911 devant deux tableaux de Kupka – jusqu\u2019au surr\u00e9alisme dont l\u2019exposition Toyen au Mus\u00e9e d\u2019art Moderne, vient de nous rappeler l\u2019intensit\u00e9. Soupault puis Breton all\u00e8rent \u00e0 Prague, \u00e9rig\u00e9e par eux en ville tellurique. La galerie nationale rec\u00e8le des collections sublimes de ces oeuvres, mais est tr\u00e8s peu fr\u00e9quent\u00e9e, les touristes qui d\u00e9ferlent sur le pont de Pierre ignorent son existence car elle ne correspond pas aux clich\u00e9s vendus par les tour-operators<\/em>. Y est aussi expos\u00e9 un tableau repr\u00e9sentant la jeune \u00e9pouse de Rodolphe K., par le peintre Coubine, un \u00ab  Nu Assis  \u00bb sur lequel l\u2019enfant de Boh\u00eame <\/em>s\u2019interroge longuement\u2026<\/p>\n\n\n\n

[Si vous trouvez notre travail utile et souhaitez contribuer \u00e0 ce que le Grand Continent reste une publication ouverte, vous pouvez vous abonner par ici<\/a>.]<\/em><\/p>\n\n\n\n

Il se trouve que l\u2019anc\u00eatre le plus ancien que j\u2019ai pu identifier, le bisa\u00efeul, capitaine des chasses (titre que portait aussi La Fontaine) du comt\u00e9 de Nadejkov, se nomme Joseph K.<\/p>Gilles Kepel<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

\u00c9crire ce livre sur soi et ses a\u00efeux est un exercice dont on ne sort pas indemne. Cette exp\u00e9rience d’\u00e9criture vous a-t-elle transform\u00e9, est-ce que vous en \u00eates ressorti diff\u00e9rent par rapport au moment o\u00f9 vous y \u00eates entr\u00e9 ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n

\u00ab On ne ressort jamais du hammam comme on y est entr\u00e9 \u00bb \u2014 pour faire r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 ma carri\u00e8re universitaire… J’aurais eu un sentiment d’incompl\u00e9tude, eu \u00e9gard \u00e0 celle-ci, si je n’avais pas connu cette mue litt\u00e9raire. <\/p>\n\n\n\n

Est-ce que vous regrettez que votre p\u00e8re ne soit plus l\u00e0 pour lire votre livre ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n

J’ai essay\u00e9 de le mettre \u00e0 sa port\u00e9e, encore en cours d\u2019\u00e9criture, avant sa disparition. Je lui ai montr\u00e9 quelques-unes des cartes postales que Rodolphe K. lui avait envoy\u00e9es quand il \u00e9tait encore un enfan\u00e7on mais qu’il n\u2019aurait pu d\u00e9chiffrer seul. Peut-\u00eatre sa m\u00e8re les lui a-t-elle lues, mais il ne pouvait les comprendre. Je ne suis pas s\u00fbr qu’il e\u00fbt pris connaissance de cette correspondance par la suite. \u00c0 nouveau, d\u00e9sormais nonag\u00e9naire, il a \u00e9t\u00e9 incapable d\u2019en d\u00e9crypter l’\u00e9criture. Sans doute le tch\u00e8que s’\u00e9tait-il effondr\u00e9 par pans entiers dans sa m\u00e9moire ravag\u00e9e par la maladie. Il avait cr\u00e9\u00e9 une sorte d’idiolecte, en m\u00e9langeant les vocabulaires fran\u00e7ais, tch\u00e8que et anglais\u2026 \u00e0 l’effarement des aides-soignantes de sa maison de retraite qui ne comprenaient plus ce qu\u2019il disait. Un jour nous avions essay\u00e9 de jouer au Scrabble, il formait dans cette langue int\u00e9rieure, subjective, des mots qui n’avaient plus de sens que pour lui, et qui pour les autres constituaient un signifiant \u00e9nigmatique qu\u2019Enfant de Boh\u00eame <\/em>a tent\u00e9 d\u2019\u00e9lucider \u2014 ensemble avec le monde d\u2019hier qui fut le sien.<\/p>\n\n\n\n

Gilles Kepel pr\u00e9sentera <\/em>Enfant de Boh\u00eame \u00e0 l’Institut du monde arabe le 11 octobre \u00e0 19h<\/a>.<\/em><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Quelques jours avant la sortie de son \u00e9pop\u00e9e tch\u00e8que, Florian Louis a rencontr\u00e9 Gilles Kepel pour \u00e9voquer la lente maturation de cette premi\u00e8re \u0153uvre litt\u00e9raire  : une enqu\u00eate familiale nou\u00e9e autour de la lettre K. \u2014 celle du p\u00e8re \u2014 o\u00f9 l’on croise entre Prague et Paris des personnages historiques et des destins hors normes nourris de multiples co\u00efncidences.<\/p>\n","protected":false},"author":10,"featured_media":160900,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"templates\/post-reviews.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1734],"tags":[],"geo":[536],"person":[],"acf":[],"yoast_head":"\n\u00abLe style est une exigence de chaque phrase\u00bb, une conversation avec Gilles Kepel | Le Grand Continent<\/title>\n<meta name=\"robots\" content=\"index, follow, max-snippet:-1, max-image-preview:large, max-video-preview:-1\" \/>\n<link rel=\"canonical\" href=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/\" \/>\n<meta property=\"og:locale\" content=\"fr_FR\" \/>\n<meta property=\"og:type\" content=\"article\" \/>\n<meta property=\"og:title\" content=\"\u00abLe style est une exigence de chaque phrase\u00bb, une conversation avec Gilles Kepel | Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"og:description\" content=\"Quelques jours avant la sortie de son \u00e9pop\u00e9e tch\u00e8que, Florian Louis a rencontr\u00e9 Gilles Kepel pour \u00e9voquer la lente maturation de cette premi\u00e8re \u0153uvre litt\u00e9raire : une enqu\u00eate familiale nou\u00e9e autour de la lettre K. \u2014 celle du p\u00e8re \u2014 o\u00f9 l'on croise entre Prague et Paris des personnages historiques et des destins hors normes nourris de multiples co\u00efncidences.\" \/>\n<meta property=\"og:url\" content=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/\" \/>\n<meta property=\"og:site_name\" content=\"Le Grand Continent\" \/>\n<meta property=\"article:published_time\" content=\"2022-09-30T05:19:00+00:00\" \/>\n<meta property=\"article:modified_time\" content=\"2022-09-30T08:26:05+00:00\" \/>\n<meta property=\"og:image\" content=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/gc-kepel-scaled.jpg\" \/>\n\t<meta property=\"og:image:width\" content=\"2560\" \/>\n\t<meta property=\"og:image:height\" content=\"1440\" \/>\n\t<meta property=\"og:image:type\" content=\"image\/jpeg\" \/>\n<meta name=\"author\" content=\"Matheo Malik\" \/>\n<meta name=\"twitter:card\" content=\"summary_large_image\" \/>\n<meta name=\"twitter:image\" content=\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/gc-kepel-scaled.jpg\" \/>\n<meta name=\"twitter:label1\" content=\"\u00c9crit par\" \/>\n\t<meta name=\"twitter:data1\" content=\"Matheo Malik\" \/>\n\t<meta name=\"twitter:label2\" content=\"Dur\u00e9e de lecture estim\u00e9e\" \/>\n\t<meta name=\"twitter:data2\" content=\"19 minutes\" \/>\n<script type=\"application\/ld+json\" class=\"yoast-schema-graph\">{\"@context\":\"https:\/\/schema.org\",\"@graph\":[{\"@type\":\"WebPage\",\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/\",\"url\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/\",\"name\":\"\u00abLe style est une exigence de chaque phrase\u00bb, une conversation avec Gilles Kepel | Le Grand Continent\",\"isPartOf\":{\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#website\"},\"primaryImageOfPage\":{\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#primaryimage\"},\"image\":{\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#primaryimage\"},\"thumbnailUrl\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/enfant-de-boheme-1.jpg\",\"datePublished\":\"2022-09-30T05:19:00+00:00\",\"dateModified\":\"2022-09-30T08:26:05+00:00\",\"author\":{\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#\/schema\/person\/a1c2123a1ef5abd663fcde8f63063d45\"},\"breadcrumb\":{\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#breadcrumb\"},\"inLanguage\":\"fr-FR\",\"potentialAction\":[{\"@type\":\"ReadAction\",\"target\":[\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/\"]}]},{\"@type\":\"ImageObject\",\"inLanguage\":\"fr-FR\",\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#primaryimage\",\"url\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/enfant-de-boheme-1.jpg\",\"contentUrl\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/enfant-de-boheme-1.jpg\",\"width\":1200,\"height\":1747},{\"@type\":\"BreadcrumbList\",\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#breadcrumb\",\"itemListElement\":[{\"@type\":\"ListItem\",\"position\":1,\"name\":\"Accueil\",\"item\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/\"},{\"@type\":\"ListItem\",\"position\":2,\"name\":\"\u00ab Le style est une exigence de chaque phrase \u00bb, une conversation avec Gilles Kepel\"}]},{\"@type\":\"WebSite\",\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#website\",\"url\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/\",\"name\":\"Le Grand Continent\",\"description\":\"L'\u00e9chelle pertinente\",\"potentialAction\":[{\"@type\":\"SearchAction\",\"target\":{\"@type\":\"EntryPoint\",\"urlTemplate\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?s={search_term_string}\"},\"query-input\":\"required name=search_term_string\"}],\"inLanguage\":\"fr-FR\"},{\"@type\":\"Person\",\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#\/schema\/person\/a1c2123a1ef5abd663fcde8f63063d45\",\"name\":\"Matheo Malik\",\"image\":{\"@type\":\"ImageObject\",\"inLanguage\":\"fr-FR\",\"@id\":\"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#\/schema\/person\/image\/\",\"url\":\"https:\/\/secure.gravatar.com\/avatar\/62cbadb9f7f0804282928747d8d2051d?s=96&d=mm&r=g\",\"contentUrl\":\"https:\/\/secure.gravatar.com\/avatar\/62cbadb9f7f0804282928747d8d2051d?s=96&d=mm&r=g\",\"caption\":\"Matheo Malik\"}}]}<\/script>\n<!-- \/ Yoast SEO plugin. -->","yoast_head_json":{"title":"\u00abLe style est une exigence de chaque phrase\u00bb, une conversation avec Gilles Kepel | Le Grand Continent","robots":{"index":"index","follow":"follow","max-snippet":"max-snippet:-1","max-image-preview":"max-image-preview:large","max-video-preview":"max-video-preview:-1"},"canonical":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/","og_locale":"fr_FR","og_type":"article","og_title":"\u00abLe style est une exigence de chaque phrase\u00bb, une conversation avec Gilles Kepel | Le Grand Continent","og_description":"Quelques jours avant la sortie de son \u00e9pop\u00e9e tch\u00e8que, Florian Louis a rencontr\u00e9 Gilles Kepel pour \u00e9voquer la lente maturation de cette premi\u00e8re \u0153uvre litt\u00e9raire : une enqu\u00eate familiale nou\u00e9e autour de la lettre K. \u2014 celle du p\u00e8re \u2014 o\u00f9 l'on croise entre Prague et Paris des personnages historiques et des destins hors normes nourris de multiples co\u00efncidences.","og_url":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/","og_site_name":"Le Grand Continent","article_published_time":"2022-09-30T05:19:00+00:00","article_modified_time":"2022-09-30T08:26:05+00:00","og_image":[{"width":2560,"height":1440,"url":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/gc-kepel-scaled.jpg","type":"image\/jpeg"}],"author":"Matheo Malik","twitter_card":"summary_large_image","twitter_image":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/gc-kepel-scaled.jpg","twitter_misc":{"\u00c9crit par":"Matheo Malik","Dur\u00e9e de lecture estim\u00e9e":"19 minutes"},"schema":{"@context":"https:\/\/schema.org","@graph":[{"@type":"WebPage","@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/","url":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/","name":"\u00abLe style est une exigence de chaque phrase\u00bb, une conversation avec Gilles Kepel | Le Grand Continent","isPartOf":{"@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#website"},"primaryImageOfPage":{"@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#primaryimage"},"image":{"@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#primaryimage"},"thumbnailUrl":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/enfant-de-boheme-1.jpg","datePublished":"2022-09-30T05:19:00+00:00","dateModified":"2022-09-30T08:26:05+00:00","author":{"@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#\/schema\/person\/a1c2123a1ef5abd663fcde8f63063d45"},"breadcrumb":{"@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#breadcrumb"},"inLanguage":"fr-FR","potentialAction":[{"@type":"ReadAction","target":["https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/"]}]},{"@type":"ImageObject","inLanguage":"fr-FR","@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#primaryimage","url":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/enfant-de-boheme-1.jpg","contentUrl":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-content\/uploads\/sites\/2\/2022\/09\/enfant-de-boheme-1.jpg","width":1200,"height":1747},{"@type":"BreadcrumbList","@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/09\/30\/le-style-est-une-exigence-de-chaque-phrase-une-conversation-avec-gilles-kepel\/#breadcrumb","itemListElement":[{"@type":"ListItem","position":1,"name":"Accueil","item":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/"},{"@type":"ListItem","position":2,"name":"\u00ab Le style est une exigence de chaque phrase \u00bb, une conversation avec Gilles Kepel"}]},{"@type":"WebSite","@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#website","url":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/","name":"Le Grand Continent","description":"L'\u00e9chelle pertinente","potentialAction":[{"@type":"SearchAction","target":{"@type":"EntryPoint","urlTemplate":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?s={search_term_string}"},"query-input":"required name=search_term_string"}],"inLanguage":"fr-FR"},{"@type":"Person","@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#\/schema\/person\/a1c2123a1ef5abd663fcde8f63063d45","name":"Matheo Malik","image":{"@type":"ImageObject","inLanguage":"fr-FR","@id":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/#\/schema\/person\/image\/","url":"https:\/\/secure.gravatar.com\/avatar\/62cbadb9f7f0804282928747d8d2051d?s=96&d=mm&r=g","contentUrl":"https:\/\/secure.gravatar.com\/avatar\/62cbadb9f7f0804282928747d8d2051d?s=96&d=mm&r=g","caption":"Matheo Malik"}}]}},"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/160893"}],"collection":[{"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/10"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=160893"}],"version-history":[{"count":42,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/160893\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":174560,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/160893\/revisions\/174560"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/media\/160900"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=160893"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=160893"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=160893"},{"taxonomy":"geo","embeddable":true,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/geo?post=160893"},{"taxonomy":"person","embeddable":true,"href":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/person?post=160893"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}