{"id":14290,"date":"2018-09-30T22:00:54","date_gmt":"2018-09-30T20:00:54","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=8609"},"modified":"2019-04-06T18:04:31","modified_gmt":"2019-04-06T16:04:31","slug":"le-petrole-rompt-le-lien-entre-larabie-saoudite-et-les-etats-unis","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2018\/09\/30\/le-petrole-rompt-le-lien-entre-larabie-saoudite-et-les-etats-unis\/","title":{"rendered":"Le p\u00e9trole rompt le lien entre l’Arabie saoudite et les \u00c9tats-Unis"},"content":{"rendered":"\n

Alger.<\/em> Le 23 septembre, l’Arabie saoudite et la Russie, parmi les premiers producteurs mondiaux de p\u00e9trole et de gaz, ont une nouvelle fois ignor\u00e9 les pressions de l’administration Trump pour faire baisser le prix mondial du p\u00e9trole brut (3<\/strong>), alors que l\u2019\u00a0\u00bbor noir  \u00bb a atteint son plus haut niveau (81 dollars le baril en Brent) depuis novembre 2014. Cette d\u00e9cision a \u00e9t\u00e9 prise apr\u00e8s que l’Organisation des pays exportateurs de p\u00e9trole (Opep) et les pays non membres du cartel de l’\u00e9nergie, r\u00e9unis \u00e0 Alger, aient r\u00e9it\u00e9r\u00e9 leur opposition \u00e0 la demande du pr\u00e9sident am\u00e9ricain Donald Trump. En effet, la Maison Blanche demande depuis des mois une augmentation de la production p\u00e9troli\u00e8re qui fasse baisser artificiellement le prix des biens \u00e9nerg\u00e9tiques afin de compenser l’effet des nouvelles sanctions \u00e9conomiques am\u00e9ricaines impos\u00e9es \u00e0 l’Iran, qui entreront en vigueur le 4 novembre prochain.<\/p>\n\n\n\n

La Russie, l’Arabie saoudite et les \u00c9mirats Arabes Unis – les deux derniers \u00e9tant les alli\u00e9s les plus loyaux des \u00c9tats-Unis au Moyen-Orient – ont joint les rangs contre la proposition Trump, assurant qu’ils n’ont pas l’intention de prendre des mesures \u00e0 l’avance pour compenser la chute d’environ 2 millions de barils par jour r\u00e9sultant des nouvelles sanctions sur les exportations de p\u00e9trole iraniennes. M. Trump a r\u00e9it\u00e9r\u00e9 cette proposition lors de son discours \u00e0 l’Assembl\u00e9e g\u00e9n\u00e9rale des Nations Unies (26 septembre), recevant une fois de plus la m\u00eame r\u00e9ponse n\u00e9gative qui a aliment\u00e9 la d\u00e9ception parmi les personnes directement touch\u00e9es par le front arabe. \u00c0 la base du rejet des membres de l’Opep – et de l’Arabie Saoudite en particulier – il y a des consid\u00e9rations \u00e9conomiques et strat\u00e9giques : ils sont convaincus qu’apr\u00e8s quatre ans de bas prix, le co\u00fbt du p\u00e9trole va commencer \u00e0 cro\u00eetre, revenant aux quotas de s\u00e9curit\u00e9, qui pour beaucoup de producteurs sont identifi\u00e9s \u00e0 environ 100 dollars le baril ; de plus, les Etats-Unis, \u00e9galement en vertu de la r\u00e9volution technologique garantie par le p\u00e9trole de schiste, vont repr\u00e9senter \u00e0 court terme un concurrent direct pour de nombreux producteurs (2<\/strong>), dont l’Arabie Saoudite, qui depuis 70 ans a construit une alliance politique bilat\u00e9rale avec Washington sur le principe \u00ab p\u00e9trole contre s\u00e9curit\u00e9 \u00bb (5<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Bien que minimis\u00e9 de part et d’autre, ce refus tire de nouveau la sonnette d\u2019alarme et les lignes de la dynamique r\u00e9cente entre les \u00c9tats-Unis et l’Arabie saoudite sous l\u2019\u00e8re Trump pourraient bouger. En effet, au-del\u00e0 du discours commun contre l’Iran et des rencontres cordiales des 18 derniers mois au cours desquelles les parties ont esp\u00e9r\u00e9 le renforcement de l’axe bilat\u00e9ral tout en balayant les ann\u00e9es de l’administration Obama (2009-2016) comme un lointain souvenir fait de malentendus, il existe un important d\u00e9calage sur plusieurs questions cl\u00e9s, m\u00eame sous le mandat de Trump, entre l’Arabie saoudite et les \u00c9tats-Unis, de l’\u00e9volution r\u00e9cente et future du conflit en Syrie \u00e0 l’incapacit\u00e9 des \u00c9tats-Unis \u00e0 mettre un terme \u00e0 la crise du Golfe contre le Qatar, pr\u00e9cis\u00e9ment \u00e0 travers le facteur \u00e9nerg\u00e9tique (4<\/strong>). En effet, le Congr\u00e8s am\u00e9ricain envisage l’approbation d’une loi pour favoriser un recours collectif contre les membres de l’Opep accus\u00e9s de \u00ab manipulation des prix du march\u00e9 \u00bb.<\/p>\n\n\n\n

Ces difficult\u00e9s sont confirm\u00e9es par un facteur important : le manque de liquidit\u00e9 des finances saoudiennes, d\u00fb \u00e0 la fois \u00e0 la faiblesse des cours internationaux du p\u00e9trole et \u00e0 la politique \u00e9trang\u00e8re et militaire co\u00fbteuse men\u00e9e dans tout le Moyen-Orient. La guerre au Y\u00e9men et les difficult\u00e9s \u00e9conomiques rencontr\u00e9es par Mohammed Bin Salman pour promouvoir ses propres r\u00e9formes ne garantissent pas \u00e0 Riyad une grande disponibilit\u00e9 \u00e9conomique et financi\u00e8re comme par le pass\u00e9 (1<\/strong>). Tout cela, enfin, s’oppose aux d\u00e9sirs \u00e9lectoraux de Trump qui, en vue des \u00e9lections de mi-mandat \u00e0 l\u2019automne, ne veut pas se pr\u00e9senter \u00e0 son \u00e9lectorat avec des donn\u00e9es \u00e9conomiques n\u00e9gatives qui pourraient lui nuire en mati\u00e8re de repr\u00e9sentation r\u00e9publicaine au Congr\u00e8s.<\/p>\n\n\n\n

Perspectives :\ufeff<\/strong><\/h4>\n\n\n\n