{"id":13545,"date":"2019-03-24T22:00:36","date_gmt":"2019-03-24T21:00:36","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=13545"},"modified":"2019-04-27T15:41:40","modified_gmt":"2019-04-27T13:41:40","slug":"andres-manuel-lopez-obrador-face-a-lopposition-la-tentation-detre-goliath","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/03\/24\/andres-manuel-lopez-obrador-face-a-lopposition-la-tentation-detre-goliath\/","title":{"rendered":"Andr\u00e9s Manuel L\u00f3pez Obrador face \u00e0 l’opposition : la tentation d’\u00eatre Goliath"},"content":{"rendered":"\n
M\u00e9xico. <\/em>Un peu plus de cent jours se sont \u00e9coul\u00e9s depuis que le pr\u00e9sident mexicain Andr\u00e9s Manuel L\u00f3pez Obrador (AMLO) a pris ses fonctions et, dans ce court laps de temps, on peut compter des dizaines de d\u00e9cisions annonc\u00e9es, ainsi que des d\u00e9bats anim\u00e9s provoqu\u00e9s par un pr\u00e9sident qui, chaque matin en conf\u00e9rence de presse, annonce des mesures pour r\u00e9aliser la profonde transformation promise. Un jour, il annonce que la construction d\u2019un nouvel a\u00e9roport est suspendue ; un autre, des coupes budg\u00e9taires ou l’annulation des anciens programmes pour la mise en place de son propre projet de politique sociale qui, selon lui, sera sans interm\u00e9diaires entre le pouvoir publique et les b\u00e9n\u00e9ficiaires ; encore un autre, il fait des nominations ou des d\u00e9clarations controvers\u00e9es, ou avance le \u00ab respect de la souverainet\u00e9 \u00bb pour justifier sa position face \u00e0 la crise au Venezuela. Ces d\u00e9cisions suscitent de vives r\u00e9actions de la classe politique ainsi que des analystes et \u00e9ditorialistes, soit en raison de la visibilit\u00e9 du pr\u00e9sident, soit en raison de leurs implications.<\/p>\n\n\n\n Dans ce d\u00e9sir (hyper)actif de changement, deux traits intimement li\u00e9s risquent cependant d\u2019amorcer un sc\u00e9nario dangereux pour le Mexique. D\u2019une part, en raison de l’avantage \u00e9crasant que son parti a obtenu aux \u00e9lections, AMLO est le pr\u00e9sident le plus puissant de la jeune d\u00e9mocratie mexicaine ; d\u2019autre part, l’opposition est, pour sa part, pulv\u00e9ris\u00e9e et disjointe <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. L’ancien David pourrait aujourd’hui se muer en Goliath.<\/p>\n\n\n\n En effet, l\u2019\u00e9quation autour du rapport entre le pr\u00e9sident et l\u2019opposition a deux variables essentielles \u00e0 consid\u00e9rer comme point de d\u00e9part. D’un c\u00f4t\u00e9, la victoire d\u2019AMLO aux urnes, et de l\u2019alliance partisane qui l\u2019a nomin\u00e9 (MORENA-PT-PES), ne repose pas simplement sur le 53.19 % de voix des Mexicains qui l\u2019ont \u00e9lu, mais aussi sur la conqu\u00eate de 70 des 128 si\u00e8ges au S\u00e9nat et de 218 des 300 si\u00e8ges de d\u00e9put\u00e9s <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>, ainsi que 6 des 9 postes de gouverneurs dans le \u00c9tats f\u00e9d\u00e9r\u00e9s o\u00f9 les citoyens ont \u00e9t\u00e9 appel\u00e9s aux urnes en 2018 (y compris \u00e0 Mexico). D\u2019ailleurs, environ 80 % de la population approuve le travail que le pr\u00e9sident a fait jusqu\u2019\u00e0 pr\u00e9sent <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>. En d\u2019autres termes, la coalition partisane du pr\u00e9sident a la force politique et le soutien populaire n\u00e9cessaires pour faire passer les r\u00e9formes qu\u2019ils consid\u00e8rent comme indispensables pour accomplir leur projet de gouvernement.<\/p>\n\n\n\n De l\u2019autre c\u00f4t\u00e9, l\u2019opposition partisane, incarn\u00e9e notamment par le PAN et le PRI, a connu une d\u00e9faite historique aux urnes et elle ne semble pas \u00eatre en voie de recomposition, au moins sur le court terme. Le PAN affronte ainsi une longue crise interne qui a men\u00e9 certaines de ses personnages les plus embl\u00e9matiques \u00e0 quitter le parti politique dans lequel ils ont grandi (l\u2019ancien Pr\u00e9sident Felipe Calder\u00f3n parmi eux) <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le PRI, qui a \u00e9t\u00e9 le parti h\u00e9g\u00e9monique pendant plus de 70 ans, conna\u00eet quant \u00e0 lui une crise de cr\u00e9dibilit\u00e9 au point o\u00f9 une des vertus de son candidat pr\u00e9sidentiel a \u00e9t\u00e9 celle de ne pas \u00eatre militant du parti <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Les autres partis politiques sont tellement minimes qu\u2019ils sont soit en voie d\u2019extinction, soit en recherche d\u2019un accord avec l\u2019alliance au pouvoir. Les alternatives non partisanes, en revanche, manquent d’organisation et de liens. Il y a peu de chance que leur situation \u00e9volue sur ce point, d’autant que leur seul point de rencontre semble \u00eatre leur animosit\u00e9 envers le pr\u00e9sident. De l\u00e0, il leur sera tr\u00e8s difficile de consolider un projet alternatif. Ainsi, ceux qui devraient constituer une vision alternative du projet politique et \u00e9quilibrer la port\u00e9e du pouvoir d\u2019AMLO suffisent \u00e0 peine pour r\u00e9agir \u00e0 certains des mesures prises par le pr\u00e9sident.<\/p>\n\n\n\n Le risque d\u2019une telle configuration \u2013 un pr\u00e9sident tr\u00e8s fort et une opposition tr\u00e8s faible – pourrait \u00eatre que la force du mandat du pr\u00e9sident \u00e9crase l’opposition au nom de la transformation, annulant ainsi la possibilit\u00e9 des contrepoids n\u00e9cessaires qui limitent le pouvoir, monopolisant et appauvrissant les sujets et le ton du d\u00e9bat et, finalement, perdant les motivations pour am\u00e9liorer la qualit\u00e9 de l’offre politique. La coalition au pouvoir pourrait ainsi devenir une sorte de bulldozer qui emp\u00eache une discussion des enjeux d\u2019int\u00e9r\u00eat publique qui soit f\u00e9conde et, en tout cas, souhaitable dans une d\u00e9mocratie. Le principe de poids et contrepoids n\u00e9cessaires pour garantir l\u2019\u00e9quilibre de la repr\u00e9sentation politique pourraient s\u2019affaiblir sur le long terme.<\/p>\n\n\n\n Bien qu’il soit trop t\u00f4t pour avancer que cette pr\u00e9sidence sera sans contrepoids, il convient d\u2019observer de pr\u00e8s comment la configuration d\u00e9crite conditionne le d\u00e9veloppement du mandat du pr\u00e9sident L\u00f3pez Obrador. En particulier, compte tenu que l\u2019accumulation du pouvoir dans le mains d\u2019un pr\u00e9sident charismatique est une formule que l\u2019Am\u00e9rique latine conna\u00eet bien et qui s\u2019est r\u00e9v\u00e9l\u00e9e comme un des traits des d\u00e9mocraties d\u00e9munies <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Le mois prochain auront lieu des discussions de grandes port\u00e9es telles que la possibilit\u00e9 d\u2019inclure dans la Constitution la figure de r\u00e9vocation du mandat pr\u00e9sidentiel, la contre-r\u00e9forme du syst\u00e8me \u00e9ducatif ou la d\u00e9criminalisation de la consommation du cannabis, entre autres. \u00c0 cet \u00e9gard, le rapport pr\u00e9sident-opposition pourrait devenir capital, non seulement pour de tels enjeux mais aussi pour tracer le tissu institutionnel qui restera apr\u00e8s AMLO.<\/p>\n\n\n\n Lorsque Andr\u00e9s Manuel L\u00f3pez Obrador est devenu le pr\u00e9sident \u00e9lu avec le plus de voix de l’histoire du Mexique d\u00e9mocratique, des d\u00e9fis importants se sont impos\u00e9s \u00e0 lui quant \u00e0 la mani\u00e8re d’exercer un mandat de transformation d\u2019envergure sans d\u00e9truire l’opposition. Gr\u00e2ce au large soutien que les \u00e9lecteurs lui ont donn\u00e9 le 2 juillet 2018, AMLO, qui a incarn\u00e9 David durant des ann\u00e9es dans l’ar\u00e8ne politico-\u00e9lectorale, pourrait devenir Goliath.<\/p>\n","protected":false},"author":190,"featured_media":0,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"templates\/post-briefings.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1731],"tags":[],"geo":[525],"class_list":["post-13545","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-politique","staff-maria-teresa-martinez","geo-ameriques"],"acf":[],"yoast_head":"\nPerspectives :<\/strong><\/h4>\n\n\n\n