{"id":131869,"date":"2022-02-23T11:57:36","date_gmt":"2022-02-23T10:57:36","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=131869"},"modified":"2022-02-23T12:00:10","modified_gmt":"2022-02-23T11:00:10","slug":"mon-objectif-etait-de-raconter-une-histoire-une-conversation-avec-jonathan-bourguignon","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/02\/23\/mon-objectif-etait-de-raconter-une-histoire-une-conversation-avec-jonathan-bourguignon\/","title":{"rendered":"\u00ab Mon objectif \u00e9tait de raconter une histoire \u00bb, une conversation avec Jonathan Bourguignon"},"content":{"rendered":"\n
Je suis sensible \u00e0 cette question car mon objectif \u00e9tait en effet de raconter une histoire. Je suis convaincu que le r\u00e9cit est une forme d\u2019organisation du savoir qui est essentielle dans le processus cognitif humain. J’ai voulu \u00e9crire ce livre pour raconter une histoire ambivalente. L\u2019histoire des personnes et des id\u00e9ologies qui sont \u00e0 l\u2019origine d\u2019Internet, des cybern\u00e9ticiens des laboratoires d\u2019apr\u00e8s-guerre jusqu\u2019aux transhumanistes, en passant par la contre-culture dans la baie de San Francisco, la communaut\u00e9 du logiciel libre et les entrepreneurs derri\u00e8re le Grand Firewall chinois. Le fil directeur et la probl\u00e9matique du livre ont \u00e9t\u00e9 au c\u0153ur de la crise du coronavirus, qui a \u00e9t\u00e9 un moment privil\u00e9gi\u00e9 pour se questionner sur l\u2019utilisation d\u2019Internet comme outil d\u2019\u00e9mancipation comme de contr\u00f4le. <\/p>\n\n\n\n
D\u2019un point de vue m\u00e9thodologique, mon approche diverge en fonction des parties du livre auxquelles nous nous int\u00e9ressons. La premi\u00e8re partie, qui va jusqu’\u00e0 ma naissance dans les ann\u00e9es 1980 et mon \u00e9veil \u00e0 Internet dans les ann\u00e9es 1990, est construite sur la base de la litt\u00e9rature et de la recherche universitaire, qui est aujourd\u2019hui abondante. Ces recherches sont bien organis\u00e9es aux \u00c9tats-Unis mais le sont beaucoup moins en France, ou du moins dans le milieu de la technologie dont je viens, ainsi que dans le d\u00e9bat public. <\/p>\n\n\n\n
Une autre partie de mon livre porte sur l’histoire des entreprises, et en particulier celle des GAFAM. L’histoire de leur financement, de leurs mod\u00e8les \u00e9conomiques et de leurs produits m\u2019a particuli\u00e8rement int\u00e9ress\u00e9. C\u2019est une histoire que j\u2019ai pu moi-m\u00eame vivre, aussi bien de l\u2019ext\u00e9rieur, en tant qu\u2019usager, que de l\u2019int\u00e9rieur, gr\u00e2ce \u00e0 des n\u00e9gociations que j\u2019ai pu mener avec certaines de ces entreprises. J’apporte d\u2019ailleurs, dans cette partie, bien plus de contenu personnel qui provient de mon v\u00e9cu. <\/p>\n\n\n\n
Oui, et toute une partie de mon livre est consacr\u00e9e \u00e0 la Chine. Je me suis rendu compte que la perspective chinoise transformait le sens de mon r\u00e9cit sur l\u2019histoire d\u2019Internet en imposant la question d\u2019un d\u00e9roulement diff\u00e9rent. Compte tenu de l\u2019importance de la Chine et de l\u2019Internet chinois, j\u2019ai essay\u00e9 de d\u00e9velopper une m\u00e9thodologie particuli\u00e8rement documentaire, de m’int\u00e9resser \u00e0 tout ce qui a pu \u00eatre \u00e9crit \u00e0 ce sujet ainsi qu\u2019\u00e0 ce que je savais plus ou moins superficiellement sur la mani\u00e8re dont fonctionnent les syst\u00e8mes informatiques, notamment par le biais d\u2019entretiens que j\u2019ai pu mener tout au long de ma permanence en Asie et au-del\u00e0. <\/p>\n\n\n\n
Je dirais qu\u2019il y a un personnage central dans chaque partie. Pour la premi\u00e8re section du livre, il s\u2019agirait probablement de Stewart Brand. C\u2019est une figure relativement bien connue qui a d\u00e9j\u00e0 \u00e9t\u00e9 au c\u0153ur de quelques livres comme From counterculture to cyberculture <\/em>de Fred Turner. Stewart Brand est absolument central, une sorte de Forrest Gump <\/em>incarn\u00e9. Si on fait une photographie des moments importants de l’histoire de l’histoire am\u00e9ricaine des derni\u00e8res d\u00e9cennies du XXe si\u00e8cle, on le voit appara\u00eetre syst\u00e9matiquement : de la naissance du mouvement hippie \u00e0 la cr\u00e9ation du premier forum internet. <\/p>\n\n\n\n Le fil directeur et la probl\u00e9matique du livre ont \u00e9t\u00e9 au c\u0153ur de la crise du coronavirus, qui a \u00e9t\u00e9 un moment privil\u00e9gi\u00e9 pour se questionner sur l\u2019utilisation d\u2019Internet comme outil d\u2019\u00e9mancipation comme de contr\u00f4le.<\/p>jonathan bourguignon<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Deux personnages, qui apparaissent dans la partie de mon ouvrage intitul\u00e9e \u00ab Naissance des GAFA \u00bb sont incontournables : Elon Musk et Peter Thiel. Elon Musk attire la lumi\u00e8re, il se pr\u00e9sente comme celui qui veut sauver la plan\u00e8te \u00e0 travers Tesla, et sauver l’humanit\u00e9 de l’intelligence artificielle. Peter Thiel correspondrait d\u00e8s lors au c\u00f4t\u00e9 obscur : avec Palantir, il met l\u2019intelligence artificielle au service du contr\u00f4le, de la NSA ou de la CIA, il conseille et soutient Donald Trump.<\/p>\n\n\n\n Dans la partie qui porte sur la Chine, Kai-Fu Lee <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span> est mon personnage principal. Cet informaticien ta\u00efwanais terriblement intelligent \u00e9migre aux \u00c9tats-Unis dans les ann\u00e9es 1970, il a travaill\u00e9 dans les milieux du machine learning. Il est un des cr\u00e9ateurs de Siri dans les ann\u00e9es 1990 et est ensuite retourn\u00e9 en Chine pour Microsoft et Google o\u00f9 il a \u00e9t\u00e9 plac\u00e9 \u00e0 la t\u00eate d\u2019un puissant fonds d\u2019investissement. C\u2019est une v\u00e9ritable figure du pont entre la Silicon Valley et l\u2019Asie que nous ne pouvons pas conna\u00eetre si nous ne nous int\u00e9ressons pas aux questions de financement. <\/p>\n\n\n\n Il y a effectivement un internet parall\u00e8le qui s’est cr\u00e9\u00e9 en Chine dans lequel des m\u00e9ga-entreprises, comparables aux GAFAM, ont \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9es et remplissent la m\u00eame proposition de valeurs soci\u00e9tales que les entreprises am\u00e9ricaines. Bien s\u00fbr, il y a des divergences. Les entreprises chinoises ont le \u00ab go\u00fbt chinois \u00bb dans la mani\u00e8re dont leur interface se pr\u00e9sente et elles portent \u00e9galement la m\u00e9moire d’un \u00e9cosyst\u00e8me d\u2019une \u00e9poque o\u00f9 le smartphone et les paiements mobiles existaient mais o\u00f9 les soci\u00e9t\u00e9s n’\u00e9taient pas pass\u00e9es par l’ordinateur personnel et les cartes de cr\u00e9dit. <\/p>\n\n\n\n Cependant, ce sont les m\u00eames fonds d’investissements internationaux qui ont aliment\u00e9 l’une et l’autre et il s\u2019agit pour chacun d\u2019une forme de capitalisme, que ce soit un capitalisme de march\u00e9 am\u00e9ricain ou une \u00ab \u00e9conomie socialiste de march\u00e9 \u00bb. <\/p>\n\n\n\n L\u2019ambigu\u00eft\u00e9 entre convergences et divergences est tout \u00e0 fait naturelle. Ces deux syst\u00e8mes communiquent mais sont tout de m\u00eame fondamentalement diff\u00e9rents. La mise en avant des convergences ou des divergences de ces mod\u00e8les est alors circonstancielle, elle d\u00e9pend des besoins. <\/p>\n\n\n\n Il en est ainsi du cr\u00e9dit social, pr\u00e9sent\u00e9, notamment dans les m\u00e9dias, comme une chose parfaitement irr\u00e9elle – tout du moins avant la crise du Covid. Le cr\u00e9dit social est d\u2019ailleurs toujours une exp\u00e9rimentation, bien qu\u2019\u00e0 grande \u00e9chelle et d\u00e9centralis\u00e9e, adapt\u00e9e aux lieux de sa mise en place. \u00c0 la mani\u00e8re d\u2019Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes, <\/em>cette exp\u00e9rimentation \u00e9tait pr\u00e9sent\u00e9e comme un bloc monolithique, pour mieux accentuer le fait que cette horreur ne se passe pas chez nous. <\/p>\n\n\n\n Or le cr\u00e9dit social se met en place gr\u00e2ce \u00e0 des processus et des m\u00e9canismes que nous avons invent\u00e9s, qui sont notamment inspir\u00e9s du credit rating<\/em> aux \u00c9tats-Unis. D’ailleurs, le Parti Communiste chinois, dans le premier papier qui d\u00e9crit la port\u00e9e du cr\u00e9dit social, publi\u00e9 en 2014, explique que l’\u00e9conomie chinoise souffre d’un d\u00e9ficit de confiance, et qu\u2019un des moyens d\u2019y rem\u00e9dier est de s\u2019appuyer sur le mod\u00e8le du syst\u00e8me financier am\u00e9ricain <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Il y a un internet parall\u00e8le qui s’est cr\u00e9\u00e9 en Chine dans lequel des m\u00e9ga-entreprises, comparables aux GAFAM, ont \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9es et remplissent la m\u00eame proposition de valeurs soci\u00e9tales que les entreprises am\u00e9ricaines.<\/p>jonathan bourguignon<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Cette ambivalence entre convergences et divergences est donc bien ficel\u00e9e, et il faut toujours se demander pourquoi, \u00e0 un certain moment, c\u2019est l\u2019une ou l\u2019autre de ces deux alternatives qui est mise en avant. <\/p>\n\n\n\n La dialectique entre convergence et divergence est encore une fois de mise. Nous avons une vision tr\u00e8s \u00e9loign\u00e9e de la dimension chinoise, et l\u2019opposition entre un mod\u00e8le lib\u00e9ral, ouvert \u00e0 tous et un mod\u00e8le chinois tout \u00e0 fait ferm\u00e9, qui veut m\u00eame s\u2019\u00e9manciper des protocoles sources d\u2019internet, qui entra\u00eenent une d\u00e9centralisation et rendent difficile le contr\u00f4le, est un peu simpliste. <\/p>\n\n\n\n La Chine a r\u00e9ussi, au prix de d\u00e9ploiements technologiques et humains tr\u00e8s importants, \u00e0 contr\u00f4ler son cyber-espace, \u00e0 contr\u00f4ler les citoyens, \u00e0 disposer d\u2019une censure tr\u00e8s efficace, sans pour autant \u00e9teindre l’innovation comme ont pu le faire d’autres \u00c9tats moins visionnaires. Une fois ces technologies d\u00e9ploy\u00e9es, elle cherche maintenant \u00e0 les exporter. <\/p>\n\n\n\n Elle affirme non seulement avoir r\u00e9ussi \u00e0 contr\u00f4ler son cyberespace, mais elle pr\u00e9tend aussi que leur vision de la soci\u00e9t\u00e9 a finalement abouti, et que la soci\u00e9t\u00e9 actuelle est advenue pour le meilleur. <\/p>\n\n\n\n Il faut \u00e0 ce titre bien rappeler que la Chine n’est pas une soci\u00e9t\u00e9 d’abondance, mais une soci\u00e9t\u00e9 qui, il y a \u00e0 peine une trentaine d\u2019ann\u00e9es, \u00e9tait tr\u00e8s pauvre. L\u2019abondance apport\u00e9e par ce contr\u00f4le absolu du PCC est difficilement niable, m\u00eame si cela ne correspond pas \u00e0 nos principes. Le gouvernement chinois cherche alors \u00e0 exporter ce mod\u00e8le et fait beaucoup de lobbying. Il vend ses technologies, issues d\u2019entreprises comme Huawei, en Ouganda, en Russie, en Iran et dans un ensemble de pays qui cherchent \u00e9galement \u00e0 avoir une mainmise sur leurs territoires. <\/p>\n\n\n\n La question de la convergence avec l\u2019Occident se pose en effet car, si nous avons eu, depuis l’affaire Snowden, un renforcement des lois sur la vie priv\u00e9e qui existaient en France et en Europe avec le RGPD et aux \u00c9tats-Unis avec le CCPA californien, il y a d\u2019un autre c\u00f4t\u00e9 une pression croissante de la part des \u00c9tats sur les entreprises du num\u00e9rique afin de pouvoir passer \u00e0 travers les syst\u00e8mes de cryptage des donn\u00e9es dans le cadre de la lutte antiterroriste.<\/p>\n\n\n\n Cette ambigu\u00eft\u00e9 s\u2019illustre notamment dans le fait qu\u2019Apple – l’entreprise qui a fait de la vie priv\u00e9e et du cryptage sur ses appareils un de ses principaux arguments de vente – a affirm\u00e9 vouloir mettre en place un syst\u00e8me d’intelligence artificielle sur ses t\u00e9l\u00e9phones pour scanner les donn\u00e9es de ses usagers dans le cadre de la lutte contre la pornographie infantile. Mais si l’algorithme d\u00e9tecte ce genre d\u2019informations, il peut en d\u00e9tecter bien d\u2019autres dans le cadre d\u2019autres luttes, moins louables, comme celles contre les dissidences politiques par exemple. <\/p>\n\n\n\n La Chine a r\u00e9ussi, au prix de d\u00e9ploiements technologiques et humains tr\u00e8s importants, \u00e0 contr\u00f4ler son cyber-espace, \u00e0 contr\u00f4ler les citoyens, \u00e0 disposer d\u2019une censure tr\u00e8s efficace, sans pour autant \u00e9teindre l’innovation comme ont pu le faire d’autres \u00c9tats moins visionnaires.<\/p>jonathan bourguignon<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Alors que le mod\u00e8le chinois s\u2019\u00e9tend, le mod\u00e8le lib\u00e9ral doit \u00eatre questionn\u00e9. La r\u00e9flexion sur la protection des donn\u00e9es, leur utilisation dans le cadre de certaines luttes a des effets soci\u00e9taux et politiques majeurs, qui modifieront notre soci\u00e9t\u00e9.<\/p>\n\n\n\n Il faut d\u2019abord rappeler que le d\u00e9bat politique et r\u00e9glementaire ne peut \u00eatre qu\u2019en retard sur l\u2019innovation, et ce d\u2019abord pour des raisons d\u2019\u00e9veil technologique et d\u2019importance de ces ph\u00e9nom\u00e8nes. La voiture n\u2019a connu des r\u00e9glementations que des d\u00e9cennies apr\u00e8s son invention pour la simple raison que ce n\u2019\u00e9tait alors qu\u2019un ph\u00e9nom\u00e8ne minoritaire. Tant qu’une chose n’a pas un poids suffisant, le r\u00e8glementaire ne peut pas s’y attaquer et il n\u2019a d\u2019ailleurs, en premier lieu, pas n\u00e9cessairement les armes pour le faire. <\/p>\n\n\n\n Je travaille aujourd’hui beaucoup dans le syst\u00e8me blockchain<\/em> et m\u00eame nous qui travaillons dans ce milieu, nous ne comprenons pas encore la totalit\u00e9 de son potentiel. Quand des syst\u00e8mes secrets commencent \u00e0 se mettre en place, c\u2019est seulement par leur d\u00e9clinaison et leur utilisation que l\u2019on peut v\u00e9ritablement les comprendre. <\/p>\n\n\n\n Plus il y aura de syst\u00e8mes qui vont cr\u00e9er des choses, plus ce sera facile de comprendre ce qu’est ce syst\u00e8me. Mais cela prend \u00e9norm\u00e9ment de temps et dans le cas d’internet, il a d\u00fb se passer l’affaire Cambridge Analytica pour que le l\u00e9gislateur comprenne \u00e0 quel point les donn\u00e9es personnelles \u00e9taient des \u00e9l\u00e9ments majeurs pour la d\u00e9mocratie. <\/p>\n\n\n\nL\u2019histoire que vous racontez est faite de divergences mais \u00e9galement de convergences. Si la rivalit\u00e9 g\u00e9opolitique entre la Chine et les \u00c9tats-Unis est devenue \u00e9vidente, vous montrez \u00e9galement que des rapprochements et des connexions sont possibles par la trajectoire de certains personnages, de technologies et d\u2019\u00e9l\u00e9ments id\u00e9ologiques analogues. Jusqu\u2019\u00e0 quel point ces deux environnements se dirigent-ils vers des formes qui menacent la libert\u00e9 et la d\u00e9mocratie ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Vous abordez \u00e9galement dans votre ouvrage l\u2019\u00e9tanch\u00e9it\u00e9 croissante des espaces, notamment au sein de l\u2019environnement internet chinois, avec ce qui est connu comme <\/strong>The great chinese firewall<\/em><\/strong>. Cette dimension de contr\u00f4le et de censure syst\u00e9matique est-elle vou\u00e9e \u00e0 s\u2019accro\u00eetre ou est-il possible d\u2019y mettre un arr\u00eat ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Il y aurait donc bien une convergence entre le mod\u00e8le chinois et le mod\u00e8le occidental ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Il semble y avoir eu une prise en main de la part du pouvoir dans le domaine num\u00e9rique, notamment derri\u00e8re une notion comme celle de cyber-souverainet\u00e9, dont vous parlez d\u2019ailleurs dans votre livre. Pourtant, la politisation de l’environnement num\u00e9rique est en retard. Comment expliquez-vous ces deux temps ? <\/strong><\/h3>\n\n\n\n
Est-ce une question qui se pose uniquement au niveau de la r\u00e9glementation ? N\u2019y a-t-il pas une question qui se pose presque en amont. L’\u00c9tat am\u00e9ricain a montr\u00e9 qu\u2019il savait dialoguer et se coordonner avec les grandes entreprises du secteur technologique afin de d\u00e9velopper des projets qui servent ses int\u00e9r\u00eats. Il y a finalement un questionnement qui se pose sur le sens de l\u2019infrastructure et de la configuration de ces entreprises dans sa dimension publique. La question qui pourrait finalement se poser en termes politiques est celle de la transformation des grandes entreprises du num\u00e9rique et de la destruction des monopoles.<\/strong><\/h3>\n\n\n\n