{"id":129840,"date":"2022-01-31T14:22:17","date_gmt":"2022-01-31T13:22:17","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=129840"},"modified":"2022-01-31T14:22:24","modified_gmt":"2022-01-31T13:22:24","slug":"12-fictions-deurope-a-lire-en-fevrier","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/01\/31\/12-fictions-deurope-a-lire-en-fevrier\/","title":{"rendered":"12 fictions d\u2019Europe \u00e0 lire en f\u00e9vrier"},"content":{"rendered":"\n
\u00ab Puis vint le jour qui, depuis, est un jour de f\u00eate pour tous les habitants de Dunaszerdahely. Jeudi soir, 25 mars 1999, un peu apr\u00e8s 19 heures, alors que nous vivions la vie normale d\u2019une petite ville et que mon p\u00e8re lisait dans le journal du soir des articles sur les frappes de l\u2019OTAN contre la Yougoslavie, le clan P\u00e1pay fut massacr\u00e9 dans le bar Fontana. Ils jouaient tranquillement aux cartes dans leur lieu de rencontre habituel lorsque deux assassins arm\u00e9s de mitrailleuses automatiques sont entr\u00e9s et ont r\u00e9alis\u00e9 en l\u2019espace de quelques instants l\u2019un des r\u00e8glements de compte mafieux les plus sanglants d\u2019Europe, comme l\u2019annonc\u00e8rent les journaux le lendemain. <\/p>\n\n\n\n
En quelques minutes, la nouvelle a fait le tour de la ville. Notre t\u00e9l\u00e9phone n\u2019a pas arr\u00eat\u00e9 de sonner ; tous ceux l\u2019apprenaient appelaient leurs amis. La ville \u00e9tait en f\u00eate, les bo\u00eetes de nuit servaient de la bi\u00e8re et des sodas gratuits, papa a attrap\u00e9 maman et ils ont dans\u00e9 et vals\u00e9 dans le salon. \u00c1gi est arriv\u00e9e en courant, pensant pouvoir annoncer la grande nouvelle, mais elle est arriv\u00e9e trop tard. Papa a ouvert une bouteille de vin, maman a sorti les verres en cristal qu\u2019ils avaient re\u00e7us en cadeau de mariage. \u00c1gi a pris la bouteille de vin, a couru sur la terrasse avec et a commenc\u00e9 \u00e0 crier la bouche pleine.<\/p>\n\n\n\n
\u2014 Allez en enfer, tous ! Vous allez voir ! Le nouveau monde est l\u00e0 ! C\u2019est fini !<\/p>\n\n\n\n
Papa est vite sorti apr\u00e8s elle et l\u2019a ramen\u00e9e dans le salon. Il lui a rappel\u00e9 qu\u2019ils \u00e9taient plus de dix… \u00bb<\/p>\n\n\n\n
Une histoire d\u2019amour est au centre du roman qui se d\u00e9roule dans les ann\u00e9es 1990, pendant le r\u00e8gne de la mafia \u00e0 Dunaszerdahely (Dunajsk\u00e1 Streda) en Slovaquie o\u00f9 vit une importante colonie hongroise. Le lecteur suit la vie de trois femmes qui habitent dans le m\u00eame immeuble de huit \u00e9tages. J\u00falia travaille comme coiffeuse, elle m\u00e8ne une vie apparemment tranquille et insouciante avec son mari policier et son jeune fils quand, avec son client Andr\u00e1s, l\u2019amour entre dans sa vie. Alors que la ville est en proie au chaos et que le sentiment nationaliste slovaque s\u2019enflamme, sa vie priv\u00e9e est boulevers\u00e9e par l\u2019amour et par le sentiment de l\u2019impuissance de la police face \u00e0 la situation que symbolise son mari. Hilda, lyc\u00e9enne, vit dans l\u2019appartement en dessous de J\u00falia. Elle r\u00eave d\u2019\u00e9tudier \u00e0 l\u2019\u00e9tranger et de faire la f\u00eate, mais c\u2019est impossible dans une ville contr\u00f4l\u00e9e par la mafia locale o\u00f9 le viol des jeunes femmes passe sous silence. Erzsi, une retrait\u00e9e qui habite au septi\u00e8me \u00e9tage, cherche dans les s\u00e9ries t\u00e9l\u00e9vis\u00e9es le bonheur qui lui a \u00e9chapp\u00e9 toute sa vie. Elle assiste impuissante \u00e0 la transformation de son fils Ricsi en mafioso et \u00e0 la transformation de la petite ville en un synonyme de terreur en 1997.<\/p>\n\n\n\n
Initialement paru en 2018, gr\u00e2ce au succ\u00e8s que l\u2019ouvrage a connu, une seconde \u00e9dition a vu le jour en 2021 et il a \u00e9t\u00e9 adapt\u00e9 sur sc\u00e8ne par le th\u00e9\u00e2tre V\u00edgsz\u00ednh\u00e1z \u00e0 Budapest. Pr\u00e9sent\u00e9 en streaming sous le confinement au printemps 2021, la pi\u00e8ce fait des salles pleines depuis l\u2019automne dernier.<\/p>\n\n\n\n
Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n Alors qu\u2019un c\u00e9l\u00e8bre r\u00e9seau social s\u2019est lanc\u00e9 il y a peu dans le d\u00e9veloppement du \u00ab m\u00e9tavers \u00bb, ce roman dystopique estonien explore une \u00e9volution possible des mondes virtuels en ligne. Il nous projette dans un futur proche o\u00f9 le site elysium.com offre \u00e0 ses visiteurs la possibilit\u00e9 de rencontrer des c\u00e9l\u00e9brit\u00e9s du pass\u00e9 : personnages historiques, stars de cin\u00e9ma, vedettes de la chanson… Les personnes num\u00e9riques reconstitu\u00e9es par l\u2019intelligence artificielle et les r\u00e9seaux de neurones ont toutes les apparences du vrai. Mais l\u2019\u00e9volution de la plateforme prend un tour de plus en plus inqui\u00e9tant, laissant entrevoir peu \u00e0 peu les v\u00e9ritables projets des forces qui se dissimulent derri\u00e8re elle : la manipulation des masses et la cr\u00e9ation d\u2019un homme nouveau politiquement contr\u00f4lable. Certains s\u2019efforcent pourtant de r\u00e9sister \u00e0 l\u2019appel d\u2019Elysium, comme Ester, une enseignante qui se cramponne \u00e0 son \u00e9ducation et \u00e0 sa culture classique et tente de sauver l\u2019un de ses \u00e9l\u00e8ves aspir\u00e9 avec son p\u00e8re dans cette machine \u00e0 broyer les individus. Ce roman haletant d\u00e9crit un monde o\u00f9 les r\u00e9seaux sociaux et la r\u00e9alit\u00e9 virtuelle instaurent la d\u00e9pendance, fa\u00e7onnent les consciences et d\u00e9forment la m\u00e9moire historique. Cela ne vous rappelle-t-il rien ?<\/p>\n\n\n\n Apr\u00e8s une carri\u00e8re dans le cin\u00e9ma et le th\u00e9\u00e2tre (en tant que sc\u00e9nariste, producteur et metteur en sc\u00e8ne), Ilmar Taska (n\u00e9 en 1953) a fait ses d\u00e9buts en litt\u00e9rature en 2011. Son pr\u00e9c\u00e9dent roman, Pobeda 1946 <\/em>(2016), a \u00e9t\u00e9 traduit dans plus d\u2019une dizaine de langues et sa version anglaise a \u00e9t\u00e9 s\u00e9lectionn\u00e9e par The Times Literary Supplement<\/em> parmi les meilleurs livres de l\u2019ann\u00e9e 2018.<\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n Le dernier recueil de Rui Lage est aussi son premier chez Ass\u00edrio & Alvim. Son \u00e9criture sans entraves, structur\u00e9e par une qu\u00eate de simplicit\u00e9 et un pouvoir de suggestion de l\u2019image, se tourne d\u00e9sormais vers la m\u00e9ditation cosmique et la naissance \u00ab du vers terrien crois\u00e9 avec la prosodie \u00bb.<\/p>\n\n\n\n Sa po\u00e9sie, con\u00e7ue avec une rigueur et un talent formel remarquables, a toujours inclin\u00e9 vers l\u2019ethnologie. Ici, dans la bri\u00e8vet\u00e9 de ses versets, c\u2019est au songe qu\u2019on c\u00e8de la place pour accomplir le r\u00e9el. Dans ses derniers livres d\u00e9j\u00e0, L\u2019invisible<\/em> (Gradiva, Prix Agustina Bessa-Lu\u00eds, 2019) et Un ancrage portugais<\/em> (Ulisseia, 2011), on a vu sa fa\u00e7on de reconstruire le langage de mani\u00e8re minutieuse et m\u00e9thodique et, dans les pliures du texte, de laisser entrevoir les lieux et les espaces o\u00f9 il a grandi, ses r\u00e9f\u00e9rences plus intimes et les particularit\u00e9s d\u2019un territoire qui ont marqu\u00e9 sa po\u00e9sie et lui ont communiqu\u00e9 une dimension universelle.<\/p>\n\n\n\n Ce n\u2019est pas un hasard si, parmi les auteurs que Rui Lage a traduits, on compte \u00e0 la fois Samuel Beckett et Carl Sagan ; d\u2019un c\u00f4t\u00e9, l\u2019amertume ineffable, de l\u2019autre, l\u2019utopie salvifique. Firmament<\/em> est un recueil o\u00f9 les mots sont comme des \u00e9tincelles fugaces et les images comme des r\u00eaves partag\u00e9es. <\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n Wo auch immer ihr seid<\/em> (litt\u00e9ralement : \u00ab O\u00f9 que vous soyez \u00bb), premier roman de Khu\u00ea Ph\u1ea1m, journaliste \u00e0 l\u2019hebdomadaire Die Zeit<\/em>, n\u2019est pas un roman de migration comme les autres. \u00c9crit dans la perspective d\u2019une jeune trentenaire n\u00e9e en Allemagne d\u2019une famille vietnamienne, il peut \u00eatre lu \u00e0 la fois comme un roman familial plein de r\u00e9v\u00e9lations et de rebondissements et un roman historique passionnant, croisant les regards vietnamiens et europ\u00e9ens sur la guerre du Vietnam et ses cons\u00e9quences.<\/p>\n\n\n\n Le d\u00e9c\u00e8s de sa grand-m\u00e8re paternelle au tout d\u00e9but du roman va inciter la narratrice \u00e0 lever peu \u00e0 peu le voile sur des malentendus politiques et culturels et des querelles qui ont d\u00e9chir\u00e9 sa famille, autant de blessures pass\u00e9es tenues sous silence et dont elle d\u00e9couvre la profondeur insoup\u00e7onn\u00e9e. La reconstruction de son histoire familiale entra\u00eene la narratrice en voyage de Saigon en Allemagne, puis en Californie et va la conduire \u00e0 prendre \u00e0 la toute fin du roman une d\u00e9cision pour le moins inattendue.<\/p>\n\n\n\n Peu de romans ont \u00e9t\u00e9 \u00e9crits \u00e0 ce jour sur les exil\u00e9s vietnamiens en Allemagne, cette fiction inspir\u00e9e de l\u2019histoire de l\u2019\u00e9crivaine leur rend hommage en donnant \u00e0 voir les tensions familiales n\u00e9es de la guerre et de l\u2019exil.<\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n M\u0101joklis. Ter\u0113zes dienasgr\u0101mata<\/em> (Demeure. Le journal de Ter\u0113ze) est le premier \u00ab roman \u00bb d\u2019Anna Auzi\u0146a (1975), est sorti il y a \u00e0 peine un mois, et l\u2019on se doute d\u00e9j\u00e0 qu\u2019il fera date. Par son \u0153uvre de peintre, de po\u00e8te et de critique, puis plus r\u00e9cemment d\u2019animatrice de la revue Str\u0101va<\/em>, Anna Auzi\u0146a est depuis une dizaine d\u2019ann\u00e9es une personnalit\u00e9 cardinale de la sc\u00e8ne litt\u00e9raire lettone, et l\u2019une des voix les plus singuli\u00e8res de sa g\u00e9n\u00e9ration. Ses recueils po\u00e9tiques Es izskat\u012bjos laim\u012bga<\/em> (J\u2019avais l\u2019air heureuse, 2010) et surtout Annas p\u016bra govs<\/em> (La vache de la dot d\u2019Anna, 2017) avec le grand po\u00e8me autobiographique Identit\u00e9 <\/em>(traduit en fran\u00e7ais dans le num\u00e9ro 6 de la revue Boustro, mai 2018) <\/em>ont \u00e9t\u00e9 salu\u00e9s et maintes fois prim\u00e9s et cit\u00e9s.<\/p>\n\n\n\n Ce bref texte en prose se donne comme un journal qui court de 2008 \u00e0 2020. Une chronologie organisant une suite de textes brefs parfois coiff\u00e9s d\u2019un titre dramatique ou th\u00e9matique. Plus qu\u2019un journal, il s\u2019agit d\u2019un exercice d\u2019introspection entrepris la trentaine pass\u00e9e par \u00ab Ter\u0113ze \u00bb, masque translucide sous lequel on reconna\u00eet bien des traits de l\u2019autrice. Un carnet ou un blog, o\u00f9 la diariste reconstitue l\u2019histoire de sa sexualit\u00e9, depuis ses premiers \u00e9mois enfantins jusqu\u2019aux pr\u00e9mices du vieillissement. Ce n\u2019est pas un rituel d\u2019enregistrement de l\u2019imm\u00e9diat, mais un geste intellectuel de remembrance s\u2019\u00e9talant sur une douzaine d\u2019ann\u00e9es. G\u00e9n\u00e9alogie d\u2019un corps d\u00e9sirant, r\u00e9cit m\u00e9thodique d\u2019un apprentissage : la d\u00e9couverte de \u00ab la chose \u00bb dans un roman de Vonnegut, l\u2019exploration jubilatoire de la masturbation dans le fauteuil club de la biblioth\u00e8que, les aventures et les mises \u00e0 l\u2019\u00e9preuve, les grossesses et les accouchements, les tentations adult\u00e8res et homosexuelles. Comme dans sa po\u00e9sie, Auzi\u0146a affirme une qu\u00eate de v\u00e9rit\u00e9 par une langue subtile et avare d\u2019ornements, par une certaine rudesse att\u00e9nu\u00e9e par un solide sens de l\u2019humour et de l\u2019autod\u00e9rision \u2014 une fa\u00e7on de s\u2019adresser au lecteur \u00e0 hauteur d\u2019\u0153il. C\u2019est ainsi que je suis, et je n\u2019ai rien \u00e0 cacher ! Sa posture est celle de la spectatrice qui veut repousser aussi loin que possible la mise en mots de ce qu\u2019elle observe sur le territoire turbulent de l\u2019\u00e9ros. Avec circonspection, \u00e9tonnement, all\u00e9gresse, elle d\u00e9crit ce corps seul et dans son rapport aux autres, ses r\u00e9actions, ses vertiges.<\/p>\n\n\n\n \u00ab J\u2019ai eu six partenaires sexuels, en comptant celui avec lequel je vis aujourd\u2019hui. Pour trois d\u2019entre eux, j\u2019\u00e9tais la premi\u00e8re. Deux, tout au contraire, avaient une tr\u00e8s vaste exp\u00e9rience sexuelle. Pour un, cette exp\u00e9rience \u00e9tait moyenne voire m\u00e9diocre, \u00e9quivalente \u00e0 celle qui est la mienne aujourd\u2019hui, mais bien sup\u00e9rieure \u00e0 ce que cette derni\u00e8re \u00e9tait alors. L\u2019un d\u2019entre eux \u00e9tait chimiste. Un autre enfin \u00e9tait tr\u00e8s c\u00e9l\u00e8bre, et le seul avec qui j\u2019ai bais\u00e9 le jour m\u00eame de notre rencontre. Il \u00e9tait aussi le seul \u00e0 ne pas \u00eatre amoureux de moi \u2014 pas m\u00eame un peu \u2014, et pourtant, apr\u00e8s lui, je me suis d\u2019une certaine fa\u00e7on lib\u00e9r\u00e9e vis-\u00e0-vis du sexe. Mais avec U. tout de suite, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 bien. \u00bb<\/em><\/p>\n\n\n\n La \u00ab physiologie \u00bb la passionne. Son effort d\u2019inventaire qui ne veut rien laisser dans l\u2019ombre pousse le texte vers l\u2019avant. Ter\u0113ze a grandi au c\u0153ur de l\u2019intelligentsia sovi\u00e9tique d\u00e9christianis\u00e9e, elle s\u2019est convertie \u00e0 l\u2019\u00e2ge adulte au catholicisme \u2014 sans que l\u2019on comprenne bien pourquoi. Par fascination litt\u00e9raire pour la confession ou par consentement \u00e0 un ph\u00e9nom\u00e8ne g\u00e9n\u00e9rationnel \u2014 trouve-t-on encore un ath\u00e9e en Lettonie en 2022 ? Quoiqu\u2019il en soit, des fragments de dogmes vont venir \u00e0 la marge r\u00e9genter ce corps libre que l\u2019exp\u00e9rience lui a appris \u00e0 satisfaire. Toutefois le \u00ab p\u00e9ch\u00e9 \u00bb catholique ne suscite chez elle ni terreur ni effroi. Que faire de la procr\u00e9ation ? Quel usage de la contraception ? Des questions pratiques qui se posent \u00e0 chacun, mais auxquelles les pr\u00eatres sont les plus mal pr\u00e9par\u00e9s \u00e0 r\u00e9pondre. Car le corps de Ter\u0113ze n\u2019est pas que nature, il est le produit du contexte social et historique o\u00f9 il est venu au monde. Auzi\u0146a excelle lorsqu\u2019elle retrace l\u2019esprit de l\u2019\u00e9poque : l\u2019Union sovi\u00e9tique finissante et la transition d\u00e9mocratique. L\u2019absence g\u00e9n\u00e9rale d\u2019\u00e9ducation sexuelle, la disette d\u2019images et d\u2019informations, l\u2019ignorance des amants font place \u00e0 la profusion des possibles des ann\u00e9es 90, des injonctions du porno et des \u00e9crans, des r\u00e9volutions du genre contemporaines. Provocant par la crudit\u00e9 du langage et par son impudeur, le livre dessine une vision d\u00e9niais\u00e9e, sans romantisme du sexe, mais l\u2019on pourrait dire aussi, apais\u00e9e, ou n\u00e9goci\u00e9e. F\u00e9ministe, Anna Auzi\u0146a n\u2019est pas en lutte contre ces pauvres hommes, qui semblent bien inoffensifs. Elle ne combat pas, elle ne cherche pas \u00e0 provoquer ou \u00e0 transgresser. Elle ne revendique que justesse pour son corps et pour soi, ce qui passe par l\u2019erreur, la maladresse, le d\u00e9sarroi, le d\u00e9sir de jouir et la bonne volont\u00e9 \u00e0 faire jouir, l\u2019\u00e9tincelle farouche du d\u00e9sir, les heurs et malheurs de l\u2019amour qui n\u2019\u00e9pargnent ni homme ni femme. Si pour les P\u00e8res de l\u2019\u00c9glise, le corps est la demeure (ou le temple) de l\u2019\u00e2me, Auzi\u0146a, prend ici le parti de la \u00ab demeure \u00bb, c\u2019est-\u00e0-dire du corps \u2014 \u00e0 la mani\u00e8re dont Ponge prenait celui \u00ab des choses \u00bb. Ce faisant ne retrouve-t-elle pas, comme malgr\u00e9 elle, un certain panth\u00e9isme balte pour qui le divin se trouve en chaque chose, dans tous les ph\u00e9nom\u00e8nes et cr\u00e9atures de la nature ?<\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n Rafael Chirbes est un des auteurs espagnols les plus embl\u00e9matiques de ces derni\u00e8res d\u00e9cennies. Son \u0153uvre aborde avec cruaut\u00e9 les relations humaines et plus particuli\u00e8rement l\u2019impossibilit\u00e9 de nouer des liens avec autrui. On pense notamment \u00e0 son roman Paris-Austerlitz<\/em> o\u00f9 il repr\u00e9sente sans concession des relations amoureuses d\u00e9l\u00e9t\u00e8res entre deux hommes qui n\u2019avaient pourtant pas l\u2019intention de se nuire. Avant de mourir, Chirbes nous a laiss\u00e9 ses journaux ou plut\u00f4t un ensemble de cahiers, papiers et autres documents dans lesquels il a enregistr\u00e9 ses pulsations vitales en tant que lecteur, cin\u00e9phile, citoyen, mais aussi et surtout en tant qu\u2019\u00e9crivain. Au fil des pages, le lecteur d\u00e9couvre l\u2019intimit\u00e9 de l\u2019auteur dans tout l\u2019arbitraire de ses jugements et en m\u00eame temps dans toute sa fragilit\u00e9. Certains passages, en particulier ceux qui sont consacr\u00e9s \u00e0 son lien avec Fran\u00e7ois, font penser \u00e0 l\u2019auteur de Paris-Austerlitz<\/em>, un \u00eatre oscillant entre la qu\u00eate de plaisir et le sentiment de culpabilit\u00e9 face au d\u00e9sir homosexuel. M\u00eame si l\u2019auteur du journal donne \u00e0 voir son for int\u00e9rieur avec une grande sensibilit\u00e9, le lecteur de litt\u00e9rature europ\u00e9enne qui est en lui s\u00e9duit bien plus encore. Les passages que Rafael Chirbes consacre \u00e0 Robert Musil, par exemple, font montre d\u2019une lecture attentive et d\u2019une grande intuition. <\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n Pertti Saloheimo est neurologue et r\u00e9dacteur en chef d\u2019un hebdomadaire m\u00e9dical finlandais. Il a pr\u00e9c\u00e9demment publi\u00e9 un recueil de po\u00e8mes salu\u00e9 par la critique, et propose d\u00e9sormais son premier roman, Entre mer et volcan<\/em>, qui raconte les travaux de terrain d\u2019un biologiste dans les environs d\u2019une petite ville non identifi\u00e9e, tr\u00e8s isol\u00e9e, entre une vaste jungle et les contreforts d\u2019un volcan.<\/p>\n\n\n\n Le chercheur se lance dans l\u2019exploration de la biodiversit\u00e9 des lieux et tombe sur des esp\u00e8ces dont la classification pose des probl\u00e8mes inattendus. En parall\u00e8le, il d\u00e9couvre des ruines, une \u00e9pave, puis des cloches \u00e0 plongeur, qui nourrissent autant sa curiosit\u00e9 scientifique que sa perplexit\u00e9 devant les myst\u00e8res du lieu et de son pass\u00e9. La d\u00e9couverte, dans la jungle, d\u2019un corps d\u00e9capit\u00e9, le forcera ensuite \u00e0 intensifier ses rapports avec la population locale, ce qui ne fera qu\u2019attiser son sentiment d\u2019irr\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 mi-chemin du roman d\u2019exploration et du r\u00e9alisme magique, Pertti Saloheimo parvient \u00e0 m\u00ealer r\u00e9cit scientifique et discours po\u00e9tique dans ce roman \u00e0 l\u2019atmosph\u00e8re saisissante.<\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n Sasha vit loin de la civilisation, sur le cours sup\u00e9rieur de la rivi\u00e8re Pelym, qui prend sa source dans les contreforts des monts de l’Oural. Vingt ans auparavant, l’endroit \u00e9tait encore habit\u00e9 par plusieurs familles Mansi, mais elles disparaissent \u00e0 pr\u00e9sent les unes apr\u00e8s les autres. Sasha reste seul dans la for\u00eat \u00e0 chasser l’\u00e9lan et l’ours, mais \u00e0 mesure que ses amis s’en vont, il s’attache de plus en plus \u00e0 sa bouteille d’alcool bon march\u00e9. Du fond de son ivresse, il l\u00e8ve m\u00eame la main sur l’un de ses derniers compagnons, Petka. Et bien que le pardon devienne presque une n\u00e9cessit\u00e9 dans cette vie solitaire au c\u0153ur de la ta\u00efga, la justice finit par venir. Mais m\u00eame la prison ne peut capturer l’\u00e2me du chasseur : la vie libre dans sa ta\u00efga natale rena\u00eet alors dans les souvenirs qu’a Sasha de sa famille et dans les vieilles histoires. Le pire ch\u00e2timent sera finalement le temps lui-m\u00eame : lorsqu’il rentre chez lui, ses proches sont morts et il a perdu le sens de la vie. Il quitte alors progressivement le monde, accompagn\u00e9 par ses d\u00e9mons et les fant\u00f4mes de la for\u00eat. Le personnage de Sasha incarne la triste histoire du petit peuple Mansi, victime de l’\u00e8re sovi\u00e9tique et de sa disparition.<\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n L\u2019autobiographie intellectuelle de M\u00e1rio Domingues (1899-1977), le pr\u00e9curseur oubli\u00e9 de l\u2019affirmation noire au Portugal, fait ressurgir dans notre pr\u00e9sent le pass\u00e9 mal connu de cette lutte. <\/p>\n\n\n\n Journaliste, auteur dramatique, \u00e9crivain, chroniqueur, traducteur (de Henry Fielding, Walter Scott, Charles Dickens, George Elliot ou Stefan Zweig), fils d\u2019une m\u00e8re noire exploit\u00e9e dans une plantation \u00e0 S\u00e3o Tom\u00e9, et d\u2019un p\u00e8re portugais, blanc, travailleur dans cette m\u00eame plantation \u2013 Domingues a publi\u00e9 dans la presse portugaise plusieurs textes dans une \u00e9poque o\u00f9 le rapport avec les colonies oscillait entre id\u00e9alisation et refoulement.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019aube de la dictature, parler \u2013 et faire parler \u2013 des noirs \u00e9tait loin d\u2019\u00eatre une priorit\u00e9 dans les politiques d\u2019un r\u00e9gime raciste ou l\u2019individu noir avait un r\u00f4le pr\u00e9cis \u00e0 jouer.<\/p>\n\n\n\n Organis\u00e9 par Jos\u00e9 Lu\u00eds Garcia, chercheur \u00e0 l\u2019Institut des Sciences Sociales de l\u2019Universit\u00e9 de Lisbonne, ce livre forme un recueil de textes publi\u00e9s dans la presse entre 1919 et 1928 sur l\u2019affirmation noire et la question coloniale. Il s\u2019organise par th\u00e8mes : \u00ab M\u00e1rio Domingues, pr\u00e9curseur de l\u2019affirmation noire et de l\u2019anticolonialisme \u00bb, \u00ab Pour l\u2019\u00e9mancipation des noirs \u00bb ; \u00ab Un noir qui r\u00e9siste a tous les Portugais \u00bb, \u00ab L\u2019Angola du Haut-Commissaire Rego Chaves \u00bb, \u00ab Le pan-africanisme culturel \u00bb. Au fil de ces sections se trace le portrait d\u2019un homme \u00e9lev\u00e9 dans la classe moyenne, qui devint tr\u00e8s vite une figure incontournable dans le milieu intellectuel lisbo\u00e8te et dans la presse noire. Loin d\u2019\u00eatre une voix isol\u00e9e, M\u00e1rio Domingues a fait partie d\u2019un mouvement noir \u00e0 Lisbonne et a contribu\u00e9 par ses textes \u00e0 la gestation de tout un courant de pens\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n Dans une remarquable pr\u00e9face, Jos\u00e9 Lu\u00eds Garcia explique que l\u2019\u00eatre humain, pour M\u00e1rio Domingues, n\u2019a jamais cess\u00e9 d\u2019\u00eatre esclave. \u00c0 l\u2019esclavage des dieux a succ\u00e9d\u00e9 celui des patrons et de l\u2019\u00c9tat, jusqu\u2019\u00e0 justifier le sacrifice des hommes pour la patrie. \u00ab L\u2019\u00e9crivain d\u2019aujourd\u2019hui est esclave de son \u00e9diteur et de l\u2019\u00c9tat, comme l’\u00e9tait le bouffon du Roi, celui qu\u2019il divertissait par ses belles fantaisies litt\u00e9raires. \u00bb Comme le souligne Garcia, \u00ab revenir aux textes de M\u00e1rio Domingues, c\u2019est jeter une lumi\u00e8re sur les territoires refoul\u00e9s de notre m\u00e9moire collective, et permettre que la soci\u00e9t\u00e9 portugaise, si indulgente vers son propre pass\u00e9 colonial, parvienne \u00e0 comprendre son r\u00f4le dans le n\u0153ud fondateur qu\u2019a \u00e9t\u00e9 la domination imp\u00e9riale moderne \u00bb. <\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n Vittu a cinq ans. Il a \u00e9t\u00e9 arrach\u00e9 \u00e0 sa m\u00e8re au Groenland et se retrouve dans un orphelinat au Danemark. Le roman commence dans une bo\u00eete. Une bo\u00eete au plafond de l\u2019orphelinat, dans laquelle Vittu se cache : \u00ab Il est le c\u0153ur de la bo\u00eete \u00bb. Iben Mondrup parvient, dans une prose d\u00e9nud\u00e9e \u00e9crite au pr\u00e9sent, \u00e0 nous mettre dans la bo\u00eete avec l\u2019enfant, presque \u00e0 entendre les battements de son c\u0153ur.<\/p>\n\n\n\n Mais Vittu n’est pas la seule personne avec qui Mondrup sympathise : les chapitres alternent entre son point de vue et, \u00e0 partir du moment o\u00f9 celle-ci vient l\u2019enfant chercher \u00e0 l\u2019orphelinat, celui de sa nouvelle m\u00e8re Alice, une photographe d’origine fran\u00e7aise. Alice s’attache tr\u00e8s vite \u00e0 son petit \u00ab Chouchou \u00bb et fait de lui le motif pr\u00e9f\u00e9r\u00e9 de son art photographique. Une histoire d\u2019amour et d\u2019art commence \u2013 et se d\u00e9veloppe loin de l’idylle. Mondrup excelle \u00e0 d\u00e9peindre la pulsion \u2014 celle de l’artiste, de la m\u00e8re, de l’enfant. Et \u00e0 montrer comment la pulsion peut \u00e0 la fois co\u00efncider avec l’\u00e9thique et s’en s\u00e9parer, dans sa complicit\u00e9 permanente avec le d\u00e9sir sexuel. <\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n \u00ab Baudelaire s\u2019est trouv\u00e9 vivre au carrefour de la Grande Ville, qui \u00e9tait le carrefour de Paris, qui \u00e9tait le carrefour de l\u2019Europe, qui \u00e9tait le carrefour du XIXe si\u00e8cle, qui \u00e9tait le carrefour d\u2019aujourd\u2019hui. Ce n\u2019est qu\u2019\u00e0 travers lui que nous en prenons conscience. On se demande pourquoi. C\u2019est \u00e0 cause du formidable \u00e9cart entre son intelligence<\/em> et ce qui l\u2019entourait. Une intelligence d\u2019un nouveau genre, fond\u00e9e sur les nerfs. Mis \u00e0 nu, les nerfs \u00e9taient le nouveau sensorium<\/em>, le dernier fond \u2013 labile \u2013 sur lequel s\u2019appuyer. En m\u00eame temps que le regard. Le regard de Baudelaire n\u2019a pas subi les outrages du temps. Il n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 terni, rien ne l\u2019obscurcit. Pour ceux qui le suivent, comme une lueur intermittente, se r\u00e9v\u00e8lent des barri\u00e8res de corail, des tunnels sans fin, des r\u00e9seaux de ruelles. Ils constituent le paysage de ses ann\u00e9es, qui continue de s\u2019\u00e9tendre jusqu\u2019\u00e0 aujourd\u2019hui \u2013 et au-del\u00e0. \u00bb (Roberto Calasso)\u00c0 l\u2019occasion du 200\u00e8me anniversaire de la naissance de Charles Baudelaire, et apr\u00e8s La Folie Baudelaire<\/em>, Roberto Calasso, laur\u00e9at du Prix Grand Continent 2021<\/a>, revient sur \u00ab ce qui est unique chez Baudelaire \u00bb dans un essai in\u00e9dit et posthume sur la singularit\u00e9 irr\u00e9ductible du po\u00e8te et sur tout ce qui fait sa modernit\u00e9. De ce floril\u00e8ge de pens\u00e9es, r\u00e9sultat de d\u00e9cennies de fr\u00e9quentation de l\u2019\u0153uvre de Baudelaire par le grand lettr\u00e9 que fut Calasso, en ressort un portrait qui, loin d\u2019\u00eatre hagiographique, est capable de saisir toutes les contradictions d\u2019un homme d\u2019exception qui a pleinement incarn\u00e9 son temps, d\u2019un h\u00e9ros maudit, dont le regard demeure plus que jamais actuel.<\/p>\n\n\n\n Lire plus<\/a><\/p>\n\n\n\n Ce qui est unique chez Baudelaire<\/em>, Traduit de l\u2019italien par Donatien Grau<\/em>, Les Belles Lettres<\/a><\/p>\n\n\n\n \u00ab Tout homme, toute femme, qui assigne une fin \u00e0 l\u2019amour, n\u2019aime pas. Tout \u00eatre humain ou animal qui fixe un but \u00e0 l\u2019amour, n\u2019aime pas. Qui impose un contenu, n\u2019aime pas. Qui r\u00eave un foyer, une maison, un enfant, de l\u2019or, une r\u00e9compense, n\u2019aime pas. Qui court apr\u00e8s la r\u00e9putation, l\u2019ascendant social, le cheval, la voiture, l\u2019honneur, n\u2019aime pas. Qui vise le champion du tournoi, l\u2019int\u00e9grit\u00e9 religieuse, la propret\u00e9, la d\u00e9licatesse de la nourriture, l\u2019ordre du lieu, le soin du jardin, n\u2019aime pas. Celui qui pr\u00e9tend s\u2019introduire dans un groupe auquel il n\u2019appartient pas, ne serait-ce qu\u2019atteindre les objectifs les plus s\u00fbrs \u2014 la m\u00e8re dans l\u2019homme, le grand-p\u00e8re maternel dans la femme \u2014, n\u2019aime pas. Celui qui recherche la culture, la virtuosit\u00e9, le courage, l\u2019exp\u00e9rience, la fiert\u00e9, le savoir, n\u2019aime pas. Dans l\u2019\u00e9treinte Dieu et Je sont morts. \u00bb<\/p>\n\n\n\nIlmar Taska, El\u00fc\u00fcsiumi kutse <\/em>(L\u2019appel d\u2019Elysium<\/em>), Tallinn, Varrak, novembre 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Rui Lage, Firmamento<\/em>, Ass\u00edrio & Alvim, f\u00e9vrier 2022<\/h2>\n\n\n\n
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Khu\u00ea Ph\u1ea1m, Wo auch immer ihr seid<\/em> (O\u00f9 que vous soyez<\/em>), Penguin Random House Verlagsgruppe, septembre 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Anna Auzi\u0146a, M\u0101joklis. Ter\u0113zes dienasgr\u0101mata<\/em> (La demeure. Le journal de Ter\u0113ze<\/em>), Riga, Ascendum, d\u00e9cembre 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Rafael Chirbes, Diarios. A ratos perdidos 1 y 2<\/em>, Anagrama, octobre 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Pertti Saloheimo, Entre mer et volcan<\/em> (Meren ja tulivuoren v\u00e4liss\u00e4), Helsinki, WSOY, janvier 2022<\/h2>\n\n\n\n
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Tom\u00e1\u0161 Boukal, La Voie des morts. Vie et mort d’Alexandre Nikolai\u00e9vitch, chasseur du peuple Mansi <\/em>(Cesta mrtv\u00fdch – \u017divot a smrt Alexandra Nikolajevi\u010de, lovce n\u00e1roda Mans\u016f<\/em>), Host, 2021<\/h2>\n\n\n\n
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M\u00e1rio Domingues, A afirma\u00e7\u00e3o negra e a quest\u00e3o colonial \u2013 textos 1919-1928 (La revendication noire et la question coloniale. Textes 1919-1928<\/em>), Tinta da China, janvier 2022<\/h2>\n\n\n\n
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Iben Mondrup, Vittu<\/em>, Copenhague, Politikens Forlag, janvier 2022<\/h2>\n\n\n\n
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Ci\u00f2 che si trova solo in Baudelaire<\/em>, Adelphi, 2021<\/h2>\n\n\n\n
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Pascal Quignard, L\u2019Amour la mer<\/em>, Gallimard, janvier 2022<\/h2>\n\n\n\n
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