{"id":127572,"date":"2022-01-05T06:07:00","date_gmt":"2022-01-05T05:07:00","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=127572"},"modified":"2022-01-06T19:23:41","modified_gmt":"2022-01-06T18:23:41","slug":"colombie-5-ans-apres-les-accords-de-paix","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2022\/01\/05\/colombie-5-ans-apres-les-accords-de-paix\/","title":{"rendered":"Colombie : 5 ans apr\u00e8s les accords de paix"},"content":{"rendered":"\n

Olivier Dab\u00e8ne<\/strong><\/h4>\n\n\n\n

Comme beaucoup le savent, l’accord de paix en Colombie contient 6 points : une r\u00e9forme agraire compl\u00e8te, la participation politique, la fin du conflit, une solution au probl\u00e8me des drogues illicites, un accord sur les victimes du conflit et des m\u00e9canismes de mise en \u0153uvre, de v\u00e9rification et de plainte <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Au total, il y a 578 dispositions et un d\u00e9lai de 15 ans pour les mettre en \u0153uvre. O\u00f9 en sommes-nous ? Telle est la question. Selon les donn\u00e9es de l’Institut Kroc pour les \u00e9tudes sur la paix internationale de l’Universit\u00e9 de Notre Dame aux \u00c9tats-Unis, qui effectue un suivi en temps r\u00e9el, nous constatons que quatre ans apr\u00e8s la signature, 28 % des dispositions sont pleinement mises en \u0153uvre, 18 % sont \u00e0 un niveau interm\u00e9diaire de progr\u00e8s, 35 % sont \u00e0 un statut minimum et 19 % n’ont pas \u00e9t\u00e9 initi\u00e9es. Par rapport \u00e0 l’ann\u00e9e pr\u00e9c\u00e9dente, les analystes de Kroc ont not\u00e9 des progr\u00e8s, mais tr\u00e8s lents.<\/p>\n\n\n\n

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Olivier Dab\u00e8ne est professeur \u00e0 Sciences Po, chercheur au Centre d’\u00e9tudes internationales (CERI), et pr\u00e9sident de l’Observatoire politique de l’Am\u00e9rique latine et des Cara\u00efbes (OPALC).<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Une autre caract\u00e9ristique de la mise en \u0153uvre est son irr\u00e9gularit\u00e9. Si l’on consid\u00e8re l’ensemble des six points, les meilleurs r\u00e9sultats sont obtenus pour le point \u00ab fin du conflit \u00bb, avec 49 % des 140 dispositions pleinement mises en \u0153uvre, et pour le point \u00ab m\u00e9canismes de mise en \u0153uvre \u00bb, avec 55 % des 84 dispositions pleinement mises en \u0153uvre. Les plus mauvais r\u00e9sultats se trouvent dans le point sur la \u00ab participation politique \u00bb, avec 34 % des 94 dispositions non initi\u00e9es, et sur la question des victimes, avec 20 % des 90 dispositions non initi\u00e9es. Ce type d’approche quantitative nous donne une premi\u00e8re approximation de la question de la mise en \u0153uvre, mais nous devons aller plus loin pour identifier les obstacles \u00e0 la mise en \u0153uvre et r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 la mani\u00e8re de les supprimer. Esp\u00e9rons que ce d\u00e9bat nous permettra d’atteindre cet objectif, et c’est pourquoi je donne tout d’abord la parole au Pr\u00e9sident Santos, en lui r\u00e9it\u00e9rant mes remerciements.<\/p>\n\n\n\n

Juan Manuel Santos<\/strong><\/h4>\n\n\n\n
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Juan Manuel Santos a \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sident de la Colombie entre 2010 et 2018. Il a re\u00e7u le prix Nobel de la paix en 2016. <\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Je voudrais commencer par remettre les choses dans leur contexte. Nous devons nous rappeler que cet accord n’est pas seulement un accord avec les FARC : c’est un accord qui vise \u00e9galement \u00e0 transformer le pays, en particulier dans les zones qui ont \u00e9t\u00e9 si durement touch\u00e9es pendant 50 ans de conflit. Je me souviens que lors d\u2019une premi\u00e8re phase, il a \u00e9t\u00e9 n\u00e9goci\u00e9 secr\u00e8tement pour \u00e9tablir un agenda, puis pendant quatre ans lors d\u2019une phase, cette fois-ci, publique. Et cela a \u00e9t\u00e9 fait avec un soin particulier apport\u00e9 d’un point de vue juridique. D\u00e8s le d\u00e9but, les instructions ont exig\u00e9 que l’accord soit encadr\u00e9 par le droit humanitaire international, et simultan\u00e9ment par la Constitution colombienne. Un soin particulier a \u00e9t\u00e9 apport\u00e9 \u00e0 cet \u00e9gard. Et ce n’\u00e9tait pas un accord pour d\u00e9sarmer les FARC, mais plut\u00f4t un accord avec un contenu social, politique et \u00e9conomique. <\/p>\n\n\n\n

Cet accord n’est pas seulement un accord avec les FARC : c’est un accord qui vise \u00e9galement \u00e0 transformer le pays, en particulier dans les zones qui ont \u00e9t\u00e9 si durement touch\u00e9es pendant 50 ans de conflit. Ce n’\u00e9tait pas un accord pour d\u00e9sarmer les FARC, mais plut\u00f4t un accord avec un contenu social, politique et \u00e9conomique. <\/p>Juan manuel santos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Au d\u00e9but des n\u00e9gociations, ce processus a \u00e9t\u00e9 compl\u00e9t\u00e9 par une s\u00e9rie de mesures. Je souligne particuli\u00e8rement la loi sur les victimes et la restitution des terres. C’est ce qui a permis de cr\u00e9er une \u00e9tape vers l’application de la justice transitionnelle. C’est une chose que beaucoup de gens oublient. C\u2019est gr\u00e2ce \u00e0 cette loi sur les victimes et la restitution des terres, \u00e0 partir de ce moment-l\u00e0, en 2012, que les victimes ont commenc\u00e9 \u00e0 recevoir des r\u00e9parations. Cela a \u00e9galement donn\u00e9 une force particuli\u00e8re \u00e0 la n\u00e9gociation et \u00e0 la vision de ce que nous voulions avec l’accord. Comme le professeur Dab\u00e8ne l’a d\u00e9j\u00e0 mentionn\u00e9, l’Institut Kroc, qui a \u00e9t\u00e9 choisi par les deux parties comme l\u2019institut charg\u00e9 de v\u00e9rifier la mise en \u0153uvre de l\u2019accord, est l’organisation dans le monde qui poss\u00e8de le plus d’informations sur les processus de paix, qui dispose m\u00eame d’une matrice qui compare tous les processus de paix qui ont \u00e9t\u00e9 n\u00e9goci\u00e9s jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent, et qui a les outils et les connaissances pour \u00e9valuer les progr\u00e8s de leur mise en \u0153uvre. Cet institut souligne toujours qu’il s’agit de l’accord le plus ambitieux, le plus complet et le plus profond qui ait jamais \u00e9t\u00e9 n\u00e9goci\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

En plus de l’aspect s\u00e9curitaire, le fameux D\u00e9sarmement, D\u00e9mobilisation et R\u00e9int\u00e9gration (DDR) contient un certain nombre d’aspects sociaux, \u00e9conomiques et politiques tr\u00e8s profonds. Selon l’institut, les accords de paix commencent toujours avec un pourcentage \u00e9lev\u00e9 de personnes qui s’y opposent. La popularit\u00e9 des proc\u00e9d\u00e9s est toujours remise en question. Mais au fur et \u00e0 mesure de leur mise en \u0153uvre, ce soutien et cette popularit\u00e9 augmentent. Comme l’a dit le professeur Dab\u00e8ne, environ 30 % des un peu plus de 500 points qui ont \u00e9t\u00e9 convenus ont \u00e9t\u00e9 mis en \u0153uvre. Si l’on compare purement en termes de temps et de pourcentages, l’accord pr\u00e9voit une p\u00e9riode de mise en \u0153uvre de 15 ans, et apr\u00e8s cinq ans, nous en sommes \u00e0 30 %. Nous ne nous en sortons donc pas mal. Nous sommes dans les temps pr\u00e9vus. Cependant, quand on commence \u00e0 d\u00e9cortiquer les points de l’accord, il y en a o\u00f9 les progr\u00e8s ont \u00e9t\u00e9 beaucoup plus importants, et d’autres o\u00f9 ils ont \u00e9t\u00e9 beaucoup moins importants.<\/p>\n\n\n\n

Il existe deux autres institutions qui ont \u00e9galement \u00e9t\u00e9 approuv\u00e9es par les deux parties colombiennes : le CINEP et la CELAC. Ce sont deux institutions qui assurent \u00e9galement le suivi des accords pour informer les parties et les personnalit\u00e9s politiques qui ont \u00e9t\u00e9 nomm\u00e9es \u00e0 l’\u00e9poque par les FARC, l’ancien pr\u00e9sident uruguayen Pepe Mujica, et par le gouvernement colombien, l’ancien pr\u00e9sident espagnol Felipe Gonzalez. La CELAC vient de publier son dixi\u00e8me et dernier rapport, o\u00f9 l’on trouve plus de 400 pages et une s\u00e9rie d’analyses point par point des progr\u00e8s et des lacunes. <\/p>\n\n\n\n

D’autre part, il y a aussi les rapports de la mission de l’ONU au Conseil de s\u00e9curit\u00e9. Selon le dernier rapport, le nombre d’anciens membres des FARC accr\u00e9dit\u00e9s \u00e0 l’heure actuelle est de 13 608. Cela signifie que la grande majorit\u00e9 des ex-gu\u00e9rilleros sont encore dans le processus. Et c’est tr\u00e8s important. Il est bien sup\u00e9rieur \u00e0 la moyenne des autres processus mis en \u0153uvre r\u00e9cemment dans le monde. 99 projets productifs collectifs et 3 190 projets productifs individuels ont \u00e9t\u00e9 mis en place. Et 155 coop\u00e9ratives d’ex-combattants ont \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9es dans tout le pays.<\/p>\n\n\n\n

En ce qui concerne la s\u00e9curit\u00e9, je dirais qu’\u00e0 mon avis, c’est le probl\u00e8me le plus grave dans la mise en \u0153uvre du processus, en particulier l’assassinat d’ex-combattants : selon les derniers chiffres de l’ONU, 292 ex-combattants ont \u00e9t\u00e9 assassin\u00e9s, dont 23 en raison de leur origine ethnique. Je crois savoir que, depuis, au moins un ou deux autres ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s. Et, je le r\u00e9p\u00e8te, c’est un probl\u00e8me s\u00e9rieux. Son origine est le manque de mise en \u0153uvre de ce qui est dans l’accord, en termes de conditions et de garanties de s\u00e9curit\u00e9, malgr\u00e9 le fait que des efforts ont \u00e9galement \u00e9t\u00e9 faits pour prendre des mesures de protection. Il existe environ 600 mesures de protection en vigueur dans les organismes publics.<\/p>\n\n\n\n

Sur la question politique, il y a quelque chose de tr\u00e8s important. Les \u00e9lections de 2018 – les gens l’oublient souvent – ont \u00e9t\u00e9 les \u00e9lections les plus pacifiques de l’histoire de la Colombie, apr\u00e8s que nous avons sign\u00e9 les accords. Aujourd’hui, les FARC occupent dix si\u00e8ges : 5 au S\u00e9nat, 5 \u00e0 la Chambre. Les membres des ex-FARC font d\u00e9sormais partie d’un parti politique, Comunes<\/em>, et ont fait ou font encore partie des conseils de direction. Finalement, apr\u00e8s un processus assez dispendieux, car il y avait de nombreux obstacles et de nombreuses personnes contre, y compris le gouvernement actuel au d\u00e9but, les 16 circonscriptions sp\u00e9ciales ont \u00e9t\u00e9 approuv\u00e9es afin que ceux qui se trouvaient dans les zones les plus touch\u00e9es par le conflit aient une repr\u00e9sentation sp\u00e9ciale au Congr\u00e8s. Lors des prochaines \u00e9lections, nous devons avoir ces 16 circonscriptions sp\u00e9ciales.<\/p>\n\n\n\n

La question des drogues est un sujet tr\u00e8s discut\u00e9 et tr\u00e8s important. L’origine d’une grande partie de la violence qui s\u00e9vit en Colombie depuis si longtemps est li\u00e9e au probl\u00e8me du trafic de drogue, et nous avons \u00e9tabli des proc\u00e9dures qui, \u00e0 mon avis, \u00e9taient appropri\u00e9es, surtout pour faire face au probl\u00e8me des cultures illicites. Si nous ne donnions pas d’alternative aux agriculteurs, ils n\u2019auraient jamais arr\u00eat\u00e9 de planter. Car aucun agriculteur ne va laisser ses enfants mourir de faim simplement parce qu’il est oblig\u00e9 d’\u00e9radiquer un pied de coca. Un processus a \u00e9t\u00e9 lanc\u00e9 – un processus on\u00e9reux, bien s\u00fbr, mais bien moins que ce qui a \u00e9t\u00e9 investi dans la guerre contre la drogue – qui a initialement donn\u00e9 de tr\u00e8s bons r\u00e9sultats en amenant les agriculteurs \u00e0 remplacer volontairement leurs cultures. <\/p>\n\n\n\n

Il y a un fait tr\u00e8s surprenant et positif : lorsqu’ils l’ont fait, la replantation qui se situe habituellement entre 40 et 60 % dans ces cas, comme l’ont v\u00e9rifi\u00e9 les Nations unies, a \u00e9t\u00e9 inf\u00e9rieure \u00e0 1 %. Cette politique con\u00e7ue dans l’accord \u00e9tait efficace. Malheureusement, ce qui \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 \u00e9tabli avec environ 99 000 familles a \u00e9t\u00e9 avanc\u00e9, mais le processus n’a pas \u00e9t\u00e9 suivi et on est revenu \u00e0 la politique traditionnelle de la main de fer (mano dura<\/em>) contre le trafic de drogue, que le monde applique sans succ\u00e8s depuis 50 ans. La guerre contre la drogue dans le monde a \u00e9t\u00e9 un \u00e9chec total, tout comme en Colombie. Cet accord qui consiste \u00e0 substituer volontairement et \u00e0 donner une alternative aux agriculteurs r\u00e9sout ce maillon de la cha\u00eene. Mais, \u00e0 mon avis, et je l’ai appris au fil des ans, parce que j’\u00e9tais l’un des responsables de la mano dura<\/em>, de l’\u00e9radication forc\u00e9e en tant que ministre de la d\u00e9fense, j’ai appris que, sur le long terme, la seule solution au probl\u00e8me mondial de la drogue est la l\u00e9galisation. Aujourd’hui, j’en suis convaincu.<\/p>\n\n\n\n

J’ai appris que, sur le long terme, la seule solution au probl\u00e8me mondial de la drogue est la l\u00e9galisation. Aujourd’hui, j’en suis convaincu.<\/p>juan manuel santos<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

En mati\u00e8re de justice, qui est peut-\u00eatre l’\u00e9pine dorsale de l’accord, de nombreux progr\u00e8s ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s. C’est la premi\u00e8re fois que deux parties acceptent de cr\u00e9er un tribunal sp\u00e9cial et de s’y soumettre, sous l’\u00e9gide du Statut de Rome. Aucun accord fructueux n’avait encore \u00e9t\u00e9 n\u00e9goci\u00e9 sous l’\u00e9gide du Statut de Rome. Le m\u00e9canisme de la Juridiction sp\u00e9ciale pour la paix ne pr\u00e9voit pas de tribunal impos\u00e9 par les vainqueurs de la guerre, comme ce fut le cas \u00e0 Nuremberg ou \u00e0 Tokyo. Il ne s’agit pas d’un tribunal impos\u00e9 par une instance internationale, comme ce fut le cas pour la Yougoslavie ou le Rwanda. C’est un tribunal qui est n\u00e9 d’une n\u00e9gociation entre les deux parties. Et cela a \u00e9t\u00e9 possible gr\u00e2ce \u00e0 quelque chose de tr\u00e8s important : le droit des victimes, le droit \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9, \u00e0 la r\u00e9paration, \u00e0 la justice et \u00e0 la non-r\u00e9p\u00e9tition, qui \u00e9taient les piliers de cette n\u00e9gociation. <\/p>\n\n\n\n

C’\u00e9tait aussi le premier accord, et il ne faut pas l’oublier, dans lequel les victimes \u00e9taient au c\u0153ur de la n\u00e9gociation. Cette Justice Sp\u00e9ciale pour la Paix compte 38 magistrats : en ce sens, l’accord est extr\u00eamement ambitieux. C’est tr\u00e8s ambitieux car 24 personnes ont \u00e9t\u00e9 jug\u00e9es au tribunal de Nuremberg, 28 au tribunal de Tokyo, 161 au tribunal pour la Yougoslavie et 93 au tribunal pour le Rwanda. Dans le cas de la Colombie, il y a 13 000 comparants. Vous pouvez imaginer le d\u00e9fi que cela repr\u00e9sente. Rien que dans les sept affaires macro, plus de 1 000 personnes comparaissent. Jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent, la Commission de la v\u00e9rit\u00e9 a men\u00e9 13 821 entretiens. 26 000 personnes ont \u00e9t\u00e9 entendues. 890 rapports ont \u00e9t\u00e9 re\u00e7us et 527 cas ont \u00e9t\u00e9 compil\u00e9s. J’insiste sur ce point car parmi les droits des victimes, le droit \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9 a \u00e9t\u00e9 particuli\u00e8rement important. Nous avons appris que c’est par la v\u00e9rit\u00e9 que la r\u00e9conciliation est facilit\u00e9e. Je l’ai constat\u00e9 avec les victimes auxquelles j’ai parl\u00e9 tout au long du processus. Ils m’ont dit de continuer. J’ai d’abord \u00e9t\u00e9 surpris par la g\u00e9n\u00e9rosit\u00e9 des victimes : en tant que victimes, elles auraient d\u00fb \u00eatre plus r\u00e9ticentes \u00e0 accorder, par exemple, des avantages juridiques aux auteurs de crimes. Je leur ai alors demand\u00e9 pourquoi ils m’ont dit d’aller de l’avant et cela a \u00e9t\u00e9 une le\u00e7on de vie pour moi : ils m’ont r\u00e9pondu qu’ils ne voulaient pas que d’autres souffrent ce qu’ils avaient souffert. Et ils m’ont \u00e9galement dit que nous ne devions pas venir les payer pour leurs filles, leurs fils ou leurs p\u00e8res, car combien valent-ils ? Ils m’ont dit : \u00ab Ce que nous voulons, c’est la v\u00e9rit\u00e9 \u00bb. C’est pourquoi la v\u00e9rit\u00e9 dans ce processus, et dans tout autre processus, est si importante.<\/p>\n\n\n\n

Il y a aussi l’unit\u00e9 de recherche des victimes disparues, qui a bien fonctionn\u00e9. Certains disent qu’il faut plus de moyens, mais ce n’est pas simple. Ce processus prend beaucoup de temps.<\/p>\n\n\n\n

Que pourrais-je dire \u00e0 ce stade ? Heureusement, cet accord est prot\u00e9g\u00e9 par la loi. De nombreuses personnes ont voulu le faire d\u00e9railler. Ou voulait arr\u00eater le train, pour ainsi dire. Ils n’ont pas \u00e9t\u00e9 en mesure de le faire. L’accord se poursuit. \u00c0 ce stade, le bilan est satisfaisant, bien qu’il existe de nombreuses questions, telles que la r\u00e9forme rurale, sur lesquelles peu ou pas de progr\u00e8s ont \u00e9t\u00e9 r\u00e9alis\u00e9s. Et pourtant, la r\u00e9forme rurale est une question fondamentale. La Colombie est peut-\u00eatre le pays o\u00f9 la r\u00e9partition des terres est la plus mauvaise au monde. La pauvret\u00e9 et les in\u00e9galit\u00e9s s’y concentrent. C’est dans les campagnes que nous pourrons r\u00e9soudre bon nombre des probl\u00e8mes structurels de la Colombie. Surtout apr\u00e8s la pand\u00e9mie, lorsque le monde commence \u00e0 regarder o\u00f9 il va se nourrir, o\u00f9 il va puiser de l’eau, la Colombie est un pays extr\u00eamement riche : nous avons beaucoup de terres pour produire. Selon la FAO, elle est l’un des cinq pays les plus riches du monde. Mais pour cela, nous avons besoin d’un d\u00e9veloppement \u00e9quitable dans les campagnes. C’est pourquoi ce point de l’accord est si important. Malheureusement, c’est l’un des points dans lequel il n\u2019y a pas de progr\u00e8s significatifs.<\/p>\n\n\n\n

Derni\u00e8rement, j’ai re\u00e7u des appels d’amis, de professeurs, d’universitaires et de personnes int\u00e9ress\u00e9es par un ph\u00e9nom\u00e8ne qui devrait \u00eatre une source de grande satisfaction. En Espagne, il y a une grande discussion sur ce qu’il faut faire concernant la v\u00e9rit\u00e9 et la responsabilit\u00e9 de l’ETA. En Grande-Bretagne, le Premier ministre Boris Johnson a pr\u00e9sent\u00e9 un projet de loi visant \u00e0 amnistier certains auteurs de la guerre contre l’IRA dans les ann\u00e9es 1970. Cela a suscit\u00e9 toutes sortes de discussions. En Bosnie, il y a un \u00e9norme d\u00e9bat entre la v\u00e9rit\u00e9 et la responsabilit\u00e9. Parmi eux, ils me disent qu’ils aimeraient avoir un projet comme celui des Colombiens pour r\u00e9soudre les probl\u00e8mes de responsabilit\u00e9 et de v\u00e9rit\u00e9 et pour rendre les r\u00e9parations et la r\u00e9conciliation vraiment stables et durables, tout comme la paix doit l’\u00eatre.<\/p>\n\n\n\n

Le gouvernement actuel n’a pas \u00e9t\u00e9 particuli\u00e8rement favorable \u00e0 ce processus. Mais ces derniers temps, il s’est montr\u00e9 tr\u00e8s proactif, promettant de mettre en \u0153uvre et, comme nous le disons populairement, \u00ab se vantant \u00bb de ce qu\u2019il a fait. C’est pour moi une excellente nouvelle. Cela signifie que nous sommes d\u00e9j\u00e0 en train de r\u00e9unir une quasi-unanimit\u00e9 pour que la mise en \u0153uvre qui manque – et il en manque encore beaucoup – puisse se faire sans obstacles majeurs.<\/p>\n\n\n\n

La semaine derni\u00e8re, le procureur de la Cour p\u00e9nale internationale est venu et a sign\u00e9 un accord avec le gouvernement colombien. Il a suspendu une enqu\u00eate pr\u00e9liminaire sur la Colombie, mais a sign\u00e9 un accord dans lequel le gouvernement colombien s’engage \u00e0 soutenir la justice transitionnelle, \u00e0 fournir les ressources n\u00e9cessaires \u00e0 la mise en \u0153uvre du processus de paix. Il s’engage \u00e9galement \u00e0 ce qu’il n’y ait aucune tentative de faire d\u00e9railler l’accord. Il s’agit d’un accord sign\u00e9 par le Pr\u00e9sident de la R\u00e9publique. La m\u00eame semaine, le Conseil de s\u00e9curit\u00e9 des Nations unies a approuv\u00e9 \u00e0 l’unanimit\u00e9 la prolongation d’un an de la Commission des Nations unies en Colombie. Ce sont deux tr\u00e8s bonnes nouvelles. <\/p>\n\n\n\n

Je voudrais terminer par quelque chose de tr\u00e8s significatif. Depuis la cr\u00e9ation des Nations unies, apr\u00e8s la Seconde Guerre mondiale, aucun autre \u00e9v\u00e9nement n’a b\u00e9n\u00e9fici\u00e9 d’un soutien aussi unanime que ce processus de paix. Cela a \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s important pour faire avancer celui-ci. Nous avons encore un long chemin \u00e0 parcourir, notamment en ce qui concerne la r\u00e9conciliation en chacun de nous. Il y a beaucoup de polarisation dans le pays. Apr\u00e8s 50 ans de conflit, il y a toujours beaucoup de haine, une soif de vengeance. Mais cela prend du temps de gu\u00e9rir les blessures. Nous sommes sur la bonne voie. Je reste tr\u00e8s optimiste quant au fait que cet accord que Rodrigo Londo\u00f1o et moi-m\u00eame avons sign\u00e9 il y a cinq ans est un accord qui va r\u00e9ellement continuer \u00e0 transformer la Colombie et, surtout, le c\u0153ur des Colombiens. C’est ce dont nous avons besoin : une r\u00e9conciliation des c\u0153urs des Colombiens.<\/p>\n\n\n\n

Rodrigo Londo\u00f1o<\/strong><\/h4>\n\n\n\n
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Rodrigo Londo\u00f1o a \u00e9t\u00e9 commandant de l’\u00e9tat-major des FARC (2011-2016) et est pr\u00e9sident de la Force alternative r\u00e9volutionnaire du commun depuis 2017.<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Je voudrais commencer par rendre hommage aux signataires qui ont \u00e9t\u00e9 assassin\u00e9s, en nommant le dernier tu\u00e9  <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span> \u00e0 11h25 \u00e0 Samaniego, Nari\u00f1o : Hugo Gilberto C\u00f3rdoba Yepes, 37 ans.\u00a0<\/p>\n\n\n\n

Il y a quelques jours, nous avons vu et entendu dans les m\u00e9dias le pr\u00e9sident fran\u00e7ais, Emmanuel Macron, exprimer avec une intense \u00e9motion et de mani\u00e8re publique que le processus de paix en Colombie est fondamental, essentiel. L’accord entre le gouvernement colombien et les FARC f\u00eate son cinqui\u00e8me anniversaire, et nous nous en r\u00e9jouissons. La France soutient pleinement la mise en \u0153uvre de la paix dans notre pays, ce qui nous remplit d’une grande satisfaction. Ce 24 novembre, nous c\u00e9l\u00e9brons les cinq ans de la signature de l’accord de paix final entre l’\u00c9tat colombien et les d\u00e9funtes FARC-EP ; un accord qui a mis fin \u00e0 un conflit arm\u00e9 de 53 ans, qui a permis le d\u00e9p\u00f4t des armes et la r\u00e9insertion dans la vie civile d’une arm\u00e9e de plus de 13 000 hommes et femmes, dont l’\u00e9crasante majorit\u00e9 reste ferme dans sa volont\u00e9 de paix, qui s’est transform\u00e9e d’une ancienne organisation de gu\u00e9rilla en un parti politique qui, dans le cadre de la l\u00e9galit\u00e9, agit pour enrichir la d\u00e9mocratie colombienne.<\/p>\n\n\n\n

L’accord a permis au pays de prendre conscience des immenses in\u00e9galit\u00e9s et des probl\u00e8mes politiques, \u00e9conomiques et sociaux qui y sont \u00e0 l’\u0153uvre, et de la n\u00e9cessit\u00e9 d’y rem\u00e9dier.<\/p>rodrigo londo\u00f1o<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Pour souligner l’importance de cet accord, je voudrais citer les chiffres que l’Observatoire de la m\u00e9moire et des conflits du Centre national de la m\u00e9moire historique a fournis au Syst\u00e8me int\u00e9gral de v\u00e9rit\u00e9, justice, r\u00e9paration et non-r\u00e9p\u00e9tition, l’un des organes les plus importants cr\u00e9\u00e9s par l’accord en mati\u00e8re de justice. La guerre en Colombie a fait 262 197 morts. Parmi ces morts, 215 005 \u00e9taient des civils et 46 813 des combattants. L’arr\u00eat de cette effusion de sang est en soi un m\u00e9rite indiscutable de l’accord de paix de 2016. Toutefois, outre la fin de la nuit noire de la violence continue, un effet imm\u00e9diat de sa signature doit \u00eatre soulign\u00e9 : l’accord a permis au pays de prendre conscience des immenses in\u00e9galit\u00e9s et des probl\u00e8mes politiques, \u00e9conomiques et sociaux qui y sont \u00e0 l’\u0153uvre, et de la n\u00e9cessit\u00e9 d’y rem\u00e9dier. Gr\u00e2ce \u00e0 cet accord, des d\u00e9bats que le pays consid\u00e9rait comme clos ont \u00e9t\u00e9 rouverts, comme l’in\u00e9galit\u00e9 dans l’acc\u00e8s \u00e0 la terre, les mauvaises conditions de vie de la paysannerie colombienne, la s\u00e9gr\u00e9gation dans les grandes villes, l’exclusion politique des minorit\u00e9s sociales, les droits des femmes et la diversit\u00e9 sexuelle, la protection de l’environnement et, surtout, la dette historique envers les victimes du conflit arm\u00e9. Heureusement pour le pays, l’organisation et la mobilisation pour des transformations majeures sont devenues plus politis\u00e9es et plus fortes.<\/p>\n\n\n\n

L’accord a renforc\u00e9 la prise de conscience nationale de l’importance du dialogue et des solutions consensuelles aux grands probl\u00e8mes nationaux. Le r\u00f4le crucial jou\u00e9 \u00e0 cet \u00e9gard par la communaut\u00e9 internationale, qui a accompagn\u00e9 et encourag\u00e9 les parties \u00e0 la table des n\u00e9gociations pendant les quatre ann\u00e9es de discussions et de consensus, doit \u00eatre reconnu \u00e0 sa juste valeur : l’Union europ\u00e9enne, les Nations unies, les \u00c9tats-Unis, les gouvernements de Norv\u00e8ge, de Cuba, du Venezuela et du Chili, ainsi que les 15 membres du Conseil de s\u00e9curit\u00e9 \u00e0 New York. Aujourd’hui, Paris, capitale de la d\u00e9claration universelle des droits de l’homme, la France, membre permanent du Conseil de s\u00e9curit\u00e9, envoie un message fort et sans \u00e9quivoque sur l’importance de l’accord de paix.<\/p>\n\n\n\n

Le d\u00e9bat pacifique et d\u00e9mocratique a sans aucun doute renforc\u00e9 les options politiques alternatives. Nous sommes bien conscients que l’horizon temporel de l’accord final ne se limite pas \u00e0 ces cinq premi\u00e8res ann\u00e9es. En effet, le texte mentionne 15 ans pour sa mise en \u0153uvre compl\u00e8te. Nous partons clairement du principe que la grande entreprise consistant \u00e0 contribuer \u00e0 la construction d’une Colombie en paix, avec une justice sociale, demandera de nombreuses ann\u00e9es et d’\u00e9normes efforts. Nous comprenons qu’entre nous, le pays d’aujourd’hui et les nouvelles g\u00e9n\u00e9rations, nous avons la responsabilit\u00e9, avec beaucoup de travail, de transformer l’espoir sem\u00e9 avec l’accord final en une r\u00e9alit\u00e9 de paix, de justice, de progr\u00e8s et de bien-\u00eatre pour tous en Colombie. Toutefois, il convient de noter qu’avec l’aide, le soutien et la coop\u00e9ration de la communaut\u00e9 internationale, nous serons en mesure de raccourcir les d\u00e9lais et de garantir que ce qui a \u00e9t\u00e9 convenu soit pleinement mis en \u0153uvre.<\/p>\n\n\n\n

Ces derni\u00e8res ann\u00e9es, nous avons rencontr\u00e9 de s\u00e9rieuses difficult\u00e9s qui, si elles ont ralenti le rythme de la mise en \u0153uvre, ne nous ont pas emp\u00each\u00e9s de rester fermes dans nos intentions. La plus visible d’entre elles est l’absence de garanties de s\u00e9curit\u00e9, qui a entra\u00een\u00e9 la mort de pr\u00e8s de 300 combattants, ainsi que la disparition d’un nombre consid\u00e9rable de signataires de la paix. Nous demandons une action plus efficace des autorit\u00e9s colombiennes. De nombreuses r\u00e9gions qui ont \u00e9t\u00e9 le th\u00e9\u00e2tre du conflit n’ont pas \u00e9t\u00e9 correctement prises en charge par l’\u00c9tat, ce qui a engendr\u00e9 de graves probl\u00e8mes d’ins\u00e9curit\u00e9. Selon ce qui a \u00e9t\u00e9 sign\u00e9, ces r\u00e9gions doivent faire l’objet de plans de d\u00e9veloppement avec une approche territoriale, de mani\u00e8re \u00e0 garantir des travaux d’infrastructure de base, des services de sant\u00e9 publique et d’\u00e9ducation, un soutien \u00e9conomique et social pour les sortir du retard, et leur conversion en zones productives viables avec certaines possibilit\u00e9s de participation politique. Une grande partie de la r\u00e9forme globale convenue attend encore l’action des \u00c9tats pour devenir r\u00e9alit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

La plus visible des difficult\u00e9s est l’absence de garanties de s\u00e9curit\u00e9, qui a entra\u00een\u00e9 la mort de pr\u00e8s de 300 combattants, ainsi que la disparition d’un nombre consid\u00e9rable de signataires de la paix. Nous demandons une action plus efficace des autorit\u00e9s colombiennes.<\/p>rodrigo londo\u00f1o<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Dans le domaine de la justice, les m\u00e9canismes du syst\u00e8me int\u00e9gral progressent \u00e0 un rythme acc\u00e9l\u00e9r\u00e9, malgr\u00e9 l’opposition farouche de certains secteurs \u00e9tablis, m\u00eame dans les organes de l’\u00c9tat. Dans le cadre des 7 dossiers ouverts par la Juridiction sp\u00e9ciale pour la paix, un syst\u00e8me de justice r\u00e9paratrice dont l’objectif fondamental est d’apporter la v\u00e9rit\u00e9, la justice et la r\u00e9paration aux victimes, ainsi que d’ouvrir la voie avec ses d\u00e9cisions pour rendre publique la paix durable et globale du pays, nous avons reconnu notre engagement envers la v\u00e9rit\u00e9, en assumant franchement et publiquement notre responsabilit\u00e9, ainsi qu’en demandant humblement pardon aux victimes. Plus de 9 000 de nos ex-combattants respectent leurs engagements en mati\u00e8re de v\u00e9rit\u00e9, de justice et de r\u00e9parations. En revanche, moins d’un tiers de ce nombre sont des membres des forces arm\u00e9es de l’\u00c9tat. Si le nombre d’agents de l’\u00c9tat est minoritaire, nous avons particip\u00e9 avec la Commission pour la connaissance de la v\u00e9rit\u00e9 \u00e0 au moins huit reconnaissances de responsabilit\u00e9 au niveau national, et 51 au niveau territorial. Nous avons organis\u00e9 des dialogues et des r\u00e9unions avec les victimes \u00e0 179 reprises. Nous avons r\u00e9alis\u00e9 sept entretiens collectifs et 113 entretiens individuels pour la reconstruction de la m\u00e9moire du conflit. Toujours avec notre participation effective, la Commission de recherche des personnes disparues a r\u00e9ussi jusqu’\u00e0 pr\u00e9sent \u00e0 retrouver la trace de 515 personnes, dont 338 combattants et 137 civils. D\u00e8s le d\u00e9but, nous \u00e9tions conscients que la construction d’une paix stable et durable exigeait des efforts et des sacrifices bien plus importants que la signature d’un accord. Le fait d’offrir des certitudes nous permet de rester fermes dans l’accomplissement de ce qui a \u00e9t\u00e9 convenu. Notre appel aujourd’hui \u00e0 ce Forum de Paris sur la Paix est qu\u2019on ne nous laisse pas seuls. M\u00eame en p\u00e9riode de Covid, dans ce sc\u00e9nario et surtout sans d\u00e9tourner l’attention des adultes, voir autant de jeunes soutenir cet effort est encourageant. Ce sera certainement le message que je rapporterai en Colombie, \u00e0 savoir qu\u2019on m\u2019a \u00e9cout\u00e9 attentivement. <\/p>\n\n\n\n

Sergio <\/strong>Jaramillo<\/h4>\n\n\n\n
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Sergio Jaramillo a \u00e9t\u00e9 haut conseiller pr\u00e9sidentiel pour la s\u00e9curit\u00e9 nationale sous le gouvernement Santos entre 2010 et 2012 et haut commissaire pour la paix entre 2012 et 2016. <\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Je voudrais, tout d’abord, rappeler l’extraordinaire difficult\u00e9 qu’a \u00e9t\u00e9 la n\u00e9gociation du processus de paix. Lorsque l’on prend du recul, tout ne semble pas plus facile, mais plus miraculeux que cela ait fonctionn\u00e9. J\u2019\u00e9tais par hasard impliqu\u00e9 dans une tentative d’aider \u00e0 la n\u00e9gociation en Afghanistan. Les premiers contacts des \u00c9tats-Unis avec les talibans remontent \u00e0 2010. Apr\u00e8s dix ans d’efforts, cela s’est termin\u00e9 par une v\u00e9ritable d\u00e9b\u00e2cle. La paix est vraiment une chose tr\u00e8s difficile et vous devez travailler de mani\u00e8re tr\u00e8s m\u00e9thodique. C’est la direction que le pr\u00e9sident Santos nous a donn\u00e9e \u00e0 l’\u00e9poque. <\/p>\n\n\n\n

Je voudrais faire cinq remarques sur la situation actuelle. La premi\u00e8re chose que nous devons toujours nous rappeler est que la guerre en Colombie est termin\u00e9e. Le grand conflit colombien s’est termin\u00e9, celui o\u00f9 une insurrection tentait de prendre le pouvoir et \u00e9tait plong\u00e9e dans un conflit avec les paramilitaires, avec l’Etat. En Colombie, les sources de violence sont encore nombreuses. Nous le savons tous. La violence est particuli\u00e8rement concentr\u00e9e dans certaines r\u00e9gions du pays, pr\u00e9cis\u00e9ment parce que, \u00e0 mon avis, le gouvernement ne sait pas comment lire la situation post-conflit et n’a pas de strat\u00e9gie de s\u00e9curit\u00e9. Dans certaines parties du pays, la situation est encore pire aujourd’hui, mais la violence est diff\u00e9rente du conflit historique que nous avons connu. Et il faut dire que la fin de la guerre a \u00e9t\u00e9 exemplaire, c’est-\u00e0-dire que nos forces militaires et la police nationale ont respect\u00e9 \u00e0 la lettre le cessez-le-feu, \u00e0 tel point que les FARC ont accept\u00e9 que ce soit la police qui soit prot\u00e9g\u00e9e pendant toute cette p\u00e9riode. Les FARC elles-m\u00eames ont travers\u00e9 tout leur processus de d\u00e9sarmement sous l’influence des Nations unies de mani\u00e8re exemplaire et sont aujourd’hui dans un processus de r\u00e9incorporation, que le gouvernement a, je crois, soutenu de mani\u00e8re ad\u00e9quate. <\/p>\n\n\n\n

La fin du conflit a eu des cons\u00e9quences imm\u00e9diates : \u00e9videmment, pr\u00e9server des vies, mais surtout changer l’agenda politique de la Colombie.<\/p>sergio jaramillo<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

La fin du conflit a eu des cons\u00e9quences imm\u00e9diates : \u00e9videmment, pr\u00e9server des vies, mais surtout changer l’agenda politique de la Colombie. Au cours des 40 derni\u00e8res ann\u00e9es, les pr\u00e9sidents ont \u00e9t\u00e9 \u00e9lus par rapport \u00e0 la discussion sur la paix et la s\u00e9curit\u00e9. Avec l’accord de paix, cela a pris fin. Nous devons maintenant nous regarder dans le miroir et voir quels sont les v\u00e9ritables probl\u00e8mes de la Colombie. Nous avons la possibilit\u00e9 d’affronter ces probl\u00e8mes, qui sont tr\u00e8s importants. La Banque mondiale a r\u00e9cemment publi\u00e9 un rapport sur les in\u00e9galit\u00e9s en Colombie : nous sommes le deuxi\u00e8me pays le plus in\u00e9galitaire d’Am\u00e9rique latine. L’accord, au-del\u00e0 de sa mise en \u0153uvre ou non, nous donne l’occasion de nous concentrer sur ce qui est le plus urgent pour nos gouvernements. <\/p>\n\n\n\n

Deuxi\u00e8mement, l’accord ne visait pas simplement \u00e0 faciliter le passage des FARC des armes \u00e0 la politique, mais \u00e0 s’attaquer aux conditions qui avaient conduit \u00e0 la violence et, au-del\u00e0, \u00e0 g\u00e9n\u00e9rer un grand programme de transformation \u00e9conomique, politique et sociale pour int\u00e9grer le pays aux populations et aux r\u00e9gions qui ont \u00e9t\u00e9 si durement touch\u00e9es historiquement, pour d\u00e9mocratiser franchement la Colombie et pour garantir que les droits de chaque citoyen soient \u00e9galement valables dans tout le pays. Sur cela, le bilan est beaucoup plus doux-amer. <\/p>\n\n\n\n

Le gouvernement a heureusement repris l’id\u00e9e contenue dans l’accord : l’engagement de d\u00e9velopper ces programmes de d\u00e9veloppement territorial dans 16 r\u00e9gions qui repr\u00e9sentent environ 20 % du territoire national. Il a pass\u00e9 du temps \u00e0 planifier et a essay\u00e9 de voir d’o\u00f9 viennent les ressources. Cela me semble tr\u00e8s bien. Il faut s’en f\u00e9liciter. Mais, pour l’instant, il n’a pas vraiment mis en place les grands plans nationaux pour la sant\u00e9 rurale, l’\u00e9ducation rurale, l’assistance technique aux agriculteurs, ce qui devait r\u00e9ellement rendre ces programmes efficaces. <\/p>\n\n\n\n

Selon les propres chiffres du gouvernement, tr\u00e8s peu de projets issus de ce magnifique processus participatif avec la population ont \u00e9t\u00e9 mis en \u0153uvre. Plus de 200 000 personnes ont particip\u00e9 \u00e0 la r\u00e9alisation des plans dans leurs r\u00e9gions. De tout ce qui est sorti et sur quoi on a d\u00e9j\u00e0 travaill\u00e9, \u00e0 peine 3 % ont \u00e9t\u00e9 mis en \u0153uvre. Bien s\u00fbr, dans une situation post-conflit, si vous n’avez pas un effet rapide sur le terrain, les gens ne commencent pas \u00e0 voir que les choses changent. Ce qui s’ouvre alors, c’est un \u00e9cart, un d\u00e9sordre, un peu comme ce que nous avons vu. Cela a des cons\u00e9quences en termes de s\u00e9curit\u00e9. L’autre probl\u00e8me de la r\u00e9forme rurale, en g\u00e9n\u00e9ral, est qu’elle devait aller au-del\u00e0 de la mise en \u0153uvre de programmes particuliers, comme un m\u00e9canisme global visant \u00e0 rapprocher les citoyens ruraux de l’\u00c9tat colombien, \u00e0 repenser cette relation. Malheureusement, le gouvernement actuel a \u00e9cart\u00e9 ce principe de participation, ce qui a provoqu\u00e9 beaucoup de frustration chez les dirigeants.<\/p>\n\n\n\n

Troisi\u00e8mement, la Colombie innove vraiment dans le monde en mati\u00e8re de r\u00e9solution des conflits en pla\u00e7ant les victimes au centre du processus, avec la v\u00e9rit\u00e9, la justice et la r\u00e9paration. Ce n’est pas une mince affaire. C’\u00e9tait extr\u00eamement difficile, la partie la plus difficile de la n\u00e9gociation. Comme l’a dit Santos, c’\u00e9tait quelque chose que nous ne pouvions pas reporter, parce que si on le reportait, parce que si on avait opt\u00e9 pour la solution la plus confortable – celle pour laquelle beaucoup optent – cela aurait fini par ronger le processus de paix lui-m\u00eame. Regardez ce qui se passe en Irlande du Nord : 23 ans apr\u00e8s la signature de l’accord du Vendredi Saint, qui ne comporte aucune clause prenant en compte la justice, la v\u00e9rit\u00e9 et les r\u00e9parations, apr\u00e8s diverses tentatives de mise en place de m\u00e9canismes, qui ont toutes \u00e9chou\u00e9, le gouvernement britannique propose une loi pour prescrire tous les crimes, autrement dit, une amnistie totale et c’est tout. Cela se passe au Royaume-Uni, pas en Am\u00e9rique latine, pas en Afrique du Sud. <\/p>\n\n\n\n

Ce que fait la Colombie est tr\u00e8s important, mais cela reste fragile. C’est un processus qui secoue la soci\u00e9t\u00e9, politiquement, mais qui, heureusement, se consolide de plus en plus. La reconnaissance de la Cour p\u00e9nale internationale, avec son accord pour clore l’enqu\u00eate, est vraiment quelque chose de tr\u00e8s important. Je ne sais pas si nous, en Colombie, sommes vraiment conscients de tout cela. C’est la premi\u00e8re fois que la Cour p\u00e9nale internationale reconna\u00eet un syst\u00e8me transitoire comme \u00e9tant conforme au Statut de Rome. Cela ne s’est produit nulle part ailleurs. Cela ouvre des portes pour que d’autres processus de paix puissent se d\u00e9rouler avec l\u2019aide de la justice.<\/p>\n\n\n\n

Quatri\u00e8mement, nous devons saluer le succ\u00e8s du soutien international dans le cas de la Colombie. J’ai mentionn\u00e9 pr\u00e9c\u00e9demment le chaos en Afghanistan, dont j’ai fait l’exp\u00e9rience directe : un chaos absolu, des combats, un manque de coordination, un conflit d’int\u00e9r\u00eats brutal. Dans notre cas, nous avons d’abord eu les pays garants, qui ont utilis\u00e9 toute leur capacit\u00e9 diplomatique pour fa\u00e7onner ce processus, comme dans le cas de Cuba et de la Norv\u00e8ge, dont je voudrais souligner le travail. Nous avons \u00e9galement eu, \u00e9videmment, les Nations unies. Le nombre de r\u00e9solutions qui ont \u00e9t\u00e9 adopt\u00e9es \u00e0 l’unanimit\u00e9 est une chose que Santos a soulign\u00e9e. Le mandat vient d’\u00eatre renouvel\u00e9 une nouvelle fois. Cette structure a certainement contribu\u00e9 \u00e0 maintenir la stabilit\u00e9 du processus. Il n’existe aucun exemple d’une participation internationale aussi efficace. <\/p>\n\n\n\n

J’inclurais \u00e9galement l’Union europ\u00e9enne dans cette cat\u00e9gorie. C’est peu connu : l’Union europ\u00e9enne a d\u00e9velopp\u00e9 un mod\u00e8le de soutien \u00e0 la paix. C’est la premi\u00e8re fois qu’elle le fait, avec une seule demande qui avait \u00e9t\u00e9 faite \u00e0 Federica Mogherini : d\u00e9p\u00eacher un seul envoy\u00e9 sp\u00e9cial en Colombie et cr\u00e9er un Fonds europ\u00e9en pour la Colombie. Je crois vraiment que nulle part ailleurs l’Union europ\u00e9enne n’a men\u00e9 une action aussi efficace qu’en Colombie. Aujourd’hui, nous constatons que les \u00c9tats-Unis, avec la nouvelle administration, s’alignent de plus en plus sur les objectifs du processus, comme en t\u00e9moigne la politique de lutte contre les stup\u00e9fiants r\u00e9cemment publi\u00e9e, qui comporte trois piliers totalement align\u00e9s sur le premier point de l’accord. <\/p>\n\n\n\n

Le probl\u00e8me est qu’un processus de paix n’est pas simplement la mise en \u0153uvre d’une s\u00e9rie d’engagements. Il ne s’agit pas d’un simple exercice technocratique. Un processus de paix n\u00e9cessite une vision, un horizon, une invitation \u00e0 s’unir autour d’un projet.<\/p>sergio jaramillo<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Toutefois, et je termine avec ceci, le probl\u00e8me est qu’un processus de paix n’est pas simplement la mise en \u0153uvre d’une s\u00e9rie d’engagements. Il ne s’agit pas d’un simple exercice technocratique. Un processus de paix n\u00e9cessite une vision, un horizon, une invitation \u00e0 s’unir autour d’un projet. C’est ce qui a \u00e9t\u00e9 si difficile \u00e0 r\u00e9aliser en Colombie. C’\u00e9tait \u00e0 pr\u00e9voir. J’ai r\u00e9cemment relu une tr\u00e8s bonne phrase du g\u00e9n\u00e9ral de Gaulle, qui disait justement que le probl\u00e8me des conflits internes est que, bien que la guerre se termine, la paix ne vient pas, pr\u00e9cis\u00e9ment parce que toutes ces haines continuent \u00e0 ronger l’int\u00e9rieur de la soci\u00e9t\u00e9. <\/p>\n\n\n\n

Ce que nous essayons de faire en Colombie, c’est de faire avancer le processus de paix au milieu d’un contexte de forte polarisation, ce qui rend le tout si difficile. Cependant, je garde espoir et je pense que nous sommes en train de le voir – je peux me tromper. Il est de plus en plus \u00e9vident pour la plupart des Colombiens que le processus de paix pr\u00e9sente d’\u00e9normes avantages. J’ai l’impression, Monsieur le Pr\u00e9sident Santos et Rodrigo, qu’il y a de moins en moins de controverse, que les gens comprennent que c’est en quelque sorte la bonne chose \u00e0 faire. On le voit m\u00eame avec la signature d’un accord avec la Cour p\u00e9nale internationale par le gouvernement actuel, qui s’y est tant oppos\u00e9. C’est une fa\u00e7on de reconna\u00eetre les r\u00e9alisations de la Colombie. Nous nous dirigeons d\u00e9j\u00e0 vers ce consensus. Une grande partie du programme reste \u00e0 mettre en \u0153uvre et c’est l\u00e0 l’essentiel de ce que le prochain gouvernement devra faire.<\/p>\n\n\n\n

Sandra Ram\u00edrez<\/strong><\/h4>\n\n\n\n
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Sandra Ram\u00edrez \u00e9tait une d\u00e9l\u00e9gu\u00e9e des FARC lors des pourparlers avec le gouvernement colombien \u00e0 La Havane. Elle est actuellement s\u00e9natrice, un poste qu’elle occupe depuis 2018.<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

La paix est peut-\u00eatre le plus vieux d\u00e9sir des Colombiens. Depuis la seconde moiti\u00e9 du XXe si\u00e8cle, nous avons v\u00e9cu un conflit arm\u00e9 auquel nous avons r\u00e9ussi \u00e0 mettre fin gr\u00e2ce \u00e0 l’accord final sign\u00e9 \u00e0 La Havane, dont nous avons c\u00e9l\u00e9br\u00e9 les cinq ans en novembre. <\/p>\n\n\n\n

\u00c0 cette occasion, je voudrais me r\u00e9f\u00e9rer en particulier \u00e0 une caract\u00e9ristique de l’accord qui est parfois oubli\u00e9e. Cet accord est le premier au monde \u00e0 int\u00e9grer efficacement l’approche de genre, \u00e9tant l’un des plus avanc\u00e9s dans la reconnaissance des droits des femmes et de la population LGBTIQ. Elle inclut \u00e9galement une perspective ethnique, culturelle et environnementale. Sa mise en \u0153uvre int\u00e9grale est donc un imp\u00e9ratif juridique et moral. Dans le domaine de l’\u00e9galit\u00e9 des sexes, l’accord a \u00e9tabli des axes th\u00e9matiques. Ces axes comprennent l’acc\u00e8s et la formalisation de la propri\u00e9t\u00e9 rurale dans des conditions \u00e9gales pour les hommes et les femmes, la garantie des droits \u00e9conomiques, sociaux et culturels des femmes et des personnes ayant une orientation sexuelle et une identit\u00e9 de genre diverses dans le secteur rural, la promotion et la participation des femmes dans les espaces de repr\u00e9sentation et de prise de d\u00e9cision. <\/p>\n\n\n\n

Cet accord est le premier au monde \u00e0 int\u00e9grer efficacement l’approche de genre, \u00e9tant l’un des plus avanc\u00e9s dans la reconnaissance des droits des femmes et de la population LGBTIQ. <\/p>Sandra ram\u00edrez<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Qu’est-ce que cela signifie ? Participation aux entreprises publiques de l’\u00c9tat \u00e0 tous les niveaux : local, r\u00e9gional et national ; mesures de pr\u00e9vention et de protection face aux risques qui affectent les femmes ; acc\u00e8s \u00e0 la v\u00e9rit\u00e9, \u00e0 la justice, \u00e0 la r\u00e9conciliation et aux garanties de non-r\u00e9p\u00e9tition, en mettant l’accent sur les formes de victimisation des femmes ; reconnaissance publique de la non-stigmatisation et diffusion du travail r\u00e9alis\u00e9 par les femmes en tant que sujets politiques ; renforcement des organisations de femmes pour leur participation politique. <\/p>\n\n\n\n

Outre cet accent mis sur le genre, l’accord a une orientation ethnique : il promeut les droits des Afro-descendants et des peuples indig\u00e8nes sur les terres, les territoires et les ressources naturelles ; les droits \u00e0 la restitution des terres, \u00e0 la consultation pr\u00e9alable et \u00e0 la protection de leurs expressions et m\u00e9moires historiques. L’accord de paix inclut \u00e9galement la question environnementale comme un axe crucial pour la paix. Elle promeut le d\u00e9veloppement durable et les m\u00e9canismes de r\u00e9solution des conflits territoriaux pour prot\u00e9ger la nature en Colombie.<\/p>\n\n\n\n

L’accord de paix est cet outil fondamental que nous nous sommes donn\u00e9 \u00e0 La Havane. Malgr\u00e9 sa grande importance, les trois axes de l’accord – ethnique, de genre et environnemental – rencontrent d’\u00e9normes difficult\u00e9s dans leur mise en \u0153uvre. On le voit dans la r\u00e9sistance de l’\u00e9lite politique contre la paix en Colombie. Cette \u00e9lite est aveugl\u00e9e par une pens\u00e9e patriarcale, violente et pr\u00e9datrice de la vie. Pour elle, l’approche du genre s’apparente \u00e0 une id\u00e9ologie perverse contraire aux valeurs chr\u00e9tiennes et familiales. En outre, l’animosit\u00e9 raciste et les pratiques historiques de discrimination et de violence \u00e0 l’encontre des communaut\u00e9s noires, indig\u00e8nes et paysannes de notre pays persistent. Il convient de noter que le Conseil de s\u00e9curit\u00e9 des Nations unies, dont la France est un membre permanent, est tr\u00e8s pr\u00e9occup\u00e9 par ces obstacles \u00e0 la paix. En effet, tous les trois mois, le Conseil exhorte l’\u00c9tat colombien \u00e0 mettre en \u0153uvre ces chapitres de l’accord, avec la participation des communaut\u00e9s des territoires. <\/p>\n\n\n\n

En Colombie, la lutte pour la mise en \u0153uvre de l’accord est tr\u00e8s in\u00e9gale et difficile. Le soutien de la communaut\u00e9 internationale est donc n\u00e9cessaire et urgent pour que les femmes, les personnes d’orientation sexuelle diff\u00e9rente, les communaut\u00e9s indig\u00e8nes, afro-descendantes et paysannes puissent enfin jouir pleinement de notre condition humaine, de nos droits et de notre dignit\u00e9. L’accord de paix a \u00e9t\u00e9 un pas vers l’humanisation de notre pays. Maintenant, nous devons la rendre efficace et r\u00e9elle. Avec le soutien de nous tous, de chacun et de vous, nous y parviendrons.<\/p>\n\n\n\n

Helena Alviar<\/strong> <\/h4>\n\n\n\n
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Helena Alviar est professeure \u00e0 l’\u00e9cole de droit de Sciences Po.<\/figcaption>\n <\/a>\n<\/figure>\n\n\n

Je suis impliqu\u00e9e dans le processus de paix depuis le d\u00e9but. En tant que Colombienne,, je n’ai jamais pens\u00e9 que le jour viendrait o\u00f9 je verrais un accord de paix comme celui-ci. En tant qu’universitaire, et une fois qu’il a \u00e9t\u00e9 sign\u00e9, mon int\u00e9r\u00eat s’est concentr\u00e9 sur ce qui devrait \u00eatre une politique d’\u00c9tat, quel que soit le gouvernement au pouvoir. Je voudrais proposer dans cette conversation quelques \u00e9l\u00e9ments, au-del\u00e0 des chiffres. Toutefois, je me concentrerai sp\u00e9cifiquement sur la r\u00e9forme rurale globale et sur l’axe transversal du genre.<\/p>\n\n\n\n

Les r\u00e9sultats sont loin d’\u00eatre id\u00e9aux, comme plusieurs ici l’ont d\u00e9j\u00e0 soulign\u00e9. Et la fa\u00e7on dont les chiffres de conformit\u00e9 sont pr\u00e9sent\u00e9s est, franchement, d\u00e9courageante.<\/p>helena alviar<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Le gouvernement du pr\u00e9sident Iv\u00e1n Duque n’a pas \u00e9t\u00e9 en mesure de faire voler en \u00e9clats l’accord, comme l’avaient promis certains de ses partisans, en grande partie gr\u00e2ce \u00e0 la strat\u00e9gie du pr\u00e9sident Santos consistant \u00e0 le prot\u00e9ger. Il s’agissait notamment de d\u00e9poser l’accord de paix en Suisse. La d\u00e9cision des n\u00e9gociateurs de La Havane selon laquelle l’accord de paix constituerait un accord sp\u00e9cial aux termes de l’article 3 commun aux quatre Conventions de Gen\u00e8ve est peut-\u00eatre la plus importante. <\/p>\n\n\n\n

Toutefois, les r\u00e9sultats sont loin d’\u00eatre id\u00e9aux, comme plusieurs ici l’ont d\u00e9j\u00e0 soulign\u00e9. Et la fa\u00e7on dont les chiffres de conformit\u00e9 sont pr\u00e9sent\u00e9s est, franchement, d\u00e9courageante.<\/p>\n\n\n\n

Je vais aborder bri\u00e8vement trois points. Tout d’abord, les investissements et les d\u00e9penses sont pr\u00e9sent\u00e9s comme s’ils visaient \u00e0 d\u00e9velopper les accords, mais il s’agit en r\u00e9alit\u00e9 d’obligations que l’\u00c9tat colombien aurait d\u00fb remplir de toute fa\u00e7on. Ensuite, la pr\u00e9carit\u00e9 qui caract\u00e9rise le Fonds national foncier. Troisi\u00e8mement, il s’agit d’une question qui me tient \u00e0 c\u0153ur car c’est celle sur laquelle j’ai travaill\u00e9 : la superficialit\u00e9 avec laquelle le genre est inclus et le genre est compris dans les politiques publiques.<\/p>\n\n\n\n

Commen\u00e7ons par le premier \u00e9l\u00e9ment. Le montant des ressources affect\u00e9es \u00e0 la r\u00e9alisation du premier point de l’accord sur la r\u00e9forme rurale globale repr\u00e9sente un peu plus de 85 % de la mise en \u0153uvre. Mais, pour vous donner un exemple, entre 2020 et 2021, 46 % de cet investissement – et je cite ici le rapport du bureau du procureur g\u00e9n\u00e9ral de la nation – a \u00e9t\u00e9 allou\u00e9 \u00e0 l’appui global \u00e0 la petite enfance au niveau national, \u00e0 la mise en \u0153uvre du programme d’alimentation scolaire et \u00e0 l’am\u00e9lioration du service de formation professionnelle. Dix-huit pour cent de ce budget ont \u00e9t\u00e9 consacr\u00e9s aux subventions destin\u00e9es \u00e0 la population adulte en situation de vuln\u00e9rabilit\u00e9. Et seule une petite partie, 15 %, a \u00e9t\u00e9 consacr\u00e9e \u00e0 la fourniture d’\u00e9lectricit\u00e9 dans les zones non connect\u00e9es ou \u00e0 l’am\u00e9lioration de la fourniture de services. En d’autres termes, pr\u00e8s de 80 % des ressources entre 2020 et 2021 ont \u00e9t\u00e9 consacr\u00e9es \u00e0 l’accomplissement des devoirs de l’\u00c9tat colombien qui sont inclus dans d’autres lois, y compris la loi \u201cde Cero a Siempre\u201d. Je ne pense pas que ce soit une caract\u00e9ristique particuli\u00e8re du gouvernement du pr\u00e9sident Duque. De nombreux gouvernements pr\u00e9sentent les chiffres de la mani\u00e8re qui leur convient le mieux.<\/p>\n\n\n\n

Deuxi\u00e8mement, la pr\u00e9carit\u00e9 qui caract\u00e9rise le Fonds national foncier est frappante. Ce n’est un secret pour personne que la Colombie est l’un des pays les plus in\u00e9quitables du monde et de la r\u00e9gion. Selon les donn\u00e9es de l’Institut Agust\u00edn Codazzi, 1 % des grands propri\u00e9taires fonciers poss\u00e8dent 42 % des terres. C’est quelque chose qui doit changer et j’ai consacr\u00e9 presque toute ma vie universitaire \u00e0 cela, avec ou sans accord. L’accord a tent\u00e9 de changer cette situation. Selon les donn\u00e9es de l’Agence fonci\u00e8re nationale, au 31 mars 2021, 6 443 parcelles seraient entr\u00e9es dans le fonds foncier. 68 % de ces parcelles correspondent \u00e0 ce que l’on appelle des actifs fiscaux patrimoniaux. Ces terres livr\u00e9es ne peuvent \u00eatre utilis\u00e9es ou c\u00e9d\u00e9es. Selon le rapport du M\u00e9diateur, \u00ab si l’on compte strictement les hectares disponibles pour la distribution, pour lesquels la condition d’adjudication n’a aucune restriction, ce chiffre serait r\u00e9duit de 90 % \u00bb, c’est-\u00e0-dire que sur les 6 443, seuls 10 % peuvent \u00eatre c\u00e9d\u00e9s librement. Les terres sans titres officiels, avec des cr\u00e9dits existants ou qui ont \u00e9t\u00e9 attribu\u00e9es, par exemple, comme propri\u00e9t\u00e9 collective auparavant, ont donc \u00e9t\u00e9 restitu\u00e9es.<\/p>\n\n\n\n

D’autre part, la majorit\u00e9 des subventions accord\u00e9es dans le cadre de la r\u00e9forme fonci\u00e8re globale ont \u00e9t\u00e9 concentr\u00e9es dans des r\u00e9gions autres que celles o\u00f9 se trouvent les programmes de d\u00e9veloppement \u00e0 orientation territoriale. La distribution du fonds foncier laisse de c\u00f4t\u00e9 les femmes, et j’y ferai bri\u00e8vement r\u00e9f\u00e9rence, ce qui laisse \u00e9videmment aussi beaucoup \u00e0 d\u00e9sirer. En 2020, par exemple, 271 hectares ont \u00e9t\u00e9 attribu\u00e9s \u00e0 62 femmes, et 597 hectares \u00e0 83 hommes. Pour l’acc\u00e8s \u00e0 la terre, vous obtenez un meilleur score si vous avez une carri\u00e8re, une \u00e9ducation, des connaissances techniques ou une exp\u00e9rience dans des activit\u00e9s productives. Cependant, comme les femmes des campagnes ont un niveau d’\u00e9ducation plus faible, et qu’il est entendu qu’elles ont moins d’exp\u00e9rience dans ces activit\u00e9s, elles ont moins de points que les hommes. <\/p>\n\n\n\n

Quant \u00e0 l’acc\u00e8s au cr\u00e9dit pour acheter des terres, il s’agit d’une ressource presque impossible pour les femmes, et m\u00eame pour les hommes. Les institutions financi\u00e8res ne pr\u00eatent que 50 % de la valeur du terrain et exigent une exp\u00e9rience en mati\u00e8re de cr\u00e9dit et une notation positive dans les bureaux de cr\u00e9dit. Les niveaux de cr\u00e9dit sont tr\u00e8s bas. <\/p>\n\n\n\n

Il convient de mentionner la superficialit\u00e9 avec laquelle le genre est inclus dans les politiques publiques. Cela s’applique non seulement \u00e0 l’accord, mais en g\u00e9n\u00e9ral aux politiques publiques dans leur ensemble. <\/p>helena alviar<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n

Enfin, il convient de mentionner la superficialit\u00e9 avec laquelle le genre est inclus dans les politiques publiques. Cela s’applique non seulement \u00e0 l’accord, mais en g\u00e9n\u00e9ral aux politiques publiques dans leur ensemble. Par superficialit\u00e9, j’entends le fait que les politiques de genre se limitent exclusivement \u00e0 compter le nombre de femmes : combien il y en a, o\u00f9 elles se trouvent. Cependant, l’augmentation du nombre de femmes serait b\u00e9n\u00e9fique pour certains – je ne dis pas que l’augmentation du nombre de femmes est une mauvaise chose – mais elle ne s’attaque pas aux probl\u00e8mes structurels sous-jacents auxquels les femmes colombiennes sont confront\u00e9es, tels que l’ins\u00e9curit\u00e9 de l’emploi, les p\u00e9nuries de main-d’\u0153uvre, le manque de soutien pour les soins aux enfants et aux personnes \u00e2g\u00e9es – ce qui les emp\u00eache de trouver d’autres emplois, d’aller travailler ou d’en avoir de meilleurs – les taux \u00e9lev\u00e9s de violence connue et la difficult\u00e9 d’acc\u00e8s \u00e0 la sant\u00e9 sexuelle et reproductive.<\/p>\n\n\n\n

En conclusion, alors que les derni\u00e8res ann\u00e9es n’ont pas vu autant de progr\u00e8s sur l’accord comme certains l’esp\u00e9raient, il est important de regarder au-del\u00e0 des chiffres qui montrent les progr\u00e8s et les reculs.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Cinq ans apr\u00e8s la signature des accords de paix en Colombie et alors que des tensions semblent remonter \u00e0 la surface, deux des principaux acteurs, l’ex-pr\u00e9sident Juan Manuel Santos et l’ex-commandant des FARC Rodrigo Londo\u00f1o, dressent un premier bilan de ce processus historique et d\u00e9terminent le long chemin qu’il reste encore \u00e0 parcourir pour atteindre tous les objectifs. <\/p>\n","protected":false},"author":1366,"featured_media":127794,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1731],"tags":[],"geo":[525],"class_list":["post-127572","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-politique","staff-olivier-dabene","staff-romain-le-cour-grandmaison","geo-ameriques"],"acf":[],"yoast_head":"\nColombie : 5 ans apr\u00e8s les accords de paix | Le Grand 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