{"id":124564,"date":"2021-11-02T17:57:39","date_gmt":"2021-11-02T16:57:39","guid":{"rendered":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/?p=124564"},"modified":"2021-11-02T20:05:45","modified_gmt":"2021-11-02T19:05:45","slug":"peter-marki-zay-le-style-technocrate-de-lorbanien-qui-defie-orban","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2021\/11\/02\/peter-marki-zay-le-style-technocrate-de-lorbanien-qui-defie-orban\/","title":{"rendered":"P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay : le style technocrate de l\u2019orbanien qui d\u00e9fie Orb\u00e1n"},"content":{"rendered":"\n
Il n\u2019y a plus de d\u00e9bat possible. Il n\u2019y a plus de droite ou de gauche, de tziganes, de gays ou de juifs, plus de citadins ou de provinciaux, de Magyars du pays ou de Magyars d\u2019au-del\u00e0 des fronti\u00e8res, il ne reste plus qu\u2019une seule question : Fidesz, ou pas Fidesz ? <\/em>s\u2019exclame P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay devant une foule venue c\u00e9l\u00e9brer avec lui sa victoire <\/span>1<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Aux primaires des partis de l\u2019opposition, ce maire conservateur de province a remport\u00e9 une victoire aussi inattendue qu\u2019incontestable, remportant 56,7 % des voix contre 43,3 % pour sa rivale, la sociale-d\u00e9mocrate Kl\u00e1ra Dobrev. Celle-ci a tr\u00e8s vite conc\u00e9d\u00e9 sa d\u00e9faite dans la soir\u00e9e et s\u2019est imm\u00e9diatement rang\u00e9e derri\u00e8re le vainqueur. <\/p>\n\n\n\n Pour la premi\u00e8re fois en presque douze ans de r\u00e8gne de Viktor Orb\u00e1n<\/a>, les six partis de l\u2019opposition, allant de l\u2019ex-extr\u00eame droite \u00e0 la gauche \u00e9cologiste, ont d\u00e9cid\u00e9 de s\u2019unir pour ne pr\u00e9senter qu\u2019une seule liste, emmen\u00e9e par un candidat commun lors des \u00e9lections l\u00e9gislatives d\u2019avril prochain. Ces \u00e9lections primaires, qui d\u00e9cidaient tant du nom de la t\u00eate de liste nationale que des candidats dans chacune des circonscriptions, ont \u00e9t\u00e9 un succ\u00e8s ind\u00e9niable : plus de 850 000 personnes ont vot\u00e9 lors des deux tours d\u2019un scrutin in\u00e9dit dans l\u2019histoire du pays. Elles confirment que, pour la premi\u00e8re fois en plus de 10 ans, l\u2019opposition tient une vraie chance de victoire aux l\u00e9gislatives, alors que Viktor Orb\u00e1n tentera de briguer un quatri\u00e8me mandat cons\u00e9cutif. <\/p>\n\n\n\n La mise en place de cette union n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 un long fleuve tranquille. Apr\u00e8s son retour au pouvoir en 2010, \u00e0 la suite d\u2019une \u00e9crasante victoire, le parti de Viktor Orb\u00e1n a travers\u00e9 la d\u00e9cennie en \u00e9tant \u00e0 peine inqui\u00e9t\u00e9. En 2014, le Fidesz s\u2019adjuge \u00e0 nouveau une majorit\u00e9 absolue \u00e0 l\u2019assembl\u00e9e, synonyme d\u2019une nouvelle d\u00e9faite cuisante des partis d\u2019opposition. Quatre ans plus tard, la moiti\u00e9 du pays l\u00e8ve les yeux au ciel : les partis d\u2019opposition sont-ils r\u00e9ellement incapables de trouver le moindre terrain d\u2019entente, apr\u00e8s deux mandats <\/em>du Fidesz ? <\/p>\n\n\n\n Plus t\u00f4t dans l\u2019ann\u00e9e, une lueur d\u2019espoir avait bien surgi chez les opposants. En province, la ville de H\u00f3dmez\u0151v\u00e1s\u00e1rhely, un bastion historique du Fidesz de plus de 40 000 habitants, est tomb\u00e9e. Lors d\u2019\u00e9lections municipales anticip\u00e9es, le parti au pouvoir a perdu la mairie face \u00e0 un inconnu en politique faisant campagne sur la lutte anticorruption. Un enfant du pays ayant v\u00e9cu et travaill\u00e9 en Am\u00e9rique du Nord, un catholique pratiquant, p\u00e8re de sept enfants : P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay \u2013 surnomm\u00e9 \u00ab MZP \u00bb en hongrois.<\/p>\n\n\n\n C’est un enfant du pays ayant v\u00e9cu et travaill\u00e9 en Am\u00e9rique du Nord, un catholique pratiquant, p\u00e8re de sept enfants : P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay \u2013 surnomm\u00e9 \u00ab MZP \u00bb en hongrois.<\/p>Thomas Laffitte<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Un v\u00e9ritable \u00ab s\u00e9isme politique \u00bb<\/em>, caus\u00e9 certes par la d\u00e9faite du Fidesz, mais \u00e9galement et surtout, par la collaboration entre les diff\u00e9rents partis de l\u2019opposition. Si M\u00e1rki-Zay se pr\u00e9sentait en ind\u00e9pendant, il profitait du soutien tant du parti socialiste (MSZP) que du Jobbik, l\u2019ancien parti d\u2019extr\u00eame droite recentr\u00e9e. Ces formations ont accept\u00e9 un principe devenu depuis fondamental dans l\u2019union de l\u2019opposition : il ne doit toujours y avoir qu\u2019une seule candidature oppos\u00e9e \u00e0 celle du Fidesz, m\u00eame si cela demande \u00e0 un candidat de gauche de se retirer au profit d\u2019un candidat de droite, ou l\u2019inverse. Recette gagnante, et victoire s\u00e8che de M\u00e1rki-Zay, qui appelait alors \u00e0 imiter son succ\u00e8s lors des l\u00e9gislatives. <\/p>\n\n\n\n L\u2019exploit n\u2019est toutefois pas r\u00e9\u00e9dit\u00e9 au niveau national, o\u00f9 l\u2019opposition reste divis\u00e9e. Pour la troisi\u00e8me fois, le Fidesz se retrouve \u00e0 la t\u00eate d\u2019une majorit\u00e9 absolue, cette fois jusqu\u2019en 2022. Les jours suivants, des dizaines de milliers de manifestants s\u2019emparent des rues de la capitale pour faire entendre leur d\u00e9saccord. MZP y participe et, depuis une sc\u00e8ne install\u00e9e \u00e0 l\u2019entr\u00e9e du pont Elizabeth, s\u2019adresse \u00e0 la foule : \u00ab vous, tous autant que vous \u00eates, vous \u00eates tous membres de la nouvelle opposition ! \u00bb <\/em>et ne manque de sugg\u00e9rer qu\u2019\u00ab \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de mes obligations de maires, je peux vous dire que je suis avec attention la formation de cette opposition nouvelle formule\u2026 \u00bb <\/em>Voil\u00e0 qui n\u2019\u00e9taient pas des paroles en l\u2019air <\/span>2<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n Former une \u00ab nouvelle \u00bb opposition, MZP s\u2019y est effectivement attel\u00e9. Pas en secret, mais loin des projecteurs. \u00ab Pour r\u00e9ussir \u00e0 concurrencer le Fidesz et ses 2,5 millions d\u2019\u00e9lecteurs, seule l\u2019alliance entre un nouveau parti conservateur et le reste des partis d\u2019opposition permettra de r\u00e9instaurer la d\u00e9mocratie \u00bb, <\/em>expliquait-il lors d\u2019une interview <\/span>3<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Ce \u00ab nouveau parti conservateur \u00bb <\/em>prend forme en 2019, \u00e0 travers le Mouvement de la Hongrie pour tous <\/em>(Mindenki Magyarorsz\u00e1ga Mozgalom \u2013MMM) <\/em>\u2013 que MZP n\u2019aime toutefois pas appeler un \u00ab parti \u00bb, mais plut\u00f4t un \u00ab mouvement \u00bb. <\/p>\n\n\n\n Mouvement ou parti, MMM porte haut les valeurs conservatrices et les id\u00e9es de droite de MZP. Malgr\u00e9 son slogan \u00ab ni \u00e0 gauche, ni \u00e0 droite, mais toujours plus haut ! \u00bb<\/em>, il est un adepte d\u2019un n\u00e9olib\u00e9ralisme \u00e0 l\u2019anglo-saxonne, vante les bienfaits du libre march\u00e9 et d\u2019une fiscalit\u00e9 g\u00e9n\u00e9reuse pour les entreprises, notamment \u00e0 travers l\u2019instauration d\u2019une flat tax<\/em>. S\u2019il admet la n\u00e9cessit\u00e9 d\u2019augmenter le salaire des professeurs et du personnel de sant\u00e9, MZP aime \u00e0 d\u00e9noncer r\u00e9guli\u00e8rement les mesures et les promesses \u00ab populistes \u00bb de ses concurrents. Lui pr\u00e9f\u00e8re le style \u00ab technocrate \u00bb, n\u2019h\u00e9sitant pas \u00e0 r\u00e9clamer la formation d\u2019un gouvernement d\u2019experts en cas de victoire de l\u2019opposition. \u00ab Je suis un \u00e9conomiste, j\u2019essaye de penser rationnellement. Si les ministres sont d\u00e9sign\u00e9s en fonction des accords conclus entre les partis, alors on ne va jamais s\u2019en sortir <\/em> \u00bb affirme celui qui veut introduire l\u2019euro en Hongrie d\u00e8s 2026 <\/span>4<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Il annonce m\u00eame qu\u2019il n\u2019h\u00e9sitera pas \u00e0 collaborer avec des experts li\u00e9s au Fidesz dans le cas o\u00f9 leur expertise s\u2019av\u00e9rerait irrempla\u00e7able.<\/p>\n\n\n\n Mais c\u2019est du c\u00f4t\u00e9 des valeurs que M\u00e1rki-Zay r\u00e9v\u00e8le son aspect le plus \u00ab Fideszocompatible \u00bb. \u00ab J\u2019\u00e9tais d\u00e9j\u00e0 chr\u00e9tien conservateur quand Orb\u00e1n \u00e9tait encore membre des jeunesses communistes \u00bb <\/em>r\u00e9p\u00e8te-t-il \u00e0 l\u2019envi. Il insiste en effet autant sur sa propre pratique de la religion que sur les \u00ab racines chr\u00e9tiennes et europ\u00e9ennes <\/em> \u00bb de la Hongrie. Il a pu vanter les bienfaits des ch\u00e2timents corporels sur les enfants, et d\u00e9sapprouve le divorce et l\u2019avortement \u2013 m\u00eame s\u2019il admet ne pas vouloir modifier la loi sur ces sujets. Mais, malgr\u00e9 une proximit\u00e9 id\u00e9ologique \u00e9vidente avec le Fidesz, dont il ne se cache pas, MZP a b\u00e2ti son succ\u00e8s sur une incessante d\u00e9nonciation de la corruption du pouvoir, qu\u2019il n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 comparer au parti communiste de R\u00e1kosi et de K\u00e1d\u00e1r, les anciens dictateurs communistes hongrois. <\/p>\n\n\n\n \u00ab Il n\u2019y a plus de libert\u00e9 d\u2019expression. Les oligarques du Fidesz rach\u00e8tent toute la presse. O\u00f9 est l\u2019\u00c9tat de droit ici ? On s\u2019\u00e9loigne de l\u2019Occident, on s\u2019allie avec les Russes et tant d\u2019autres r\u00e9gimes dictatoriaux. On a gravement trahi nos racines europ\u00e9ennes et chr\u00e9tiennes. On ne vit pas en d\u00e9mocratie aujourd\u2019hui <\/em> \u00bb d\u00e9clarait-il d\u00e9j\u00e0 en 2018 <\/span>5<\/sup><\/a><\/span><\/span>. \u00c0 la d\u00e9nonciation il joint les menaces contre \u00ab le gouvernement le plus corrompu des mille ans d\u2019histoire de la Hongrie <\/em> \u00bb,<\/em> annon\u00e7ant il y a peu que \u00ab la moiti\u00e9 des dirigeants du Fidesz seront en prison en 2026 <\/em> \u00bb.<\/em> Il cherche \u00e9galement \u00e0 se d\u00e9marquer du parti au pouvoir en d\u00e9non\u00e7ant son \u00ab extr\u00e9misme<\/em> \u00bb : \u00ab attiser la haine contre une partie de la population ou une minorit\u00e9, c\u2019est totalement inacceptable. \u00bb <\/em>Il a d\u2019ailleurs exprim\u00e9 le souhait de placer trois candidats d\u2019origine rom sur la liste nationale en cours de formation par la coalition. <\/p>\n\n\n\n Malgr\u00e9 une proximit\u00e9 id\u00e9ologique \u00e9vidente avec le Fidesz, dont il ne se cache pas, MZP a b\u00e2ti son succ\u00e8s sur une incessante d\u00e9nonciation de la corruption du pouvoir, qu\u2019il n\u2019h\u00e9site pas \u00e0 comparer au parti communiste de R\u00e1kosi et de K\u00e1d\u00e1r, les anciens dictateurs communistes hongrois.<\/p>Thomas Laffitte<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019extr\u00e9misme du Fidesz, il offre son propre \u00ab radicalisme \u00bb, qu\u2019il d\u00e9finit comme le fait \u00ab d\u2019\u00eatre pr\u00eat \u00e0 tout faire pour lib\u00e9rer sa patrie. Le radicalisme, c\u2019est ne pas rester assis dans son fauteuil tranquille chez soi en attendant que quelqu\u2019un batte Orb\u00e1n. <\/em> \u00bb Cette approche pragmatique explique la tendance qu\u2019a eue MZP \u00e0 consid\u00e9rer comme naturelle l\u2019alliance avec le Jobbik, l\u2019ancien parti d\u2019extr\u00eame droite, et ce d\u00e8s 2018. \u00c0 l\u2019\u00e9poque d\u00e9j\u00e0, il expliquait que \u00ab le Jobbik a \u00e9galement besoin de Juifs et de Tsiganes, mais il doit \u00eatre radical, car oui, quelqu\u2019un se doit de d\u00e9fendre un peuple hongrois juste et honn\u00eate, oui, nous avons besoin d\u2019une Garde hongroise <\/em>[l\u2019ancienne milice arm\u00e9e du Jobbik, dissoute depuis], mais o\u00f9 il y aurait aussi des Juifs, des Tsiganes et des gens de gauche. <\/em> \u00bb. Des id\u00e9es pour le moins radicales en effet. <\/p>\n\n\n\n Avant de se lancer dans sa lutte f\u00e9roce contre le pouvoir, P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay a men\u00e9 une vie de p\u00e8re de famille \u00e0 la fois classique et aventureuse, alternant entre les retours dans sa terre natale et ses envies d\u2019ailleurs. N\u00e9 en 1972 \u00e0 H\u00f3dmez\u0151v\u00e1s\u00e1rhely dans le sud-est du pays, non loin des fronti\u00e8res serbes et roumaines, MZP grandit dans la Hongrie communiste du dirigeant J\u00e1nos K\u00e1d\u00e1r et sa fameuse \u00ab dictature molle \u00bb<\/em> au sein d\u2019une fervente famille catholique, bas\u00e9e dans la r\u00e9gion depuis plusieurs g\u00e9n\u00e9rations. \u00ab \u00c0 l\u2019\u00e9poque, la soci\u00e9t\u00e9 \u00e9tait \u00e9videmment beaucoup plus s\u00e9cularis\u00e9e. \u00c7a n\u2019\u00e9tait pas la mode d\u2019\u00eatre catholique. Moi j\u2019\u00e9tais fier de l\u2019\u00eatre, le regard des autres m\u2019importait peu<\/em> \u00bb raconte l\u2019int\u00e9ress\u00e9 <\/span>6<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n Au lyc\u00e9e de la ville, il y rencontre celle qui deviendra sa future \u00e9pouse. Une fois le bac en poche, MZP s\u2019en va en Finlande travailler quelques mois comme serveur \u2013 ce qui lui a donn\u00e9 des bases de finnois, l\u2019une des trois langues qu\u2019il \u00ab comprend <\/em> \u00bb, aux c\u00f4t\u00e9s du russe et de l\u2019espagnol. Le jeune \u00e9tudiant garde en effet un int\u00e9r\u00eat tr\u00e8s prononc\u00e9 pour l\u2019apprentissage des langues et d\u00e9clare aujourd\u2019hui fi\u00e8rement parler anglais, allemand et fran\u00e7ais. Pour ses \u00e9tudes, MZP cultive le m\u00eame c\u00f4t\u00e9 \u00ab touche-\u00e0-tout \u00bb, \u00e0 tel point qu\u2019il en devient difficile de le cat\u00e9goriser. En 1996, apr\u00e8s avoir d\u00e9croch\u00e9 un master en \u00e9conomie et en sciences politiques \u00e0 l\u2019Universit\u00e9 Corvinus de Budapest, il rentre certes dans sa r\u00e9gion natale, mais poursuit \u00e0 distance des \u00e9tudes d\u2019ing\u00e9nieur, avant de s\u2019inscrire plus tard en th\u00e8se de doctorat en histoire \u00e9conomique \u00e0 l\u2019universit\u00e9 catholique P\u00e1zm\u00e1ny P\u00e9ter.<\/p>\n\n\n\n \u00c0 l\u2019extr\u00e9misme du Fidesz, il offre son propre \u00ab radicalisme \u00bb, qu\u2019il d\u00e9finit comme le fait \u00ab d\u2019\u00eatre pr\u00eat \u00e0 tout faire pour lib\u00e9rer sa patrie. Le radicalisme, c\u2019est ne pas rester assis dans son fauteuil tranquille chez soi en attendant que quelqu\u2019un batte Orb\u00e1n. <\/em> \u00bb<\/p>Thomas Laffitte<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n \u00c0 c\u00f4t\u00e9 de ses interminables \u00e9tudes, M\u00e1rki-Zay m\u00e8ne alors une vie de famille classique. Le jeune p\u00e8re de famille travaille comme charg\u00e9 de projet chez EDF pendant 5 ans avant de basculer dans le marketing pour une autre entreprise fran\u00e7aise, Legrand. Une routine qui s\u2019ach\u00e8ve en 2004 lorsque le couple d\u00e9cide de tenter l\u2019aventure au Canada, et s\u2019envole avec leurs cinq enfants pour Toronto, o\u00f9 MZP devient cadre dans une entreprise de vente de pi\u00e8ces automobiles. Deux ans plus tard, il se fait muter aux \u00c9tats-Unis, dans l\u2019Indiana, pour permettre \u00e0 sa conjointe de suivre des \u00e9tudes de sage-femme. Il en profite pour d\u00e9couvrir la pratique du b\u00e9n\u00e9volat \u00e0 l\u2019am\u00e9ricaine et la politique locale. \u00ab J\u2019ai pris part \u00e0 des campagnes \u00e9lectorales aux \u00c9tats-Unis, j\u2019ai \u00e9norm\u00e9ment appris de la politique am\u00e9ricaine <\/em> \u00bb <\/em>glisse cet admirateur de Barack Obama <\/span>7<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n En 2009, la famille rentre au pays, agrandie de deux enfants. Un retour dont le journal local se fait \u00e9cho \u00e0 travers un article, qui ne manque pas d\u2019attirer l\u2019attention. Cela tombe bien puisque le jeune MZP pensait s’engager en politique. Et c\u2019est tout naturellement vers le Fidesz qu\u2019il se tourne. \u00c0 l\u2019\u00e9poque, Viktor Orb\u00e1n n\u2019est que le chef de l\u2019opposition au parlement, mais \u00e0 H\u00f3dmez\u0151v\u00e1s\u00e1rhely, le Fidesz r\u00e8gne depuis longtemps d\u00e9j\u00e0, sous la houlette de J\u00e1nos L\u00e1z\u00e1r, longtemps consid\u00e9r\u00e9 comme le dauphin d\u2019Orb\u00e1n. \u00ab J\u2019ai offert mes services \u00e0 monsieur L\u00e1z\u00e1r en tant que b\u00e9n\u00e9vole, il \u00e9tait d\u2019ailleurs tr\u00e8s ouvert et m\u2019a fait des offres tr\u00e8s int\u00e9ressantes. Mais entre-temps, j\u2019ai entendu tellement de choses sur la corruption qui s\u00e9vit \u00e0 H\u00f3dmez\u0151v\u00e1s\u00e1rhely, que j\u2019ai l\u00e2ch\u00e9 l\u2019affaire <\/em> \u00bb explique-t-il au micro de Partiz\u00e1n<\/em><\/a>. M\u00e1rki-Zay se d\u00e9tourne alors du Fidesz, abandonne l\u2019id\u00e9e de se lancer en politique, et trouve un nouveau poste de cadre chez EDF, tout en donnant des cours de marketing et de management \u00e0 l\u2019universit\u00e9 de Szeged. <\/p>\n\n\n\n \u00c0 suivre ses dires, c\u2019est pourtant la politique qui ne va pas vouloir lui laisser de r\u00e9pit. <\/p>\n\n\n\n Lors des \u00e9lections municipales de 2009, la section locale du Jobbik, parti \u00e0 l\u2019\u00e9poque vigoureusement d\u2019extr\u00eame droite et particuli\u00e8rement anti-rom, offre son soutien \u00e0 MZP et l\u2019encourage \u00e0 se pr\u00e9senter en ind\u00e9pendant. \u00ab Je leur ai r\u00e9pondu que, moi, je ne pouvais pas \u00eatre membre du Jobbik, puisque j\u2019aimais les Roms <\/em> \u00bb. Il refuse une deuxi\u00e8me fois l\u2019offre en 2014. La troisi\u00e8me fois sera la bonne : en 2018, apr\u00e8s le d\u00e9c\u00e8s brutal du maire Fidesz, MZP accepte de se pr\u00e9senter aux \u00e9lections en tant qu\u2019ind\u00e9pendant soutenu tant par le parti socialiste MSZP que par le Jobbik \u2013 un parti qui, rappelons-le, avait alors abandonn\u00e9 son positionnement d\u2019extr\u00eame droite depuis quelques ann\u00e9es. Le sc\u00e9nario est connu : \u00e0 la surprise g\u00e9n\u00e9rale, M\u00e1rki-Zay l\u2019emporte largement. \u00ab \u00c0 H\u00f3dmez\u0151v\u00e1s\u00e1rhely, on a prouv\u00e9 et montr\u00e9 comment battre le Fidesz dans un de leur bastion. Je vous garantis que la recette va marcher au niveau national <\/em> \u00bb assure-t-il <\/span>8<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n M\u00e1rki-Zay conna\u00eet donc la recette de la victoire contre Orb\u00e1n. <\/p>\n\n\n\n Mais conna\u00eet-il la recette pour diriger une coalition aussi h\u00e9t\u00e9roclite, qui rassemble la droite conservatrice et les socialistes, les lib\u00e9raux et les \u00e9cologistes ? Car c\u2019est bien l\u00e0 la peur de beaucoup de Hongrois ind\u00e9cis. Le Fidesz et Viktor Orb\u00e1n ne font certes pas l\u2019unanimit\u00e9, mais apr\u00e8s douze de r\u00e8gne ininterrompu, et une mainmise totale sur le pays, beaucoup craignent que la victoire des partis de l\u2019opposition plonge le pays dans le chaos. Les primaires ont notamment r\u00e9v\u00e9l\u00e9 les nombreuses tensions entre les diff\u00e9rents partis, MZP et Gergely Kar\u00e1csony accusant notamment la Coalition d\u00e9mocratique (DK) de \u00ab chantage \u00bb<\/em>. Surtout, chaque parti sachant concr\u00e8tement ce qu\u2019il p\u00e8se, les rapports de force se sont accentu\u00e9s. <\/p>\n\n\n\n Or le mouvement de P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay, MMM, p\u00e8se si peu qu\u2019il n\u2019est pas exag\u00e9r\u00e9 de dire que le leader de l\u2019opposition est de facto<\/em> sans-parti. Face \u00e0 cela, certaines formations dominent cette coalition. Dans les 106 circonscriptions du pays, les deux partis majoritaires sont d\u2019une part la Coalition d\u00e9mocratique, qui pr\u00e9sente 33 candidats, et d\u2019autre part, le Jobbik, qui en pr\u00e9sente 29. Un dernier tiers est form\u00e9 par le parti socialiste (MSZP), les lib\u00e9raux-\u00e9cologistes (LMP) et les Verts (Dialogue), soit les partis au soutien de Gergely Kar\u00e1csony. Les 93 si\u00e8ges restants sont attribu\u00e9s \u00e0 travers les listes pr\u00e9sent\u00e9es au niveau national, dont la composition est encore inconnue et dont la formation sera l\u2019enjeu de tractations importantes durant les prochains mois. <\/p>\n\n\n\n Le Fidesz et Viktor Orb\u00e1n ne font certes pas l\u2019unanimit\u00e9, mais apr\u00e8s douze de r\u00e8gne ininterrompu, et une mainmise totale sur le pays, beaucoup craignent que la victoire des partis de l\u2019opposition plonge le pays dans le chaos.<\/p>Thomas Laffitte<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Mis \u00e0 part les lib\u00e9raux du parti Momentum qui l\u2019avaient soutenu dans l\u2019entre-deux tours, il n\u2019est pas certain que MZP trouve beaucoup d\u2019alli\u00e9s naturels au sein des autres partis. Le poids du Jobbik pourrait s\u2019av\u00e9rer \u00eatre un atout, comme en t\u00e9moigne leur histoire commune \u00e0 la mairie de H\u00f3dmez\u0151v\u00e1s\u00e1rhely, ainsi que leur proximit\u00e9 id\u00e9ologique. Pourtant, au second tour des primaires, le Jobbik n\u2019a jamais appel\u00e9 \u00e0 voter M\u00e1rki-Zay et pourrait tout aussi bien se tourner vers DK, ce qui, sans nul doute, ne rendra pas la vie facile \u00e0 MZP. Quant aux partis ayant soutenu Gergely Kar\u00e1csony (MSZP, LMP et Dialogue), leurs programmes politiques sont tr\u00e8s loin des conceptions du candidat conservateur. Ils n\u2019avaient d\u2019ailleurs pas suivi Kar\u00e1csony dans sa d\u00e9cision de se retirer du second tour au profit de MZP. <\/p>\n\n\n\n Arriv\u00e9 second \u00e0 l\u2019issue du premier tour, c\u2019est tr\u00e8s largement le retrait du maire de Budapest au profit du maire de H\u00f3dmez\u0151v\u00e1s\u00e1rhely qui a permis \u00e0 MZP de l\u2019emporter si largement. Malgr\u00e9 \u00ab des d\u00e9saccords, notamment sur les questions fiscales <\/em> \u00bb, Kar\u00e1csony avait consenti \u00e0 faire ce \u00ab sacrifice<\/em> \u00bb au profit de son \u00ab ami P\u00e9ter <\/em> \u00bb <\/span>9<\/sup><\/a><\/span><\/span>. C\u2019\u00e9tait le tournant de ces primaires, le moment o\u00f9 un improbable outsider est soudainement propuls\u00e9 au rang de candidat cr\u00e9dible pour battre Viktor Orb\u00e1n au printemps prochain.<\/p>\n\n\n\n Ce tournant m\u00e9rite que l\u2019on s\u2019y attarde. Comment expliquer ce retrait de Gergely Kar\u00e1csony, authentique homme de gauche et \u00e9cologiste arriv\u00e9 second, par ailleurs donn\u00e9 grand favori depuis des mois, au profit de son concurrent de droite, conservateur et n\u00e9olib\u00e9ral, arriv\u00e9 troisi\u00e8me ? Surtout, pourquoi ne s\u2019est-il pas retir\u00e9 au profit de Kl\u00e1ra Dobrev, l\u2019eurod\u00e9put\u00e9e arriv\u00e9e en t\u00eate, au programme politique somme toute tr\u00e8s similaire ? La r\u00e9ponse est \u00e9vidente pour un public hongrois, mais plus complexe vu depuis l\u2019\u00e9tranger. Elle est fondamentale pour comprendre les enjeux de la vie politique hongroise. <\/p>\n\n\n\n Pour saisir la raison du discr\u00e9dit dont souffre Mme Dobrev, m\u00eame au sein de l\u2019\u00e9lectorat de gauche, il faut revenir quinze ans en arri\u00e8re.<\/p>\n\n\n\n En 2006, le jeune Viktor Orb\u00e1n<\/a>, \u00e0 la t\u00eate du Fidesz depuis plus de quinze ans, enrage. Il vient de perdre les \u00e9lections, r\u00e9it\u00e9rant son \u00e9chec de 2002. C\u2019est le Premier ministre socialiste sortant, Ferenc Gyurcs\u00e1ny, qui est r\u00e9\u00e9lu sans trop de difficult\u00e9s au printemps. Seulement, \u00e0 l\u2019automne, tout bascule pour le parti socialiste \u2013 et d\u2019aucuns diraient, pour la Hongrie \u2013 lorsque les m\u00e9dias diffusent un enregistrement d\u2019un discours que le premier ministre donne en huis clos, dans la petite station baln\u00e9aire de Balaton\u00f6sz\u00f6d. Dans un langage extr\u00eamement fleuri, Gyurcs\u00e1ny explique avoir d\u00e9lib\u00e9r\u00e9ment menti \u00ab matin, midi et soir \u00bb<\/em> dans le seul but de gagner les \u00e9lections, tout en trafiquant les statistiques officielles pour masquer l\u2019\u00e9tat de l\u2019\u00e9conomie du pays. <\/p>\n\n\n\n Ces r\u00e9v\u00e9lations, connues sous le nom de \u00ab discours d\u2019\u00d6sz\u00f6d \u00bb, provoquent un mouvement de protestations d\u2019une rare ampleur en Hongrie. Les manifestants subissent des violences polici\u00e8res in\u00e9dites, et les images des \u00e9chauffour\u00e9es ont marqu\u00e9 les esprits. Deux ans plus tard, la crise de 2008 met l\u2019\u00e9conomie du pays \u00e0 terre. Gyurcs\u00e1ny finit par laisser le pouvoir \u00e0 un technocrate, Gordon Bajnai, dont la seule mission est de s\u00e9curiser des pr\u00eats internationaux en \u00e9change de programmes d\u2019aust\u00e9rit\u00e9 drastiques. \u00c0 l\u2019issue du mandat, l\u2019\u00e9tat de l\u2019\u00e9conomie est catastrophique et le parti socialiste en perdition. Son effondrement permettra alors le triomphe absolu du Fidesz aux \u00e9lections de 2010. <\/p>\n\n\n\n Gyurcs\u00e1ny, malgr\u00e9 son nouveau statut d\u2019homme politique le plus d\u00e9test\u00e9 de Hongrie, n\u2019a jamais quitt\u00e9 la politique. Apr\u00e8s la d\u00e9b\u00e2cle du parti socialiste aux \u00e9lections, il fonde son propre parti, la Coalition d\u00e9mocratique (DK). Patiemment, il remobilise ses anciens r\u00e9seaux de militants et d\u2019\u00e9lecteurs, installant DK au sein du paysage politique hongrois. Le premier v\u00e9ritable succ\u00e8s de la formation arrive en 2019, lors des \u00e9lections europ\u00e9ennes, o\u00f9 elle s’impose comme le premier parti d’opposition avec comme t\u00eate de liste, l\u2019\u00e9pouse de Ferenc Gyurcs\u00e1ny qui n\u2019est autre que… Kl\u00e1ra Dobrev. L\u2019eurod\u00e9put\u00e9e, par ailleurs vice-pr\u00e9sidente du Parlement europ\u00e9en, a depuis patiemment lanc\u00e9 sa campagne pour tenter de prendre la t\u00eate de l\u2019opposition. Polyglotte, seule femme candidate et forte d\u2019une exp\u00e9rience ind\u00e9niable en politique, elle a \u00e9galement surpris en arrivant premi\u00e8re \u00e0 l\u2019issue du premier tour.\u00a0\u00a0<\/p>\n\n\n\n Seulement voil\u00e0, peu importe son programme politique ou ses qualit\u00e9s individuelles, ses adversaires ne se privent pas de la r\u00e9duire \u00e0 une seule chose : elle est l\u2019\u00e9pouse de Ferenc Gyurcs\u00e1ny, l\u2019ancien Premier ministre auteur du \u00ab discours d\u2019\u00d6sz\u00f6d <\/em> \u00bb. Le Fidesz en particulier, ne s\u2019embarrasse pas plus puisqu\u2019il range dans le m\u00eame sac Dobrev (\u00ab la femme <\/em> \u00bb) et Kar\u00e1csony (\u00ab la marionnette <\/em> \u00bb), qui seraient tous deux manipul\u00e9s par un Gyurcs\u00e1ny pr\u00e9parant dans l\u2019ombre son retour au pouvoir. Un message martel\u00e9 pendant des semaines \u00e0 coups de publicit\u00e9s sur Internet, d\u2019affiches g\u00e9antes pos\u00e9es \u00e0 travers tout le pays, et m\u00eame d\u2019une p\u00e9tition \u00ab Stop Gyurcs\u00e1ny, Stop Kar\u00e1csony \u00bb<\/em>, et apparemment sign\u00e9e par plus d\u2019un million de personnes, dont Viktor Orb\u00e1n lui-m\u00eame <\/span>10<\/sup><\/a><\/span><\/span>.<\/p>\n\n\n\n Le retrait du maire de Budapest a \u00e9t\u00e9 le tournant de ces primaires, le moment o\u00f9 un improbable outsider est soudainement propuls\u00e9 au rang de candidat cr\u00e9dible pour battre Viktor Orb\u00e1n au printemps prochain.<\/p>Thomas Laffitte<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n Au-del\u00e0 de la campagne de communication du Fidesz, le retrait de Kar\u00e1csony au profit de P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay est \u00e9videmment d\u00fb au fait que Kl\u00e1ra Dobrev est l\u2019\u00e9pouse de Ferenc Gyurcs\u00e1ny. Il pr\u00e9f\u00e8re voir un conservateur l\u2019emporter plut\u00f4t que Dobrev, qui aurait manifestement beaucoup moins de chances de victoire dans un duel l\u2019opposant \u00e0 Orb\u00e1n. Il est en effet ind\u00e9niable que, m\u00eame aupr\u00e8s d\u2019une grande partie des \u00e9lecteurs de l\u2019opposition et des \u00e9lecteurs de gauche, farouchement oppos\u00e9s au Fidesz, l\u2019ancien Premier ministre n\u2019est pas le bienvenu – si ce n\u2019est franchement honni. S\u2019il dispose encore d\u2019une base fid\u00e8le, la majorit\u00e9 des Hongrois voient en lui une \u00e9poque r\u00e9volue, celle des ann\u00e9es 2000 et du duel Orb\u00e1n-Gyurcs\u00e1ny. <\/p>\n\n\n\n En battant Dobrev par plus de 15 points d\u2019\u00e9cart, le message des opposants au Fidesz est clair : changer l\u2019actuel gouvernement oui, au profit du \u00ab monde d\u2019avant \u00bb<\/em>, non. En d\u2019autres termes, c\u2019est moins le programme politique et l\u2019id\u00e9ologie de P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay qui ont b\u00e2ti son succ\u00e8s que la certitude qu\u2019il n\u2019a absolument rien \u00e0 voir avec l\u2019establishment <\/em>traditionnel, dans lequel est compris aussi bien Viktor Orb\u00e1n que Ferenc Gyurcs\u00e1ny \u2013 et donc, par extension, pour de nombreux \u00e9lecteurs, Kl\u00e1ra Dobrev. Un mouvement \u00ab anti-establishment \u00bb <\/em>somme toute assez classique, comparable par exemple \u00e0 l\u2019\u00e9lection de Donald Trump ou \u00e0 celle de Volodymyr Zelensky en Ukraine. <\/p>\n\n\n\n La victoire de P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay n\u2019a certainement r\u00e9joui aucun proche du Fidesz. Le parti a d\u00e9pens\u00e9 plus en campagne de communication que n\u2019importe quel parti de l\u2019opposition durant la primaire. Une v\u00e9ritable machine de propagande dont le message \u00e9tait de diaboliser la \u00ab gauche lib\u00e9rale \u00bb <\/em>aux mains de Gyurcs\u00e1ny. Tout \u00e7a pour que, finalement, le chef de l\u2019opposition ne s\u2019av\u00e8re \u00eatre ni de gauche ni affili\u00e9 d\u2019une quelconque fa\u00e7on \u00e0 Gyurcs\u00e1ny, mais un catholique conservateur, ancien \u00e9lecteur du Fidesz, relativement novice en politique. Une description que m\u00eame le directeur de la communication du Fidesz, Istv\u00e1n Hollik, avait valid\u00e9e, avant de rappeler que, de toute fa\u00e7on, MZP ne serait jamais \u00e9lu <\/span>11<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Une d\u00e9claration qu\u2019il a d\u00fb regretter plus d\u2019une fois\u2026<\/p>\n\n\n\n Le profil de M\u00e1rki-Zay est certainement le pire sc\u00e9nario possible pour le Fidesz : comment r\u00e9ussir \u00e0 discr\u00e9diter un candidat aussi proche id\u00e9ologiquement de Viktor Orb\u00e1n ?<\/p>\n\n\n\n Le profil de M\u00e1rki-Zay est certainement le pire sc\u00e9nario possible pour le Fidesz : comment r\u00e9ussir \u00e0 discr\u00e9diter un candidat aussi proche id\u00e9ologiquement de Viktor Orb\u00e1n ?<\/p>Thomas Laffitte<\/cite><\/blockquote><\/figure>\n\n\n\n \u00ab Avec l\u2019union de l\u2019opposition, de la gauche \u00e0 la droite, et avec un candidat qui pla\u00eet aussi aux \u00e9lecteurs du Fidesz, c\u2019est maintenant qu\u2019on a le plus de chances de battre en Orb\u00e1n depuis une d\u00e9cennie <\/em> \u00bb, <\/em>explique tranquillement et en anglais P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay au micro des journalistes de CNN, quelques jours apr\u00e8s sa victoire <\/span>12<\/sup><\/a><\/span><\/span>. Force est de reconna\u00eetre que l\u2019analyse du candidat pourrait s\u2019av\u00e9rer juste. En mobilisant \u00e0 la fois l\u2019\u00e9lectorat de gauche et l\u2019\u00e9lectorat de droite d\u00e9\u00e7u du Fidesz, MZP s\u2019impose v\u00e9ritablement comme le candidat le plus rassembleur.<\/p>\n\n\n\n Mais le personnage n\u2019est pas sans en inqui\u00e9ter certains dans les rangs de l\u2019opposition. En effet, MZP est maintenant bien connu pour ne pas avoir sa langue dans la poche, ou, d\u2019aucuns diraient, pour \u00eatre un \u00ab gaffeur \u00bb, devant r\u00e9guli\u00e8rement pr\u00e9senter ses excuses pour des petites phrases-chocs prononc\u00e9es en public. Si cela a pu lui permettre de \u00ab convaincre le peuple d\u2019Internet <\/em> \u00bb comme il l\u2019a lui-m\u00eame revendiqu\u00e9, cela peut aussi en rebuter plus d\u2019un. <\/p>\n\n\n\n Entre autres petites phrases, il avait r\u00e9p\u00e9t\u00e9 que \u00ab tout le monde sait que c\u2019est au Fidesz qu\u2019il y a le plus de gays <\/em> \u00bb, ou encore, qu\u2019avec sa victoire, il avait \u00ab remplac\u00e9 <\/em> \u00bb les partis d\u2019opposition. \u00ab \u00c9videmment qu\u2019il faut faire attention \u00e0 ce qu\u2019on dit, \u00e7a m\u2019est justement d\u00e9j\u00e0 arriv\u00e9 que je dise quelque chose qui\u2026 enfin, quoi qu\u2019il en soit, c\u2019est vrai que j\u2019ai tendance \u00e0 faire des d\u00e9clarations provocatrices, ou \u00e0 m\u2019exprimer avec des mots forts. Les autres membres de l\u2019opposition ne sont d\u2019ailleurs pas toujours ravis que je dise la v\u00e9rit\u00e9\u2026 <\/em> \u00bb admet le candidat commun <\/span>13<\/sup><\/a><\/span><\/span>. <\/p>\n\n\n\n Certains y voient une sinc\u00e9rit\u00e9 bienvenue, une preuve de l\u2019honn\u00eatet\u00e9 et de l\u2019originalit\u00e9 de ce candidat. D\u2019autres y d\u00e9c\u00e8lent un v\u00e9ritable amateurisme, illustrant la tr\u00e8s courte carri\u00e8re politique de MZP, pas \u00e0 la hauteur de la t\u00e2che. Quoi qu\u2019il en soit, le front uni de l\u2019opposition va faire campagne, bon gr\u00e9 mal gr\u00e9, sous la houlette de ce maire conservateur de province qui a su d\u00e9jouer tous les pronostics. Nul doute que les six prochains mois r\u00e9servent encore leurs lots de surprises, sans m\u00eame parler du r\u00e9sultat des \u00e9lections \u2013 impossible \u00e0 pr\u00e9dire \u00e0 l\u2019heure actuelle tant les deux camps sont aux coudes \u00e0 coudes. Une chose est certaine : la coalition anti-Orb\u00e1n tient une vraie chance de faire basculer l\u2019histoire du pays au printemps prochain. Et il n\u2019est pas s\u00fbr qu\u2019elle en ait beaucoup d\u2019autres. <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" En Hongrie, les partis unis de l\u2019opposition se sont choisis un leader \u00e0 la suite de leurs primaires. Il s\u2019agit de P\u00e9ter M\u00e1rki-Zay, un candidat conservateur qui a d\u00e9jou\u00e9 tous les pronostics et qui d\u00e9fiera Viktor Orb\u00e1n lors des \u00e9lections au printemps prochain. Portrait.<\/p>\n","protected":false},"author":1782,"featured_media":124568,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"templates\/post-angles.php","format":"standard","meta":{"_acf_changed":false,"_trash_the_other_posts":false,"footnotes":""},"categories":[1731],"tags":[],"geo":[536],"class_list":["post-124564","post","type-post","status-publish","format-standard","hentry","category-politique","staff-thomas-laffitte","geo-centres"],"acf":[],"yoast_head":"\nEn 2018 d\u00e9j\u00e0, le coup de tonnerre M\u00e1rki-Zay <\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Former un nouveau parti conservateur<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Un chr\u00e9tien conservateur \u00ab radical \u00bb<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Entre terres natales et Am\u00e9rique du Nord<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Tent\u00e9 par la collaboration avec le Fidesz<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
L\u2019horizon mena\u00e7ant d\u2019une <\/strong>\u00ab coalition arc-en-ciel <\/strong> \u00bb <\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Le retrait de Kar\u00e1csony au profit de MZP : un tournant<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
L\u2019ombre de l\u2019ancien premier ministre Ferenc Gyurcs\u00e1ny<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Le cauchemar du Fidesz<\/strong><\/h2>\n\n\n\n
Rassembler sans gaffer <\/strong><\/h2>\n\n\n\n