{"id":12435,"date":"2019-02-10T22:00:48","date_gmt":"2019-02-10T21:00:48","guid":{"rendered":"https:\/\/lldl.eu\/?p=12435"},"modified":"2019-04-05T10:06:29","modified_gmt":"2019-04-05T09:06:29","slug":"la-france-convainc-lallemagne-de-ne-pas-bloquer-la-nouvelle-directive-gaz-europeenne","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/legrandcontinent.eu\/fr\/2019\/02\/10\/la-france-convainc-lallemagne-de-ne-pas-bloquer-la-nouvelle-directive-gaz-europeenne\/","title":{"rendered":"La France convainc l\u2019Allemagne de ne pas bloquer la nouvelle \u00ab directive gaz \u00bb europ\u00e9enne"},"content":{"rendered":"\n

Paris<\/em>. Jeudi dernier la France surprenait en premier lieu son partenaire allemand en annon\u00e7ant son soutien \u00e0 l’amendement de la \u00ab directive gaz \u00bb propos\u00e9 en novembre 2017 par la Commission europ\u00e9enne. \u00ab La directive r\u00e9vis\u00e9e s’appliquerait au projet Nord Stream 2. La France compte soutenir l’adoption d’une telle directive \u00bb, d\u00e9clarait un porte-parole adjoint du minist\u00e8re des Affaires \u00e9trang\u00e8res (1<\/strong>). L\u2019encadrement du Nord Stream 2 par les r\u00e8gles europ\u00e9ennes (transparence des prix, s\u00e9paration des activit\u00e9s entre fournisseurs et gestionnaires des infrastructures) se trouve \u00eatre la principale motivation de cette nouvelle directive qui permettrait \u00e0 la Commission de reprendre la main dans un dossier g\u00e9r\u00e9 jusqu\u2019ici dans le cadre de la relation russo-allemande. Le renforcement du contr\u00f4le de la Commission sur les gazoducs provenant de pays tiers appara\u00eet comme une r\u00e9ponse \u00e0 la strat\u00e9gie de n\u00e9gociations bilat\u00e9rales russe permettant \u00e0 la F\u00e9d\u00e9ration de jouer des contradictions internes de l\u2019Union. En effet, c\u2019est en motivant les int\u00e9r\u00eats nationaux que la Russie permet le succ\u00e8s des projets europ\u00e9ens de Gazprom.Au lendemain de l\u2019annonce fran\u00e7aise, le 8 f\u00e9vrier, la pr\u00e9sidence roumaine de l’Union Europ\u00e9enne (UE) a twitt\u00e9 qu’un accord avait \u00e9t\u00e9 trouv\u00e9 entre les 28 (2<\/strong>). Celui-ci repose sur la base d’un texte avanc\u00e9 conjointement par la France et l’Allemagne et soumis aux ambassadeurs des \u00c9tats membres \u00e0 Bruxelles. La pr\u00e9sidence de l’UE va pouvoir entrer en n\u00e9gociation avec le Parlement europ\u00e9en pour s’accorder sur un texte final. Le Parlement europ\u00e9en est hostile au Nord Stream 2 et a vot\u00e9 le 12 d\u00e9cembre 2018 une r\u00e9solution non contraignante condamnant la construction du gazoduc, le qualifiant de \u00ab projet politique posant une r\u00e9elle menace \u00e0 la s\u00e9curit\u00e9 \u00e9nerg\u00e9tique europ\u00e9enne \u00bb (3<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Pour que l’Allemagne accepte la directive, la France a accept\u00e9 que ce soit le r\u00e9gulateur allemand qui soit charg\u00e9 de son application au Nord Stream 2, \u00ab mais sans (en) att\u00e9nuer le contr\u00f4le (europ\u00e9en) \u00bb, souligne une source de l\u2019AFP \u00e0 l\u2019Elys\u00e9e (1<\/strong>). En effet, le compromis stipule que l’application des r\u00e8gles europ\u00e9ennes pour les gazoducs provenant de pays tiers incombe \u00e0 l\u2019\u00c9tat membre o\u00f9 ils sont reli\u00e9s pour la premi\u00e8re fois au r\u00e9seau europ\u00e9en, ici l’Allemagne.<\/p>\n\n\n\n

\u00ab L’Allemagne comptait bloquer cette directive, mais elle a beaucoup \u00e9volu\u00e9 car elle a compris qu’elle n’avait pas une minorit\u00e9 de blocage et que la directive aurait \u00e9t\u00e9 adopt\u00e9e sans elle \u00bb, a comment\u00e9 cette m\u00eame source. \u00ab La position de l\u2019Allemagne sur la troisi\u00e8me directive europ\u00e9enne gazi\u00e8re est anti-europ\u00e9enne. Berlin bloque l\u2019adoption de la directive pour d\u00e9fendre ses int\u00e9r\u00eats \u00bb, d\u00e9clarait d\u00e9j\u00e0 le chef de la diplomatie polonaise, Jacek Czaputowicz , fin octobre 2018.<\/p>\n\n\n\n

Avec cette directive, la source \u00e9lys\u00e9enne de l\u2019AFP estime qu\u2019\u00ab il y a deux solutions : soit il faut reconfigurer le projet de mani\u00e8re tr\u00e8s importante, avec un tr\u00e8s fort impact sur le d\u00e9lai, soit le r\u00e9gulateur allemand pr\u00e9sente une demande de d\u00e9rogation en d\u00e9montrant que le projet renforce les r\u00e8gles de concurrence et la s\u00e9curit\u00e9 \u00e9nerg\u00e9tique. La solution serait que du gaz continue de transiter en partie par l’Ukraine \u00bb, dont les revenus li\u00e9s au transit du gaz repr\u00e9sentent entre 2 et 3 % du PIB.<\/p>\n\n\n\n

Cette nouvelle opportunit\u00e9 de n\u00e9gociation pour la Commission lui donne une carte en plus \u00e0 jouer dans les discussions sur le maintien du transit ukrainien. Maros Sefcovic, le vice-pr\u00e9sident de la Commission europ\u00e9enne pour l\u2019\u00e9nergie, a d\u2019ailleurs soumis une proposition ambitieuse le 21 janvier lors des n\u00e9gociations trilat\u00e9rales avec le ministre ukrainien des Affaires \u00e9trang\u00e8res, Pavlo Klimkin, et le Ministre russe de l’\u00e9nergie, Alexandre Novak. Celle-ci consiste en un nouveau contrat de transit d’une dur\u00e9e de dix ans, assorti d’un volume de transit annuel garanti de 60 milliards de m\u00e8tres cubes (bcm) et 30 bcm de volume flexible. Ces \u00e9changes tripartites se poursuivront en mai, les Russes d\u00e9sirant conna\u00eetre le prochain Pr\u00e9sident ukrainien avant toute d\u00e9cision (4<\/strong>).<\/p>\n\n\n\n

Paris souhaite lier le sort du Nord Stream 2 aux n\u00e9gociations russo-ukrainiennes chapeaut\u00e9es par la Commission. La France ne juge l\u00e9gitimes les protestations allemandes contre l\u2019ing\u00e9rence am\u00e9ricaine au sein du dossier que si les inqui\u00e9tudes des pays d\u2019Europe centrale et orientale au sujet de l\u2019influence russe sont \u00e9galement prises en compte. \u00ab On ne peut pas dire qu’on est pour la protection europ\u00e9enne des influences ext\u00e9rieures et en m\u00eame temps ne pas prendre en compte la pr\u00e9occupation de pays comme la Pologne et la Slovaquie. Sinon ils auraient \u00e9t\u00e9 fond\u00e9s \u00e0 nous dire, vous les Fran\u00e7ais et les Allemands, la souverainet\u00e9 europ\u00e9enne, c’est quand \u00e7a vous arrange. On ne veut pas entretenir de tels discours \u00bb, a-t-on comment\u00e9 \u00e0 l\u2019Elys\u00e9e.<\/p>\n\n\n\n

En d\u00e9placement jeudi \u00e0 Bratislava pour des discussions avec le groupe de Visegr\u00e1d, Angela Merkel a d\u00e9clar\u00e9 : \u00ab Est-ce que nous devenons d\u00e9pendants \u00e0 la Russie avec ce deuxi\u00e8me pipeline ? Je dis que non, si nous nous diversifions. \u00bb \u00c0 cet effet, son gouvernement soutient la construction d\u2019un terminal GNL en Allemagne qui pourra notamment acheminer du gaz am\u00e9ricain.<\/p>\n\n\n\n

Si la France et l\u2019Allemagne pourraient donner l\u2019impression de s\u2019en \u00eatre sorties la t\u00eate haute avec cet accord europ\u00e9en, \u00e7a n\u2019est pas l\u2019avis de Jan Techau, directeur du programme Europe du German Marshall Fund \u00e0 Berlin qui d\u00e9clare \u00e0 Lib\u00e9ration (5<\/strong>) : \u00ab Cette histoire est un d\u00e9sastre diplomatique. D\u2019abord pour la cr\u00e9dibilit\u00e9 de la France : jeudi, Macron passe pour un h\u00e9ros en Europe de l\u2019Est et aux yeux de tous les pays qui s\u2019opposent \u00e0 Nord Stream 2 en s\u2019opposant \u00e0 la position allemande. Le lendemain, on le voit brusquement conclure un accord miteux avec les Allemands. Et pour l\u2019Allemagne, c\u2019est \u00e9galement une d\u00e9faite : le pays montre son obstination et sa maladresse politique dans cette affaire. \u00bb<\/p>\n\n\n\n

Perspectives<\/strong><\/h4>\n\n\n\n